Thomisme Véritable
Thomisme Véritable on juillet 30, 2016
La manière dont le modernisme mélange l’apparente sincérité et la bonne foi avec la dissolution de la vérité est si dangereuse pour la véritable foi des Catholiques qu’elle ne peut jamais être trop souvent décrite ou analysée. La question récente d’un laïc traditionnel nous donne encore une occasion de le faire. Il demandait s’il est prudent pour un prêtre de la Fraternité Saint Pie-X de lire régulièrement une revue thomiste Conciliaire, étant donné que la FSSPX n’a fourni jusqu’ici rien de régulier à lire au sujet de la pensée et de la doctrine du plus grand philosophe et théologien de l’Église, Saint Thomas d’Aquin. Il faut répondre que ce prêtre aurait avantage à faire très attention pour tout le moins, car le thomisme Conciliaire est une contradiction dans les termes, alors qu’en des termes modernistes – et c’est là le problème –, on peut facilement faire semblant que ce n’est pas contradictoire.
Le thomisme Conciliaire est une contradiction dans les termes réels, car les enseignements de Saint Thomas s’efforcent, et en grande mesure y réussissent, de se conformer au seul ordre implanté dans les choses réelles à l’extérieur de nos esprits par le seul vrai Dieu. Au contraire, Vatican II présuppose que l’homme moderne a déstabilisé cet ordre statique qui est dans les choses et centré sur Dieu (voyez le commencement de Gaudium et Spes ), et donc pour que la religion de Dieu ait un sens encore pour l’homme moderne, elle doit être reconfigurée dans des termes dynamiques et anthropocentriques, ce qui fait que le vrai thomisme n’est plus fidèle à la réalité d’aujourd’hui, mais plutôt dépassé.
En termes modernistes, le thomisme demeure un monument historique de la pensée humaine, un superbe système intellectuel dont la logique et la consistance sont tout à fait admirables. Ainsi, les séminaristes de la FSSPX, par exemple, peuvent l’apprendre comme un bottin téléphonique, mais si ces séminaristes se laissent ramener sous le charme de Vatican II, ils ne verront plus le thomisme comme la seule voie pour combattre les erreurs modernes, et pour interpréter le monde ils seront facilement séduits par bien d’autres façons de penser « au goût du jour ». Bref, les modernistes n’iront pas défier le thomisme sur son propre terrain, ils affirmeront même qu’ils sont entièrement d’accord avec lui sur son terrain. Ils diront simplement qu’aujourd’hui le terrain a changé et que le thomisme n’est plus uniquement valide, ou n’est plus la seule voie pour accéder à la vérité. Voilà comment les partisans de Vatican II peuvent bien penser qu’ils sont en accord avec le thomisme, alors qu’ ils ne le sont pas du tout.
Que l’arithmétique élémentaire illustre ce point. Deux et deux font quatre, et dans la vie réelle, en réalité, ils ne peuvent rien faire d’autre, ni trois ni cinq. Mais un arithméticien moderne peut dire : « Affirmer que deux et deux font uniquement et exclusivement quatre montre une trop grande étroitesse d’esprit. C’est plus créatif et progressif de dire qu’ils peuvent aussi faire cinq ou six – soyons ouverts d’esprit – Six Millions ! » Et puisque cet arithméticien moderne n’exclut pas que deux et deux fassent quatre, mais inclut volontiers cette addition aussi dans son ouverture d’esprit, il peut sincèrement croire que son arithmétique n’est pas en contradiction avec l’ancienne arithmétique. Mais qui ne voit qu’en réalité il discrédite totalement la « vieille » et véritable arithmétique ? L’arithmétique qui correspond à la seule réalité à l’extérieur de nos esprits pas seulement inclut que deux et deux font quatre, mais aussi elle exclut absolument toute autre addition. Et cette arithmétique seule correspond à l’unique réalité, ou, est véritable. Ainsi, la croyance et la pensée qui seules correspondent à l’unique ordre naturel et surnaturel de Dieu existaient bien sûr des siècles avant Saint Thomas (1225–1274). Il n’a fait que mettre tout ensemble dans un système incomparable. Mais ce n’est pas le fait du système qui le rend véridique. Ce qui le rend singulièrement véridique en tant que système, c’est sa correspondance unique à la réalité.
Par conséquent, si les auteurs de cette revue thomiste sont aussi des partisans avérés de Vatican II, ils ne croiront sûrement pas que le thomisme, dans le sens évoqué ci-dessus, soit unique ; et dans ce cas-là on pourra les appeler des « thomistes de bottin téléphonique », mais ils ne sont certainement pas de vrais thomistes. Alors le prêtre mentionné plus haut, sera-t-il toujours en mesure de faire la distinction ? C’est peu probable s’il se laisse entraîner en ce moment même vers Vatican II.
Kyrie eleison.