Les Commentaires Eleison

Arguments Émotionnels

Arguments Émotionnels on mars 21, 2015

Une comparaison d’hier a l’avantage d’être très claire : sur le dos d’une mule une lourde charge peut être difficile à équilibrer. Si elle se déplace sur la gauche, il faut la pousser vers la droite. Si elle s’incline à droite, elle doit être poussée à gauche. Mais cette double poussée n’est pas contradictoire – son unique but est de maintenir la charge en équilibre. D’une façon semblable, le fait que ces « Commentaires » présentent souvent des arguments contre le sédévacantisme ne signifie pas que l’on pousse vers le libéralisme, ni qu’on affirme que le sédévacantisme soit aussi mauvais que le libéralisme. Il s’agit simplement de reconnaître que les paroles et les actes outrageants de l’actuel occupant du Saint Siège tentent bon nombre de bons Catholiques à renoncer à l’usage de leur raison, et à juger de la réalité selon leurs émotions. C’est là un usage très répandu aujourd’hui, mais qui n’est pas catholique.

Par exemple, en examinant les arguments sédévacantistes, on constate qu’ils ne sont pas si forts qu’ils paraissent à première vue. Voyons les deux derniers à être passés sur mon bureau, provenant de deux Catholiques pieux et forts dans la Foi. Voici le premier : les Papes Conciliaires (en particulier, François) n’ont pas confirmé leur troupeau dans la Foi. Or, il appartient à l’essence d’un Pape de faire cela. Par conséquent les Papes Conciliaires n’ont pas été essentiellement Papes. Réponse : il faut distinguer entre le Pape dans son être et dans son agir. Un Pape devient essentiellement Pape dans son être par son élection dans un Conclave de Cardinaux, élection ou valide en elle-même, ou convalidée par l’acceptation ultérieure de l’élu comme Pape par l’Église Universelle (ce qui a pu être le cas pour plus d’un Pape Conciliaire, Dieu seul le sait). Par contre, pour un Pape de confirmer son troupeau dans la Foi relève de son action ou de son agir. L’être de fond et l’agir sont différents, et peuvent être séparés. Par conséquent un Pape peut faillir dans son action sans nécessairement cesser d’être selon son être un vrai Pape. C’est sûrement le cas de plusieurs, sinon de tous les Papes Conciliaires.

Et voici le second argument : Il est ridicule pour un simple catholique, individuel et faillible, de prétendre s’ériger en juge de l’erreur du Magistère infaillible de l’Eglise. Confronté alors à l’erreur nette (Conciliarisme, par exemple) de ce Magistère (des Papes Conciliaires, par exemple), on est acculé à conclure qu’ils n’ont pas été de vrais Papes. Réponse : le Pape n’est pas nécessairement le Magistère infaillible de l’Eglise. S’il n’engage pas toutes les quatre conditions strictes du Magistère Extraordinaire, ni n’enseigne en accord avec le Magistère Ordinaire de l’Église, alors il est faillible, et si de plus il contredit nettement ce Magistère, alors il est certainement dans l’erreur, et en tant que tel il peut être jugé par n’ importe quel Catholique (ou non-catholique !) qui fasse droit usage de l’intelligence dont Dieu l’a doté. S’il n’en était pas ainsi, comment Notre Seigneur nous aurait-il prévenus tous de nous garder des faux prophètes et des loups déguisés en brebis ( Mt. VII, 15–20) ?

En fait ces deux arguments peuvent provenir d’un rejet émotionnel des Papes Conciliaires. « Ils ont à ce point maltraité l’Eglise qu’il m’est simplement impossible d’accepter qu’ils aient été Papes ! » Mais qu’en eût-il été si j’avais assisté comme spectateur au premier Chemin de la Croix ?—« C’est un si mauvais traitement de Jésus que dorénavant il m’est simplement impossible d’accepter qu’Il soit le Fils de Dieu ! » N’est-il pas vrai que mon rejet émotionnel de ce mauvais traitement eût été correct tandis que ma conclusion eût été néanmoins erronée ? Il y a un mystère impliqué dans les Papes Conciliaires dont les sédévacantistes ne tiennent pas compte.

Ceci dit, il se peut que lorsque l’Église se sera rétablie, la seule autorité compétente en matière pourra déclarer que les Papes Conciliaires n’ont pas été de vrais Papes, mais pour l’instant les arguments jusqu’ ici présentés pour prouver que le Siège de Rome est vacant ne sont pas si concluants que l’on peut les faire paraître.

Kyrie eleison.

Chaos Revisité

Chaos Revisité on mars 14, 2015

Dans le livre Iota Unum, écrit par le laïc italien Romano Amerio et très admiré par Monseigneur Lefebvre, un paragraphe fascinant a déjà été cité dans ces « Commentaires ». Ce livre d’Amerio démonte magistralement toutes les erreurs doctrinales de Vatican II. Dans la section # 319 il écrit : (1) Si la crise actuelle tend à subvertir l’essence de l’Église, et (2) cette tendance est interne à l’Église, sans provenir comme en d’autres occasions d’une agression externe, alors (3) la prospective du monde est un abîme monocolore qui rend impossible le diagnostic et le pronostic, et (4) face auquel l’unique refuge de l’homme est le silence (édition française, p. 579 ; édition anglaise p.713 ; édition espagnole, p. 560).

Voilà des paroles fortes, pour peu que l’on y pense. Amerio dit qu’on est au bord du chaos parce que, bien sûr, (1) la présente crise, à la fois tend à subvertir la nature de l’Église et (2) est interne à l’Église puisque c’est le Pape lui-même qui fait des déclarations comme « il n’y a pas de Dieu catholique » et « les homosexuels doivent être réévalués », déclarations dont l’ambiguïté voulue ouvre la porte grand’ ouverte à la subversion de tous les dogmes et de toute la morale catholiques. Mais pourquoi donc (3) le diagnostic et le pronostic catholiques devraient-ils devenir impossibles, et comment (4) pourrait-il n’y avoir rien d’autre à dire ? Comment Amerio en est-il arrivé à une conclusion si sombre ?

Parce que Notre Seigneur dit : « Je suis la lumière du monde. Celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres » (Jn. VIII, 12), ce qui suggère fortement que la masse de la population mondiale qui ne Le suit pas actuellement, est déjà dans les ténèbres. Il dit aussi à ceux qui le suivent : « Vous êtes la lumière du monde » (Mt. V, 14), ce qui suggère fortement que si les Catholiques convaincus sont avec chaque jour qui passe moins nombreux, alors les ténèbres dans l’Église et le monde deviennent chaque jour plus épaisses. Sans doute, peut-on dire, mais les ténèbres ne sont qu’une métaphore. Pourquoi donc le diagnostic et le pronostic catholiques deviendraient-ils impossibles ?

(3) Parce que de plus en plus de personnes aujourd’hui sont dans l’incapacité de penser. Parce que depuis que Notre Seigneur avec son Incarnation a apporté la grâce surnaturelle pour le rachat de la nature blessée et en lutte, cette nature n’est plus capable de se maintenir debout sans cette grâce. Par conséquent lorsque les hommes tournent le dos à Jésus-Christ qui est Dieu, ils minent leur propre nature. Ce faisant, ils répudient le bon sens dont ils sont dotés par la nature pour que le contenu de leur pensée s’accorde avec la réalité, et pour que sa démarche suive la logique. Ils veulent se libérer et de la réalité et de la logique dans le but de braver Dieu, en refaisant le monde selon leurs fantaisies.

Il s’ensuit que si Jésus-Christ est venu pour racheter l’humanité et la nature humaine en établissant la Sainte Église Catholique, et que si à Vatican II les Gentils aussi ont fini par répudier cette Église, alors le processus des hommes se dissolvant eux-mêmes avec leur nature et leur pensée a fait un tel bond de géant en avant dans le Concile qu’il est pratiquement irréversible. Voici donc comment Amerio a pu prévoir dans le Concile, encore implicite, un « abîme mono-colore » dont le chaos d’opinions orgueilleuses et belliqueuses se pâmant aujourd’hui sur l’internet peut servir de petit exemple et prélude.

Mais (4) Pourquoi ne pas crier la vérité au milieu de ces ténèbres ? Pourquoi « l’unique refuge de l’homme » doit-il être « le silence » ? Parce que dans un vacarme chaotique la vérité ne peut simplement pas être entendue, sauf, peut-on ajouter, par quelques âmes que Dieu a préordonnées pour l’écouter (cf. Actes XIII, 48). Ces âmes sont choisies par Dieu, pas par les hommes, et elles peuvent provenir des milieux les plus surprenants. Elles n’ont aucun attrait pour l’ « abîme monocolore », et Notre Seigneur les conduit au Père (Jn. XIV, 6). Elles seront une aide importante pour l’Église et un espoir du monde.

Kyrie eleison.

Maladie Inconcevable

Maladie Inconcevable on mars 7, 2015

Pendant « l’été chaud » pour la Fraternité St Pie X, en 1976, alors que Paul VI venait de « suspendre » Mgr. Lefebvre parce qu’il avait ordonné 14 prêtres pour la Tradition, l’affrontement entre le Pape et la Tradition catholique était tellement brutal qu’au mois d’août arriva l’un des deux moments où Monseigneur considéra sérieusement si le Siège de Rome était vacant. En écoutant l’enregistrement de ses paroles à ce moment-là, on se rend compte quelle angoisse cet affrontement lui causait : comment était-il possible qu’un vrai Vicaire du Christ pût ainsi détruire l’Église ? Monseigneur n’a jamais adopté finalement la solution sédévacantiste, mais voyons avec quelle clarté il a exposé le problème, et offrons ensuite une fois de plus cette ligne de solution que son esprit a pu être trop sain pour concevoir. Voici en résumé ses paroles du mois d’août, 1976 :—

On me demande ce que je pense du Pape [Paul VI]. C’est un mystère incroyable. Le vrai Pape est l’unité de l’Église, inspiré par le Saint Esprit et protégé par la promesse de Notre Seigneur pour qu’il garde la foi. Mais grâce à Vatican II, Paul VI détruit systématiquement l’Église. Tout y passe : le catéchisme, les universités, les Congrégations, les séminaires, les écoles. Tout ce qui est catholique est détruit. On cherche une solution.

Une série de fausses solutions peut être rejetée d’emblée, par exemple le Pape prisonnier, drogué, victime de ses subordonnés, etc. Lorsqu’il a béni les Charismatiques ou baisé les pieds du Patriarche Orthodoxe, lui braquait-on un revolver à la tête ? Je l’ai observé pendant ses audiences publiques, où il a parlé avec une habileté et présence d’esprit, la pertinence et intelligence d’un homme en pleine possession de ses facultés. Le Cardinal Benelli m’a dit que c’était le Pape lui-même qui m’avait écrit ces lettres [qui écrasaient la Tradition], qu’il est pleinement informé, qu’il sait exactement ce qu’il fait, que c’est sa volonté à lui, que ce sont ses décisions à lui. Le Cardinal m’a dit qu’il faisait un rapport tous les jours au Pape, comme il ferait tout de suite après notre entretien.

Alors Paul VI peut-il ne pas être un vrai Pape ? C’est une hypothèse possible. Les théologiens ont étudié le problème. Je ne sais pas. Ne me faites pas dire ce que je ne dis pas. Mais le problème paraît théologiquement insoluble.

Monseigneur parlait là de Paul VI, mais le problème est en essence le même pour tous les six Papes Conciliaires (sauf peut-être Jean-Paul I). Divisons le problème en deux : comment le vrai Dieu peut-il permettre une telle destruction de son Église ? Comment ses vrais Vicaires peuvent-ils être les destructeurs principaux ?

Quant au Bon Dieu, d’abord la destruction sera pire encore à la fin du monde (Lc. XVIII, 8). Ensuite il se peut que Dieu purifie son Église pour préparer le Triomphe du Cœur Immaculé de sa Mère. Et enfin Dieu a protégé Paul VI en l’empêchant de détruire complètement l’Église. Par exemple Dieu s’est arrangé pour que Paul VI découvre « par hasard » un plan pour détruire complètement la Papauté par un texte ambigu de Lumen Gentium. La découverte a permis à Paul VI de frustrer le plan en ajoutant la Nota Praevia.

Quant aux Vicaires, Mgr. Lefebvre semble n’avoir jamais considéré la ligne de solution qui suit. Peut-être pour cela a-t-il failli cet août-là se trouver piégé par le dilemme ou-sédévacantiste-ou-libéral. Mais si avec chaque année qui passe le libéralisme se rapproche toujours plus de confondre les esprits du monde entier, comment veut-on que les Papes s’échappent à la maladie universelle de l’erreur « sincère » ? Parce que ce sont des gens formés ? Mais le libéralisme règne surtout dans les écoles et les universités. Donc si les Papes mal formés sont « sincèrement » convaincus que la « vérité » évolue, même en errant gravement ils n’en seront pas à nier avec pertinacité ce qu’ils savent être la vérité catholique définie, parce que pour eux cette vérité ne saura être « vraie » sans qu’elle évolue, et dans leur sens.

Kyrie eleison.

Signe Encourageant

Signe Encourageant on février 28, 2015

Après trois numéros de ces « Commentaires » qui ont cherché à montrer la nouvelle ligne de pensée par laquelle la Fraternité Saint Pie X de Mgr. Lefebvre est en train de se faire mortellement empoisonner, présentons par contre un signe encourageant qui prouve que sa Fraternité n’est pas encore complètement morte : des propos tirés d’un sermon donné le 1er janvier de cette année à Chicago par Monseigneur Tissier de Mallerais, l’un des quatre évêques consacrés pour la FSPX en 1988. Les gens demandent souvent pourquoi on entend si peu parler de lui, parce qu’il est connu comme homme timide mais honnête, d’une foi forte, ayant l’esprit clair et une grande connaissance de Mgr. Lefebvre pour lequel il a toujours eu une grande affection. Peut-être n’a-t-il aimé que trop bien la Fraternité, en sorte qu’il n’a pas vu, ou pas voulu voir, à quel point les Supérieurs actuels depuis de longues années, lentement mais sûrement, trahissent le combat de la Foi de Mgr. Lefebvre. A-t-il placé l’unité de la Fraternité au-dessus de la Foi de l’Église ? Mais le mois dernier il a dit plusieurs choses qu’on ne saurait mieux dire.

Il a cité Monseigneur qui écrivait dans son Itinéraire Spirituel (Ch III, p.13) : «  C’est donc un devoir strict pour tout prêtre voulant rester Catholique de se séparer de l’Église Conciliaire tant qu’elle ne retrouve pas la Tradition du Magistère de l’Église et de la Foi Catholique  » Et pour insister, Monseigneur Tissier a dit, « Permettez-moi de répéter », et il a lu de nouveau toute la citation.

Ensuite il a fait allusion aux forces du mal qui occupent l’Église. Puis il a averti contre les «  faux amis  » qui maintiennent à tort que si la FSPX demeure séparée de l’Église visible elle se transformera en une secte. Il a déclaré au contraire, «  Nous sommes l’Église visible  », et «  Nous sommes dans l’Église  ».

Finalement il a averti contre les «  faux amis  » qui prétendent que la FSPX est dans une situation anormale parce qu’on n’est pas «  reconnu par l’Église  » et il a déclaré que c’est la situation de Rome et non la nôtre qui est anormale, que la Fraternité n’a pas besoin de «  revenir  », parce que ce sont les Romains qui doivent revenir. «  Nous n’avons pas à chercher ce que nous pouvons faire à Rome, mais plutôt quel témoignage nous pouvons donner à toute l’Église en étant une lumière sur un chandelier et non sous un boisseau  ».

La ligne de pensée de Monseigneur Tissier, telle qu’elle ressort de ces citations, est exactement celle de Monseigneur Lefebvre. Les coucous modernistes qui occupent actuellement le nid du rossignol, à savoir les structures de la véritable Église, peuvent présenter l’ apparence de rossignols mais leur chant, c’est à dire leur doctrine, doctrine, doctrine, les trahit immédiatement. En réalité ils ne sont rien d’autre que des coucous, sans aucun droit à occuper ce nid. Le vrai nid ne rend pas leur doctrine vraie. Leur doctrine fausse rend fausse leur occupation de ce nid. Ils peuvent être visibles dans ce nid, mais ainsi que leur doctrine le montre, ce ne sont pas de vrais rossignols. Où que le reste des vrais rossignols soit visiblement réuni, en quelque nid provisoire que ce soit, ils sont dans l’Église, ils sont la véritable Église visible, et pour quiconque a des oreilles pour entendre, leur beau chant témoigne que les coucous ne sont rien d’autre que des coucous qui ont volé le nid catholique qu’ils occupent actuellement.

Hélas ! Les Supérieurs actuels de l’ex-FSPX n’ont pas l’oreille musicale, et ils refusent de distinguer entre le chant des coucous et celui des rossignols, aussi jugent-ils du catholicisme selon les apparences du nid au lieu de juger selon la réalité du chant. Ce que Monseigneur Tissier dit ici doit leur avoir déplu énormément. Sans doute auront-ils exercé une pression, habilement calculée, pour être sûrs qu’il fasse marche arrière pour emboiter le pas, leur pas à eux. Et par « obéissance » il risque de faire exactement cela. Nous devons prier pour lui.

Kyrie eleison.

La Pensée de la Neo-FSPX – III

La Pensée de la Neo-FSPX – III on février 21, 2015

Ces « Commentaires » ont déclaré (395) que le Premier Assistant de la Néo-Fraternité manque de doctrine, et que (396) ce manque de doctrine est un problème on ne peut plus large, à savoir l’ensemble de la modernité contre l’ensemble de la Vérité. Il nous reste maintenant à montrer comment ce problème universel se manifeste dans une série d’erreurs particulières dans l’entrevue que l’Abbé Pfluger a donnée en Allemagne vers la fin de l’année dernière. Pour abréger nous devrons faire usage du résumé de sa pensée (pas essentiellement infidèle à l’original) donné ici il y a deux semaines, et dont les propositions sont en italiques :—

L’Église Catholique est beaucoup plus large que le seul mouvement Traditionnel.

Oui, mais la doctrine du mouvement Traditionnel n’est ni plus ni moins large que la doctrine de l’Église Catholique, lui étant identique, et cette doctrine est le cœur et l’âme du mouvement Traditionnel.

Nous ne rendrons jamais la Tradition attractive ou convaincante si nous demeurons figés dans les années 1950 ou 1970.

Rendre la Tradition « attractive ou convaincante » est une façon trop humaine de la concevoir. La Tradition Catholique vient de Dieu, et elle a un pouvoir divin pour convaincre et attirer, tant qu’elle est présentée fidèlement, sans modification ni altération humaines.

La Tradition ne peut être limitée aux condamnations du libéralisme par l’Église des 19ème et 20ème siècles.

C’est vrai, mais l’Évangile ne pouvait être en ce temps-là défendu sans ces condamnations doctrinales, et étant donné que le 21ème siècle est plus libéral que jamais, la Tradition ne peut guère être maintenue sans elles aujourd’hui.

Notre époque est différente, nous ne pouvons pas rester immobiles, beaucoup de ce qui est moderne n’est pas immoral.

Notre époque n’est pas si différente. Elle est plus libérale que jamais (par exemple les « mariages » homosexuels), et alors même si pas tout n’est pas immoral, la doctrine catholique reste absolument indispensable pour séparer ce qui est moral de ce qui est immoral.

Ainsi nous devons nous repositionner, ce qui est un problème pratique et non pas une question de Foi.

N’importe quel re-positionnement entrepris par l’Église devra être jugé à la lumière de la Foi. Or, il saute aux yeux que celui entrepris par l’ex-FSPX depuis 2012 abandonne le combat de la Foi de Mgr. Lefebvre.

Le mouvement de la « Résistance » a fabriqué sa propre « foi » pour condamner la Néo-Fraternité.

Quelles que soient les déficiences humaines des « Résistants », tout comme dans le mouvement Traditionnaliste des années 1970, ils se sont élevés spontanément dans le monde entier en réaction contre la trahison de la Néo-Fraternité. La réaction peut paraître sans unité, mais elle est unie par la Foi identique que gardent les « Résistants ».

Le Quartier Général de la FSPX n’a jamais trahi la Tradition en 2012, car ses actions furent attaquées des deux côtés.

Ainsi la Vérité est toujours dans le milieu, devant être mesurée par les réactions humaines ? Cela, c’est de la politique humaine, inadéquate pour juger de la Vérité divine, absolument inadéquate pour résoudre la crise actuelle de l’Église.

Les textes officiels de 2012 de la Néo-Fraternité n’ont pas été dogmatiques.

Mais le document le plus officiel de tous de l’ex-FSPX en 2012 fut celui des six conditions du Chapitre Général pour tout futur « accord » avec Rome, c’est-à-dire les six conditions, gravement inadéquates, pour soumettre la défense de la Foi à ses mortels ennemis, les Romains Conciliaires. Et la Foi tout entière n’est-elle pas dogmatique ?

Rome était beaucoup moins agressive en 2012 contre l’ex-FSPX qu’elle ne l’était en 2006.

Parce qu’à partir de 2006, et même avant, Rome observait comment la FSPX se transformait lentement mais sûrement en un tigre de papier.

La Néo-Fraternité suit l’Esprit et puise dans la Tradition.

Les Charismatiques néo-protestants « suivent l’Esprit ». Ceux qui participent à la Messe de l’Indult « puisent dans la Tradition ».

Dès maintenant il devrait être clair que l’abbé Pfluger veut abandonner la Fraternité doctrinale anti-libérale de Mgr. Lefebvre pour la transformer en une Néo-fraternité qui soit en harmonie avec la Néo-Eglise de Vatican II. Et que l’on n’aille pas dire qu’aucune étape décisive n’a été franchie encore par l’ex-FSPX vers Rome, parce que, à moins d’une résistance ferme venant vite de l’intérieur de la Néo-fraternité, ses chefs l’emmèneront, lentement mais sûrement, dans les bras de la Rome Conciliaire. De vrais Catholiques peuvent-ils vouloir cela ?

Kyrie eleison.

La Pensée de la Néo-FSPX – II

La Pensée de la Néo-FSPX – II on février 14, 2015

Les quelque 650 mots d’un seul « Commentaire Eleison » ne sauraient point suffire pour tirer au clair l’énorme problème posé par l’entrevue donnée par le Premier Assistant de la Néo-Fraternité à une revue de la Néo-Fraternité en Allemagne vers la fin de l’année dernière (cf. le CE de la semaine dernière). La pensée de l’abbé Pfluger jaillit de cette source empoisonnée qu’est la mentalité moderne, de sorte qu’il n’est pas surprenant que la Fraternité Saint Pie X de Mgr. Lefebvre (FSPX) se fasse actuellement empoisonner de haut en bas, et se transforme en la Néo-Fraternité de Mgr. Fellay (XSPX). Le poison consiste en ce mouvement qui va de Dieu vers l’homme, de la religion de Dieu vers la religion de l’homme, des vérités de Dieu vers les libertés de l’homme, de la doctrine du Christ (Allez ENSEIGNER toutes les nations — Mt, XXVIII, 19) vers l’unification du genre humain.

Comme des millions et des millions d’hommes modernes, et des milliers et des milliers de prélats de l’Église haut placés, et beaucoup trop d’autres prêtres et laïcs de ce qui fut autrefois la FSPX, l’abbé Pfluger ne comprend pas l’importance cruciale pour l’Église de la doctrine catholique. « Allez ENDOCTRINER toutes les nations », aurait pu dire Notre Seigneur. Pourquoi ? Parce que tous les hommes sont créés par Dieu pour aller au Ciel (I Tim. II,4). Et cela ils ne peuvent le faire que par Jésus-Christ (Act. IV, 12), en premier lieu en croyant en Jésus-Christ (Jn. I,12), ce qu’ils ne peuvent faire qu’ en entendant ce qui a trait à la Foi (Rom. X,17), en d’autres mots en entendant la DOCTRINE Chrétienne. Si donc quelqu’un se désintéresse de la Doctrine catholique, cela signifie qu’aller au Ciel ne l’intéresse pas ! Bonne chance à lui, où qu’il aille passer son éternité !

Or, c’est du début à la fin de l’entrevue allemande de l’abbé Pfluger qu’il montre qu’il ne porte qu’un intérêt relatif à la doctrine catholique, mais ainsi que l’a dit le « Commentaire » de la semaine dernière, ce manque d’intérêt apparaît le plus clairement dans son dédain (le mot n’est pas trop fort) implicite pour les grands documents antilibéraux, antimaçonniques et antimodernistes que sont en particulier les Encycliques Papales des 19ème et 20ème siècles, disons de Mirari Vos en 1831 jusqu’à Humani Generis en 1950. D’après ce qui est probablement la façon de penser de l’abbé Pfluger, ces documents « anti » paraissent trop négatifs alors que la doctrine catholique est essentiellement positive. À ce compte-là on pourrait prendre les médicaments pour essentiellement négatifs tandis que la santé est essentiellement positive. Mais les médicaments peuvent être essentiels pour préserver la santé, parbleu ! Justement, pourquoi ces Encycliques sont-elles des médicaments tellement nécessaires pour la santé de l’Église aujourd’hui ?

Parce que l’homme n’est pas fait pour vivre seul (le bon sauvage de Rousseau). Il est par nature un animal social (Aristote) — observez les mille manières dont les hommes s’unissent pour s’associer. Or la Révolution de 1789, en déboutant Aristote et en suivant Rousseau, a détruit la base naturelle de la société et l’a placée au contraire sur des fondements fabriqués par l’homme, artificiels, et contraires à la nature telle qu’elle a été faite par Dieu et, en conséquence, hostiles à Dieu. Donc au fur et à mesure que les idées Révolutionnaires se propageaient à travers la France, l’Europe et le monde, l’Église Catholique se trouvait dans un milieu social de plus en plus hostile, parce que l’influence profonde qu’exerce toute société sur les individus qui la composent a fonctionné toujours davantage contre Dieu et contre le salut des âmes.

Pendant longtemps les Papes catholiques ne furent pas dupes, et ils firent revivre la médecine de la véritable doctrine sociale de l’Église pour l’appliquer moyennant leurs Encycliques à la maladie de l’humanité Révolutionnaire. Ainsi ces Encycliques n’enseignent rien d’autre que la doctrine de toujours de l’Église sur la nature de la société humaine suspendue entre l’homme et Dieu. Cette doctrine sociale, il n’avait pas été nécessaire de la rappeler tant qu’elle allait sans dire, tant qu’elle avait été le bon sens de tous. Donc les Encycliques ne sont pas un malheureux accident survenu dans des moments difficiles du passé. Elles sont au centre de la défense de la Foi de l’heure présente, ainsi que Monseigneur Lefebvre l’apprit si bien du Père Le Floch. Mais vint alors le « bon » Pape Jean pour déclarer que l’homme moderne n’est plus malade, et maintenant vient l’abbé Pfluger. Plus, pour la semaine prochaine.

Kyrie eleison.