Les Commentaires Eleison

Vacance Raisonnée – II

Vacance Raisonnée – II on mai 2, 2015

Concernant la déposition d’un Pape hérétique, les Dominicains Traditionnels d’Avrillé en France nous ont rendu un grand service en republiant non seulement les considérations classiques de Jean de St Thomas (cf. CE 405), mais aussi celles d’autres théologiens insignes. Bref, à propos d’un argument simple et populaire d’aujourd’hui, à savoir qu’un Pape hérétique ne peut être membre de l’Église et donc encore moins son chef, les meilleurs esprits de l’Église enseignent que c’est là aller un peu vite en besogne. Bref, le Pape est plus qu’un simple fidèle catholique qui en tombant dans l’hérésie perd la foi, et cesse du coup d’être membre de l’Église. Pour l’Église, le Pape est beaucoup plus qu’un simple Catholique du rang. Pour être clair, présentons les arguments de ces théologiens en forme de questions et réponses :—

Tout d’abord, est-il possible pour un Pape de tomber dans l’hérésie ?

S’il engage toutes les quatre conditions de son Magistère Extraordinaire, il ne peut pas enseigner l’hérésie, mais en dehors de ces quatre conditions l’opinion plus probable, au moins des théologiens plus anciens, c’est que personnellement il peut tomber dans l’hérésie.

Dans ce cas-là, ne cesse-t-il pas d’être membre de l’Église ?

Comme simple personne catholique, oui, mais en tant que Pape, pas nécessairement, parce que le Pape est beaucoup plus qu’un simple Catholique. Comme a dit St Augustin, le prêtre est Catholique pour lui-même, mais il est prêtre pour les autres. Quant au Pape, il est Pape pour toute l’Église.

Mais à supposer que la grande majorité des Catholiques peuvent constater qu’il est hérétique, parce que c’est évident, son hérésie ne ferait-elle pas qu’il ne pourrait plus être Pape ?

Non, parce que même si son hérésie était évidente, beaucoup de Catholiques pourraient encore le nier, par exemple par « piété » envers le chef de leur Église, et donc pour empêcher que l’Église tout entière ne soit jetée dans la confusion, il faudrait une déclaration officielle de l’hérésie du Pape pour obliger les Catholiques de rester unis. Une telle déclaration devrait venir d’un Concile de l’Église, convoqué exprès pour cela.

Mais si l’hérésie était publique et évidente, ne suffirait-elle pas pour le déposer ?

Non, d’abord parce que tout hérétique doit être averti officiellement avant d’être déposé, au cas où il voudrait rétracter son hérésie. Ensuite tout officiel important dans l’État comme dans l’Église assure le bien commun, et c’est pour le bien commun qu’il doit garder son office jusqu’à ce qu’il soit officiellement déposé. Donc tout comme un évêque garde son office tant que le Pape ne l’a pas déposé, de même le Pape garde son office jusqu’à ce que la déclaration officielle de son hérésie par un Concile de l’Église permet au Christ de le déposer (cf. CE 405).

Mais si un hérétique n’est plus membre de l’Église, comment peut-il en être la tête, le membre le plus important de tous ?

Parce qu’être membre personnel et chef officiel, cela fait deux. En tant que membre personnel, il reçoit de l’Église la sanctification, en tant que son dirigeant officiel il lui donne le gouvernement. Or, recevoir, ce n’est pas donner. Il est vrai qu’en tombant dans l’hérésie il cesse d’être un membre vivant de l’Église, mais ce n’est pas pour autant qu’il cesse d’être capable de la gouverner. Etre membre de l’Église par la foi et la charité est incompatible avec l’hérésie, mais de gouverner l’Église par la juridiction officielle ne requiert ni la foi ni la charité, et donc c’est compatible avec l’hérésie.

Mais par son hérésie un ancien Pape a jeté sa papauté !

Pour la personne privée cela est vrai, mais pour la personne ayant une charge officielle et publique cela n’est pas vrai tant qu’un Concile de l’Église n’a pas rendu son hérésie, outre publique, officielle. Jusque-là il faut traiter le Pape de Pape, parce que pour la tranquillité et le bien commun, le Christ maintient sa juridiction.

Kyrie eleison.

Importance de la Culture

Importance de la Culture on avril 25, 2015

A partir de vendredi soir, le 1er mai, jusqu’à dimanche midi, le 3 mai, ici à la maison de « La Reine des Martyrs », le Docteur White mènera un autre séminaire littéraire, comme l’année dernière sur Charles Dickens, ainsi cette année sur T.S.Eliot (1888–1965), autre géant de la littérature anglaise associé directement à ce coin de l’Angleterre. En effet, ce fut dans un pavillon ouvert donnant sur la plage de Margate à huit kilomètres au nord de Broadstairs que le poète anglo-américain de renommée mondiale reprit la plume et réussit à composer une bonne partie de la troisième section du poème le plus important du 20me siècle, au moins en langue anglaise, « The Wasteland ».

Ce poème est un portrait brillant du vide dans les esprits et les cœurs des hommes suite à la Première Guerre mondiale (1914–1918). Eliot y forgea une nouvelle façon fragmentaire d’écrire la poésie, qui capte la condition spirituelle fragmentée de l’homme moderne. C’est en ayant assimilé en profondeur les grands artistes du passé, notamment Dante et Shakespeare, qu’Eliot fut capable de donner une forme à la pauvreté spirituelle de nos temps. Par exemple, dans les six vers du poème directement liés à Margate, une de trois filles de la classe ouvrière raconte comment elle a bradé son honneur de jeune fille, pour rien, et pour souligner le vide de la vie de toutes les trois, leurs récits sont encadrés dans des fragments du chant des trois Filles du Rhin qui ouvre et ferme la vision cosmique du « Nibelungenring » de Wagner.

Le vide et le néant — pourquoi diable les Catholiques devraient-ils s’occuper d’auteurs si déprimants ? Nous nous sauvons par Notre Seigneur Jésus Christ et pas par la culture, surtout pas par la culture nihiliste. Une réponse en particulier concerne T.S.Eliot. Une réponse générale concerne toute « culture », définie comme ces histoires, images et musique dont les hommes ne peuvent éviter de former et fournir leurs esprits et leurs cœurs.

Quant à T.S.Eliot, il a lui-même bientôt répudié « The Wasteland » comme l’oeuvre d’un « ronchon rhythmique », et quelques années plus tard il se fit membre de l’église anglicane. Il avait exprimé de façon géniale le néant moderne, mais il ne s’est pas vautré dedans. Par la suite il a écrit plusieurs pièces de théâtre et surtout le long poème des « Quatre Quatuors », lesquels ne sont point nihilistes et dont le Dr White, qui aime beaucoup Eliot, va parler à Broadstairs dans quelques jours. Puisque T.S.Eliot avait lutté honnêtement avec le problème, il ne recourut à aucune solution d’autruche comme le firent bon nombre de Catholiques égarés par Vatican II.

Car la culture en général est à la religion (ou manque de religion) comme les banlieues d’une ville sont au centre-ville. Bien bête serait le général militaire chargé de défendre une cité s’il abandonnait les banlieues à l’ennemi. De même, tout Catholique qui prend au sérieux sa religion ne saurait être indifférent aux histoires, images et musique qui forment les âmes tout autour de lui. Bien sûr, la religion (ou son manque) est centrale dans la vie d’un homme, et la « culture » en comparaison n’est que périphérique, parce que la culture humaine n’est en fin de compte qu’un dérivé du rapport de l’homme avec son Dieu. Néanmoins la religion et la culture agissent chacune sur l’autre. Par exemple, si tant de Catholiques ne s’étaient pas laissé enchanter par « Le Chant du Bonheur », seraient-ils si facilement tombés victimes de Vatican II ? Et si les chefs actuels de la Fraternité St Pie X, en sachant opposer culture catholique à la contre-culture moderne, avaient saisi toute la profondeur du mal, seraient-ils maintenant si résolus à se soumettre aux délinquants de Vatican II à Rome ? La culture peut être importante comme l’Enfer et le Ciel !

Kyrie eleison.

Vacance Raisonnable – I

Vacance Raisonnable – I on avril 18, 2015

Les prêtres dominicains d’Avrillé en France nous ont rendu à tous un grand service en republiant les considérations sur le Siège vacant de Rome qu’a rédigées il y a quelque 400 ans un célèbre théologien thomiste d’Espagne, Jean de St Thomas (1589–1644). Étant un successeur fidèle de St Thomas d’Aquin, il a profité de cette sagesse plus haute du Moyen Age, où les théologiens savaient encore jauger l’homme selon Dieu au lieu de jauger Dieu selon l’homme, renversement qui a pu commencer comme une nécessité (les hommes étant devenus allergiques à la pénicilline médiévale, ils ont dû recourir à une médecine moins efficace), mais qui a abouti à Vatican II. Voici les idées principales de Jean de St Thomas, en forme excessivement résumée, sur la déposition d’un Pape :—

I Un Pape peut-il être déposé ?

Réponse, oui, parce que les Catholiques sont obligés de se séparer d’un hérétique, après qu’il ait été averti (Tite, III, 10). De plus, un Pape hérétique met l’Église tout entière dans un état de légitime auto-défense. Mais le Pape doit être averti, aussi officiellement que possible, au cas où il se rétracterait, et son hérésie doit être non seulement publique mais aussi déclarée aussi officiellement que possible, pour empêcher la confusion universelle des Catholiques, normalement unis par l’obéissance.

II Par qui doit-il être officiellement déclaré hérétique ?

Réponse, pas par les Cardinaux qui peuvent bien élire un Pape, mais pas en déposer un, parce que c’est l’Église Universelle qui est menacée par un Pape hérétique, et alors seule l’autorité de l’Église la plus universelle possible peut le déposer, à savoir un Concile de l’Église composée d’un quorum de tous les Cardinaux et évêques de l’Église. Ceux-ci ne seraient pas convoqués par voie d’autorité, ce que seul le Pape peut faire, mais entre eux.

III Par quelle autorité un Concile de l’Église déposerait-il le Pape ?

(Voici la difficulté principale, parce que le Christ donne au Pape un pouvoir suprême sur l’Église tout entière, sans exception, comme Vatican I l’a défini en 1870. Déjà Jean de St Thomas donnait des arguments d’autorité, de raison et de Droit Canon pour prouver ce pouvoir suprême du Pape. Alors comment un Concile, étant en-dessous du Pape, peut-il le déposer ? Jean de St Thomas adopte la solution présentée par un autre célèbre théologien dominicain, Thomas Cajetan (1469- 1534) : la déposition du Pape par l’Église ne tomberait pas sur le Pape en tant que Pape, mais sur le lien entre le Pape en tant qu’homme et sa papauté. On dirait, une distinction sans une différence ? Non, c’est une solution parfaitement logique.)

D’une part, même un Concile de l’Église n’a aucune autorité sur le Pape. D’autre part l’Église est obligée de fuir les hérétiques et de protéger les brebis. Donc tout comme dans un Conclave les Cardinaux sont les ministres du Christ pour lier cet homme-ci à la papauté mais seul le Christ lui donne son autorité papale, de même le Concile de l’Église serait par sa déclaration solennelle le ministre du Christ pour délier cet hérétique de sa papauté mais seul le Christ, par son autorité divine sur le Pape, le déposerait autoritativement. Autrement dit, le Concile déposerait le Pape pas d’en haut, autoritativement, mais d’en bas, ministériellement. Jean de St Thomas confirme cette conclusion par le Droit Canon de l’Église, laquelle affirme en plusieurs endroits que seul Dieu peut déposer le Pape, mais l’Église peut bien statuer sur son hérésie.

Hélas, comme le signalent les Dominicains d’Avrillé, la presque totalité des Cardinaux et évêques de l’Église d’aujourd’hui sont à tel point infectés par le modernisme qu’il n’y a aucun espoir humain d’un Concile qui verrait assez clair pour condamner le modernisme des Papes Conciliaires. Nous ne pouvons que prier et attendre la solution de Dieu, qui arrivera au moment choisi par Dieu. A suivre : la simple hérésie du Pape, ne suffit-elle pas pour le déposer automatiquement ?

Kyrie eleison.

Foi Minée

Foi Minée on avril 11, 2015

L’éditorial qu’a écrit un confrère honorable de la Fraternité St Pie X dans un bulletin récent de sa paroisse en France montre une raison majeure pour laquelle beaucoup de prêtres de la FSPX s’abstiennent encore de rejoindre la « Résistance » – ils restent encore à convaincre qu’il y aille de la Foi. On se demande ce qu’il faudra pour les en persuader. Nous pouvons être sûrs que les chefs de la FSPX sont convaincus que ce ne sont pas eux qui changent la Foi, et qu’il leur est d’autant plus facile d’en persuader les prêtres et fidèles de la FSPX. Pourtant s’ils avaient la vraie Foi, comment pourraient-ils même penser à soumettre sa défense lefebvrienne aux néo-modernistes de Rome ?

L’éditorial s’intitule « De l’obéissance à des supérieurs faillibles ». Il reconnaît que la résistance à des supérieurs faillibles est légitime lorsqu’il y va de la Foi, mais il souligne plutôt les limites qu’il faut mettre à une telle résistance : par exemple, l’anarchie et le manque de respect pour l’autorité ne sont jamais légitimes ; l’obéissance aux supérieurs légitimes est essentielle à toute société ; les supérieurs ont des grâces d’état spéciales ; il faut faire attention en mettant en éveil les fidèles qui ne savent pas toujours faire les distinctions nécessaires ; un souffle effréné d’indépendance circule aujourd’hui (Benoît XV) ; les appellations qui divisent sont à éviter, etc. Ces principes sont tous impeccables. C’est leur application qui fait problème.

Par exemple, tout en condamnant les appellations qui sèment la discorde, l’éditorial reconnaît que c’est Pie IX qui a dénoncé les « Catholiques libéraux » comme étant « les pires ennemis de l’Église ». Et de fait dans toute crise de l’Église, identifier ses ennemis en leur donnant un nom, par exemple aux « Protestants » de la Réforme, c’est le premier grand pas à prendre pour pouvoir les combattre. Sans doute l’honorable confrère admettrait autant là où la Foi est en jeu, mais il nierait qu’il y ait aucune crise de la Foi à l’œuvre dans la Fraternité. Pourtant, Monsieur l’abbé, pensez-vous que les Catholiques libéraux du 19me siècle condamnés par Pie IX eussent nié un seul Article de la Foi ? Au contraire, n’auraient-ils pas affirmé vigoureusement leur croyance en tout Article tel ? Et néanmoins n’auraient-ils pas condamné tout aussi vigoureusement le Syllabus de Pie IX ? Le problème pour tout esprit moderne d’être catholique ne se situe pas dans l’acceptation ou refus de cet Article-ci ou de celui-là, mais dans sa subversion instinctive de quelque vérité que ce soit, et cette affreuse déliquescence de l’esprit est, à moins d’un miracle divin, un problème virtuellement insoluble de la Foi et pour la Foi.

Et elle a atteint les sommets de la Fraternité, tout comme les sommets de l’Église. Monsieur l’abbé, reconnaissez-vous que « l’herméneutique de la continuité » de Benoît XVI est équivalente à la suspension de la loi de non-contradiction ? Et avez-vous bien étudié le paragraphe III.5 de la Déclaration Doctrinale de Mgr Fellay du mois d’avril, 2012, document qu’il a « retiré » en vue des circonstances, mais jamais rétracté quant à sa substance ? Il y dit que toute affirmation non-Traditionnelle de Vatican II est à interpréter comme étant Traditionnelle. N’est-ce pas un exemple parfait de « l’herméneutique de la continuité », c’est-à-dire de l’interprétation qui l’emporte sur la réalité ? Et donc pensez-vous réellement que la Fraternité ne souffre d’aucun problème de la Foi, alors que son Supérieur Général rejoint Rome dans la suspension de la loi de la non-contradiction, et que dans les contradictions et dans ce que Churchill a gracieusement appelé « les inexactitudes terminologiques », il nage comme un poisson dans l’eau ?

A propos, vous écrivez aussi que ceux qui « doutent qu’une hiérarchie puisse exister en ce début du 21me siècle s’excluent eux-mêmes de toute vie vraiment catholique ». Distinguons : s’ils en doutent en principe, on pourrait être d’accord avec vous, mais s’ils ne font que décrire ce qu’ils observent dans la pratique, ne se pourrait-il pas qu’ils ne font qu’observer l’extension un siècle plus tard de ce que vous-même citez Benoît XV comme observant déjà, à savoir « ce souffle effréné d’indépendance » ?

Kyrie eleison.

Maladie Imaginée

Maladie Imaginée on avril 4, 2015

L’iniquité de Papes véritables qui détruisent régulièrement tout ce qui est catholique, est si mystérieuse que dans ce Commentaire d’ il y a 4 semaines, on a vu même Monseigneur Lefebvre considérer sérieusement si le Siège de Rome n’était peut-être pas vacant. Lui-même ne se leurra jamais, comme le font les libéraux, que la destruction n’était pas une vraie destruction, mais en même temps le sens de l’Eglise était trop fort chez lui pour que jamais il adoptât la solution sédévacantiste, en sorte qu’au moins en août 1976, le problème lui a paru « théologiquement insoluble ». Le « Commentaire » du 7 mars a suggéré qu’il pouvait y avoir une autre solution, mais bien difficile à imaginer pour des personnes aussi saines d’esprit que Monseigneur Lefebvre. Essayons de l’imaginer.

Pour ridiculiser cette solution, un sédévacantiste acharné l’a affublé du nom de « mentevacantisme », mais cette étiquette pourra faire l’affaire. Au lieu de signifier que le Siège de Rome soit vacant, elle suggère que ce sont les esprits de ces Papes qui sont vacants, c’est-à-dire vides du sens de la réalité, la réalité en ayant été vidée. Surtout depuis la Réforme Protestante les hommes se libèrent toujours plus de Dieu. Pour ce faire, ils ont dû libérer leurs esprits de la réalité qui les entoure, puisque toute réalité vient de Dieu et nous renvoie à Dieu. C’est en cela que consiste l’illusion libérale, l’ultime libération, connue aussi sous les noms de « pourriture mentale », « maladie mentale » ou « mentevacantisme », parce que l’esprit humain a été programmé par Dieu pour traiter de la réalité et non de la fantaisie ou de l’illusion.

Or de 1517 à 1958 les Papes catholiques ont résisté pour refouler cette pourriture mentale qui se mettait à engloutir le monde entier s’approchant lentement de sa fin, mais il n’y avait que trop de Catholiques, laïcs, prêtres, évêques et enfin cardinaux qui se laissaient petit à petit infecter par l’illusion libérale, jusqu’à se convaincre qu’elle produirait la meilleure des Néo-églises pour le meilleur des mondes nouveaux. Donc dans le Conclave papal de 1958, même si c’est le Cardical Siri qui avait été validement élu, les libéraux y eurent assez de pouvoir pour imposer au Conclave la fausse élection de Jean XXIII, et l’imposer ensuite par convalidation à l’Église Universelle.

Mais qu’est-ce que c’est qu’un libéral ? C’est un rêveur qui habite non pas le monde réel mais un Pays des Merveilles fabriqué par l’homme. Or, plus les esprits humains se décrochent de la réalité et se lancent dans le rêve, et moins de chance aura le libéral de se rendre compte qu’il ne fait que rêver, parce que le monde qui l’entoure se fait toujours plus supplanter par le Pays des Merveilles. Ce qui veut dire que dans les temps modernes il est de plus en plus facile pour un homme – et tout Pape reste homme – de se trouver objectivement dans le Pays des Merveilles tout en étant convaincu qu’il est dans la réalité. Voici cette « maladie mentale » directement observée par un prêtre de la Fraternité St Pie X chez tous les quatre « théologiens » romains qui ont participé aux Discussions de 2009 à 2011 entre Rome et la FSPX (à remarquer les guillemets qui entourent « théologiens », car dans ce Pays des Merveilles tout est une imitation irréelle de la réalité, en sorte que sans quelque signe pareil, on prendrait facilement l’imitation pour la réalité – cf. le « Néo- » qui démarque la « Néo-église »).

Vus ainsi, les Papes Conciliaires sont au moins en partie « sincères » dans leurs graves erreurs. Ce que vaut intérieurement cette « sincérité », Dieu seul peut en juger, mais extérieurement c’est une réalité objective qui nous entoure chaque jour plus. Il s’ensuivrait que ces Papes ne sont pas des destructeurs tout à fait conscients, parce que dans leurs esprits malades ils rendent service à la vraie Église en transformant la vieille Église au-delà de toute connaissance dans une « Église des Merveilles ». Objectivement il est certain que leurs bonnes intentions ont pavé le chemin de l’Enfer pour la vraie Église, mais subjectivement ne peut-on pas dire que ces bonnes intentions montrent que la prière de Notre Seigneur a empêché leur foi de faire complètement naufrage (Lc. XXII, 32) ? Même Paul VI a condamné la contraception, a promulgué un « Credo » relativement bon, a pleuré la perte de vocations, et a parlé de la fumée de Satan pénétrant dans l’Église. Dès lors, même avec Paul VI Notre Seigneur aurait tenu sa promesse de protéger Pierre.

Kyrie eleison.

Nouvel Évêque

Nouvel Évêque on mars 28, 2015

La consécration épiscopale de l’abbé Jean-Michel Faure au Monastère de la Sainte Croix au Brésil la semaine dernière fut une occasion de réjouissance. Le temps faisait chaud et sec. Le soleil brillait. Les moines de Dom Thomas d’Aquin et les Sœurs qui en sont proches ont réussi le tour de force de transformer un garage de ciment et de métal en un sanctuaire digne de la noble liturgie, qu’ils ont su aussi parfaitement préparer. Bien que la nouvelle ait du être tardivement annoncée, un groupe de prêtres des deux Amériques et de France se trouvait là, ainsi qu’une congrégation d’une centaine d’âmes, provenant elle aussi de nombreux pays, qui a suivi attentivement la cérémonie de trois heures.

Naturellement tous les catholiques qui voient la nécessité d’au moins un évêque de plus pour aider à assurer la survie d’une « Tradition Résistante », se sont réjouis. La défense de la Foi catholique telle que Monseigneur Lefebvre l’entendait ne pouvait plus longtemps dépendre d’un seul évêque. La consécration qu’il réalisa des quatre évêques en 1988 sans l’autorisation de Rome, pour accomplir l’« Opération Survie » au lieu de l’« Opération Suicide », devait être prolongée au 21ème siècle. Nous demandons pardon à tous les Catholiques qui auraient voulu être présents si seulement ils en avaient été informés à temps, mais tout devait être fait pour garantir que la consécration eût lieu, et cela incluait une certaine discrétion,.

En effet, la consécration avait de puissants ennemis. L’Église officielle à Rome réagit en déclarant que le consécrateur était « automatiquement excommunié », mais tout comme en 1988 cette déclaration est fausse, parce que selon la loi de l’Église quiconque commet un acte punissable ne tombe pas sous le coup de la pénalité normale, par exemple l’excommunication pour la consécration d’un évêque sans l’autorisation de Rome, s’il a agi par nécessité. Cela relève du simple bon sens, et il est évident qu’il y avait nécessité dans le cas présent. Dans la mesure où se rapproche de plus en plus la Troisième Guerre mondiale, quel individu sur terre peut être assuré de sa propre survie ?

De même le quartier général de la Fraternité Saint Pie X à Menzingen en Suisse a condamné la consécration de Monseigneur Faure par un communiqué de presse émis le jour même. Il n’est pas sans intérêt d’y remarquer que le consécrateur fut exclu de la Fraternité en 2012 à cause de sa « vigoureuse critique » des contacts entre la Fraternité et Rome au cours des années précédentes. Menzingen a déclaré le plus longtemps possible qu’il s’agissait d’un problème de « désobéissance ». Enfin Menzingen admet avoir bien été continuellement accusée de « trahir l’œuvre de Monseigneur Lefebvre ». Exactement. De la trahir et de la détruire.

Rome elle-même confirme la trahison. Le jour qui suivit la consécration, Monseigneur Guido Pozzo, Secrétaire de la Commission Pontificale Ecclesia Dei, après avoir déclaré l’inexistante « excommunication », a continué en affirmant que . . . . Plusieurs réunions (entre Rome et la FSPX) ont eu lieu et d’autres encore sont prévues avec certains prélats (romains) pour discuter des problèmes qui ont encore besoin d’être éclaircis dans une relation de confiance, des problèmes « doctrinaux et internes à la Fraternité ».

Monseigneur Pozzo a poursuivi : Le Pape attend que la Fraternité se décide à entrer dans l’Église, et nous sommes toujours prêts avec un projet canonique qui est connu (une prélature personnelle). Un peu de temps est nécessaire pour que les choses deviennent claires à l’intérieur de la Fraternité, et pour que Monseigneur Fellay obtienne un consensus suffisamment ample avant de faire ce pas.

Que faut-il de plus à qui que ce soit pour voir l’inscription sur le mur ?

Kyrie eleison.