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Réorientation Admirable

Réorientation Admirable on juin 20, 2020

Voici un résumé de la lettre ouverte du 9 juin de Mgr Viganò sur le Concile Vatican II :—

Mgr Schneider mérite qu’on le félicite pour son texte, paru récemment, portant sur le Concile et la fausse liberté religieuse. On parle beaucoup de « l’esprit du Concile ». Mais, a-t-on jamais entendu parler de « l’esprit de Trente », ou de « l’esprit » de tout autre Concile catholique ? Il n’en fut jamais question car tous les autres conciles suivaient simplement l’esprit de l’Église. Toutefois, concernant les enseignements passés de l’Église, ce bon évêque devrait se garder d’exagérer les « erreurs » devant être « corrigées », car quelles qu’elles aient pu être, elles ne ressemblent en rien à celles commises par le Concile Vatican II, que l’on peut comparer (jusque dans son contenu) au Synode de Pistoie (1786), qui fut condamné plus tard par l’Église.

Lors de Vatican II, beaucoup d’entre nous ont été fourvoyés. En toute bonne foi, nous avons accordé trop de crédit aux prétendues bonnes intentions de ceux qui promouvaient un œcuménisme qui n’a pas tardé à obliquer vers un faux enseignement sur l’Église. Aujourd’hui, de nombreux catholiques ne croient plus qu’il n’y ait pas de salut en dehors de l’Église catholique, et ce sont les textes de Vatican II qui contiennent les ambiguïtés propres à ouvrir la voie à cette remise en cause de la Foi. Cela a commencé par de simples rencontres interreligieuses, mais cela se terminera un jour par l’avènement d’une sorte de religion universelle dont le seul vrai Dieu aura été banni. Tout cela était prévu de longue main. De nombreuses erreurs, encore aujourd’hui en cours, trouvent leur origine dans Vatican II. En effet, dans les textes conciliaires il est facile de trouver la racine des falsifications actuelles de la foi et de la pratique véritablement catholiques. Car Vatican II sert maintenant à justifier toutes sortes d’aberrations, tandis qu’en réalité ses textes sont uniquement difficiles à interpréter, et ils contredisent la Tradition antérieure à un point qu’aucun autre concile de l’Église n’a jamais fait.

J’avoue maintenant, en toute sérénité, qu’à l’époque j’obéissais trop inconditionnellement aux autorités de l’Église. Je pense que beaucoup d’entre nous, nous étions loin d’imaginer que la hiérarchie ecclésiastique pût être infidèle à l’Église, surtout comme nous le voyons dans le présent Pontificat. Avec l’élection du pape François, les conspirateurs ont fini par enlever le masque. Ils se sont enfin sentis libres de Benoît XVI et de son penchant tridentin, libres de créer une Néo-église, de remplacer l’ancienne par un ersatz maçonnique tant pour la forme que pour le fond du catholicisme. Démocratisation, synodalité, ordination des femmes, pan-œcuménisme, dialogue, démythisation de la papauté, le politiquement correct, théorie du genre, sodomie, mariage homosexuel, contraception, immigrationnisme, écologisme – si dans tout cela nous sommes incapables de reconnaître le fruit de Vatican II, alors ces maux sont devenus vraiment inguérissables.

Mais une telle reconnaissance exige une grande humilité. Tout d’abord pour reconnaître que, pendant des décennies, nous avons été induits en erreur, en toute bonne foi, par des personnes qui avaient autorité pour veiller et garder le troupeau du Christ, mais qui ont failli dans leur tâche. Les bergers qui de mauvaise foi, voire dans une intention malveillante, ont trahi l’Église, doivent être identifiés et excommuniés. Nous avons eu beaucoup trop de mercenaires plus soucieux de plaire aux ennemis du Christ que de rester fidèles à son Église.

« De même qu’il y a soixante ans, j’ai obéi, honnêtement et sereinement, à des ordres discutables, croyant y reconnaître la voix de l’amour de l’Église, de même aujourd’hui, avec une égale sérénité et honnêteté, je me rends compte qu’il s’agissait d’une tromperie. » Aussi m’est-il aujourd’hui impossible de persévérer dans mon erreur, comme de prétendre avoir vu clair dès le début. Nous savions tous plus ou moins que le Concile était une révolution, mais aucun d’entre nous n’imaginait à quel point il serait dévastateur. On pourrait dire que Benoît XVI l’a ralenti, mais le pontificat de François a prouvé, sans aucun doute possible, que parmi les bergers au sommet de l’Église règne une véritable apostasie, tandis qu’en bas les brebis se trouvent abandonnées et pratiquement méprisées.

Pour un catholique, la déclaration d’Abou Dhabi comme quoi « Dieu est satisfait de toutes les religions » est un fait impardonnable. La vraie charité ne saurait se compromettre avec l’erreur. Et si un jour François refuse de jouer le jeu encore, il est probable qu’il sera écarté, tout comme le fut Benoît XVI, pour être remplacé. Mais la Vérité demeure et prévaudra : « Hors de l’Église, point de salut. »

Kyrie eleison.

La Malice du Modernisme – IV

La Malice du Modernisme – IV on juin 6, 2020

Ce Commentaire du 21 mars dernier prétendait faire ressortir « L’incroyable perversité, orgueil et perfidie » de Kant. De la part d’un catholique, ce langage concernant un philosophe célèbre certes, mais simplement laïc, n’est-il pas quelque peu violent ? Sauf que la pensée kantienne ne s’est pas contentée de rester dans le domaine civil. Quand on connaît la Révolution dans l’Église qu’a été Vatican II (1962–1965), comment ne pas admettre que la perversité, l’orgueil et la perfidie sont des marques qui lui appartiennent en propre ? Ou bien, est-ce encore là une outrance de langage ? Commençons par examiner comment chacune de ces trois marques s’applique au grand principe kantien selon lequel l’esprit de l’homme est incapable de saisir son propre objet, à savoir la réalité extra-mentale, alors que Dieu l’a conçu pour ça. (Mais le Kantisme, lui, a été conçu précisément comme forteresse pour exclure Dieu, selon le grand théologien Garrigou-Lagrange [1877–1964]). Nous verrons ensuite comment chacune de ces trois marques s’applique à l’esprit Conciliaire des années 1960.

Perversité du kantisme . . . . Dans sa Somme Théologique (2a2ae, 154, art.12), lorsque saint Thomas d’Aquin, en parlant des péchés d’impureté, veut prouver l’extrême malice de l’homosexualité, il compare cette perversion à la négation des principes de la pensée inhérents à l’esprit humain. Mais Kant ne fait pas que nier un ou deux principes naturels de l’esprit ; il affirme qu’aucun principe inné de l’esprit puisse s’appliquer à la réalité extérieure. C’est pourquoi le degré de perversité du kantisme est extrême. Cette conclusion n’est-elle pas corroborée par l’étendue du péché contre nature existant parmi les étudiants de nos « universités » kantiennes ?

 . . . et du Concile. Parmi les documents du Concile, Dei Verbum, la section 8 paragraphe 2, donne une définition de la Tradition vivante bien ambiguë, à laquelle Jean-Paul II a eu recours pour condamner la Tradition catholique immuable. Or c’est en référence à cette Tradition plus que millénaire que Mgr Lefebvre venait de consacrer quatre évêques en juin 1988. En d’autres termes, pour un esprit imbu des principes du Concile, la Vérité catholique ne cesse d’évoluer au fil du temps, au point que la conception de la Tradition, objective et immuable, qui était celle de Mgr Lefebvre, n’était plus recevable. Cette dissolution radicale de la Vérité catholique est une perversion absolue.

L’orgueil du kantisme . . . . Si la « chose en soi », créée par Dieu, échappe à mon esprit parce qu’elle se situe au-delà des apparences, là où pour Kant l’intelligence n’a pas accès, et si, comme l’affirme le kantisme aussi, je recompose la chose à partir des apparences sensibles, mais conformément aux lois antérieures de mon propre esprit, alors je deviens le créateur des choses que je connais ; elles sont fabriquées par moi et non par Dieu ; je prends ainsi la place du Créateur. Or, Dieu se rend très rarement perceptible aux sens humains. En effet, même lorsque le Christ incarné se montra aux Apôtres et se laissa toucher par saint Thomas, celui-ci dut encore faire un acte de foi pour croire en Sa Divinité (Jn. XX, 28). Donc normalement Dieu est au-delà des apparences sensibles, ce qui signifie pour Kant que Dieu est inaccessible à mon esprit. Et donc, je ne peux « croire » en lui que par un acte de la volonté. De là découle que le réel n’est pas tant ce que je sais, que ce que je veux. Or, je veux Dieu : donc Dieu est réel ! Est-ce là tout le fondement de la preuve de l’existence de Dieu ? Peut-on imaginer une « preuve » plus fragile ? Et quand je dis donc que Dieu dépend de mon bon vouloir pour exister, peut-on concevoir un orgueil plus insensé ?

 . . . orgueil du Concile. Comme l’indique très clairement l’abbé Calderón dans Prométhée, son étude sur le Concile, la clé de l’homme moderne, c’est la liberté. Donc c’est à la liberté que le Concile veut adapter la religion de Dieu. Donc l’homme moderne n’admettra aucune vérité objective mesurant son esprit, aucune loi objective gouvernant sa volonté, aucune grâce guérissant sa nature si ce n’est pour sa propre liberté. En bref, rien ni personne ne sera supérieur à l’homme moderne. Grâce à sa liberté, l’homme est la créature suprême. De plus, il est plus libre que le Créateur lui-même puisqu’il est libre de choisir le mal, alors que Dieu ne l’est pas. Encore une fois, est-il possible de concevoir un orgueil plus insensé que celui-là ?

Perfidie du kantisme . . . . Nier, comme le fait le kantisme, que l’esprit puisse connaître quoi que ce soit au-delà des apparences, ce n’est pas nier que les choses soient ce qu’elles sont ; c’est simplement faire sienne cette prétention, totalement absurde, comme quoi les choses ne sont ce qu’elles sont que par ma volonté. Ainsi, pour vivre, voire pour survivre, mon « esprit » splendide est contraint de fabriquer à manger sur l’apparence de ma table de cuisine, faute de quoi je risque d’avoir faim. De même, je dois fabriquer par mon « esprit » tout ce qui est nécessaire à la vie de tous les jours. Je peux ainsi me comporter dans la vie quotidienne comme un homme normal, comme un non-kantien ; je peux ainsi passer aux yeux des gens comme une personne qui a toute sa raison. Mais, si je leur avoue que c’est mon « esprit » qui a préparé le petit déjeuner, alors ils comprendront qu’ils ont affaire à un malade. Ainsi, je peux dissimuler à autrui mon rejet radical et secret de la réalité extérieure. Cette attitude contient en puissance toutes les perfidies.

 . . . . Perfidie du Concile. La perfidie de Vatican II n’est pas seulement potentielle mais bien réelle, car comme l’abbé Calderón le démontre clairement, l’essence même du Concile était de créer un nouvel humanisme anthropocentrique qui toutefois pourrait encore se faire passer pour un catholicisme théocentrique. Ce déguisement objectif et la tromperie qui en résulte, étaient inscrits dès le début dans la charte du Concile.

Kyrie eleison.

Prière de Daniel

Prière de Daniel on avril 18, 2020

Le réseau Internet regorge ces jours-ci d’observations et d’analyses, toutes plus intéressantes les unes que les autres, sur le coronavirus et sur la turbulence de la finance mondiale. Mais à l’occasion de ce dérèglement double – ou combiné – on oublie de parler de ce qu’il révèle de plus important, et c’est l’état des relations entre l’humanité et son Dieu, autrement dit, l’apostasie mondiale. Il s’agit d’un crime abominable, et l’écroulement dû au Coronavirus est une punition bien légère en comparaison des fléaux qui ne manqueront pas d’arriver si les hommes ne se convertissent pas. Mais dans l’état actuel des choses, la masse de ce peuple que Dieu s’est choisi en lui donnant la foi catholique, préfère suivre Vatican II, parce que celui-ci assouplit l’ancienne discipline, et permet à l’homme de s’adorer lui-même, au lieu d’adorer Dieu. Nous devrions tous implorer à genoux le pardon de Dieu, comme l’a fait Daniel dans l’Ancien Testament. Voici sa puissante prière tirée du chapitre IX, verset 3–19 ; il est assez simple de l’adapter à l’époque que nous vivons.

3 Je tournai mon visage vers le Seigneur mon Dieu, pour Le prier et Le conjurer dans les jeûnes, le sac et la cendre. 4 Je priai l’Éternel, mon Dieu, et je lui fis cette confession : « Seigneur, Dieu grand et terrible, qui gardez inébranlablement l’alliance et votre miséricorde à l’égard de ceux qui vous aiment et qui observent vos commandements, 5 nous avons péché, nous avons commis l’iniquité, nous avons fait des actions impies et nous nous sommes éloignés de Vous ; nous nous sommes détournés de vos commandements et de vos préceptes ; 6 nous n’avons pas écouté vos fidèles Vicaires d’avant Vatican II ; eux se sont adressés, en Votre Nom, à nos rois, à nos présidents, à nos pères, et à tous les peuples du monde. 7 A Vous, Seigneur, appartient la justice, mais à nous la confusion du visage, telle qu’elle est aujourd’hui pour les hommes d’Église, pour les habitants de Rome, et pour tous les catholiques, qu’ils soient proches ou qu’ils soient loin, dans tous les pays où vous les avez élevés, à cause de leur apostasie sournoise à Votre égard. 8 A nous, Seigneur, à nos rois, à nos présidents et à nos pères, revient la confusion de la face, parce que nous avons péché contre Vous. 9 A l’Éternel, notre Dieu, appartiennent la miséricorde et la propitiation, car nous nous sommes retirés de Vous, 10 et nous n’avons pas écouté la voix du Seigneur, notre Dieu, nous n’avons pas observé les lois qu’Il nous a fait connaître par ses serviteurs fidèles. 11 Toute l’Église a transgressé Votre loi et s’est détournée, refusant d’obéir à Votre voix. Et la malédiction et l’exécration qui sont écrites dans le livre de Moïse, le serviteur de Dieu, ont été répandues sur nous, parce que nous avons péché contre Dieu. 12 Il a accompli les paroles qu’Il avait prononcées contre nous et contre les princes qui nous gouvernaient, en faisant fondre sur nous une grande calamité ; car sous tout le ciel il n’y a rien eu de semblable à ce qui a été fait contre Rome. 13 Comme il est écrit dans la loi de Moïse, toute cette calamité s’est abattue sur nous, mais nous n’avons pas imploré la miséricorde du Seigneur, notre Dieu, en nous détournant de nos iniquités et en prêtant attention à Sa vérité. 14 C’est pourquoi l’Éternel a veillé à ce que cette calamité s’accomplisse et il l’a fait venir sur nous ; car notre Dieu, l’Éternel est juste dans toutes Ses œuvres, et nous n’avons pas écouté sa voix. 15 Et maintenant, Seigneur notre Dieu, qui avez fait tomber Votre Église, datant de deux mille ans, par une main puissante, et qui Vous êtes fait un Nom, tel qu’il est aujourd’hui, nous avons péché, nous avons fait le mal. 16 Seigneur, selon toute Votre justice, je vous en conjure, que Votre colère et Votre fureur se détournent de Votre ville de Rome, des sept collines saintes, car à cause de nos péchés et pour les iniquités de nos pères, Rome et Votre peuple sont devenus un sujet d’opprobre à tous ceux qui nous entourent. 17 Maintenant Seigneur, mon Dieu, écoutez les prières de vos serviteurs et leurs supplications, et pour Votre bien, Seigneur, faites briller Votre face sur votre sanctuaire maintenant désert. 18 Seigneur Dieu, prêtez l’oreille et écoutez, ouvrez Vos yeux et regardez notre désolation, regardez l’Église qui porte Votre nom ; car ce n’est pas à cause de notre justice que nous vous présentons humblement nos supplications, mais à cause de votre grande miséricorde. 19 Dieu Éternel, écoutez-nous, Dieu Éternel, pardonnez-nous, soyez attentif et agissez, ne tardez pas, mon Dieu, pour Vous-même, mon Dieu, car Votre ville et Votre peuple portent Votre Nom ».

Kyrie eleison.

Pape Indispensable – I

Pape Indispensable – I on février 1, 2020

Année après année, le temps passe sans que rien dans l’Eglise ne semble corriger l’absurdité de la situation. Mais les catholiques fidèles à la Tradition n’arrivent pas à comprendre pourquoi les prêtres de la Tradition continuent leurs disputes. Pourquoi ne s’unissent-ils pas ? Ne croient-ils pas tous en la même Tradition de l’Eglise ? Ne sont-ils pas tous d’accord pour dire que Vatican II a été un désastre pour l’Eglise ? Et ne sont-ils pas tous conscients que se battre entre prêtres est un spectacle peu édifiant, propre à décourager les fidèles de la Tradition ? Pourquoi ne peuvent-ils pas oublier leurs différends et se concentrer sur ce qui les unit : sur ce que l’Eglise fait et enseigne depuis toujours pour le salut des âmes ? A cette question, il y a une réponse. Peut-être est-il nécessaire de la leur rappeler régulièrement, pour aider les catholiques à persévérer dans la Foi.

Nous partons de l’idée que, dans l’histoire de l’Église, cette crise n’a rien de normal. Elle est en fait un passage obligé dans le seul et unique parcours conduisant vers la seule et unique fin du monde. Pour tirer au clair la structure de cette crise, s’il y a une paire de mots à laquelle recourent ces « Commentaires » c’est bien : « Vérité » et « Autorité ». La crise remonte à un passé bien antérieur à Vatican II, notamment à la « Réforme » déclenchée par Luther (1483–1546). Mais alors que, jusqu’à Vatican II, l’Église catholique se battait pour empêcher que le poison protestant ne pénétrât dans l’Église, voilà que depuis Vatican II la plus haute Autorité catholique, deux Papes et 2000 évêques, abandonnent la lutte et permettent au poison de mettre à mort l’Eglise. Et si les textes du Concile sont caractérisés par l’ambiguïté, c’est qu’à l’époque il fallait maintenir quelque apparence catholique. Mais sous cette apparence la véritable poussée des textes, le fameux « esprit du Concile », est vers l’intégration dans l’Eglise du libéralisme et du modernisme qui ont fait suite au protestantisme, si bien que tout ce qui reste encore de catholicisme en sera éliminé dès que ce reste de catholicisme se sera laissé suffisamment ramollir.

Essentiellement, cela signifie qu’au Concile l’Autorité Catholique a abandonné la Vérité Catholique au profit d’une doctrine plus en accord avec son temps. C’est pourquoi l’Autorité catholique se trouve maintenant séparée de la Vérité. Aux catholiques qui veulent rester catholiques, ne se présente plus qu’une seule et terrible alternative : soit ils adhèrent à l’autorité de l’Église, depuis le Pape jusqu’en bas de la hiérarchie, et du même coup, ils renoncent à la doctrine catholique ; soit ils adhèrent à la doctrine et se mettent en porte à faux vis-à-vis de l’Autorité catholique. A moins qu’ils ne choisissent une des nombreuses positions intermédiaires entre ces deux pôles. Dans tous les cas, les brebis sont dispersées, sans que de leur part il n’y ait eu de faute comparable à celle des deux principaux Bergers et des 2 000 autres bergers qui en tant que responsables du Concile ont entériné la trahison de la Vérité de l’Église par l’Autorité de l’Église. C’est dans cette fracture, opposant l’Autorité à la Vérité, que se trouve le cœur de la crise, maintenant vieille d’un demi-siècle.

Or, pour la seule vraie religion du seul vrai Dieu, la Vérité est vitale, et l’Autorité est tout aussi essentielle pour la protection de cette unique Vérité contre les blessures du péché originel intrinsèques à la nature humaine. Alors, pour résoudre la crise et mettre fin à la schizophrénie et à la dispersion des brebis, la seule solution possible est le retour du Berger et des bergers, du Pape et des évêques, à la Vérité catholique. Mais pour cela, l’heure n’a certainement pas encore sonné, ni dans l’Église ni dans la Fraternité Saint Pie X, laquelle – selon toute apparence – ne trouve rien de mieux que de vouloir se remettre sous l’autorité des ecclésiastiques conciliaires. (Et Mgr Lefebvre ? « Il est mort », diront certains !)

Donc, en attendant que le Bon Dieu remette le Pape sur pied – et personne de moins que Lui ne peut le faire – et qu’à son tour, le Pape « une fois converti, fortifie ses frères » (Lc.XXII, 32), c’est-à-dire redresse les évêques de par le monde ; en attendant cela, la crise ne peut qu’empirer. D’ici là, nous devrons comprendre cette leçon et attendre que Dieu nous prenne en pitié. Et d’ici là, comme le dit un proverbe anglais, « Ce qui ne peut être guéri, doit être supporté ».

Kyrie eleison.

Le Professeur Drexel – I

Le Professeur Drexel – I on janvier 4, 2020

D’année en année, la crise de l’Église et du monde sévit sans relâche. Pour ce nouvel an revenons à des avertissements que Notre Seigneur a donnés au début des années 70, car c’est l’époque où d’innombrables bons catholiques commençaient à souffrir profondément de la nouvelle religion imposée par le Concile Vatican II qui venait de terminer en 1965. Une des victimes de ce fléau fut le Père Albert Drexel (1889–1977), originaire du Vorarlberg en Autriche, professeur prestigieux de philologie et prêtre catholique dévot. À partir de 1922, pour le guider dans sa dévotion, tous les premiers vendredis du mois il fut gratifié par Notre Seigneur d’apparitions accompagnées de messages faits pour lui montrer le bon chemin.

Mais ce n’est qu’à partir de 1970 que ces messages furent mis par écrit, et conservés jusqu’à la mort du professeur, pour être ensuite publiés dans un petit livre encore disponible aujourd’hui, intitulé « La Foi est plus grande que l’obéissance ». Certes, aucun catholique n’a l’obligation de croire qu’il s’agit là de paroles de Notre Seigneur, mais pour de nombreuses brebis qui pensent reconnaître la voix de leur Maître, ces messages des premiers vendredis de 1970 à 1977 suffisent par eux-mêmes à établir leur véracité. Voici par exemple le message du 5 mars 1976, où se trouvent les paroles qui font le titre du petit livre mentionné plus haut. C’est à cette date-là que la Foi de la véritable Église et la fausse obéissance réclamée par l’église conciliaire entraient le plus violemment en conflit.

«&#xA0L’avenir vous paraît sombre. Je connais votre lutte intérieure et vos difficultés à discerner le bon chemin au milieu d’une telle confusion. Je vais donc vous éclairer. Mon fils Marcel (Mgr Lefebvre) est fidèle et souffre beaucoup pour la foi ; mais il est sur la bonne voie. Il est comme une lumière, comme une colonne de vérité, alors que par ailleurs beaucoup de mes prêtres se montrent infidèles. La Foi est plus grande que l’obéissance. C’est pourquoi je souhaite que se poursuive le travail d’éducation théologique des prêtres dans l’esprit et selon la volonté de mon fils Marcel, afin d’apporter un secours salutaire à la véritable Église.

L’esprit du monde s’est infiltré dans l’Église ; l’Esprit-Saint abandonne de nombreux cœurs infidèles qui, de par leur vocation, devraient Le proclamer. Ils préfèrent parler d’autres choses ; ils tombent dans les pièges et les mensonges de Satan. C’est ainsi qu’ils corrompent les gens et même les enfants ( . . . ) Maintenant cet esprit infeste les ecclésiastiques, les monastères et les couvents. Les moines et les moniales ont perdu la grâce de leur Ordre en abandonnant l’esprit de leurs Fondateurs. Ils sont devenus une cause de scandale pour le peuple et pour le monde. Ils n’ont plus d’amour envers ma Très Sainte Mère, ils n’ont plus aucune révérence envers Ma présence sacramentelle ; les moines choisissent de prêcher sur les choses du monde, sur le luxe, sur une vie de plaisir. Quant aux moniales, elles ne parlent plus des saints anges ; beaucoup ne mentionnent même plus la Très Sainte Vierge ; elles n’ont plus rien à dire sur leur Mère Marie. Pourtant, il existe encore des lieux de calme et de prières, des sanctuaires préservés dans lesquels Marie, ma Mère, Mère de toute grâce, est honorée. »

Peut-être ce message de 1976 est-il aujourd’hui un peu dépassé, pour autant que les fruits du grand apostolat de Mgr Lefebvre, comparés aux fruits amers de Vatican II, ont eu assez de temps pour montrer à beaucoup d’âmes où se trouve le véritable Esprit de Dieu. Aujourd’hui en effet, l’Archevêque porte de plus en plus de fruits en dehors des limites de la Fraternité qu’il a fondée. Toutefois, la véritable Église de Dieu reste encore sous l’emprise des loups modernistes qui, déguisés en brebis, s’acharnent à la mettre en pièces, ensorte que beaucoup d’âmes sont tentées d’abandonner la vraie Foi et la véritable Église. Pour tenir le coup, qu’elles fassent connaissance des nombreux messages adressés au Père Drexel, par exemple celui du jour de l’an, 1971 :

« L’obscurité enveloppe ma sainte Eglise. La confusion des esprits ne cesse de grandir ; des prêtres toujours plus nombreux trahissent leur mission et leur grâce sacerdotale ( . . . ) mais tandis que le fruit des méchants et des impies finira dans la corruption, le fruit des âmes fidèles s’épanouira en une Église plus pure et plus belle. Heureux, ceux qui comprennent l’heure présente et restent dans mon amour ; heureux, ceux qui confessent ma Mère, suivent le chemin des saints et se confient à la direction des anges ; car ces âmes fidèles brilleront dans les ténèbres ; elles resteront fermes sous les attaques et ne s’écrouleront pas au milieu des épreuves ( . . . ) ».

Kyrie eleison.

Parlez Haut et Fort !

Parlez Haut et Fort ! on décembre 28, 2019

Si l’on compte, dans le passé, de grands esprits, c’est parce qu’ils pouvaient élever leur cœur à de grandes choses. Cela implique que leurs pensées, implicitement ou explicitement, traitaient de Dieu. Et s’ils étaient véritablement de grands esprits, leur pensée ne s’arrêtait pas simplement à dénoncer les choses. L’un de ces esprits d’exception fut certainement Shakespeare, écrivain anglais, qui, en tant que catholique, se battit contre l’apostasie de son pays, au moment même où, vers 1600, sa carrière atteignait son apogée. Mais l’adoption du protestantisme par l’Angleterre signifiait pour l’écrivain que, s’il ne voulait pas être pendu, éviscéré et écartelé, il devait déguiser son message catholique. C’est ce qu’a montré Clare Asquith dans son livre “ Shadowplay “(Théâtre d’ombres), paru en 2005. Elle y fait monter la littérature anglaise bien au-dessus des visées “patriotes” anglaises ou des nains de la critique littéraire.

Pour ne prendre qu’un seul exemple, dans l’annexe du livre sur le Sonnet 152, elle montre que, du début à la fin du texte, même si l’on applique ces vers de façon évidente à une femme que Shakespeare a dû connaître, il se cache en fait une seconde signification s’appliquant à l’écrivain lui-même de manière beaucoup plus large. Car il n’a pas su avertir ses compatriotes comme il aurait dû le faire. Voici les 14 vers de ce sonnet avec la traduction du sens obvie à côté, suivis de leur sens caché :—

In loving thee thou know’st I am forsworn
But thou art twice forsworn to me love swearing,
In act thy bed-vow broke and new love torn,
In vowing new hate after new love bearing.
But why of two oaths’ breach do I accuse thee,
When I break twenty ? I am perjured most,
For all my vows are oaths but to misuse thee
And all my honest faith in thee is lost.
For I have sworn deep oaths of thy deep kindness,
Oaths of thy love, thy truth, thy constancy,
And to enlighten thee gave eyes to blindness,
Or made them swear against the thing they see.
    For I have sworn thee fair : more perjured eye
    To swear against the truth so foul a lie.

En t’aimant, tu le sais, je ne suis qu’un parjure ;
Mais toi, tu l’es deux fois en jurant que tu m’aimes ;
Car tu trahis ton mari, et le trahis de nouveau,
En vouant nouvelle haine après nouvel amour.
Mais pourquoi t’accuser – deux serments violés –
Si moi j’en viole vingt ? C’est moi le vrai parjure :
Car tous mes faux serments ne font que t’abuser,
Ma dite foi en toi n’étant plus du tout honnête.
J’ai juré que ton cœur était toute bonté
Ta profonde tendresse, et ton amour fidèle.
Et pour te glorifier l’invisible j’ai vu,
Ou juré ne pas voir ce que j’ai vraiment vu.
    J’ai témoigné cent fois de ta sincérité.
    Démence du mensonge, défiant la vérité !

Remarquons que le texte du sonnet prend davantage de sens selon sa signification cachée, qui fait référence à l’Angleterre infidèle, que selon la signification apparente concernant la maîtresse infidèle de Shakespeare. Ainsi, l’Angleterre des temps anciens est restée pendant 900 ans l’épouse fidèle de l’Église catholique. Mais, par l’Acte de Suprématie (« Tu trahis ») d’Henry VIII (1534), qui fondait l’Eglise anglicane, l’Angleterre rompit son mariage (“ton mari”) avec l’Église catholique en prenant comme amant le protestantisme. Puis, sous Marie Tudor (1553), elle s’est remariée avec l’Eglise catholique («  nouvel amour »), pour retomber dans l’adultère avec le protestantisme sous Elisabeth Ier (1558) (“En vouant nouvelle haine” à l’Eglise catholique). Mais Shakespeare (1564–1616) se blâme lui-même pour une infidélité plus grave encore, car, au cours de ces années il a glorifié l’Angleterre (“pour te glorifier”) à plusieurs reprises, sous les Tudors infidèles, par exemple dans ses Pièces Historiques. Il les a glorifiés au détriment de l’Angleterre («  aussi t’ai-je abusée ») car, au fond de son cœur catholique, il savait très bien que le protestantisme serait la ruine de la “Merrie Englande”. En effet !

Et qu’en est-il aujourd’hui ? L’histoire se répète : pendant plus de 1900 ans, les catholiques du monde sont restés fidèlement mariés à la véritable Église, mais depuis Vatican II (1962–1965), la masse des fidèles a suivi les mauvais dirigeants d’alors, commettant un adultère plus ou moins prononcé avec le monde moderne (“tu trahis le lit”). Puis Mgr Lefebvre (1905–1991) en a ramené beaucoup à la véritable Église catholique (“nouveau serment”, “nouvel amour”, ou renouvellement de l’ancienne foi et de l’ancien amour), pour voir ses successeurs, maintenant à la tête de la Fraternité Saint Pie X (fondée par lui en 1970) retomber dans le désir adultère de réunion avec la Rome conciliaire, qui se fonde sur la “haine nouvelle “ de la vérité préconciliaire.

Conclusion ? Ceux qui parmi nous sont comme Shakespeare ou comme tous les catholiques, nous devons déclarer haut et fort que la Rome de Pachamama n’est rien d’autre qu’une abomination, à fuir absolument.

Kyrie eleison.