Les Commentaires Eleison

Des Évêques.

Des Évêques. on février 20, 2016

Depuis le Chapitre général de juillet 2012, lorsque la Fraternité Saint Pie-X, sous la direction de Mgr Fellay, fit une embardée décisive vers un accord de compromission avec la Rome conciliaire, les Catholiques de la Tradition se sont demandé quelle était la position des deux autres Évêques de la Fraternité, Mgr Tissier de Mallerais (MgrT) et Mgr de Galarreta (MgrG), car les deux ont été plutôt discrets en public depuis ce temps-là. Or, de fermes paroles prononcées par chacun d’eux le mois dernier ont soulevé des espoirs pour le futur de la Fraternité. Ces espoirs sont-ils justifiés ? Les Catholiques risquent d’avoir à demeurer sur leur garde . . .

Le sermon de Confirmations de MgrT prononcé le 31 janvier à Saarbrücken en Allemagne ne pouvait être ni plus droit ni plus clair. Par exemple : Dans sa confrontation avec Rome, la Fraternité ne doit jamais s’engager dans le compromis ou le calcul. Nous ne pouvons jamais négocier avec Rome tant que les représentants de la Néo-église (sic) s’accrochent aux erreurs de Vatican II. Toute discussion de notre part avec Rome doit être sans ambiguïté aucune, et avoir comme but la conversion des représentants de la Néo-église à notre seule et unique véritable Tradition catholique. Aucun compromis ni calcul jusqu’à ce qu’ils aient surmonté leurs erreurs conciliaires et soient revenus à la Vérité.

Paroles admirables ! La droiture n’est pas le problème chez MgrT. Il n’est point politicien, que Dieu l’en bénisse. Mais lorsqu’il faut traduire les mots en action, son « Cinquantisme » » le fait obéir à son Supérieur et retomber dans la ligne des politiciens de la Fraternité qui règnent depuis le QG de la FSPX à Menzingen. Rien n’indique que cela ne se reproduira pas cette fois-ci aussi, mais on peut toujours prier pour que, comme dit le proverbe, « Même un ver de terre peut se retourner ». MgrT est loin d’être un ver de terre, mais il se cache à lui-même, ou ne peut tout simplement pas voir, toute la malice des actions de Menzingen. Ce n’est pas seulement l’unité et le bien-être de la Fraternité qui est en jeu, mais la continuation de l’Opération Survie de la Foi catholique qui a été l’œuvre de Mgr Lefebvre.

Au contraire, MgrG est un politicien. Malheureusement, on ne possède pas tout le texte de la conférence qu’il prononça à Bailly, en France, le 17 janvier, car les mots exacts comptent, et ainsi on ne peut le citer qu’ à partir d’un résumé de sa pensée : les dernières propositions théologiques et canoniques de Rome pour un accord Rome-Fraternité demeurent inacceptables, mais le Pape veut certainement un accord et il est parfaitement capable d’ignorer ses propres subordonnés et d’imposer à la Fraternité une reconnaissance « unilatérale ». Une telle reconnaissance pourrait certainement faire du mal à l’intérieur de la Fraternité, mais si elle n’avait rien fait pour l’obtenir, elle ne pourrait rien faire à ce sujet. Mais la Providence sera capable de veiller une fois de plus sur l’œuvre de Mgr. Lefebvre.

Mais, Excellence, depuis plusieurs années Menzingen fait tout ce qu’elle peut par la négociation politique pour en arriver à une reconnaissance officielle de Rome, et son éventuelle arrivée « unilatérale » serait un simple faux-semblant pour tromper les traditionalistes. C’est ainsi qu’on liquiderait la Fraternité en feignant, sans doute avec la permission discrète de Rome, que cela avait été la faute de Rome. Mais le fait demeure que la Fraternité de Monseigneur Lefebvre aurait été définitivement trahie, et vous avec votre protestation feinte, «  Non, non, mille fois non . . . mais, peut-être ben qu’oui  » auriez à répondre de ne pas avoir fait tout ce que vous auriez pu et dû faire pour bloquer cette trahison.

Bref, le système de lumières d’urgence de l’Église universelle dans les ténèbres Conciliaires, qu’est la Fraternité, vacille lui-même et est en danger de ne plus jeter de lumière. Par conséquent, l’équipe de réparation qu’est la « Résistance » pour sauvegarder le système d’urgence, est toujours nécessaire, et cette équipe a besoin d’une suffisance de bons contremaîtres. Un troisième Évêque pour la « Résistance » est prévu, comme l’an dernier le 19 mars au monastère près de Nova Friburgo au Brésil. Il est son Prieur, Don Thomas D’Aquin, fidèle guerrier et vétéran de la guerre post-conciliaire pour la défense de la Foi. Que Dieu soit avec lui et avec tous les humbles et fidèles serviteurs de Dieu.

Kyrie eleison.

Animal Insaisissable.

Animal Insaisissable. on février 13, 2016

« De par sa nature, le modernisme est nécessairement un animal insaisissable ». Le modernisme étant l’ennemi mortel actuel de l’Église catholique, on ne peut jamais assez l’analyser. En tant qu’ennemi particulier de l’Église, on peut le définir comme un mouvement de pensée et une croyance qui stipule qu’il faut adapter l’Église au monde moderne, en changeant la substance du catholicisme tout en maintenant ses apparences. Cette erreur terrible a gagné des Catholiques sans nombre dès le moment où il obtint l’approbation officielle du sommet de l’Église durant Vatican II, et par la suite il a mené beaucoup de cardinaux, d’évêques et de prêtres sur la voie de la perdition éternelle, sans oublier les laïcs qui les suivent, en minant à sa racine leur foi. Voyons pourquoi il est si insaisissable, comme rien d’autre.

C’est un animal insaisissable car, à l’instar de toutes les hérésies, il fallait qu’il se déguisât pour paraître acceptable aux croyants catholiques. Aussi s’exprime-t-il constamment en formules ambiguës, explicables à la fois dans un sens catholique ou anticatholique. C’est pour cela que Vatican II est ambigu du début à la fin, recourant à des formules capables de se faufiler et de glisser entre l’Église et le monde moderne, de manière à y cacher la contradiction fondamentale entre les deux. Pour Paul VI, croyant à la fois profondément et en le monde et en l’Église (tels qu’il les concevait), de telles formules étaient instinctives et abondantes. Les documents de son Concile, Vatican II, sont truffés d’ambiguïtés. D’ailleurs, par ces ambiguïtés, Paul VI croyait vraiment qu’il allait sauver l’Église et le monde, exactement comme Mgr Fellay espère maintenant qu’en parlant des deux côtés de sa bouche il sauvera et la Tradition catholique et les autorités Conciliaires. Vain espoir ! Dieu « déteste la langue double » (Prov. VIII, 13). Celle-ci a toujours servi à duper les Catholiques pour leur faire perdre la foi.

Mais plus qu’insaisissable, le modernisme est de toutes les hérésies uniquement insaisissable car, comme le dit saint Pie X dans Pascendi, il est l’hérésie des hérésies, tel un égoût central qui recueille la crasse de tous les égoûts mineurs ou de toutes les hérésies particulières. Ceci s’explique du fait qu’il est le produit (et le producteur) d’esprits qui n’ont plus aucun ancrage dans quelque vérité ou réalité que ce soit, en sorte que dans le modernisme toute contre-vérité ou hérésie se sente parfaitement chez elle. Ceci n’est possible que parce que son principe fondamental est philosophique, la supposée incapacité de l’esprit humain de connaître quoi que ce soit au-delà des cinq sens externes de l’homme. Un tel esprit est comme une sale bouteille de vin. Elle salit tout ce qui y est versé, même le vin le plus fin ou la vérité la plus sublime. Tandis que toute autre hérésie affronte une vérité particulière de la foi, l’erreur philosophique à la racine du modernisme sape la vérité universelle, même lorsqu’elle fait semblant de professer telle vérité en particulier. Par exemple, Benoît XVI serait sans doute horrifié si on l’accusait de ne pas croire en tel Article du Credo, mais cela ne l’empêcherait pas de les saper tous et chacun en les « mettant à jour ».

Or, jamais comme aujourd’hui autant d’esprits ne se sont-ils décrochés de toute vérité objective, un tel décrochage étant la libération finale de l’homme par laquelle la réalité ne peut plus s’imposer à moi, alors que moi je peux m’imposer à toute réalité. J’ai pris la place de Dieu. Ainsi, trop de Catholiques s’étant laissés infecter par le monde d’aujourd’hui, ils accueillirent le modernisme lorsqu’il ressurgit à Vatican II, car voilà le Pape lui-même qui mettait le sceau apparent de l’approbation catholique sur le modernisme, et désamorçait par là toute la Vérité catholique. Désormais les Catholiques étaient libres, tout en restant Catholiques. Criez la liberté à travers l’Église !

Alors, comment s’y prendre avec cet « animal si insaisissable » ? Sûrement pas en se rendant à Rome pour socialiser avec ses principales victimes et auteurs, les officiels actuellement au sommet de l’Église. Satan lui-même n’a peut-être pas la cuillère assez longue pour souper avec ces renards, ces requins et ces loups (objectifs), d’autant plus dangereux de par leur possible ignorance (subjective) de leur propre condition fatale. Priez le Rosaire de Notre-Dame pour qu’elle entoure vos têtes et vos cœurs de sa propre armure protectrice.

Kyrie eleison.

Parasite et Hote – II.

Parasite et Hote – II. on février 6, 2016

Il y a deux semaines, ces « Commentaires » sont retournés sur un champ de mines en soutenant la position qu’il y a encore quelque chose de catholique dans ce qu’est devenue l’Église catholique depuis Vatican II. Cette position est hautement contestée. Par exemple, d’une part, les responsables actuels de la Fraternité Saint Pie X se comportent comme si l’Église officielle de Rome est toujours tellement catholique qu’ils ne peuvent se passer de sa reconnaissance officielle. D’autre part, nombre d’âmes qui ont véritablement la Foi catholique rejettent totalement l’idée qu’il y ait encore quoi que ce soit de catholique dans cette « Église » dont le « Pape » François se trouve à la tête. Ce qui suit n’est qu’une tentative pour voir ce qu’il peut y avoir de vrai des deux côtés.

Au cœur du problème se trouve le modernisme, maladie essentielle de Vatican II. Par sa nature, le modernisme est nécessairement un animal uniquement glissant. Ceci s’explique par son principe de base qui est d’adapter le catholicisme au monde moderne, lequel est intrinsèquement anticatholique. Ainsi, des Papes conciliaires comme Paul VI et Benoît XVI veulent à la fois rompre mais en même temps ne pas rompre avec la Tradition catholique. Pour tout esprit sensé, ceci est impossible, car contradictoire. Mais ces Papes ont été élus pour se mettre au diapason du monde moderne, et donc ils ne sont pas doués d’un esprit sain, c’est plutôt la contradiction de la réalité qui leur coule dans les veines. Et puisqu’ils ont eu presque cinquante ans pour adapter de pied en cap l’Église à leur démence, alors une « Église » en est sortie tellement différente de l’Église préconciliaire qu’elle est une réalité qui mérite le nom de Néo-église.

Qui plus est, même lorsqu’une pratique catholique préconciliaire est maintenue dans la Néo-église d’aujourd’hui, comme par exemple la Bénédiction du Saint-Sacrement, le fondement mental sur lequel repose cette pratique dans la tête de ceux qui y assistent est tout autre que solide, car la doctrine de la Présence Réelle est devenue à la fois traditionnelle et non-traditionnelle, ayant été consacrée par des prêtres mis-à-jour, qui sont à la fois prêtres et ne le sont pas. A souhait, ils sont encore des prêtres mais aussi tout juste ceux qui président à la Messe. Ce sont les sentiments qui déterminent la vérité, car l’esprit a décroché de la réalité objective. L’esprit nage dans de jolis sentiments subjectifs, inconscient de ce qu’il fait, parce que presque tout le monde fait pareil. Pour qui possède une Foi réelle, un tel manque d’objectivité est loin d’être charmant, c’est nauséabond. Pas étonnant que de telles âmes puissent répudier la totalité de la Néo-église.

Mais si on respecte la réalité, il faut admettre qu’il y a de la Foi encore dans la Néo-église. Un laïc me raconte que son père assiste fidèlement au Novus Ordo Missæ (NOM) depuis quarante-cinq ans et qu’il n’a toujours pas perdu la foi. Un prêtre me raconte qu’il se rappelle encore la réaction de Monseigneur Lefebvre lorsqu’une dame lui a présenté ses raisons pour assister au NOM – il n’a fait que hausser les épaules. Et je pourrais multiplier les témoignages qui me sont parvenus de la Foi catholique qui survit aux assauts de tout ce qui est mauvais dans le NOM. La raison pour laquelle ces témoignages sont véridiques devrait être évidente. Étant au cœur de la nouvelle religion subjective et ambiguë, le NOM peut être interprété comme on veut. Un prêtre peut le célébrer « décemment », un Catholique peut y assister « dévotement ». Les guillemets doivent apaiser les esprits forts qui vont insister qu’avec le NOM, il ne peut y avoir ni véritable décence, ni dévotion réelle, mais en prenant cette position dure, ils font fi, à mon avis, de la réalité. Dieu merci, Dieu est juge ! Sans doute le NOM, tel quel, ne cesse de discréditer et d’éroder la décence et la dévotion catholiques de toujours, mais de dire qu’il n’en reste plus rien dans la « Néo-église » me semble être une exagération grossière.

Non que les responsables de la FSPX aient raison de chercher à être réincorporés dans la Néo-église, loin de là. Toute brebis pas encore infectée par le subjectivisme y est exposée à ce danger gravissime, contre lequel les pasteurs mêmes ne sont pas immunisés. Malheur aux Évêques qui ont laissé pénétrer le subjectivisme au sein de l’Église catholique ! Ils portent une immense responsabilité.

Kyrie eleison.

L’explosion Approche

L'explosion Approche on janvier 30, 2016

La musique est mal comprise et son pouvoir gravement sous-estimé par les libéraux. Ils sont encore assez humains pour avoir un type de musique préféré, logiquement de mauvaise qualité – et pour voir comment l’homme tient à sa musique il n’y a que leur dire que c’est de mauvaise qualité – mais en tout cas l’idéologie subjectiviste des libéraux qui les rend maîtres de la réalité (et même du Bon Dieu) les pousse à nier qu’il y ait quoi que ce soit d’objectif dans la musique. Donc pour eux jamais un compositeur n’a eu recours à tel moyen pour obtenir tel effet, jamais tel type ni morceau de musique n’est « meilleur » que tel autre. La musique, diront-ils, ne fait que suivre l’humeur ou le goût de l’auditeur – « La beauté se situe dans l’œil de celui qui regarde », et la musique la plus discordante est aussi « bonne » que la musique la plus célèbre du passé.

Bien sûr, les libéraux se trompent complètement. Un proverbe chinois nous dit, « Lorsque le mode de la musique change, les murailles de la cité s’ébranlent, » vérité amplement illustrée par l’arrivée de la musique Rock dans les années 1960 et 1970. Platon a si bien compris la puissance morale de la musique pour le bien ou le mal que dans sa République idéale certains genres de musique auraient été exclus. Malheur aux parents qui ne s’intéressent pas à la musique qu’écoutent leurs enfants ! « Ce n’est que la musique, » diront-ils. Et par là ils mériteront de voir emporter leurs enfants par les joueurs de flute du Hamelin du Rock. La musique est d’une importance extrême et elle est objective de nature – ne relève-t-il pas du bon sens le plus élémentaire que toute musique militaire, mais aucune berceuse, soulignera le rythme ? Mais qu’ importe le bon sens aux libéraux ? Ils font tout ce qu’ils peuvent pour l’effacer. Il est bien trop réel pour leur rêve.

Or, entre la reconnaissance par les hommes et leur refus de l’ordre objectif de la réalité implanté par le Bon Dieu dans toutes ses œuvres un grand tournant fut la Révolution française (1789–1794). Puisque la vie de Beethoven en l’enfourchant lui prêta son expression musicale la plus forte, il y a plusieurs de ses œuvres les mieux connues qui servent bien pour illustrer certaines vérités objectives concernant la musique. De Haydn et Mozart il a hérité l’ordre objectif du 18me siècle. A ses successeurs c’est surtout Beethoven qui a légué le désordre croissant (non sans ses beautés) de la musique du 19me siècle, à suivre par le chaos et la désintégration (à quelques exceptions près) de la musique supposément sérieuse des 20me et 21me siècles. On pourrait donc qualifier Beethoven de grand-père ou arrière-grand-père du Rock, et si une telle affirmation choque trop maint amateur de Beethoven, qualifions-la tout de suite en disant qu’il a fallu un grand musicien pour entamer la destruction de la musique.

Le « weekend explosif » approche vite – du 19 au 21 février – cette Séance de Beethoven qui doit avoir lieu ici à Broadstairs entre 18h00 le vendredi et le dimanche midi. Un jeune pianiste américain capable de déchiffrer presque toutes les sonates pour piano et les arrangements par Liszt pour piano à deux mains des neuf symphonies a offert de jouer autant des 32 sonates que l’on pourra inclure dans un weekend, en y intercalant des extraits des symphonies pour illustrer comment fonctionne la musique classique en général et Beethoven en particulier. A l’origine cette séance a été conçue pour la simple délectation personnelle, mais la tentation s’est présentée de l’ouvrir à tous ceux qui voudraient ou bien profiter de ce qui devrait être un vrai festin de la musique de Beethoven, ou bien apprendre pourquoi les libéraux sont si pervers, en musique comme dans tout le reste.

Donc si quelqu’un s’y intéresse qui ne se soit pas encore annoncé, qu’il vienne entre ces deux horaires annoncés ci-dessus. La demi-pension pour deux nuits à Broadstairs ne devrait pas être introuvable à cette époque de l’année sur l’Internet, et si vous nous prévenez que vous venez, nous pourrions normalement nous occuper de vous pour le reste. Que Dieu soit en tout servi.

Kyrie eleison.

Parasite et Hote – I.

Parasite et Hote – I. on janvier 23, 2016

Le fait d’avoir dit il y a six mois qu’un prêtre n’est pas obligé à chaque fois d’interdire à un Catholique d’assister à la nouvelle messe ( Novus Ordo Missæ – NOM) ne voulait évidemment pas dire qu’ il n’ y a aucun problème à y assister. Le rite du NOM en lui-même est l’acte cultuel central de la fausse religion anthropocentrique établie par Vatican II, et suivie par ce rite en 1969. En réalité, l’obligation de s’éloigner du NOM est proportionnée à la connaissance que l’on a de son mal intrinsèque. Il a énormément contribué à la perte de la foi d’innombrables Catholiques, presque à leur insu.

Mais il y a deux facteurs qui jusqu’à ce jour ont facilité l’illusion des Catholiques par rapport au NOM. Premièrement, il fut imposé à toute l’Église de rite latin par Paul VI, qui fit tout ce qu’Il put pour faire paraître qu’ il l’imposait avec toute la force de son autorité papale, laquelle en 1969 semblait immense. Encore aujourd’hui, le NOM passe pour le rite « ordinaire » alors que la Messe de toujours est officiellement classée comme rite « extraordinaire », ce qui fait que même quarante-sept ans plus tard, un Catholique honnête peut se sentir obligé en obéissance à assister au NOM. Bien sûr, dans les faits, il ne peut y avoir aucune telle obligation, car aucune loi de l’Église ne peut obliger un Catholique à mettre en danger sa foi, ce qu’il fait normalement en assistant au NOM, tellement ce rite est faux.

Et deuxièmement, le NOM fut introduit petit à petit moyennant une série de changements fort habiles, notamment en 1962, 1964 et en 1967, en sorte que la révolution totale de 1969 trouva les Catholiques tout ouverts aux nouveautés. En réalité, même aujourd’hui le rite du NOM inclut des options pour le célébrant qui lui permettent de le célébrer soit comme cérémonie qui correspond pleinement à la nouvelle religion humaniste, soit comme cérémonie qui ressemble encore d’assez près à la vraie Messe pour permettre à maint Catholique de s’illusionner qu’il n’y a pas de différence significative entre le vieux rite et le nouveau. Évidemment, en réalité, comme le disait Monseigneur Lefebvre, mieux vaut célébrer le vieux rite dans une langue moderne que le nouveau rite en latin, à cause de la diminution ou falsification nette de la doctrine catholique de la Messe par le rite du NOM.

De plus, ces deux facteurs, à savoir l’imposition officielle des changements et leur caractère parfois optionnel, suffisent bien à expliquer qu’ il doit y avoir jusqu’à ce jour une multitude de Catholiques qui veulent être catholiques et qui concluent que la bonne manière de l’être et de le rester est d’assister au NOM chaque dimanche. Et qui osera dire que dans toute cette multitude, il n’y en a aucun qui nourrisse encore sa foi en obéissant à ce qui semble pour lui (subjectivement) être son devoir (objectif) ? Dieu est leur juge, mais pour combien d’années la plupart des fidèles de la Tradition catholique auront-ils assisté au NOM jusqu’à ce qu’ils comprissent que leur foi les obligeait à ne plus le faire ? Et si le NOM leur avait fait perdre la foi dans le cours de ces années, comment en seraient-ils venus à la Tradition catholique ? En fonction des options du NOM choisies par le célébrant, pas tous les éléments capables de nourrir la foi n’en sont nécessairement éliminés, surtout si la Consécration est valide, possibilité que personne ne nie qui connaisse sa théologie sacramentelle.

Or, étant donné la faiblesse de la nature humaine et le risque par le moindre mot prononcé en faveur de son rite cultuel central d’encourager les Catholiques à suivre la nouvelle religion tellement plus facile, pourquoi dire un seul mot en faveur de quoi que ce soit de la Néo-église ? Pour deux raisons au moins. Deuxièmement, pour repousser tout mépris pharisaïque par rapport aux Catholiques encore croyants à l’extérieur du mouvement Traditionnel, et premièrement, pour écarter ce qu’on commence à appeler l’« ecclesiavacantisme », à savoir l’idée que la Néo-église n’a plus absolument rien de catholique. En sa théorie, la Néo-église est une pure déliquescence, mais en pratique cette pourriture ne pourrait exister sans quelque chose de pas encore pourri qui attend de l’être. Tout parasite a besoin d’un hôte. De plus, cet hôte particulier, la véritable Église, eût-elle complètement disparu, comment les portes de l’Enfer n’auraient-elles pas prévalu contre elle ? Impossible (S. Mat. XVI, 18).

Kyrie eleison.

Chaos Incompréhensible?

Chaos Incompréhensible? on janvier 16, 2016

Il y a quelques mois, un lecteur américain de ces « Commentaires » fit quelques remarques astucieuses que voici : « Ici dans les colonies notre “Liberté religieuse” se retourne vraiment contre nous. Un juge fédéral “catholique” a mis en prison un officier protestant d’état civil pour avoir refusé de délivrer une licence de mariage de même sexe. Les défenseurs bien intentionnés de cet officier n’ont pas cessé de citer la “liberté religieuse” en sa défense, ne s’apercevant pas que la liberté religieuse était précisément le problème, non la solution. Incroyable. On sombre dans le chaos moral et personne ne semble comprendre pourquoi. » « On sombre dans le chaos moral et personne ne semble comprendre pourquoi. » Bien dit, en effet ! Mais les “Traditionnalistes” qui prennent au sérieux la Tradition devraient être en mesure de sonder le problème.

Car si je prends la Tradition au sérieux, je comprends que la DOCTRINE passe en premier, en d’autres mots que la religion catholique ne se fonde pas sur une soupe mentale avec la morale et la Messe, mais sur les réalités doctrinales qui gouvernent à la fois et la morale et la Messe. Ces réalités ont leur point de départ dans l’existence du Dieu Tout-Puissant, de qui dépend toute la création à tout moment de son existence pour continuer d’exister, alors qu’Il pourrait tout annihiler sans Lui-même subir le moindre changement. Par Lui-même Il crée chaque âme humaine au moment de la conception de son corps pour qu’elle use du libre-arbitre dont Il la dote pour choisir de vivre et de mourir conformément à Son immuable Loi morale, et ainsi monter au Ciel pour passer l’éternité dans la béatitude avec Lui-même. Mais le libre-arbitre, pour être véritable, signifie que les âmes peuvent choisir d’enfreindre Sa Loi et, si elles ne s’en repentent pas, de passer l’éternité à Le défier en Enfer. De cette manière, c’est elles qui seront brisées, mais non Sa Loi. Cette Loi est résumée dans les Dix Commandements, et elle n’est point arbitraire mais elle est conforme à la nature humaine pour laquelle elle fut établie, tout comme le mode d’emploi du fabricant d’une machine correspond à la machine pour laquelle le fabricant l’a rédigé.

Or, le Sixième et le Neuvième de ces Commandements enseignent aux êtres humains à faire bon usage du mécanisme reproductif intrinsèque à leurs corps. Ce mécanisme n’est pas un jouet mais un instrument sacré conçu par Dieu pour la formation des familles humaines ici-bas en vue de peupler le Ciel en-haut. Ni deux hommes ni deux femmes ne peuvent avoir des enfants et former une famille, mais seulement un homme et une femme ensemble, et puisque peupler le Ciel est une affaire sacrée, tout manquement à ces deux Commandements devient rapidement gravissime et mérite la damnation éternelle. « On ne se moque pas de Dieu » – Gal. VI, 7. Par conséquent, la frustration de l’acte du mariage par des partenaires du même sexe figure parmi les quatre crimes contre Dieu qui crient vengeance au Ciel, comme l’enseigne l’Église catholique, et ce qui est pire, par le « mariage » de même sexe on se moque en plus de la sainte institution de Dieu. Dans toute cette doctrine, il n’y a pas le moindre élément de chaos.

Alors d’où vient le chaos ? Du libéralisme. De la fausse religion du libéralisme. D’avoir fait de la liberté une idole. Car dans Romains I, saint Paul insiste sur ce point que ce péché particulier qui crie vengeance au Ciel provient de l’idolâtrie. C’est une fois qu’un homme a enfreint le Premier Commandement que Dieu le livre à des pratiques honteuses contre le Sixième Commandement, sans doute dans l’espoir que l’ignominie manifeste de l’impureté contre nature le rendra conscient de l’horreur bien plus grande en elle-même, mais moins facile à reconnaître, de l’idolâtrie. Que notre liberté soit devenue d’un idéal une idole est, de nos jours, de plus en plus difficile à reconnaître, car après plus de deux cents ans l’adulation de la liberté religieuse est devenue monnaie courante, et rien aujourd’hui ne semble plus naturel. Les hommes ont perdu tout sens du vrai Dieu. Au contraire, la liberté religieuse est devenue la liberté suprême, sans laquelle toutes les autres libertés semblent insignifiantes.

Et cette liberté finit par sortir l’esprit humain de ses gonds. En effet, toute vérité ou réalité qui prétend s’imposer à mon esprit diminue d’autant ma liberté, et donc je refuse de la reconnaître, à moins qu’elle ne me convienne. Or bien des règles morales ne me conviennent pas. Donc je les refuse au nom de la liberté. Ce faisant je sombre dans le chaos moral, tout en étant convaincu que j’exerce mon droit le plus sacré, en sorte que je ne comprends plus du tout pourquoi c’est le chaos mental puis social qui s’ensuit. Mais c’est moi-même qui ai sorti ma tête de ses gonds, et fait sauter les fondements de la société. Le chaos est donc tout à fait compréhensible.

Kyrie eleison.