Esprit

La Malice du Modernisme – V

La Malice du Modernisme – V on juin 13, 2020

Ajoutons ici une considération d’importance avant de quitter la question du modernisme (pour l’instant au moins). Il s’agit de la prédiction du Père Frederick Faber (1814–1863), concernant notre époque (nous en avons certainement parlé plus d’une fois dans ces « Commentaires »). Selon lui, la fin du monde sera caractérisée par des hommes qui feront le mal tout en croyant faire le bien.

C’est du bon sens, car même à la fin du monde les hommes auront toujours la même nature humaine que Dieu leur aura donnée. Or, en soi, cette nature est bonne ; elle subsiste sous le péché originel comme sous tous les péchés personnels, aussi lourds soient-ils dans les derniers temps (II Tim. III, 1–5), et de par cette nature, les hommes ont une inclination naturelle vers le bien. Mais, sous l’Antéchrist et ses prédécesseurs, le gros de l’humanité emboitera le pas au mal qui se fera ou qui sera alors en préparation. Comment, au for interne, la bonté de la nature et ce mal-là, peuvent-ils cohabiter dans l’âme humaine ?

La volonté humaine ne peut rien vouloir sans que l’esprit humain ne lui ait d’abord présenté une pensée. Avant tout désir humain il doit y avoir une pensée humaine. Un désir sans objet ne peut être qu’un non-désir. Par conséquent, la volonté dépend de l’esprit, lequel doit saisir au préalable un objet avant que la volonté ne se meuve. Puique l’esprit doit saisir au préalable son objet propre, il y a toujours entre l’acte de volonté et son objet, l’intervention préalable de l’esprit. Mais voilà que, pour Kant, l’esprit est incapable de saisir son objet propre. Selon ce philosophe, l’esprit ne peut que le fabriquer. Cela signifie qu’une volonté bonne peut vouloir des choses mauvaises en réalité et qu’une mauvaise volonté peut vouloir des choses bonnes en réalité, même si le péché originel fera que cette occurrence-ci soit moins fréquente. En conséquence par le fait même que Kant déconnecte l’esprit de la réalité objective, il le rend d’autant plus facile pour la volonté de vouloir quelque chose de mauvais en réalité parce qu’elle paraissait bonne. Donc dans tout un monde comme le nôtre où l’esprit est déconnecté de la réalité objective, il est plus facile que jamais pour les gens de se prendre pour des « hommes de bonne volonté », alors même que ce qu’ils veulent n’est pas bon en réalité, puisque dès le départ leur esprit est radicalement faussé ?

Et voici ce que prédit le père Faber pour la fin du monde : le problème ne sera pas tant les mauvais cœurs ou la mauvaise volonté que les bons cœurs dotés d’un esprit faussé ; en d’autres termes de bons cœurs imbus de mauvais principes. En pratique, qu’est-ce que cela signifie ? Simplement qu’aujourd’hui, il y a un grand nombre de catholiques qui ont la Foi et qui veulent faire le bien, mais leur esprit fonctionne mal parce qu’ils vivent, consciemment parfois, mais beaucoup plus souvent inconsciemment, l’enseignement kantien. De sorte que leur foi bonne s’en trouve altérée. Dès lors, ils ne sont plus à même de voir ni que la Néo-Église se comporte comme une gangrène nécrosant la véritable Église catholique, ni que la gangrène s’étend dans la Fraternité St Pie X depuis la mort de Mgr Lefebvre. Mais l’aveuglement de ces âmes ne résulte pas nécessairement de la malveillance ou d’un manque de bonne volonté.

Il faut voir que dans le cas de ces âmes, dont la subjectivité se trouve séparée de l’objectivité à cause de l’influence mondiale du kantisme, un catholique risque facilement de commettre deux erreurs contraires, mais qui proviennent de la même source. Soit il pensera que ces âmes sont si innocentes de cœur que leur esprit est à l’abri de l’erreur, de sorte que la Néo-église ne peut se tromper. En conséquence, il sera du devoir de tous de la rejoindre, avec sa Pachamama et tout le reste : nous avons là le comportement des dirigeants de la Néo-fraternité et de tous ceux qui les suivent. Soit le catholique pourra être tenté par l’erreur inverse et penser que les hérésies nichées dans l’esprit de la Néo-église comme dans celui de cette Néo-fraternité qui brûle du désir de la rejoindre, sont si graves qu’il est impossible qu’il s’agisse là de la vraie Église ou de la vraie Fraternité ; en conséquence de quoi, toutes deux doivent être absolument rejetées. Ainsi argumentent et se comportent ceux qu’on appelle les sédévacantistes, et ceux qui refusent cette étiquette mais qui n’en pensent pas moins comme eux.

Par contre, si je reconnais que le kantisme est responsable d’une séparation du sujet d’avec son objet, je ne dirai pas que ces âmes sont de bonne volonté et que, par conséquent, leur doctrine est bonne, ni que leur doctrine est tellement fausse que leur volonté est nécessairement mauvaise. Au lieu de ces jugements à l’emporte-pièce, je dirai qu’elles peuvent être subjectivement de bonne volonté, mais qu’en tout état de cause elles professent objectivement une si mauvaise doctrine que pour mon salut éternel, je ne peux absolument pas les suivre, ni même leur tenir compagnie. Et avec le Saint Rosaire, je supplierai la Très Sainte Vierge de maintenir mon cœur et mon esprit dans l’équilibre catholique.

Kyrie eleison.

Intelligence Artificielle – II

Intelligence Artificielle – II on juillet 21, 2018

En fait, le concept d’intelligence artificielle est une contradiction dans les termes. Tout ce qui est artificiel (tout artefact) ne peut pas être intelligent. Tout ce qui est intelligent ne peut pas être artificiel. La raison en est que tout être intelligent doit (en tant que tel) avoir la vie, être d’essence spirituelle et être libre. Or, tout artefact (en tant que tel) est d’ordre matériel, inanimé et ne peut donc pas être libre. Par conséquent, aucun artefact ne peut être intelligent dans le vrai sens du terme, et aucun être véritablement intelligent ne peut être un artefact. Dieu seul peut créer une intelligence. L’homme ne peut créer que des choses artificielles.

Pour démontrer cela, partons de ce qui fut dit dans les “Commentaires” de la semaine dernière. Parmi les êtres spirituels, il y a trois ordres : le Créateur (1), les anges (2), et les hommes(3) ; et parmi les êtres matériels, il y a quatre ordres : les hommes (3), les animaux (4), les végétaux (5) et les minéraux(6). On voit par là que l’homme est la créature la plus complexe, puisque lui seul participe à la fois du monde spirituel et du monde matériel. Si quelqu’un affirme que l’homme est purement matériel, il profère l’erreur probablement la plus grossière qu’on puisse commettre en philosophie, à savoir : prétendre que seuls existent les êtres matériels. Cette erreur est largement répandue dans notre monde matérialiste d’aujourd’hui, mais une telle affirmation implique ou bien que cette personne n’a jamais pensé ou aimé, ou plutôt qu’elle nie la nature même de sa propre expérience. Si la matière seule existait, pourquoi les hommes auraient-ils un sens si aigu de leur propre dignité ? Et pourquoi se comporteraient-ils comme si la liberté était ce qui leur importait le plus ?

Pratiquement, on peut classer les six ordres d’êtres selon qu’ils dépassent plus ou moins la matière. Le minéral (6) est enfermé dans la matière, mais les végétaux (5) ne le sont pas totalement : ils vivent et bougent, bien qu’ils restent encore fixés en un lieu et ne connaissent rien en dehors d’eux-mêmes. Les animaux (4) vivent et bougent, et ils ne restent pas fixés sur place. Et par les sens et le désir, ils connaissent les choses matérielles existant autour d’eux. Les hommes (3) vivent, bougent et ne sont pas fixés en un lieu. Non seulement ils accèdent, par les sens et le désir sensoriel, à la connaissance des particularités du monde matériel existant autour d’eux, mais ils possèdent de surcroît l’intelligence et le désir par la volonté ; si bien qu’ils peuvent, par abstraction, connaître des universaux immatériels existant autour d’eux, ce qui représente une énorme avancée dans l’ascension de l’esprit se libérant de la matière. Le mot “intelligence” vient du latin “intus-lego”, qui signifie “ je lis à l’intérieur “. Autrement dit, à partir des choses perçues par les sens, l’intelligence lit, à l’intérieur de ces choses, leur forme ou leur essence immatérielle. C’est possible du fait que l’intelligence, et la volonté qui la suit, sont toutes deux des facultés spirituelles, appartenant à cette partie de l’homme qui, comme telle, ne dépend pas de la matière, mais la surmonte et dépasse.

De ces deux facultés, découle la liberté de la volonté humaine (3), qu’aucun autre animal (4) ne peut partager car tous sont contraints par leurs instincts. Et cette liberté, même pour le plus athée des matérialistes, atteste la dignité supérieure de l’être humain, le plaçant au-dessus des animaux (4). Encore faut-il que l’athée en question soit assez honnête pour reconnaître ce fait. Au-dessus de l’homme existent les anges (2) qui sont des êtres purement spirituels et intelligents mais encore particuliers, alors que le Créateur (1) est l’Être spirituel universel, Dieu Lui-même, que nulle matière ni particularité ne peut limiter.

Ainsi, l’homme (3) est un être spirituel et vivant par son âme immortelle. Son intelligence et sa volonté sont le fondement de son libre arbitre, le rendant libre. Et maintenant posons-nous la question : un ordinateur ou un robot est-il un “artefact”, un objet fabriqué, ou bien est-ce un être spirituel vivant et libre ? Premièrement, la vie ne lui vient pas de l’intérieur. La nature répand une profusion de semences, humaines, animales et végétales dans tous les sens, et chaque semence contient la vie. Mais, en dépit de l’effort considérable poursuivi sur de nombreuses années, l’art et la science humains n’ont pas réussi à créer une graine contenant la vie à l’intérieur d’elle-même (et l’on se doute bien que ça n’arrivera jamais). Deuxièmement, si rien de ce qui est fait par l’art humain ne possède la vie, à plus forte raison l’ordinateur ne peut être spirituel, car un être spirituel (3) suppose une forme élevée de vie. Enfin, troisièmement, aucun ordinateur ou robot fabriqué par l’homme ne peut être libre, parce que le libre arbitre suppose une intelligence spirituelle qu’aucun art humain ne peut fabriquer. Même un ange n’a pas la capacité de créer une intelligence spirituelle (3). Dieu (1) seul le peut ; Dieu, Créateur de toutes choses.

Par conséquent les ordinateurs et les robots informatiques (6) ne peuvent pas être animés, et restent inaptes à prendre la moindre initiative en dehors du programme dont on les a équipés. Ils ne peuvent être dits intelligents dans le plein sens du terme, parce que cela renvoie à un être spirituel que Dieu seul peut créer. Il s’ensuit qu’ils n’ont pas de liberté les rendant capables de prendre par eux-mêmes une décision. Ce ne sont que de simples machines (6), confinées dans leur programme matériel (6). Les créditer d’une passion humaine quelconque, d’une pensée originale ou de la liberté, relève d’un matérialisme infantile.

Kyrie eleison.

Libéraux Maudits

Libéraux Maudits on décembre 3, 2011

Le libéralisme est une maladie épouvantable, qui emmène à l’Enfer éternel des millions et des millions d’âmes. Il « libère » l’esprit de la vérité objective et le cœur (volonté et affections) du bien objectif. Le sujet règne en maître suprême. C’est l’homme à la place de Dieu avec l’homme donnant à Dieu autant d’espace qu’il plaît à l’homme de lui laisser, ce qui d’habitude ne signifie pas beaucoup. Le Dieu Tout-Puissant est tenu en laisse, pour ainsi dire, comme un petit chien obéissant ! En fait, le « Dieu » des libéraux est une caricature du vrai Dieu. Mais « On ne se rit pas de Dieu » (Gal.VI, 7). Les libéraux sont châtiés en cette vie en devenant de faux croisés, de vrais tyrans, et des hommes efféminés.

Un exemple classique de faux croisés est celui des prêtres révolutionnaires en Amérique Latine, selon Monseigneur Lefebvre. Il disait souvent que les prêtres qui perdaient la Foi sous l’influence du mouvement modernisant dans l’Eglise, devenaient les plus terribles des révolutionnaires, car à la fausse croisade du Communisme ils apportaient toute l’énergie de la vraie croisade pour le salut des âmes, pour laquelle ils avaient été formés, mais à laquelle ils ne croyaient plus.

La vraie croisade étant pour Dieu, pour Jésus-Christ et pour le salut éternel, alors lorsqu’on y croit plus, cela laisse dans la vie des gens un vide énorme, qu’ils s’efforcent de remplir en se lançant à la croisade pour tout et pour n’importe quoi : pour l’interdiction du tabac (mais liberté pour le cannabis et l’héroïne) ; pour une interdiction de la peine de mort (mais liberté d’exécuter les gens de droite efficaces) ; pour l’interdiction de tyrans (mais liberté de tyranniser avec les bombes n’importe quel pays pour le mener à la « démocratie ») ; pour la sacralisation de l’homme (mais liberté d’avorter les bébés humains dans le ventre de leur mère) – la liste peut être allongée indéfiniment. Les contradictions que nous venons de mettre en lumière sont parfaitement conformes à la croisade des libéraux pour un ordre du monde totalement nouveau qui doit remplacer l’ordre du monde Chrétien. Ils prétendent qu’ils ne combattent pas le Christ, mais cette prétention devient de plus en plus difficile à maintenir.

Les libéraux deviennent aussi, logiquement, de véritables tyrans. Dès lors qu’ils se sont « libérés » eux-mèmes de tout Dieu ou Vérité ou Loi au dessus d’eux, il ne demeure que l’autorité de leur propre esprit et volonté pour imposer à leurs frères humains leur propre plaisir – « Stat pro ratione voluntas ». Par exemple, ayant perdu tout sens de la moindre Tradition limitant son autorité, Paul VI imposa à l’Eglise Catholique en 1969 son Nouvel Ordo de la Messe, compatible avec le Nouvel Ordre Mondial, malgré le fait que seulement deux ans plus tôt un nombre important d’évêques avaient rejeté un rite expérimental de la Messe substantiellement semblable. Que lui importaient les opinions de ses subordonnés, à moins qu’ils ne fussent des libéraux comme lui-même ? Ils ne savaient pas ce qui était bon pour eux. Lui le savait.

Logiquement encore, les libéraux deviennent efféminés, car ils ne peuvent s’empêcher de prendre toute contrariété comme une offense personnelle. Et pourtant une saine opposition à leur autoritarisme est fondée sur cette Vérité ou Loi au-dessus de tous les êtres humains, mais dont les libéraux ne tiennent aucun compte. C’est ainsi que Monseigneur Lefebvre a résisté au libéralisme de Paul VI, mais tout ce qui vint à l’esprit de Paul VI, c’est que l’Archevêque voulait prendre sa place comme Pape, ainsi que Paul VI le lui dit expressément, Il fut incapable de comprendre qu’il y avait une Autorité beaucoup plus haute que la sienne, sur laquelle l’Archevêque se fondait en parfaite tranquillité. Qui a besoin de s’inquiéter lorsqu’il s’appuie sur Dieu ?

Cœur Sacré de Jésus, donnez-nous de mériter les bons chefs qui ne viennent que de Vous.

Kyrie eleison.

La Pensée de Benoît XVI – II

La Pensée de Benoît XVI – II on juillet 16, 2011

Si l’on divise en quatre parties l’étude de Monseigneur Tissier de Mallerais sur la pensée de Benoît XVI, la deuxième partie présente ses racines philosophiques et théologiques. En analysant d’abord l’aspect philosophique Mgr Tissier fait comme Pie X dans sa grande Encyclique sur le modernisme, Pascendi. Si une bouteille de vin est sale à l’intérieur, même le meilleur vin que l’on y versera sera abîmé. Si l’esprit d’un homme est désorienté, même la Foi catholique en y passant sera ruinée. Or la philosophie moderne désoriente et défait l’esprit humain. Voici le problème de Benoît XVI.

Comme Pie X avant lui, Mgr Tissier attribue au philosophe allemand des Lumières, Emmanuel Kant (1724–1804), la responsabilité principale de cette défaite des esprits modernes. C’est Kant qui a perfectionné le système de l’anti-pensée subjectiviste qui règne aujourd’hui partout, et qui exclut de tout discours rationnel le Bon Dieu. En effet, si l’esprit humain ne peut connaître de l’objet rien de plus que ce qui en paraît aux sens, cet esprit est rendu libre de reconstruire comme il veut la réalité derrière ces apparences sensibles. Dès lors la réalité objective est écartée comme inconnaissable, et le sujet règne suprême. S’il a besoin de Dieu et postule son existence, tant mieux pour Dieu. Sinon, le Bon Dieu se trouve, pour ainsi dire, mis au rancart !

Mgr. Tissier présente ensuite cinq philosophes modernes, tous aux prises avec les conséquences de la folie subjectiviste de Kant qui a préféré l’idée à la réalité, le sujet à l’objet . Parmi eux les deux plus importants pour leur influence sur la pensée du Pape pourraient être Heidegger (1889–1976), un père de l’existentialisme, et Buber (1878–1965), un maître du personnalisme. En effet, si les essences sont inconnaissables (Kant), il ne reste que l’existence. Or parmi les existants le plus important est la personne, constituée pour Buber par l’intersubjectivité, ou le rapport « Moi-toi » entre les personnes subjectives, rapport qui ouvre le chemin à Dieu. Donc la connaissance du Dieu objectif va dépendre de l’engagement subjectif de la personne humaine. Quel fondement peu sûr pour cette connaissance-là !

N’empêche, que le sujet humain y mette du sien est la clef de la pensée théologique de Benoît XVI, sous l’influence tout d’abord, dit Mgr Tissier, de la célèbre École de Tuebingen. Fondée par J. S. von Drey (1777–1853), cette École maintenait que l’histoire est mue par l’esprit de l’époque qui est toujours en mouvement, et cet esprit, c’est l’esprit du Christ. Il s’ensuit que la Révélation divine n’est plus le Dépôt de la Foi clôturé par la mort du dernier Apôtre que les époques suivantes ne font qu’expliciter. Non, son contenu ne cesse d’évoluer, et le sujet qui reçoit cette Révélation contribue à son contenu. Donc l’Église de chaque époque joue un rôle non seulement passif mais aussi actif dans la Révélation, et c’est elle qui donne à la Tradition du passé sa signification pour le présent. Cela ne nous rappelle-t-il pas l’herméneutique de Dilthey ? Voir l’EC de la semaine passée.

C’est ainsi que pour Benoît XVI Dieu n’est ni un objet à part, ni purement objectif. Il est personnel, un « Moi » qui échange avec chaque « Toi » humain. Sans lui il n’y a ni l’Écriture ni la Tradition, c’est vrai, mais d’autre part le « Toi » vivant et en mouvement doit constamment relire cette Écriture, et puisque l’Écriture est essentielle à la Tradition, alors la Tradition aussi doit être rendue dynamique par la participation active du sujet, et elle ne peut se contenter de rester statique comme la Tradition fixiste ( e.g.de Mgr. Lefebvre). De même la théologie doit se laisser subjectiviser, et la Foi doit être une « expérience vivante » de Dieu, et jusqu’au Magistère doit cesser d’être purement statique.

Commentaire de Jérémie (XVII, 5) : « Malheur à l’homme qui met sa confiance en l’homme ».

Kyrie Eleison.

Infection Traditionnelle

Infection Traditionnelle on janvier 29, 2011

Le libéralisme est une maladie incroyable, capable de pourrir les esprits et les cœurs les meilleurs. Si on le cerne le plus brièvement possible comme l’homme se libérant de Dieu, alors il est vieux comme le monde, mais jamais il n’a été aussi profond, aussi répandu, aussi normal – en apparence – qu’aujourd’hui. Or la liberté religieuse se situe au cœur du libéralisme. En effet, à quoi servirait-il de se libérer de tout et de tous si l’on ne se libérait de Dieu ? Donc si Benoît XVI se lamentait il y a trois semaines que « La liberté religieuse est menacée dans le monde entier », le Pape en est certainement infecté. Alors, que les fidèles de la Tradition catholique ne se fassent pas forts d’en être à l’abri. Voici un courriel que j’ai reçu il y a quelques jours d’un laïc en Europe :—

« Pendant longtemps, plus ou moins vingt ans, j’ai été pétri de libéralisme. Par la grâce de Dieu je me suis converti auprès de la Fraternité St Pie X. Quelle surprise désagréable que de rencontrer un comportement libéral même dans les rangs de la Tradition ! J’en ai été choqué. On entend toujours, il ne faut pas penser que la situation actuelle soit aussi mauvaise que cela. De la franc-maçonnerie comme ennemi de l’Église on ne fait plus guère mention, parce que cela pourrait nuire à ses intérêts personnels. On se comporte comme si, en gros, tout est encore en ordre dans le monde.

On entend même la recommandation de recourir à la psycho-pharmacie pour soulager ce stress qui fait partie de la vie de tout catholique de la Tradition, et de chercher son bonheur auprès des médecins si l’on veut avoir la vie plus facile.

La conséquence de cette façon de faire, c’est un indifférentisme qui est le vivier du libéralisme. Tout d’un coup il n’est plus si mauvais d’assister à la Nouvelle Messe, de faire cause commune avec les modernistes, de changer de principes d’un jour à l’autre, de ne plus manifester sa Foi en public, d’étudier dans une université d’État, de faire confiance à l’État et de prêter à tout le monde de bonnes intentions – après tout, personne n’est méchant.

Notre Seigneur a eu là-dessus des paroles fortes : les tièdes il « va les vomir de sa bouche » (Apoc. III, 16). Pour paradoxal que cela puisse paraître, les pires ennemis de l’Église sont les catholiques libéraux. Il y a même un Traditionalisme libéral ! ! ! » (fin de citation du laïc).

Alors quel antidote y a-t-il pour ce poison qui nous menace tous ? La grâce sanctifiante, sans doute (Rom. VII, 25), qui peut éclairer l’esprit et fortifier la volonté pour qu’elle fasse le bien tel qu’il est présenté par l’esprit. Et comment puis-je m’assurer la grâce sanctifiante ? C’est un peu comme si on demandait, comment puis-je m’assurer la persévérance finale ? L’Église enseigne que l’on ne peut pas se l’assurer, parce que c’est un don – le plus grand des dons – de Dieu. Mais ce qui est toujours dans mon pouvoir, c’est de prier tous les jours en moyenne cinq Mystères du Saint Rosaire – au mieux quinze, si c’est du tout possible. Qui fait cela, fait ce que la Mère de Dieu nous demande à tous, et elle a un pouvoir maternel comme sans limites sur son Fils, Notre Seigneur et Dieu, Jésus Christ.

Kyrie Eleison.

Penser l’Impensable

Penser l’Impensable on janvier 1, 2011

Le monde gît dans une telle obscurité de l’esprit, dans une telle corruption de la volonté, qu’il est difficile de ne pas s’imaginer que 2011 va être une année capitale. Cette Église qui devrait être « la lumière du monde » pour éclairer l’esprit et « le sel de la terre » pour empêcher la corruption de la volonté, se trouve en état d’éclipse. Elle est toujours là, mais sa lumière et sa chaleur, par la faute des hommes, n’arrivent guère plus jusqu’à eux.

Cela étant, les troubles dont le monde est en même temps victime et cause doivent s’abattre sur nous. Il va y avoir, ou en cette année qui vient ou bientôt après, un bouleversement inimaginable dans les affaires des hommes. Les lois inexorables de la réalité sont sur le point de renverser l’économie mondiale, alors que les « économistes », princes de petites nuées, continuent en grande majorité de colporter leur monde de rêves. Pour aider les pères de famille en particulier à penser l’impensable, voici des conseils de quelqu’un qui traite des affaires pratiques et qui n’a pas perdu tout contact avec la réalité : Gerald Celente, de New York ( trendsresearch.com) :—

« On nous demande régulièrement de fournir des orientations spécifiques en rapport avec les tendances actuelles et qui permettront de surmonter les tempêtes financières . . . Il faut dire qu’il n’y a pas de solutions simples qui aillent à tout le monde. Toute situation particulière est différente. Chômer à la campagne présente des possibilités et des problèmes différents du chômage en ville ou en banlieue. L’essentiel, c’est de se rendre compte que cette crise sera de longue durée. Nous nous trouvons en période de contraction, et l’heure est à la conservation et à la préservation . En gros, on disposera de moins d’argent à dépenser sur les choses non essentielles. Ce qui nous semblait « essentiel » quand l’argent coulait à flots, devient une « frivolité » lorsqu’il se tarit.

« En cherchant du travail, si vous voyez qu’en termes réels l’emploi qui était le vôtre n’est plus viable, par exemple agent immobilier, courtier en prêts hypothécaires, éditeur, entrepreneur en bâtiment, détaillant, employé d’usine de voitures, etc., le moment peut être venu, si c’est du tout pratique, de réaliser votre rêve. Qu’avez-vous toujours voulu faire ? Avez-vous découvert des capacités, des talents particuliers que n’ont pas les autres ? Comme point de départ, observez avec soin ce qu’il vous plairait le plus de faire, et quelle possibilité vous auriez d’en vivre . Et si vous ne pouvez trouver que du travail subalterne, faites-le en maître avec créativité et sans ressentiment, et des possibilités de plus haut niveau s’ouvriront à vous. Si votre travail coïncide avec ce que vous aimez faire, il perdra tout caractère de besogne. On pourrait même définir le bonheur ainsi : c’est quand on se lève le matin et que le travail de la journée est ce qu’on choisirait de faire.

« Prenez la mesure de votre situation personnelle. Cherchez d’autres hommes qui pensent comme vous, ayant en des situations semblables à la vôtre des capacités qui complèteraient les vôtres. La multitude fait la force. Tout groupe visant un but à atteindre peut lancer un programme d’action qui serait impensable et impossible pour un homme seul. »

C’est moi qui ai souligné ci-dessus. Je serai enchanté s’il s’avère que j’ai tort, mais d’ici là je pense que c’est bientôt la survie qui va s’imposer comme le tout premier but à poursuivre. Gerald Celente nous offre ici matière à réfléchir. Prions, bien sûr, c’est indispensable, mais aussi, comme le dit le vieux proverbe, continuons à ramer vers le rivage.

À tous les lecteurs j’envoie ma bénédiction pour la Nouvelle Année.

Kyrie Eleison.