conciliarisme

Les Défenseurs de Menzingen – II

Les Défenseurs de Menzingen – II on mars 3, 2018

Il est vraisemblable que certains lecteurs de ces “Commentaires” ne portent pas grand intérêt pour ce qui leur paraît n’être que de simples querelles intestines entre quelques prêtres catholiques en nombre relativement réduit. Que de tels lecteurs ne sous-estiment pas l’importance de ces apparentes « chicanes ». En fait, Dieu existe, c’est pourquoi la religion mène le monde. Elle règle l’attitude des hommes envers Dieu, et par là l’attitude qu’ils adoptent envers leurs semblables, donc la politique. Quant à l’Église catholique, elle mène la religion car, depuis l’incarnation du Christ, nous savons que le catholicisme est la seule religion fondée par le seul vrai Dieu. Enfin, la Tradition catholique mène l’Église catholique elle-même car cette Église est tout aussi immuable que notre Seigneur Lui-même. Or, pendant 42 ans (1970–2012), la Fraternité Saint-Pie X a été en première ligne dans la défense de la Tradition catholique. Elle fut en effet la seule organisation catholique d’ampleur mondiale qui résistât efficacement, suite au Concile Vatican II, à l’infidélité des modernistes. C’est pourquoi tous les hommes, qu’ils soient athées, protestants ou conciliaires, et particulièrement les prêtres et les amis de la FSSPX, sont concernés par ce problème de l’infidélité à la Tradition catholique au sein de la FSSPX. Que personne n’arrête ici sa lecture !

Dans un article paru dans le bulletin mensuel officiel de la FSSPX aux États-Unis, un nouveau champion de Menzingen, l’abbé. B., vient de s’ajouter à la liste de ceux qui défendent la politique voulant rejoindre la Rome Conciliaire : appelons-les ici les « Réconciliaristes ». Depuis que Vatican II a disjoint l’Autorité Catholique d’avec la Vérité Catholique, cette Autorité qui n’a pourtant d’autre finalité que celle de défendre et de maintenir cette Vérité, tous les Catholiques se sont trouvés, par le fait même, dans une situation de schizophrénie plus ou moins avancée : soit qu’ils suivent l’Autorité mais abandonnent la Vérité, soit qu’ils optent pour la Vérité mais abandonnent l’Autorité, soit enfin qu’ils arrivent à combiner les deux positions selon une variété de proportions.

Mgr Lefebvre, fondateur de la FSSPX, choisit la Vérité. Mais il garda néanmoins tout le respect dû aux détenteurs de l’Autorité Catholique, autant que cela était compatible avec la fidélité à la Vérité. C’est ce qui lui valut de subir de graves persécutions et d’être condamnés par ceux des catholiques qui préféraient l’Autorité. A l’inverse de l’ Archevêque Fondateur, ceux qui lui ont succédé depuis à la tête de la Fraternité ont voulu se remettre sous l’Autorité conciliaire, de sorte que, depuis 2012, la Fraternité est officiellement devenue réconciliariste. Ce revirement, quittant la Vérité défendue par le Fondateur, pour rejoindre l’Autorité Conciliaire, a causé une schizophrénie dans toute la Fraternité, provoquant entre autre un mouvement de “Résistance” contre le “Réconciliarisme”.

Dans la plus grande partie de son article, l’abbé B. demeure catholique dans ses principes, mais en les appliquant, il finit par verser dans le « réconciliarisme ». En conséquence de quoi, voulant peut-être aider la réélection du Supérieur Général réconciliariste en juillet prochain, il attaque la “Résistance” non pour son attachement à la Vérité, qui est son point fort, mais pour sa déconnection de l’Autorité, qu’elle émane de Rome ou de Menzingen. Ce faisant, selon l’abbé B la « Résistance » choisit « la voie facile, pour sa propre aise », prenant ainsi le risque de ne tenir aucun compte du Pape et de méconnaître son autorité ; tandis que vis-à-vis de Menzingen, elle refuse de témoigner respect et obéissance. Et par les critiques systématiques de tout mot du Supérieur général, elle sème la suspicion et contrarie l’effusion de la grâce.

Mais, Monsieur l’abbé, parmi les principes catholiques que vous énoncez, vous reconnaissez vous-même le primat de la Foi. Or Vatican II, en voulant mettre l’homme moderne à la place de Dieu, a provoqué un désastre pour la Foi. C’est pourquoi le conciliarisme et le réconciliarisme sont tous deux également désastreux. C’est à l’aune de ces erreurs qu’il convient de porter un jugement sur les autorités romaines et sur le Supérieur Général actuel de la Fraternité, lequel ne doit surtout pas être remplacé par un autre « réconciliariste ». Le problème n’est pas du côté de la “Résistance” : il est faux de prétendre qu’elle ne tient aucun compte du Pape, et elle ne cherche certainement pas non plus sa facilité et sa propre commodité, car il est extrêmement inconfortable pour les catholiques d’être privés de tout soutien venant des autorités catholiques visibles. Par conséquent, la « Résistance » ne tombe dans aucune « une attitude de schisme ». C’est du Concile que provient le schisme ; c’est le Concile qui empoisonne les Papes ; c’est encore le Concile qui étrangle la grâce de Jésus-Christ. Si quoi que ce soit de de la vraie Fraternité doit survivre, il ne faut pas que son Supérieur Général actuel soit réélu pour encore douze ans.

Kyrie eleison.

“Eglise Officielle” ?

“Eglise Officielle” ? on février 3, 2018

Soyons très prudents avec les mots que nous employons. Car les mots sont l’outil par lequel la pensée saisit les choses, et les choses sont le tissu de la vie quotidienne. Par conséquent, des mots dépendra la façon dont nous dirigerons notre vie. En France, dans l’église emblématique Saint Nicolas du Chardonnet à Paris, un prêtre de la FSSPX fait attention aux mots qu’on emploie. Dans le numéro 333 du magazine mensuel de la paroisse, Le Chardonnet, paru le mois dernier, l’abbé Gabriel Billecocq écrit un article intitulé “ Vous avez dit : ‘l’église officielle’ ?”. Il s’abstient d’y mentionner le siège de la FSSPX – Menzingen, en Suisse – mais il se plaint du « souhait » venant de quelque part – d’en haut, vraisemblablement – selon lequel il serait bon de remplacer l’expression «  Église conciliaire  » par les mots «  Église officielle  ». Et il a raison. Car l’expression « Église conciliaire » est parfaitement claire, alors que les mots « Église officielle » ne le sont pas, étant porteurs d’ambiguïtés. Voici pourquoi.

D’une part, «  Église conciliaire  » désigne clairement cette grande portion de l’Église actuelle, empoisonnée à des degrés divers, par les erreurs du Concile Vatican II. Ces erreurs consistent essentiellement dans un recentrage sur l’homme, de l’Église qui devrait être centrée sur Dieu. D’autre part, l’expression “Église officielle” peut s’entendre de deux façons. Elle peut signifier : ou bien l’Église officiellement fondée par le Christ et officiellement parvenue jusqu’à nous à travers les âges par la succession des papes, et cette Église officielle-là, aucun catholique ne peut la rejeter, bien au contraire ; ou bien “Église officielle” peut désigner cette masse de fonctionnaires de l’Église romaine dévoués à Vatican II qui, depuis un demi-siècle, font usage de leur pouvoir officiel pour imposer aux catholiques les erreurs conciliaires. Cette église officielle-là aucun catholique ne peut l’accepter. Il en ressort que la locution «  Église conciliaire  » exprime automatiquement quelque chose de mauvais, tandis que « Église officielle » exprime quelque chose d’ambivalent, de bien ou de mal, selon la signification que lui donne le contexte. En conséquence, remplacer « Église conciliaire » par « Église officielle », c’est remplacer la clarté par la confusion, et cela empêche aussi les catholiques de relever les méfaits de Vatican II.

Certes, l’Abbé Billecocq ne suggère pas que l’état-major de la FSSPX ait jamais « souhaité » une telle chose. Toutefois, un fait actuel et une spéculation sur le futur proche peuvent le suggérer. Quant au fait : l’abbé Christian Bouchacourt, Supérieur du District de France de la FSSPX, lors d’une interview au sujet des élections de la Fraternité en juillet prochain, déclarait : “Dès qu’un Supérieur Général est élu, le Vatican est immédiatement informé de la décision. » Or, jamais auparavant, le résultat des élections au sein de la Fraternité n’a été notifié au Vatican. N’est-ce pas là une façon de laisser entendre que les dirigeants actuels de la Fraternité attendent avec impatience, non seulement que Rome soit informée, mais aussi qu’elle approuve officiellement le choix des dirigeants – car pourquoi informer, sinon pour obtenir enfin une approbation officielle ? Quoi encore la Néo-fraternité va-t-elle mendier à la Néo-église ? Que ne va-t-elle pas lui mendier ? Comme sont lointains les jours où c’était la foi de Mgr Lefebvre qui forçait Rome à mendier !

Quant aux spéculations sur l’avenir : il nous vient aux oreilles que Menzingen prépare deux candidats possibles pour les élections au poste de Supérieur Général de la FSSPX en juillet prochain, puisqu’en principe ce poste ne serait plus occupé par un évêque. Maintenant, supposons que Rome exerce déjà un contrôle virtuel sur les décisions majeures qui se prennent dans la Fraternité. Dans ce cas, Rome n’aura guère à craindre que l’un ou l’autre de ces candidats-là ne change substantiellement la politique pro-romaine de Mgr Fellay ; en revanche un changement apparent au sommet peut être très bénéfique pour Rome. Sans compter que Rome pourrait se servir de Mgr Fellay pour prendre la tête d’une Congrégation Ecclesia Dei “rénovée”, incluant toutes les communautés traditionnelles, y compris l’ancienne FSSPX.

Qui peut douter de l’habileté des Romains à orienter toutes les situations à leur avantage ? À moins . . . à moins que ne déferle à nouveau, dans la Fraternité, la Foi et l’amour de la Vérité qui faisaient la force de Mgr Lefebvre, causes de sa victoire sur tous les libéraux et modernistes romains. Ces démons-ci s’efforcent de défaire une fois pour toutes la Tradition Catholique venant de Dieu, et qui représente l’obstacle majeur à leur nouvelle Religion Mondiale. Il se peut que Dieu exige le sang de martyrs catholiques pour les arrêter. Le martyre de prêtres et de laïcs venant de la FSSPX sera sa gloire.

Kyrie eleison.

Question de Discernement – II

Question de Discernement – II on novembre 25, 2017

Après avoir posé une première question portant sur la confusion des esprits dans l’Église en général (voir les « Commentaires » de la semaine dernière), Joseph pose une deuxième question concernant la Fraternité Saint-Pie X en particulier. La voici :—

Vous écriviez la semaine dernière qu’à en juger par ses fruits, Vatican II n’était pas catholique, alors que Mgr Lefebvre l’était. Cependant, dans la Fraternité Saint-Pie X qu’il a fondée, il semble qu’une nouvelle façon de penser se soit fait jour, qu’on pourrait décliner selon une série de propositions. Par exemple :

1 Aussi mauvais que soit le comportement du pape et des évêques, ils n’en demeurent pas moins les autorités légitimes de l’Église. 2 Le pape François peut être moderniste, mais il a toujours le pouvoir de réintégrer la FSSPX dans l’Église. 3 Les évêques conciliaires ne sont pas tous entièrement mauvais. Certains font preuve de dispositions chrétiennes, et montrent qu’ils ont conscience de la crise de l’Église ; d’autres défendent publiquement la morale catholique, exhortent au respect de Dieu dans la liturgie, parlent de la dévotion envers la Très Sainte Vierge Marie, etc. 4 Si nous sommes « acceptés tels que nous sommes », un accord avec Rome peut être envisagé. 5 Si nous refusons systématiquement tout accord avec Rome, nous nous rendons coupables. 6 Il est plus utile de parler de la piété de Mgr Lefebvre que de son opposition au Concile. 7 Mieux vaut rester en bons termes avec la FSSPX plutôt que se brouiller avec elle pour des questions d’opinions qui restent faillibles. 8 L’indiscipline et la désobéissance sont caractéristiques de l’Église conciliaire. Les membres de la FSSPX se doivent d’être disciplinés et obéissants.

En conclusion, vue la complexité de la situation dans laquelle les catholiques se trouvent aujourd’hui, peut-on reprocher aux membres ou aux fidèles de la Fraternité d’approuver ces propositions ?

Réponse : Tout dépend de ce que savent ces membres ou ces fidèles. Par exemple, les anciens de la FSSPX savaient que le Concile était une nouvelle religion. Si bien que l’opposition de Mgr Lefebvre était une question de foi, intrinsèquement plus importante que la piété, car comment peut-il y avoir de piété sans la foi ? Ces vétérans de la Fraternité méritent vraiment d’être blâmés (à moins qu’ils ne réagissent enfin publiquement), parce qu’ils permettent à cette « nouvelle façon de penser », comme dit Joseph, de devenir la pensée dominante dans la Fraternité de Mgr Lefebvre. De ce fait, les jeunes ont d’autant moins de chance d’entrevoir ce qui est faux dans les huit propositions ci-dessus. Car la nouvelle génération de prêtres de la Fraternité pourra être aussi pieuse que souhaitable, mais (toujours avec des exceptions) cela ne leur donne aucune compréhension de la crise qui ravage l’Église depuis maintenant plus d’un demi-siècle. Donc répondons aux huit arguments :—

1 Certes, le Pape et les évêques selon les apparences, semblent bien être les autorités légitimes de l’Église. Mais leur comportement à l’égard de la Foi est tellement mauvais que beaucoup de catholiques sérieux remettent en question cette légitimité. 2 Dans quelle Église le pape ferait-il rentrer la Néo-fraternité Saint Pie X ? Dans la Néo-Eglise ? Mgr Lefebvre déclarait après son « excommunication » : « Ils m’ont expulsé de leur Néo-Eglise ? Et alors ? Je n’en ai jamais fait partie ! » 3 Certes, les évêques conciliaires ne sont pas tous mauvais, mais presque tous sont des modernistes, ce qui signifie que beaucoup d’entre eux ont perdu la foi catholique sans même s’en apercevoir. L’homme moderne est tellement corrompu que lorsque la religion catholique en vient à correspondre à la modernité, il ne se rend même pas compte qu’il n’est plus catholique. 4 Le « tels que nous sommes » de la FSSPX en 1987 était une chose. En 2017, c’est tout autre chose ! 5 Si seulement Rome revenait à la vraie Foi, il n’y aurait plus besoin d’un accord. 6 Merci à Dieu pour la piété de Mgr Lefebvre mais la qualité de loin la plus importante qui brillait en lui, c’était sa foi. 7 « Des opinions faillibles » ? Il y a une vérité ! Y a-t-il un responsable de quelque importance dans la néo-Fraternité qui ait étudié les documents de Vatican II ? Va-t-il nier que ceux-ci introduisent une nouvelle religion ? 8 Les membres de la FSSX doivent être disciplinés et obéissants, mais à quoi ? À la nouvelle religion Conciliaire personnaliste, centrée sur l’homme ?

Le problème sous-jacent à toutes ces propositions est un problème de foi. La FSSPX fondée par Mgr Lefebvre est née au cœur de cette grande guerre menée par le monde moderne contre Dieu, mais depuis la mort de Monseigneur en 1991, ses dirigeants ont essentiellement perdu de vue cette guerre, et ceux qui la mènent, et dans quel but. Joseph ! pour comprendre le comment du pourquoi, lisez “Pascendi”. Lisez et relisez cette encyclique jusqu’à ce que vous saisissiez clairement ce dont il s’agit !

Kyrie eleison.

L’erreur de Menzingen – I

L’erreur de Menzingen – I on juillet 8, 2017

Certains de nos lecteurs n’apprécient peut-être pas de nous voir revenir régulièrement à ce qui peut leur sembler n’être que des « querelles de prêtres ». Mais que ces lecteurs veuillent bien se rappeler – ou apprendre – que seule l’Église catholique peut sauver les âmes et les conduire au Ciel pour l’éternité, alors que le diable, lui, est un agent hors pair pour les envoyer en enfer pour l’éternité. Dans la mesure où Notre-Seigneur se choisit des prêtres pour être les agents de son Église, le diable les attaque, et l’un des meilleurs moyens de les attaquer, c’est d’utiliser d’autres prêtres. C’est pourquoi on trouve sans peine nombre d’ecclésiastiques parmi les hérésiarques, tel l’évêque Nestorius, ou le moine augustin Martin Luther. Les « querelles de prêtres » sont sans importance uniquement si plus personne ne veut pas aller au paradis. Mais, dans ce cas-là, le diable a déjà gagné !

Donc examinons le document de 20 pages publié le 13 juin dernier par les prêtres de la Maison générale de la FSSPX à Menzingen, en Suisse. Ils tentent de se justifier d’avoir bien accueilli le document de la Rome conciliaire en date du 4 avril qui propose à la FSSPX de célébrer les mariages en collaboration plus ou moins étroite avec les prêtres conciliaires. Cette Lettre de Menzingen, faite pour donner des éclaircissements ou faire certaines mises au point concernant le mariage, est bien tournée et peut paraître convaincante, pourvu qu’on ne remarque pas les arguments spécieux qu’elle emploie. Mais les responsables actuels de la Fraternité à Menzingen souffrent d’une infirmité rédhibitoire leur faisant prendre les apparences conciliaires pour la substance catholique. Le texte de la « Lettre » reproche au Concile, à plusieurs reprises, ses errements sur des questions générales aussi bien que sur des points particuliers concernant le mariage, mais ce ne sont là que des mots, car, dans les faits, elle traite les conciliaires comme s’ils étaient des ecclésiastiques catholiques normaux, alors qu’il s’agit en réalité de modernistes, donc d’ecclésiastiques en dehors de toutes les normes de l’Église. Dans une Épître à Timothée, St Paul, parlant des faux docteurs des derniers temps, nous avertit qu’ils auront : « les dehors de la piété, tout en ayant renié ce qui en fait sa force » (II Tim. III, 5). Et il ajoute : «  Eux aussi, évite-les”.

Ainsi, toute la première partie de la Lettre rappelle que la présence de l’ordinaire du lieu, du curé ou de leur délégué comme témoin est nécessaire pour la validité du mariage catholique ; c’est la pratique classique de l’Église, inscrite dans le droit canon depuis le Concile de Trente. Qui le contestera ? Mais depuis Vatican II, l’application de cette loi est aux mains d’ecclésiastiques qui d’ordinaire ont du mariage catholique une vue plus qu’anormale. L’Église ne vit plus aujourd’hui en temps normal ! Se peut-il que Menzingen ne l’ait pas remarqué ? Ou bien préfère-t-il ne plus le remarquer ? Il a fallu plusieurs siècles au protestantisme pour briser l’influence que l’Église catholique exerçait sur le monde ; et quelques siècles de plus pour que le libéralisme parvienne à se frayer un chemin jusqu’au sommet de la hiérarchie de l’Église ; mais dès que Dieu, pour exercer sa justice, finit par permettre ce châtiment, ce fut les élections de Jean XXIII et de Paul VI qui eurent lieu, et ce fut la plus haute autorité de l’Église qui devint libérale. Depuis lors, il n’a jamais été aussi facile pour tous les sujets catholiques de cette autorité, de penser, le plus sincèrement du monde, qu’ils restent catholiques, alors même qu’ils détruisent l’Église.

En 1987, lorsque Mgr Lefebvre appelait « antichrists » certains prélats de l’église conciliaire (cf. la Lettre aux quatre futurs évêques ), il ne visait pas leur subjectivité et leur possible sincérité ; mais il attaquait fermement la nuisance dont ils faisaient objectivement preuve. En 2017, lorsque Menzingen met en exergue la normalité de la présence des prêtres conciliaires lors des mariages catholiques célébrés par la FSSPX, il prend pour argent comptant la sincérité de ces prêtres et ferme les yeux sur leur libéralisme destructeur. Mais de leur côté, les libéraux restent sur leurs positions, avec une conception du mariage facilitant les annulations, etc. Une fois qu’ils auront mis le pied dans la porte entrouverte pour les mariages traditionnels, qu’est-ce qui les empêchera, demain ou après-demain, de mettre en accord avec leurs idées “renouvelées” la loi traditionnelle du mariage catholique ? En fait, comment pourront-ils éviter, demain ou après-demain, d’appliquer en toute sincérité leurs propres convictions ?

Au long des décennies qui ont suivi Vatican II, au fur et à mesure que les catholiques ont compris ce qui se passait dans l’Église, ils sont devenus « traditionalistes » et se sont éloignés des autorités conciliaires. Sans pour autant manquer de courtoisie ni de respect, ils se sont éloignés afin de protéger leur foi et leur morale catholiques. Mais, voilà que maintenant Menzingen s’avance vers ces autorités et veut que tous les traditionalistes fassent de même ! Menzingen a oublié la célèbre citation de l’Énéide de Virgile : « Timeo Danaos et dona ferentes » Je crains les Grecs, même lorsqu’ils apportent des cadeaux. » Hélas ! Menzingen fait confiance aux Grecs !

Kyrie eleison.

Prédictions pour L’ Église

Prédictions pour L’ Église on avril 22, 2017

Comme il fallait s’y attendre, il y a eu plusieurs lecteurs qui ont réagi au portrait de la Fraternité St Pie X en « déclin lent », tel qu’il a été présenté dans deux numéros récents de ce « Commentaire ». Cette réaction montre que l’aveuglement et l’insouciance ne sont pas de tous. Voici deux lecteurs qui pensent à l’avenir, celui prochain de la Fraternité, ou celui plus lointain de l’Église. Voici le premier :—

« La déstabilisation, confusion et ramollissement des esprits des prêtres et des laïcs de la Fraternité va continuer, hélas, parce que ses chefs actuels vont persévérer tout droit dans le jeu qu’ils jouent avec les demi-Conservateurs. Du sacre d’évêques dans la Fraternité dont « le besoin est urgent » (Mgr. Tissier), on ne parlera pas. Et lorsqu’on ne pourra plus remettre le Chapitre Général de juillet, 2018, où seront élus les chefs suivants pour la Fraternité, les chefs actuels l’anticiperont en faisant tout dans leur pouvoir pour assurer la continuité ininterrompue de leur poursuite de reconnaissance par Rome. »

Selon le poids des prières que l’on dira pour sauver la forteresse de la Foi construite par Mgr Lefebvre, le Bon Dieu peut toujours intervenir avec un miracle pour la sauver, mais humainement parlant il faut dire qu’elle est trop pourrie pour être sauvée. Par exemple, l’apostolat mondial de la Fraternité exige à présent de nouveaux évêques plus jeunes, mais comment peut-on les choisir pour servir la vraie Foi anti-Conciliaire sans en même temps aliéner les Romains Conciliaires qui seuls peuvent octroyer à la Fraternité cette reconnaissance si ardemment poursuivie par son Quartier Général à Menzingen ? Mgr Lefebvre en 1988 a beau avoir qualifié cette poursuite de l’ « Opération Suicide » de la Fraternité, depuis quand les libéraux en croisade battent-ils en retraite ? La religion réelle de ces croisés libéraux, c’est leur Beau Nouvel Ordre Mondial. Et le catholicisme ? C’est pour les apparences. (Jugement dur ? Pensez-y.)

Le deuxième lecteur suppose que le suicide de la Fraternité est chose faite, et il pense à l’avenir de la Foi, davantage du point de vue de Dieu :—

« Le silence qui vient actuellement de la Fraternité concernant la « régularisation » est assourdissant. Il semble que l’accord est en vérité un fait accompli. Dans ce cas-là, occupons-nous de la longue route à parcourir pour tout restaurer, et des soins dont auront sûrement besoin les Réfugiés de la Tradition Catholique. Autrement dit, comment faire ressortir du chaos l’ordre, et comment faire un radeau à saisir sur la mer déchaînée, tandis que Rome en coulant aspire vers le fond de cette mer les faibles dans la Foi. La Foi se rétrécit-elle, ou bien se purge-t-elle de ceux qui n’ont pas été fidèles ? Dieu, au secours ! »

Quand nous pensons aujourd’hui à l’avenir de la Foi, n’oublions pas que la situation est si dramatique que personne ne sait rien pour certain, parce que si en effet cette Fraternité coule elle aussi, qui depuis 40 ans agit en bouée de sauvetage pour la vraie Foi, qu’y a-t-il encore qui empêche Rome d’aspirer les faibles dans les profondeurs de la mer ? Dieu est Dieu, et Il peut intervenir à n’importe quel moment et de mainte manière pour interrompre la course folle de Son Église à l’auto-démolition, mais le pessimisme n’en semble pas moins de mise pour le moment.

Moins facile à comprendre, tant que les Papes restent Conciliaires, est l’optimisme apparent de ce lecteur quant à la restauration de l’ordre et un radeau de sauvetage. Car s’il y a une leçon à tirer de l’histoire depuis 2012 de la « Résistance », c’est bien l’extrême difficulté de fonder une œuvre catholique sans l’approbation ne fût-ce que des apparences de l’Église officielle. La Vérité catholique est en elle-même très forte, mais sans le soutien et la protection de l’Autorité catholique, qui est celle de Notre Seigneur, la Vérité reste assez vulnérable. Par exemple, au-dedans d’un cadre d’autorité un prêtre peut facilement se soumettre même s’il n’est pas d’accord, mais en-dehors d’un tel cadre il peut facilement disputer la sagesse de la mesure la plus sage. Patience.

Le problème est humainement insoluble. Prions et attendons la solution divine, qui nous épatera tous !

Kyrie eleison.

Sédévacantisme Encore – II

Sédévacantisme Encore – II on octobre 8, 2016

Pour toute âme catholique qui se rend compte de la gravité de la crise actuelle de l’Église et en est catastrophée, la simplicité du sédévacantisme qui renvoie carrément comme invalides l’Église et les Papes de Vatican II peut devenir une tentation sérieuse. Pire, la logique apparente des arguments des ecclésiavacantistes, comme des sédévacantistes, peut faire de cette tentation un piège mental, lequel tout au pire peut faire qu’un Catholique perd complètement la foi. Voilà pourquoi ce « Commentaire » revient plus en détail à l’argument au centre de la variété d’arguments exposés dans l’article de BpS de 1991, et dont on a fait mention ici la semaine dernière. Voici de nouveau cet argument :—

Majeure : l’Église catholique est absolument indéfectible (Dieu lui-même a promis qu’elle durera jusqu’à la fin du monde – Mt. XXVIII, 20). Mineure : Or, l’Église Conciliaire ou l’Église du Novus Ordo qui s’est livrée au néo-modernisme et au libéralisme, représente une défection absolue. Conclusion : l’Église du Novus Ordo n’est absolument pas catholique et ses Papes ne sont absolument pas de vrais Papes. Autrement dit, l’Église catholique est absolument blanche tandis que la Néo-Église est absolument noire, donc les deux Églises sont absolument différentes. Aux esprits qui conçoivent tout en noir et en blanc, sans rien entre les deux, cet argument plaît beaucoup. Mais pour les esprits qui reconnaissent que dans la vie réelle les choses sont souvent grises, c’est-à-dire se mêlent de blanc et de noir sans que le blanc ne cesse d’être blanc ni le noir ne cesse d’être noir, cet argument est trop absolu pour correspondre à la réalité. Aussi la Majeure exagère-t-elle l’indéfectibilité de l’Église tandis que la Mineure exagère la défection du Novus Ordo. La théorie peut être absolue, mais la réalité ne l’est que rarement. Voyons cette indéfectibilité et cette défection comme elles sont dans la réalité.

Quant à la Majeure, les sédévacantistes exagèrent souvent l’ indéfectibilité de l’Église, tout comme ils exagèrent l’infaillibilité des Papes, parce qu’ils ont besoin de ces exagérations pour justifier l’horreur émotionnelle que leur inspire ce qu’est devenue l’Église catholique depuis le Concile. Mais en réalité tout comme cette infaillibilité n’exclut pas de grandes erreurs commises par quelques Papes dans l’histoire de l’Église, et ne s’applique qu’aux cas où le Pape, Ordinairement, dit ce qu’a toujours dit l’Église, ou, Extraordinairement, engage toutes les quatre conditions de la Définition de 1870 ; de même l’indéfectibilité de l’Église n’exclut absolument pas de grandes défections à tel ou tel moment de l’histoire de l’Église, comme par exemple les triomphes de l’Islam ou du Protestantisme, ou de l’Antéchrist (Lc. XVIII, 8). L’indéfectibilité n’exclut que la défection ou faillite totale de l’Église (Mt. XXVIII, 20). Donc l’indéfectibilité est loin d’être aussi absolue que BpS le prétend.

Quant à la Mineure, il est vrai que la défection du Conciliarisme est bien plus grave que celle de l’Islam ou du Protestantisme pour autant que ceux-ci n’ont point frappé à la tête ni au cœur de Rome comme celui-là. Néanmoins même un demi-siècle de Conciliarisme (1965–2016) n’a pas fait encore totalement faillir ou défaillir l’Église. Par exemple de 1970 à 1991 Mgr. Lefebvre – et il n’était pas seul – a maintenu la Foi, et de 1991 à 2012 ses successeurs ont fait plus ou moins de même, et la « Résistance » éprouvée tient encore à sa ligne de conduite pour défendre la Foi. Et juste avant la totale destruction humaine de l’Église dans un avenir proche, incontestablement Dieu interviendra pour sauver son indéfectibilité, comme à la fin du monde (Mt. XXIV, 21–22). Donc la défection Conciliaire non plus n’est aussi absolue que BpS le prétend.

Et alors il faut refondre son syllogisme – Majeure : l’indéfectibilité de l’Église n’exclut pas d’énormes défections, mais seulement une défection totale. Mineure : la défection Conciliaire de l’Église a été énorme, mais pas encore totale (même si les Catholiques conscients doivent totalement la fuir de peur de se laisser contaminer). Conclusion : l’indéfectibilité de l’Église n’exclut pas Vatican II. Bref, l’Église de Dieu lui-même est plus grande que toute la méchanceté du Diable ou des hommes, même Vatican II, et la défection Conciliaire a beau être d’une gravité sans précédent dans toute l’histoire de l’Église, elle ne peut entamer ni son indéfectibilité ni l’infaillibilité des Papes, lesquelles viennent de Dieu et pas des hommes. Tout comme les libéraux, les sédévacantistes pensent en des termes humains, trop humains.

Kyrie eleison.