Les Commentaires Eleison

La Vie à la Chaîne.

La Vie à la Chaîne. on janvier 9, 2016

Voici encore une belle lettre d’un lecteur de ces « Commentaires ». Il voit sainement un quotidien malsain. Ce qu’il décrit pourra décourager certains lecteurs, mais son point de vue pourra en encourager d’autres. Beaucoup des uns comme des autres devront reconnaître ce à quoi ils font face chaque jour qu’ils se rendent au travail, et son analyse pourra leur permettre de mieux comprendre qu’ils ne l’ont fait jusqu’ici pourquoi leur travail mange petit à petit leur foi catholique. Il écrit :—

Depuis maintenant plus de deux ans je travaille dans une usine de voitures à la chaîne, et c’est un travail qui paie fort bien, mais l’environnement est une sorte de microcosme du monde. Je m’explique . . .

1) Promiscuité des sexes – les hommes et les femmes travaillent ensemble dans une proximité assez rapprochée. Un tel travail détruit complètement la féminité d’une femme. Bien sûr, il y a certains types de travail que les femmes ne peuvent pas faire, mais à cause de ce faux sens de l’égalité, la compagnie doit permettre aux femmes de travailler ici. Ce que j’entends raconter à propos des transgressions contre le 6e et le 9e Commandements est réellement troublant. Point n’est besoin d’insister. Mais à quoi s’attendait-on ? En fin de compte, pourquoi une femme voudrait-elle travailler dans un tel endroit ?

2 ) Les esprits des hommes sont incapables de jugements moraux – je généralise bien sûr, mais la plupart des hommes à qui j’ai parlé ne pensent pas en termes de morale (c’est-à-dire du bien et du mal) mais en termes de quels types de plaisirs peuvent les distraire. Je me suis entretenu avec plusieurs collègues de travail et j’ai tenté de leur parler de la moralité d’une manière qu’ils pourraient comprendre, mais cela semble les dépasser. Lorsqu’un homme s’est adonné à la chair, il n’est plus capable de s’intéresser à son âme. Pire, quelques-uns de ces collègues n’ont plus aucune honte à se vanter de leurs péchés. Il y eut une fois où les hommes connaissaient la honte. Plus maintenant, dirait-on.

3) Je suis mon propre dieu – la fausse liberté est exaltée jusqu’à être le principe-directeur dans la vie des hommes. J’ai eu quelques discussions avec quelques-uns de mes collègues de travail et ce qui en ressort à chaque fois c’est que la vérité et la moralité sont une affaire purement subjective. Ce que vous croyez être la vérité est certes bien pour vous, mais vous n’avez le droit d’imposer à personne votre façon de penser. J’ai raconté à un superviseur qu’une telle façon de penser n’a aucun sens. Je lui ai dit : que se passe-t-il si quelqu’un pense qu’avoir plus d’une femme est bien ? Il me répond que cela dépend de l’individu ce qu’il croit. Mais si un homme nie un principe aussi fondamental que l’objectivité de la vérité, à quoi peut-il servir de lui parler ? En réalité, chaque individu devient son propre dieu, car c’est lui qui a construit sa propre réalité plutôt que de se soumettre à quelque chose en dehors de lui.

L’environnement d’une usine moderne engendre une espèce d’impiété. Je ne m’attends pas à ce que les employés d’usine soient des exemples de vertu irréprochable, mais je dirais que les usines modernes sont exponentiellement pires que celles décrites par Charles Dickens en son temps. Je pourrais continuer, mais ce que j’essaie de dire, c’est ceci : comment la grâce peut-elle fonctionner lorsque les hommes se sont détruits par le péché et qu’ils ne recherchent que le plaisir ? Comment atteindre des hommes pour qui les normes les plus élémentaires de la moralité ne signifient plus rien ? C’est frustrant, c’est le moins qu’on puisse dire. S’il vous plaît, priez pour nous dans les tranchées.

La femme qui se libère de la féminité et de la famille, comme l’homme de la morale et de la vérité objectives – en effet, comment peut-on atteindre, comment peut-on seulement parler avec, une race telle « incrédule et perverse » (S. Luc IX, 41) ? Il n’y a que l’exemple, la charité et la prière. J’ai conseillé à l’auteur de cette lettre de prendre avec lui un dizainier au travail pour être en mesure de prier discrètement une dizaine après l’autre pour l’intention de ses collègues de travail, et pour se protéger spirituellement de son environnement. Mais il lui faudra être discret.

Kyrie eleison.

Ô Monde, Ou Vas-Tu ?

Ô Monde, Ou Vas-Tu ? on janvier 2, 2016

Voilà arrivée une nouvelle année sans que l’Église se soit complètement effondrée, ni que le monde se soit précipité dans sa Troisième Guerre mondiale, encore que ces désastres se sont manifestement rapprochés. Sur quelle voie sommes-nous ? Quelle chance avons-nous d’éviter la catastrophe ?

Quant au monde, la Syrie en particulier est devenue une poudrière où la poudre s’entasse pour faire une explosion de plus en plus gigantesque. L’Amérique et la Russie, chacune avec ses alliés, sont prêtes à se battre chacune pour leur vision du monde et de son futur : les financiers rapaces aux contrôles des États-Unis veulent un monde unipolaire où leur Nouvel Ordre Mondial (NOM) puisse exercer une hégémonie mondiale ; les Russes veulent au contraire un monde multipolaire où ils pourront garder leur indépendance nationale et s’occuper de leurs propres intérêts. Et qui peut leur en vouloir s’ils tiennent à empêcher le NOM de s’emparer du monde ? Jusqu’à présent, ils se sont beaucoup retenus face à l’infâme provocation de l’Ouest.

Mais, comme toujours, l’homme propose alors que Dieu dispose. Si les hommes ne cessent de pécher, alors à un moment choisi non pas par les hommes mais par Lui, les chiens de la guerre seront lâchés. Comme toujours, les hommes sauront pourquoi ils auront commencé la guerre, mais Dieu seul sait comment elle se terminera. Les Russes possèdent des armes remarquables en sorte que l’Ouest n’est pas du tout sûr de « gagner », surtout si assez de prières montent au Ciel de notre part pour obtenir la Consécration de la Russie au Cœur Immaculé de Marie. A ce moment-là les Russes pourront obtenir pour nous tous l’arrêt de la marche actuelle du monde entier vers l’abîme. De toute façon, la guerre sera aussi longue et dévastatrice que Dieu la voudra pour sauver non pas la civilisation (soi-disant), mais les âmes. Les hommes sauront-ils profiter de la leçon ? Si non, Dieu peut bien permettre qu’ils continuent de s’entre-détruire.

Quant à l’Église, son influence sur les événements du monde est décisive. Partout où de vrais prêtres catholiques administrent les véritables Sacrements, ils éteignent ces péchés qui sont la cause de la guerre (S. Jacques IV, 1). Mais qu’avons-nous vu en 2015 ? Les hommes d’église aux contrôles de l’Église n’ont manifesté presque aucun désir de retourner à la véritable doctrine du Nouveau Testament, ni de renoncer aux faux principes de Vatican II. En particulier, en appliquant à fond ces mêmes principes le Pape François semble bien n’avoir d’autre but que de détruire l’Église catholique. Or, dans les années 1970, lorsque l’œuvre de dévastation du Concile semblait irrésistible, Dieu dans sa miséricorde a donné à son Église un Archevêque qui susciterait une nouvelle génération de prêtres catholiques pour témoigner de la vraie Foi, et pour montrer dans la vie réelle qu’elle n’était point dépassée, ce qui devait mettre un frein à la dévastation. Mais Mgr Lefebvre rendit l’âme en 1991 et ses successeurs à la tête de sa Fraternité commencèrent bientôt à perdre de vue la nécessité de résister au monde moderne et à son sinistre Concile. En 2015, nous avons vu un signe après l’autre que la Fraternité se rapproche constamment d’un accord avec la Rome néo-moderniste.

Ce qui nous conduit à nous demander si ces successeurs ont encore quelque compréhension que ce soit des raisons pour lesquelles Monseigneur a fondé sa Fraternité Saint Pie X. Ont-ils perdu leur sens de la vraie Foi ? Se rendent-ils compte de la grave responsabilité qui est leur de témoigner de cette même Foi, pour qu’elle ne s’assimile pas au monde ? Qu’ils veuillent en 2016 réfléchir à fond avant qu’il ne soit trop tard, avant que la Fraternité ne se condamne définitivement à perdre toute sa saveur en ralliant l’apostasie conciliaire, en n’agissant plus comme une épine dans le côté des néo-modernistes et en cessant de soutenir la véritable Église qui seule possède le secret de la paix mondiale, Notre-Seigneur Jésus-Christ, « hier, aujourd’hui et pour toujours, ni libéral, ni moderniste » (citation de Mgr Lefebvre).

Kyrie eleison.

Comparaison Familiale

Comparaison Familiale on décembre 26, 2015

Alors que les arguments servent au mieux à prouver, les comparaisons ne font au mieux qu’illustrer une vérité. Aussi ces dernières ne prouvent-elles rien, mais à partir du connu, elles peuvent jeter beaucoup de lumière sur l’inconnu. Or, en ce qui concerne la crise actuelle de l’Église, vieille d’un demi-siècle, on a besoin de toute lumière possible, car avec chaque jour qui passe cette crise devient de moins en moins compréhensible. Ci-dessous donc une comparaison bien fructueuse que m’a envoyée récemment un néophyte de la Tradition. Il compare l’Église catholique et l’Église Conciliaire, ou la Néo-église, aux familles légitime et illégitime d’un seul homme. Appliquons cette comparaison à son mariage, à son autorité et à ses enfants.

Par un mariage légitime avec sa véritable épouse, un homme fonde une famille avec des enfants légitimes. Or, après un certain temps, il est infidèle à sa femme et la divorce pour vivre dans l’adultère avec sa maîtresse qui lui donne aussi des enfants, nécessairement des bâtards. De même, par son élection canonique et légitime comme Pape, un Cardinal devient le père légitime de l’Église catholique et le père spirituel dans la vraie foi d’une multitude de véritables Catholiques. Or, au bout d’un certain temps comme Pape Conciliaire il s’est prostitué avec le monde moderne et, dans l’adultère du Concile avec ce dernier, il a engendré une nouvelle famille faite de bâtards conciliaires. Ainsi, tout comme un seul homme peut être le père à la fois de deux familles, légitime et illégitime, ainsi un Pape peut se trouver en même temps à la tête de l’Église catholique et de la Néo-église.

Deuxièmement, comme le père de famille possède une vraie autorité paternelle sur sa véritable famille mais non sur sa fausse famille, ainsi le Pape conciliaire possède sa vraie autorité sur tous les véritables Catholiques mais non sur les Catholiques conciliaires de la Néo-église. Et comme la première famille a besoin de son vrai père, en sorte que l’épouse et les enfants font tout ce qu’ils peuvent pour le ramener à la maison, mais lui s’attache à son partenaire dans l’adultère et à ses enfants illégitimes qui font eux aussi tout ce qu’ils peuvent pour le retenir, ainsi chaque Pape conciliaire ne cesse d’être respecté par les Catholiques traditionnels qui le supplient de faire son devoir, mais il préfère les Catholiques conciliaires qui ont peu de respect pour lui mais le retiennent eux aussi pour faire semblant qu’ils sont légitimes.

Et troisièmement, comme aucune véritable épouse n’acceptera d’être mise sur pied d’égalité avec la partenaire adultère qui l’a supplantée, et comme les vrais enfants (s’ils ont assez de maturité) n’accepteront jamais d’être assimilés à des bâtards en se laissant adopter par la fausse famille, ainsi la Tradition est absolument incompatible avec la Néo-église, et les vrais Catholiques n’accepteront jamais d’y être incorporés par une trahison quelconque de la Tradition. Et ce n’est pas à eux d’aller chercher leur vrai père dans son environnement d’adultère, même s’il est leur vrai père et qu’ils ont réellement besoin de lui. Au contraire, c’est au père de revenir à sa véritable famille. Et que les enfants légitimes ne se disent pas qu’ils pourront ramener leur père à la maison en le rejoignant dans son monde de séduction. Il est beaucoup plus probable qu’ils y seront séduits eux aussi. Le néo-modernisme est fort contagieux !

Cette comparaison de tout Pape Conciliaire avec un père de deux familles est fructueuse sur bien d’autres points, parce qu’il est de la nature d’un Pape d’être père. Mais « Toute comparaison est boiteuse » (autre comparaison géniale), et la jambe boiteuse de cette comparaison consiste principalement dans le fait que là où la distinction entre les deux familles du seul père est parfaitement claire dans la vie de tous les jours, par contre la distinction entre l’Église catholique et la Néo-église, quoiqu’en théorie bien claire, est dans la pratique très difficile à discerner, car la vraie Église est investie et infestée par la fausse. Pour garder son équilibre catholique, il est tout aussi nécessaire d’apprécier la distinction claire en théorie que de reconnaître leur confusion quasi inextricable en pratique.

Kyrie eleison.

L’arrivée du Messie

L’arrivée du Messie on décembre 19, 2015

Quel contraste il y a entre la scène de Noël d’aujourd’hui dans les nations jadis chrétiennes, et les prophéties de l’arrivée du Messie répandues partout dans l’Ancien Testament ! C’est tout le contraste entre le commencement et la fin de ces nations. Ce fut l’arrivée du Christ, préparée par les Juifs sur deux mille ans, qui forgea ces nations (la gentilité) à travers l’Église, lesquelles se mirent au service de Dieu lorsque les Juifs choisirent mystérieusement de le trahir. Et aujourd’hui c’est la fin du temps de ces mêmes nations, car elles trahissent Dieu à leur tour. Rappelons-nous la gloire et la grandeur infinie de la mission du Messie, et la gravité du choix de lui tourner le dos, par quelques citations messianiques prises au hasard parmi les centaines que renferme l’Ancien Testament :

1. David (1000 av. J.-C.) – le Messie serait désavoué par les Juifs (Ps. XXI, 7–8). Il convertirait les Gentils (Ps. XXI, 28). Il serait trahi par un disciple (Ps. XLI, 9). Il serait tourné en ridicule durant Son agonie (Ps. XXI, 7–9). Ses ennemis perceraient Ses mains et Ses pieds et tireraient au sort Ses vêtements (Ps. XXI, 17, 19). Ils Lui donneraient du vinaigre à boire (Ps. LXVII, 22).

2. Isaïe (720 av. J.-C.) – le Messie convertirait les nations (II, 2–3). Il serait né d’une Vierge (VII, 14). Il serait adoré comme enfant par des rois (IX, 6–7). Il aurait un précurseur ; le précurseur préparerait les gens pour Lui (XL, 3–4). Il serait la douceur incarnée (XLII, 1–3). Il serait un homme de douleurs (LIII, 3). Il donnerait Sa vie pour expier nos péchés (LIII, 5). Il ne se plaindrait jamais (LIII, 7). On le ferait paraître comme un criminel (LIII, 12). Il régnerait sur le monde (LV, 5). Son Église, Son Épouse, Lui donnerait une multitude d’enfants (LXVI, 18–23).

3. Osée (600 av. J.-C.) – le Messie retournerait d’Égypte sur l’ordre de Son Père (XI, 1). Il convertirait les nations (II, 19–24). Les Juifs seraient éparpillés à travers le monde pour L’avoir nié (IX, 17).

4. Michée (600 av. J.-C.) – le Messie serait né à Bethlehem et Il serait à la fois Dieu et homme (V, 2). Il convertirait les nations (IV, 2–3). Il serait notre réconciliation (VII, 18–20).

5. Joël (600 av. J.-C.) – le Messie enverrait le Saint-Esprit sur Son Église, et les fidèles prophétiseraient (II, 28–29). Le Messie viendrait juger le monde en puissance (III, 3).

6. Jérémie (600 av. J.-C.) – la naissance du Messie serait marquée par le massacre d’enfants innocents sur lesquels leurs mères pleureraient (XXXI, 18). Il convertirait les nations et établirait une nouvelle alliance avec le peuple, plus parfaite que la première (XXXI, 31–34).

7. Ézéchiel (580 av. J.-C.) – le Messie serait de la race de David (XVII, 22). Il recevrait la couronne de la maison royale de David (XXI, 27).

8. Daniel (500 av. J.-C.) – le Messie arriverait 490 ans à partir du décret de rebâtir Jérusalem, après la captivité de Babylone. Il rétablirait le règne de la vertu. Il serait renié par les Juifs et mis à mort. Le Temple et la cité de Jérusalem seraient détruits. Les Juifs seraient dans un état de désolation jusqu’à la fin des temps (IX, 24–27).

Relire ces citations nous rappelle à quel point le Messie fut inséparable de son peuple, les Juifs, mais aussi comment ils se sont séparés de Lui depuis. À travers leur Messie, Dieu suscita un nouveau peuple, choisi par la foi et non plus par la race, et voilà qu’aujourd’hui ce nouveau peuple se vautre lui aussi dans la boue du matérialisme. En cette saison, Ô Dieu, donnez-nous de nous rappeler combien sa venue a changé le monde de ce qu’il était, et comment, sans Lui, le monde retombe plus bas qu’il n’a jamais été.

Kyrie eleison.

Weekend Explosif

Weekend Explosif on décembre 12, 2015

Dans deux mois, du vendredi 19 février à 18h00 au dimanche 21 février à midi, il y aura ici à Broadstairs une explosion de Beethoven pour trois jours. Un jeune pianiste américain qui peut lire à vue toutes les trente-deux sonates et qui les aime toutes, traverse l’Atlantique pour nous en jouer quelques-unes, nous ne savons pas encore lesquelles.

Aucun doute qu’il jouera les trois sonates les mieux connues, la Pathétique, la Clair de Lune et l’ Appassionata, avec la Waldstein, mais il y aura du temps pour qu’il analyse et nous en présente plusieurs autres. À ce jour, il n’y a pas de programme fixe pour ces trois jours. Il y aura du temps pour des questions, des discussions et de l’improvisation. Un certain Évêque contribuera lui aussi à l’analyse en profondeur de son compositeur préféré. Le but du week-end sera pour que les participants arrivent à comprendre, comme ils ont pu ne pas le faire jusqu’ici, comment fonctionne la musique classique, et ce qui rend Beethoven en particulier un de ses plus fameux représentants.

Or, objectera-t-on, la musique, surtout la musique révolutionnaire, qu’a-t-elle à voir avec la défense et la propagation de la Foi catholique ? La réponse ici devra être brève. Premièrement, que personne ne méprise la musique. Et l’Église catholique et le Diable sont bien conscients que c’est un langage exceptionnellement apte à exprimer et à modeler ce qui se passe dans l’âme humaine, et donc à influencer la direction que prend celle-ci, soit vers le Ciel (par le chant grégorien, par exemple), soit vers l’Enfer (les victimes de la récente tuerie à Paris ne participaient-elles pas juste à ce moment-là à une chanson rock qui faisait appel au Diable ?). Presque tout être humain a dans son âme une musique de tel ou tel genre, et normalement cette musique y pénètre profondément, que ce soit pour le bien ou pour le mal. On exagérerait à peine en disant que si un homme n’a pas en lui la musique de sa religion, il risque d’avoir en lui la religion de sa musique, par exemple du Diable. Alors des Catholiques qui se rendent compte que la musique qu’ils aiment ne vole pas beaucoup plus haut que la Pop ou le Rock pourront saisir l’occasion de mieux comprendre la musique classique, moyennant une séance explosive de Beethoven.

Or il faut admettre qu’il y a beaucoup de musique plus élevée que celle de Beethoven. Il naquit sous l’ancien régime, dix-neuf ans avant que n’éclatât la Révolution française en 1789, mais il mourut trente-huit ans plus tard, lorsque l’époque révolutionnaire allait déjà bon train, en 1827, aussi sa vie chevaucha-t-elle ce terrible bouleversement qu’il fit résonner dans bon nombre de ses chefs-d’œuvre musicaux, notamment dans l’ Appassionata et dans sa Symphonie Héroïque, dédiée à l’origine à ce héros de la Révolution, Napoléon Bonaparte. De cette agitation et de ces troubles romantiques les chefs d’œuvre musicaux d’avant la Révolution sont libres, mais avec leur sérénité relative ils sont en même temps d’autant plus éloignés du monde que nous connaissons, mariné comme il est dans la Révolution. Cela fait que Beethoven peut parler aux âmes d’aujourd’hui qui ne trouvent que peu ou pas d’intérêt dans la musique des maîtres d’avant. D’ailleurs la musique de Beethoven n’est pas seulement révolutionnaire. L’incomparable force de ses grandes œuvres tellement populaires vient du fait que leur romantisme est contenu et ordonné dans les structures classiques qu’il hérita de Haydn et de Mozart.

Pour nous donner une idée du nombre des participants, ayez la bonté de nous le faire savoir si vous entendez participer à ce week-end de Beethoven. Hors saison, les pensions locales devraient être en mesure d’accueillir tous les intéressés. Et si les lecteurs masculins préféreraient quelque chose de plus directement catholique, qu’ils s’enregistrent dès que possible pour les Exercices de Saint Ignace qui seront prêchés par M. l’abbé Abraham et moi-même entre le 26 décembre à 18h00 et le 31 à 18h00.

Kyrie eleison.

Novus Ordo Missae – III

Novus Ordo Missae – III on décembre 5, 2015

Si l’évidence en faveur des miracles eucharistiques qui ont pris place au sein de l’Église Novus Ordo (voyez CE 436–37) est aussi sérieuse qu’il semble, alors les Catholiques doivent conformer leur esprit à celui de Dieu et non l’inverse. Et les Catholiques attachés à la Tradition ont un besoin spécial de saisir ce que Dieu veut dire par ces miracles, car ils ne comprendront pas facilement, étant donné qu’ils savent combien la Messe Novus Ordo (NOM) est désagréable à Dieu en elle-même.

Depuis des siècles et des siècles, Dieu fait de tels miracles. La raison première a toujours été de renforcer la foi des Catholiques dans une vérité de la Foi qui n’est pas facile à croire mais qui est toute proche du Cœur de Dieu. Suite à la Consécration du pain et du vin à la Messe, c’est Dieu Lui-même qui prend la place de leur substance, ce qui est une occurrence si étrangère au cours normal de la nature que cette invention de l’amour de Dieu désireux de se donner Lui-même en nourriture et breuvage à ses brebis peut être pratique, mais en même temps semble incroyable. Aussi Dieu a-t-il toujours choisi des moments aptes pour faire des miracles visibles sous une forme ou une autre pour aider les âmes incrédules à y croire. Une deuxième raison pour ces miracles, là surtout où la sainte Eucharistie a été profanée de quelque façon que ce soit, c’est de rappeler aux Catholiques le traitement sacré et l’adoration toujours dûs aux humbles apparences derrière lesquelles c’est Dieu Lui-même qui se cache.

Chacune de ces raisons se réalise aujourd’hui quand le NOM a sévèrement diminué le sens de la Présence Réelle sans toujours l’invalider (CE 437). Qui peut nier que le rite du NOM, tel qu’il est pratiqué à travers toute l’Église Novus Ordo, par exemple la Communion debout et dans la main, a amené des Catholiques sans nombre à ne plus croire en la Présence Réelle, et des prêtres sans nombre à manquer de respect dans la façon dont ils traitent la sainte Eucharistie ? Qui peut nier que l’incrédulité et l’irrespect envers Elle ont singulièrement augmenté depuis l’introduction du NOM en 1969 ? Humainement vu, la merveille n’est pas qu’il y ait eu des miracles au sein de la structure du NOM, mais qu’il n’y en ait pas eu beaucoup plus. Dans tous les cas, ce n’est pas Dieu qui s’est trompé.

Or, ces miracles-là – à supposer qu’ils sont authentiques – ont aussi des leçons pour les Catholiques de la Tradition qui de façon ou d’autre se tiennent à l’écart de la structure du Novus Ordo. La leçon la plus évidente c’est que les Messes Novus Ordo ne sont pas toutes invalides, pas plus que les Consécrations épiscopales du Novus Ordo ni les Ordinations sacerdotales, comme les « Traditionnalistes » peuvent être tentés de le croire. C’est sûrement parce que depuis les années 1960, tandis que des Catholiques en masse sont devenus trop mondains pour mériter de garder le véritable rite de la Messe, ils ont quand même assez aimé la Messe pour mériter de ne pas la perdre entièrement. En effet Dieu n’a-t-il pas pu permettre le NOM pour qu’il soit plus facile aux Catholiques de quitter la Foi s’ils le désirent, mais pas impossible de la garder, s’ils le veulent ?

Ainsi, le NOM et l’ensemble de l’Église Novus Ordo sont dangereux pour la Foi, et les Catholiques ont raison qui se sont attachés à la Tradition pour éviter le danger. Mais comme ils ont eu à mettre une distance entre eux et l’Église officielle, ils se sont par là exposés au danger opposé de cet isolement qui peut mener à un esprit sectaire et même pharisaïque, déconnecté de la réalité. Il y a de véritables Sacrements dans le Novus Ordo et de véritables Catholiques dont Dieu s’occupe, et les « Traditionnalistes » devraient s’en réjouir. Puisse l’isolement de ceux-ci ne pas leur faire sentir qu’ils doivent penser qu’il ne reste plus rien de catholique dans le Novus Ordo. Ce n’est pas raisonnable, et le pendule de la réalité finira par revenir, comme par exemple pour la direction actuelle de la FSSPX qui ne voit plus suffisamment clair le besoin qu’il y a toujours de s’isoler de l’Église néo-moderniste. Non. La Tradition a encore besoin de s’isoler, mais avec un esprit généreux et non pas isolationniste.

Kyrie eleison.