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Soljenitsyne Parle

Soljenitsyne Parle posted in Les Commentaires Eleison on avril 3, 2021

Voici, pour Pâques, fortement résumé, le discours d’Alexandre Soljenitsyne tenu lors de son acceptation du Prix de Templeton aux États Unis en 1983.

Lorsque j’étais enfant, les gens disaient que c’est l’oubli de Dieu qui avait conduit à la révolution russe de 1917. En 1983, maintenant que je suis un homme, je pense que cette même phrase résume toujours tout. Elle passe en revue tout le XXe siècle avec tous ses crimes, à commencer par la Première Guerre mondiale qui n’aurait jamais été possible si les coeurs des dirigeants européens n’avaient été vides de Dieu et pleins d’une hargne impie qui les a poussés par exemple à faire des gaz toxiques des armes de guerre. De même, pour la Seconde Guerre mondiale. Les Européens sont épuisés. Car la paix dépend de cœurs solides et non pas de la bombe nucléaire. Nous nous sommes trop habitués à des idées d’apocalypse. Dostoïevski a dit que les grands événements nous ont pris au dépourvu, et que le monde ne pourra être sauvé qu’après que les forces démoniaques s’en seront préalablement emparés.

En attendant, le monde entier voit triompher Satan. En 1917, la classe dirigeante russe avait perdu la Foi et la religion menaçait de s’éteindre dans la classe ouvrière. La Russie avait pourtant connu une époque où tout était imprégné du christianisme orthodoxe. La piété – et non le matérialisme – façonnait la pensée et la personnalité des gens  ; elle organisait leur vie. Mais, au XVIIe, un schisme, suivi des réformes de Pierre le Grand, affaiblirent la religion. Puis, le sécularisme du XIXe siècle vint empoisonner la classe dirigeante. De sorte qu’en 1917, la religion en Russie était paralysée.

Une révolution commence toujours par l’athéisme, a dit Dostoïevski. Mais aucun athéisme n’a été aussi agressif que celui du communisme. Dans les années 1920, il y eut quantité de martyrs chrétiens en Russie, à tous les échelons de l’Église et de l’État, et on enlevait les enfants des bras de leurs parents afin de les couper de toute religion. Certes, Staline favorisa un temps la religion, mais ce ne fut que pour raviver le patriotisme russe contre Hitler  ; Brejnev fit mine d’avoir des sentiments religieux, mais ce n’était que pour tromper l’Occident. Mais Khtroutchev a démontré à quel point la religion restait profondément haïe par le Communisme et par tous les successeurs fanatiques du diabolique Lénine. Toujours est-il que, parmi tous ces fous qui persécutaient le Christ, aucun ne s’est jamais douté de ce qui, en définitive, devait un jour arriver, car sous le rouleau compresseur communiste, la conscience russe tournée vers Dieu a maintenant ressurgi, vive et profonde. Les chars et les fusées n’ont pas vaincu et ne vaincront jamais le christianisme.

En Occident, la religion est plus menacée de l’intérieur que de l’extérieur. Au Moyen Âge, le sécularisme a surgi de l’intérieur, plus dangereux que nos chars ou nos fusées modernes. Aujourd’hui, son idéal ne s’élève guère plus haut que la vie courante, la liberté, et la poursuite d’un bonheur égocentré. Le bien et le mal sont des objets de moquerie. On oublie le cœur humain. Résultat  : le mal sévit partout. L’Occident dérive sans cesse et perd sa jeunesse. Les médias blasphèment les noms de Jésus et Marie. Dans ce cas, pour quelle raison devrais-je m’abstenir de faire de ma liberté ce que je veux ? Pourquoi ne devrais-je pas haïr la société où je vis, puisqu’elle-même m’apprend à le faire ? Les faiblesses du capitalisme ne correspondent-elles pas aux faiblesses de la nature humaine ? Par exemple, la recherche de l’argent ne découle-t-elle pas du péché capital de la cupidité ? Certes, le capitalisme se targue d’établir l’égalité. Mais n’est-ce pas une égalité d’esclaves, dépourvue de toute valeur spirituelle ? Le capitalisme se targue de me rendre plus libre ? Mais si je suis “libre”, cela ne signifie-t-il pas que je suis libre de haïr aveuglément ? Nous sommes loin du salut de l’âme qui ne passe jamais par l’argent ou l’abondance des biens matériels.

Sans amour, la vie et l’art sont en danger de mort. En Occident, cela arrive par la faute volontaire d’ hommes qui cherchent à prendre la place de Dieu. L’Orient et l’Occident ont oublié Dieu. Pourtant, la clé de toute notre existence n’est-elle pas dans le choix quotidien que chaque cœur humain doit faire entre le bien et le mal  ? Les théories modernes qui recentrent tout sur la société d’ici-bas ont fait faillite, mais nous n’avons toujours pas rejeté leurs mensonges. Si nous ne nous tournons pas vers Dieu, nous ne trouverons jamais de solution à nos problèmes. L’ennemi est en moi. C’est nous qui nous pendons.

La vie humaine n’est qu’une étape sur le chemin conduisant à Dieu. Cette vie dépasse les simples lois de la matière, c’est-à-dire les sciences physiques. En Dieu, nous vivons, nous nous mouvons  ; nous avons notre être : Il est « l’Amour qui meut le soleil et les autres étoiles” (Cf. Dante, ligne finale de toute sa “Divine Comédie”). Oubliez les XIXe et XXe siècles. Nous devons monter à Dieu. Le soi-disant Siècle des Lumières s’est avéré un échec total.

Kyrie eleison.

Questions sur la FSSPX

Questions sur la FSSPX posted in Les Commentaires Eleison on janvier 16, 2021

Un lecteur de ces “Commentaires”, nous dit s’inquiéter de ce qu’il voit et entend au sujet de la fidélité de la Fraternité Saint Pie X. Il craint qu’elle ne se montre plus aussi fidèle qu’autrefois et qu’elle ne déçoive l’attente des fidèles. Ce lecteur a en tête plusieurs explications possibles. C’est pourquoi l’auteur de ces “Commentaires” propose quelques considérations en réponse à quelques-unes de ses questions :—

1. On a entendu des rumeurs d’infiltration de la FSSPX. D’après certaines de ces rumeurs, une conspiration visant à infiltrer la Fraternité existait dès le début de son existence. Cependant, d’autres sont d’avis qu’il a fallu attendre longtemps avant que la Fraternité n’ait été infiltrée.

Sans doute les ennemis classiques de l’Eglise, qui déjà du temps de Notre Seigneur épiaient de très près ce qu’il faisait, ont rapidement discerné la menace que représentait pour eux et pour leur Concile Mgr Lefebvre avec sa Fraternité Sacerdotale St Pie X et sa nouvelle génération de prêtres fidèles. Pour ma part je ne peux cependant pas dire que j’aie jamais clairement identifié des ennemis infiltrés, et conscients de l’être. Mais ce que j’ai pu observer, ce sont les fils dans le sacerdoce de Monseigneur qui, après avoir reçu de lui toute la formation voulue, ont cessé de reconnaître ce qu’ils reconnaissaient sous lui, à savoir la nécessité de n’obéir que de manière sélective aux ordres émanant des autorités de l’Église conciliaire, à Rome comme dans les diocèses. Ces prêtres ont beaucoup œuvré, pas tant pour infiltrer que pour changer la FSSPX de l’intérieur. Si aujourd’hui l’œuvre de Monseigneur défendait encore la Foi comme le faisait Monseigneur lui-même, elle pourrait faire un bien immense à une masse considérable de catholiques qui sont maintenant en train d’ouvrir les yeux sur la trahison de Vatican II. Elle les aiderait à voir comment et où survit la vraie Église. Au lieu de cela, la loyauté des dirigeants de la FSSPX semble maintenant s’être vouée aux ecclésiastiques romains de Vatican II, et de nombreuses âmes qu’elle aurait pu convertir, sont maintenant dans la confusion plutôt que sur le chemin de la conversion.

2 La FSSPX a-t-elle donc été infiltrée, et si oui, par qui ?

A proprement parler, par une opération formelle d’infiltration, peut-être pas. Mais d’une manière plus générale, par l’abandon souvent inconscient de ce que voulait Monseigneur face à Vatican II et à ses responsables, alors, oui, il y a eu un changement de cap. Le problème, c’est qu’on s’est progressivement laissé emporter par le courant de la fantaisie moderne, perdant ainsi le sens des réalités. Ce changement est d’ailleurs imputable davantage aux dirigeants de la FSSPX qu’aux humbles prêtres œuvrant sur le terrain. Et le problème de ces dirigeants se situe moins dans leur doctrine catholique que dans l’application qu’ils font de cet enseignement au XXIe siècle, car ils ne parviennent pas à saisir toute la profondeur du mal de notre siècle. Pour eux, les gens sont bien braves et bien gentils.

3. Certains blogs font référence à une famille juive autrichienne du nom de “Von Gutmann”, à laquelle les Rothschild auraient initialement donné un “coup de pouce” financier. Selon Maximilian Krah, cette famille a donné beaucoup d’argent à la FSSPX via une fondation. Qui est cette famille et pourquoi donne-t-elle tant d’argent à la FSSPX ?

C’est une famille juive d’Autriche, mais, autant qu’il m’en souvienne, Mme Von Gutmann que vous nommez était une convertie de bonne foi, et elle a laissé cette somme à la FSSPX en Autriche pour y aider au développement de la Tradition catholique.

4 . Il y a une rumeur sur Internet comme quoi Mgr Lefebvre était sédévacantiste ? Qu’en est-il  ?

À partir de Paul VI, Monseigneur a toujours eu une certaine sympathie pour l’option sédévacantiste en tant qu’elle offrait une solution possible au problème théologique extrêmement grave des Vicaires du Christ qui s’employaient à détruire l’Église. À deux reprises, il a envisagé publiquement la possibilité – en 1976 et en 1985 – que les papes régnant ne le fussent qu’en apparence, et qu’en fait ils n’étaient pas véritablement papes. Toutefois, il ne s’est jamais décidé à adopter cette solution. Souvent il ne l’a envisagée que pour la rejeter. Il considérait qu’elle soulevait plus de problèmes qu’elle n’en résolvait.

5. Pourquoi les dirigeants actuels de la FSSPX ne se réconcilient-ils pas avec Rome ? Qu’en pensez-vous ?

Je crois que beaucoup de bons prêtres de la Fraternité restent encore proches de la pensée de Mgr Lefebvre, et c’est pour cela que les dirigeants de la FSSPX n’osent pas encore se glisser dans les bras de la Rome conciliaire. Mais ces prêtres feraient bien de faire attention !

Kyrie eleison.

Monseigneur Huonder

Monseigneur Huonder posted in Les Commentaires Eleison on mars 30, 2019

Il est de notoriété publique que Mgr Huonder (Mgr H), Evêque du diocèse de Coire, doit prendre sa retraite en avril prochain à l’âge de 77 ans, et qu’il devait s’installer, à l’automne de sa vie, dans une école de garçons de la Fraternité Saint Pie X à Wangs (Suisse). Provenant d’un prêtre très proche des deux anciens supérieurs généraux, le bruit circulait même que cet évêque conciliaire allait sacrer, en plein accord avec le Pape François, deux nouveaux évêques choisis parmi les prêtres de la Fraternité. Le Sacre pouvait avoir lieu après Pâques, et Mgr H y aurait été le consécrateur principal. Toutefois, une date aussi rapprochée pour un événement aussi important est surement impossible maintenant. Mais la date mise à part, l’événement en lui-même est d’une logique implacable, étant donné la politique de la Néo-fraternité, laquelle depuis 20 ans cherche à se couler dans la Néo-église.

L’installation de Mgr H pour sa retraite dans l’école de Wangs constituait, elle aussi, un aboutissement logique. Car, en tant qu’évêque en charge d’un des plus grands diocèses de la Néo-église en Suisse, il avait déjà plusieurs fois rendu visite à l’école de Wangs et avait sympathisé avec les prêtres et les élèves alors présents. Ajoutons qu’il n’allait pas couper le contact avec la Néo-église à Rome, au contraire : il y a deux mois son porte-parole diocésain précisait que la retraite de l’évêque en avril prochain était «  liée à une mission qui lui était confiée par la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, à savoir : rester en contact avec la FSSPX”. Il est clair que Mgr H, qui passe pour être un ami personnel du Pape François, avait l’intention d’agir comme une courroie de transmission entre la néo-Eglise et la néo-Fraternité, dans l’espoir de les rapprocher l’une de l’autre.

D’ailleurs cet espoir n’était pas nécessairement malhonnête de sa part. Car beaucoup de clercs conciliaires ne peuvent pas (ou ne veulent pas) voir l’abîme séparant la religion catholique centrée sur Dieu (théocentrique) d’avec la religion conciliaire centrée sur l’homme (anthropocentrique). De part et d’autre, on voudrait faire comme si cette séparation n’existait pas. D’un côté, les catholiques supportent mal de se trouver en dehors de la structure qui incarne l’Autorité visible de l’Église, tandis que de l’autre côté, les disciples de Vatican II ont besoin d’avoir l’assurance de ne pas avoir rompu avec la Tradition immuable de la véritable Église. Il est peut-être tout à l’honneur de Mgr H d’avoir voulu s’installer dans un environnement plus catholique que le diocèse où il n’a probablement pas d’autre choix que de donner la communion à de jeunes femmes mal habillées, ou de rengainer des propos, pourtant tout à fait justifiés, contre l’homosexualité. Mais “Un fait a toujours raison, même contre Monsieur le Maire”, (A fact is stronger than the Lord Mayor) dit un proverbe anglais.

Et ce fait, c’est Vatican II, Concile qui provoqua la plus grande rupture avec la tradition catholique dans toute l’histoire de l’Église. Prenons l’exemple de la Nouvelle Messe, qui est au Concile ce qu’est la pratique à la théorie. Allait-on exiger de Mgr H de ne jamais la célébrer à l’école ? Aurait-il accepté de ne jamais la dire ? Même en admettant qu’il accepte la bonne Messe, irait-il jusqu’à admettre que la théorie et la pratique de son sacerdoce et de son épiscopat ont été totalement plongées dans la capitulation conciliaire de la véritable Église de Dieu devant le monde moderne sans Dieu ? Peut-il effacer du jour au lendemain les convictions qui furent les siennes durant ces dizaines d’années passées dans l’immersion conciliaire ? Ordonné prêtre en 1971, puis consacré évêque en 2007 avec les rites instaurés par la révolution de Paul VI, peut-il admettre que, pour éliminer tous les doutes qui pèsent sur la validité des nouveaux rites, il a besoin d’être réordonné et re-consacré sous condition ? Mais la Néo-fraternité allait-elle seulement le lui demander ? Cela semble peu probable, au vu de sa pratique récente. Mais comment les traditionalistes suisses auraient-ils accepté cela ? Selon toute apparence, Mgr Vitus Huonder est un homme honnête et bien intentionné. Mais son honnêteté reste conciliaire, ce qui signifie qu’il reste loyal à une corruption radicalement malhonnête de la foi et de l’Église catholique.

Hélas, partout dans le monde, les traditionalistes de la FSSPX s’habituent peu à peu à ce que la Fraternité de Mgr Marcel Lefebvre soit remplacée par la Néo-fraternité. Mgr Fellay avait pour projet d’établir la FSSPX dans les murs de la Rome officielle afin d’agir comme un cheval de Troie pour convertir la Rome conciliaire. Même en attribuant à Mgr H toute la bonne volonté qu’on voudra, n’allait-il pas se laisser placer pour agir comme un cheval de Troie dans les murs de la Fraternité Saint Pie X ? On peut toujours espérer que l’école de Wangs aurait permis à l’Evêque conciliaire de voir l’abîme séparant la Tradition et le Concile, mais c’est là un bien beau rêve qui s’apparente à celui d’Alice au Pays des Merveilles, étant donné que c’est désormais la Néo-fraternité qui se veut au Pays des Merveilles.

Kyrie eleison.

Une Consécration Imminente ?

Une Consécration Imminente ? posted in Les Commentaires Eleison on novembre 17, 2018

Une rumeur va bon train dans la tradition catholique. Il se dit que la Fraternité Saint Pie X verra bientôt la consécration d’un nouvel évêque, voire de plusieurs. Certes, les rumeurs ne sont jamais à prendre trop au sérieux, mais d’un autre côté, il n’y a pas de fumée sans feu. Dans le cas présent, il ne fait aucun doute que la FSSPX a besoin de nouveaux évêques : depuis un certain temps, la santé de Mgr Tissier est chancelante ; Mgr de Galarreta, qui est maintenant Premier Assistant, doit se trouver désormais absorbé par l’administration des affaires de la Fraternité pour le monde entier ; ce qui ne laisse toute liberté qu’à Mgr Fellay de voyager par monts et par vaux pour assurer, à lui seul, Confirmations et Ordinations. Indubitablement, il y a bien là un fondement à la rumeur d’une nouvelle consécration.

Mais la rumeur va plus loin. Elle dit que la, ou les, consécrations épiscopales se feront avec l’approbation de Rome. C’est ce point précis qui mérite d’être pris en considération. Car, même si la rumeur est fausse, nous avons là l’exemple le plus parlant de l’impasse dans laquelle la Fraternité se trouve engagée par sa politique quêtant une approbation officielle des autorités conciliaires romaines. Examinons l’alternative suivante : si l’évêque élu recueille l’approbation de conciliaires impénitents, comment pourra-t-il plaire aux vrais traditionnalistes ? Mais, s’il jouit de l’approbation des vrais traditionalistes, comment pourra-t-il plaire en même temps aux maîtres conciliaires de Rome ? Seuls trois cas de figures peuvent résoudre cette énigme : ou bien les conciliaires renoncent aux théories de Vatican II ; ou bien les traditionnalistes passent à Vatican II ; ou bien les conciliaires et les traditionalistes s’accordent quelque part à mi-parcours, comme si 2+2 = 4, et 2+2 = 5, pouvaient tomber d’accord pour que 2+2 = 4,5.

Car quel besoin avons-nous encore de rappeler que la Tradition catholique et Vatican II sont intrinsèquement inconciliables ? Hélas ! Nous en avons grand besoin car, pauvres que nous sommes, nous ne cessons de vouloir le beurre et l’argent du beurre ; nous voulons toujours faire des ronds carrés, mélanger l’eau et le feu, frayer avec le diable cette vie durant, tout en conservant toutes nos chances de jouir de la béatitude céleste dans l’autre vie. Nous voulons tout et son contraire, si bien que tout système pour réconcilier Dieu avec le Diable se vendra toujours comme des petits pains, jusqu’à ce que, bien évidemment, le système choisi fasse faillite. Après quoi, on le remplacera immédiatement par un autre, pour faire la même chose avec le même résultat. L’échec est inévitable car, selon le mot de Mgr Butler, évêque anglican du XVIIIe siècle, “Les choses sont ce qu’elles sont, leurs conséquences seront ce qu’elles seront, pourquoi alors cherchons-nous à nous abuser ?”

En effet, alors que la Tradition catholique nous vient tout droit de Jésus-Christ, qui est Dieu, Vatican II (1962–1965) est simplement né du désir que nourrit l’homme moderne de concilier la religion de Dieu avec la modernité athée que nous a laissée la Révolution française. Parlant de Vatican II, le cardinal Suenens à gauche et Mgr Lefebvre à droite, ont tous deux affirmé la même chose, à savoir que le Concile, c’était 1789 dans l’Église : liberté religieuse, pour libérer les hommes de toute vérité du passé ; égalité, pour niveler toute hiérarchie venant de la vieille chrétienté ; fraternité, pour ériger le Nouvel Ordre Mondial au travers d’une fraternité maçonnique d’hommes sans Dieu. Bien sûr, Vatican II a partout échoué, sauf en ce qui concerne le but secret de ses concepteurs judéo-maçonniques : la destruction de l’Église de Dieu. Car tant que le Bon Dieu veut purifier Son Église, Il laisse à Ses ennemis séculaires le pouvoir de la flageller, si bien qu’actuellement les autorités ecclésiastiques ne renoncent en rien à leur Concile mais s’acharnent à le mettre en œuvre plus que jamais.

C’est pourquoi, si ces mêmes autorités conciliaires approuvent la consécration d’un évêque pris au sein de la FSSPX, autrefois traditionnelle, ce ne peut être que pour parfaire la dissolution de tout reste de résistance à leur Néo-église maçonnique. Et si les traditionnalistes approuvent l’évêque consacré, alors qu’il plaît à la Néo-église, cela ne pourra être que parce qu’ils perdent leur foi catholique sous l’écrasante pression de l’apostasie mondiale actuelle. “Caveant consules”, disaient les Latins. « Que ceux qui sont aux commandes prennent garde ! ».

Kyrie eleison.

Pourquoi la Tradition ?

Pourquoi la Tradition ? posted in Les Commentaires Eleison on août 19, 2017

Une des vraies raisons pour laquelle la Fraternité Saint Pie X est en train de « perdre sa saveur » (cf. Mt. V, 13) vient de ce que toute une génération de catholiques Traditionnalistes grandissent sans savoir pourquoi ils sont Traditionnalistes. Or, un catholique voulant garder la foi, ne doit-il pas savoir pourquoi il doit suivre la Tradition ? Dans toute l’histoire de l’Église catholique, le Concile Vatican II a sans doute été le théâtre de la plus violente agression contre la Tradition. Il est donc fort utile d’examiner le résumé en dix points du nouvel enseignement de Vatican II que l’on trouve dans une encyclopédie moderniste (Harper Collins, 1995). Nous avons là, pour chaque point, un bon condensé des erreurs de Vativan II. Ci-après, voici en italique, les dix points modernistes, suivis de la trame succincte de leur réfutation.

1 En premier lieu, l’Église est un mystère ou un sacrement ; elle n’est pas, avant tout, une organisation ou une institution. « Mystère » et « sacrement » sont ici des termes délibérément vagues pour permettre de diluer la notion de structure de l’Église. Pourtant, Notre Seigneur n’a-t-il pas clairement institué Pierre afin qu’il dirige ses apôtres et ses disciples pour le salut des âmes ? Pierre est pape ; les épîtres de saint Paul indiquent bien que les apôtres deviennent évêques et que les disciples accèdent à la prêtrise.

2 L’Église est constituée de tout le peuple de Dieu, et pas seulement de sa hiérarchie, clergé et religieux. Bien sûr, l’Église catholique comprend tous les catholiques, laïcs comme prêtres, mais les prêtres en sont la colonne vertébrale, ou la structure.

3 La justice et la paix font partie intégrante de la mission de l’Église, qui ne saurait se limiter à la prédication de la Parole et à la célébration des sacrements. La doctrine et les sacrements sont les moyens fondamentaux par lesquels l’Église catholique a contribué, plus que n’importe quoi ou n’importe qui d’autre, à la justice et à la paix dans le monde.

4 L’Église englobe tous les chrétiens et ne se borne pas à la seule Église catholique. Les « chrétiens » non catholiques ne peuvent jamais être d’authentiques chrétiens, dans la mesure où, pour ne pas être catholiques, ils doivent rejeter une partie plus ou moins grande de ce que Notre-Seigneur a institué.

5 L’Église est une communion, ou un collège, d’églises locales, lesquelles ne sont pas simplement des divisions administratives de l’Église universelle. Le chaos régnant aujourd’hui dans les « églises locales » du monde entier, prouve éloquemment qu’elles doivent être universellement unies et administrées sous le gouvernement – sage – d’un Pape à Rome.

6 L’Église est une communauté eschatologique ; Elle n’est pas encore complètement le Royaume de Dieu. Partout où les âmes sont en état de grâce, Dieu est roi, non seulement dans le ciel, mais déjà ici-bas sur la terre.

7 L’apostolat des laïcs est une participation directe à l’apostolat de l’Église, et pas seulement une mission que la hiérarchie se chargerait de partager avec eux. De même que le corps humain a besoin à la fois du squelette et de la chair, de même le corps mystique de l’Église a besoin à la fois du clergé et des laïcs (cf. I Cor. XII). Les erreurs opposées (cléricalisme et laïcisme) proviennent de ce qu’on exagère le rôle de l’un ou de l’autre. L’Église a besoin des deux.

8 Il existe une hiérarchie des vérités ; tous les enseignements de l’Église ne sont pas équivalemment contraignants ou essentiels à l’intégrité de la foi catholique. Seules les vérités non dogmatiques peuvent être classées par ordre d’importance. En revanche, les dogmes catholiques sont tous au même rang absolu, parce que nier un seul d’entre eux revient à nier l’autorité de Dieu, soutien essentiel à tous les dogmes.

9 Dieu utilise d’autres églises chrétiennes, voire des religions non chrétiennes pour le salut de toute l’humanité ; l’Église catholique n’est pas le seul moyen de salut. Â chaque homme vivant, Dieu offre des grâces suffisantes à son salut. Celles-ci peuvent bien venir à des hommes se trouvant dans des religions non chrétiennes ou dans des « églises » non catholiques, mais elles ne peuvent jamais venir autrement que par Jésus-Christ et par son unique Église catholique.

10 La dignité de la personne humaine et la liberté de l’acte de foi sont le fondement de la liberté religieuse pour tous. Cela réfute le principe que « l’erreur n’a pas de droits ». Le catholicisme étant la seule religion véritable, la seule vraie liberté religieuse est la liberté d’être catholique. L’erreur, en effet, n’a aucun droit.

Kyrie eleison.

Double Consécration.

Double Consécration. posted in Les Commentaires Eleison on mai 6, 2017

Comme commentaire sur les Consécrations d’un nouvel évêque et de la Russie qui doivent avoir lieu la semaine prochaine à Vienne en Virginie, USA, voici le témoignage d’un autre lecteur de ce « Commentaire », venant du Brésil. Son témoignage met les Consécrations du 11 et du 12 mai dans le contexte de la crise actuelle du monde et de l’Eglise, contexte qui ne leur prête ni trop ni trop peu d’importance, mais qui met en relief le rôle central joué dans les deux cas par le Cœur Douloureux et Immaculé de Marie. Il écrit :—

« Dans le “Commentaire” je lis vos références constantes à tous les quinze Mystères du Saint Rosaire. Dans une lettre des années 1930 Sœur Lucie de Fatima a écrit que si seulement les autres nations comme le Portugal étaient consacrées au Cœur Immaculé de Marie, « le Ciel leur donnerait des grâces aussi grandes sinon plus grandes encore. » Evidemment le Ciel veut sauver les nations du monde par le Cœur de Marie, et quiconque comprend cela a déjà reçu de Dieu une grâce spéciale. Pourtant quelle autre nation que le Portugal a fait avec tous ses évêques une telle Consécration ? Aucune, que je sache.

« Mais si le grand nombre des hommes ne profite pas des merveilles du Cœur Immaculé, Elle daigne encore donner Sa grâce aux humbles laïcs, comme nous pouvons en témoigner ici au Brésil. En 2011 notre chapelle fut consacrée au Cœur Immaculé, et une chaîne suspendue au mur symbolise son Saint Esclavage à la Sainte Vierge. En particulier depuis des années maintenant nous pratiquons les Cinq Premiers Samedis. Lorsque nous n’avons pas de Messe, nous faisons ce que nous pouvons, moyennant un chapelet, une Communion spirituelle, la méditation de quinze minutes sur les Mystères du Rosaire et un acte de réparation au Cœur Immaculé, comme Notre Dame nous a demandé de le faire.

« Son Rosaire, tous les quinze Mystères, a été prié tous les jours depuis 2011 devant le Saint Sacrement par l’un ou l’autre groupe d’entre nous, tous les jours, et les grâces sans nombre que nous en avons reçues sont à peine à croire. Cette Dévotion du Rosaire et des Premiers Samedis est très spéciale pour Dieu, même par ces temps aussi mauvais que les nôtres. Elle est la lumière de nos temps de ténèbres et d’apostasie. Nous devons pratiquer cette Dévotion et étudier toute l’histoire des apparitions de Fatima, et appliquer ce que nous y apprenons à notre vie de tous les jours et aux groupes de la “Résistance”.

« Étant donné les difficultés que l’on a à vivre dans un monde libéral sans le Christ, étant donné que la Révolution mine cette forteresse de la Tradition qu’était une fois la Fraternité St Pie X, étant donné notre grande misère et nos nombreux péchés, on n’exagérerait nullement à dire que c’est grâce au Rosaire et aux Premiers Samedis que nous maintenons une Chrétienté en miniature, un groupement catholique avec une ambiance catholique, avec de bons amis et une formation doctrinale, solide et spirituelle, anti-libérale et contre-révolutionnaire. Nous avons nos problèmes humains, bien sûr, mais nous recevons beaucoup de grâces du Cœur Immaculé. Par le moyen des quinze Mystères tous les jours, nous témoignons des merveilles accomplies par la Sainte Vierge dans une personne, une ville, même un pays. Béni soit le Rosaire de la Vierge Marie ! »

Voici la grandeur et la petitesse des Consécrations de la semaine prochaine. Elles sont petites en n’aidant à maintenir qu’au niveau le plus humble, dans un monde qui s’est livré au Diable, de petites enclaves de Chrétienté. De telles enclaves sont possibles partout, et partout elles sont d’une valeur infinie, parce qu’il y a une grandeur infinie à contribuer au salut des âmes pour toute l’éternité. Et pour les deux Consécrations c’est au Cœur Immaculé de la Très Sainte Vierge en particulier que vont nos remerciements.

Kyrie eleison.