Étiquette : Mgr Marcel Lefebvre

POURQUOI la RÉSISTANCE existe-t-elle?

POURQUOI la RÉSISTANCE existe-t-elle? posted in Les Commentaires Eleison on février 10, 2024

Dieu donna dans l’orage un vieux chef, sage et saint. 

Quel jeune peut vouloir s’écarter du chemin ?

Il y a moins d’un mois, le 24 janvier, le prieur brésilien du monastère bénédictin traditionnel de Santa Cruz (niché en hauteur dans les collines derrière Rio de Janeiro au Brésil), Mgr Thomas d’Aquin, a publié une grave dénonciation d’un dirigeant important du mouvement catholique traditionnel, dirigeant actif dans le monde entier. Mais les traditionalistes n’ont-ils pas suffisamment de problèmes hors du monde traditionnel sans avoir à se battre entre eux aussi ? Normalement, le bon sens catholique le voudrait ainsi. Mais pas si la base même du catholicisme, la foi catholique, est en jeu. Or, dans la lutte entre Rome et la Fraternité saint Pie X, la foi est constamment en jeu. Que les lecteurs jugent par eux-mêmes : en tant que pasteur du troupeau de Notre-Seigneur, Mgr Thomas d’Aquin a-t-il fait autre chose que son devoir en dénonçant ce loup déguisé en mouton ? 

La cause de l’existence de la Résistance n’est autre que Mgr Fellay avec ses paroles et ses actes. Ses paroles ont minimisé la gravité de la crise et du Concile. Ses actes ont exposé la Tradition au même sort que les communautés Ecclesia Dei. 

Mgr Fellay n’a pas parlé comme Mgr Lefebvre. Mgr Lefebvre a dénoncé avec vigueur les erreurs du Concile ainsi que ceux qui étaient à l’origine de ces erreurs. Il a mis en garde pratiquement tous les papes conciliaires contre leurs responsabilités. Il a dit à Jean-Paul II que s’il continuait sur la voie de l’œcuménisme, il ne serait plus le bon pasteur, et dans le dessin sur Assise, il a dit, avec des images et des mots, que Jean-Paul II irait en enfer s’il restait œcuméniste. Il a dit au cardinal Ratzinger que lui, Ratzinger, était contre la christianisation de la société. Il a dénoncé l’apostasie de la Rome conciliaire. ( . . . ). Il a défendu les prêtres et les fidèles contre la contagion moderniste. Il s’est exposé à une excommunication invalide mais infamante. Il n’a pas reculé dans la défense de la France contre le danger musulman. Il nous a protégés contre la tentation accordiste de Dom Gérard. Il a été, en un mot, comme les évêques d’autrefois : le défenseur de la chrétienté et du fondement de la chrétienté qui est la foi. Il a été l’homme des vertus théologales, défendant notre foi et toutes les vertus. 

Qu’en est-il de Mgr Fellay ? A-t-il poursuivi les actions de Mgr Lefebvre ? Non. En paroles et en actes, Mgr Fellay s’est écarté de Mgr Lefebvre. En ce qui concerne la liberté religieuse, il a minimisé la gravité de ce que le Concile avait dit. Il n’a pas dit aux papes ce que Mgr Lefebvre avait dit. Il n’a pas attaqué les erreurs comme Mgr Lefebvre. Il n’a pas parlé des deux églises comme Mgr Lefebvre. Il n’a pas distingué clairement l’Église officielle de l’Église catholique, mais a parlé d’une ‘Église concrète’, confondant les fidèles et même les prêtres. Qu’est-ce que cette église concrète ? Sommes-nous obligés d’être dans cette église ? Nous sommes dans l’Église catholique. Nous reconnaissons le pape, mais pas l’Église conciliaire dont parlait le cardinal Benelli. Nous reconnaissons le pape, mais pas sa doctrine ni ses actes contre la Tradition. Ces actes ne sont pas catholiques, mais anticatholiques. 

C’est sous l’influence de Mgr Fellay que le chapitre 2012 a modifié le principe énoncé par le chapitre 2006 : pas d’accord pratique sans accord doctrinal. Cela n’a pas plu à Mgr Fellay et a été modifié. Sous certaines conditions, la Fraternité peut désormais conclure des accords pratiques sans accord doctrinal. C’est une lacune. Une lacune qui pourrait conduire la Fraternité sur la voie des communautés Ecclesia Dei. Elle n’est pas allée aussi loin, mais elle a baissé la garde et Rome en a profité. Mgr Fellay a supprimé les résistances internes à la Fraternité, en expulsant Mgr Williamson et quelques prêtres, puis il en a puni d’autres, comme les sept doyens qui ont protesté à juste titre contre le document de Rome sur les mariages. Mgr Fellay a désorganisé la Tradition, il s’est écarté de la ligne de Mgr Lefebvre et a fait en sorte que d’autres s’en écartent aussi. C’est la raison d’être de la Résistance : résister à cet écartement. 

Nous voulons suivre Mgr Lefebvre en tout, dans la doctrine mais aussi dans les solutions pratiques, car, comme l’enseignent Aristote et saint Thomas, les exemples des anciens servent de principes d’action. Nous suivons Mgr Lefebvre dans la doctrine et dans l’action, en particulier par rapport à la Rome moderniste, afin de rester fidèles à la Rome éternelle, maîtresse de vérité et de sainteté. 

Kyrie eleison 

Les Causes De La Ruine

Les Causes De La Ruine posted in Les Commentaires Eleison on mars 13, 2021

Il y a deux semaines, un vétéran de la cause Traditionaliste faisait dans ces « Commentaires » des remarques intéressantes au sujet de possibles infiltrations, conscientes ou inconscientes, capables de détruire l’Église catholique depuis l’intérieur. Nos lecteurs se souviendront peut-être que ce correspondant s’était efforcé, en vain, de restaurer la Tradition catholique au sein de la structure Conciliaire. Finalement il a dû se rendre à l’évidence  : c’était chose totalement impossible. Mais lorsqu’on lui a demandé : “Et comment ces mêmes hommes d’Église ont-ils pu pousser au suicide de l’Église ? Cela n’a aucun sens”, il a eu d’autres choses intéressantes à dire. Voici sa pensée  :

A mon avis, tout peut se ramener à son amour pour la vérité ou à sa perte de la vérité. Ceux qui aiment de tout leur cœur la Vérité, la trouveront ; ou bien, ils lutteront jusqu’à ce qu’ils la trouvent, afin d’agir en conséquence. Dans les années 1960 -1970, l’effondrement de la Foi a été dû à la grande léthargie dont souffraient les catholiques. Dans les années ‘50, dans ma paroisse, pratiquement personne ne communiait à la messe de midi. Les prêtres venaient du peuple. Or, le peuple se montrait d’une grande mollesse. A l’arrivée des changements Conciliaires, la moitié des gens les acceptèrent avec empressement. Car, cela leur rendait la vie de la “Foi” beaucoup plus facile, parce que les non-catholiques ne montraient plus d’hostilité, étant donné que toutes les religions étaient réputées désormais aussi bonnes l’une que l’autre. Nous pouvions maintenant sourire à tous, et Dieu sait si le clergé y a montré le chemin ! Pour l’autre moitié, les Catholiques ont rejoint en masse les sectes protestantes, tandis que d’autres ont tout simplement abandonné la religion. Quelques âmes courageuses, qui n’avaient pas encore perdu l’amour de la Foi ont fondé leurs propres chapelles. La plus grande inspiration de cette infime minorité venait de Monseigneur Marcel Lefebvre, qui seul avait gardé assez de foi pour discerner qu’il n’y avait plus rien de solide à espérer de la part d’une hiérarchie qui sombrait dans le modernisme.

Dieu seul peut juger le cœur des hommes, mais quelle excuse pourra-t-on trouver à cet abandon de la Foi  ? Presque tous ceux qui ont abjuré auront dû le payer de leur âme. C’est ma propre génération qui a été la pire, parce que nous sommes nés dans la Foi et avons grandi dans la Foi. Or, nous l’avons abandonnée parce que nous voulions nous rendre la vie catholique plus facile, parce qu’elle nous posait trop de problèmes. Bien qu’un peu moins coupables, les générations suivantes, privées de leur héritage catholique, n’ont quand même pas eu de véritables excuses, car chacun a toujours le devoir de vivre de la Vérité. Là où la foi est débile, les catholiques se montrent lâches, en particulier sur la question de l’avortement. Les évêques ne s’y opposent même pas, de peur de perdre leur sacro-saint statut fiscal, ou d’offenser quelqu’un. Le sénateur Timothy Kaine, qui habite notre ville, est favorable à l’avortement comme à la perversion autant qu’on puisse l’être. Ce qui ne l’empêche pas de se prétendre catholique, et même de déclarer que, pour lui, la Foi est la chose la plus importante de la vie. Il résume tout lorsqu’il dit : “Je suis un catholique à la manière du Pape François”. À ma connaissance, l’évêque de Richmond ne l’a jamais affronté sur le point de l’avortement. Encore moins lui a-t-il enjoint de ne pas s’approcher de la Sainte Communion (ou de ce qui en tient lieu), alors qu’il aurait dû l’excommunier depuis longtemps.

Ci-dessus, notre vétéran s’interroge donc sur l’effondrement général des catholiques après Vatican II.
Voici maintenant ci-dessous, un autre lecteur de ces “Commentaires” qui cherche à comprendre la cause du glissement particulier de la Fraternité Saint Pie X. Cette fondation n’avait-elle pas été pourtant élevée par Dieu pour résister à l’effondrement général  ?

Je pense qu’on est en plein pharisaïsme. Le même pharisaïsme qui a mis à mort Notre Seigneur, tue maintenant l’Église et la Fraternité. La véritable humilité et charité ont été perdues. Le pharisaïsme, comme de ces “sépulcres blanchis” de l’Evangile, mène à l’aveuglement spirituel  : “Rendez ce peuple aveugle, afin qu’il ne voie pas tout en voyant, qu’il n’entende pas, tout en entendant” . . . . Les Pharisiens avaient une connaissance parfaite des Écritures et de la Loi, mais ils n’en ont pas moins mis à mort leur Messie. Et aujourd’hui ils tuent l’Église, parce qu’ils ne voient pas ce qu’ils font, ils sont aveuglés . . .

Je suis persuadé que dans la Fraternité certains prêtres étaient, à tout le moins, subversifs, mais au sommet il y a eu certains dirigeants d’une cécité complète. Pourtant, ceux-ci ne seraient jamais arrivés à rien si la Fraternité n’avait pas été infectée comme un tout par le poison du pharisaïsme. Si ses membres avaient humblement et saintement suivi leur Fondateur, ils n’auraient pas pensé être plus et mieux éclairés que lui. Ils n’auraient pas non plus écarté les instances de Notre Dame, demandant de réciter le chapelet pour obtenir la consécration de la Russie. Mais ils étaient persuadés de savoir mieux que Dieu lui-même ce qu’il y avait à faire. Or, une telle insulte ne pouvait pas rester impunie. Le châtiment fut de leur envoyer, comme pour les pharisiens, l’aveuglement spirituel. Terrible châtiment ! Seigneur Dieu, ayez, pitié de nous !

Kyrie eleison.

« Infiltrés » Inconscients

« Infiltrés » Inconscients posted in Les Commentaires Eleison on février 27, 2021

Dans notre parution d’il y a trois semaines, un lecteur cherchait à expliquer le déclin de la Fraternité Saint Pie X après la mort de Mgr Lefebvre en 1991. Etait-il dû à une possible infiltration de la FSSPX venant des ennemis de la Tradition catholique  ? Y a-t-il eu des infiltrés ? Dans ces « COMMENTAIRES », nous avons répondu qu’aucun infiltré, conscient ou clairement identifié, n’avait jamais été découvert. Pour autant, il est vrai qu’un certain nombre de prêtres, à la tête de la Fraternité, ont usé de toute leur influence pour changer la direction que lui avait donnée l’Archevêque fondateur. Mais étaient-ils véritablement conscients d’agir comme l’auraient fait des infiltrés  ? En fait, ils ont agi comme des infiltrés, d’autant plus efficacement qu’ils étaient des infiltrés inconscients ! Certes, Dieu peut savoir si l’un ou l’autre d’entre eux savait exactement ce qu’il faisait en émoussant de l’intérieur la Fraternité et le bruit court que l’un d’eux était franc-maçon, mais à vue humaine rien n’était très évident.

Nous sommes confrontés là au mystère du modernisme qui a dû envoyer des millions d’âmes en enfer. Mais regardons les faits, avec cette fois un autre témoin, un vétéran Traditionaliste averti, qui a passé des dizaines d’années à se battre pour la Tradition catholique dans les chapelles Traditionnelles aux États-Unis. (Les phrases en caractères gras proviennent de l’auteur de ces “Commentaires”, celles en caractères italiques viennent du vétéran.)

Ayant été membre de trois paroisses Traditionnelles, principal fondateur de deux d’entre elles et militant dans les trois, je me souviens avoir dit, il y a de nombreuses années et à maintes reprises, que le diable s’infiltre, entouré de son propre peuple, dans chaque paroisse Traditionnelle. Quel est ce peuple  ? Ce sont généralement des “dormants”, des personnes qui se contentent d’attendre le bon moment pour frapper. Satan, doté d’une intelligence angélique, rôde depuis des milliers d’années. Il est loin d’être stupide  ; il sait qu’il est beaucoup plus facile de détruire une paroisse de l’intérieur que de l’extérieur. J’ai rencontré des personnes de ce genre dans les trois paroisses. Il ne fait aucun doute qu’elles font partie de la FSSPX, mais la plupart méconnaissent qu’elles servent de relais au démon. Lui, en revanche, le sait. De fait, si elles ne sont pas là, il ne fait pas son travail.

La FSSPX devrait couper tout contact avec cette Église conciliaire, véritable chef-d’œuvre diabolique, en attendant le jour où elle se convertira. Ce qui arrivera très probablement, une fois que Dieu l’aura sévèrement châtiée, elle et son partenaire : le monde. La FSSPX tente d’accomplir ce que j’ai moi-même tenté localement lorsque, avec une autre personne, j’ai rencontré en 1990–91, à trois reprises, les deux évêques de Richmond pour négocier la fondation de la paroisse St. Joseph. Soit dit en passant, cette paroisse fut à l’époque la première et la seule paroisse catholique Traditionnelle au monde à être unie à la Rome moderniste, avec possibilité d’entendre la messe et de recevoir tous les sacrements dans le rite Traditionnel. Mais elle ne pouvait pas fructifier.

En fondant la paroisse Saint-Joseph, j’avais l’intention d’attirer des centaines de catholiques du Novus Ordo et, avec le temps, de faire d’eux de bons Traditionalistes. Tout cela n’était que rêveries. Car, l’église Saint-Joseph, qui compte aujourd’hui probablement plus de mille paroissiens, dont la construction a coûté 2,5 millions de dollars et qui occupe plusieurs hectares, est tombée aujourd’hui entre les mains des prêtres de la Fraternité Saint-Pierre, dont l’ordination est douteuse. Elle est devenue maintenant une paroisse hybride, avec la “Messe et les sacrements Traditionnels” mais elle est également dotée de tout ce qui découle du Novus Ordo. Pour moi, il ne fait aucun doute que si elle devait fermer ses portes aujourd’hui, presque tous les paroissiens assisteraient à une “messe” du Novus Ordo le dimanche d’après. Si la FSSPX fusionne un jour avec le Novus Ordo, elle devra s’attendre à subir un sort semblable.

Alors, qu’en est-il de ces deux évêques Novus Ordo et de notre vétéran catholique ? S’agissait-il- d’”infiltrés ” parfaitement conscients de ce qu’ils faisaient  ? Pour le vétéran, certainement pas. Pour les deux évêques, peut-être bien, mais n’est-il pas également possible qu’eux aussi aient agi en toute bonne foi ? Ce qui semble le plus probable, c’est que tous les trois étaient en train de “rêver”. De quoi donc ? Sûrement de marier l’eau avec le feu. De mélanger la vérité Traditionnelle avec la doctrine conciliaire. Mais cela ne marche jamais. Mgr Lefebvre le savait depuis le début. Notre vétéran l’a appris à ses dépens, que Dieu le bénisse. Beaucoup d’âmes dans la Fraternité ne le savent toujours pas. Elles souffrent de cette méconnaissance et continuent de rêver. En fait, toutes sont des “infiltrés” qui s’ignorent.

Kyrie eleison.

LA FRATERNITÉ Reorientée

LA FRATERNITÉ Reorientée posted in Les Commentaires Eleison on janvier 23, 2021

L’abbé Pagliarani, Supérieur Général de la FSSPX, a publié en novembre dernier un texte commémorant le 50ème anniversaire de la fondation de la Fraternité en 1970. L’abbé Edward McDonald, prêtre de la “Résistance” en Australie, a écrit un intéressant commentaire là-dessus que nous résumons ci-après.

1. L’abbé Pagliarani pose la question suivante : “La flamme (“celle d’une charité sans peur”) reçue de notre Fondateur est-elle encore vivante ? Exposée à une crise qui se prolonge indéfiniment dans l’Église et dans le monde, cette précieuse torche ne risque-t-elle pas de s’affaiblir avant de défaillir ? – L’abbé Pagliarani laisse cette question en suspens.

2. C’est à peine si, au fil du texte, l’abbé Pagliarani mentionne le Concile Vatican II. Pourtant, sans Vatican II, la FSSPX aurait-elle une raison d’être  ? Car Rome est la source de toutes ces erreurs sur la foi, sur la doctrine et la morale que la FSSPX a combattues. Les papes post-conciliaires n’ont-ils pas mis en application les enseignements venant du Concile ? Le centre de l’apostasie est au Vatican  ; son siège est là. Or, l’abbé Pagliarani ne mentionne même pas les erreurs de Vatican II. Pourquoi ces omissions ? C’est que, pour lui, le combat est bel et bien terminé  : la FSSPX fait maintenant, avec Vatican II et l’Église conciliaire, cause commune contre le mouvement de la “Résistance”.

3. L’abbé Pagliarani réduit la voilure aux dimensions du combat propre à “la vie spirituelle”. Pour Mgr Lefebvre, le Règne de Notre Seigneur Jésus-Christ tenait la première place  ; procurer aux âmes la vie spirituelle découlait nécessairement de ce but premier. Maintenant, l’abbé Pagliarani fait de la vie spirituelle une priorité en disant, “Notre combat, c’est de permettre à Notre Seigneur Jésus-Christ d’être l’axe de notre vie spirituelle, la source de toutes nos pensées, de toutes nos paroles et de tous nos actes.”

4. Pour l’abbé Pagliarani, tout a été dit  : il n’y a plus de bataille doctrinale à mener. La FSSPX souhaite simplement continuer à parler, répétant sans doute des arguments déjà exprimés contre les erreurs de Vatican II. Mais, de fait, la FSSPX laisse ainsi dormir les erreurs de Vatican II, car beaucoup de nouvelles choses sont à dire, justement parce que, maintenant, le Pape ne cesse de développer de nouvelles erreurs à partir des documents de Vatican II. Qu’en est-il de la réfutation concernant Amoris Laetitia  ? La FSSPX l’a-t-elle seulement entreprise ? Si la FSSPX ne trouve là rien de nouveau à dire, c’est qu’elle a cessé de lutter contre les erreurs du Vatican.

5. L’archevêque Viganò trouve beaucoup de choses nouvelles à dire sur les erreurs de l’Église conciliaire. Pourquoi la FSSPX ne peut-elle faire de même  ? Simplement parce qu’elle a capitulé et qu’elle a été réduite au silence. Elle ne peut plus défendre les droits de Notre Seigneur Jésus-Christ. En novembre 2020, le père Daniel Themann, supérieur du district australien de la FSSPX, a interdit à ses membres de manifester publiquement contre un culte publiquement rendu à Satan dans le Queensland. Les fidèles ont dû se contenter de réparer calmement les sacrilèges dans leur chapelle.

6. La lassitude est un thème récurrent dans la lettre du Père Pagliarani – ce n’est pas le cas des saints. Eux ne se fatiguent jamais, ne se lassent jamais de la bataille. Mgr Lefebvre ne s’est jamais lassé du combat. Il était déjà à la retraite lorsqu’il reprit les armes pour une nouvelle bataille contre l’Église conciliaire. A l’inverse, la FSSPX, lasse, incapable d’efforts, a déposé les armes. Elle n’a “rien de nouveau à dire”.

7. Depuis plus de quinze ans, les séminaires de la FSSPX ne donnent plus aux séminaristes la formation doctrinale nécessaire pour combattre les erreurs modernes. Au contraire, le modernisme et le libéralisme ont été encouragés dans les séminaires. Désormais, les ordinands sont disposés à faire des compromis sur la vérité  ; avec empressement ils co-opèrent avec les évêques diocésains modernistes et se soumettent à eux. L’abbé Wegner, ancien supérieur du district des États-Unis, s’est un jour vanté d’avoir conclu des accords avec quarante évêques américains, tous modernistes et libéraux conciliaires.

8. Tout prêtre resté à la FSSPX après sa capitulation a décidé – si ce n’est explicitement, du moins tacitement – d’accepter cette nouvelle orientation de la FSSPX. Ce ne sont plus des catholiques militants. L’Église est indéfectible. La FSSPX ne l’était pas. Elle a fait défection.

9. Il ne reste plus d’organisation importante, capable de s’opposer à l’assaut des forces du mal qui, sous la forme du communisme athée, sont en train de conquérir la société. La stérilisation de la FSSPX a tari la dernière grande source de grâces et de bénédictions qui pouvait irriguer le monde. Les quelques poches de résistance qui subsistent ne sont pas en mesure d’arrêter, voire simplement d’entraver, l’asservissement du monde au communisme.

Kyrie eleison.

Questions sur la FSSPX

Questions sur la FSSPX posted in Les Commentaires Eleison on janvier 16, 2021

Un lecteur de ces “Commentaires”, nous dit s’inquiéter de ce qu’il voit et entend au sujet de la fidélité de la Fraternité Saint Pie X. Il craint qu’elle ne se montre plus aussi fidèle qu’autrefois et qu’elle ne déçoive l’attente des fidèles. Ce lecteur a en tête plusieurs explications possibles. C’est pourquoi l’auteur de ces “Commentaires” propose quelques considérations en réponse à quelques-unes de ses questions :—

1. On a entendu des rumeurs d’infiltration de la FSSPX. D’après certaines de ces rumeurs, une conspiration visant à infiltrer la Fraternité existait dès le début de son existence. Cependant, d’autres sont d’avis qu’il a fallu attendre longtemps avant que la Fraternité n’ait été infiltrée.

Sans doute les ennemis classiques de l’Eglise, qui déjà du temps de Notre Seigneur épiaient de très près ce qu’il faisait, ont rapidement discerné la menace que représentait pour eux et pour leur Concile Mgr Lefebvre avec sa Fraternité Sacerdotale St Pie X et sa nouvelle génération de prêtres fidèles. Pour ma part je ne peux cependant pas dire que j’aie jamais clairement identifié des ennemis infiltrés, et conscients de l’être. Mais ce que j’ai pu observer, ce sont les fils dans le sacerdoce de Monseigneur qui, après avoir reçu de lui toute la formation voulue, ont cessé de reconnaître ce qu’ils reconnaissaient sous lui, à savoir la nécessité de n’obéir que de manière sélective aux ordres émanant des autorités de l’Église conciliaire, à Rome comme dans les diocèses. Ces prêtres ont beaucoup œuvré, pas tant pour infiltrer que pour changer la FSSPX de l’intérieur. Si aujourd’hui l’œuvre de Monseigneur défendait encore la Foi comme le faisait Monseigneur lui-même, elle pourrait faire un bien immense à une masse considérable de catholiques qui sont maintenant en train d’ouvrir les yeux sur la trahison de Vatican II. Elle les aiderait à voir comment et où survit la vraie Église. Au lieu de cela, la loyauté des dirigeants de la FSSPX semble maintenant s’être vouée aux ecclésiastiques romains de Vatican II, et de nombreuses âmes qu’elle aurait pu convertir, sont maintenant dans la confusion plutôt que sur le chemin de la conversion.

2 La FSSPX a-t-elle donc été infiltrée, et si oui, par qui ?

A proprement parler, par une opération formelle d’infiltration, peut-être pas. Mais d’une manière plus générale, par l’abandon souvent inconscient de ce que voulait Monseigneur face à Vatican II et à ses responsables, alors, oui, il y a eu un changement de cap. Le problème, c’est qu’on s’est progressivement laissé emporter par le courant de la fantaisie moderne, perdant ainsi le sens des réalités. Ce changement est d’ailleurs imputable davantage aux dirigeants de la FSSPX qu’aux humbles prêtres œuvrant sur le terrain. Et le problème de ces dirigeants se situe moins dans leur doctrine catholique que dans l’application qu’ils font de cet enseignement au XXIe siècle, car ils ne parviennent pas à saisir toute la profondeur du mal de notre siècle. Pour eux, les gens sont bien braves et bien gentils.

3. Certains blogs font référence à une famille juive autrichienne du nom de “Von Gutmann”, à laquelle les Rothschild auraient initialement donné un “coup de pouce” financier. Selon Maximilian Krah, cette famille a donné beaucoup d’argent à la FSSPX via une fondation. Qui est cette famille et pourquoi donne-t-elle tant d’argent à la FSSPX ?

C’est une famille juive d’Autriche, mais, autant qu’il m’en souvienne, Mme Von Gutmann que vous nommez était une convertie de bonne foi, et elle a laissé cette somme à la FSSPX en Autriche pour y aider au développement de la Tradition catholique.

4 . Il y a une rumeur sur Internet comme quoi Mgr Lefebvre était sédévacantiste ? Qu’en est-il  ?

À partir de Paul VI, Monseigneur a toujours eu une certaine sympathie pour l’option sédévacantiste en tant qu’elle offrait une solution possible au problème théologique extrêmement grave des Vicaires du Christ qui s’employaient à détruire l’Église. À deux reprises, il a envisagé publiquement la possibilité – en 1976 et en 1985 – que les papes régnant ne le fussent qu’en apparence, et qu’en fait ils n’étaient pas véritablement papes. Toutefois, il ne s’est jamais décidé à adopter cette solution. Souvent il ne l’a envisagée que pour la rejeter. Il considérait qu’elle soulevait plus de problèmes qu’elle n’en résolvait.

5. Pourquoi les dirigeants actuels de la FSSPX ne se réconcilient-ils pas avec Rome ? Qu’en pensez-vous ?

Je crois que beaucoup de bons prêtres de la Fraternité restent encore proches de la pensée de Mgr Lefebvre, et c’est pour cela que les dirigeants de la FSSPX n’osent pas encore se glisser dans les bras de la Rome conciliaire. Mais ces prêtres feraient bien de faire attention !

Kyrie eleison.

Madiran – La Trahison.

Madiran - La Trahison. posted in Les Commentaires Eleison on décembre 26, 2020

En mai 1968, les émeutes étudiantes parisiennes, aussi longues que dures, attirèrent l’attention des médias du monde entier. Par leur théorie subversive prônant la destruction pratique de tout ce qui constituait le mode de vie occidental, ces manifestations estudiantines peuvent se comparer avec les émeutes qui ravagèrent l’été dernier ( 2020) de nombreuses grandes villes aux États-Unis. Ces émeutes de Paris ont inspiré la sixième et dernière partie du livre de Jean Madiran , L’Hérésie du XXe siècle, car elles illustraient, comme dans un livre d’images, tout ce qu’avait voulu dire son livre, à savoir que la civilisation catholique se fait communiste, que c’est une grande trahison, et que ce sont les évêques qui sont les traîtres. D’où les trois chapitres de la sixième partie du livre : 1) Mai 68 est la dernière trahison des évêques, 2) Ils répudient les vrais catholiques, 3) Ils trahissent le vrai christianisme.

Dans le premier chapitre, Madiran raconte comment au printemps 1968, des étudiants révoltés menaçaient de détruire la civilisation occidentale, tout comme le firent les émeutiers de l’été dernier aux États-Unis. Les évêques français proclamèrent alors dans leur Déclaration officielle du 20 juin 1968 : ” C’est un mouvement de fond d’une ampleur considérable” qui “appelle à bâtir une société nouvelle” que “les évêques de France sont d’autant plus disposés à accueillir que le Concile, sensible à la mutation du monde, en avait pressenti l’exigence et fixé les conditions essentielles “. Dans cette même Déclaration ils déclarèrent peu ou prou  : ” La Révolution de 1968 divise le peuple pour et contre, mais nous, les évêques, nous sommes pour.” En fait, dit Madiran, puisque la fin justifie les moyens pour les révolutionnaires, ils ont fait un tel usage de la force, des mensonges et de la ruse afin d’obtenir ce qu’ils voulaient, que par ces excès ils ont provoqué un contre-mouvement plus “large” encore. Mais à ces évêques modernes, que leur importe la subversion radicale du droit naturel entier et de la civilisation chrétienne ? Parmi eux il n’y en a pas un qui prenne le communisme pour une trahison – N’est-il pas simplement un mouvement de réforme ? Ce n’est là qu’un piège mensonger, répond Madiran.

Dans le deuxième chapitre, Madiran raconte comment les évêques, en espérant s’attirer la faveur des révolutionnaires de gauche, ont dû leur apporter sur un plateau la tête des catholiques les plus fidèles de droite, autrement dit, des “intégristes”, ou adeptes du catholicisme intégral. (Pour la même raison dans les années 1970, le pape Paul VI s’est acharné à paralyser l’action de Mgr. Marcel Lefebvre, mais Dieu avait d’autres idées. Pourtant il a suffi du passage de quelques années pour que la Fraternité d’autrefois n’aspirât qu’à recevoir l’onction de la Rome moderniste . . . ) Dans les années 1960 les évêques français s’habituaient à se faufiler derrière un double langage : à gauche, ils disaient : “S’il vous plait  ! Ne nous prenez pas pour des conservateurs ou des intégristes  ! Nous sommes des révolutionnaires, comme vous !” Tandis qu’à droite, ils disaient : “Ah, de grâce  ! ne pensez pas que nous changions rien à rien !”. Et depuis ce temps, ces évêques essaient d’aller dans deux directions à la fois  : Bonne recette pour se paralyser ! Cependant, ils évitent toujours de confronter les “intégristes” avec de vrais arguments. C’est qu’ils ont abandonné la vérité.

Dans le dernier chapitre de son livre, Madiran achève la condamnation des pleutres évêques français. Aujourd’hui, le monde moderne n’est pas bon  ; il se noie dans les mensonges dans tous les domaines : l’Évolution, Six Millions, le 9 septembre 2011, la crise du Covid, et ce ne sont là que quelques-unes des mystifications les plus courantes. Mais où avait-on fait faux chemin ? Les étudiants n’en avaient pas la moindre idée, car on leur avait surtout bourré le crane des merveilles du monde moderne. Mais s’il en était ainsi, il y avait dans les étudiants un instinct qui les portait à tout mettre par terre. Or, l’Église véritable est d’accord. Elle non plus, elle ne croit pas à la modernité. Seulement elle, elle sait exactement ce qui ne tourne pas rond, et elle l’a dénoncé déjà en 1864 dans une liste de 80 points  : le Syllabus des Erreurs relevées par le pape Pie IX. Voilà exactement la doctrine que les évêques auraient dû enseigner aux étudiants. Car si ceux-ci l’avaient bien comprise, ils auraient pu depuis les années 1960 se mettre à reconstruire toute la “civilisation occidentale”. Au lieu de cela, les évêques du monde entier ont préféré, à Vatican II, rejoindre les communistes plutôt que de les combattre  ; les étudiants en ont été transformés en barbares, et toute la civilisation chrétienne a été trahie. C’est par un seul mot que Madiran termine son étude des évêques français : “Misérables !”

L’analyse de L’hérésie du XXe siècle est claire. Les leçons y abondent pour les nations, en particulier pour les Etats-Unis. Mais peut-être que seule une catastrophe de grande ampleur permettra à l’humanité d’en prendre de la graine. Pourtant, comme le disait l’évêque Butler au 18e siècle, “Les choses sont ce qu’elles sont, leurs conséquences seront ce qu’elles seront. Pourquoi chercherions-nous à nous leurrer ?

Kyrie eleison.