Les Commentaires Eleison

Intelligence Artificielle – II

Intelligence Artificielle – II on juillet 21, 2018

En fait, le concept d’intelligence artificielle est une contradiction dans les termes. Tout ce qui est artificiel (tout artefact) ne peut pas être intelligent. Tout ce qui est intelligent ne peut pas être artificiel. La raison en est que tout être intelligent doit (en tant que tel) avoir la vie, être d’essence spirituelle et être libre. Or, tout artefact (en tant que tel) est d’ordre matériel, inanimé et ne peut donc pas être libre. Par conséquent, aucun artefact ne peut être intelligent dans le vrai sens du terme, et aucun être véritablement intelligent ne peut être un artefact. Dieu seul peut créer une intelligence. L’homme ne peut créer que des choses artificielles.

Pour démontrer cela, partons de ce qui fut dit dans les “Commentaires” de la semaine dernière. Parmi les êtres spirituels, il y a trois ordres : le Créateur (1), les anges (2), et les hommes(3) ; et parmi les êtres matériels, il y a quatre ordres : les hommes (3), les animaux (4), les végétaux (5) et les minéraux(6). On voit par là que l’homme est la créature la plus complexe, puisque lui seul participe à la fois du monde spirituel et du monde matériel. Si quelqu’un affirme que l’homme est purement matériel, il profère l’erreur probablement la plus grossière qu’on puisse commettre en philosophie, à savoir : prétendre que seuls existent les êtres matériels. Cette erreur est largement répandue dans notre monde matérialiste d’aujourd’hui, mais une telle affirmation implique ou bien que cette personne n’a jamais pensé ou aimé, ou plutôt qu’elle nie la nature même de sa propre expérience. Si la matière seule existait, pourquoi les hommes auraient-ils un sens si aigu de leur propre dignité ? Et pourquoi se comporteraient-ils comme si la liberté était ce qui leur importait le plus ?

Pratiquement, on peut classer les six ordres d’êtres selon qu’ils dépassent plus ou moins la matière. Le minéral (6) est enfermé dans la matière, mais les végétaux (5) ne le sont pas totalement : ils vivent et bougent, bien qu’ils restent encore fixés en un lieu et ne connaissent rien en dehors d’eux-mêmes. Les animaux (4) vivent et bougent, et ils ne restent pas fixés sur place. Et par les sens et le désir, ils connaissent les choses matérielles existant autour d’eux. Les hommes (3) vivent, bougent et ne sont pas fixés en un lieu. Non seulement ils accèdent, par les sens et le désir sensoriel, à la connaissance des particularités du monde matériel existant autour d’eux, mais ils possèdent de surcroît l’intelligence et le désir par la volonté ; si bien qu’ils peuvent, par abstraction, connaître des universaux immatériels existant autour d’eux, ce qui représente une énorme avancée dans l’ascension de l’esprit se libérant de la matière. Le mot “intelligence” vient du latin “intus-lego”, qui signifie “ je lis à l’intérieur “. Autrement dit, à partir des choses perçues par les sens, l’intelligence lit, à l’intérieur de ces choses, leur forme ou leur essence immatérielle. C’est possible du fait que l’intelligence, et la volonté qui la suit, sont toutes deux des facultés spirituelles, appartenant à cette partie de l’homme qui, comme telle, ne dépend pas de la matière, mais la surmonte et dépasse.

De ces deux facultés, découle la liberté de la volonté humaine (3), qu’aucun autre animal (4) ne peut partager car tous sont contraints par leurs instincts. Et cette liberté, même pour le plus athée des matérialistes, atteste la dignité supérieure de l’être humain, le plaçant au-dessus des animaux (4). Encore faut-il que l’athée en question soit assez honnête pour reconnaître ce fait. Au-dessus de l’homme existent les anges (2) qui sont des êtres purement spirituels et intelligents mais encore particuliers, alors que le Créateur (1) est l’Être spirituel universel, Dieu Lui-même, que nulle matière ni particularité ne peut limiter.

Ainsi, l’homme (3) est un être spirituel et vivant par son âme immortelle. Son intelligence et sa volonté sont le fondement de son libre arbitre, le rendant libre. Et maintenant posons-nous la question : un ordinateur ou un robot est-il un “artefact”, un objet fabriqué, ou bien est-ce un être spirituel vivant et libre ? Premièrement, la vie ne lui vient pas de l’intérieur. La nature répand une profusion de semences, humaines, animales et végétales dans tous les sens, et chaque semence contient la vie. Mais, en dépit de l’effort considérable poursuivi sur de nombreuses années, l’art et la science humains n’ont pas réussi à créer une graine contenant la vie à l’intérieur d’elle-même (et l’on se doute bien que ça n’arrivera jamais). Deuxièmement, si rien de ce qui est fait par l’art humain ne possède la vie, à plus forte raison l’ordinateur ne peut être spirituel, car un être spirituel (3) suppose une forme élevée de vie. Enfin, troisièmement, aucun ordinateur ou robot fabriqué par l’homme ne peut être libre, parce que le libre arbitre suppose une intelligence spirituelle qu’aucun art humain ne peut fabriquer. Même un ange n’a pas la capacité de créer une intelligence spirituelle (3). Dieu (1) seul le peut ; Dieu, Créateur de toutes choses.

Par conséquent les ordinateurs et les robots informatiques (6) ne peuvent pas être animés, et restent inaptes à prendre la moindre initiative en dehors du programme dont on les a équipés. Ils ne peuvent être dits intelligents dans le plein sens du terme, parce que cela renvoie à un être spirituel que Dieu seul peut créer. Il s’ensuit qu’ils n’ont pas de liberté les rendant capables de prendre par eux-mêmes une décision. Ce ne sont que de simples machines (6), confinées dans leur programme matériel (6). Les créditer d’une passion humaine quelconque, d’une pensée originale ou de la liberté, relève d’un matérialisme infantile.

Kyrie eleison.

L’intelligence Artificielle – I

L’intelligence Artificielle – I on juillet 14, 2018

L’intelligence artificielle semble s’attirer actuellement de plus en plus d’attention. En fait, les formidables progrès réalisés ces dernières années dans le développement des ordinateurs et des machines connectées, impressionnent tellement les gens qu’ils envisagent sérieusement qu’on puisse confier à des robots informatiques un nombre croissant de tâches effectuées ordinairement par les hommes, voire même des tâches d’ordre divin. Quiconque a gardé tant soit peu de bon sens sait qu’il y a des limites strictes que la capacité des machines ne saurait dépasser ; mais les mêmes personnes savent aussi que le bon sens est aujourd’hui méprisé par les médias, la politique, l’éducation, etc., tous ces moyens à la botte du Nouvel Ordre Mondial, qui a grand intérêt à couper toujours davantage les gens de la réalité, afin de les rendre plus faciles à maîtriser. Il est temps de rappeler ici quelques vérités élémentaires.

Tous les êtres se répartissent en six catégories : en dessous de Dieu, Créateur de toutes choses, les créatures se rangent en cinq ordres : les anges, les êtres humains, les animaux, les végétaux et les minéraux. Ces cinq ordres sont clairement distincts les uns des autres, en dépit des programmes de télévision qui font de leur mieux pour brouiller les traits distinctifs, en particulier entre les hommes et les animaux. Mais, dans la réalité, les distinctions sont claires. En partant du bas :

Le minéral ne fait qu’ exister parce qu’en lui ne réside ni aucune vie ni aucun mouvement de soi-même.

Le végétal, en plus d’exister, vit aussi, de par son organisation interne : il a la capacité d’ingérer (par exemple l’eau), de grandir et de se reproduire.

L’animal est doté de ces trois capacités mais, en outre, il peut recevoir des sensations  ; en d’autres termes, par certaines facultés sensorielles ou par l’ensemble des cinq sens (la vue, l’ouïe, l’odorat, le toucher et le goût), il accède à une connaissance des choses existant autour de lui.

L’homme possède toutes les capacités ou facultés matérielles de l’animal et du végétal mais, en outre, il partage avec les anges les facultés spirituelles de l’esprit et de la volonté ; autrement dit, outre la capacité de sentir, il est capable de raisonner  ; autrement dit, il possède une intelligence capable de lire (lego) les essences universelles à l’intérieur (intus) des perceptions sensibles, et la capacité de vouloir en fonction de ce que l’esprit a perçu. L’animal est dépourvu de cette intelligence et volonté. Quand un animal se comporte de manière apparemment intelligente, comme l’abeille par exemple, ce n’est dû qu’à l’instinct dont le Créateur, suprêmement intelligent, a pourvu tout animal.

Les anges sont dotés d’une intelligence et d’une volonté, mais ils sont dépourvus des facultés matérielles présentes chez les animaux, car les anges sont purement spirituels. (Les facultés animales de la connaissance par les sens et du désir sensoriel n’existent qu’avec la matière, absente chez les anges.)

Il en résulte que tout ce qui est de l’ordre humain, tout ce qui est humain en tant que tel, est spécifié par ce qui est l’apanage de l’homme seul et qui n’appartient ni aux animaux, ni aux végétaux ni aux minéraux. Quant aux machines, elles font entièrement partie de l’ordre minéral : elles sont essentiellement (par essence) inanimées. Quel que soit leur degré de complexité, on ne trouve dans la machine nul principe, nulle origine de vie ou de mouvement. Quel que soit le mouvement qu’elle exécute, grâce à l’électricité par exemple, la machine ne peut l’accomplir sans quelque apport externe. Il s’ensuit que toute activité proprement humaine, intelligente, échappe complètement aux ordinateurs. Tout ce qu’ils peuvent faire, c’est d’enregistrer ce qui leur vient de l’extérieur, ce qui est observable et calculable dans le comportement des gens ; ils peuvent produire des statistiques et des feuilles de calcul, c’est-à-dire des chiffres, pour lesquels ils sont faits. Churchill, politicien nullement saint mais assez humain, disait, “Il y a trois sortes de mensonges : les mensonges ordinaires, les gros mensonges et les statistiques”. Pourquoi les statistiques sont-elles « mensongères », si ce n’est parce que ce qui est proprement humain leur échappe totalement ?

Voici un exemple. À New York il y a peut-être 15 ans de là, un groupe d’experts en informatique a conçu un ordinateur, Deep Blue, pour jouer aux échecs contre Kasparov, le champion du monde d’échecs. Or, s’il est un jeu adapté aux ordinateurs, c’est bien le jeu d’échecs, où on est capable d’analyser des milliards de possibilités en quelques minutes, voire quelques secondes, et où on parvient donc à jouer un coup qui ne laisse rien au hasard. Mais, devinez ce qui s’est passé ? Après quelques parties, les experts ont dû adapter les programmeses de l’ordinateur afin de correspondre à la façon dont Kasparov jouait ! Les ordinateurs sont privés de vie intérieure et d’initiative ; ils ne peuvent former de pensée, ni sortir en dehors de ce pour quoi on les a programmés ; ils sont absolument incapables de réagir aux éventualités se présentant en dehors de leur programme. Intelligence, vous disiez ? – êtres humains, un ; machines, zéro !

Kyrie eleison.

Capitulants, Soyez Sur Vos Gardes !

Capitulants, Soyez Sur Vos Gardes ! on juillet 7, 2018

Souvenez-vous, Capitulants de la Fraternité Saint-Pie X, qui allez prendre part au prochain Chapitre, de l’importance des élections auxquelles vous allez procéder. Elles détermineront la direction de la Fraternité pour les 12 prochaines années. Souvenez-vous de la grave responsabilité qui est la vôtre ! Vous n’allez pas, dans quelques jours, vous rendre à une garden-party pour jeunes enfants. De fait, vos décisions auront des répercussions qui s’étendront potentiellement à toute l’Église, voire au monde entier !

Méfiez-vous de l’atmosphère qui pourait régner au Chapitre, dans laquelle tous éprouveraient le plaisir d’être ensemble, comme dans une garden-party où personne ne doit gâcher cette bonne atmosphère qui fausse la réalité. Vous êtes tous engagés sur la ligne de front dans la bataille finale, placés entre la Vierge et le Diable (dit sœur Lucie de Fatima).

Souvenez-vous de la crise de l’Église déchaînée par Vatican II, qui est à l’origine de la fondation de votre Fraternité. Certes Mgr Lefebvre a créé des séminaires pour maintenir le vrai sacerdoce et la vraie spiritualité catholiques, mais surtout dans un esprit de combat afin de sauver la Foi catholique. Car de quelle utilité seraient les prêtres ou la spiritualité, si plus personne n’avait la Foi ? De ce point de vue, la vraie Messe elle-même est un moyen et non pas la fin.

Méfiez-vous de ceux qui prétendent que la crise est révolue ; que la Rome conciliaire n’est plus conciliaire ; ou que le pape François aime bien la Fraternité. Lui et les affidés qui l’entourent ne peuvent aimer la Fraternité qu’à la condition qu’elle cesse de résister au concile. Ils ne l’aimeront pleinement que lorsqu’elle sera devenue une éminente propagandiste de l’apostasie dans l’Église universelle.

Souvenez-vous de votre Fondateur, de Mgr Lefebvre, en particulier des conseils et des avertissements qu’il a prodigués à la fin de sa vie, entre les consécrations épiscopales de 1988 et sa mort en 1991. Ces consécrations, effectuées contre la volonté expresse du Pape, ne venaient en rien contredire ses services antérieurs, loyalement rendus à l’Église : elles furent sa gloire suprême, car rien d’autre qu’il n’ait fait n’a mieux défendu et soutenu la foi catholique !

Méfiez-vous, lorsqu’on vous dira que Monseigneur avait toujours à cœur de s’entendre avec les autorités romaines. Certes, il parlait avec elles, mais lorsqu’en 1988 elles finirent par refuser de protéger la Tradition, il fit passer résolument la doctrine avant la diplomatie. Mais, depuis 2012, la diplomatie est de retour et passe avant la doctrine !

Souvenez-vous que toute l’Eglise a du écouter Mgr Lefebvre, car il parlait vrai et sa Fraternité était à la pointe du glorieux combat pour la Foi. À partir de 2012, quel fut le combat de la Fraternité ? Depuis qu’elle a renoncé à la primauté de la doctrine, elle devient de plus en plus semblable à d’autres congrégations relevant d’Ecclesia Dei, et les meilleurs prêtres de la Fraternité sont plongés dans la confusion : « Que devons-nous défendre maintenant ? », s’interrogent-ils.

Méfiez-vous des décisions qui entérineraient, comme en 2012, la primauté de la pratique sur la doctrine, privilégiant l’unité des hommes avant la vérité divine, préférant l’homme à Dieu. Jamais le monde n’a autant eu besoin de Dieu que maintenant ! Jamais l’Église n’a autant eu besoin de témoigner de la Vérité divine ! Est-ce maintenant que le témoignage de la Fraternité devrait disparaître ?

Souvenez-vous combien les réunions, telles qu’un Chapitre Général, sont aisément manipulables par des libéraux bien préparés, comme ce fut le cas à Vatican II. N’hésitez pas à rencontrer d’autres confrères et à discuter avec eux avant le début du Chapitre. Les libéraux l’ont certainement déjà fait ; il se peut même qu’ils aient décidé par avance de toutes les questions importantes. Par tous les moyens, essayez d’enrayer les arrangements tout faits qu’ils ont prévus ! Parlez haut et fort, avant que la vérité ne disparaisse !

Prenez garde ! Ne renoncez pas à la grâce, ne renoncez pas à la réalité, ne restez pas docilement au pays des rêves ! Méfiez-vous de “la paix et de l’unité” pour tout, sauf pour la Vérité. L’année 2018 sera, pour la Fraternité, celle de la mort ou de la vie. Un compromis ne signifiera pas la victoire. Ne finissez pas comme de simples béni-oui-oui ; au contraire : débattez de ce que la vraie Eglise attend de la vraie Fraternité.

Kyrie eleison.

Une Élection-Survie ?

Une Élection-Survie ? on juin 30, 2018

La prochaine élection des trois principaux dirigeants de la Fraternité Saint-Pie X aura lieu dans une quinzaine de jours environ. L’enjeu est d’une grande importance. Durant les 20 premières années de son existence, la FSSPX réussit à s’opposer, avec une rare efficacité, à la nouvelle religion centrée sur l’homme qui, à la suite du Concile Vatican II, avait pris le dessus et occupait l’Église catholique. Mais, depuis vingt ans hélas, le Supérieur Général n’a cessé d’affaiblir cette institution face aux responsables romains qui manœuvrent à la tête de la nouvelle religion conciliaire. Sera-t-il ou ne sera-t-il pas réélu pour un troisième mandat à la mi-juillet ? S’il est réélu, on ne voit pas comment la Fraternité pourra échapper au contrôle des conciliaires. S’il n’est pas réélu, celui qui le remplacera devra bénéficier d’un miracle surnaturel ou faire preuve de grandes qualités naturelles pour restaurer la Fraternité dans l’intention originelle de son Fondateur et pour rétablir Jésus-Christ sur Son Trône en tant que Dieu et Roi de tous les hommes. C’est pourquoi ceux qui tirent la sonnette d’alarme à propos de la pénétration du libéralisme à l’intérieur de la Fraternité n’agissent certes pas en ennemis, mais en amis.

Est-il possible que la noble tentative de Mgr Lefebvre de combattre le libéralisme athée en fondant la Fraternité en 1970 ait été vouée à l’échec dès le départ ? Certes, Monseigneur avait avec lui le Bon Dieu, ainsi que le prouvent tant d’interventions quasi-miraculeuses dans les débuts de la Fraternité ; mais, d’un autre côté, il avait contre lui l’Église conciliaire et le monde moderne tout entier : ce qui était la norme depuis la primitive Église des Apôtres et des martyrs, à savoir la civilisation chrétienne, était, à son époque, devenu tout à fait anormal. Tant et si bien qu’on peut se demander comment les jeunes vocations, qu’il avait attirées dans les années 1970 et 1980 et qui sont maintenant à la tête de sa Fraternité, auraient pu connaître cet ordre relativement normal de l’Église ? Ordre que lui-même avait connu entre les deux guerres mondiales. Et alors comment auraient-ils pu construire ce qu’ils ne connaissaient pas ? Et comment, humainement parlant, pourraient-ils aujourd’hui échapper à la pression qu’exerce le monde contemporain contre tout ce qu’il juge anormal ?

Car il est devenu tout à fait normal que les hommes ne croient plus en Dieu ou, s’ils croient en Lui, qu’il soit traité comme quantité négligeable. Tout ce qu’il lui reste à faire, c’est de se tenir à l’écart. Face, l’homme gagne ; pile, Dieu perd. Tout bien considéré, Dieu est si bon qu’il ne pourrait jamais condamner un être humain aux feux éternels de l’enfer. Par ailleurs, les hommes sont si bons que le simple fait d’être homme leur confère une telle dignité, qu’ils méritent tous d’aller au Ciel. Dieu ne nous a-t-il pas donné la vie pour que nous en jouissions ? Et donc, en nous prescrivant les dix commandements, comment a-t-il pu vouloir que nous n’en jouissions pas ? L’église d’hier a donné cette impression, mais, après des siècles de paysannerie arriérée, l’homme de l’âge technique est maintenant arrivé à l’âge adulte. Il était plus que temps que la vieille église cède le pas à l’église du Nouvel Ordre Mondial. C’est maintenant une église qui resplendit par l’intégration plutôt que par l’exclusion ; par la liberté plutôt que par les interdits ; par le libéralisme plutôt que par le catholicisme.

N’empêche, d’un point de vue surnaturel personne ne peut exclure la possibilité d’une aide miraculeuse venue du Ciel, par laquelle le Chapitre Général de la FSSPX choisira trois dirigeants qui comprendront ce que Dieu attend de la Fraternité. Ceux-ci promettront alors de lui donner, avec Son aide, une Fraternité rétablie dans sa vocation de témoin, dans toute l’Église, de la Royauté Sociale du Christ-Roi et de la seule vraie Religion, instituée par le Dieu incarné. Mais, humainement parlant, personne ne doit se faire d’illusion quant à la probabilité d’une telle aide miraculeuse. Dieu ne doit ses miracles à personne. Il était déjà miraculeux que la Fraternité pût naître, survivre, prospérer et rayonner dans toute l’Église durant 40 ans. Peut-être a-t-elle ainsi joué son rôle en transmettant la Tradition aussi longtemps que Dieu l’a voulu. Maintenant, tout ce qu’il lui reste à faire, c’est d’observer comment le même flambeau passera à d’autres. Dieu seul sait. Les hommes proposent, et Dieu dispose.

Pour notre part, nous prions : Très Sainte Mère de Dieu, obtenez de votre divin Fils que le Chapitre Général de la Fraternité se choisisse, pour les 12 prochaines années, des dirigeants qui soient de véritables serviteurs du Christ, qui n’opposent à Ses intérêts ni ambition ni calculs humains, mais qui œuvrent pour la restauration de sa Royauté sur l’humanité tout entière, pour le triomphe de votre Cœur Immaculé et pour le salut des âmes. Ainsi soit-il.

Kyrie eleison.

Fraternité Cinquantiste *

Fraternité Cinquantiste * on juin 23, 2018

L’Église des années 1950 et la Fraternité Saint-Pie X des années 2000 souffrent toutes deux d’une maladie analogue : la même pathologie, qui affligeait l’Église, touche maintenant la FSSPX. Au juste, d’où vient ce mal ? Il consiste dans cette démarche insidieuse d’aller au-devant de l’homme moderne éloigné de Dieu, en rabaissant au niveau de l’homme sans Dieu les exigences de la Foi. L’image du Dieu véritable est alors rendue méconnaissable. Dans l’Église, on a prétendu adapter la Foi de toujours à notre monde moderne, donnant ainsi naissance au Concile Vatican II. Dans la FSSPX, on prétend maintenant adapter au Concile la Tradition Catholique, provoquant ainsi le dérapage de la FSSPX. “Les mêmes causes produisent les mêmes effets.”

Nous avons commémoré l’an dernier le centième anniversaire des grandes apparitions de Fatima. Au Portugal. Nous avons entendu Notre-Dame nous annoncer les catastrophes terrifiantes qui s’abattraient sur l’humanité si l’on n’écoutait pas ses demandes. Les ecclésiastiques n’ont pas réagi comme ils auraient dû, car plusieurs années après, la Très Sainte Vierge a confié à Sœur Lucie que même les bonnes âmes ne faisaient pas cas de ses demandes, alors que les méchants, bien sûr, persistaient dans la voie du péché. C’est ainsi que le règne de Pie XII (1939–1958) fut marqué d’abord par la dévotion à Fatima, mais dans la deuxième partie de son règne, dès les années 1950, on persuada le Pape qu’il fallait séparer l’aspect politique des apparitions, et notamment la Consécration de la Russie, de leur aspect dévotionnel. Et alors il négligea l’aspect politique tout en conservant la dévotion. Ce fut là une grande erreur. Or, c’est exactement la même erreur que répètent certains Supérieurs de la Fraternité depuis les années 2010.

Un confrère de la FSSPX a entendu l’an dernier (2017) deux membres importants de la Fraternité prêcher sur Fatima (1917). Il s’attendait à ce que les deux prédicateurs fissent une application en profondeur des apparitions mais, tout ce qu’il entendit fut de pieuses paroles. Certes, rien n’y était faux, mais ces prédications laissaient supposer un monde resplendissant de santé ! Ils ont parlé de la grandeur, de la bonté et de la miséricorde de Notre-Dame, et bien sûr de Son Cœur Immaculé, puissant refuge pour nous catholiques. Jusque-là, rien de mal. Mais, continue notre confrère . . .

“Pas un mot sur la situation catastrophique dans laquelle les individus, les nations et l’Église se débattent aujourd’hui. La première partie du Secret de Fatima a été mentionnée, mais la deuxième et la troisième ont été occultées. Les nations ne croulent-elles pas sous toutes sortes de problèmes ? Notre Mère l’Église, avec à sa tête le pape François, ne sombre-t-elle-pas dans des difficultés inimaginables ? Face à cette situation, comment oser passer sous silence les deuxième et troisième parties du Secret, sans même y faire allusion ?

Nos Supérieurs sont en train de contracter une lourde responsabilité. Ils endorment leurs fidèles, ils les bercent dans une religiosité somnolente : « Nous avons la vraie Messe, nous avons la Foi, nous avons des prieurés, nous sommes membres de l’Église catholique . . . que pourrions-nous vouloir de plus ? » Des sermons de ce genre inhibent toute réaction ; on n’y parle plus d’engagement pour les batailles de la Mère de Dieu ; rien, pas même un avertissement contre les gadgets électroniques d’aujourd’hui. Voilà comment les catholiques deviennent des tièdes.

Lorsque la Sainte Vierge eut fait voir aux enfants de Fatima les feux de l’enfer, ils augmentèrent nettement leurs prières, leurs efforts et leurs sacrifices. Mais nous, catholiques du 21ème siècle, nous n’aurions nul besoin d’une telle vision de l’enfer ? Ni d’être mis en garde contre la situation catastrophique de la politique actuelle ? Ni d’être informé de la situation dramatique de l’Église aujourd’hui ? Beaucoup de nos fidèles ne se doutent même pas qu’on leur cache quelque chose d’important. Quand ils entendent des sermons de ce genre, leur enthousiasme éclate, ils louent les prédicateurs, ils sont heureux au possible. Hélas, il n’est que trop compréhensible que les hommes préfèrent ce qui est agréable et facile à ce qui leur semble dur, bien que vrai.

Kyrie eleison.

* Le « Cinquantisme » est ce Catholicisme des années 1950, extérieurement correct, mais intérieurement tout prêt à glisser dans le catholicisme désastreux des années 1960, années du Concile.

Des Préparatifs de Rome ?

Des Préparatifs de Rome ? on juin 16, 2018

Dans le contexte de crise qui submerge l’Église catholique depuis Vatican II (1962–1965), voilà subitement deux initiatives récentes des autorités romaines qui paraissent bien surprenantes. En effet, toutes deux ont l’air de favoriser la Tradition catholique que par ailleurs le pape François semble par maint côté vouloir éliminer une fois pour toutes. Le Grand Méchant Loup voudrait-il vraiment se montrer gentil envers le Petit Chaperon Rouge, ou bien ces deux gestes ne sont-ils que des ruses destinées à piéger la Fraternité Saint-Pie X dans la tanière conciliaire ? Serait-ce que Rome aussi prépare le Chapitre Général de la Fraternité prévu pour la mi-juillet ?

La première de ces deux initiatives est venue de la Commission Ecclesia Dei. On se souvient que cette institution fut créée à Rome en 1988 pour ralentir la tradition catholique qui menaçait de se développer à un rythme accéléré. Or, à la mi-février de cette année, Ecclesia Dei accordait à la Fraternité Saint-Pierre, d’orientation semi-traditionnelle, l’usage des rites liturgiques hautement traditionnels de la Semaine Sainte. Ces rites ont été utilisés durant plusieurs siècles avant que la réforme liturgique lancée par le cardinal Bugnini dans les années 1950 n’ait conduit à la nouvelle messe introduite à la fin des années 1960. Cette ancienne liturgie de la Semaine Sainte devient de plus en plus populaire auprès des catholiques qui répudient la nouvelle messe. La raison en est qu’elle contient de nombreux traits allant à l’encontre de la nouvelle liturgie moderniste que Paul VI, par une astuce administrative, a réussi à imposer à l’Église universelle en 1969. Faut-il croire que Rome se désengage enfin de la nouvelle messe ?

Non pas. Comme dit le célèbre vers de Virgile : « Quoi qu’il en soit, je crains les Grecs, même lorsqu’ils font des cadeaux ». Ce don fait à la Tradition peut très bien avoir été conçu par Rome pour persuader tous les Petits Chaperons Rouges, en particulier les participants au Chapitre Général de Juillet, qu’après tout le Grand Méchant Loup n’est pas aussi méchant qu’on le dit. Le Chapitre de juillet prochain est important pour Rome car ce bastion de la Foi, érigé par Monseigneur Lefebvre, doit être démantelé, parce qu’il a constitué de par son intense combat pour la Foi un véritable barrage entravant la marche du Nouvel Ordre Mondial, entrave sans aucune proportion avec la force numérique de la Fraternité Saint Pie X. Depuis la mort de Mgr Lefebvre, ce combat a été gravement affaibli, mais Rome peut craindre que le Chapitre ne le ressuscite. La volonté de Rome est qu’on élise comme Supérieur Général encore un libéral, à la rigueur un candidat de compromis, mais en tout cas pas un combattant de la Foi !

L’autre action inattendue de Rome a eu lieu le 16 mai dernier, lorsqu’un journaliste bien connue du Vatican, Andrea Tornielli, a mis en lumière un extrait d’un livre publié récemment par un fonctionnaire romain sur le Pape Paul VI (1963–1978). L’extrait est un compte-rendu détaillé de la conversation de septembre 1976 entre le pape et Mgr Lefebvre, tenue dans les deux mois qui suivirent la messe de Lille célébrée par l’archevêque devant une foule immense. Cette messe a marqué le début du mouvement traditionnel, de sorte que le pape a voulu freiner l’archevêque. La conversation dura un peu plus d’une demi-heure et les Romains prirent des notes. Peu après, Mgr Lefebvre en donna une version quelque peu différente du script maintenant dévoilé par Rome. Mais pourquoi les Romains ont-ils gardé par devers eux cette relation plus complète pendant 42 ans ? Et pourquoi décident-ils de la publier maintenant ?

La réponse doit se situer dans le “quelque peu différente”. L’admirable site Internet d’Amérique Latine, Non possumus, a publié côte à côte la version romaine et le propre récit de Mgr lefebvre. Les lecteurs de Non possumus peuvent vérifier par eux-mêmes comment les Romains ont blanchi l’aveuglement de Paul VI et leur propre vilenie. Exemple emblématique : Paul VI y a accusé l’archevêque de demander à ses séminaristes de prêter serment contre le pape, ce qui était absolument faux. L’archevêque a déclaré qu’il était prêt à jurer sur un crucifix que le pape l’avait accusé de faire prêter un tel serment. Un porte-parole romain a alors officiellement démenti qu’il ait été fait mention dans la conversation d’un tel serment.

De même, la version de Rome dissimule l’abîme qui sépare de la foi de l’Archevêque le modernisme de Paul VI. Tout se passe comme si les Capitulants n’auraient nul besoin de s’inquiéter de cette distance infinie séparant la Rome Conciliaire de la Fraternité Saint Pie X : qu’ils élisent comme Supérieur encore un libéral, mais un candidat de compromis fera aussi l’affaire !

Kyrie eleison.