le Pape

L’infaillibilité de L’église

L’infaillibilité de <u>L’église</u> on septembre 17, 2016

De la terre au Ciel montent les problèmes. Du Ciel à la terre descendent les solutions. Pour maint problème catholique, il suffit de l’élever en haut pour entamer sa solution. Un exemple classique est celui des Papes conciliaires, un problème auquel depuis 2013 nous faisons face comme jamais auparavant, au moins si brutalement. De toute façon il s’agit d’un mystère, mais si nous ne montons pas assez haut, nous succomberons à l’une ou l’autre de deux tentations classiques : soit il est Pape et alors je dois obéir, soit je ne puis obéir et donc il n’est pas Pape. Mais si je monte de l’humanité du Pape à la divinité de l’Église, je me rends compte que la soi-disant infaillibilité papale est plutôt l’infaillibilité de l’Église, ce qui laisse bien plus de place pour que ce Pape-ci ou ce Pape-là, ou même tout une série de Papes, soit moins que satisfaisant. Allons directement à la définition de l’infaillibilité papale de 1870, définition elle-même infaillible. Voici le texte, orné de quelques mots en gras et de quelques chiffres :—

Nous enseignons et déclarons que cela est un Dogme divinement révélé que le Souverain Pontife, lorsqu’Il parle ex cathedra , c’est-à-dire lorsqu’Il remplit sa charge de pasteur et de docteur de tous les chrétiens, et 1 . en vertu de sa suprême autorité apostolique, 2 . définit 3 . une doctrine concernant la Foi ou les Mœurs, 4 . qui doit être tenue par toute l’Église, en vertu de l’assistance divine qui lui a été promise en la personne de saint Pierre, il jouit de cette infaillibilité dont le divin Rédempteur a voulu que fût pourvue son Église lorsqu’elle définit la doctrine sur la Foi et les Mœurs, et que par conséquent ces définitions du Pontife romain sont irréformables par elles-mêmes et non en vertu du consentement de l’Église. – Concile Vatican I, Sess. IV, Const. De Eccelia Christi, Chapitre iv.

Dans ce texte, on voit clairement les quatre conditions célèbres pour qu’un Pape parle de manière infaillible, mais on voit aussi, tout de suite après, les deux mots en gras qu’on ne semble pas souvent remarquer, mais qui montrent très clairement d’où provient l’infaillibilité papale : elle ne vient pas de lui mais de l’Église. Utilisons une comparaison de tous les jours aujourd’hui, celle d’une femme de ménage qui branche son fer électrique à la prise. Pour que le fer soit chauffé, elle doit le brancher à la prise, mais l’électricité qui réchauffera le fer ne vient pas d’elle-même, bien sûr, mais de la centrale locale.

Pour qu’une définition papale soit infaillible, le Pape doit brancher les quatre conditions à l’Église, pour ainsi dire, et Il est la seule personne sur terre à pouvoir le faire, raison pour laquelle on parle de « l’infaillibilité papale », mais la protection infaillible contre l’erreur qu’Il obtient ainsi ne provient pas de lui-même mais de l’Esprit-Saint à travers l’Église, un peu comme l’électricité ne provient pas de la femme de ménage mais de la station locale à travers la prise de courant. Et comme à la femme de ménage on peut attribuer toute sorte de qualités personnelles comme de défauts sans que ceux-ci ne fassent aucune différence à la chaleur de son fer tant qu’elle le branche à la prise, de même le Pape peut être un saint ou beaucoup moins qu’un saint, mais dès qu’il est dûment élu ou mis en place, au moment où Il engage les quatre conditions, sa définition sera nécessairement libre d’erreur.

Cela signifie que lorsque le Pape n’engage pas ces quatre conditions, à strictement parler, il peut dire n’importe quoi comme tout le monde, sans que l’Église, elle, ne cesse d’être infaillible. De fait, son Infaillibilité Ordinaire est beaucoup plus importante que l’Infaillibilité Extraordinaire des définitions papales, comme des Commentaires précédents ont essayé d’illustrer à l’aide d’une autre comparaison familière, celle d’une montagne et son sommet de neige éternelle (voyez CE 343 et 344 du 8 et 15 février 2014). Le sommet enneigé assure à la montagne une plus grande visibilité, mais pour être vu là où il est vu, il dépend totalement de la masse de la montagne qui le soutient. Ainsi, dès qu’on prend le problème d’assez haut, il n’est plus si important pour l’Église que les Papes conciliaires aient perdu la raison. On peut certes souffrir ici-bas de Papes faillibles, mais notre Mère l’Église demeure sereinement infaillible.

Kyrie eleison.

Vacance Raisonnée – II

Vacance Raisonnée – II on mai 2, 2015

Concernant la déposition d’un Pape hérétique, les Dominicains Traditionnels d’Avrillé en France nous ont rendu un grand service en republiant non seulement les considérations classiques de Jean de St Thomas (cf. CE 405), mais aussi celles d’autres théologiens insignes. Bref, à propos d’un argument simple et populaire d’aujourd’hui, à savoir qu’un Pape hérétique ne peut être membre de l’Église et donc encore moins son chef, les meilleurs esprits de l’Église enseignent que c’est là aller un peu vite en besogne. Bref, le Pape est plus qu’un simple fidèle catholique qui en tombant dans l’hérésie perd la foi, et cesse du coup d’être membre de l’Église. Pour l’Église, le Pape est beaucoup plus qu’un simple Catholique du rang. Pour être clair, présentons les arguments de ces théologiens en forme de questions et réponses :—

Tout d’abord, est-il possible pour un Pape de tomber dans l’hérésie ?

S’il engage toutes les quatre conditions de son Magistère Extraordinaire, il ne peut pas enseigner l’hérésie, mais en dehors de ces quatre conditions l’opinion plus probable, au moins des théologiens plus anciens, c’est que personnellement il peut tomber dans l’hérésie.

Dans ce cas-là, ne cesse-t-il pas d’être membre de l’Église ?

Comme simple personne catholique, oui, mais en tant que Pape, pas nécessairement, parce que le Pape est beaucoup plus qu’un simple Catholique. Comme a dit St Augustin, le prêtre est Catholique pour lui-même, mais il est prêtre pour les autres. Quant au Pape, il est Pape pour toute l’Église.

Mais à supposer que la grande majorité des Catholiques peuvent constater qu’il est hérétique, parce que c’est évident, son hérésie ne ferait-elle pas qu’il ne pourrait plus être Pape ?

Non, parce que même si son hérésie était évidente, beaucoup de Catholiques pourraient encore le nier, par exemple par « piété » envers le chef de leur Église, et donc pour empêcher que l’Église tout entière ne soit jetée dans la confusion, il faudrait une déclaration officielle de l’hérésie du Pape pour obliger les Catholiques de rester unis. Une telle déclaration devrait venir d’un Concile de l’Église, convoqué exprès pour cela.

Mais si l’hérésie était publique et évidente, ne suffirait-elle pas pour le déposer ?

Non, d’abord parce que tout hérétique doit être averti officiellement avant d’être déposé, au cas où il voudrait rétracter son hérésie. Ensuite tout officiel important dans l’État comme dans l’Église assure le bien commun, et c’est pour le bien commun qu’il doit garder son office jusqu’à ce qu’il soit officiellement déposé. Donc tout comme un évêque garde son office tant que le Pape ne l’a pas déposé, de même le Pape garde son office jusqu’à ce que la déclaration officielle de son hérésie par un Concile de l’Église permet au Christ de le déposer (cf. CE 405).

Mais si un hérétique n’est plus membre de l’Église, comment peut-il en être la tête, le membre le plus important de tous ?

Parce qu’être membre personnel et chef officiel, cela fait deux. En tant que membre personnel, il reçoit de l’Église la sanctification, en tant que son dirigeant officiel il lui donne le gouvernement. Or, recevoir, ce n’est pas donner. Il est vrai qu’en tombant dans l’hérésie il cesse d’être un membre vivant de l’Église, mais ce n’est pas pour autant qu’il cesse d’être capable de la gouverner. Etre membre de l’Église par la foi et la charité est incompatible avec l’hérésie, mais de gouverner l’Église par la juridiction officielle ne requiert ni la foi ni la charité, et donc c’est compatible avec l’hérésie.

Mais par son hérésie un ancien Pape a jeté sa papauté !

Pour la personne privée cela est vrai, mais pour la personne ayant une charge officielle et publique cela n’est pas vrai tant qu’un Concile de l’Église n’a pas rendu son hérésie, outre publique, officielle. Jusque-là il faut traiter le Pape de Pape, parce que pour la tranquillité et le bien commun, le Christ maintient sa juridiction.

Kyrie eleison.

Arguments Émotionnels

Arguments Émotionnels on mars 21, 2015

Une comparaison d’hier a l’avantage d’être très claire : sur le dos d’une mule une lourde charge peut être difficile à équilibrer. Si elle se déplace sur la gauche, il faut la pousser vers la droite. Si elle s’incline à droite, elle doit être poussée à gauche. Mais cette double poussée n’est pas contradictoire – son unique but est de maintenir la charge en équilibre. D’une façon semblable, le fait que ces « Commentaires » présentent souvent des arguments contre le sédévacantisme ne signifie pas que l’on pousse vers le libéralisme, ni qu’on affirme que le sédévacantisme soit aussi mauvais que le libéralisme. Il s’agit simplement de reconnaître que les paroles et les actes outrageants de l’actuel occupant du Saint Siège tentent bon nombre de bons Catholiques à renoncer à l’usage de leur raison, et à juger de la réalité selon leurs émotions. C’est là un usage très répandu aujourd’hui, mais qui n’est pas catholique.

Par exemple, en examinant les arguments sédévacantistes, on constate qu’ils ne sont pas si forts qu’ils paraissent à première vue. Voyons les deux derniers à être passés sur mon bureau, provenant de deux Catholiques pieux et forts dans la Foi. Voici le premier : les Papes Conciliaires (en particulier, François) n’ont pas confirmé leur troupeau dans la Foi. Or, il appartient à l’essence d’un Pape de faire cela. Par conséquent les Papes Conciliaires n’ont pas été essentiellement Papes. Réponse : il faut distinguer entre le Pape dans son être et dans son agir. Un Pape devient essentiellement Pape dans son être par son élection dans un Conclave de Cardinaux, élection ou valide en elle-même, ou convalidée par l’acceptation ultérieure de l’élu comme Pape par l’Église Universelle (ce qui a pu être le cas pour plus d’un Pape Conciliaire, Dieu seul le sait). Par contre, pour un Pape de confirmer son troupeau dans la Foi relève de son action ou de son agir. L’être de fond et l’agir sont différents, et peuvent être séparés. Par conséquent un Pape peut faillir dans son action sans nécessairement cesser d’être selon son être un vrai Pape. C’est sûrement le cas de plusieurs, sinon de tous les Papes Conciliaires.

Et voici le second argument : Il est ridicule pour un simple catholique, individuel et faillible, de prétendre s’ériger en juge de l’erreur du Magistère infaillible de l’Eglise. Confronté alors à l’erreur nette (Conciliarisme, par exemple) de ce Magistère (des Papes Conciliaires, par exemple), on est acculé à conclure qu’ils n’ont pas été de vrais Papes. Réponse : le Pape n’est pas nécessairement le Magistère infaillible de l’Eglise. S’il n’engage pas toutes les quatre conditions strictes du Magistère Extraordinaire, ni n’enseigne en accord avec le Magistère Ordinaire de l’Église, alors il est faillible, et si de plus il contredit nettement ce Magistère, alors il est certainement dans l’erreur, et en tant que tel il peut être jugé par n’ importe quel Catholique (ou non-catholique !) qui fasse droit usage de l’intelligence dont Dieu l’a doté. S’il n’en était pas ainsi, comment Notre Seigneur nous aurait-il prévenus tous de nous garder des faux prophètes et des loups déguisés en brebis ( Mt. VII, 15–20) ?

En fait ces deux arguments peuvent provenir d’un rejet émotionnel des Papes Conciliaires. « Ils ont à ce point maltraité l’Eglise qu’il m’est simplement impossible d’accepter qu’ils aient été Papes ! » Mais qu’en eût-il été si j’avais assisté comme spectateur au premier Chemin de la Croix ?—« C’est un si mauvais traitement de Jésus que dorénavant il m’est simplement impossible d’accepter qu’Il soit le Fils de Dieu ! » N’est-il pas vrai que mon rejet émotionnel de ce mauvais traitement eût été correct tandis que ma conclusion eût été néanmoins erronée ? Il y a un mystère impliqué dans les Papes Conciliaires dont les sédévacantistes ne tiennent pas compte.

Ceci dit, il se peut que lorsque l’Église se sera rétablie, la seule autorité compétente en matière pourra déclarer que les Papes Conciliaires n’ont pas été de vrais Papes, mais pour l’instant les arguments jusqu’ ici présentés pour prouver que le Siège de Rome est vacant ne sont pas si concluants que l’on peut les faire paraître.

Kyrie eleison.

Papes vivants

Papes vivants on novembre 29, 2014

Le 29 janvier 1949 le Pape Pie XII fit les observations suivantes au sujet de l’importance du Pape : « Si jamais un jour – Nous le disons par pure hypothèse – la Rome matérielle devait s’écrouler ; si jamais cette Basilique vaticane, symbole de l’unique invincible et victorieuse Église catholique, devait ensevelir sous ses ruines ses trésors historiques et les tombes sacrées qu’elle renferme, même alors l’Église ne s’en trouverait pour autant ni abattue ni fissurée. La promesse du Christ à Pierre resterait toujours vraie, la Papauté durerait toujours, comme aussi l’Église, une et indestructible, fondée sur le Pape vivant à ce moment-là  ».

Étant donné que ces paroles relèvent de la doctrine classique de l’Église (il n’y a que le soulignement qui y ait été ajouté), et fondée sur les paroles mêmes de Notre Seigneur (Mt.XVI,16–18), il n’y a pas lieu de s’étonner si depuis 1962 où les Papes se firent Conciliaires, des millions et des millions de Catholiques ont été amenés à se faire de même Conciliaires et libéraux. L’unique solution au problème que les sédévacantistes puissent voir c’est de nier que les Papes Conciliaires aient même pu être Papes, ce qui peut paraître conforme au bon sens catholique. Mais pour la majorité des Catholiques ce qui paraît être encore plus conforme au bon sens, c’est que l’Église, établie par Dieu pour être fondée sur le Pape vivant, ne peut pas avoir existé depuis tout un demi-siècle (1962–2014) sans un seul Pape vivant.

Il est facile de voir comment la décadence de la civilisation Chrétienne, depuis son apogée au Moyen Age, a conduit à la présente corruption des Papes vivants. Il est facile de voir comment Dieu peut avoir permis cette épouvantable corruption pour châtier cette épouvantable décadence. Ce qu’il est moins facile de voir, c’est comment l’Église peut encore vivre quand les Papes vivants sur lesquels elle est fondée sont convaincus que le libéralisme – la guerre contre Dieu – est catholique. Selon les propres paroles de Notre Seigneur, Un arbre bon ne peut porter de mauvais fruits, ni un arbre mauvais de bons fruits (Mt.VII,18).

Mais un arbre moitié bon moitié mauvais peut produire des fruits moitié bons moitié mauvais. Bien sûr que pris dans sa totalité un mélange de bon et mauvais est mauvais, mais cela ne signifie pas que prises partie par partie, les parties bonnes du mélange soient aussi mauvaises que les parties mauvaises. Cancer du foie me tuera, mais cela ne signifie pas que j’ai un cancer aux poumons. Or, aucun homme d’Église vivant, pas plus que tout autre homme vivant, n’est entièrement bon ni entièrement mauvais. Tous nous sommes un mélange fluctuant jusqu’au jour de notre mort. Alors, peut-il avoir jamais existé un Pape vivant dont les fruits furent entièrement mauvais ? La réponse ne peut être que non. Auquel cas l’Église catholique peut avoir vécu à moitié durant ces dernières cinquante années par les fruits de la moitié bonne des Papes Conciliaires, avec une demi-vie permise par Dieu pour purifier Son Église, mais dont Il ne permettrait jamais qu’elle aille jusqu’à mettre à mort Son Église.

Ainsi, par exemple, Paul VI pleura sur le manque de vocations. Benoît XVI aspirait à la Tradition. Même le Pape François entend sûrement conduire les hommes à Dieu alors qu’il rabaisse Dieu au niveau des hommes. Donc il est vrai que les Papes Conciliaires ont des idées terriblement fausses, qu’ils sont fatalement ambigus dans la Foi là où ils devraient être absolument sans ambigüité. L’Église a été et se trouve encore mourante sous eux, mais quelles que soient les parties encore bonnes en eux, par celles-là ils ont permis à l’Église de continuer en vie, et ils ont été nécessaires comme têtes vivantes pour maintenir en vie le corps de l’Église vivante, selon la remarque de Pie XII. Donc ne craignons pas qu’il leur soit jamais permis de mettre à mort l’Église, mais en ce qui nous concerne combattons leur libéralisme de toutes nos forces et prions pour leur retour à un catholicisme sain, car nous avons vraiment besoin d’eux pour la vie de notre Église.

Kyrie eleison.

Papes Faillibles

Papes Faillibles on septembre 13, 2014

Ni les libéraux ni les sédévacantistes n’apprécient de s’entendre dire qu’ils sont comme pile et face d’une même monnaie, mais cela est vrai. Par exemple, ni les uns ni les autres ne peuvent concevoir une troisième alternative. Voyez par exemple dans sa Lettre à Trois Evêques du 14 avril 2012 comment Mgr. Fellay ne pouvait voir d’autre alternative à son libéralisme qui ne fût le sédévacantisme. Inversement, pour plus d’un sédévacantiste, si quelqu’un accepte que l’un des Papes Conciliaires ait été réellement Pape, alors on ne peut être qu’un libéral, et si quelqu’un critique le sédévacantisme, alors il promeut le libéralisme. Mais pas du tout !

Pourquoi non ? Parce que les uns comme les autres commettent la même erreur qui consiste à exagérer l’infaillibilité du Pape. Pourquoi ? Ne serait-ce pas parce que les uns comme les autres ils sont des hommes modernes, lesquels croient plus dans les personnes que dans les institutions ? Et pourquoi cela devrait-il être un trait de l’homme moderne ? Parce que plus ou moins à partir du Protestantisme, de moins en moins d’institutions ont véritablement recherché le bien commun, tandis qu’elles ont de plus en plus recherché quelqu’intérêt particulier, tel l’argent (ma réclamation contre vous), ce qui diminue bien sûr le respect que nous leur devons. Ainsi par exemple, des hommes bons ont évité, pour un temps, à l’institution pourrie de la banque moderne de produire immédiatement tous ses effets mauvais, mais les banksters pourris actuels ont fini par montrer ce qu’étaient en elles-mêmes, depuis le début, ces institutions que sont le système bancaire de la réserve fractionnaire et les banques centrales. Le Diable est présent dans les structures modernes, grâce aux ennemis de Dieu et des hommes.

Il est donc compréhensible que des Catholiques modernes aient eu tendance à mettre trop de foi dans le Pape et trop peu dans l’Église, et voilà la réponse à ce lecteur qui me demandait pourquoi je n’écris pas au sujet de l’infaillibilité comme le font les manuels classiques de théologie catholique. Ces manuels sont merveilleux dans leur genre, mais ils ont tous été écrits avant Vatican II, et ils ont tendance à attribuer au Pape une infaillibilité qui appartient à l’ Église. Par exemple, le sommet de l’infaillibilité peut être présenté dans les manuels comme étant une définition solennelle par le Pape, ou par le Pape avec un Concile, mais dans tous les cas par le Pape. Le dilemme libéral-sédévacantiste en a été une conséquence et en même temps un châtiment de cette tendance à surestimer la personne et à sous-estimer l’institution, car l’Église n’est pas une institution purement humaine.

Et cette tendance est erronée parce que, en premier lieu, le Magistère Solennel, en tant que la couche de neige qui recouvre la montagne du Magistère Ordinaire, ne constitue le sommet de cette montagne que dans un sens très restreint – il est totalement soutenu par le sommet rocheux sous-jacent à la neige. Et en second lieu, cela ressort du texte le plus autorisée de l’Église au sujet de l’infaillibilité, à savoir la Définition du Concile vraiment catholique, Vatican I (1870), grâce auquel nous savons que l’infaillibilité du Pape vient de l’Église, et non l’inverse. Lorsque le Pape engage l’ensemble des quatre conditions nécessaires à un enseignement ex cathedra, alors, déclare la Définition, il possède « cette infaillibilité dont le Divin Rédempteur a voulu que son Église ait le privilège lorsqu’elle définit un point de la doctrine ». Mais, évidemment ! D’où pourrait bien venir l’infaillibilité, sinon de Dieu ? Les meilleurs parmi les êtres humains – et quelques Papes ont été de très bons êtres humains – peuvent rester exempts d’erreur, c’est-à-dire, être inerrants, mais du moment qu’ils ont le péché originel ils ne peuvent être infaillibles comme Dieu seul peut l’être. S’il leur arrive d’être infaillible cette infaillibilité passe par leur humanité, mais en venant de l’extérieur, venant de Dieu, qui choisit de la concéder à travers l’Église catholique, et cette infaillibilité n’a pas besoin de durer plus longtemps que le temps nécessaire pour faire la Définition.

Par conséquent en dehors des moments ex cathedra du Pape, rien ne l’empêche de dire des aberrations telles que celles de la nouvelle religion de Vatican II. Par conséquent ni les libéraux ni les sédévacantistes n’ont besoin ni ne doivent prêter attention à ces aberrations, parce que, comme disait Mgr. Lefebvre, ils ont 2000 ans d’enseignement Ordinairement infaillible de l’Église derrière eux pour juger qu’il ne s’agit là que d’un ensemble d’aberrations.

Kyrie eleison.

L’Infaillibilité de l’Église – III

L’Infaillibilité de l’Église – III on mai 17, 2014

La folie des paroles et actes du Pape François pousse actuellement de nombreux Catholiques vers le sédévacantisme, ce qui est dangereux. En effet, croire que les Papes Conciliaires n’ont jamais été Papes peut débuter comme une opinion, mais trop souvent il faut constater que l’opinion se transforme en dogme et ensuite en un système mental blindé. Je pense que l’esprit de beaucoup de sédévacantistes se blinde parce que la crise sans précédent de Vatican II engendre dans leurs esprits et cœurs catholiques une grande angoisse, pour laquelle ils pensent avoir trouvé dans le sédévacantisme une solution de toute simplicité, en sorte qu’ils n’ont aucune envie de réouvrir l’angoisse en réouvrant la question. Ce qui fait qu’ils mènent rien de moins qu’une croisade pour que tous les Catholiques partagent leur solution simple, et ce faisant beaucoup d’entre eux – pas tous – finissent par faire preuve d’une arrogance et d’une amertume qui ne sont guère le signe ni le fruit de véritables Catholiques.

Or, ce « Commentaire » s’est abstenu jusqu’ici de prononcer avec certitude que les Papes Conciliaires aient été de véritables Papes, mais en même temps il a maintenu que les arguments sédévacantistes ne sont pas concluants, ni n’obligent en conscience un Catholique, comme certains sédévacantistes voudraient nous le faire croire. Revenons alors sur l’un de leurs arguments les plus importants, celui qui prend comme point de départ l’infaillibilité papale. Le voici : les Papes sont infaillibles. Or, les libéraux sont faillibles et les Papes Conciliaires sont des libéraux. Donc ils ne peuvent être de vrais Papes.

On a beau objecter qu’un Pape n’est nécessairement infaillible que lorsqu’il engage toutes les quatre conditions du Magistère Extraordinaire, à savoir lorsqu’il enseigne 1 comme Pape, 2 sur la Foi ou la morale, 3 de façon définitive 4 en sorte d’obliger en conscience tous les Catholiques. À cela les sédévacantistes comme les libéraux font la même réponse : l’Église enseigne que le Magistère Ordinaire Universel est lui aussi infaillible et donc – c’est ici le point faible de leur argument – dès que le Pape enseigne solennellement en dehors de son Magistère Extraordinaire, son enseignement sera nécessairement infaillible. Or, l’enseignement libéral de Vatican II est certainement solennel. Par conséquent nous n’avons qu’à nous faire sédévacantistes ou libéraux, selon bien sûr que c’est un sédévacantiste ou un libéral qui manie l’argument.

Mais ce qui distingue tout enseignement relevant du Magistère Ordinaire Universel, ce n’est nullement la solennité avec laquelle le Pape enseigne en dehors de son Magistère Extraordinaire, mais c’est le fait pour tel ou tel enseignement de correspondre ou non à ce que Notre Seigneur, ses Apôtres et virtuellement tous les évêques de tous les temps et tous les lieux ont enseigné, en d’autres mots à la Tradition. Or, l’enseignement Conciliaire (tel l’œcuménisme ou la liberté religieuse) est en rupture flagrante avec la Tradition. Donc un Catholique d’aujourd’hui n’est point obligé à se faire sédévacantiste ni libéral.

N’empêche, les sédévacantistes comme les libéraux s’accrochent à leur exagération de l’infaillibilité papale pour des raisons qui ne sont pas sans intérêt, mais cela c’est une autre histoire. De toute façon ils ne se rendent pas facilement, aussi reviennent-ils à la charge avec une autre objection qui exige qu’on lui réponde. Des deux côtés ils disent que maintenir que c’est la Tradition qui permet de distinguer le Magistère Ordinaire Universel, c’est entrer dans un cercle vicieux. En effet, si l’autorité enseignante de l’Église, son Magistère, existe pour dire ce qui est la doctrine de l’Église, comme c’est le cas, comment en même temps la doctrine en question peut-elle dire ce qui est le Magistère ? Ou le maître enseignant autorise la matière enseignée, ou l’inverse, mais les deux ne peuvent pas en même temps s’autoriser l’un l’autre. Donc, concluent-ils, le Pape est infaillible non seulement dans son Magistère Extraordinaire, et alors on est obligé par les Papes Conciliaires de se faire sédévacantiste, sinon libéral.

La raison pour laquelle il n’y a pas de cercle vicieux devra attendre le « Commentaire » de la semaine prochaine. Elle est aussi intéressante que la raison pour laquelle les sédévacantistes comme les libéraux tombent dans la même erreur à propos de l’infaillibilité papale.

Kyrie eleison.