La Désintégration Du Pape – II

La Désintégration Du Pape – II on avril 24, 2021

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Le couplet figurant au début ou à la fin de chacun des numéros de ces “Commentaires” se compose de vers rimés (deux alexandrins pour la version française). Elle sert à résumer le point de vue du commentaire. Mais ce résumé peut être tellement dense que les deux vers deviennent difficiles à comprendre. Or, c’était bien le cas la semaine dernière. En fait, le sens du couplet se situait au cœur même de la grande hérésie qui ravage la véritable Église depuis Vatican II (1962–1965). Revenons donc à ces deux alexandrins pour les expliquer plus en détail. Les voici à nouveau.

Des Grecs, de leurs cadeaux, il fallait avoir peur?

Mais pour Rome, ces Grecs ne sont qu’enfants de chœurs!

Ces deux vers renvoient à une citation célèbre de l’Énéide de Virgile en latin, (II, 49). « Timeo Danaos et dona ferentes » qui peut se traduire : « Je crains les Grecs, même lorsqu’ils font des cadeaux ». Ils font référence au cheval de Troie. La guerre de Troie dure depuis dix ans mais, mais malgré d’énormes efforts militaires, l’armée d’invasion venue de Grèce piétine toujours devant la ville de Troie. Les Grecs décident alors d’avoir recours à la ruse. Devant les portes de Troie, ils laissent un beau cheval de bois en guise de “cadeau” pour les Troyens. Mais le cheval est creux et contient, à l’intérieur, les meilleurs soldats grecs. Les Troyens réfléchissent à ce qu’ils doivent faire de ce splendide cheval. Faut-il l’amener à l’intérieur de la ville ? Un vieux sage Troyen estime que non, car quoi qu’il en soit, il ne peut faire confiance aux Grecs. Hélas pour Troie, son conseil n’est pas suivi  ; le cheval est traîné à l’intérieur des murs. Durant la nuit, les soldats sortent du cheval et se répandent dans Troie. La ville est prise par surprise et c’est ainsi que les Grecs gagnent la guerre. Dans le monde antique, les grecs étaient réputés pour cette ruse qui leur a donné la victoire sur Troie. Mais le deuxième vers du couplet affirme que même la ruse des Grecs ne peut se comparer avec celle des modernistes qui à Vatican II ont réussi le coup de pénétrer au cœur de la Cité Catholique pour la détruire jusque dans ses fondements. Comment cela a-t-il pu arriver ?

Nous répondons  : par la perte, opérée au cours des siècles, du sens de la réalité divine et de la dépendance de l’homme en regard de la réalité et toute-puissance de Dieu. En fait, cette perte progressive a été volontaire. Car, pour aborder le dernier âge du monde et porter à la béatitude du salut éternel la plus grande moisson d’âmes qui ait jamais eu lieu, le Bon Dieu avait accordé la plus grande des Grâces qui soit  : l’Incarnation de Son propre Fils unique, vrai Dieu et vrai Homme, qui devait mourir sur la Croix afin de sceller par son Sang la Nouvelle et Éternelle Alliance entre Dieu et les hommes  ; et qui, par son Sacrifice, fondait l’Église Catholique, procurant ainsi au genre humain, par ses sacrements, les fruits de cette mort et Rédemption. Et de fait, au bout de quinze cents ans, cette Église avait effectivement réussi à créer une chrétienté, incomparablement supérieure à toute autre civilisation.

Mais, au bout de ces quinze siècles, les hommes s’en sont enorgueillis. Ils imaginèrent, pour se libérer de la Vérité divine, toute une série de croyances hypocrites, de plus en plus raffinées. Le protestantisme et le jansénisme se firent passer pour catholiques, le libéralisme se fit passer pour chrétien, le communisme se fait passer pour ami du peuple. Pour les catholiques, la contrainte de vivre dans un monde de plus en plus profondément anticatholique devient de plus en plus lourde. D’autant que le monde moderne, forgé à coups d’hypocrisies, prétend de plus en plus à la “normalité”. Par exemple, tenter de faire vivre en famille chrétienne dans une grande ville tous les enfants que Dieu est susceptible d’envoyer, revient à créer une situation qui paraît insupportable. Situation qu’utilise alors l’hypocrisie suprême de Vatican II, pour rabaisser les exigences de la Foi et fabriquer ainsi des post-catholiques, se prétendant toujours catholiques, grâce à un clergé complaisant. Si bien que la véritable Église se trouve désemparée et dispersée et risque fort de le rester jusqu’au moment, choisi par Dieu, où Il lavera les écuries d’Augias.

Mais Dieu n’a jamais abandonné son Église immuable, ni les âmes qui s’y attachent à quelque niveau que ce soit  ; et aucune âme ne doit craindre d’être abandonnée par Dieu qui, elle, ne veut pas l’abandonner Lui ni l’univers réel qui revient à Lui. Cependant, il se peut que Dieu demande à ces âmes de faire demain des sacrifices sérieux pour aider à payer la dette qu’entraîne le raz-de-marée actuelle de péchés déferlant sur l’humanité  ; car les âmes ne doivent pas non plus céder à cette variété d’hypocrisies par lesquelles les hommes modernes parviennent à se tromper eux-mêmes ou que Dieu n’existe pas, ou qu’ils ne sont pas en train de préférer leur propre « réalité » à celle de Dieu . . .

Kyrie eleison