Apocalypse

Cardinal Pie – II

Cardinal Pie – II on juillet 5, 2014

La citation du Cardinal Pie de la semaine dernière (cf. CE 363) continue immédiatement ainsi :

« Or, dans cette extrémité des choses, dans cet état désespéré, sur ce globe livré au triomphe du mal et qui sera bientôt envahi par les flammes, que devront faire tous les vrais chrétiens, tous les bons, tous les saints, tous les hommes de foi et de courage ? S\’acharnant à une impossibilité plus palpable que jamais, ils diront avec un redoublement d\’énergie et par l\’ardeur de leurs prières et par l\’activité de leurs

Anxiété Sédévacantiste – I

Anxiété Sédévacantiste – I on janvier 25, 2014

Les paroles et les actes du Pape François depuis son élection au début de l’année passée ont été si peu catholiques et si outranciers qu’ils ont relancé l’idée que les derniers papes ne furent pas réellement Papes (« sédévacantisme »). Remarquons d’abord que le Pape François ne fait qu’exprimer plus ouvertement que ses prédécesseurs la folie de Vatican II. La question demeure de savoir si les six Papes Conciliaires (excepté éventuellement Jean-Paul I) peuvent réellement avoir été Vicaires du Christ.

La question n’est pas d’une importance primordiale. S’ils n’ont pas été Papes, de toute manière la Foi catholique et la morale, au moyen desquelles je dois « faire mon salut avec crainte et tremblement » (Filip.II,12) n’ont pas changé d’un iota. Et, s’ils ont été Papes, de toute façon je ne peux leur obéir dans la mesure où ils se sont éloignés de cette Foi et de cette morale, car « nous devons obéir à Dieu avant que d’obéir aux hommes » (Actes V,29). Néanmoins je crois qu’il convient d’offrir quelques réponses à certains arguments des sédévacantistes, car il y a des sédévacantistes qui paraissent désirer faire de la vacance du Siège de Rome un dogme que les Catholiques doivent absolument croire. A mon avis ce n’est pas le cas. « Dans les choses douteuses, la liberté » (Saint Augustin).

Je pense que la clef du problème dont le sédévacantisme n’est qu’une expression entre autres, c’est que Vatican II a été un désastre sans précédent dans toute l’histoire de l’Église de Jésus-Christ, tandis qu’en même temps il fut la conclusion logique pour les prélats catholiques d’une longue décadence qui remonte à la fin du Moyen Âge. D’un côté la nature divine de l’Église Catholique et les principes qui gouvernent toutes ses crises, y compris la crise Conciliaire, ne peuvent changer. D’un autre côté, l’application de ces principes doit prendre en compte les circonstances humaines toujours changeantes à l’intérieur desquelles ces principes jouent. Et le degré de la corruption humaine de nos jours n’a pas de précédent.

Ceci dit, deux des principes qui ne changent pas sont d’un côté que l’Église est indéfectible, puisque Notre Seigneur a promis que les portes de l’Enfer ne prévaudront pas contre elle (Mt.XVI,18). D’un autre côté Notre Seigneur s’est aussi demandé s’il trouverait encore la Foi sur la Terre lors de sa Seconde Venue (Lc.XVIII,8), citation importante car elle suggère clairement que l’Église aura presque complètement déserté à la fin du monde, tout comme elle paraît être en train de le faire en 2014. En effet si aujourd’hui nous ne vivons pas la fin du monde, nous sommes certainement en train de vivre la répétition générale de cette fin du monde, ainsi que Notre Dame de La Salette, le Vénérable Holzhauser et le Cardinal Billot l’ont tous suggéré.

Par conséquent aujourd’hui, comme à la fin du monde, la défection peut aller très loin. Certes elle ne peut aller plus loin que Dieu Tout-puissant ne l’aura permis, afin de garantir que son Église ne disparaisse pas totalement. Mais la défection peut aller aussi loin que Dieu le permettra – en d’autres mots rien n’empêche que son Église ne disparaisse pas presque complètement. Et jusqu’où exactement ce « presque complètement » peut-il aller ? Dieu seul le sait, aussi n’y a-t-il que le temps qui puisse nous le dire, car nul d’entre nous autres hommes ne sonde l’esprit de Dieu, et seulement les faits peuvent nous révéler après coup ce qui était prévu dans l’esprit divin. Mais Dieu nous révèle en partie son esprit dans l’Écriture Sainte.

Or, en ce qui concerne la fin du monde, bon nombre des interprètes du Chapitre XIII,11–17 de l’Apocalypse pensent que la Seconde Bête, semblable à un agneau et au service de l’Antéchrist, n’est autre que les autorités de l’Église, car si celles-ci tenaient tête à l’Antéchrist, jamais il ne serait en mesure de vaincre – mais l’Ecriture dit qu’il vaincra. Donc : est-il si extraordinaire que lors de la répétition générale de la fin du monde les Vicaires du Christ parlent et se comportent comme des ennemis du Christ ? A la lumière de ces antécédents nécessaires, le « Commentaire » de la semaine prochaine proposera des réponses à quelques-uns des principaux arguments des sédévacantistes.

Kyrie eleison.

Billot – II

Billot – II on décembre 28, 2013

Pour établir le lien entre les sept Lettres adressées aux sept églises d’Asie (Apoc. II et III) et sept grandes époques de l’histoire de l’Église (voir ce Commentaire du ), le Cardinal Billot recourt non seulement aux noms de ces églises mais aussi au contenu des Lettres. A cet égard la Lettre à l’église de Sardes (Apoc. III, 1–6) est d’un intérêt particulier pour nous, parce qu’elle correspondrait à notre propre époque, la cinquième, celle de la Grande Apostasie. Après avoir évoqué la richesse, le luxe et la prospérité matérielle que l’on associe à Crésus, roi célèbre de Sardes, le grand théologien Jésuite écrit :—

« Comme on pouvait s’y attendre, cette église semble être dans un état de décadence spirituelle. L’apostasie et la défection se trouvent de tous les côtés, mais tandis que le grand nombre d’âmes abandonnent la religion, il y en a quelques-unes qui restent fidèles au Christ. L’ange dit, «  Tu as quelques noms à Sardes qui n’ont pas souillé leurs vêtements ». Mais, « Tu as le nom d’être vivant et tu es mort ! » Le nom (mais pas la réalité) de la vie, de la liberté, de la civilisation, des progrès, et (en réalité) tu es mort, croupi dans les ténèbres et dans l’ombre de la mort, parce que la lumière de la vie qu’est Notre Seigneur Jésus Christ a été rejetée. Pour cela l’évêque de Sardes s’entend dire, «  Sois vigilant et fortifie les choses qui restent, car elles sont prêtes à mourir. » Et surtout il est recommandé à cet évêque de s’accrocher sans faille aux traditions des saints Apôtres, sans se départir en quoi que ce soit de ce qu’elles signifiaient pour les Pères de l’Église,sous couleur de les comprendre plus profondément : « Rappelle-toi donc ce que tu as reçu et entendu ; et garde-le, et fais pénitence. » En voilà pour la Cinquième Époque. Mais ce qui suit est plus réjouissant », écrit le Cardinal, et il continue avec les Sixième et Septième Époques.

S’il y a des lecteurs de ce Commentaire qui n’ont jamais lu dans le livre de l’Apocalypse ces six premiers versets du troisième chapitre en rapport avec nos propres temps, cela devrait les intéresser. Le lien est remarquable, et pas une coïncidence.

Il est remarquable, parce que « Fortifie les choses qui restent, car elles sont prêtes à mourir » correspond exactement à la Contre-réforme qui a sauvé du Protestantisme le catholicisme, aux Papes anti-libéraux qui ont sauvé de la Révolution ce qui avait survécu de l’Église, à Mgr Lefebvre (avec d’autres) qui a sauvé de Vatican II la Tradition, et enfin à une Résistance qui se bat pour sauver de la chute dans le libéralisme ce qui peut encore se sauver de la FSPX. Assurément les Catholiques peuvent prendre courage de cette vision de l’histoire, en y voyant que la série de leurs défaites, apparemment sans fin ni espoir, s’insère entre un passé éloigné et un avenir à la fin victorieux. C’est justement pour cela que le Bon Dieu nous a donné le livre de l’Apocalypse.

Et la correspondance n’est aucune coïncidence. Notre Seigneur a promis à ses Apôtres (Jn. XVI, 12–14) que son Esprit, le Saint Esprit, serait avec eux et avec leurs successeurs dans la suite des temps pour leur révéler ce qu’il leur faudrait savoir mais pas avant ces temps-là. Pas avant la Guerre des Trente Ans (1618–1638) qui dévastait l’Allemagne le Vénérable Holzhauser n’a-t-il reçu sa vision des sept Époques cachées dans les Lettres aux sept églises d’Asie. Pas avant l’imminence de la Révolution russe (1917) n’avons-nous eu besoin de Notre Dame pour nous rassurer qu’à la fin son Cœur Immaculé triompherait. Certes, l’Église entre actuellement en éclipse (voir à l’Internet les films de la Messe publique célébrée récemment au Brésil par le prélat en blanc), mais ce n’est pas pour autant que nous devons ni ne pouvons faire de nous des libéraux.

Kyrie eleison.