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Madiran la Philosophie

Madiran la Philosophie posted in Les Commentaires Eleison on octobre 17, 2020

Dans la grande encyclique antimoderniste Pascendi, parue en 1907, Pie X commence par un exposé philosophique. Dans son livre ” L’hérésie du XXe siècle “, Jean Madiran fait de même. Car tous deux voient que la difficulté qu’éprouve un esprit moderne à comprendre le catholicisme est plutôt d’essence philosophique que théologique. C’est pourquoi la première des six Chapitres du livre de Madiran a pour titre  :” Préambule philosophique “.

Donc c’est de façon surprenante que Madiran lui-même dit, à ceux qui le liront, qu’ils peuvent ; s’ils le souhaitent, se dispenser de lire ce Préambule. Sans doute était-ce pour éviter d’infliger à ses lecteurs allergiques à l’absurdité, d’être exposés aux bêtises inimaginables que l’on enseigne aujourd’hui à “l’université”. En fait, la pensée du livre de Madiran est aussi étroitement liée à la vraie philosophie qu’elle est étrangère au “philosophisme” ou à la pseudo- philosophie d’aujourd’hui.

Mais comment et pourquoi la Foi surnaturelle serait-elle si dépendante de la philosophie, c’est-à-dire de l’étude rationnelle de toute réalité naturelle qui permet de faire passer, pour ainsi dire, le (vrai) bon sens d’un niveau amateur à un niveau professionnel ? Réponse : prenons l’exemple d’un bon vigneron. A priori, celui-ci ne dépend en rien de ses bouteilles en verre pour faire du bon vin. Mais les bouteilles doivent être propres et non fêlées, autrement il ne pourrait pas exercer son commerce. Si les bouteilles sont sales à l’intérieur, la saleté va gâter le goût du vin, aussi bon soit-il, si bien que le vigneron aux bouteilles sales ou fêlées va faire banqueroute. Mais, en tant que professionnel du vin, il s’assure naturellement qu’il dispose de bouteilles propres. Par rapport au vin, la bouteille en verre ne vaut presque rien lorsqu’elle est vide, mais il faut absolument qu’elle ne soit ni sale ni fêlée pour contenir le vin.

Or, la raison humaine est comme la bouteille. Elle n’est qu’une faculté naturelle, mais à la fin de la vie, elle est censée, sous peine de condamnation éternelle, contenir le vin surnaturel de la Foi (Mc XVI, 16). La Foi est ce don suprême de Dieu, par lequel la raison humaine est surnaturellement élevée pour croire. Mais lorsque la faculté de la raison se trouve faussée par des erreurs humaines ou des croyances erronées, alors, comme la bouteille salie, elle risque de gâter le vin divin de la Foi, pour divin qu’il soit. Car comme dans une bouteille la moindre saleté risque de gâcher le vin qu’elle contient  ; ainsi dans l’esprit humain, le subjectivisme représente une erreur si radicale qu’il gâche, en la subvertissant, toute vérité versée là-dedans et à plus forte raison, la Foi. La Foi catholique versée dans un esprit subjectiviste ne peut que très difficilement ne pas devenir moderniste, ne pas perdre l’esprit catholique Tel est l’enseignement de saint Pie X, de Marcel De Corte, Calderón et Madiran, et de tous ceux qui ont saisi l’ampleur de la malice objective d’un esprit subjectiviste.

Alors quelles preuves particulières Madiran avance-t-il pour démontrer que les évêques français des années 1960 avaient perdu l’esprit catholique ? Il part d’une déclaration officielle de décembre 1966 (p. 40) dans laquelle ils affirment que “pour un esprit philosophique”, les mots “personne” et “nature”, ont changé de sens. Or ces termes sont essentiels pour la vraie christologie (théologie catholique du Christ) depuis l’époque de Boèce (qui a élaboré la définition de “personne”) et de Thomas d’Aquin (qui a fait valoir le vrai sens du mot “nature”). Autrement dit, pour les évêques français, la philosophie moderne abandonne la philosophie classique de l’Église, ancrée dans la doctrine immuable de l’Église. Selon eux, « pour un esprit philosophique » le thomisme n’est plus qu’un discours obsolète et doit donc être écarté.

Or, dans une Église dont la doctrine a toujours correspondu aux réalités extra-mentales immuables, cette perspective des évêques français est proprement révolutionnaire. Elle ne peut que signifier, dit Madiran (43), qu’ils acceptent la révolution copernicienne de la philosophie d’Emmanuel Kant (1724–1804), qui a placé la “réalité” non plus à l’extérieur mais à l’intérieur de l’esprit. Pourtant (45, 46), il n’est nullement obligatoire d’accepter cette internalisation de la réalité sauf, bien sûr, dans la philosophie kantienne. Mais lorsqu’on part de prémisses kantiennes, fatalement on ne peut arriver qu’à des conclusions irréelles. Donc en choisissant moralement Kant plutôt que Thomas d’Aquin, les évêques français démontrent en fait leur apostasie implicite (50) et leur religion antinaturelle. Par son rejet du réel le kantisme inavoué de leur déclaration proclame leur indépendance vis-à-vis de la Vérité divine, sortie des mains de Dieu, et leur refus de l’Ordre qu’Il a implanté dans la nature (60–63).

Madiran conclut sa première partie en disant que le thomisme correspond à l’expérience humaine de tous les temps et de tous les lieux (66), tandis que le kantisme a mentalement jeté les évêques français à la dérive, à l’instar de l’époque moderne qu’ils cherchent tant à satisfaire (67).

Kyrie eleison.

Coupez les Ponts – II

Coupez les Ponts – II posted in Les Commentaires Eleison on mai 9, 2020

La semaine dernière, nous rappelions dans ces « Commentaires » les propos de Mgr Lefebvre en 1990 décrivant l’état d’esprit des responsables de l’Église conciliaire à Rome. Il terminait par cette conclusion énergique –

«  Il n’y a plus qu’à tirer l’échelle ! Nous n’avons rien à faire avec ces gens-là, car nous n’avons rien de commun avec eux  ».

De tels propos peuvent sembler manquer de charité, à tout le moins être dépourvus du respect dû aux princes de l’Église de Notre-Seigneur. Mais il n’en est rien. En fait, ils ne manquent ni de charité ni de respect, car l’Église de Notre-Seigneur a toujours en vue 1/ la Foi sur laquelle 2/ doit reposer la charité et 3/ le respect des ecclésiastiques chargés de veiller sur l’Église.

1/ « Sans la foi, il est impossible de plaire à Dieu. Car quiconque veut s’approcher de Dieu doit croire qu’Il existe et qu’Il récompense ceux qui le cherchent ». (Hébreux XI, 6). (Athées, si vous le souhaitez, vous pouvez croire en Dieu, car, notez-le bien : « Il récompense ceux qui Le cherchent », et si vous persévérez dans votre recherche, votre récompense sera très probablement que vous Le trouverez, comme en témoignent de nombreux passages de l’Ecriture ; mais c’est un sujet que nous verrons une autre fois). Toutes les âmes humaines, seul principe de vie des êtres humains, sont d’essence spirituelle. Elles viennent de Dieu. Mais, conformément au souhait du Très-haut, elles doivent profiter de leur bref passage sur terre pour choisir de retourner à Lui dans la béatitude éternelle du ciel. Cependant si d’un côté ce choix est encouragé par toute la bonté de la création, il est toutefois découragé par les trois grands ennemis de l’âme, à savoir : le monde, la chair et le démon, avec en plus tout le mal que Dieu choisit de permettre dans sa création ; de sorte qu’il ne reste réellement qu’un seul choix à faire : celui de la vie vertueuse, hors de laquelle je m’éloignerais de Dieu et m’orienterais vers le mal.

Or, la bonté de la création de Dieu est si manifeste que ceux qui la voient, tout en refusant de croire en Dieu, sont qualifiés par saint Paul d’ « inexcusables » (Romains, I, 20). Toutefois, Dieu lui-même reste d’ordinaire invisible (par exemple, Col. I, 15), de sorte que la première des vertus nécessaires pour nous orienter vers Lui est la vertu de foi ; par la foi je décide de monter de ce que je vois de mes propres yeux à Celui dont mon esprit, éclairé par la Foi, sait qu’Il se tient derrière ce que je vois de mes yeux. C’est pourquoi le Concile de Trente (VI, 6) appelle la Foi « le fondement du Salut », et l’Église catholique, par ses Credos, ne fait qu’énoncer ce que je dois croire sur Dieu pour avoir la Foi véritable, et non croire à un tissu de mensonges.

2/ Or, aucun de désir ne peut exister dans la volonté humaine sans qu’il ne soit précédé d’une pensée formée dans l’esprit de la même personne. Un désir sans objet est un non-désir. C’est l’esprit humain qui présente cet objet à la volonté humaine.

Or, la Charité est un désir inscrit dans la volonté. Elle présuppose donc une pensée. Et si la charité doit être vraiment surnaturelle et non simplement humaniste ou sentimentale, elle présuppose dans l’esprit un objet surnaturel. On doit donc croire, de Foi surnaturelle, à cet objet surnaturel. Par conséquent, la vraie charité présuppose la vraie foi et, sans la vraie foi surnaturelle, il ne peut y avoir de vraie charité. Il s’ensuit que, si les responsables ecclésiastiques actuels à Rome ont une foi pour tout le moins moins gravement contaminée par Vatican II, alors les personnes qui souhaitent garder la vraie foi doivent être sérieusement incitées à se tenir à l’écart, de peur que leur propre foi ne finisse par être, elle aussi, contaminée. En d’autres termes, il faut leur dire « Coupons les ponts ! ».

3/ Et si pour ceux qui « siègent sur la chaire de Moïse » (Mt. XXIII, 2), on devait le respect dû à la chaire de Moïse, à plus forte raison en va-t-il de même du Siège de Rome. De plus, la charité due envers les supérieurs de l’Église sera d’autant plus grande que leurs âmes portent une énorme responsabilité dont ils devront rendre compte à leur Jugement particulier. N’empêche, par-dessus tout la foi catholique vient toujours en premier, de sorte que ni le respect ni la charité ne peuvent m’obliger à exposer ni ma propre âme, dont je répondrai devant Dieu, ni l’âme de quelqu’un d’autre, à la contamination par des contacts imprudents risquant justement de provoquer une diminution de la foi. Or, Pachamama indique qu’en 2020 les Conciliaires ne sont toujours pas rentrés de leur croisade pour l’idole humaine. Mgr. Lefebvre avait raison : Il n’y a plus qu’à tirer l’échelle. Les catholiques et les conciliaires sont dans une guerre de religion, une guerre à mort.

Kyrie eleison.

Une Ame Attaquée

Une Ame Attaquée posted in Les Commentaires Eleison on septembre 22, 2018

Les révélations de Mgr Viganò portant sur la grave corruption morale de certains hauts dignitaires de l’Église, Pape François y compris, sont susceptibles d’ébranler sérieusement la foi des catholiques qui ont fait confiance aux ecclésiastiques officiels tout au long des 50 dernières années, parce qu’ils n’ont pas vu – ou n’ont pas voulu voir – de problème particulier dans le Concile Vatican II (1962–1965). Il y a trois semaines, avant même que le rapport de Mgr Viganò ait été publié, nous citions dans ces “Commentaires” les propos d’un catholique porté au bord du désespoir par les révélations du Procureur Général de l’État de Pennsylvanie, faisant état de scandales similaires perpétrés dans la Néo-église de cet État. La menace d’une avalanche de tels scandales étant maintenant bien établie, nous allons cette semaine montrer dans ces “Commentaires” comment le Diable tourne son artillerie lourde contre un autre catholique, dans l’intention de lui faire perdre la Foi. Voici quelques-uns des obus lancés par le Diable, tels que les rapporte notre correspondant. Nous y ajoutons de brèves réponses, dans l’espoir de fortifier dans la foi d’autres âmes qui risquent dans un futur proche d’être pareillement ébranlées :

J’ai assisté, dans ma ville natale, à une messe dans le nouveau rite. Elle était célébrée pour des Sœurs par l’évêque auxiliaire local. Son sermon sur le Sacré-Cœur était irréprochable sur le plan doctrinal, et très édifiant. Pourtant, un de mes amis a vu de ses propres yeux le même évêque embrasser un séminariste ! Pour moi, cet évêque est un problème angoissant : comment peut-il croire au Sacré-Cœur dont il prêche si bien sur l’amour ?

Réponse : C’est un moderniste, comme la plupart des ecclésiastiques de l’Église “rénovée” par Vatican II, également appelée “Néo-église”. Le modernisme veut «  adapter l’Église catholique au monde moderne anticatholique  » ; il y parvient en faisant dépendre la réalité objective du sentiment subjectif. Toutefois, le processus de subjectivisation de la réalité peut prendre du temps, de sorte qu’un ecclésiastique qui tombe dans le modernisme ne perd pas nécessairement tout de suite sa foi catholique objective, même si celle-ci est déjà sapée dans son âme. Dieu seul peut savoir exactement à quel moment cet ecclésiastique perd la foi. Disons que si cet évêque croit en Vatican II, il est certainement sur le chemin conduisant à la perte de la foi, et il y est déjà suffisamment avancé pour pécher gravement contre le Sixième Commandement, mais pas encore assez loin pour avoir perdu toute notion de qui est le Sacré-Cœur.

Mais pour détruire la vérité catholique avec autant d’aisance que le font les imposteurs romains, ils doivent la connaître. S’ils la connaissent, nul doute qu’ils en connaissent aussi la force. Et s’ils en connaissent la force, comment ont-ils pu cesser d’y croire ? À moins que tout cela n’ait jamais été qu’un conte de fées, un conte aussi faux que n’importe quelle autre religion, l’Église catholique n’étant en rien supérieure aux autres, et l’homme n’ayant de toute manière aucun moyen d’accéder à la Vérité divine ?

Réponse : Pour avoir la Foi Catholique, l’esprit humain doit accepter beaucoup de vérités surnaturelles qui, tout en n’étant pas contraires à la raison, sont au-dessus de sa portée naturelle. Pour accepter de se soumettre à ces vérités, l’intelligence doit être poussée par la volonté. Si la volonté cesse de pousser l’intelligence, ou pousse dans une direction opposée, la foi disparaîtra de son intelligence. Or, le modernisme est orgueilleux, parce que dans la Néo-église l’homme prend la place de Dieu. En conséquence, il est possible que les imposteurs romains, comme vous les appelez si bien, aient été dès le début des francs-maçons ou des infiltrés communistes ; comme il se peut également qu’au tout début, ils aient cru, comme Judas Iscariote, mais l’orgueil leur inspirant le désir de prendre la place de Dieu et de remodeler l’Église à leur idée, a subjugué leur volonté. Si bien que leur intelligence a perdu la foi. Dieu seul sait ce qu’il en est dans l’âme d’un homme.

Se pourrait-il que nous soyons trompés ? Ne sommes-nous pas engagés dans une guerre sans fin en vue d’une promesse bien fragile du Ciel ? Nous sommes incapables de savoir quoi que ce soit sur Dieu. Ne vaudrait-il pas mieux pour nous que Dieu n’existât pas ? Dans le chaos d’aujourd’hui, je ne peux m’empêcher de penser que l’Église est une affaire purement humaine, de sorte qu’il y a des moments où j’envie les gens qui mènent une vie heureuse sans Dieu.

Réponse : Mon cher ami, même si les gens sans Dieu se prétendent “heureux”, une vie heureuse sans Dieu est une pure illusion, Nous, les êtres humains, nous sommes tous sortis des mains de Dieu ; notre âme a été directement créée par Dieu avec pour finalité d’aller à Dieu, corps et âme. Le monde et l’Église sont aujourd’hui dans le chaos, précisément parce qu’ils essaient de se passer de Lui.

Il semblerait que nous soyons également prédestinés au Ciel ou à l’Enfer, et que notre libre arbitre ne puisse pas y faire grand-chose.

Réponse : “Le venin est dans la queue”, disaient les Latins, en prenant l’image du scorpion. La conclusion que vous tirez, lourde de sens, est une hérésie épouvantable qui prouve que le diable joue le tout pour le tout pour faire pour ébranler votre foi. Récitez le chapelet pour obtenir l’aide de la Mère de Dieu. Je vous envoie ma bénédiction.

Kyrie eleison.

Le Rapport de Mgr Vigano

Le Rapport de Mgr Vigano posted in Les Commentaires Eleison on septembre 15, 2018

Mgr Vigano, archevêque, ancien Nonce apostolique aux Etats-Unis, vient de diffuser un rapport de 11 pages, donnant force détails et citant plusieurs noms, dans lequel il déclare qu’il existe aux Etats-Unis une immense corruption morale qui gangrène le clergé catholique. Il précise que la responsabilité des crimes mentionnés atteint le sommet de l’Eglise. Au moment où nous écrivons ces “Commentaires”, le scandale dénoncé par cet écrit est immense et entraîne des répercussions très étendues. À l’heure actuelle, personne ne peut dire quelles en seront les retombées ultimes. Un lecteur nous écrit à ce sujet et nous pose quatre questions que voici. Nous y répondons brièvement.

1 Que penser de la lettre de Mgr Vigano ? Est-ce aussi sérieux qu’il y paraît ?

Oui, parce que, chez Mgr. Vigano, tout indique qu’il s’agit d’un homme honnête. En 2011, il a été éloigné de Rome et envoyé aux États-Unis. La raison de cet exil venait de ce qu’il tentait, avec succès, d’assainir les finances du Vatican. Au moment où nous écrivons ces lignes, il se cache parce qu’il craint pour sa vie : il a de sérieux ennemis.

2 La lettre sera-t-elle une bombe dans l’Église, ou un simple pétard mouillé, sans conséquences durables ?

Le temps le dira. Il est certain que le niveau élevé de corruption dans l’Église est comparable au niveau de corruption des pouvoirs en place dans le monde, que ce soit parmi les politiciens, les banquiers, les medias, etc. Satan règne parce que les satanistes sont liés entre eux dans tous les domaines. Si c’est en leur pouvoir, ils ne vont certainement pas permettre à un simple archevêque de bouleverser leurs plans. En fait, c’est Dieu qui tient le fléau en main. Est-ce que les gens vont se tourner vers Lui, oui ou non ? Sinon, Il permettra aux serviteurs de Satan de continuer à flageller l’Eglise jusqu’à atteindre le Nouvel Ordre Mondial. S’i les hommes se tournent vers Lui, nous obtiendrons bientôt la Consécration de la Russie.

3 Ce scandale va-t-il faire réfléchir Menzingen sur l’opportunité de poursuivre la recherche d’une reconnaissance par le Pape et par Rome ?

Ce devrait certainement être le cas mais, hélas, je crains qu’il n’en soit rien. Car, depuis de nombreuses années, le siège de la Fraternité à Menzingen est dans les nuages et les libéraux ne changent pas de doctrine. Pour eux, c’est la réalité qui est dans l’erreur. C’est pourquoi il faut obtenir à tout prix la reconnaissance officielle de la Fraternité par Rome ; le Pape François doit donc être traité comme un ami. Peut-être que Menzingen pourrait admettre qu’ils ont eu tort pendant 20 ans. Mais cela ne leur facilitera pas un changement de cap. À l’inverse, Mgr Lefebvre avait décidé il y a 30 ans de ne pas suivre les Papes conciliaires. Le rapport de Mgr Vigano ne l’aurait pas surpris.

4 Qu’est-ce qui a rendu Mgr Lefebvre si clairvoyant ?

La Doctrine. Grattez beaucoup d’occidentaux matérialistes d’aujourd’hui ; vous trouverez un héritier du protestantisme qui tend à filtrer un moucheron mais avale un chameau (Mt. XXIII, 24). Ce qui signifie qu’il est plus sévère pour les péchés de la chair que pour les péchés de l’esprit, tels que les erreurs doctrinales ou les hérésies. Toutefois, les péchés de la chair sont suffisamment graves pour contribuer à la damnation éternelle d’un grand nombre d’âmes qui tombent en Enfer – c’est ce qu’a dit Notre Dame aux enfants de Fatima. Mais c’est l’hérésie qui ouvre la voie à ces péchés. Voir Romains I, 21 à 31. Enfreindre le premier commandement conduit à l’impureté en général (21–24), à l’homosexualité en particulier (26–27), et à toutes sortes d’autres péchés (28–32). En d’autres termes, c’est le premier commandement qui est vraiment le Premier, et non le sixième.

Ainsi, le véritable scandale dénoncé par Mgr Vigano est implicite plutôt qu’explicite. Car c’est l’idolâtrie officielle de Vatican II, présente dans les documents du Concile, qui a contribué, plus que n’importe quoi d’autre, à supprimer les freins catholiques à l’immoralité. Cela a entraîné le vice des péchés de la chair qui maintenant se déchaînent chez les hommes d’Eglise de haut rang. Si, comme l’affirme Dignitatis Humanae, aucun État ne doit opposer de contraintes aux fausses religions, pour quelles raisons devrais-je observer la morale catholique qui pose des limites explicites à ma liberté ? Si l’enfer n’est qu’une simple “doctrine” de l’Église, pourquoi devrait-il m’empêcher de pécher comme bon me semble ? Dans Nostra Aetate, ou Unitatis Redintegratio, Vatican II déclare que plusieurs religions à côté du catholicisme ont leurs bons côtés. Mais alors, n’est-ce pas l’Église catholique elle-même qui m’enseigne que je n’ai pas vraiment besoin d’être catholique ?

Kyrie eleison.

L’importance de la Foi – I

L’importance de la Foi – I posted in Les Commentaires Eleison on octobre 7, 2017

La grande leçon donnée par Mgr. Lefebvre (1905–1991) aux catholiques qui avaient des oreilles pour entendre, c’est que l’obéissance est au service de la Foi. Mais la triste leçon que donnent les faits depuis, c’est qu’on persiste toujours à vouloir donner à l’obéissance la préséance sur la Foi. Voilà pourquoi ces « Commentaires » dénoncent continuellement la confusion qui règne dans les esprits et en cherchant à revenir à l’essentiel, ils tentent souvent d’expliquer le principe de la primauté de la Foi. Il ne sera pas inutile de faire ici une nouvelle tentative, en partant d’une perspective légèrement différente.

Tous les êtres humains vivant sur terre – et pas uniquement les catholiques ! – ont une âme immortelle sans laquelle ils ne seraient pas vivants. Ces âmes ne sont pas issues d’une production en série : elles sont créées individuellement par Dieu, à partir de rien, avec pour finalité de vivre heureuses avec Lui pour toujours dans le ciel. L’âme est la partie la plus importante de la nature humaine. Elle appartient à l’ordre naturel. De soi, elle n’est donc pas surnaturelle. Mais, si elle fait bon usage de son libre arbitre, de cette faculté naturelle lui permettant de coopérer avec la grâce surnaturelle que Dieu lui accorde ; alors, elle sera élevée au Ciel à la surnature. La volonté divine est que toutes les âmes aillent au ciel (I Tim II, 4). Aussi, la Grâce ne vient-elle jamais à manquer, quelle que soit la forme que Dieu choisisse pour nous l’offrir. Dès lors la question – qui ne concerne pas seulement les catholiques – se pose ainsi : Sous quelle forme la coopération humaine, nécessaire pour aller au ciel, doit-elle s’exercer ?

La Foi est sans nul doute à la base de cette coopération. Le Concile de Trente appelle la foi « le commencement du salut », et la Parole de Dieu dit que « sans la foi il est impossible de plaire à Dieu » (Hébreux XI, 6). À maintes reprises, dans les Évangiles, lorsque Notre-Seigneur fait un miracle, il dit l’accomplir en récompense de la « foi » de ceux qui sont concernés, par exemple en Matthieu : XV, 28 (guérison de la femme cananéenne) ; en Marc : X, 52 (un aveugle recouvrant la vue) ; en Luc : VII, 50 (conversion de Marie-Madeleine) ; etc. En quoi consiste cette “foi” ? Pourquoi est-elle si précieuse aux yeux de Dieu et donc pour les âmes ?

Commençons par distinguer deux réalités, liées mais différentes : d’une part, la qualité subjective de la foi par laquelle quelqu’un croit surnaturellement en son âme, et d’autre part, l’ensemble des réalités objectives surnaturelles, constituant l’objet de la foi des catholiques. Pour les distinguer, on pourrait écrire la foi subjective avec un “f” minuscule et la foi objective avec un “F” majuscule. Il est évident que ces deux entités sont distinctes : un homme peut perdre sa foi (subjective) sans que le moindre changement ait lieu dans le corps objectif des vérités à croire.

Deux choses deviennent alors fort claires. Tout d’abord, la foi qui sauve une âme est la qualité subjective de la personne que Notre-Seigneur loue et récompense dans les Évangiles. Il ne loue ni ne récompense l’ensemble des vérités objectives constituant la Foi. D’autre part, la qualité subjective de la foi est déterminée ou spécifiée par la Foi objective. Je ne suis pas sauvé, je ne mérite pas d’être loué ou récompensé, si je crois en n’importe quelle absurdité. La femme cananéenne ne croyait certes en aucune stupidité, mais elle croyait certainement en la bonté et en quelque pouvoir divin de Notre-Seigneur. Ce qu’elle croyait était à la fois surnaturel, et au-delà du pouvoir purement naturel de son esprit pour saisir le vrai. Et très probablement, dès que les Apôtres se mirent à établir, peu de temps après la Pentecôte, les vérités fondamentales auxquelles doit croire un disciple de Notre Seigneur, elle fut heureuse de régler, spécifier, laisser déterminer sa foi subjective par la Foi objective qui apparaissait alors.

En d’autres termes, la Foi objective est la règle de cette foi subjective sans laquelle aucune âme ne peut être sauvée. Par voie de conséquence, les hommes d’Église qui manipulent la Foi objective mettent en péril le salut éternel des âmes. Si la foi subjective n’a pas de prix, il faudra en dire autant de la Foi objective qui, toujours, doit avoir la primauté.

Kyrie eleison.

Résurrection Raisonnée

Résurrection Raisonnée posted in Les Commentaires Eleison on avril 15, 2017

En cette veille de Pâques, rappelons-nous combien il est raisonnable de croire en un événement aussi extraordinaire qu’un homme qui sort tout d’un coup de son sépulcre en déplaçant une pierre tombale normalement assez lourde pour l’empêcher même de rêver d’en sortir. Consultons d’abord la théologie pour voir comment a pu avoir lieu la Résurrection, et ensuite l’histoire pour voir si elle a pu avoir lieu.

Pour les Catholiques qui par le don surnaturel de la foi croient qu’à l’Incarnation la deuxième des trois Personnes divines, possédant la plénitude de la Nature divine, s’est unie une complète nature humaine, faisant deux natures en une Personne, il n’est pas difficile de concevoir comment la Résurrection a eu lieu.

Sur la Croix, cette Personne est vraiment morte, non pas dans sa Nature divine et immortelle, mais dans sa nature humaine, capable de mourir comme tout homme mortel par la séparation de son âme humaine d’avec son corps humain. Ces deux constitutifs de l’homme Jésus étaient capables de se séparer l’un de l’autre, mais ni l’un ni l’autre ne se sépara de la Personne divine, et c’est pour cela que les Catholiques récitent dans leur Credo qu’ Il (âme et corps) « a souffert . . . est mort », et qu’ Il (corps) « a été enseveli » et qu’ Il (âme) « est descendu aux enfers » (pas l’Enfer des damnés, mais les Limbes des justes décédés, qui attendaient la mort rédemptrice du Christ pour que fussent ouvertes les portes du Ciel fermées par Adam et Eve). Ainsi le corps humain et l’âme humaine du Christ restaient chacun uni à la divine Personne, et pour celle-ci c’était un jeu d’enfants de réunir Son âme humaine avec Son corps humain dans le sépulcre en sorte de redonner vie à Sa nature humaine, complétée de nouveau. Et aucune pierre sur terre n’aura été assez lourde pour l’empêcher de voler tout de suite à côté de Sa Mère pour la consoler.

Mais faut-il donc qu’on ait le don surnaturel de la foi pour accepter la réalité de la Résurrection ? Non, pas nécessairement. Si un esprit incroyant mais droit veut bien peser les arguments purement rationnels puisés dans la psychologie naturelle et l’histoire humaine, il peut facilement en conclure que seul quelque événement au moins aussi sensationnel que la Résurrection peut expliquer les faits tels que nous les connaissons (et que personne ne vienne nous dire que la Résurrection est si douce et gentille et consolante comme conte de fées que personne n’a besoin d’arguments ! Les hommes ont besoin d’arguments. Ce n’est pas pour rien que le Bon Dieu nous a mis, parmi tous les animaux, la tête en haut !).

D’abord un argument psychologique tiré des Apôtres. Depuis trois ans ils apprennent à croire et à avoir confiance en leur divin Maître et à l’aimer. Puis ils s’enfuient tous dans le Jardin de Gethsémani et Jésus est exécuté comme un criminel quelconque. Donc après la Passion ils sont totalement découragés (cf. Jn. XX, 19), réaction plus que compréhensible. Mais 50 jours plus tard les voici de retour à Jérusalem où ils affrontent directement les Juifs pour les persuader de croire en Jésus-Christ, des milliers à la fois (cf. Actes II, 41 ; IV, 4). Et encore 300 ans, et ces Apôtres et leurs successeurs auront converti l’Empire romain lui-même. Voilà les faits de l’histoire. Qu’est-ce qui a pu arriver, moins que quelque chose d’aussi sensationnel que la Résurrection, pour expliquer une telle transformation psychologique de chiens battus (pour ainsi dire) en conquérants du monde ?

Ensuite un argument historique tiré des Juifs. En haine du Christ ils L’ont tué, comme ils se sont efforcés depuis de détruire Son Église. Pourtant dans les 50 jours voici Ses disciples de retour qui leur commandent de se faire baptiser au nom du Christ, en se servant de la Résurrection comme argument principal (Actes II, 24–36). La meilleure façon de les arrêter net, n’aurait-il pas été de produire le cadavre du Christ ? Et n’est-il pas certain, alors comme aujourd’hui, qu’ils disposaient de tout argent, tout pouvoir politique et de toute la force policière pour repérer n’importe quel cadavre, si seulement le cadavre était encore là à repérer ? Mais le christianisme, au lieu d’être arrêté net, a décollé. La seule explication possible, c’est qu’il n’y avait plus aucun cadavre à repérer. La résurrection est vraie, et on n’a même pas besoin de la foi surnaturelle pour l’accepter. Pierre a eu raison – Actes II, 38 – « Repentez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ. »

Kyrie eleison.