Autorité catholique

L’autorité de Monseigneur Lefebvre – II

L’autorité de Monseigneur Lefebvre – II on février 22, 2020

Parlant de l’Autorité dans l’Eglise, nous avons pu définir les principes suivants : (DCLV) – En principe, l’autorité du Pape est indispensable à l’Eglise. (DCLVI) – En principe, les prêtres ont absolument besoin du Pape pour rester unis. (DCLVII) – Si bien que, sur un plan pratique, l’autorité de Mgr Lefebvre a été gravement affaiblie par le fait qu’aucun Pape en exercice n’a voulu le soutenir. (DCLVIII) – Sur un plan pratique, il pouvait jouir d’une certaine autorité de trois manières, suivant les situations : Certains se plaçaient d’eux-mêmes sous son autorité ; d’autres ne lui demandaient d’exercer qu’une autorité partielle, dans un cadre qu’ils définissaient eux-mêmes ; il y avait enfin ceux qui ne lui demandaient rien du tout.

Remarquons tout d’abord que cette classification ne découle pas de la nature de l’autorité elle-même, mais de la décision ce ceux qui en relèvent. En d’autres termes, ce sont les sujets qui « mènent la barque ». Cette situation, anormale dans l’Église, est le résultat direct de Vatican II. L’Autorité catholique s’est alors trouvée complètement ruinée du fait d’une trahison radicale de la Vérité catholique ; la religion objective de Dieu a été remplacée par une invention toute humaine, si bien que l’Église catholique centrée sur Dieu s’est transformée en une Néo-église centrée sur l’homme. Les prêtres catholiques ont été radicalement discrédités par le Concile. Ils le restent aujourd’hui encore, et cet état persistera tant que les hommes d’Église refuseront de prêcher la Vérité divine. Car il n’y a qu’elle qui puisse leur rendre leur pleine autorité.

Parmi ceux qui ont demandé à l’Archevêque d’exercer sur eux son autorité, on compte bien entendu les membres des Congrégations catholiques qu’il a fondées. Il s’agit de prêtres séculiers mais aussi de frères et de sœurs ou encore de tertiaires. Il a voulu rendre ces Congrégations aussi conformes que possible au droit de l’Eglise, avec des degrés d’obéissance à lui-même en tant que Supérieur Général, avec des vœux lors des ordinations pour les prêtres ou des promesses solennelles lors de l’entrée officielle de prêtres, frères ou sœurs dans leurs Congrégations respectives. Dans l’histoire de l’Eglise, de tels vœux sont adressés à Dieu, mais en cas de besoin, on peut en être relevé dans la Fraternité (discrètement) par l’autorité romaine, comme il est normal. Les promesses dépendent beaucoup du choix de ceux qui les font. Mais ce qui a miné l’autorité de l’Archevêque, comme nous le soulignions dans les « Commentaires » de la semaine dernière, c’est qu’il a été l’objet d’une condamnation officielle du Pape et de ses frères dans l’épiscopat. Par conséquent, lorsqu’un prêtre décidait de quitter la Fraternité, qu’il fût orienté à gauche vers le libéralisme ou à droite vers le sédévacantisme, Mgr Lefebvre, comme il l’a dit lui-même, ne pouvait rien faire d’autre que de couper tout contact avec ces transfuges ; afin qu’ils ne prétendissent pas rester en bons termes avec la Fraternité alors qu’ils choisissaient d’être indépendants de son Supérieur.

En second lieu, certains catholiques demandaient à l’archevêque d’exercer chez eux son autorité, mais selon leurs propres conditions (par exemple pour recevoir le sacrement de Confirmation). Il y consentait volontiers, dans la mesure où il le pouvait, mais toujours dans le cadre des normes ecclésiastiques. Son consentement était motivé par la crise de l’Église qui rend douteuse la validité des Confirmations conférées dans le nouveau rite. D’une part, disait-il, les catholiques ont droit à des sacrements certainement valides, mais si par ailleurs ils ne voulaient rien avoir à faire avec lui personnellement, cela restait leur choix engageant leur seule responsabilité devant Dieu.

En troisième lieu, notons son attitude envers ceux qui lui demandaient de n’exercer sur eux aucune autorité. En effet, un grand nombre de prêtres traditionnels sympathisaient avec la Fraternité sans pour autant vouloir y adhérer. Mgr Lefebvre répondait toujours généreusement par des contacts, des liens amicaux, des encouragements ou des conseils lorsqu’on s’adressait à lui. Toutefois, il ne donnait jamais l’impression ni ne se comportait jamais comme s’il avait une quelconque autorité sur ceux qui le sollicitaient. Et il en allait de même avec les laïcs. De nombreux catholiques n’ont jamais approuvé sa position, opposée en apparence à celle du pape. Mais il était d’une courtoisie sans faille, prêt à répondre aux questions, si seulement celui qui les posait méritait une réponse. Et c’est l’objectivité, le caractère raisonnable de ses réponses qui ont incité de nombreux conciliaires à devenir Traditionnalistes et à se placer alors sous son ministère ou sous la direction de ses prêtres.

Bref, le Concile a paralysé l’autorité de l’Église sans aucun doute. Mais, pour les âmes qui cherchaient le salut éternel et qui le voulait vraiment, il y avait une alternative, ou du moins un moyen subsidiaire. Sans prêtres, le salut reste toujours extrêmement difficile. Alors que par l’intermédiaire de Mgr Lefebvre en particulier, mais pas uniquement, Dieu a offert aux âmes une solution de remplacement. C’est toujours le cas.

Kyrie eleison.

L’autorité de Mgr Lefebvre – I

L’autorité de Mgr Lefebvre – I on février 15, 2020

Pour illustrer le rapport entre la Vérité catholique et l’Autorité catholique, référons-nous à l’Athanase des temps modernes, à cet exemple concret que Dieu nous a donné pour nous frayer la voie à travers cette crise pré-apocalyptique : nous voulons parler de Monseigneur Marcel Lefebvre (1905–1991). Au Concile Vatican II, la plupart des dirigeants de l’Église étaient convaincus qu’il y avait quelque chose à changer dans l’expression de la Foi. C’est pourquoi, quelques années plus tard, ils décidèrent, en faisant appel à l’obéissance, de modifier le rite séculaire de la Messe. Mais par la force de sa Foi, l’Archevêque résista, fidèle à la Vérité immuable de l’Église, et manifesta ainsi que la Foi constitue dans l’Eglise le cœur et l’âme de son Autorité divine. Comme le dit un proverbe espagnol, « L’obéissance n’est pas la servante de l’obéissance ».

Certes, Mgr Lefebvre croyait que l’Église avait autorité pour commander à ses membres, à quelque échelon qu’ils soient, lorsqu’il s’agissait du salut de leur âme. Pour cette raison, dans les premières années de l’existence de la Fraternité Saint Pie X (1970–1974), il s’efforça d’observer le droit canon et d’obéir au pape Paul VI autant qu’il le pouvait. Mais lorsque des envoyés de Rome, venus inspecter son séminaire à Écône, tinrent devant les séminaristes des propos contraires à la vérité catholique, il rédigea la célèbre Déclaration de novembre 1974, où il protesta de toutes ses forces contre l’abandon de la Foi catholique par Rome au profit de la nouvelle religion conciliaire. Et, durant l’été 1976, lors de la messe de Lille, cette Déclaration devint comme la Charte du mouvement de la Tradition.

Pourtant, Mgr Lefebvre s’est toujours défendu d’être le chef de file de la Tradition. Pourquoi donc ? Parce que la Tradition catholique était alors (et est toujours) un mouvement officieux, sans aucune structure officielle. Il est vrai que Mgr Lefebvre n’était pas non plus le seul chef parmi les Traditionalistes, et il y en avait qui n’étaient pas d’accord avec lui, et d’autres qui ne lui rendaient pas hommage. Mais il n’empêche qu’un grand nombre de catholiques ont vu en lui leur chef ; ils lui ont fait confiance et ont suivi son exemple. Pourquoi ? Parce qu’ils voyaient en lui la persévérance dans cette Foi catholique qui seule peut sauver les âmes. En d’autres termes, l’archevêque n’avait peut-être officiellement aucune autorité sur eux, car la juridiction est l’apanage des hommes d’Église dûment élus ou nommés mais, il s’est acquis jusqu’à sa mort une autorité morale considérable par sa fidélité à la vraie Foi. En d’autres termes, son attachement à la vérité lui avait donné une autorité, officieuse mais réelle ; alors que l’autorité des autres prélats, par manque de vérité, ne cesse de s’affaiblir. La dépendance de l’autorité, du moins de l’autorité catholique, à l’égard de la vérité, s’est ainsi manifestée aussi clairement que possible.

Cependant, les choses ont été quelque peu différentes pour la Fraternité Saint Pie X, fondée par l’archevêque en 1970. La FSSPX reçut, en effet, de l’Église officielle, une certaine juridiction de Mgr Charrière, évêque du diocèse de Genève, Lausanne et Fribourg, juridiction que le fondateur d’Ecône chérissait, car elle prouvait qu’il n’inventait pas les choses à son gré au fil du temps, mais qu’il faisait une oeuvre d’Église. Il a donc fait de son mieux pour gouverner la FSSPX comme s’il avait été le supérieur normal d’une congrégation catholique normale placée sous l’autorité de Rome. Et la défense de la vraie Foi ne lui donnait-elle pas le droit d’agir ainsi ? Mais les autorités romaines officielles utilisèrent tout leur pouvoir juridique pour ruiner son crédit, lui aliénant ainsi une foule de catholiques qui autrement l’auraient suivi.

De plus la néo-Eglise, dont la subversion s’étendait tout autour de lui, avait pour effet d’affaiblir sérieusement l’autorité de l’Archevêque jusqu’à l’intérieur même de la Fraternité. Prenons un exemple. Si avant le Concile un prêtre mécontent de son évêque diocésain sollicitait l’autorisation de rejoindre un autre diocèse, le second évêque consultait naturellement le premier au sujet du demandeur ; et si le premier conseillait au second de ne rien avoir à faire avec le demandeur, sa demande était immédiatement rejetée. Au contraire, si un prêtre insatisfait de la Fraternité demandait à rejoindre un diocèse de la Néo-église, l’évêque sollicité était prêt à « le recueillir dans le bercail officiel » puisqu’il fuyait volontairement le « schisme Lefebvriste ». L’archevêque n’était donc pas soutenu par ses frères évêques, si bien qu’il ne pouvait pas imposer de discipline à ses prêtres au sein de la Fraternité comme il aurait dû pouvoir le faire. L’exercice de l’autorité était une affaire délicate, dans la mesure où il ne disposait donc d’aucune sanction qui lui permît de contrôler les prêtres rebelles. C’est ainsi que le manque de vérité de la Néo-église privait la Fraternité de l’autorité catholique qui lui était pourtant due pour défendre la vérité.

Par conséquent, pour compenser le manque d’unité dans la Vérité venant de la hiérarchie, les prêtres Traditionnels doivent aujourd’hui faire preuve d’une tolérance supérieure à la normale les uns envers les autres, et les catholiques Traditionnels doivent prier plus que jamais pour que leurs prêtres acquièrent cette tolérance. Cela n’a rien d’impossible.

Kyrie eleison.

Pape Indispensable – II

Pape Indispensable – II on février 8, 2020

Les « Commentaires » de la semaine dernière (DCLV, 1er février) attribuaient la crise sans précédent qui sévit dans l’Eglise catholique à la prévarication des autorités lors du Concile Vatican II ; crise qui perdure maintenant depuis plus de 50 ans. De ce constat découlait logiquement que la crise ne prendrait fin que lorsque l’autorité Catholique serait rétablie dans Vérité. Or la Vérité catholique est immuable. C’est donc au Pape et aux évêques qu’il incombe d’y revenir et non à elle de se déplacer jusqu’à épouser leurs nouvelles positions. Nous déclarions en outre que c’est le Pape qui doit rétablir les évêques dans leur mission, mais que seul le Bon Dieu peut rétablir le Pape dans son rôle. Cependant, Dieu ne remettra le Pape sur pied que « lorsque nous aurons compris la leçon ». En effet, si Dieu nous tirait trop tôt de ce bourbier, nous autres pauvres pécheurs nous n’en profiterions que pour retomber dans nos déviations. Dieu ne peut pas se permettre d’être trop généreux avec notre génération perverse. Mais quelle est la leçon que nous devons alors tirer de cette situation ?

Entre autres enseignements, nous devons admettre que le monde ne peut se passer d’une Église saine ; que pour être saine, l’Église doit avoir un pape aux idées saines, et que ce pape doit être obéi. Par exemple, en 1965, à la fin du concile Vatican II l’apostasie battait son plein parmi les ecclésiastiques. Pourtant, Dieu offrit une nouvelle chance à l’humanité. Paul VI était à ce moment-là confronté à la question grave des moyens artificiels de contrôle des naissances, autrement dit à la contraception. Les conditions de vie dans les villes modernes poussaient la masse des évêques, des prêtres et des laïcs catholiques à remettre en cause l’ancienne condamnation stricte de l’Église. Il leur semblait qu’elle devait être assouplie, que le point de vue du monde moderne était fondé et que la règle immuable de l’Église, en d’autres termes Dieu lui-même, était en tort. Paul VI avait voulu lui aussi adoucir la règle.

Cependant, lorsque la commission d’experts qu’il avait chargés d’étudier la question lui remit son rapport, il vit de lui-même que la règle ne pouvait pas être assouplie. Ses arguments qui aboutissaient au maintien de la règle n’eurent certes pas la force des anciens arguments fondés sur l’immutabilité du droit naturel, mais néanmoins, Paul VI maintint l’essentiel dans son encyclique « Humanae Vitae » de 1968. Cependant, l’encyclique était à peine publiée que l’enfer se déchaîna dans l’Église, et en 1969 Paul VI imposait à l’Eglise la Messe du Novus Ordo. Quand on se demande si Dieu aurait peut-être épargné la Nouvelle Messe aux évêques et aux prêtres si, au lieu de rejeter la loi divine, ils avaient obéi au Pape, cela n’a rien d’une spéculation oiseuse. Car en désobéissant au Pape, alors que celui-ci restait fidèle à la loi divine, ces hommes d’Église ont en fait tous contribué à l’effondrement de l’autorité dans l’Eglise. Dès lors toute loi divine devenait branlante, et c’est ainsi que le chaos s’est installé au sein de l’Église depuis.

Nous avons là un exemple emblématique montrant que la Vérité a besoin de l’autorité, que le monde a besoin de l’autorité de l’Église et que l’Église a besoin du Pape. En particulier dans les grandes villes d’aujourd’hui, les hommes sont incapables de voir en quoi la contraception est mauvaise car elle semble à tous être au contraire une option frappée au coin du bon sens. C’est pourquoi, sans une autorité divine pour interdire la contraception, rien ni personne ne peut résister aux passions humaines qui y poussent. C’est ainsi que Vatican II (Gaudium et Spes #48) a suggéré que dans l’acte de mariage le bien-être des époux passe avant la procréation, ouvrant ainsi les vannes au divorce, à l’adultère, à l’avortement pré- et post-natal, à l’euthanasie, à l’homosexualité, au changement de sexe et à des horreurs encore inconnues, mais toutes contenues implicitement dans l’inversion des fins du mariage. En effet, notre mère l’Eglise sait depuis toujours que briser l’acte de mariage entraîne à sa suite l’éclatement du mariage, de la personne individuelle, de la famille, de la société, de la nation et du monde. C’est dans ce chaos que nous nous trouvons aujourd’hui. Cela montre bien à quel point l’autorité est nécessaire.

Or, afin de permettre aux hommes pécheurs de gagner le Ciel et d’éviter l’Enfer, l’autorité la plus importante pour imposer à leurs esprits faux l’nfaillible Vérité divine et à leurs volontés rebelles la Loi éternelle, est bien celle de l’Église. Et pour incarner cette autorité et la manifester aux hommes le Dieu Incarné, Notre Seigneur Jésus Christ, a choisi d’instituer et organiser Son Église comme une monarchie, dont le chef suprême est le Pape de Rome. À lui seul revient la mission et la grâce de gouverner et d’unifier tous les membres de l’Église autour de la Vérité catholique. Il s’ensuit que, lorsque le Pontife romain se sépare de la Vérité, comme c’est le cas depuis Vatican II, les brebis sont nécessairement dispersées, car personne d’autre que le pape ne reçoit de Dieu cette mission et cette grâce de les unir (cf. Lc. XXII, 32).

Kyrie eleison.

Restaurer l’Autorité

Restaurer l’Autorité on avril 22, 2019

Alors que le christianisme avait déjà ensemencé la terre, le païen Jean-Jacques Rousseau (1712–1778) affirmait que l’homme, par nature, était un animal asocial et que la société humaine n’était qu’un phénomène artificiel. À l’inverse, bien que vivant avant l’ère chrétienne, le païen Aristote (384–322), faisait preuve de beaucoup plus de sagesse : il savait que la société est un fait de nature, car l’homme est par nature un animal social. Il suffit d’observer comment il participe du matin au soir, à toutes sortes de groupes humains, particulièrement à la famille. De plus, chaque homme étant doté du libre arbitre, il importe que toutes les sociétés aient à leur tête une personne investie de l’autorité afin de coordonner les volontés libres qui, livrées à elles-mêmes, sont susceptibles de se disperser en tous sens. C’est pourquoi toute société a besoin d’une autorité, aussi naturelle et nécessaire à l’homme que l’est la société elle-même. Voyez comment le centurion romain reconnaît en Notre Seigneur un homme investi d’une autorité : il part de l’expérience qu’il a de sa propre autorité dans l’armée romaine (Mt VIII, 8–9).

Aussi l’autorité est-elle pour l’homme aussi naturelle que sa nature sociale. Or, sa nature sociale vient de Dieu ; il est donc clair que toute autorité humaine vient finalement de Dieu (cf. Eph. III, 15). En ces temps qui annoncent la fin du monde, l’humanité tout entière, ou presque, tourne le dos à Dieu ; on comprend dès lors que les hommes se révoltent contre toute autorité. C’est pourquoi toute sorte d’autorité est de plus en plus fragile. À titre d’exemple, n’est-il pas de plus en plus courant aujourd’hui que les femmes se déclarent indépendantes de leur mari et que les enfants dirigent leurs parents ? Dans le vrai sens du terme, ce n’est pas naturel. Mais il n’empêche qu’aujourd’hui c’est monnaie courante. Car la révolte contre l’autorité coule dans nos veines. Alors comment restaurer l’autorité naturelle ? Le livre des Nombres (Ch.16) dans l’Ancien Testament nous donne un exemple classique.

Moïse et son frère Aaron étaient respectivement les chefs politique et religieux du peuple israélite, et avaient pour mission de le faire sortir d’Egypte et de le conduire dans la Terre promise. Tous deux avaient été désignés par Dieu, et le peuple le savait bien. Mais les Israélites étaient un peuple fier à la nuque raide. Dans le désert il advint que Coré, cousin germain d’Aaron, jaloux de ses privilèges, appela à la révolte 250 autres Lévites et deux Rubénites : Dathan et Abiron. Le peuple suivit les agitateurs contre l’autorité de Moïse et d’Aaron. Ces deux chefs firent immédiatement appel au Seigneur, qui leur dit de rassembler le peuple le lendemain devant le Tabernacle. Moïse dit au peuple de s’éloigner des tentes de Dathan et d’Abiron qui se tenaient là avec tout leur clan. C’est alors que la terre s’ouvrit et engloutit ces révoltés directement en enfer. Ensuite des flammes envoyées par Dieu dévorèrent Coré et ses 250 Lévites qui convoitaient le prestige et les privilèges que Dieu n’avait accordés qu’à la famille d’Aaron.

C’est ainsi que Dieu démontra Lui-même à qui Il avait donné autorité sur le peuple. Pour les Israélites il était très important qu’il y eût une autorité dans le désert car, malgré la traversée miraculeuse de la Mer Rouge (Exode XIV), ce peuple regrettait les oignons d’Egypte, et Dathan se plaignait de la dureté du désert (Nb XVI, 13–14). Pourtant, Moïse n’avait rien d’un tyran ; c’était le plus doux des hommes (Nombres. XII, 3). Quant à Aaron, il n’avait fait au peuple aucun mal (Nb. XVI, 11). Si Dieu n’avait pas eu recours à une punition extrême contre les rebelles, on peut se demander si Moïse et Aaron auraient été en mesure de conduire les Israélites en Terre promise. Quoi de moins aurait permis de rétablir leur autorité ? On peut aisément se figurer qu’après ce double châtiment miraculeux, aucun Israélite n’était pressé de désobéir encore à Moïse ou à Aaron !

En 2019, le matérialisme rampant dans le monde entier fait que les hommes qui croient en Dieu sont de moins en moins nombreux ; et moins nombreux encore sont ceux qui Le prennent au sérieux. La science et la technique semblent garantir à tous la bonne vie. Alors, qu’avons-nous encore besoin de Dieu ? Mais sans Lui, tout fondement de l’autorité disparaît. L’autorité dans la société humaine, qu’elle qu’en soit la forme, est prête à fondre comme la guimauve. Spécialement dans l’Église catholique. Pour comble, le néo-modernisme exerce maintenant sur ses victimes une telle emprise qu’il est pratiquement impossible de les convertir, tant elles sont profondément persuadées qu’elles sont encore catholiques. Comment l’Église peut-elle survivre ? Si l’autorité catholique doit être restaurée avant la fin du monde, un autre feu mortel, tombant miraculeusement du Ciel, ne sera-t-il pas nécessaire, comme pour Dathan, Coré et Abiron ? On ne se moque pas de Dieu (Gal. VI, 7).

Kyrie eleison.

Les Défenseurs de Menzingen – II

Les Défenseurs de Menzingen – II on mars 3, 2018

Il est vraisemblable que certains lecteurs de ces “Commentaires” ne portent pas grand intérêt pour ce qui leur paraît n’être que de simples querelles intestines entre quelques prêtres catholiques en nombre relativement réduit. Que de tels lecteurs ne sous-estiment pas l’importance de ces apparentes « chicanes ». En fait, Dieu existe, c’est pourquoi la religion mène le monde. Elle règle l’attitude des hommes envers Dieu, et par là l’attitude qu’ils adoptent envers leurs semblables, donc la politique. Quant à l’Église catholique, elle mène la religion car, depuis l’incarnation du Christ, nous savons que le catholicisme est la seule religion fondée par le seul vrai Dieu. Enfin, la Tradition catholique mène l’Église catholique elle-même car cette Église est tout aussi immuable que notre Seigneur Lui-même. Or, pendant 42 ans (1970–2012), la Fraternité Saint-Pie X a été en première ligne dans la défense de la Tradition catholique. Elle fut en effet la seule organisation catholique d’ampleur mondiale qui résistât efficacement, suite au Concile Vatican II, à l’infidélité des modernistes. C’est pourquoi tous les hommes, qu’ils soient athées, protestants ou conciliaires, et particulièrement les prêtres et les amis de la FSSPX, sont concernés par ce problème de l’infidélité à la Tradition catholique au sein de la FSSPX. Que personne n’arrête ici sa lecture !

Dans un article paru dans le bulletin mensuel officiel de la FSSPX aux États-Unis, un nouveau champion de Menzingen, l’abbé. B., vient de s’ajouter à la liste de ceux qui défendent la politique voulant rejoindre la Rome Conciliaire : appelons-les ici les « Réconciliaristes ». Depuis que Vatican II a disjoint l’Autorité Catholique d’avec la Vérité Catholique, cette Autorité qui n’a pourtant d’autre finalité que celle de défendre et de maintenir cette Vérité, tous les Catholiques se sont trouvés, par le fait même, dans une situation de schizophrénie plus ou moins avancée : soit qu’ils suivent l’Autorité mais abandonnent la Vérité, soit qu’ils optent pour la Vérité mais abandonnent l’Autorité, soit enfin qu’ils arrivent à combiner les deux positions selon une variété de proportions.

Mgr Lefebvre, fondateur de la FSSPX, choisit la Vérité. Mais il garda néanmoins tout le respect dû aux détenteurs de l’Autorité Catholique, autant que cela était compatible avec la fidélité à la Vérité. C’est ce qui lui valut de subir de graves persécutions et d’être condamnés par ceux des catholiques qui préféraient l’Autorité. A l’inverse de l’ Archevêque Fondateur, ceux qui lui ont succédé depuis à la tête de la Fraternité ont voulu se remettre sous l’Autorité conciliaire, de sorte que, depuis 2012, la Fraternité est officiellement devenue réconciliariste. Ce revirement, quittant la Vérité défendue par le Fondateur, pour rejoindre l’Autorité Conciliaire, a causé une schizophrénie dans toute la Fraternité, provoquant entre autre un mouvement de “Résistance” contre le “Réconciliarisme”.

Dans la plus grande partie de son article, l’abbé B. demeure catholique dans ses principes, mais en les appliquant, il finit par verser dans le « réconciliarisme ». En conséquence de quoi, voulant peut-être aider la réélection du Supérieur Général réconciliariste en juillet prochain, il attaque la “Résistance” non pour son attachement à la Vérité, qui est son point fort, mais pour sa déconnection de l’Autorité, qu’elle émane de Rome ou de Menzingen. Ce faisant, selon l’abbé B la « Résistance » choisit « la voie facile, pour sa propre aise », prenant ainsi le risque de ne tenir aucun compte du Pape et de méconnaître son autorité ; tandis que vis-à-vis de Menzingen, elle refuse de témoigner respect et obéissance. Et par les critiques systématiques de tout mot du Supérieur général, elle sème la suspicion et contrarie l’effusion de la grâce.

Mais, Monsieur l’abbé, parmi les principes catholiques que vous énoncez, vous reconnaissez vous-même le primat de la Foi. Or Vatican II, en voulant mettre l’homme moderne à la place de Dieu, a provoqué un désastre pour la Foi. C’est pourquoi le conciliarisme et le réconciliarisme sont tous deux également désastreux. C’est à l’aune de ces erreurs qu’il convient de porter un jugement sur les autorités romaines et sur le Supérieur Général actuel de la Fraternité, lequel ne doit surtout pas être remplacé par un autre « réconciliariste ». Le problème n’est pas du côté de la “Résistance” : il est faux de prétendre qu’elle ne tient aucun compte du Pape, et elle ne cherche certainement pas non plus sa facilité et sa propre commodité, car il est extrêmement inconfortable pour les catholiques d’être privés de tout soutien venant des autorités catholiques visibles. Par conséquent, la « Résistance » ne tombe dans aucune « une attitude de schisme ». C’est du Concile que provient le schisme ; c’est le Concile qui empoisonne les Papes ; c’est encore le Concile qui étrangle la grâce de Jésus-Christ. Si quoi que ce soit de de la vraie Fraternité doit survivre, il ne faut pas que son Supérieur Général actuel soit réélu pour encore douze ans.

Kyrie eleison.

Déclaration Des Évêques – II.

Déclaration Des Évêques – II. on avril 30, 2016

Voici la deuxième et dernière partie de la Déclaration des Évêques au sacre de Monseigneur Thomas d’Aquin au Brésil le 19 mars, il y a six semaines :

Pourtant le plus grave de tout au XXIe siècle, c’est peut-être cette masse de Catholiques, clercs et laïcs, qui suivent encore docilement les destructeurs. En effet, comment beaucoup de ces destructeurs ne voient-ils pas ce qu’ils font ? Par une “désorientation diabolique” évoquée déjà avant le Concile par Sœur Lucie de Fatima. Et comment beaucoup de laïcs ne voient-ils toujours pas que l’Autorité catholique n’existe que pour établir la Vérité catholique, et dès qu’elle l’a trahie, elle perd son droit à être obéie ? Par la même désorientation. Et en quoi celle-ci consiste-t-elle, au juste ? En la perte de la Vérité, en la perte progressive de tout sens de l’existence même d’une vérité objective, parce qu’on a voulu se libérer de la réalité de Dieu et de ses créatures, pour la remplacer par la fantaisie des hommes, afin de pouvoir en faire à sa tête. Toujours la fausse liberté.

Mais Dieu n’abandonne pas son Église, et donc dans les années 1970 il a suscité Mgr Lefebvre pour lui venir en aide. Celui-ci a su reconnaître que les Papes et ses confrères au Concile quittaient la Tradition de l’Église au nom de la modernité, et que ce faisant ils finiraient par détruire l’Église. Et alors il a su constituer à l’intérieur de l’Église, comme par miracle, une solide résistance à l’œuvre de destruction, sous la forme d’une Fraternité Sacerdotale qu’il a dédiée à St Pie X, Pape parfaitement clairvoyant quant à la corruption des temps modernes. Or, les Autorités romaines ne supportaient pas que l’on refusât leur supposé “renouveau” Conciliaire, et elles ont tout mis en œuvre pour que cette résistance disparût.

Mais Mgr Lefebvre leur a tenu tête, et pour assurer la survie de son œuvre d’une importance unique pour la défense de la Tradition catholique, en 1988 il a procédé au sacre de quatre Évêques contre la volonté explicite des autorités romaines alors fourvoyées, mais en accord implicite avec la volonté des Papes de toute l’histoire de l’Église, sauf des quatre derniers, tous gagnés au Concile.

Cette décision héroïque de Mgr Lefebvre a été par la suite amplement justifiée par la décadence ininterrompue des autorités de l’Église qui n’ont cherché qu’à la conformer au siècle pourri. De ces quatre Évêques, celui qui parlait espagnol devait s’installer en Amérique du Sud pour s’occuper des fidèles qui voudraient garder la Foi de toujours dans tout ce continent autrefois si catholique, mais où il n’y avait plus d’évêques sûrs pour les mener au Ciel.

Hélas, la décadence n’a pas cessé depuis, mais c’est maintenant la Fraternité Saint Pie-X qui tombe à son tour victime de la pourriture universelle. Lors de son Chapitre Général de 2012, ses chefs, sous leur Supérieur Général, l’ont fait basculer vers le Concile. Au lieu d’insister sur la primauté de la doctrine catholique de toujours, de la Tradition, ils ont ouvert la porte à un accord avec la Rome officielle, vouée au Concile. Et donc depuis 2012, la même désorientation fait son chemin à l’intérieur de la Fraternité, et au moins pour le moment on ne peut plus compter sur ses Évêques. C’est bien triste, mais tout à fait normal dans l’état actuel de l’Église et du monde. Donc, encore une fois, il faut sacrer un Évêque sûr pour assurer la survie de la Foi de toujours, surtout dans tout un continent d’âmes qui ont besoin d’un vrai pasteur pour se sauver pour l’éternité.

Que Dieu soit avec lui ! Prions la Très Sainte Vierge pour qu’Elle le garde sous son manteau, fidèle jusqu’à la mort.

Mgr Jean-Michel FAURE
Mgr Richard WILLIAMSON