Étiquette : Sept âges de l’Église

La Mise au Tombeau de L’église

La Mise au Tombeau de L’église posted in Les Commentaires Eleison on avril 11, 2020

Si l’on en croit le message de Notre-Dame de La Salette et du Vénérable Barthélémy Holzhauser, ce que nous vivons aujourd’hui n’est que le terme du cinquième âge du monde ; ce n’est pas encore la fin du septième et dernier âge. Le cinquième âge devra bel et bien s’achever dans un grand châtiment préludant au sixième âge ; le sixième âge sera bref, mais il sera le théâtre du plus grand et du plus glorieux triomphe de l’Église dans toute son histoire. Puis viendra le septième âge, celui de l’apparition de l’Antéchrist. Ce dernier âge connaîtra la plus grande persécution de toute l’histoire de l’Église avant la fin du monde, tel que nous le connaissons ; mystérieusement, notre monde cèdera la place à « de nouveaux cieux et une nouvelle terre » (II P. III, 13). Etait-ce là ce que saint Pierre, le vénérable Holzhauser et Notre-Dame de La Salette voulaient dire ? Si tel est le cas, l’Église sortira certainement de la tombe où elle git actuellement, avant de s’envoler pour le Ciel à la fin du monde. Dès lors, toute la question est de savoir comment elle pourra survivre dans son tombeau actuel, et comment elle en sortira.

En fait, il est essentiel de comprendre que l’Eglise appartient à Dieu, que l’Eglise est dirigée par l’Esprit de Dieu, et que l’action de cet Esprit Saint est comparable à celle du vent qui souffle où il veut. On sait qu’il est là parce qu’on l’entend, mais on ne sait ni d’où il vient ni où il va (Jean III, 8). C’est ainsi que les pensées de Dieu dépassent largement nos pensées humaines. Par exemple, nous devons nous habituer à ce que les premiers deviennent les derniers et les derniers les premiers (Mt. XX, 16). C’est ainsi que depuis la fondation de la Fraternité St Pie X en 1970, jusqu’en 2012, date à laquelle ses dirigeants ont posé les conditions du retour de la Fraternité sous l’égide de la Rome conciliaire, la FSSPX combattait en tête pour la défense de la Foi ; mais depuis 2012, elle est devenue officiellement comme le toutou des Romains. Le Système semble avoir englouti la Fraternité et, de la première place qu’elle tenait, elle risque de descendre bientôt à l’une des dernières places, car le Démon ne la laissera pas s’arrêter à mi-chemin.

De nombreux catholiques de tradition ont souhaité, de tout leur cœur, qu’une Fraternité-bis se forme pour prendre la relève. Mais Dieu voulait-Il vraiment une Fraternité-bis ? Peut-être que non. Les années 2010 n’étaient plus les années 1970 ou 1980 où Mgr Lefebvre avait pu étendre la Fraternité au monde entier. La corruption des cœurs et des esprits était déjà bien plus avancée que dans les années 1970. Et depuis 2012, elle s’accélère encore. Voyez comme les hommes d’aujourd’hui manquent de bon sens et comment cette faculté ne cesse de décroître. Bien sûr, la grâce de Dieu peut transformer des êtres humains corrompus en catholiques accomplis, mais Dieu ne force que rarement le libre arbitre humain. Si bien que, lorsque les hommes persistent à vouloir transformer leur vie intérieure en un cloaque, l’hélicoptère de la grâce surnaturelle de Dieu peut préférer ne pas atterrir, de peur de sombrer dans un marécage fangeux.

Or, il est certain que Dieu maintiendra l’Eglise dans les années 2020. Ne fût-ce qu’au moyen d’un mouvement de « Résistance » sans structure ni organisation, traversé de conflits endémiques surgissant entre ses membres qui s’affrontent les uns les autres ! Mais il suffit que ces résistants partagent au moins la même vraie Foi pour que leur mouvement puisse prendre sa place au front du combat. Voire, leur manque de structure peut même présenter un avantage. Comment cela ? Parce que, s’il n’y a qu’une seule tête, sa capture risque d’entraîner la chute de toute la structure, car l’homme moderne n’est-il pas rare qui sait comment il faut obéir ou désobéir ? Par contre, pour peu que les résistants aient un minimum de bon sens et de charité, ils peuvent même s’entendre entre eux, sans avoir à se dévorer les uns les autres. Et si le terme « Résistance » n’est pas une étiquette dont on puisse être fier, ce n’est pas non plus une mauvaise chose, car depuis longtemps la situation dépasse les étiquettes.

En tout cas, pour les catholiques qui souhaitent sauver leur âme en gardant la vraie Foi, ce qui est vital, c’est de voir comment et pourquoi le monde qui nous entoure mine et corrompt la Foi catholique. Ce n’est pas nécessairement par manque de bonne volonté ni de bonnes intentions, bien au contraire. Alors que les premiers protestants étaient des ennemis de la Foi déclarés et obstinés, leurs successeurs, les libéraux du monde entier, peuvent se montrer sincèrement amicaux envers les catholiques. A condition toutefois que ceux-ci partagent leur principe de base, selon lequel la vérité ne peut être que subjective. Pour le libéral, il n’y a qu’un seul dogme : affirmer que tous les autres dogmes sont facultatifs, que les idées sont sans importance, que « tout ce dont vous avez besoin, c’est de l’amour », que toutes les religions ont le même et unique Dieu, etc. Ce dogme est devenu tellement viscéral qu’il n’est même plus remis en question. C’est d’ailleurs pourquoi il est si dangereux. La vérité est exclue du tribunal avant même d’ avoir pu y mettre les pieds. Mais s’il n’y a pas de vérité, comment peut-il y avoir un vrai Dieu ?

Kyrie eleison.

Dieu Embauche

Dieu Embauche posted in Les Commentaires Eleison on avril 29, 2017

Sur de brûlants problèmes actuels l’abbé Jean-Michel Gleize, Professeur de Théologie au Séminaire d’Écône de la Fraternité St Pie X, a rédigé deux articles qui jettent une lumière intéressante sur leur solution. D’abord, le Pape peut-il tomber dans l’hérésie formelle ? Réponse, peut-être, parce qu’on n’a pas toujours cru comme depuis quelques siècles que les Papes sont aussi libres d’erreur. Et ensuite, le document papal Amoris Laetitia montre-t-il que le Pape François est tombé dans l’hérésie formelle ? Réponse, dans le sens strict des mots, non, mais en effet, oui, parce que le néo-modernisme subvertit la doctrine tout en faisant semblant de la maintenir. Cette deuxième question devra attendre un autre numéro de ce « Commentaire », mais pour ne pas se laisser piéger entre le libéralisme et le sédévacantisme, l’abbé Gleize a dû commencer par la première question.

Dans son premier article (qui est plus court), il dit qu’à partir de la dite Réforme Protestante, les théologiens catholiques en général, notamment St Robert Bellarmin, ont tenu que le Pape ne peut pas tomber dans le refus conscient et pertinace d’un dogme défini de l’Église, i.e. dans l’hérésie formelle. Pour étayer leur thèse ils citent l’ordre de Notre Seigneur à St Pierre de confirmer ses frères dans la foi (Lc.XXII, 32), ce qui supposerait que Pierre lui-même ne peut pas la perdre. Et jamais dans toute l’histoire de l’Église, disent-ils, un Pape n’est tombé dans l’hérésie formelle. Par contre avant la révolution Protestante, dit l’abbé Gleize, les théologiens catholiques du 12me au 16me siècle ont jugé en général qu’un Pape peut tomber dans l’hérésie formelle, et cette opinion continue jusqu’aujourd’hui, tout en étant moins commune.

L’abbé conclut qu’en vue surtout des Papes Conciliaires, les théologiens plus récents n’ont pas prouvé leur thèse. Quant à l’argument que Pierre sera toujours protégé par Notre Seigneur de l’hérésie formelle, il faut répondre que la foi est un acte de l’esprit poussé par le libre-arbitre, et il est bien rare que Dieu interrompe le libre-arbitre des hommes. Quant aux Papes dans l’histoire, il y a le cas d’Honorius, anathématisé par ses successeurs pour avoir favorisé l’hérésie monothélite. Certes, pas tous n’acceptent cette conclusion de l’abbé, mais si on la considère du point de vue historique des Sept Époques de l’Église, elle se défend.

Par trois Époques (Apôtres 33–70, Martyrs 70–312, Docteurs 312–500+) l’Église s’est hissée à la Quatrième Époque, les mille ans de la Chrétienté triomphante (500+-1517). Mais vers la fin de ce Moyen Age le Diable, aidé par le péché originel, rongeait la Chrétienté, et les hommes ont lancé la Cinquième Époque, celle de l’Apostasie (1517–2017 ?). Ici les Chrétiens décadents ont inventé une forme d’hypocrisie après l’autre (Protestantisme, Libéralisme, Communisme, entre autres) pour rendre hommage à la vertu et la civilisation chrétiennes, tout en se « libérant » pour profiter du dernier vice, tel le « mariage » de même sexe. Or le Bon Dieu aurait pu faire durer sans fin le Moyen Age, mais pour cela Il aurait fallu interrompre le libre-arbitre. Donc Il a préféré douer Son Église d’un faisceau de Saints spéciaux pour mener la Contre-Réforme, ce qui lui a valu sur les 500 ans suivants, pour varier la population de Son Ciel, une moisson de Saints post-médiévaux. Donc comme antidote à la corruption de l’homme post-médiéval Dieu aurait choisi de renforcer l’autorité dans Son Église pour que les âmes voulant se sauver, mais ne le voulant plus assez par la vertu intérieure, pussent au moins être dirigées encore vers le Ciel par l’autorité extérieure. A ce moment-là, bien sûr, le Diable s’est mis à travailler surtout les autorités élevées de l’Église, et après quatre siècles et demi c’est comme si le Bon Dieu a dit, « Si vous ne voulez plus de Mon Église à Moi, alors ayez la vôtre, » et voilà Vatican II.

Tout cela fait que l’autorité dans l’Église est en ruines, humainement irréparables, et Dieu va recourir à d’autres moyens pour faire sortir de notre monde spirituellement épuisé une nouvelle moisson d’âmes.

Un Châtiment garantira l’éclat initial de l’Église de la Sixième Époque, mais le Diable et le péché originel y auront comme matière à travailler une nature humaine affaiblie en profondeur par le libéralisme de la Cinquième Époque, en sorte qu’il ne leur faudra pas longtemps pour faire arriver la Septième Époque, celle de l’Antichrist. Mais celle-ci sera en même temps l’Époque de quelques-uns des plus grands Catholiques de toute l’histoire de l’Église – une moisson de Saints exceptionnels.

Kyrie eleison.

Dieu Transcendant

Dieu Transcendant posted in Les Commentaires Eleison on avril 8, 2017

Si jamais il y a un moment de l’année où il convient en particulier de contempler la souffrance et mort de Notre Seigneur Jésus Christ, c’est sûrement aujourd’hui, à la veille du Dimanche des Rameaux, juste avant la Semaine Sainte. Et chaque année cette contemplation devient plus nécessaire depuis 50 ans, parce que la souffrance de l’Église qui a éclaté avec Vatican II se fait toujours plus scandaleuse, toujours plus mystérieuse. Nous avons tous besoin de nous rappeler que Dieu est mystérieux, autrement dit qu’ Il dépasse infiniment nos petits esprits humains. « Car mes pensées ne sont pas les vôtres, ni vos voies les miennes. Car autant les cieux sont élevés au-dessus de la terre, autant mes pensées à Moi sont au-dessus des vôtres. » (Is. LV, 8–9).

Cette grande leçon nous est enseignée par le cinquième Mystère Joyeux du Rosaire, où à l’âge de douze ans Notre Seigneur a permis que sa Mère et St Joseph le perdissent pour leur rappeler qu’ Il devait s’occuper des choses de son Père. Sa Mère ne comprenait pas – « Mon Fils, pourquoi avez-vous agi ainsi avec nous ? » En effet, Il avait causé à ses parents humains trois jours d’anxiété intense – « Votre père et moi nous vous cherchions tout affligés. » Notre Seigneur leur répondit comme s’ils n’avaient eu aucune raison de s’affliger – « Ne saviez-vous pas qu’il faut que je sois aux choses qui regardent Mon Père ? » Mais leur anxiété avait été si intense que cette réponse n’était pas humainement compréhensible – « Mais ils ne comprirent pas ce qu’il leur disait. » Néanmoins au lieu de Lui poser encore des questions, Marie « conservait toutes ces choses en son cœur, » pour mieux pénétrer dans les raisons de Dieu, même si elle n’avait pu comprendre.

Au futur Chef de l’Église, Pierre sur laquelle elle serait bâtie, la même leçon des voies de Dieu qui transcendent infiniment les nôtres devait être enseignée, même si plus rudement qu’à la tendre Mère de Dieu. Humain, par trop humain, Pierre reproche à Notre Seigneur Son audace pour avoir osé dire aux Apôtres qu’il montait à Jérusalem pour souffrir et mourir. La réponse de Notre Seigneur est mordante : « Retire-toi de Moi, Satan ! » et pourtant la réponse n’est pas essentiellement différente de celle qu’ Il a donnée à Sa Mère, « car tu ne goûtes pas les choses de Dieu, mais celles des hommes » (Mt. XVI, 21–23). Pierre venait d’être élu comme Pierre de l’Église (Mt. XVI, 16–18). A lui moins qu’à tout autre homme il ne pouvait être permis de penser plutôt humainement que divinement quand il devrait gouverner l’Église.

Pourtant Notre Seigneur reconnaît bien la pensée par trop humaine des hommes dès qu’il s’agit des choses de Dieu. Voilà pourquoi bientôt après avoir fait à Pierre ce reproche si dur, Il l’emmène avec Jean et Jacques sur le Mont Tabor pour que Sa Transfiguration y permît à Sa divinité de paraître tout éblouissante à travers Son humanité. Cela permettrait aux Apôtres d’être secoués jusqu’à la moelle par le déicide atroce qui aura lieu à Jérusalem, mais trois d’entre eux pourraient rendre témoignage de ce qu’ils auraient vu de leurs propres yeux, même avant la Passion, de la divinité qui brillait comme le soleil du dedans de l’homme crucifié sur le Calvaire (cf. II Pierre I, 16–18).

Et de nos propres jours ? Les Catholiques savent que l’Église est la continuation sur terre de la vie Incarnée du Christ sur terre, et donc en principe ils savent de même que tout comme les 33 ans du Christ se sont terminés par Sa Passion et Mort, de même l’Église Militante peut prendre fin sur terre en saignant de toutes ses blessures jusqu’à ce qu’elle soit virtuellement éteinte. Néanmoins, voir ceci en réalité arriver sous ses yeux est apte à secouer la foi de maint brave croyant – « Mais comment est-ce possible que ces Papes-ci, ces Cardinaux et ces Évêques constituent l’autorité de Dieu dans la structure de Son Église ? » Bien sûr, ils n’en sont pas en général les représentants dignes, mais où ailleurs trouve-t-on ceux qui constituent sa structure ? Patience. Même traîné au Calvaire, c’était Dieu. Même traîné dans le Nouvel Ordre Mondial, c’est Dieu. Mais Il n’a pas encore dit Son dernier mot !

Kyrie eleison.

Billot – III

Billot – III posted in Les Commentaires Eleison on janvier 4, 2014

Sans cesse et de façon rusée les chefs actuels de la Fraternité St Pie X travaillent à l’insérer dans le cadre de l’Église officielle, laquelle à son tour travaille sans cesse et de façon rusée à promouvoir les idéaux Révolutionnaires et Conciliaires de la liberté (liberté religieuse), égalité (collégialité) et fraternité (œcuménisme). Mais ces chefs prennent assurément au sérieux le Cardinal Billot. Ils se doivent alors de pondérer ses réflexions sur la Cinquième Époque de l’Église qui suivent son exposition de toutes les sept Époques dans l’Épilogue du premier tome de son célèbre Traité sur l’Église du Christ. Voici quelques-unes de ces réflexions, librement traduites et adaptées du latin :—

« Notre propre époque serait alors la Cinquième Époque, celle de la défection, apostasie et du libéralisme, entre la fin du Saint Empire Romain et ce que St Paul appelle une « résurrection des morts » (Rom. XI, 15). Qu’il en soit ainsi ! A nous tous parmi les tribulations si grandes et si nombreuses d’aujourd’hui (le Cardinal écrivait en 1927 – qu’aurait-il écrit en 2013 ?), cette perspective offre l’espoir d’une restauration future et d’une Contre-Révolution, si je puis dire. Déjà de nombreux savants, politiciens et économistes reconnaissent et admettent sans réserve à quel point les fruits sont empoisonnés de la Révolution française de 1789, qui proclamait que l’unique origine des malheurs du monde c’était le mépris des « droits de l’homme ». Quelle légèreté ! Quelle bêtise ! Quelle folie !

« La liberté des Révolutionnaires débouche dans la tyrannie des forts sur les faibles, leur égalité dans le despotisme toujours plus cruel de quelques milliardaires sur le peuple (on pense à Wall Street, 2013 !) , leur fraternité dans les luttes intestines et la guerre inexpiable entre les classes. Quelques-uns comprennent ceci, tandis que beaucoup ne voient pas le caractère essentiellement satanique de la Révolution. Mais ceux qui pénètrent en dessous de la surface des choses voient que la question religieuse est sous-jacente à toutes les autres questions agitées à présent : que c’est de la peste du libéralisme politique et économique que surgit le libéralisme athée et anti-chrétien exposé ci-dessus ; qu’on ne pourra jamais restaurer l’ordre social tant que les principes de l’Église ne dirigent pas de nouveau la vie publique.

« Si seulement cette reconnaissance théorique portait des fruits pratiques ! De tout notre cœur nous appelons une telle restauration, sachant que les lois païennes sous lesquelles nous vivons actuellement ont beau permettre aux individus de mener une vie chrétienne (en 2013, pour longtemps encore ?), de toute façon elles rendent une société chrétienne absolument impossible. Donc nous cherchons avant tout le royaume de Dieu et sa justice, sans mépriser tout le reste que nous recevrons par surcroît (cf. Mt. VI, 33). Comme le dit St Paul de la piété qu’elle est « utile à tout », telle est aussi l’influence de l’Église, « ayant la promesse de la vie ici-bas, comme de celle à venir »(cf. I Tim. IV, 8)  »

On ne peine pas à discerner ici que le Cardinal n’était point à compter parmi les nombreuses âmes évoquées par lui qui ne percent pas le faux charme du monde moderne. Au contraire, sa compréhension en profondeur de la doctrine catholique lui a permis de décrire nos propres temps presqu’un siècle en avant.

O chefs de la Fraternité, réveillez-vous de votre rêve insensé de convertir les libéraux qui occupent l’Église, et ne feignez plus par vos Déclarations ambiguës que vous prenez toujours la défense de la Tradition ! Vos actions montrent le contraire, et les actions parlent plus fort que toute une série de Déclarations ! Vous avez le nom de vivants, mais vous êtes morts. Réveillez-vous, et fortifiez les choses qui restent, qui sont sur le point de mourir. Rappelez-vous ce que vous avez reçu de Mgr Lefebvre, et observez-le, et faites pénitence.

Kyrie eleison.

Billot – II

Billot – II posted in Les Commentaires Eleison on décembre 28, 2013

Pour établir le lien entre les sept Lettres adressées aux sept églises d’Asie (Apoc. II et III) et sept grandes époques de l’histoire de l’Église (voir ce Commentaire du ), le Cardinal Billot recourt non seulement aux noms de ces églises mais aussi au contenu des Lettres. A cet égard la Lettre à l’église de Sardes (Apoc. III, 1–6) est d’un intérêt particulier pour nous, parce qu’elle correspondrait à notre propre époque, la cinquième, celle de la Grande Apostasie. Après avoir évoqué la richesse, le luxe et la prospérité matérielle que l’on associe à Crésus, roi célèbre de Sardes, le grand théologien Jésuite écrit :—

« Comme on pouvait s’y attendre, cette église semble être dans un état de décadence spirituelle. L’apostasie et la défection se trouvent de tous les côtés, mais tandis que le grand nombre d’âmes abandonnent la religion, il y en a quelques-unes qui restent fidèles au Christ. L’ange dit, «  Tu as quelques noms à Sardes qui n’ont pas souillé leurs vêtements ». Mais, « Tu as le nom d’être vivant et tu es mort ! » Le nom (mais pas la réalité) de la vie, de la liberté, de la civilisation, des progrès, et (en réalité) tu es mort, croupi dans les ténèbres et dans l’ombre de la mort, parce que la lumière de la vie qu’est Notre Seigneur Jésus Christ a été rejetée. Pour cela l’évêque de Sardes s’entend dire, «  Sois vigilant et fortifie les choses qui restent, car elles sont prêtes à mourir. » Et surtout il est recommandé à cet évêque de s’accrocher sans faille aux traditions des saints Apôtres, sans se départir en quoi que ce soit de ce qu’elles signifiaient pour les Pères de l’Église,sous couleur de les comprendre plus profondément : « Rappelle-toi donc ce que tu as reçu et entendu ; et garde-le, et fais pénitence. » En voilà pour la Cinquième Époque. Mais ce qui suit est plus réjouissant », écrit le Cardinal, et il continue avec les Sixième et Septième Époques.

S’il y a des lecteurs de ce Commentaire qui n’ont jamais lu dans le livre de l’Apocalypse ces six premiers versets du troisième chapitre en rapport avec nos propres temps, cela devrait les intéresser. Le lien est remarquable, et pas une coïncidence.

Il est remarquable, parce que « Fortifie les choses qui restent, car elles sont prêtes à mourir » correspond exactement à la Contre-réforme qui a sauvé du Protestantisme le catholicisme, aux Papes anti-libéraux qui ont sauvé de la Révolution ce qui avait survécu de l’Église, à Mgr Lefebvre (avec d’autres) qui a sauvé de Vatican II la Tradition, et enfin à une Résistance qui se bat pour sauver de la chute dans le libéralisme ce qui peut encore se sauver de la FSPX. Assurément les Catholiques peuvent prendre courage de cette vision de l’histoire, en y voyant que la série de leurs défaites, apparemment sans fin ni espoir, s’insère entre un passé éloigné et un avenir à la fin victorieux. C’est justement pour cela que le Bon Dieu nous a donné le livre de l’Apocalypse.

Et la correspondance n’est aucune coïncidence. Notre Seigneur a promis à ses Apôtres (Jn. XVI, 12–14) que son Esprit, le Saint Esprit, serait avec eux et avec leurs successeurs dans la suite des temps pour leur révéler ce qu’il leur faudrait savoir mais pas avant ces temps-là. Pas avant la Guerre des Trente Ans (1618–1638) qui dévastait l’Allemagne le Vénérable Holzhauser n’a-t-il reçu sa vision des sept Époques cachées dans les Lettres aux sept églises d’Asie. Pas avant l’imminence de la Révolution russe (1917) n’avons-nous eu besoin de Notre Dame pour nous rassurer qu’à la fin son Cœur Immaculé triompherait. Certes, l’Église entre actuellement en éclipse (voir à l’Internet les films de la Messe publique célébrée récemment au Brésil par le prélat en blanc), mais ce n’est pas pour autant que nous devons ni ne pouvons faire de nous des libéraux.

Kyrie eleison.

Billot – I

Billot – I posted in Les Commentaires Eleison on décembre 21, 2013

Depuis des années je donne des conférences sur les Sept Époques de l’Église, à base du Commentaire rédigé par le Vénérable Bartolomé Holzhauser sur le livre de l’ Apocalypse. Prêtre allemand de la première moitié du 17ème siècle, Holzhauser estimait qu’il avait été inspiré en l’écrivant. Les conférences ont été bien reçues, en particulier parce qu’elles font encadrer la folie de notre époque dans une vision harmonieuse de toute l’histoire de l’Église. Mais jusqu’à récemment je ne m’étais pas rendu compte que cette vision de Holzhauser fut partagée par un grand théologien classique, le cardinal Billot (1846–1931). Cela fait qu’il est nettement plus difficile de renvoyer Holzhauser comme un illuminé ou « apparitionniste ».

C’est dans l’Épilogue du premier tome de son célèbre Traité sur l’Église du Christ que le cardinal garnit de maint détail la correspondance affirmée par Holzhauser entre sept grandes Époques de l’histoire de l’Église et les lettres aux sept églises d’Asie qui constituent les deuxième et troisième Chapitres du livre de l’ Apocalypse. Billot ne fait pas mention du nom de Holzhauser, mais on conçoit à peine qu’il n’y ait pas eu de lien. N’empêche, pour établir la correspondance Billot ne s’appuie sur aucune vision ni inspiration mais sur les noms mêmes des sept églises. La correspondance entre ces noms et l’évolution de l’histoire de l’Église est soit une coïncidence remarquable, soit – plus vraisemblablement – une trace de la Providence à l’œuvre : Dieu, Maître de l’Histoire !

Ainsi Billot dit-il qu’ Éphèse (Apoc. II, 1–7) signifie en grec un départ ou une attaque, nom évidemment apte pour nommer l’Époque Apostolique (33–70 AD) par laquelle a commencé l’Église. Smyrne (Apoc. I, 8–11) nomme la deuxième église et signifie la myrrhe, ce qui correspond à la passion et aux souffrances de la Deuxième Époque (70–313 AD), celle des Martyres. Pergame (Apoc. I, 12–17) fut une ville célèbre pour sa littérature, d’où « pergame » est venu à signifier matériel sur quoi écrire, ce qui correspond bien au groupe des grands écrivains de la Troisième Époque de l’Église, celle des Docteurs (313- 800 AD). Thyatire nomme l’église suivante (Apoc. II, 18–29) et signifie « splendeur de triomphe », ce qui correspond au triomphe millénaire de l’Église, qui s’étend de Charlemagne (742–814) jusqu’à la Révolution française (1789).

Ces mille ans on peut les calculer aussi entre la conversion de Clovis (496) et l’éruption du Protestantisme (1517), mais que l’on prenne la Réformation ou la Révolution pour le début du déclin de la chrétienté, en tout cas Sardes qui donne son nom à la cinquième église (Apoc. III, 1–6) fut la ville de Crésus, homme fabuleusement riche, ce qui évoque une abondance d’argent, de prospérité matérielle et de décadence spirituelle, traits caractéristiques de notre propre temps. En effet, les avertissements départis à l’église de Sardes correspondent parfaitement à l’époque actuelle, comme nous le verrons avec Billot dans des « Commentaires » suivant celui-ci.

Avec la sixième église, celle de Philadelphie (Apoc.III, 7–13), « amour » (Phil-) « des frères « (-adelphie) nous passons nettement à l’avenir. Billot fait correspondre ce nom à un dernier grand triomphe de l’Église, marqué en particulier par la conversion des Juifs, telle que St Paul l’a prophétisée (Rom.XII, 11), et par leur réconciliation avec les Gentils, pour devenir enfin des frères dans le Christ (Eph.II, 14–16).

Mais l’église de Philadelphie reçoit l’avertissement que la tribulation approche (Apoc. III, 10).

Ce sera la Septième et dernière Époque de l’Église, celle de Laodicée (Apoc.III, 14–22), qui prend son nom du jugement (dike) des peuples (laon). Ce sera l’époque de la dernière et plus terrible des épreuves de l’Église, la persécution de l’Antéchrist, suivie par le Jugement Général, où seront jugées toutes les âmes qui auront jamais vécu, et donc tous les peuples.

Kyrie eleison.