Les Commentaires Eleison

Train-Train Quotidien

Train-Train Quotidien on juin 13, 2015

Un bon nombre de messages électroniques qui traversent mon bureau virtuel valent la peine d’être partagés avec les lecteurs de ces « Commentaires ». Que je vous en cite deux (abrégés et adaptés, comme d’habitude). Le premier vient d’un jeune laïc, ancien séminariste à Winona et maintenant père d’une famille nombreuse. C’est un de ces Catholiques que l’on ne pourra jamais accuser de sous-estimer la puissance universelle de l’apostasie contemporaine, quoiqu’il soit résolu qu’il y a encore et toujours quelque chose à faire. Il écrit :—

« Le libéralisme institutionnalisé d’aujourd’hui et le cri assourdissant de la foule moderne pour libérer Barabbas peuvent fort bien entraîner une moisson de martyrs. Je peux comprendre d’où vous venez lorsque vous vous demandez si Dieu veut encore aujourd’hui une institution traditionnelle comme un séminaire, par exemple. Au XIXe siècle, Don Bosco a dû inventer une nouvelle sorte de « coopérateur » laïc pour son travail auprès des garçons, pas une Confraternité ni un Tiers-Ordre, car il disait que le diable avait changé de tactique, et qu’ainsi il devait faire de même. Les bons Catholiques furent surpris, mais son nouvel ajustement des anciens procédés s’avéra une réussite.

« Je mentionne cela car pour garder la Foi aujourd’hui, c’est comme aller à l’encontre des rapides les plus impétueux. Garder toute ma famille ainsi que moi-même sur le chemin du Ciel exige tout ce que je suis et tout ce que j’ai. Évoquant les mots de Saint Paul (II Cor. XI, 28–29) : « Qui est faible que je ne sois faible aussi ? », je me rappelle comment il y a des années vous nous avez dit à nous autres séminaristes, que, dans quelqu’endroit où nous nous retrouverions un jour, nous aurions à mettre de l’ordre dans un chaos déchaîné. Ce chaos est maintenant plus intense qu’il ne l’était il y a 25 ans, car la vie de tous les jours a beaucoup changé depuis les derniers 15, 30, 45 ans. Le monde dévore maintenant les âmes pour son déjeuner, et cela d’une manière sophistiquée et implacable. Les parents doivent adapter des principes éprouvés pour contrer les nouvelles tactiques du Diable, car ce qui fonctionnait auparavant ne fonctionne pas nécessairement aujourd’hui. Ce sont « ces frondes et ces flèches » de l’éducation actuelle des enfants qui me font me demander si la nécessité de méthodes différentes pour en arriver aux mêmes résultats ne pourrait s’appliquer aux séminaires et aux vocations eux aussi. »

Le deuxième courriel vient d’un prêtre de la « Résistance » qui affirme que les anciennes méthodes sont toujours bonnes, mais qu’elles doivent être fidèlement mises en œuvre. Il écrit :

« C’est incroyable comme plusieurs de nos gens ne pratiquent pas les choses élémentaires de la vie catholique. Ils veulent plaire à Dieu. Or, les initiatives catholiques et les projets spéciaux ne sont pas mauvais en eux-mêmes, mais ils sont bien moins importants, difficiles et méritoires que le train-train quotidien. Nos gens veulent éviter le péché mortel, et c’est à peu près tout. Combien de fois est-ce que j’entends qu’ils ont « oublié » leurs prières du matin et du soir, ou celles d’avant et après les repas. Et la lecture de la Bible, la vie des saints, le catéchisme ! Voilà pourquoi je travaille, à temps et à contretemps, à convaincre mes gens de l’importance d’une vie catholique stable et régulière, à les convaincre que c’est cela qui plaît vraiment à Dieu.

« La même chose s’applique à la « Résistance ». J’ai dit à mes gens que la véritable épreuve sera celle de tenir bon, de persévérer. C’était relativement facile, il y a deux ou trois ans, lorsque nous étions en bataille rangée, frappant à gauche et à droite, mais maintenant cela ressemble plus à une guerre de tranchées. Et nous tiendrons le coup en tant que mouvement si chaque prêtre et chaque laïc catholique tient le coup dans sa vie quotidienne. »

Dieu n’a créé aucune âme pour l’Enfer (I Tim. II, 4). Il s’ensuit que chaque âme peut trouver les moyens d’aller au Ciel, si elle le veut. Ces moyens peuvent bien être difficiles, mais ils ne seront pas compliqués, sinon, ils seraient inaccessibles à beaucoup. Les méthodes anciennes, surtout le chapelet quotidien, ne sont pas compliquées, mais elles doivent être mises en pratique.

Kyrie eleison.

Les Papes Conciliaires – II

Les Papes Conciliaires – II on juin 6, 2015

Ces Commentaires ne cessent de revenir sur le problème du subjectivisme, car il semble à leur auteur que l’Église et le monde d’aujourd’hui ne peuvent être correctement jugés sans le prendre en considération. Par subjectivisme, on entend cette pourriture de l’esprit par laquelle la personne, ou le sujet, a laissé son esprit se déconnecter de la réalité, ou de l’objet, ce qui permet à cette personne de refaire la réalité selon sa propre fantaisie. D’où le monde imaginaire qui nous entoure aujourd’hui dans toute sa folie, et la fantaisie de la « Néo-église » (l’Église et le monde sont conciliables) et la fantaisie parallèle de la « Néo-Fraternité » (la Tradition et la Néo-église sont conciliables).

Pour garder son emprise sur la réalité et son équilibre dans la Foi, on ne doit jamais cesser de distinguer le subjectif de l’objectif. Par exemple, les Papes conciliaires errent gravement contre la Foi, objectivement parlant, mais subjectivement parlant ils ont été convaincus qu’ils avaient raison, et en partie ils ont pu être (Dieu le sait) bien intentionnés. Mais si je manque de distinguer l’objectif et le subjectif, je tombe facilement dans une de deux erreurs par trop connues. Ou bien je dis qu’ils ont objectivement tort et donc ils doivent avoir aussi subjectivement tort, dès lors ils ne peuvent avoir été bien intentionnés, ils ont dû savoir ce qu’ils faisaient, et donc ils n’ont pas pu être Papes, et je tombe alors dans le sédévacantisme dogmatique. Ou bien je trouve qu’ils sont convaincus et convaincants, aussi ont-ils subjectivement et donc objectivement raison, et alors je dois les suivre, et je tombe dans le libéralisme (voici comment Benoît XVI et Mgr Fellay ont trompé (objectivement) de nombreux Catholiques de bonne foi).

Au contraire, si j’ai une foi éclairée et que je sache distinguer entre la réalité objective et la fantaisie aujourd’hui universelle, alors, en mesurant Rome par la Foi et non la Foi par Rome, je constate que les Papes conciliaires ont pu être convaincus et qu’ils ont pu, au moins en partie – Dieu le sait – vouloir le bien, mais je ne les suivrai jamais dès qu’ils s’éloignent de la vraie Foi et de la véritable Église. D’un autre côté, je n’exclurai pas la possibilité qu’il y ait de bonnes intentions de leur part, ni ne prendrai-je sur moi de juger leurs intentions, mais j’attendrai que l’Église, après les avoir entendus, juge de leur pertinacité et leur hérésie.

Mais les hommes de la Néo-église sont si universellement infectés par cette fantaisie de la liberté, de l’égalité et des droits de l’homme mis à la place du devoir, de la hiérarchie et des droits de Dieu, qu’il y a vraiment peu de chance qu’une telle audience ait lieu dans un proche avenir. Alors, dans mon esprit, je dois laisser en suspens la question de ces Papes. Une telle suspension n’est certes pas commode, mais je sais que Dieu en son temps viendra au secours de sa Papauté.

Entre temps, la structure de son Église, selon laquelle toute autorité découle du Pape, de haut en bas, n’a pas changé. Dès lors, puisque le Pape François condamne la Tradition à chaque fois qu’il en a l’occasion, la Tradition n’aura qu’à lutter pour sa survie. En ce qui concerne la fondation et la continuation de la Fraternité Saint-Pie-X, l’approbation officielle de ses Statuts par l’évêque diocésain de ce moment-là fut pour Mgr. Lefebvre d’une immense importance. Cela fit de la FSSPX la lumière de secours de l’Église officielle, et le mouvement de la « Résistance » ne peut être qu’une entreprise de réparation de cette lumière de secours, toujours par rapport é l’Église officielle. Cette entreprise est-elle entravée à la fois par les électriciens de secours et de l’Eglise officielle ? Soit. Il n’en faut pas moins quelqu’un pour maintenir quelque lumière dans l’Église. Toutefois, face à une telle entrave de la part des confrères électriciens, que personne ne s’attende à des monts et merveilles de la part de la « Résistance ». Patience donc. Dieu a tout sous Son contrôle.

Kyrie eleison.

N.B. Si Dieu veut, je ferai des Confirmations cet été : (en France) près de Pau le 7 juin, près de Vichy le 14 juin ; (au Canada) à Calgary le 29 juin ; et (aux États-Unis) à Denver le 1er juillet, à Nashville le 2 juillet, à Jacksonville le 5 juillet.

Journées Eliot

Journées Eliot on mai 30, 2015

Le séminaire littéraire tenu ici à Broadstairs au début du mois de mai sur des poèmes et pièces du célèbre poète moderne, T.S.Eliot (1888–1965), a bien réussi. Eliot est un écrivain difficile à entendre, parce qu’il insistait pour comprendre le monde moderne incompréhensible, mais les six conférences (en 36 heures !) du Dr White ont inspiré dans son auditoire de plus de 25 Catholiques un vrai intérêt en Eliot. On a choisi celui-ci comme sujet du séminaire parce qu’il a écrit une partie de son poème le plus célèbre, La Terre Dévastée, à Margate, ville proche d’ici. D’intérêt particulier pour les participants au séminaire a été l’excursion pour visiter le pavillon même au bord de la mer où Eliot a écrit ces 45 vers, et où le Dr White a récité le poème tout entier devant une mer grise, sous un ciel gris – grisaille parfaite pour l’occasion !

De nombreux Catholiques s’opposent aux auteurs qui ne soient pas ouvertement catholiques, pour célèbres qu’ils soient. Mais vers 1925, peu de temps après avoir écrit La Terre Dévastée, Eliot a failli se faire Catholique, et à partir de ce moment-là jusqu’à sa mort la solution qu’il préconisait aux problèmes du monde actuel tournait tout autour de Notre Seigneur Jésus Christ. Cela ne saute pas aux yeux, ou bien parce qu’il écrivait pour des Chrétiens tièdes, ou bien parce qu’il ne cessait de lutter lui-même avec la modernité, mais dans un poème des Quatre Quatuors dont le Dr White a fait l’exégèse, Little Gidding section IV , transparaît la vraie croyance d’Eliot en Notre Seigneur :—

1. La colombe qui descend rompt l’air
2. Avec une flamme de terreur incandescente
3. Dont les langues déclarent
4. L’unique décharge du péché et de l’erreur.
5. L’espoir unique ou le désespoir
6. Gît dans le choix de tel ou tel bûcher,
7. Rachetant du feu par le feu.

8. Et qui a conçu le tourment ? L’amour.
9. L’amour est le nom peu connu
10. Derrière les mains qui ont tissé
11. La chemise à flammes intolérable,
12. Et inamovible de main humaine.
13. Nous ne vivons, nous ne respirons
14. Que pour être consumés par tel ou tel feu.

Pendant la Deuxième Guerre mondiale Eliot habitait Londres où les nuits il patrouillait dans les rues pour aider à minimiser le danger et les dommages des bombardements allemands. La première strophe du poème est comme ces images doubles en plastique qui contiennent deux images dont on fait paraître l’une ou l’autre selon qu’on fait incliner le plastique. La deuxième strophe tire la grande leçon de cette image double.

Ainsi 1) la “colombe qui descend” représente et le Saint Esprit qui descend à la Pentecôte, et les bombardiers ennemis qui descendent sur Londres. 2) La “flamme de terreur” représente et le feu du Saint Esprit, et les bombes incendiaires de l’ennemi. 3) Les “langues” sont et celles du Saint Esprit sur la tête des Apôtres, et celles des bombes, tandis que 4) la “décharge” est et la Rédemption par Notre Seigneur, et les bombes lâchées par les politiciens. 5) La première en est notre unique espoir, l’autre est le désespoir de la guerre. 6) Sur lequel des deux bûchers choisissons-nous d’être brûlés ? 7) Le feu de la Rédemption est là pour nous sauver du feu de l’Enfer.

Seconde strophe : ainsi 8) c’est Dieu qui conçoit les guerres mondiales pour nous sauver du feu éternel. 9) Il n’est pas bien connu, mais c’est 10) son amour qui permet aux politiciens de causer 11) les tourments de la guerre 12) que seul le Christ peut racheter. 13) En conclusion, la vie humaine ne prend fin que 14) dans le feu, ou celui de l’amour divin ou celui de l’Enfer.

La Troisième Guerre mondiale s’approche. Quand elle arrivera, combien de prédicateurs catholiques y a-t-il qui auront le courage de prêcher que ce sera l’amour divin qui aura conçu ses souffrances atroces, rien de moins étant nécessaire pour nous remettre, selon le plan divin, sur le chemin du ciel ? Voilà Eliot, pas Catholique, qui le disait il y a 70 ans.

Kyrie eleison.

Des Papes Conciliaires – I

Des Papes Conciliaires – I on mai 23, 2015

À chaque fois qu’une prétention est mise en avant à l’effet que les Papes conciliaires soient au moins en partie de bonne foi, il y a généralement des Catholiques qui protestent. Ils diront que les Papes sont des hommes d’Église intelligents et bien éduqués ; il est donc impossible qu’ils ne prennent pas pleinement conscience de ce qu’ils font. Pour ces mêmes critiques, la théorie « mentévacantiste » selon laquelle ces Papes ont l’esprit vacant ou sont en partie ignorants des conséquences de leurs propres actions, est absurde. On peut comprendre l’objection, mais laissez-moi citer un ami qui comprend le « mentévacantisme » comme il doit être compris :—

« Que des Papes puissent en toute bonne foi avoir tort, parce qu’ils tiennent que certaines erreurs ne sont pas opposées à la Foi, c’est une idée qui jouit de peu de considération, car les gens se font une idée de la papauté qui est trop détachée du monde, alors que toute l’histoire des Papes est celle d’hommes de leur temps sujets en tout aux bonnes et aux mauvaises habitudes et aux vices de leur époque. La différence se trouve dans la force de l’erreur, laquelle n’a jamais été aussi formidable qu’aujourd’hui, la race humaine n’ayant jamais été aussi dégénérée qu’elle l’est à l’heure présente, il ne faut pas l’oublier.

« En effet, le libéralisme est maintenant partout et il écrase tout. Il n’est plus simplement une pensée ou façon de penser, il est devenu une véritable manière d’être qui pénètre chaque homme existant, qu’il soit en lui-même un libéral absolu ou un agent du libéralisme et de sa subversion, ou simplement un de ses instruments. Tel est le cas des Papes Conciliaires. Ils croient qu’ils se rapprochent du monde pour le rétablir. Ils ne comprennent pas que c’est le monde qui se les attire pour les infecter et les contrôler.

« Dans une telle situation, on peut certainement parler de Papes libéraux mais pas de Papes non-catholiques, dans la mesure où manque le nécessaire pour une telle condamnation, à savoir la volonté personnelle de leur part d’être libéraux et non pas Catholiques. Tout ce que l’on peut faire c’ est de reconnaître qu’il y a chez ces Papes la volonté personnelle d’être Catholiques et non pas des libéraux anti-catholiques, puisque pour eux il n’y a aucune contradiction entre les deux, loin de là. Selon leur théologien et penseur, Joseph Ratzinger, le libéralisme est l’un des dérivés heureux du catholicisme, n’ayant besoin que d’être purifié de certaines distorsions allogènes pour être catholique. Ainsi, quant à la destruction de l’Église, il est évident – cela s’impose à la raison – que des Papes qui croient dans un catholicisme aussi compromis ne peuvent pas s’empêcher d’avoir comme une des conséquences de leurs actions la destruction de l’Église.

« En ce qui concerne Monseigneur Lefebvre, étant donné qu’il a grandi dans une Église bien différente de celle d’aujourd’hui, je peux seulement conclure que pour lui il était impossible qu’un Catholique servant d’instrument de la subversion ne pût avoir conscience de ce qu’il faisait. Encore moins un Pape ne pouvait-il pas s’en rendre compte. Lisant entre les lignes de certains écrits de Monseigneur, je crois que, bien que sa vision du monde inclût certainement le fait d’une dégénération continue jusqu’à la fin du monde, cette vision n’a pas envisagé que ce processus pût clairement affecter l’Église elle-même. »

Je peux très bien m’imaginer l’objection de certains lecteurs à ce genre d’analyse : « Oh ! Excellence, s’il vous plaît, cessez de prendre la défense des Papes Conciliaires. C’est noir ou blanc. S’ils sont noirs, je serai un heureux sédévacantiste. S’ils sont blancs, un joyeux libéral. Vos zones d’ombre ne font que m’embrouiller ! »

Cher lecteur, le noir est noir, le blanc blanc, mais rarement dans la vie réelle trouvons-nous du pur blanc, et jamais du pur noir (le pire qui soit soit a la bonté d’être). Si vous désirez comprendre cette justification relative des Papes conciliaires, la clef en est de bien comprendre que le monde n’a jamais été si profondément mauvais qu’aujourd’hui. De cette dégénérescence sans précédent, il doit être évident qu’à cet égard les Papes conciliaires qui s’écartent de la Foi sont plus excusables qu’aucun de leurs prédécesseurs.

Kyrie eleison.

Le Péché Vengé

Le Péché Vengé on mai 16, 2015

Immergés comme nous le sommes tous dans le monde qui nous entoure il est difficile, surtout pour les jeunes gens, de se rendre compte à quel point ce monde a versé dans une situation anormale. Jamais dans toute l’histoire humaine Dieu n’a été aussi discrédité, nié, et effectivement éliminé de la vie des hommes. Et puisque tout péché est en premier lieu une offense contre Dieu, alors dans la mesure où les hommes perdent tout sens de Dieu, ils perdent par là même tout sens du péché. Et donc les hommes ont toujours raison et « Dieu », qui qu’il puisse être, a toujours tort, de telle sorte que chaque fois que les choses vont mal « il » peut toujours être rappelé, mais pas plus longtemps que pour lui en attribuer la faute et la responsabilité.

Cette attitude largement répandue fait qu’il est devenu virtuellement impossible de comprendre l’apparente sévérité de Dieu dans l’Ancien Testament, où on Le voit ordonner aux Israélites d’exterminer des peuples entiers, comme dans le livre de Josué. Mais les commentateurs catholiques de l’Ecriture qui n’ont pas perdu le sens du vrai Dieu qui ne change pas, replacent les choses dans leur vraie perspective. Voici par exemple le résumé d’un commentaire du Bénédictin contemporain, Dom Jean de Monléon (1890–1981), au sujet du massacre des Cananéens par les Israélites sous les ordres de leur chef Josué :—

En ce qui concerne Josué lui-même, il agissait non pas par haine, racisme, convoitise, ambition ou quoique ce soit, mais sous les ordres stricts, précis et répétés de Dieu Lui-Même. Saint Jean Chrysostome dit que Josué personnellement aurait préféré peut-être une solution moins sanglante, mais que certainement Dieu avait ses raisons à Lui. Celles-ci nous ne pouvons les connaître avec certitude, mais nous pouvons raisonnablement les deviner. D’abord, tous les êtres humains, de par notre péché originel (« Qu’est-ce que cela ? » s’écrie l’homme moderne), nous devons payer la dette de la mort au moment, à l’endroit et de la manière qui ont été décidés par le Maître de la Vie et de la Mort, qui est Dieu. Pour des pécheurs tels que les Cananéens, mourir plutôt tôt que tard pouvait représenter un acte de la divine miséricorde, surtout si la manière de mourir leur donnait le temps de se repentir et de sauver ainsi leur âme pour l’éternité.

D’ailleurs, les Cananéens étaient vraiment de grands pécheurs, plongés dans la perpétration d’horribles crimes, et comme l’humanité avant le Déluge, comme les habitants de Sodome et Gomorrhe, ils avaient rempli à ras bord jusqu’à la faire déborder la coupe de la colère de Dieu : prostitution de tout genre, bestialité, inceste, sorcellerie et en particulier le meurtre rituel des enfants, prouvé par de multiples excavations archéologiques en Palestine où de minuscules squelettes ont été découverts entourés d’objets qui les identifient clairement comme des victimes de sacrifices, etc. En outre si on avait permis la survie des Cananéens, ils auraient représenté un grave danger de corruption pour les Israéliens, ainsi que l’Histoire, par la suite, n’allait que trop le prouver.

Dans une époque plus récente, il y a quelque 400 ans (mais encore avant l’apparition du libéralisme !) les premiers missionnaires au Canada furent obligés de conclure que l’unique façon de traiter avec une certaine tribu était de l’exterminer. Une Sainte canonisée a dit : « Après des expériences répétées de leurs trahisons, soit pour la paix, soit pour la Foi, il n’y a plus rien à espérer d’eux ». ( fin de Dom de Monléon)

Cela choque encore les susceptibilités modernes, mais ne s’agit-il pas simplement d’une peine capitale à l’échelle de la tribu au lieu de l’individu ? Le principe qui justifie la peine capitale, c’est qu’il y a des crimes antisociaux tels que, par exemple, l’idolâtrie, l’assassinat, la trahison, la production de fausse monnaie, l’homosexualité, etc., en commettant lesquels les hommes se rendent indignes de vivre dorénavant en société, de telle sorte que l’autorité légitime de la société a le droit de leur retirer la vie (on pourrait objecter que ce ne sont pas tous les individus d’une tribu qui seront également coupables, mais il devrait aller sans dire que Dieu Tout-Puissant peut faire et fera toutes les distinctions nécessaires).

Tout le problème vient du fait qu’on ne croit plus en la grandeur et en la bonté de Dieu, mais limitons-nous ici à dire que l’Ancien Testament n’est ni aussi cruel ni aussi dépassé qu’on le fait souvent apparaître.

Kyrie eleison.

« Trouvés Légers »

« Trouvés Légers » on mai 9, 2015

Les Catholiques qui cherchent aujourd’hui à garder la foi n’ont pas la tâche facile. Voici comment un observateur voit l’état actuel de la Fraternité St Pie X aux États-Unis, et positif et négatif. Prenons d’abord le côté négatif, non pas pour contrarier la Fraternité, mais pour prendre d’abord la mesure du problème. Un patriote américain, Patrick Henry, a bien dit en 1775, « Pour ma part, quelle angoisse d’esprit que cela puisse me coûter, je veux entendre toute la vérité, connaître le pire, et y pourvoir. »

« Jusqu’ici les prêtres de la Fraternité n’ont pas réagi à l’infiltration moderniste de leur Congrégation. La plupart d’entre eux disent n’importe quoi pour justifier toute parole et action de leur Supérieur Général. Comment arrivent-ils à justifier le compromis doctrinal ? Mystère pour moi. Un d’entre eux dit qu’il suffit de parler avec Mgr Fellay pour qu’il clarifie tout. Les quelques séminaristes américains que j’ai rencontrés reçoivent une mauvaise formation qui les fait tout justifier, même le “bien” qui se trouve dans Vatican II. Leur consigne, c’est l’obéissance aveugle. Toute théorie conspirationniste est tabou dans le séminaire, en sorte qu’ils seront facilement désarconnés par les ennemis de la foi. A la visite au séminaire de Mgr Schneider, évêque de la Néo-Église, comme à “l’assimilation en Argentine”, il n’y a pas eu de réaction. Du mouvement de la “Résistance” au modernisme de Mgr Fellay on ne fait absolument pas mention, car il est méprisé comme étant encore une insurrection comme celle des prêtres, “les Neuf”, en 1983.

Cependant les Prieurs de la Fraternité ne font aucune distinction pour permettre aux fidèles d’assister aux messes de la Fraternité St Pierre, et ils voient dans le Modernisme rien de plus qu’un “tas de poussière” à être balayé. Un nouveau prêtre fut envoyé pour participer à l’installation d’un évêque local de la Néo-église. De façon générale il n’y a plus de combat contre les erreurs ni de Vatican II, ni de la Déclaration Doctrinale de 2012 sortie de leur propre Fraternité. Mais le pire de tout, c’est le glissement doctrinal qu’il y a eu dans la Fraternité depuis 2012, et pourtant les prêtres de la Fraternité continuent à dire qu’ils ne réagiront pas, tant qu’ils ne voient rien de concret. »

Un tel aveuglement ne saurait être qu’un châtiment de Dieu. Qu’est-ce qu’il punit ? Dans les années 1950 les Catholiques trop à la recherche de leur confort dans le monde furent punis par le Concile des années 1960, mais à un reste fidèle le Bon Dieu accorda Mgr. Lefebvre, le vrai pasteur des années 1970 et 1980. Assurément Dieu était en droit d’attendre de la part de ce reste de Catholiques qu’ils comprendraient le problème et qu’ils répudieraient la fausse solution des années 1950. Mais non. Depuis la fin des années 1990 les dirigeants de la Fraternité, suivis par leurs prêtres et fidèles, retournent lentement mais sûrement au catholicisme des années 1950, c’est-à-dire à la foi réduite à l’assistance à la Messe dominicale, pauvre rendement à Dieu pour toutes les grâces qu’il avait accordées à la Fraternité. On dirait que le Bon Dieu en a eu assez, lorsqu’il permet par exemple à un diocèse en Argentine de donner l’exemple d’une approbation officielle de l’Église à la Fraternité, approbation minimisée par le Quartier Général de la Fraternité comme étant rien de plus qu’une « démarche purement administrative ». Mais elle fraie le chemin à une approbation par l’Église tout entière, qui viendra ou de Rome ou d’un diocèse après l’autre, que tous feront semblant de ne pas remarquer mais qui fera le bonheur de presque tous. Ah, quels maîtres, ces Romains !

N’empêche, le Bon Dieu suscite dans le reste Traditionnel un reste « Résistant ». L’observateur cité ci-dessus conclut : « Je pense que lorsque le moment décisif arrivera, il y aura un petit nombre de Nicodème et de Joseph d’Arimathie parmi les prêtres et Frères de la Fraternité, espérons aussi parmi ses Sœurs, qui réagiront enfin. Les fidèles de la “Résistance” aux États-Unis et au Canada tiennent bon, avec quelques nouveaux qui nous viennent ou de la Néo-église ou de rien. » Que bon nombre de Catholiques dans le monde entier tiennent bon fut évident dans leur bonne réaction au sacre de Mgr. Faure. Voici un avenir pour les âmes. Mais ne nous trompons plus cette fois-ci : le Bon Dieu en a marre des « Catholiques du dimanche ». Il cherche des Catholiques capables du martyre.

Kyrie eleison.