Les Commentaires Eleison

Ou Va la “Resistance” ? – I

Ou Va la “Resistance” ? – I on septembre 1, 2018

S’il quelqu’un s’interroge encore aujourd’hui sur le rôle que doit jouer le mouvement de “Résistance” catholique, de récents événements survenus aux Etats-Unis rendent la réponse plus évidente que jamais : il doit garder la Foi ! En effet, l’État de Pennsylvanie, aux USA, a procédé le mois dernier à la publication officielle d’un document de 800 pages établissant, sans doute possible, la culpabilité de hauts dignitaires de l’Église catholique pour des crimes abominables perpétrés contre la loi du pays et contre la loi de Dieu. C’est pourquoi des millions de catholiques sont tentés, aux USA mais aussi ailleurs, de douter de la Foi et de quitter l’Église. C’est ainsi qu’un lecteur de ces “Commentaires” nous indique trois liens de sites Internet inquiétants, et il écrit :

Mon cœur me fait mal. Ce n’est pas là ce que le Christ nous a enseigné. Je pleure amèrement et je suis pourtant un dur qui ne pleure pas souvent. Mais pour moi, c’est insupportable. Pardonnez-moi, mais si cela doit continuer ainsi, je vais me faire Orthodoxe ou je vais complètement perdre la tête. Cette monstruosité me fait craquer. J’en souffre physiquement, cela me fait mal à la poitrine. C’est à devenir fou. Toutes les prières et les Messes sont vaines si ces crimes sont commis par ceux qui font ces prières et ces Messes. Notre-Seigneur est culbuté par ces hérétiques ! Je n’en peux plus !”

Effectivement, le péché existe. Et le péché continuera d’exister jusqu’à la fin du monde, même parmi les prêtres et les évêques, parce que Dieu ne leur enlève pas le libre arbitre. Aucun législateur avisé, que ce soit dans l’Église ou dans l’État, ne compte sur une simple législation pour faire disparaître le péché. Seule la grâce de Notre Seigneur Jésus-Christ est capable de purifier les âmes du péché (Rom. VII, 24, 25). L’État, lui, reste fondamentalement impuissant lorsqu’il s’agit de guérir les misères humaines les plus profondes, que ce soit chez les prêtres, dans les familles ou parmi les nations. Son devoir est de faire de son mieux pour protéger ses citoyens, mais tous les hommes d’État intelligents et honnêtes reconnaissent que seule l’Église catholique possède en plénitude les moyens d’atteindre les profondeurs de l’âme humaine en apportant la guérison. C’est pourquoi ces gouvernants feront de leur mieux pour favoriser l’Église et ce, pour le bien de l’État ; ils protégeront de leur mieux la réputation des évêques et des prêtres, en laissant à l’Église de s’occuper de ses propres criminels – si tant est qu’elle le veut. Toutefois, au cas où l’Église refuse de s’en occuper, il devient du devoir de l’État d’intervenir.

Le comble du scandale dans ces cas actuels de maltraitance sur des adolescents et des enfants par les ecclésiastiques, c’est l’ampleur de ces crimes, leur dissimulation systématique par des ecclésiastiques de haut rang, et la hauteur hiérarchique de certains d’entre eux, remontant jusqu’au sommet de l’Église. En fait, aux États-Unis ce scandale est de notoriété publique depuis des dizaines d’années. Il est donc impossible que Rome l’ait ignoré. Pourtant, depuis des dizaines d’années, un réseau d’homosexuels détient un immense pouvoir au sein des structures et de la hiérarchie de l’Église. C’est au point qu’ils exercent à Rome un contrôle important sur la nomination des évêques et, dans les diocèses, sur le choix des séminaristes. Il peut être de plus en plus difficile de devenir évêque ou prêtre sans faire personnellement partie de ce réseau.

Comment expliquer un tel désastre parmi tant d’hommes d’église ? La seule explication proportionnée est la perte de la foi, déchaînée par le Concile Vatican II (1962–1965). A l’issue du Concile, le Bréviaire, puissant protecteur de la persévérance du prêtre, et la Messe, raison d’être de son existence, ont été tous les deux mutilés et diminués ( Sacrosanctum Concilium, chapitres II et IV ). Qu’on soustraie à un homme sa raison d’être : il cherchera à se satisfaire ailleurs. Il y a un commentateur américain qui impute ce désastre au satanisme, péché orienté directement contre Dieu et, en tant que tel, bien plus grave que les péchés de la chair. Mais les hommes ne se tournent vers Satan que lorsqu’ils se sont détournés, ou ont été détournés, de Dieu. N’est-ce pas Vatican II dont il faudrait dire qu’il a détourné de Dieu toute l’Église ?

Kyrie eleison.

“Jeu de Vidéo Truqué” – II

“Jeu de Vidéo Truqué” – II on août 25, 2018

A la reine Isabelle, cette grande reine d’Espagne (1451–1504), on demanda un jour ce qu’elle voudrait voir représenté dans un tableau. Elle aurait répondu, “Je voudrais voir un prêtre disant la messe, une femme donnant naissance à un enfant et un criminel pendu au bout d’une corde”. Autrement dit, tout le monde a un rôle à jouer dans la vie et chacun doit jouer son rôle et non un autre. Imaginons ce qu’elle aurait dit à propos d’un monde où les prêtres célèbrent des pique-niques eucharistiques, où les femmes prennent la pilule et avortent en toute liberté, où les criminels sont condamnés à des peines de plus en plus courtes dans des prisons ressemblant à des hôtels de luxe. De nos temps, “Rien n’est que ce qui n’est pas” (Macbeth, I, 3).

Aujourd’hui, beaucoup de gens sentent que la vie moderne repose sur le mensonge, mais peu sont capables d’expliquer pourquoi rien n’est que ce qui n’est pas, ou pourquoi on ne trouve “rien de réel, rien à prendre au sérieux, Strawberry Fields for ever” (Les Beatles). Ils observent la police qui opprime, les journalistes qui mentent, les médicaments qui empoisonnent ; les avocats qui trichent ; les politiciens qui trahissent, les femmes qui se stérilisent, les jeunes qui se suicident, les enseignants qui corrompent, les médecins qui tuent, etc.,etc. ; et le pire de tout : les prêtres qui apostasient. Il est facile de voir autour de soi combien le monde est désordonné, à l’opposé de l’ordre juste que la Reine Isabelle avait en tête pour l’Espagne. Mais le désordre d’aujourd’hui est tellement sophistiqué, qu’il ressemble à l’ordre véritable d’autrefois. C’est pourquoi relativement peu de gens arrivent à déceler l’origine de ce désordre. Beaucoup abandonnent la tentative de l’identifier, préférant s’installer tout bonnement dans le confort matériel qu’il peut offrir. Par exemple, beaucoup de musiciens de rock s’enrichissent en criant contre les fruits pervers du matérialisme, mais peu d’entre eux ne cherchent la racine du mal. Au total, la plupart finissent par devenir matérialistes, confortablement installés, faisant partie intégrante du mensonge qu’ils dénonçaient avec pertinence à l’époque où ils gagnaient beaucoup d’argent.

On chantait autrefois, “Pourquoi, pourquoi, pourquoi, Dalila?. Oui, pourquoi ? Parce que les gens ont tellement éloigné Dieu de leur vie, qu’il ne leur vient même plus à l’esprit que Son absence soit à l’origine du problème. Et si par hasard il leur arrive d’en avoir quelque soupçon, alors de même qu’autrefois ils se sont débarrassés de Lui, de même vont-ils maintenant chercher la solution en regardant n’importe où, plutôt que dans la bonne direction. Et pourtant, n’est-ce pas le Christ qui a créé, vers la fin des temps, cette chrétienté qui au Moyen Âge a élevé la civilisation à des sommets encore jamais atteints ? La “civilisation occidentale” en est issue, mais s’est passée du Christ. Or, une civilisation venue du Christ mais sans le Christ signifie une civilisation vidée de sa substance.

Toutefois, pour que les hommes ne soient pas tentés de retourner vers le Christ, cette civilisation vide doit concurrencer le Moyen Âge. C’est pourquoi les apparences du droit chrétien, des hôpitaux, des parlements, etc. doivent être conservées, même si elles ont été vidées de leur substance. C’est pourquoi nous souffrons depuis cinq siècles de toute une série de conservateurs qui n’ont rien conservé, si ce n’est les dernières conquêtes des libéraux. D’où cette interminable procession de politiciens hypocrites, extérieurement de droite, mais en fait de gauche, parce que les peuples réclament ces dirigeants qui semblent rendre hommage aux vestiges de Dieu et du Christ, mais qui, en réalité, servent le Diable en donnant libre cours à une liberté toujours plus grande vis-à-vis de Dieu et du Christ.

D’où le Concile Vatican II dans l’Église, qui a maintenu l’apparence extérieure du catholicisme tout en le remplaçant par la réalité du modernisme. D’où le Chapitre de 2012 de la Fraternité de Saint Pie X, prétendant maintenir la Tradition catholique tout en se préparant à l’inféoder à Vatican II. D’où le Chapitre de la Fraternité de 2018, semblant se débarrasser de l’artisan du Chapitre de 2012, tout en le remettant à côté du pouvoir. D’où un Chapitre représentant non pas la réalité de la situation de l’Église ou de la Fraternité, mais ce qui risque de s’avérer un jeu de vidéo truqué, fait pour tranquilliser ceux qui croient résister à la marche de la FSSPX vers la Rome conciliaire, mais un jeu qui de fait protège cette marche. Plaise à Dieu que nous nous trompions.

En définitive, y a-t-il encore une solution, quand le monde entier est en train de faire des jeux de vidéo truqués ? Il est impossible que le Ciel nous ait laissés sans moyen d’en sortir : Depuis le Moyen Âge, Notre Dame nous donne à tous le Rosaire. Dans les temps modernes, elle nous a donné la dévotion des premiers samedis du mois. Si nous négligeons ses remèdes, c’est à nos risques et périls.

Kyrie eleison.

Jeu-Vidéo Truqué – I

Jeu-Vidéo Truqué – I on août 18, 2018

La charité commande certainement de prier pour le nouveau Supérieur Général de la FSSPX afin que Dieu lui donne le discernement et la force nécessaires pour ramener la Fraternité sur le chemin que Mgr Lefebvre avait tracé pour elle – et pour le bien de l’Église universelle. Mais, à regarder les choses de façon réaliste, il est probable que l’abbé Pagliarani n’ait pas de tels projets. En réalité, humainement parlant, tout indique qu’il est sur la même longueur d’onde que Mgr Fellay. Ne doit-il pas son élection comme Supérieur Général à un plan prévu et soutenu à la fois par Rome et par Mgr Fellay, au cas où ce dernier ne serait pas réélu, comme, en effet, cela s’est avéré ? Voici une notion de l’accord : si l’abbé Pagliarani consentait à s’occuper des intérêts de Mgr Fellay, en retour celui-ci soutiendrait en cas de besoin la candidature de l’abbé au poste de Supérieur Général. Voici quelques indications permettant de penser qu’ils conspirent pour amener la Fraternité Traditionaliste sous la coupe de la Rome Conciliaire –

On se souvient que, lors du Chapitre Général intermédiaire (non électif) de 2012, c’est l’abbé Pagliarani qui a sauvé Mgr Fellay des arguments dévastateurs présentés au Chapitre exigeant la démission de Mgr Fellay et son remplacement au poste de Supérieur Général. C’est l’abbé Pagliarani qui a affirmé alors devant tous que le Chapitre ne pouvait pas administrer une gifle au Supérieur Général ; et par une veulerie typique le Chapitre est immédiatement passé à d’autres sujets.

Peu après ce Chapitre, l’abbé Pagliarani a été promu (comme récompensé ?) par Mgr Fellay au poste éminent de Recteur du séminaire de la Fraternité d’Amérique latine, en Argentine, à La Reja. Là-bas, on a entendu plusieurs fois l’abbé Pagliarani critiquer ceux qui ne comprenaient pas la nécessité d’un accord de la Fraternité avec Rome – ce qui était en parfaite conformité avec la politique de Mgr Fellay.

Quant à l’ajout des deux “Conseillers” au Conseil Général de la Fraternité, rapprochant ainsi Mgr. Fellay du pouvoir de la FSSPX dont il venait d’être évincé quelques jours auparavant, il est possible qu’un jour nous sachions exactement comment cela s’est passé. En tout état de cause, est-il probable que les Capitulants, dociles et respectueux comme ils l’étaient, eussent voté pour une telle mesure si elle n’avait pas semblé agréable au nouveau Supérieur Général ? En fait, ne serait-ce pas plutôt l’abbé Pagliarani en personne qui l’a proposée ?

Certes, tant que les faits ne sont pas encore connus, ces questions restent à l’état de spéculations. Cependant, ces spéculations ne sont en rien oiseuses car, au cours des prochaines années, le sort de la Fraternité aura une grande influence sur l’Église universelle. La Fraternité redeviendra-t-elle le rempart majeur de la résistance à l’apostasie conciliaire qui continue ses ravages au sein de l’Église, ou bien va-t-elle se joindre à ce mouvement d’apostasie ? Numériquement, la Fraternité a toujours été négligeable au sein de l’Église universelle en comparaison avec toutes les autres institutions qui la composent. Mais la fidélité sans faille de la Fraternité à la doctrine catholique et aux sacrements de toujours, abandonnés ou pervertis par les plus hauts dignitaires de l’Église, a fait de la Fraternité une force qu’ il fallait prendre en compte. La fermeté de Mgr Lefebvre sur la vérité l’a rendu redoutable. Les Papes conciliaires ne pouvaient ni l’avaler ni le cracher, alors qu’ils ont depuis longtemps avalé et dévoré Mgr. Fellay.

Le temps nous dira comment l’abbé Pagliarani assumera ses énormes responsabilités. En attendant, nous prions pour lui, mais humainement, nous n’avons pas trop d’espoir. Le risque est trop grand que les dirigeants de la Fraternité suivent l’ensemble des dirigeants du monde en transformant la Fraternité en un “jeu vidéo truqué”, expression qui est une bonne trouvaille pour décrire le monde qui nous entoure. Pour punir l’humanité qui abandonne Dieu partout, le Créateur semble donner à ses ennemis le pouvoir d’extirper les derniers vestiges du Christ et de la civilisation chrétienne. Cependant, au moins pour un certain temps encore, les apparences du Christ et de son Église doivent être maintenues jusqu’à ce qu’elles n’éveillent même plus de nostalgie chez les hommes en voie de déchristianisation. D’où le jeu vidéo sans réalité d’aujourd’hui sous des apparences d’hier. D’où le truquage des élections et des chapitres pour faire naître le Meilleur des Mondes, sans Christ ni Dieu.

Hélas, pour ces pauvres ennemis. Dieu existe . . . et le bras de Notre Seigneur se fait de plus en plus lourd !

Kyrie eleison.

Chapitre General – III

Chapitre General – III on août 11, 2018

Quand l’autorité catholique se sépare de la vérité catholique, comme il s’est passé à Vatican II, ce n’est jamais la vérité qui a bougé, car la doctrine catholique ne peut pas changer. C’est donc l’autorité qui a bougé. C’est pourquoi la séparation de l’autorité d’avec la vérité à Vatican II n’est imputable qu’aux seules autorités de l’Église. Raison de plus pour chérir les autorités qui restent fidèles à la Vérité, à l’instar de Mgr Lefebvre et de sa Fraternité Saint Pie X. Raison de plus pour jeter encore un coup d’œil à ce qui est arrivé lors du récent Chapitre Général à Écône. La Fraternité reviendrait-elle sur le chemin de son fondateur après le dérapage de 2012, ou bien doit-on appliquer le proverbe français qui dit : « Plus ça change, et plus c’est la même chose » ?

Au début du Chapitre, trois nouveaux candidats ont été élus pour former le triumvirat (conseil de trois hommes) devant diriger la FSSPX. Beaucoup de bons prêtres de la Fraternité ont poussé un soupir de soulagement et, pendant quelques jours, ils se sont pris d’un réel espoir pour l’avenir. Mais, voilà qu’à la fin du Chapitre, le Supérieur Général sortant et son propre prédécesseur à ce poste, ont tous deux été élus au Conseil Général de la Fraternité, là où se prennent les décisions les plus importantes. Cette élection fut rendue possible grâce à la création de deux nouveaux postes de “Conseiller” : une nouveauté dans la Fraternité. Beaucoup de ces bons prêtres ont dû sentir une grande déception. Quel espoir reste-t-il maintenant de voir la Fraternité opérer un changement de cap et renoncer à l’orientation désastreuse qui l’inféode aux autorités infidèles, puisque deux des principaux artisans de cette orientation viennent d’être réintégrés au Conseil Général de la Fraternité ?

Toutefois, au moins un participant au Chapitre a reçu l’assurance que les deux « Conseillers » ne vivront pas en Suisse au siège de la Fraternité, à Menzingen ; qu’ils donneront ensuite des conseils uniquement sur les questions concernant la création ou la fermeture des établissements de la Fraternité, l’admission ou l’expulsion de membres de la Fraternité ; et enfin que la création des “Conseillers” était une mesure judicieuse de la part du Chapitre car elle permettrait d’apaiser les divisions au sein de la Fraternité. Pour autant, se sent-on vraiment rassuré ? Menzingen doit regagner la confiance que sa politique ambiguë, menée depuis 20 ans, a détruite. Voici les propos d’un commentateur, parmi tant d’autres, qui ne se fie pas à ce genre de propos lénifiants tenus récemment par les dirigeants de la FSSPX :

En réalité, le choix, décidé à l’avance, de l’abbé. Pagliarani comme nouveau Supérieur Général, masque la politique, également décidée à l’avance, tendant à confirmer le statu quo quant à la direction future de la Fraternité. Si deux nouveaux assistants furent ajoutés aux côtés du nouveau Supérieur, ce n’est certes pas pour la façon dont ils ont tenu tête à la Rome moderniste. En outre, le Chapitre a eu l’impudence d’inventer la fonction de deux “Conseillers”, fonction inconnue jusqu’ici dans les statuts de la Fraternité, et de “choisir” pour ce travail, les deux personnages les plus favorables à un accord avec Rome que la Fraternité ait jamais eus en son sein : l’abbé Schmidberger, bien connu pour son amitié avec le cardinal Ratzinger, et Mgr Fellay, bien connu pour ses « nouveaux amis » à Rome et pour son dévouement à la liquidation de la Fraternité, jusqu’à ce qu’elle soit remise, pieds et poings liés, aux apostats romains.

L’image qui en ressort n’est pas nécessairement celle d’une reddition inconditionnelle, mais nous y entrevoyons une nouvelle façon de se rapprocher de Rome en usant d’un peu plus de prudence et d’un peu plus de diplomatie envers les prêtres et les laïcs de la Fraternité. Cependant, étant donné que Dieu voit tout et prévoit tout ; que l’homme propose certes, mais que Dieu dispose ; il se peut que Notre-Seigneur intervienne et infuse dans l’âme du relativement jeune abbé Pagliarani, les dons de Conseil, de Force et de Crainte de Dieu dont il aura besoin pour redresser le cours du canot de sauvetage qu’est la Fraternité, et pour l’amener en toute sécurité à bon port. Que telle soit la volonté de Dieu !

En toute justice, rappelons que le Chapitre a réussi à changer le Supérieur Général, ce qui était la chose la plus importante à faire. Mgr Fellay et l’abbé Schmidberger, en tant que « Conseillers », pourront continuer à intriguer auprès des Romains pour combiner comment ramener ce qui reste de l’œuvre de Mgr Lefebvre sous la houlette de la Rome conciliaire. Il n’empêche que le pouvoir suprême appartient désormais à l’abbé Pagliarani. En fera-t-il bon usage ? Seul Dieu le sait. “La charité croit tout, espère tout” (I Corinthiens XIII, 7). Nous devons prier pour lui.

Kyrie eleison.

Chapitre Général – II

Chapitre Général – II on août 4, 2018

Pour le moment, on peut raisonnablement penser que la conclusion du Chapitre Général de la Fraternité Saint-Pie X cache en fait encore une défaite de la Foi catholique. En effet, n’est-il pas domage si les 40 supérieurs majeurs de la Fraternité de Mgr Lefebvre ne comprennent pas la dimension de la crise de l’Église et du monde qui nous harcèle tous aujourd’hui ? Et pourtant cette crise est bien réelle. D’une certaine manière, on ne peut leur en tenir rigueur, car ils ne sont ni plus ni moins que des enfants de leur siècle. En effet, puisque nous vivons à l’époque pré-apocalyptique, pourquoi les prêtres de la Fraternité échapperaient-ils aux tentations et à l’aveuglement qui depuis Vatican II ont fauché la plupart des évêques et des prêtres de l’Église Universelle ? L’Église a la promesse de Notre-Seigneur que jamais les portes de l’enfer ne prévaudront contre elle (Mt. XXVIII, 20) ; mais la Fraternité n’a jamais reçu une telle promesse.

Par conséquent, les catholiques qui souhaitent sauver leur âme doivent savoir faire face ; il faut qu’ils admettent la situation concrète qui est la nôtre. A titre d’exemple, une mère anxieuse, vivant aux États-Unis, vient de m’écrire son inquiétude pour ses enfants : «Je voudrais que mes enfants rencontrent d’autres enfants qui aiment la foi catholique. Et je voudrais qu’ils aient l’occasion de rencontrer d’autres fidèles catholiques, et que peut-être un jour ils se marient. J’ai un fils qui n’a que 12 ans. Il aimerait devenir prêtre. Quel sera leur avenir ? Y aura-t-il dans notre secteur un prêtre de la “Résistance”? Aurons-nous une école ? Mon fils pourra-t-il faire ses études en sécurité dans un séminaire ? » Il y a certainement aujourd’hui bon nombre de mères catholiques accablées par la même anxiété. J’ai répondu à cette lettre en faisant valoir l’impérieuse nécessité actuelle, pour tous les catholiques, de bien prendre aujourd’hui la mesure de la réalité, et de s’y faire:

Madame,

Faites-vous à l’idée que, lors d’une famine, un quignon de pain est un luxe . Or, l’Église est en état de famine. C’est pourquoi :–

1. À chaque jour suffit sa peine, dit Notre-Seigneur (Sermon sur la Montagne). Il se peut qu’il y ait ou non un séminaire correct au moment où votre enfant sera en âge de postuler. S’il n’y en a pas, cela signifiera que la volonté de Notre-Seigneur n’était pas qu’il fût prêtre. Mais d’ici là, beaucoup d’eau va couler sous les ponts.

2. Un prêtre de la “Résistance” près de chez vous ? Le temps seul le dira. En attendant, vous n’êtes pas obligée d’assister à des Messes qui diminuent votre foi ; de fait, vous pourriez être obligés de ne pas y assister. C’est à vous et à votre mari d’en juger. Mais si vous n’assistez pas à la Messe, vous devez tout de même adorer Dieu de façon régulière le dimanche à la maison. C’est le troisième Commandement. Comptez sur votre exemple pour enseigner les enfants.

3. Une école de la « Résistance » chez vous sera un super-luxe. Mais, en attendant, n’en doutez pas, les enfants écoutent attentivement leurs parents biologiques, c’est au fond de leur nature. Vous pourrez même les mettre dans des écoles moins bonnes pourvu que vous priiez le chapelet à la maison, et que vous surveilliez attentivement toutes les influences auxquelles ils peuvent être exposés ; en particulier surveillez la musique qu’ils écoutent… Ne les laissez jamais seuls dans leur chambre avec des appareils électroniques d’aucune sorte. Autant que possible, chassez de chez vous ces appareils néfastes.

4. À chaque jour suffit sa peine. N’oubliez jamais la parole de St Ambroise à Sainte Monique : “L’enfant de tant de larmes (le futur saint Augustin) ne peut être perdu.” Si nécessaire, pleurez des larmes de sang pour le salut de chacun de vos enfants – qu’importe tout le reste ? Mais en même temps, ayez une confiance absolue dans le Sacré Cœur de Jésus, comme dans la volonté et le pouvoir de Sa Très Sainte Mère d’obtenir leur salut.

Par conséquent, chers lecteurs, Mgr Lefebvre et sa Fraternité furent un luxe inouï. Aujourd’hui, il n’est que trop normal qu’elle nous soit retirée. Nous devons nous ceindre les reins, ou nous serrer la ceinture, et sauver nos âmes sans plus compter sur ce luxe. La grâce de Dieu est toujours présente. Proverbe irlandais : « L’aide de Dieu est plus proche que la porte. »

Kyrie eleison.

Chapitre Général – I

Chapitre Général – I on juillet 28, 2018

Le dernier Chapitre général de la Fraternité Saint-Pie X, le quatrième comportant des élections (1982, 1994, 2006 et 2018), s’est terminé samedi dernier en Suisse, à Écône. L’événement a été suivi avec intérêt dans de nombreux milieux, car la Fraternité, fondée en 1970, est devenue en quarante ans un des plus importants bastions de la foi catholique, réagissant ainsi au travail de sape ouvertement mené depuis le Concile Vatican II (1962–1965). Cependant, au cours des 20 dernières années, la Fraternité a donné de plus en plus clairement des signes indiquant un changement de cap. À mesure qu’elle s’éloignait des positions de son fondateur, Mgr Lefebvre, elle s’est de plus en plus montrée en accord avec les responsables conciliaires de l’Église. On attendait donc du Chapitre Général qu’il indiquât la direction qu’allait prendre la Fraternité.

En principe, le détail du déroulement d’un Chapitre, tout comme celui de l’élection d’un Pape, n’est pas destiné à être rendu public. Toutefois, à l’issu du Chapitre, certaines déclarations et quelques décisions ont été rendues publiques. Il s’agit de la Déclaration officielle du Chapitre indiquant la politique à venir. Elle s’aligne sur cette autre déclaration bien connue de Mgr Lefebvre de novembre 1974, “ reprise dans son intégralité”. Cependant, comme l’a clairement montré le site Non Possumus en publiant l’intégralité véritable de cette déclaration de guerre contre la nouvelle religion de Vatican II, le Chapitre a choisi délibérément de ne citer que les passages les plus pacifiques. Voilà qui n’est guère prometteur pour la poursuite de la guerre sainte de l’Archevêque contre la terrible apostasie de Vatican II.

Bien sûr, Mgr Lefebvre était avant tout intégralement catholique. Il était donc anti-conciliaire. C’est pourquoi sa déclaration de guerre contient des passages pacifiques. Mais, comment la vérité peut-elle être aimée sans la haine de l’erreur ? L’esprit anti-conciliaire découle immédiatement et nécessairement de l’amour du catholicisme. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle des multitudes de vrais catholiques ont suivi la Fraternité et son fondateur qui dénonçaient clairement et ouvertement l’apostasie des officiels de l’Église. Sous sa direction, le séminaire d’Écône comptait autrefois plus d’une centaine de séminaristes, et des milliers de personnes assistaient chaque été à l’ordination d’une douzaine de nouveaux prêtres. Par contre, en juin de cette année, on estimait à 450 ceux qui ont assisté à l’ordination de trois nouveaux prêtres sur une quarantaine de séminaristes. Les catholiques votent avec leurs pieds – et ferment leur portefeuille – contre la Néo-fraternité.

Quant aux actions publiques du Chapitre, qui parlent toujours plus fort que les paroles, on retiendra l’élection d’un nouveau Supérieur Général et de deux nouveaux Assistants. Il faut féliciter les membres du Chapitre d’avoir déposé le Supérieur Général et les Assistants précédents, car ces derniers s’étaient évertués depuis 12 ans à changer l’orientation de la Fraternité dans l’espoir d’obtenir une reconnaissance officielle de la part des apostats romains. Cette reconnaissance n’a pas été obtenue, mais la Fraternité a été au passage sérieusement affaiblie et ses meilleurs prêtres désorientés. Et maintenant, quels nouveaux dirigeants le Chapitre a-t-il choisis de mettre à leur place ? Les deux nouveaux Assistants ont été de fidèles collaborateurs du précédent Supérieur Général, d’accord avec sa politique cherchant à gagner la faveur de la Rome conciliaire. Était-ce pour le bien commun de la Société ? Mais quel bien commun catholique a jamais été opposé à la Foi ? Quant au nouveau Supérieur Général, il ne sait peut-être pas lui-même ce qu’il voudra faire en tant que Supérieur, car Dieu seul sait avec certitude ce qu’un homme fera quand il accédera au pouvoir. Souvent il décevra, parce que « Le pouvoir corrompt et le pouvoir absolu corrompt absolument » (Lord Acton) – mais un nouveau chef peut aussi surprendre en bien. L’abbé Pagliarani a certainement besoin de nos prières.

À cet égard, cependant, la dernière action publique du Chapitre a claqué comme un coup de tonnerre. Juste avant la fin du Chapitre, on a voté pour ajouter au Conseil de la Fraternité, composé du Supérieur Général et de ses deux Assistants, deux autres “Conseillers” supplémentaires. De qui s’agit-il ? Des deux derniers Supérieurs de la Fraternité : l’abbé Schmidberger (1982–1994), et Mgr Fellay, qui, entre 1994, année de sa première élection, et 2018, lorsqu’il fut enfin détrôné, a été le principal artisan de l’affaiblissement et du déclin de la Fraternité ! A quoi bon rappeler l’évêque Fellay et son plus proche collaborateur, l’abbé Schmidberger et les placer près du trône ? Est-il sage de la part d’un Supérieur de tolérer que son prédécesseur traîne encore aux alentours pendant 12 ans ? A quoi le Chapitre a-t-il pensé en agissant ainsi ? Quoi qu’il en soit, c’est un très mauvais signe si la Fraternité doit aimer la vérité et détester l’erreur.

Kyrie eleison.