Essayez Plus Fort
Un ami incroyant que je connais depuis 50 ans m’a dit récemment, « Que je vous envie votre certitude ! » J’ai supposé qu’il voulait dire qu’il aimerait avoir la foi des catholiques, mais qu’il s’en sent incapable. J’ai eu envie de lui dire, « Essayez plus fort ! », mais par prudence je me suis tu.
Or l’acte de croire est bien un acte de l’intelligence et non pas de la volonté, mais si l’intelligence humaine doit croire en les vérités surnaturelles de la Foi qui sont au-dessus de sa capacité naturelle, cette intelligence aura besoin d’être poussée par la volonté. Donc croire surnaturellement n’est pas en soi un acte de la volonté, mais il est impossible sans un acte de la volonté. Comme le dit St Augustin, « Personne ne croit contre sa volonté ». Voilà pourquoi il n’est pas aussi déraisonnable qu’il peut le paraître de conseiller à quelqu’un dont l’ intelligence ne croit pas, d’ « essayer plus fort ». Car si les croyances sont objectivement vraies vers lesquelles la volonté pousse, ce conseil ne fera pas que l’on prend ses désirs pour la réalité.
Mais tout d’abord, si vraiment quelqu’un a envie d’atteindre cette certitude dont les catholiques font preuve, il doit appliquer son intelligence à l’étude pour découvrir combien sont raisonnables les croyances catholiques. Tout en étant au-dessus de la raison humaine, elles ne lui sont nullement contraires. En effet, comment pourraient-elles l’être ? Comment Dieu pourrait-il être le créateur de la raison humaine, et en même temps lui imposer des croyances qui la bafouent ? Il se contredirait lui-même. Dans sa Summa Theologiae St Thomas d’Aquin n’a cessé de montrer comment la foi et la raison, tout en étant bien distinctes, sont en harmonie parfaite entre elles.
Alors ce qui est à la portée de la raison humaine, et ce que doit faire mon ami, c’est de construire une rampe qui l’approcherait de la Foi, en étudiant, par exemple, les arguments éminemment raisonnables qui prouvent l’existence de Dieu, la divinité de l’homme Jésus Christ et son institution divine de l’Église catholique romaine. Ces arguments sont tout à fait accessibles à la raison naturelle, pourvu que la volonté ne pousse pas dans le sens contraire, car l’intelligence mal appliquée ne reconnaîtra jamais la vérité devant elle. La volonté doit vouloir la réalité, sinon l’intelligence ne trouvera jamais la vérité. Les hommes connaissent la vérité lorsque leur intelligence est conforme à la réalité.
Or, quand un homme aura fait tout ce qui est dans le pouvoir de son esprit droit et de sa bonne volonté pour saisir combien la Foi est raisonnable, il n’aura toujours pas encore la foi surnaturelle, qui reste un don de Dieu. Mais Dieu comment peut-il exiger de nous de croire – sous peine de la damnation éternelle (Mc.XVI, 16) – et en même temps refuser le don de la foi à une âme qui a fait tout ce qui est dans le pouvoir de sa nature – Dieu ne s’y laisse pas tromper – pour se préparer à recevoir le don ? Surtout si cette âme procède – comme il est raisonnable de le faire – à demander à Dieu le don humblement dans la prière ? Dieu résiste aux orgueilleux, mais il donne ses dons aux humbles (Jacques IV, 6), et il se laisse trouver par ceux qui le cherchent avec un cœur droit (Deut. IV, 29 ; Jer.XXIX, 13 ; Lam.III, 25, et beaucoup d’autres citations dans l’Ancien Testament).
Cher ami, lisez et demandez. Pour avoir cette certitude dont vous avez envie, très probablement il suffira que vous essayiez.
Kyrie Eleison.