“Prométhée” – L’Idolâtrie

“Prométhée” – L’Idolâtrie on juillet 6, 2019

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Revenons au plan de l’abbé Calderón – Première partie : dans son essence, Vatican II est une glorification de l’homme, grimée en catholicisme par les responsables de l’Eglise. Deuxième partie : L’Homme Nouveau de Vatican II est un être libéré de tout ; du réel par le subjectivisme ; de la morale par la conscience qui inclinerait naturellement le cœur humain vers le bien ; de sa nature même, par la grâce qui répare sa liberté. Troisième partie : Désormais, l’Eglise de Vatican II ne s’oppose plus au monde, ni aux autres religions ; cette Néo-église est toute de bonté, vouée au dialogue avec tout le monde. Dans la quatrième partie de son livre, l’abbé Calderón se demande si Vatican II est une nouvelle religion. Sa réponse est : oui. Car cette Néo-église ne rend plus à la Sainte Trinité le culte qui lui est dû ; en effet, 1. la Révélation et la Tradition, aussi bien que : 2. l’Acte central du culte ou encore : 3. la croyance au Dieu incarné, sont gravement altérés dans leur substance.

1 La vraie doctrine de l’Église est changée ; voici comment. Un catholique peut croire soit en l’objet de foi lui-même, i.e. l’Incarnation ; soit en une proposition objective exprimant cet objet, i.e. “Dieu s’est incarné”. Sans doute, toute formulation exprime le mystère de manière inadéquate, mais il n’empêche qu’elle l’exprime vraiment, ce qui, pour le croyant, est suffisant pour sauver son âme. Mais la Néo-église est un nid de modernistes et pour les modernistes, aucune proposition ne peut être objective. Par conséquent, pour la Néo-église, il ne peut s’agir que d’une expérience subjective du mystère (Dei Verbum n° 2 ; LG n° 4). Cela revient à livrer la doctrine à toutes sortes d’élucubrations charismatiques. Car, pour la Néo-église, le Mystère se rend présent dans la communauté d’une Église vivante, au sein de laquelle Révélation et Tradition évoluent au fil des contextes historiques. Ce qui veut dire que, pour vivre et interpréter le Mystère, il faut entrer en communion dans la communauté avec un nouvel Esprit de Foi. Les formules qu’on écrira ou les croyances qui émergeront ne feront que suivre cet esprit. On réécrit la foi pour donner un fondement à cette expérience, et pour donner au peuple de Dieu un modèle à suivre. L’orthodoxie nouvelle consiste à penser en communion avec la Néo-église, de sorte que refuser cette Néo-communauté constitue la pire des hérésies. Or c’est là ce que faisait Mgr Lefebvre.

2 Quant au culte, l’importance donnée à la Croix dans cette religion aux teintes moyenâgeuses n’est-elle pas déprimante ? Qu’à cela ne tienne ! La Néo-église éliminera le sacrifice, mais gardera la joie. Toutefois, l’humanité a contracté une dette envers Dieu à cause du péché. Et cette dette a conduit le Christ à nous racheter par le sacrifice. Donc, conclut le moderniste, il importe que nous nous débarrassions de cette idée de péché. Car Dieu est au-dessus de la souffrance : les péchés des hommes ne peuvent Le faire souffrir. Même s’Il se plaint du péché, Il n’ira jamais jusqu’à condamner quiconque aux peines éternelles de l’Enfer. Certes, le Christ est mort, mais simplement en tant qu’instrument du Père (G&S#22). [«  Agneau innocent, par son sang librement répandu, Il nous a mérité la vie ; et, en lui, Dieu nous a réconciliés avec lui-même et entre nous ».] Car il devait montrer sa solidarité avec les hommes. Donc, ce n’est pas tant le Christ qui nous sauve, mais le Père ; et non par la Croix, mais par la Résurrection qui a été accomplie par le Père, afin que l’homme soit glorifié ! Ainsi la Messe, rebaptisée “Mystère pascal”, doit glorifier l’homme, et Dieu doit remercier l’homme d’être si glorieux afin que Lui-même puisse y trouver sa gloire ! Cette série d’absurdités blasphématoires, qui imprègnent nettement la Nouvelle Messe, imposée à l’Église par Paul VI en 1969, est implicite plutôt qu’explicite dans le décret liturgique Sacrosanctum Concilium. Mais le texte date du début du Concile ; or les modernistes devaient à l’époque faire encore preuve de prudence. Ce n’est qu’à partir de 1969 que les freins ont été desserrés. La liturgie de l’Église est maintenant dans le chaos.

3 Quant au Dieu incarné, Jésus-Christ, centre du christianisme et de la vraie Église catholique, deux documents de Vatican II, Gaudium et Spes et Ad Gentes s’y réfèrent spécialement. Pour l’abbé Calderón, ces deux documents développent une doctrine identique : la Croix est horrible ; mieux vaut donc être tout simplement un homme de paix qu’un fils adoptif de Dieu par la souffrance. L’homme est à l’image de Dieu (par sa liberté), si bien que, plus il se fait homme, plus il devient divin. C’est la raison pour laquelle Jésus-Christ s’est fait homme. Non pas pour que l’homme devienne fils adoptif de Dieu, mais pour que l’homme devienne plus pleinement homme ! Au demeurant, on ne trouve nulle part dans les textes de Vatican II que Jésus-Christ soit proprement et véritablement Dieu ; on n’y décèlera pas davantage, ne serait-ce qu’une seule fois, d’allusion à l’union hypostatique. Selon le public auquel ils s’adressent, les théologiens conciliaires font fluctuer leur langage, entre Tradition et Nouvelle Théologie.

4 A la fin de son analyse, l’abbé Calderón conclut que la finalité ultime de Vatican II est la dignité de l’homme ; or, c’est par leur finalité que les religions se spécifient. Le catholicisme place sa finalité dans la gloire (extrinsèque) de Dieu ; Vatican II est donc bien une religion nouvelle car, pour le Concile, la grâce libère la nature humaine ; Jésus est venu pour nous rendre plus humains ; et la Messe n’est plus le sacrifice dû à Dieu, mais l’action de grâce de l’humanité couronnant le Créateur, elle-même étant plus libre que Lui, puisque capable de choisir même le mal !

Kyrie eleison.