Prométhée – I
Prométhée – I on juin 15, 2019
Vatican II a été pour l’Église catholique un véritable fiasco. C’est pourquoi il est essentiel, pour que l’Eglise continue, que les catholiques, soucieux du salut de leur âme, s’efforcent d’identifier la cause d’un tel désastre. Il y a dix ans, le P.Alvaro Calderón, professeur de philosophie et de théologie thomiste au Séminaire Sacerdotal de la Fraternité Saint Pie X à La Reja (Argentine), a écrit un livre sur Vatican II pour montrer comment ce Concile avait substitué une religion de l’homme à la religion de Dieu. Ce livre comprend quatre parties : la première expose d’abord la nature de Vatican II, en donnant une définition en trois parties : l’officialisation d’un humanisme, grimé en catholique.
Vatican II, c’est d’abord un humanisme ; autrement dit, une glorification de l’homme usurpée aux dépens de Dieu. Certes, après le Moyen Age, se succédèrent une série d’humanismes : la Renaissance, la Réforme, la Révolution française. Cependant, à chaque fois, l’humanisme mourait de lui-même, dit Calderón, car il se coupait de l’Église catholique. Le résultat de tout cela ? Deux guerres mondiales ! Mais cette fois-ci, les ecclésiastiques eux-mêmes élaborèrent un humanisme nouveau qui serait compatible avec l’Église catholique. D’où l’introduction officielle, sans précédent, lors de Vatican II, de ce que l’Eglise avait toujours condamné comme étant une erreur grave. Mais cette fois-ci, les clercs avaient réussi à donner à cette erreur une apparence catholique. De cette façon, leur nouvel humanisme leur permettait de tendre la main au monde moderne centré sur l’homme, sans se couper de l’Église. Pour quel motif ? Soi-disant pour sauver à la fois l’homme moderne de son impiété, et l’Église de son isolement stérile. Au mieux, disons que les ecclésiastiques de Vatican II avaient de bonnes intentions ; au pire, ils savaient pertinemment que cette nouvelle alliance de forces contraires qu’ils proposaient ne servirait à rien sauf à détruire l’Église. Mais n’était-ce pas justement-là ce que voulaient les pires d’entre eux ?
Maintenant, examinons en quoi cette alliance nouvelle ne pouvait pas fonctionner. Tout simplement parce que Paul VI voulait instaurer un humanisme nouveau, qui ne serait ni inhumain, – c’est-à-dire tout orienté vers Dieu, comme l’était supposément la religion au Moyen Âge – ni totalement orienté contre Dieu, comme à notre époque moderne. Il devait réaliser un nouvel équilibre entre ces deux excès : un humanisme montrant combien la plus grande gloire de Dieu coïncide avec la gloire de l’homme. Assurément, l’homme est le chef-d’œuvre de la création. C’est pourquoi glorifier l’homme revient à glorifier Dieu. Et l’homme, par sa liberté, est l’image de Dieu. Donc, plus il est libre, plus il glorifie Dieu. Par conséquent, promouvoir la dignité et la liberté humaines, c’est non seulement glorifier l’homme, mais également Dieu. Toutefois, en partant du principe de la gloire de l’homme, qui ne voit le risque de s’en tenir en premier à la gloire de l’homme ? Plus profondément, Dieu est le seul et unique Etre Parfait qui n’a nullement besoin d’être ou de vouloir quoi que ce soit en dehors de Sa propre gloire intrinsèque. Ce n’est que pour Sa gloire extrinsèque qu’Il peut, à titre secondaire, vouloir ou désirer la bonté d’une créature en dehors de Lui-même. Au final, la vérité est que tout, en Dieu, comme dans l’homme, se rapporte d’abord et entièrement à Dieu ; et ce n’est que secondairement qu’on peut dire que Dieu est orienté vers l’homme.
A titre d’exemple, voici quelques citations tirées du document de Vatican II, Gaudium et Spes dont l’ambiguïté n’échappera à personne : “Tout sur la terre doit être ordonné à l’homme comme à son centre et à son sommet [ . . . ] (L’homme) a été constitué seigneur de toutes les créatures terrestres, pour les dominer et pour s’en servir en glorifiant Dieu “ (§ 12) : Puisque l’homme doit agir en glorifiant Dieu, n’est-ce pas plutôt Dieu qui est au centre et au sommet de toute la création ? “L’amour de Dieu et du prochain est le premier et le plus grand commandement “ (§ . 24) – Le prochain apparaît-il dans la première table des commandements ? [Certes, l’Écriture enseigne que « l’ amour de Dieu est inséparable de l’amour du prochain ». Mais ne convient-il pas de distinguer entre le créateur et la créature ?] “L’homme est la seule créature aimée de Dieu pour lui-même “ (§ . 24). Pour l’homme lui-même ? La déviation est grave, mais subtile. Dans les textes du Concile, elle reste plutôt implicite qu’explicite, mais elle se dévoile clairement dans l’enseignement de l’Église après le Concile, par exemple dans le Nouveau Catéchisme (cf. 293, 294, 299). En effet, dit l’abbé Calderón, le Concile place l’homme sur le trône de la Création, et met Dieu à son service.
De même, Vatican II renverse l’autorité. L’humanisme va toujours contre l’autorité. Mais, dans la mesure où le Nouvel Humanisme se doit d’avoir une apparence catholique, il fallait chercher une autre voie pour que l’autorité du Christ règne à la fois dans l’Église et dans le monde. Or, le Christ n’a-t-il pas dit qu’il était venu pour servir ? (Mt XXV, 25–28). Ainsi, la solution est trouvée ; la hiérarchie devra se rendre démocratique de haut en bas, afin de servir l’homme moderne d’une manière comprise par lui. Mais, dans cette nouvelle hiérarchie, comment l’autorité de Dieu pourra-t-elle élever les hommes au Ciel ? Elle sera dissoute, et avec l’autorité dissoute dans l’Église, l’autorité sera partout dissoute, comme nous pouvons le constater autour de nous en 2019.
Dans la seconde partie, l’Abbé Calderón présentera l’Homme Nouveau de Vatican II ; la partie III traitera de la Nouvelle Église ; la partie IV de la Nouvelle Religion.
Kyrie eleison.