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La Science Dépassèe

La Science Dépassèe posted in Les Commentaires Eleison on mars 6, 2021

Peu de gens seraient prêts aujourd’hui à remettre en question la supériorité de la science lorsqu’il s’agit de procurer aux hommes un monde harmonieux et une qualité de vie. Les Protocoles des Sages de Sion ne préconisent-ils pas de remplacer la religion par la science et le matérialisme (CE 699) afin de résoudre tous les problèmes de la vie  ? Le grand philosophe grec Aristote (384–322 av. J.-C.) usait de quatre causes pour rendre pleinement compte de la réalité : les causes matérielle, formelle, efficiente et finale. Mais pour l’homme moderne, il n’y a plus de cause efficiente (celui qui crée) ni de cause finale (le pourquoi, l’objectif), sans doute parce que ces deux causes, se situant en dehors de la chose, mènent à Dieu, tandis que la forme et la matière sont intrinsèques à la chose. Et depuis Galilée (1564–1642), cette impiété de la “science” ne cesse de grandir.

Cependant, la sagesse de Shakespeare (1564–1616) reconnaissait que le ciel et la terre contenaient beaucoup plus de choses qu’il n’y en avait dans toute la philosophie d’Horatio (Hamlet I), et le plus grand écrivain allemand, Goethe (1749–1832), savait qu’il y avait une connaissance de la Nature qui dépassait la science, une connaissance qui pénétrait au cœur de la Nature. A la charnière du XVIIIe et XIXe siècle, à l’époque de la révolution industrielle et de la promotion des sciences physiques, le poète anglais William Wordsworth de la même époque (1770–1850), était également conscient du fait que l’humanité prenait une direction qui, à bien des égards représentait plutôt une régression qu’un vrai progrès : plus l’homme maîtrisait la matière et plus son esprit reculait. L’un des disciples de Wordsworth fut le prêtre William Faber (1814–1863), célèbre converti au catholicisme et auteur de livres spirituels populaires. Bien que Wordsworth ne se soit jamais converti, il a tout de même porté de beaux fruits de chrétienté. Voici un de ses fameux sonnets sur le monde moderne, aveugle et sourd aux réalités spirituelles :—

Les suppliques du monde nous pressent ou trop tôt ou trop tard

Gagner pour dépenser, voilà notre avatar. Le shopping moderne

La Nature n’a plus rien à montrer ni à dire. Que sentent les bourgeois banlieusards de la nature ?

Nous perdons notre cœur en funestes délires.

Quand la mer dévoilée s’enfle sous le regard Wordsworth lui-même a connu une enfance

De la lune ; quand le vent, tantôt mugit hagard, heureuse baignée des délices de la nature dans

Tantôt parle tout bas à une fleur exquise, la région du Lake District au nord-ouest de

À cela, comme au reste, nous n’avons nulle part. L’Angleterre.

Nous restons froids. Grand Dieu ! Plutôt qu’ainsi périr

Que ne suis-je un paien aux croyances insensées ? Le poète voudrait mieux être né avant le Christ,

Je pourrais, près des vagues, à tout le moins jouir parce que sa croyance dans les dieux païens lui De maintes visions qui peuplent mes pensées, permettrait au moins de sentir une certaine

V oir Protée transformé, ou bien encore ouir communion avec le spectacle glorieux de la nature qui

Le vieux Triton souffler dans sa conque diaprée, s’offre à ses yeux. Par contre, dans son état actuel, il ne

se se sent que sec et triste.

En règle générale, les banlieusards n’aiment pas la poésie, Quant à leurs vils médias ils ne l’impriment qu’en prose, si possible. Les poètes par contre, pour dire ce qu’ils ont à dire, ajoutent souvent la discipline des rimes et du rythme. Ce simple fait suffit à suggérer que la vie ne se limite pas aux banlieues matérialistes. Mais la plupart des banlieusards se contentent de leur matérialisme et préfèrent qu’on ne leur rappelle pas leur indigence. Ainsi, l’amour de la nature prend la forme d’un hors-bord et du water-ski, tandis que la poésie, discréditée, est mise en pénitence, attendant d’être un jour ravivée par une rentrée en grâce des choses spirituelles. Cela viendra. Mais cela dépend de l’Église catholique. Quand il s’agit de tirer vers le bas la Nature et les êtres humains, nul besoin de prévoir autre chose que l’homme. En revanche, pour les élever vers le haut, Dieu seul peut y parvenir. Le Père Faber a montré la voie  : lui au moins n’a pas fini dans le désespoir.

Kyrie eleison.

Deuxième Déluge

Deuxième Déluge posted in Les Commentaires Eleison on janvier 30, 2021

Répétons  : le principal acteur du drame de l’épidémie covidienne, mondialement répandue, est le Bon Dieu. Ni plus ni moins. Certes, Il n’a aucunement part aux multiples péchés qui accompagnent ce fléau, mais Lui seul a créé l’univers et Lui seul le maintient toujours en existence  ; faute de quoi il retournerait au néant. Mais pourquoi la Création ? Pour peupler le Ciel de créatures rationnelles, angéliques ou humaines, qui auront su faire usage de leur existence et libre arbitre, à eux par Dieu octroyés, pour accepter son offre de mériter l’éternelle béatitude à passer avec Lui dans le Ciel. Avec une Sagesse toute divine, bien au-dessus de ce que l’homme peut comprendre, Il gère la vie présente d’ici-bas, de telle sorte que toute âme humaine atteignant l’âge de raison a non seulement son lot de tribulations pour pouvoir manifester qu’elle L’aime suffisamment pour mériter le ciel, mais aussi assez de grâces actuelles pour pouvoir aller au ciel si elle le veut.

De telle sorte que Dieu dirige bel et bien ce que nous pouvons appeler l’effondrement de l’Occident, tout comme il a dirigé le Déluge, au temps de Noé, pour punir l’humanité pécheresse et empêcher qu’elle aille peupler l’enfer au lieu de peupler le ciel. En fait, le Déluge fut une grande miséricorde, car tous les hommes sur terre menaient “une vie corrompue” (Genèse VI, 11–12), et la grande masse des hommes était sans doute en route vers la damnation éternelle, car – tout comme aujourd’hui – l’Enfer était en passe d’emmener le monde entier avec lui. Telle fut la conséquence du péché originel, quelque mille ans après Adam et Eve. Mais lorsque les hommes virent que la montée des eaux du Déluge ne leur laisserait aucune échappatoire, une minorité d’entre eux profita de la lente montée des eaux pour faire un acte de contrition suffisant pour sauver leur âme pour l’éternité. Eh bien, demandez à n’importe quelle de ces âmes-là, maintenant au ciel, si le Déluge n’était pas un acte immense de la miséricorde divine !

Il en va de même aujourd’hui. L’humanité suit les voies de la corruption sur toute la terre. Cette corruption s’est installée avec le matérialisme occidental, mais la faute est bien pire qu’au temps de Noé. Car cette fois-ci, l’Incarnation a eu lieu. En fait, les hommes après avoir profité de ses bienfaits depuis deux mille ans, ont méprisé non seulement Dieu, mais le Dieu incarné. Ils l’avaient pourtant vu se laisser crucifier pour eux, les dotant ainsi par son Sacrifice d’une Église qui les aiderait à sauver leur âme. Or, depuis Vatican II, même les ecclésiastiques ont virtuellement rejeté le Dieu Incarné  : 56 ans après la fin de Vatican II, la corruption avance au galop. Or, peut-on accuser Dieu d’avoir eu hâte en 2020 de frapper ? Difficilement. Ou peut-on dire qu’Il a été cruel  ? Difficilement, si on compare les souffrances de 2020 avec celles qui seront infligées par les krachs économiques, les guerres civiles ou les famines annoncées pour les années à venir. Et si ces malheurs arrivent parce que Dieu les permet, leur cause ne sera-t-elle pas toujours la malice des hommes  ? Qui pourra prétendre que ces fléaux seront immérités ?

De fait, la patience de Dieu pour chacun de nous est admirable, et sa miséricorde éternelle. Seulement, il faudra qu’Il frappe assez fort pour que nous finissions par apprendre notre leçon, et pour que nous commencions à penser de nouveau à aller au ciel. Hélas, quelle que soit la sévérité de la leçon, le risque pour beaucoup trop d’entre nous, c’est que la leçon ne sera cause que de blasphèmes contre Dieu, imprécations contre nos semblables, contre la vie, contre les hommes politiques, contre n’importe qui, en omettant la seule personne véritablement responsable de notre propre détresse  : nous-même.

C’est pourquoi, dans tout ce qui arrive, je veux voir la main immaculée de Dieu et je m’agenouillerai pour Le prier d’accorder sa miséricorde à nous pauvres pécheurs. Les hommes ne peuvent plus résoudre les problèmes dont ils sont aujourd’hui la cause, ils ne peuvent que les aggraver. Avec la grâce de Dieu, j’aurai compassion pour tous mes frères humains, et je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour les aider à sauver leur âme. Mais de Dieu seul j’attendrai de vraies solutions. Lui au moins aura la sagesse et le pouvoir de tout diriger pour le mieux. Voilà ce que je sais d’avance.

Kyrie eleison.

Madiran – 6 Propositions

Madiran - 6 Propositions posted in Les Commentaires Eleison on novembre 28, 2020

Il y a maintenant huit semaines que le numéro 690 de ces “Commentaires” présentait brièvement le livre de Jean Madiran  : l’Hérésie du vingtième siècle. et nos lecteurs pourront se souvenir qu’il y qualifiait cette hérésie de “ la nuit, le vide et le néant”. Pourtant, cette hérésie a exercé, au lendemain de Vatican II et jusqu’à maintenant, un pouvoir ravageur, détruisant la foi, la liturgie, l’Église et les âmes, encore catholiques avant le Concile. Pour livrer à ses lecteurs un aperçu de ce “néant”, Madiran présente, dans les parties III, IV et V le contenu de l’hérésie, tel qu’il se laisse résumer en sept Propositions principales, extraites des écrits de Mgr. Schmitt de Metz, évêque auquel Madiran attribue la mise au point du néant dévastateur qu’est la nouvelle religion conciliaire. Ci-après, nous présentons en caractères gras les sept Propositions en ordre, suivies d’un bref résumé des commentaires de Madiran lui-même là-dessus.

1 La transformation du monde (mutation de civilisation) impose un changement dans la conception même du salut apporté par le Christ,

2 La pensée de l’Eglise sur le dessein de Dieu avait été insuffisamment évangélique.

3 La foi écoute le monde.

4 La “socialisation” n’est pas seulement un fait inéluctable de l’histoire du monde. Elle est une grâce.

5 Aucune époque, avant la nôtre n’a été en mesure de comprendre l’idéal évangélique de la vie fraternelle.

6 Dans un monde tourné vers la prospective, l’espérance des chrétiens revêt sa pleine signification.

7 Le droit naturel est l’expression de la conscience collective de l’humanité. (Cette septième Proposition est si dévastatrice que Madiran lui réservera toute la partie V de son livre.)

1 Madiran a déjà analysé en amont les deux premières Propositions. Pour la première (P1) il se contente donc d’ajouter qu’à elle seule, elle est le principe nécessaire et suffisant de la religion nouvelle. On pourrait la résumer ainsi : “Là où pour le catholicisme tout est tradition, à l’inverse pour le modernisme tout est changement”.

2 P2 commence à élaborer P1, c’est-à-dire à préciser quel changement est nécessaire. A l’instar des innombrables systèmes apparus depuis le protestantisme pour s’opposer au catholicisme, la Proposition en appelle faussement à l’Evangile contre l’Eglise mais, de manière plus étonnante encore. Car c’est maintenant le monde qui nous apprend à devenir évangélique

3 P3 indique clairement que P1 et P2 ont changé l’objet de la foi en désignant ce en quoi les croyants doivent désormais croire : alors qu’autrefois les catholiques devaient croire en Dieu parce qu’Il est Dieu, maintenant ils doivent croire au monde parce que c’est le monde.

4 Et croire au monde moderne, revient à croire à son grand mouvement de “socialisation”, ou de collectivisme, autrement dit, au communisme. Car non seulement ce mouvement est inéluctable, il est de plus une grâce religieuse ( !).

5 En d’autres termes, “le Salut du Christ” (P1) et “le plan de Dieu” (P2) sont devenus de simples mots, que l’on conserve comme des reliques du passé, mais qui ont perdu désormais toute réalité transcendante et même toute réalité propre.

6 De même, toute espérance surnaturelle et toute lutte pour gagner le Ciel de Dieu sont vidées de leur contenu  ; mais la modernité vient les combler – en mieux. Car, au cours des 20 derniers siècles, jamais l’Église et les chrétiens n’ont aussi bien compris l’espérance chrétienne que nous autres hommes de notre temps, qui nous efforçons d’avancer tous ensemble vers le firmament du Nouvel Ordre Mondial ( !).

Pour conclure son commentaire, Madiran Cherche à montrer comment s’articulent ces six Propositions de Mgr. Schmitt. P1 est le tremplin des six autres. Mais d’où vient cette manie du changement, manie si présente chez tous les politiciens modernes ? Cela provient de ce que, avant l’ère moderne, tout était fondé en Dieu et tout tournait autour de Lui. Alors qu’aujourd’hui, l’homme rejette Dieu. Voilà pourquoi tout doit être changé. (P2) l’homme est placé au centre de tout, si bien que (P3) le monde est devenu à l’homme un horizon indépassable. Ce tournant vers l’homme (P4) ne peut s’inverser, mais (P4) il vaut à lui seul une bonne religion. Car (P5) jamais les hommes n’ont été aussi prêts qu’aujourd’hui à épouser la vision anthropocentrique, ou (P6) à se réjouir de l’avenir de l’humanité. La concordance de ce système avec le communisme est évidente, d’une part avec l’élimination de Dieu et, d’autre part, avec la déification de l’homme. Elle sera encore plus claire dès que nous aurons (P7) éliminé la nature et le droit naturel. Les émeutes de cet été aux États-Unis n’ont-elles pas eu pour but l’élimination définitive du Bon Dieu ? Seigneur, ayez pitié de nous !

Kyrie eleison.

Prière de Daniel

Prière de Daniel posted in Les Commentaires Eleison on avril 18, 2020

Le réseau Internet regorge ces jours-ci d’observations et d’analyses, toutes plus intéressantes les unes que les autres, sur le coronavirus et sur la turbulence de la finance mondiale. Mais à l’occasion de ce dérèglement double – ou combiné – on oublie de parler de ce qu’il révèle de plus important, et c’est l’état des relations entre l’humanité et son Dieu, autrement dit, l’apostasie mondiale. Il s’agit d’un crime abominable, et l’écroulement dû au Coronavirus est une punition bien légère en comparaison des fléaux qui ne manqueront pas d’arriver si les hommes ne se convertissent pas. Mais dans l’état actuel des choses, la masse de ce peuple que Dieu s’est choisi en lui donnant la foi catholique, préfère suivre Vatican II, parce que celui-ci assouplit l’ancienne discipline, et permet à l’homme de s’adorer lui-même, au lieu d’adorer Dieu. Nous devrions tous implorer à genoux le pardon de Dieu, comme l’a fait Daniel dans l’Ancien Testament. Voici sa puissante prière tirée du chapitre IX, verset 3–19 ; il est assez simple de l’adapter à l’époque que nous vivons.

3 Je tournai mon visage vers le Seigneur mon Dieu, pour Le prier et Le conjurer dans les jeûnes, le sac et la cendre. 4 Je priai l’Éternel, mon Dieu, et je lui fis cette confession : « Seigneur, Dieu grand et terrible, qui gardez inébranlablement l’alliance et votre miséricorde à l’égard de ceux qui vous aiment et qui observent vos commandements, 5 nous avons péché, nous avons commis l’iniquité, nous avons fait des actions impies et nous nous sommes éloignés de Vous ; nous nous sommes détournés de vos commandements et de vos préceptes ; 6 nous n’avons pas écouté vos fidèles Vicaires d’avant Vatican II ; eux se sont adressés, en Votre Nom, à nos rois, à nos présidents, à nos pères, et à tous les peuples du monde. 7 A Vous, Seigneur, appartient la justice, mais à nous la confusion du visage, telle qu’elle est aujourd’hui pour les hommes d’Église, pour les habitants de Rome, et pour tous les catholiques, qu’ils soient proches ou qu’ils soient loin, dans tous les pays où vous les avez élevés, à cause de leur apostasie sournoise à Votre égard. 8 A nous, Seigneur, à nos rois, à nos présidents et à nos pères, revient la confusion de la face, parce que nous avons péché contre Vous. 9 A l’Éternel, notre Dieu, appartiennent la miséricorde et la propitiation, car nous nous sommes retirés de Vous, 10 et nous n’avons pas écouté la voix du Seigneur, notre Dieu, nous n’avons pas observé les lois qu’Il nous a fait connaître par ses serviteurs fidèles. 11 Toute l’Église a transgressé Votre loi et s’est détournée, refusant d’obéir à Votre voix. Et la malédiction et l’exécration qui sont écrites dans le livre de Moïse, le serviteur de Dieu, ont été répandues sur nous, parce que nous avons péché contre Dieu. 12 Il a accompli les paroles qu’Il avait prononcées contre nous et contre les princes qui nous gouvernaient, en faisant fondre sur nous une grande calamité ; car sous tout le ciel il n’y a rien eu de semblable à ce qui a été fait contre Rome. 13 Comme il est écrit dans la loi de Moïse, toute cette calamité s’est abattue sur nous, mais nous n’avons pas imploré la miséricorde du Seigneur, notre Dieu, en nous détournant de nos iniquités et en prêtant attention à Sa vérité. 14 C’est pourquoi l’Éternel a veillé à ce que cette calamité s’accomplisse et il l’a fait venir sur nous ; car notre Dieu, l’Éternel est juste dans toutes Ses œuvres, et nous n’avons pas écouté sa voix. 15 Et maintenant, Seigneur notre Dieu, qui avez fait tomber Votre Église, datant de deux mille ans, par une main puissante, et qui Vous êtes fait un Nom, tel qu’il est aujourd’hui, nous avons péché, nous avons fait le mal. 16 Seigneur, selon toute Votre justice, je vous en conjure, que Votre colère et Votre fureur se détournent de Votre ville de Rome, des sept collines saintes, car à cause de nos péchés et pour les iniquités de nos pères, Rome et Votre peuple sont devenus un sujet d’opprobre à tous ceux qui nous entourent. 17 Maintenant Seigneur, mon Dieu, écoutez les prières de vos serviteurs et leurs supplications, et pour Votre bien, Seigneur, faites briller Votre face sur votre sanctuaire maintenant désert. 18 Seigneur Dieu, prêtez l’oreille et écoutez, ouvrez Vos yeux et regardez notre désolation, regardez l’Église qui porte Votre nom ; car ce n’est pas à cause de notre justice que nous vous présentons humblement nos supplications, mais à cause de votre grande miséricorde. 19 Dieu Éternel, écoutez-nous, Dieu Éternel, pardonnez-nous, soyez attentif et agissez, ne tardez pas, mon Dieu, pour Vous-même, mon Dieu, car Votre ville et Votre peuple portent Votre Nom ».

Kyrie eleison.

Échec de la « Résistance » ?

Échec de la « Résistance » ? posted in Les Commentaires Eleison on août 23, 2014

Certains lecteurs de ces « Commentaires » auront eu sans doute un problème avec la référence de la semaine dernière (CE 370) au « tant de lenteur apparente » avec laquelle la « Résistance » fait actuellement son chemin. Peut-être auraient-ils préféré un courageux appel aux armes. Mais nous devons rester réalistes. Par exemple, lorsque le diocèse Traditionnel de Campos au Brésil se jeta dans les bras de la Néo-Rome en 2002, plusieurs d’entre nous n’avons-nous pas dit que parmi les 25 prêtres formés à l’école de Monseigneur de Castro Mayer, il y en aurait au moins quelques-uns qui sortiraient du rang ? Cependant pas un seul ne l’a fait depuis lors pour continuer la vraie défense de la Tradition que fut celle de ce bon évêque, de telle sorte que tous ils se trouvent depuis sur la pente glissante du néo-modernisme. Cependant on n’a pas pour autant à baisser les bras ni à rendre les armes.

Avant tout, Dieu est Dieu, et c’est Lui qui conduit cette crise à sa façon, qui n’est pas la nôtre. « Mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos voies ne sont pas mes voies, dit Yahvé » (Is. LV, 8). Dans nos rêves à nous, les prêtres et laïcs lucides devraient être groupés au coude à coude pour faire front commun aux ennemis de Dieu, mais Lui n’a besoin d’aucune « Résistance » de qui que ce soit pour s’occuper de Ses brebis et pour sauver Son Église. Lorsqu’il y a quarante ans Monseigneur Lefebvre avait l’espoir de réunir une poignée d’évêques comme compagnons de lutte pour qu’ils fissent front à ses côtés, publiquement, pour constituer un vrai barrage sur le chemin du rouleau-compresseur Conciliaire, il aurait certainement dû les trouver, mais il ne les trouva pas. De fait, lorsque Dieu interviendra pour sauver la situation, comme évidemment Il va le faire, il sera clair que le sauvetage aura été Son œuvre par l’intermédiaire de Sa Mère.

En deuxième lieu, plus de cinq siècles d’un humanisme sans frein ont rendu l’homme si ignorant de Dieu, du Seigneur Dieu des Armées, que l’humanité a besoin d’une leçon qu’elle n’apprendra pas autrement que de la façon la plus dure. La Neuvième des 14 règles de Saint Ignace pour le Discernement des Esprits (première semaine) donne trois raisons principales de la désolation spirituelle d’une âme, lesquelles peuvent s’appliquer à la désolation actuelle de l’Église :—

1. Dieu nous châtie pour notre tiédeur et négligence spirituelles. Seul Dieu sait aujourd’hui quel châtiment mondial est celui que mérite notre apostasie mondiale et notre immersion dans le matérialisme et l’hédonisme.

2. Dieu nous met à l’épreuve pour nous démontrer ce qu’il y a réellement en nous et à quel point nous dépendons de Lui. L’homme moderne ne pense-t-il pas sérieusement qu’il sait mieux faire pour diriger l’univers que le Bon Dieu lui-même ? Et, se peut-il que tous les petits efforts des hommes devront échouer d’abord pour que la vérité de Dieu soit enfin comprise ?

3. Dieu nous humilie par la désolation pour tronquer notre orgueil et notre vanité. De la part des principaux ministres de l’unique véritable religion de l’unique vrai Dieu, Vatican II ne fut-il pas une véritable explosion sans précédent de cette vanité humaine qui préfère le monde moderne de l’homme à l’Église immuable de Dieu ? Et la petite Fraternité Saint Pie X, n’a-t- elle pas pensé qu’elle pouvait sauver l’Église ? Si les prétentions et ambitions de la « Résistance » ne restent pas modestes, comme il se doit, elle est vouée d’avance à l’échec.

Alors, quelles devraient être ces ambitions ? Premièrement et principalement, maintenir cette Foi sans laquelle il est impossible de plaire à Dieu (Hébr. XI, 6), et qui est exprimée en une doctrine, dans le Credo catholique. Deuxièmement, être témoin de cette Foi, spécialement par l’exemple, et jusqu’au martyr si nécessaire (martyr est le mot grec pour « témoin »). Ainsi, de quelque façon que la « Résistance » soit organisée ou non, elle doit dédier toutes ses ressources, aussi maigres qu’elles soient, à ce qui aidera les âmes à conserver la Foi. Dès lors, puisque sa prise de position en faveur de la Vérité sera nécessairement reconnue comme telle, du seul fait d’exister elle va témoigner, et son existence sera par là même une réussite et pas un échec.

Kyrie eleison.

Billot – II

Billot – II posted in Les Commentaires Eleison on décembre 28, 2013

Pour établir le lien entre les sept Lettres adressées aux sept églises d’Asie (Apoc. II et III) et sept grandes époques de l’histoire de l’Église (voir ce Commentaire du ), le Cardinal Billot recourt non seulement aux noms de ces églises mais aussi au contenu des Lettres. A cet égard la Lettre à l’église de Sardes (Apoc. III, 1–6) est d’un intérêt particulier pour nous, parce qu’elle correspondrait à notre propre époque, la cinquième, celle de la Grande Apostasie. Après avoir évoqué la richesse, le luxe et la prospérité matérielle que l’on associe à Crésus, roi célèbre de Sardes, le grand théologien Jésuite écrit :—

« Comme on pouvait s’y attendre, cette église semble être dans un état de décadence spirituelle. L’apostasie et la défection se trouvent de tous les côtés, mais tandis que le grand nombre d’âmes abandonnent la religion, il y en a quelques-unes qui restent fidèles au Christ. L’ange dit, «  Tu as quelques noms à Sardes qui n’ont pas souillé leurs vêtements ». Mais, « Tu as le nom d’être vivant et tu es mort ! » Le nom (mais pas la réalité) de la vie, de la liberté, de la civilisation, des progrès, et (en réalité) tu es mort, croupi dans les ténèbres et dans l’ombre de la mort, parce que la lumière de la vie qu’est Notre Seigneur Jésus Christ a été rejetée. Pour cela l’évêque de Sardes s’entend dire, «  Sois vigilant et fortifie les choses qui restent, car elles sont prêtes à mourir. » Et surtout il est recommandé à cet évêque de s’accrocher sans faille aux traditions des saints Apôtres, sans se départir en quoi que ce soit de ce qu’elles signifiaient pour les Pères de l’Église,sous couleur de les comprendre plus profondément : « Rappelle-toi donc ce que tu as reçu et entendu ; et garde-le, et fais pénitence. » En voilà pour la Cinquième Époque. Mais ce qui suit est plus réjouissant », écrit le Cardinal, et il continue avec les Sixième et Septième Époques.

S’il y a des lecteurs de ce Commentaire qui n’ont jamais lu dans le livre de l’Apocalypse ces six premiers versets du troisième chapitre en rapport avec nos propres temps, cela devrait les intéresser. Le lien est remarquable, et pas une coïncidence.

Il est remarquable, parce que « Fortifie les choses qui restent, car elles sont prêtes à mourir » correspond exactement à la Contre-réforme qui a sauvé du Protestantisme le catholicisme, aux Papes anti-libéraux qui ont sauvé de la Révolution ce qui avait survécu de l’Église, à Mgr Lefebvre (avec d’autres) qui a sauvé de Vatican II la Tradition, et enfin à une Résistance qui se bat pour sauver de la chute dans le libéralisme ce qui peut encore se sauver de la FSPX. Assurément les Catholiques peuvent prendre courage de cette vision de l’histoire, en y voyant que la série de leurs défaites, apparemment sans fin ni espoir, s’insère entre un passé éloigné et un avenir à la fin victorieux. C’est justement pour cela que le Bon Dieu nous a donné le livre de l’Apocalypse.

Et la correspondance n’est aucune coïncidence. Notre Seigneur a promis à ses Apôtres (Jn. XVI, 12–14) que son Esprit, le Saint Esprit, serait avec eux et avec leurs successeurs dans la suite des temps pour leur révéler ce qu’il leur faudrait savoir mais pas avant ces temps-là. Pas avant la Guerre des Trente Ans (1618–1638) qui dévastait l’Allemagne le Vénérable Holzhauser n’a-t-il reçu sa vision des sept Époques cachées dans les Lettres aux sept églises d’Asie. Pas avant l’imminence de la Révolution russe (1917) n’avons-nous eu besoin de Notre Dame pour nous rassurer qu’à la fin son Cœur Immaculé triompherait. Certes, l’Église entre actuellement en éclipse (voir à l’Internet les films de la Messe publique célébrée récemment au Brésil par le prélat en blanc), mais ce n’est pas pour autant que nous devons ni ne pouvons faire de nous des libéraux.

Kyrie eleison.