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Madiran Introduit

Madiran Introduit on septembre 19, 2020

La France, fille aînée de l’Eglise, a toujours trouvé, pour défendre la Foi, une avant-garde de penseurs et d’écrivains. Et les temps modernes ne font pas exception. Dans la confusion et le désarroi des catholiques consécutifs à la fin du Concile Vatican II en 1965, le Français Jean Madiran (1920–2013), créateur et éditeur de la revue “Itinéraires”, mensuel nationaliste de droite (1956–1996), a été un de ces notables pionniers œuvrant pour ce qui allait devenir la pensée “traditionnelle”. Véritable défenseur de la Foi déjà avant le Concile, il a fait de sa publication une pièce maîtresse dans la bataille postconciliaire. La revue est ainsi devenue une lecture d’une importance essentielle, permettant à de nombreux catholiques de ne perdre ni la tête ni la foi.

Madiran a certainement contribué, dans les années 1960, à maintenir en France un public lettré qui fournirait, dans les années 1970, une base prête à soutenir un mouvement “traditionnel ” capable de s’opposer, à la suite de Mgr Lefebvre, à la destruction de l’Eglise menée de l’intérieur par le clergé conciliaire. Et on peut penser que Madiran et sa revue ont fortement aidé l’archevêque à prendre la décision capitale, à la fin des années 1960, de fonder en Suisse française la Fraternité Saint Pie X, qui fit à son tour une contribution décisive au sauvetage de la Tradition catholique pour au moins 40 ans. Le seul moment où cet écrivain a vu Mgr Lefebvre courir, c’est lorsque Madiran étant alors en visite au séminaire d’Écône, l’archevêque dut rattraper son visiteur juste avant son départ pour Paris.

Hélas, leur collaboration prit fin lorsque Jean-Paul II fut élu pape en 1978, car Madiran pensa alors que le nouveau Pape sauverait l’Église. Toutefois, en ce qui concerne l’archevêque, Madiran avait exercé sa bonne influence  ; la “Tradition” était désormais bien établie. Nous ne devons pas oublier aujourd’hui comment dans les années 1950 et 1960, il était presque impossible pour un catholique de douter de son clergé. Là réside l’énorme mérite de Madiran : une foi véritable, non ébranlée par une hiérarchie catholique qui s’était égarée dans sa quasi-totalité, et pour soutenir cette foi Madiran a eu le courage de se lever et d’écrire ouvertement contre le courant d’un public qui, ou bien suivait “fidèlement” cette hiérarchie par “obéissance”, ou bien, ne croyant pas, se réjouissait de l’affaiblissement de l’Église par les menées de la franc-maçonnerie. Que Madiran se soit ensuite laissé induire en erreur par Jean-Paul II ne fait que témoigner de cette force et magnétisme de Rome que lui-même avait réussi à surmonter pendant une période cruciale au service de la Vérité catholique.

Mais il y a eu en lui quelque chose qui n’a jamais flanché. On en a l’indice dans le livre dont il a dit lui-même que parmi tous les livres qu’il avait écrits au cours d’une longue vie productive, c’est celui où il avait le mieux réussi à dire ce qu’il voulait essentiellement dire. Il s’agit du livre que nous allons examiner dans ces “Commentaires” intitulé  : L’hérésie du vingtième siècle. Ce livre, paru pour la première fois en 1968, c’est-à-dire au cœur de la controverse qui a entouré Vatican II, contient un Prologue et six Parties. Ce qui donnera peut-être lieu à sept numéros de ces “Commentaires”, car le livre est un classique, même s’il n’a pas eu beaucoup de traductions, voire aucune.

C’est un classique parce qu’il faut être un philosophe thomiste pour tirer au clair le modernisme – en effet, comment analyser un brouillard ? – et Madiran était un philosophe thomiste. Mais pas n’importe quel, parce que la masse des évêques de Vatican II avait bien reçu dans leur séminaire ou congrégation un enseignement selon les principes de la philosophie de St Thomas d’Aquin. Hélas, ils n’avaient pas appris ou compris comment ces principes s’appliquent à la réalité. Cela est dû au fait qu’il est toujours possible d’enseigner cette philosophie comme si c’était un anuaire téléphonique. Les élèves catholiques sont dociles et ils avalent tout ce qu’on leur présente, sans nécessairement saisir que le thomisme est le seul et unique exposé possible de la seule et unique réalité qui nous entoure. Mais à des élèves nés dans le chauffage central et dont la mère nourricière a été la télévision, comment peut-on donner le vrai sens de la réalité ? Madiran était d’une génération antérieure, ce qui l’a sans doute aidé. Mais pour dénoncer le modernisme aussi clairement qu’il l’a fait, il lui aura fallu quelque chose en plus, une grâce spéciale de réalisme, comme il en a fallu à Pie X, à De Corte, à Calderón et à quelques autres.

Attachez vos ceintures  ! Madiran en vaut la peine. La semaine prochaine, peut-être, verrons-nous son Avant-propos.

Kyrie eleison.

Vigano a Diluer ?

Vigano a Diluer ? on août 29, 2020

Mgr. Carlo Viganò, archevêque italien, fait partie de la hiérarchie officielle de l’Eglise. Nos lecteurs savent que ce prélat s’est récemment démarqué de la masse de ses collègues lors de plusieurs déclarations publiques, dans lesquelles, notamment dans celle du 9 juin dernier, il adopte une attitude intransigeante à l’égard du concile Vatican II. Mais voilà qu’un théologien italien, le père Alfredo Morselli, cherche maintenant à relativiser la sévérité de Mgr. Viganò, non en allant jusqu’à prendre la défense du Concile, mais, plutôt, en soutenant par exemple que l’événement conciliaire n’est pas le seul facteur à considérer dans la crise ecclésiale qui suivit. Examinons cette « Thèse concernant le Concile », rendue publique en neuf rubriques principales et huit sous-rubriques, ci-après abrégées :

1 La crise actuelle est d’une gravité sans précédent, essentiellement néo-moderniste, mais beaucoup plus grave que la première crise moderniste du début du XXe siècle.
2 Cependant, Vatican II n’est pas à lui seul la cause de la crise actuelle, car :
2.1 Cette crise a commencé bien avant 1960,
2.2 Ce néo-modernisme n’aurait jamais vraiment réussi à s’implanter sans la corruption profonde de l’homme moderne qui a servi de terreau.
2.3 De même, le pontificat du pape François a été préparé bien avant le 21e siècle.
3 Nous devons faire la distinction entre le Concile lui-même et l’après-Concile, ou ce qui l’a suivi :
3.1 On ne peut imputer au Concile toutes les erreurs qu’on lui impute, même commises en son nom,
3.2 L’Esprit Saint était présent au Concile, donc on ne peut pas dire non plus que rien n’y ait été bon.
4 Les textes du Concile contiennent des formulations ambiguës dont les néo-modernistes profitent.
5 Tous les problèmes, ou presque, ont été résolus depuis, grâce aux mises au point officielles de l’Église.
6 Les problèmes ne viennent pas tant d’erreurs que du désir d’inclure plutôt que d’exclure.
7 Un exemple tragique de ce désir est le refus du Concile de condamner le communisme.
8 Qualifier le Concile de « pastoral », ne signifie pas qu’il n’y ait rien eu de dogmatique dans ses déclarations.
9 On ne peut critiquer le Concile que conformément à l’enseignement de l’Église sur la Foi. D’où :
9.1 La foi signifie croire en Dieu, c’est-à-dire accepter sans choisir les vérités que l’on doit croire.
9.2 C’est au Magistère de l’Église catholique en premier qu’il incombe de décider des vérités à croire.
9.3 Ce Magistère n’est pas ouvert à une interprétation privée. Seul il peut interpréter ses propres décisions.

Et maintenant le plus bref des commentaires concernant chacune de ces positions du Père Morselli :—

1 Ce premier point indique que le P. Morselli est largement d’accord avec Mgr. Viganò. Bravo !
2 Qui attribuerait une explosion uniquement au détonateur ? A toute explosion, il faut d’abord de la matière à exploser :—
2.1 Certes, Vatican II a une longue ascendance, surtout la « Réforme » protestante et la Révolution de 1789.
2.2 C’est vrai aussi. Il a fallu des siècles pour développer la corruption profonde de l’homme moderne.
2.3 C’est également vrai. Par leurs faux principes cinq papes néo-modernistes ont bien préparé le sixième ; mais il a fallu ce sixième pour les mettre en pratique de manière aussi flagrante.
3 Attention ! Celui qui laisse ouverte la porte de l’écurie, ne doit-il pas être blâmé de la fuite du cheval ?
3.1 « Je n’ai jamais voulu que le cheval fuie. Je voulais seulement qu’il fût libre de galoper au soleil ! »
3.2 Certes, le Saint-Esprit a empêché le Concile d’être encore pire qu’il n’a été, mais Il n’a point voulu enlever aux évêques leur libre arbitre . . .
4 Les ambiguïtés mortelles ont été semées par les néo-modernistes, mais votées par les « catholiques ».
5 Ces « clarifications », auxquelles croit le Père Morselli, ne clarifient généralement rien, mais au contraire laissent traîner le problème. Rien ne peut enlever au léopard ses taches, dit Jérémie XIII, 23.
6 Hélas, c’est le désir même d’être inclusif qui fait que des portes, depuis longtemps soigneusement fermées, se sont ouvertes de nouveau à l’erreur.
7 Selon Mgr Lefebvre, le refus de condamner le communisme stigmatisera pour toujours ce Concile.
8 Horrible ambiguïté : en effet, le Concile « pastoral » n’était pas dogmatique, mais cela n’a empêché que les autorités de L’Eglise ont exigé qu’on le suive comme le dogme suprême !
9 « Le venin est dans la queue » – le Père Morselli réserve pour la fin l’argument massu de l’Autorité ! –
9.1 Bien sûr, nous devons croire ce qui vient vraiment de Dieu, au lieu de choisir nous-mêmes ce que nous devons croire.
9.2 Et bien sûr, si Dieu exige la Foi, cela n’est possible que s’Il nous assure un Magistère infaillible.
9.3 Mais le Magistère actuel est constitué de fonctionnaires ecclésiastiques faillibles, dotés d’un libre arbitre que Dieu ne leur retirera pas. Et si, exceptionnellement, ces Bergers manquent gravement à leur devoir, alors Dieu attend des moutons qu’ils jugent de leurs bergers et de leurs bercails à leurs fruits.

En conclusion, la sévérité de l’archevêque Viganò, qui juge Vatican II à ses fruits, est bien mieux fondée que le recours à l’Autorité du père Morselli.

Kyrie eleison.

Le Pape selon Drexel

Le Pape selon Drexel on août 8, 2020

A l’origine, ce dernier des quatre numéros de « Commentaires Eleison » présentant la brochure intitulée : La Foi est plus grande que l’obéissance de l’abbé Drexel, était destiné à conforter la position de cette brochure. Selon ce livret, le Pape Paul VI était bien intentionné lorsque, à la tête de l’Eglise catholique de 1963 à 1965, il présidait au déroulement du Concile Vatican II, et cela bien qu’il fùt le promoteur du changement révolutionnaire de l’Église. Bien sûr, les intentions humaines sont le secret de Dieu, qui seul les connaît infailliblement. Mais par ailleurs, n’est-ce pas Notre Seigneur qui nous dit de juger l’arbre à ses fruits ? Et là, sur l’aspect objectif de la question, Paul VI se trouve pris en défaut. Car aujourd’hui, 55 ans après la fin du Concile, ses fruits s’avèrent avoir été un désastre pour le catholicisme, dans tout vrai sens de ce terme.

C’est pourquoi il est difficile d’inclure parmi les nombreuses choses excellentes contenues dans ce fascicule relatant les Messages de l’abbé Drexel durant les années 1970, le portrait de Paul VI tel que tracé dans les Messages. En bref, voici le portrait de ce pape livré par Drexel.

Sans aucun doute, Paul VI aimait l’Église (3-XII-71) : Il ressent peine et douleur devant les âmes consacrées qui se détournent de l’Église pour se tourner vers le monde. 4-VIII-72 : De nombreuses personnes qui auraient pu le soutenir avec vigueur et loyauté l’abandonnent. Dans la sueur et les larmes, il lutte pour sauver l’Église, il souffre de l’apostasie des prêtres, et plus encore du comportement des évêques qui s’intéressent davantage à leur confort qu’au soin qu’ils doivent apporter aux âmes et à la préservation de la Foi. 1-VIII-75 : De mauvais conseillers accablent le Pape. 7-IV-72 : Il se sent toujours plus seul, tandis que ceux qui lui restent fidèles sont persécutés. 5-VII : Il prie, se sacrifie et souffre constamment, mais beaucoup perdent la foi. 7-XI-75 : Depuis l’instauration de la nouvelle messe, jamais les sacrilèges n’ont été aussi nombreux, mais Mon représentant visible à Rome ne porte aucune responsabilité à cet égard. Sa volonté est de promouvoir la participation intérieure des fidèles au saint sacrifice, dans le respect et l’amour ( . . . ) Mais les prêtres pèchent gravement en agissent contre la parole et l’œuvre du successeur de Pierre.

Remarquez en particulier la dernière de ces citations, de novembre 1975. L’affirmation catégorique selon laquelle le Pape ne serait en rien responsable des multiples sacrilèges qui accompagnaient la Nouvelle Messe ne peut être vraie, aussi bonnes qu’aient pu être ses intentions. « Le chemin de l’enfer est pavé de bonnes intentions », car les hommes sont faillibles, ils font des erreurs et donc ils n’obtiennent pas toujours ce qu’ils visaient. Cependant, s’ils ont vraiment l’intention de faire du bien, ils cessent de faire ce qui produit le mal. Mais dans les années 1970, Paul VI n’a rien changé, ou presque, à sa révolution libérale inaugurée dans les années soixante. Au contraire, il a fait tout ce qui était en son pouvoir pour écraser la bonne contre-révolution que Mgr. Lefebvre menait depuis l’intérieur de l’Église. En somme, tout en voulant favoriser « une participation intérieure au saint sacrifice » la véritable intention profonde du pape était d’aligner l’Église catholique sur le monde moderne, réalignement pour laquelle Mgr Lefebvre constituait un obstacle inacceptable.

Comme le disait Mgr. Lefebvre, le pape Paul était un catholique libéral, c’est-à-dire un homme profondément divisé entre deux amours inconciliables : son véritable amour de l’Église par sa foi catholique, et son faux amour du monde moderne par son libéralisme. À l’intérieur de tout homme, ces deux amours doivent combattre jusqu’à la mort. À l’intérieur de Paul VI, une foi mourante ne voulait pas mourir. C’est pourquoi, vers la fin de sa vie, il a pleuré encore la perte des vocations sacerdotales. Mais son libéralisme était bien mieux ancré, étant intellectuel, idéologique et implacable. Malheur à tous ceux qui s’étaient mis, ou se mettaient en travers de son chemin. Là tout d’un coup, la colombe libérale sortait des griffes aussi féroces que celles d’un faucon. Tel était Paul VI. Par rapport à son libéralisme, sa foi était sentimentale. D’où le Concile et la Nouvelle Messe.

Et qu’en est-il de l’abbé Drexel ? Lorsque le Ciel se sert d’un messager humain, il lui laisse son libre arbitre et sa personnalité. Les femmes et les enfants sont les messagers les plus dociles, les plus fidèles aux messages qui leur sont confiés, tandis que les hommes . . . . Bien des hommes luttent pour parvenir à leurs vues personnelles sur la vie. Celles-ci peuvent, même inconsciemment, colorer tout message du Ciel ou de la terre appelé à passer par eux. Il est bien possible que Notre Seigneur ait parlé à l’abbé Drexel à partir des années 1920 jusqu’à sa mort en 1977.Mais il est également possible que la solution de l’abbé Drexel au problème angoissant posé par le pape Paul ait été celle que de nombreux catholiques pieux ont adoptée après le Concile : le pape veut bien faire, ce sont les évêques qui sont le vrai problème. Et si en effet l’abbé Drexel pensait ainsi, cela a pu déteindre sur les paroles de Jésus dans son esprit. Hélas . . . comme aujourd’hui, les évêques étaient bien un problème, mais le pape l’était tout autant.

Kyrie eleison.

Les Évêques selon Drexel

Les Évêques selon Drexel on août 1, 2020

En feuilletant la semaine dernière (CE du 18 juillet 2020) le petit recueil « La Foi est plus grande que l’Obéissance », nous avons fait remarquer à quel point ces Messages du Père Drexel sur la Foi, remontant aux années 1970, correspondent encore à la situation des catholiques d’aujourd’hui. Voyons par exemple la lumière qu’ils jettent sur ce pivot dans l’Église entre le Pape et les prêtres que sont les évêques. L’appréciation qu’il délivre est très sévère pour ce clergé qui a pratiquement abandonné ses ouailles dans le sillage de Vatican II, en particulier pour les évêques qui ont transmis les responsabilités, par Dieu confiées à eux-mêmes, à des conférences épiscopales faites de main d’homme (voir le 5 juillet 1974 ci-dessous. Deux ans plus tard Mgr. Lefebvre, entre autres, fut « détesté et ridiculisé ») . . .

3 décembre 1971. Mais la plus grande douleur, Mon Coeur l’a reçue de ceux qui devraient être les bergers des fidèles, J’entends, les évêques, qui sont devenus silencieux, indifférents, pleutres. Non seulement quelques-uns mais beaucoup d’entre eux ont peur des hommes alors qu’ils n’ont aucune crainte de Dieu. Voilà pourquoi les loups ont pu pénétrer à l’intérieur du troupeau, pour infliger à Mon Église une confusion, destruction et dévastation jamais vues. Bien sûr, ils cherchent à briser, à ruiner Mon Église, mais en attendant des millions d’âmes, d’âmes immortelles, sont perdues. Pour toutes ces âmes, ces bergers apostats et évêques tièdes devront rendre compte devant Mon Jugement Éternel. Autrefois j’ai pleuré sur Jérusalem et sur le peuple de cette ville, sur ses prêtres et ses grands prêtres. Pourtant, leur péché n’était pas aussi grand que celui de ceux qui, aujourd’hui, dans mon Église, se comportent en suborneurs et non en véritables chefs, en métayers et non en bergers, en traîtres et non en conseillers. Il est vrai qu’il reste encore de vrais pasteurs d’âmes et de vrais évêques qui montent la garde, et qui se tiennent avec fermeté et charité auprès du successeur de Pierre ; mais mon Fils Paul regarde avec douleur et chagrin combien d’appelés quittent chaque jour le sanctuaire pour rejoindre le monde et ses convoitises.

4 août 72. Tandis que mon fils Paul ( . . . ) reçoit tous les jours avec une grande douleur les nouvelles des prêtres qui abandonnent leur troupeau, leur consécration et leur ministère, en dépit de toutes les objurgations qu’il adresse à ces lâches fuyards, néanmoins sa douleur est d’autant plus grande pour le grand nombre de bergers qui de par leur office et vocation sont tenus d’assister avec clarté et fermeté aux côtés du Chef et Père de tous les fidèles, et de respecter ses instructions. Mais cela ils négligent pour lui préférer une vie tranquille de paresse et de lâcheté, au lieu de veiller sur leurs paroisses et de s’occuper de la foi avec une attention rigoureuse en vue de maintenir la discipline et préserver la foi.

1er décembre 72. C’est pourquoi tant de fidèles cherchent avidement un Pasteur. Les pasteurs en place ont beau avoir été appelés et mis en place comme des pasteurs, ils sont devenus des mercenaires et des loups rapaces parce qu’ils ont quitté le chemin de la fidélité. Les âmes qui leur avaient été confiées témoigneront un jour contre eux devant le Jugement de Dieu

5 juillet 74. La misère des âmes crie vers le ciel, tandis que dans l’Église et dans les assemblées, des personnes sans mandat prennent le pouvoir, grâce aux évêques qui ne les arrête pas, en ne leur fixant pas de limites.

1er novembre 74. Songe à la grande confusion qui a pénétré dans mon unique et véritable Eglise. Des livres pleins de fausses affirmations et d’erreurs sont maintenant approuvés par les évêques qui devraient être des bergers, tandis que les ouvrages qui mettent en valeur la vérité sont rejetés par les responsables de l’Église, si grande est devenue la confusion.

7 février 75. Certains d’entre eux qui ont reçu l’onction épiscopale pour être les bergers et les gardiens des brebis ( . . . ) ont abandonné la foi et laissent libre cours aux hérésies ( . . . ) O, qu’ils comprissent tous quelle est leur responsabilité et combien celle-ci devient de plus en plus lourde, car les âmes qui prient et croient encore ne trouvent plus en eux des protecteurs.

2 juillet 76. Pourquoi n’y a-t-il plus de gardiens pour protéger la Foi et donc les fidèles, pour empêcher l’assassinat spirituel des jeunes et des enfants ? Mais ceux qui résistent à cette défaite de la foi sont persécutés, et les douleurs sérieuses et lourdes qu’ils en souffrent sont livrées à la haine et au ridicule.

Kyrie eleison.

La Crise selon Drexel

La Crise selon Drexel on juillet 25, 2020

Dans les années 1970, la Tradition catholique était profondément discréditée, du fait des théories proclamées et ratifiées à Vatican II. Les catholiques ne parvenaient pas à croire que leurs propres prêtres aient pu changer leur religion. Il faudra attendre bien des années pour que la Tradition commence à regagner la primauté qui lui est due dans l’Église de Notre Seigneur. Pourtant, c’est juste à ce moment de désolation que Notre Seigneur (comme il est permis de le croire) donna à l’abbé Albert Drexel, professeur autrichien, les Messages contenus dans le livret publié depuis sous le titre La foi est plus grande que l’obéissance. Voici le premier numéro d’une petite série, tirée des Messages de l’abbé Drexel, que ces « Commentaires » vont publier afin d’en montrer toute la pertinence dans l’analyse du drame de l’Eglise, drame encore actuel, sans précédent et toujours en cours.

4 septembre 1970.

Le nombre des fidèles va diminuer. Mais leur confession brillera devant le monde et s’ornera de la puissance de la bénédiction et de l’amour du Dieu trine. Là où le temple de Dieu est profané, le sacrifice eucharistique sera célébré dans de simples maisons.

6 novembre 1970.

Parmi ces renégats, se trouvent, toujours plus nombreux, des serviteurs consacrés au Dieu trois fois Saint. Ils renouvellent le péché de Judas qui ne m’a donné par son baiser aucun amour, mais au contraire une grande douleur. Car entre les âmes qui furent appelées et élues pour être les bergers (évêques) de mon peuple, beaucoup ont défailli. C’est pourquoi il incombe maintenant aux vrais fidèles du peuple de Dieu, d’accomplir une tâche plus grande encore : ils suppléeront par la prière, par le combat et la souffrance à ce que beaucoup, même parmi les prêtres, ne font plus et ne donnent plus ! C’est pourquoi je regarde avec tant de satisfaction les personnes qui prient et les âmes qui accomplissent des œuvres d’expiation. Certes, leur souffrance intérieure est grande, mais la gloire qui les attend au seuil de l’éternité sera une merveille !

4 juin 1971.

D’innombrables âmes vont se détourner de mon unique véritable Église parce qu’elles ont perdu la foi dans le Dieu Un et Trine, séduites par de mauvais prêtres et aveuglées par des enseignements erronés. Ces gens, dans leur fierté et leur apostasie, ne parlent que d’une religion sans dimension surnaturelle, sans miracle et sans prière. Ils parlent de l’homme et non plus de Dieu ! Non contents de renverser la hiérarchie des ordres en donnant la priorité à l’amour humain devant l’amour de Dieu, ils vont jusqu’à oublier, à perdre, voire à nier l’amour de Dieu avec une présomption sacrilège. Ils veulent fonder une Néo-église où la terre et l’homme signifient tout, tandis que Dieu et le Ciel ne signifient plus rien.

7 juillet 1972.

Ceux qui sont fidèles dans la foi et croient en la grâce doivent-ils en être attristés ? Certes, Moi-même J’ai pleuré sur Jérusalem parce que ses habitants rejetaient ma grâce. Mais aujourd’hui ma volonté, comme celle de mon Père, c’est que les enfants de la foi soient des enfants joyeux, joyeux comme autrefois François, qui chantait le Cantique du Soleil au ciel, joyeux comme la jeune Sainte Thérèse qui, par amour pour Moi, se promenait joyeusement, souriante, à travers le jardin de la création.

4 mai 1973.

D’innombrables personnes dans l’Église dont le nom figure dans le registre des baptêmes, ont perdu tout sens du surnaturel comme des Saints. Les prêtres, consacrés au service de l’Autel et des âmes, se tournent vers le monde. Ils oublient, voire méprisent les commandements de Dieu, mais chérissent un penchant dangereux pour l’esprit du monde. De plus en plus de gens tombent dans le piège d’une pourriture des moeurs que Saint Jean, dans la Révélation de l’Apocalypse a stigmatisée comme étant la grande « Prostituée de Babylone ». Les paroles de mon Vicaire à Rome, paroles sur la décomposition et la dissolution de la foi dans l’Église, expriment sa plainte et son accusation.

7 décembre 1973.

La prière des fidèles triomphera sur les paroles creuses de ceux qui s’assemblent dans les congrès mais dont la foi s’est refroidie. L’épreuve de la souffrance des fidèles ne touche pas encore à sa fin ; mais qu’ils comprennent et gardent présent à l’esprit que le sacrifice de leurs souffrances apporte à l’Église nombreuses bénédictions. Ceux qui souffrent ainsi hériteront d’une part éternelle dans ma Glorification et dans l’Amour de mon Cœur.

Kyrie eleison.

Retour de Drexel

Retour de Drexel on juillet 18, 2020

Le Deuxième Concile du Vatican (1962–1965) fut un événement énorme dans l’histoire de l’Église, voulu par ceux qui l’ont fait pour tromper une masse de catholiques, clergé comme laïcs, pour qu’ils remplacent la vraie Église catholique par leur propre invention, la Néo-église, adoptée aux temps modernes. Mais à partir de ce moment-là ce qui angoissait les Catholiques croyants, c’est que c’était les autorités mêmes de l’Église qui avaient trahi la Vérité catholique, ces autorités dont ils avaient appris depuis leur naissance dans l’Église à ne jamais les mettre en question. Aussi Notre Seigneur et Notre Dame s’ils ont quelque chose à dire aux hommes, évitent-ils de critiquer leurs prêtres pour ne pas scandaliser les âmes croyantes.

Mais voici l’intérêt particulier du fascicule La Foi est Plus Grande que l’Obéissance. En effet, si ces Messages venaient bien de Notre Seigneur Lui-même, comme ils le disent, ce serait de Dieu Lui-même que viendrait leur critique cinglante des évêques, théologiens et prêtres responsables de la Néo-église sortie du Concile, et Dieu Lui-même qui par là absoudrait les fidèles de leur devoir normal de ne jamais critiquer les prêtres. Voici Dieu qui dirait aux catholiques qu’un grand nombre – pas tous – de leurs pasteurs s’étaient transformés en loups – « Je connais l’agonie actuelle de vous autres âmes fidèles, » disent les Messages, « mais persévérez dans la Foi, et ne permettez pas aux traîtres de la changer. C’est vous qui avez raison et pas eux, comme le temps le dira, et grande sera votre récompense si vous persévérez. »

Un tel message était bien apte à soulever l’agonie des vrais croyants suite au Concile, mais il était tout aussi apte à en créer une autre : quoi alors des autorités infidêles de l’Église ? En particulier, du Pape ? Le peuple étend bien au-delà des quatre conditions strictes de la définition de 1870 son idée de l’infaillibilité pontificale – alors comment Jean XXIII a-t-il pu convoquer un Concile de loups, et comment Paul VI a-t-il pu le continuer et le guider à sa conclusion, et présider sur sa mise en pratique après ? Cette agonie-ci est si grave que bientôt après la mort du professeur Drexel en 1977, bon nombre de catholiques sérieux et fidèles se sont mis à recourir par exemple au sédévacantisme, qui résout le problème en niant carrément que les Papes conciliaires aient été de vrais Papes. La solution présenté par les Messages du professeur Drexel est plutôt que Paul VI lui-même ne faisait pas partie des loups. Deux au moins des Messages le critiquent clairement, mais plusieurs autres en affirment qu’il avait de bonnes intentions, qu’il n’était pas au courant de tout ce que faisaient ses subordonnés, que la révolution dans l’Église était pour lui aussi sujet d’agonie.

Pourtant la grande resonsabilité personnelle de Paul VI pour le désastre Conciliaire est indéniable, au point où certains fidèles de la Tradition en concluront que le « Notre Seigneur » des Messages n’était certainement pas Notre Seigneur en vérité, mais ressortait de manière ou d’autre des réflections « pieuses » du professeur Drexel lui-même. Dans ce cas-là on expliquerait l’indulgence relative des Messages envers Paul VI comme étant la solution adoptée par maint « bon » évêque et prêtre en ce temps-là pour soulager leur agonie, à savoir : les évêques Conciliaires étaient terribles mais pas le Pape lui-même. Par contre si les Messages sont venus en fait de Notre Seigneur, on pourrait expliquer cette indulgence envers Paul VI en devinant que Notre Seigneur voulait par elle anticiper la réaction des fidèles tentés plus ou moins à désespérer de la vraie Église structurale instituée par Notre Seigneur – Lui-même donc Il les rassurerait par là qu’Il était toujours derrière Son Église (cela exigerait de Sa part des omissions mais pas de mensonges).

Donc si Dieu veut, ce numéro-ci des « Commentaires » fera prélude à une deuxième petite série tirée des Messages du professeur Drexel dans les années 1970. A cause de leur actualité pour aujourd’hui, il y aura trois numéros : sur la Crise, les Évêques, et Paul VI. Aux lecteurs de juger pour eux-mèmes si vraiment ces Messages viennent de Notre Seigneur ou non. En tout cas, dans la crise qui perdure, à eux de juger.

Kyrie eleison.