Fraternité Cinquantiste *

Fraternité Cinquantiste * on juin 23, 2018

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L’Église des années 1950 et la Fraternité Saint-Pie X des années 2000 souffrent toutes deux d’une maladie analogue : la même pathologie, qui affligeait l’Église, touche maintenant la FSSPX. Au juste, d’où vient ce mal ? Il consiste dans cette démarche insidieuse d’aller au-devant de l’homme moderne éloigné de Dieu, en rabaissant au niveau de l’homme sans Dieu les exigences de la Foi. L’image du Dieu véritable est alors rendue méconnaissable. Dans l’Église, on a prétendu adapter la Foi de toujours à notre monde moderne, donnant ainsi naissance au Concile Vatican II. Dans la FSSPX, on prétend maintenant adapter au Concile la Tradition Catholique, provoquant ainsi le dérapage de la FSSPX. “Les mêmes causes produisent les mêmes effets.”

Nous avons commémoré l’an dernier le centième anniversaire des grandes apparitions de Fatima. Au Portugal. Nous avons entendu Notre-Dame nous annoncer les catastrophes terrifiantes qui s’abattraient sur l’humanité si l’on n’écoutait pas ses demandes. Les ecclésiastiques n’ont pas réagi comme ils auraient dû, car plusieurs années après, la Très Sainte Vierge a confié à Sœur Lucie que même les bonnes âmes ne faisaient pas cas de ses demandes, alors que les méchants, bien sûr, persistaient dans la voie du péché. C’est ainsi que le règne de Pie XII (1939–1958) fut marqué d’abord par la dévotion à Fatima, mais dans la deuxième partie de son règne, dès les années 1950, on persuada le Pape qu’il fallait séparer l’aspect politique des apparitions, et notamment la Consécration de la Russie, de leur aspect dévotionnel. Et alors il négligea l’aspect politique tout en conservant la dévotion. Ce fut là une grande erreur. Or, c’est exactement la même erreur que répètent certains Supérieurs de la Fraternité depuis les années 2010.

Un confrère de la FSSPX a entendu l’an dernier (2017) deux membres importants de la Fraternité prêcher sur Fatima (1917). Il s’attendait à ce que les deux prédicateurs fissent une application en profondeur des apparitions mais, tout ce qu’il entendit fut de pieuses paroles. Certes, rien n’y était faux, mais ces prédications laissaient supposer un monde resplendissant de santé ! Ils ont parlé de la grandeur, de la bonté et de la miséricorde de Notre-Dame, et bien sûr de Son Cœur Immaculé, puissant refuge pour nous catholiques. Jusque-là, rien de mal. Mais, continue notre confrère . . .

“Pas un mot sur la situation catastrophique dans laquelle les individus, les nations et l’Église se débattent aujourd’hui. La première partie du Secret de Fatima a été mentionnée, mais la deuxième et la troisième ont été occultées. Les nations ne croulent-elles pas sous toutes sortes de problèmes ? Notre Mère l’Église, avec à sa tête le pape François, ne sombre-t-elle-pas dans des difficultés inimaginables ? Face à cette situation, comment oser passer sous silence les deuxième et troisième parties du Secret, sans même y faire allusion ?

Nos Supérieurs sont en train de contracter une lourde responsabilité. Ils endorment leurs fidèles, ils les bercent dans une religiosité somnolente : « Nous avons la vraie Messe, nous avons la Foi, nous avons des prieurés, nous sommes membres de l’Église catholique . . . que pourrions-nous vouloir de plus ? » Des sermons de ce genre inhibent toute réaction ; on n’y parle plus d’engagement pour les batailles de la Mère de Dieu ; rien, pas même un avertissement contre les gadgets électroniques d’aujourd’hui. Voilà comment les catholiques deviennent des tièdes.

Lorsque la Sainte Vierge eut fait voir aux enfants de Fatima les feux de l’enfer, ils augmentèrent nettement leurs prières, leurs efforts et leurs sacrifices. Mais nous, catholiques du 21ème siècle, nous n’aurions nul besoin d’une telle vision de l’enfer ? Ni d’être mis en garde contre la situation catastrophique de la politique actuelle ? Ni d’être informé de la situation dramatique de l’Église aujourd’hui ? Beaucoup de nos fidèles ne se doutent même pas qu’on leur cache quelque chose d’important. Quand ils entendent des sermons de ce genre, leur enthousiasme éclate, ils louent les prédicateurs, ils sont heureux au possible. Hélas, il n’est que trop compréhensible que les hommes préfèrent ce qui est agréable et facile à ce qui leur semble dur, bien que vrai.

Kyrie eleison.

* Le « Cinquantisme » est ce Catholicisme des années 1950, extérieurement correct, mais intérieurement tout prêt à glisser dans le catholicisme désastreux des années 1960, années du Concile.