conciliarisme

Contre le N.O.M.

Contre le N.O.M. on août 27, 2016

En théorie le principe est clair : pour suivre Notre-Seigneur, selon les paroles immortelles de Saint Augustin, nous devons « condamner les erreurs mais aimer l’errant ». Cela veut dire qu’on ne devrait jamais condamner les erreurs de manière à condamner aussi les errants (c’est-à-dire ceux qui sont dans l’erreur, à moins qu’ils ne soient dangereux et incorrigibles), et on ne devrait jamais aimer les errants de manière à aimer aussi leurs erreurs. En pratique, il n’est que trop facile de glisser ou de la destruction de l’erreur à la destruction de l’errant, ou de l’amour de l’errant à l’amour de ses erreurs. En d’autres mots : « En principe, l’Église ne fait pas de compromis dans les principes car elle croit, et elle est tolérante en pratique car elle aime. Au contraire les ennemis de l’Église sont tolérants en principe car ils ne croient pas, et intransigeants en pratique car ils n’aiment pas. » Voilà qui est bien dit.

Au cas où il y en a qui pensent toujours que l’auteur de ces Commentaires passe de la compassion pour les brebis égarées du Novus Ordo à l’amour des erreurs de la nouvelle messe de Paul VI, voici des extraits d’une lettre d’un ancien lecteur dont la propre expérience amère l’amena à conclure que les Catholiques du Novus Ordo ne méritent pas le bénéfice du doute. Il a de toute évidence connu le pire de la Néo-église. Les fruits parlent . . .

J’étais un enfant typique d’une école primaire dans une paroisse de 2,500 familles dans un quartier catholique à 60%. Nous étions tous formés selon l’ancienne religion, et, lorsque la révolution Conciliaire commença de détruire l’Église dans les années 1970, nous sentions tous que quelque chose n’allait pas. Or, tous les Catholiques ont le devoir de rester fidèle à la Tradition, et de chercher où elle se trouve, par exemple par la lecture de bons livres auxquels tout le monde a accès. Depuis cinquante ans moi-même je plaide, j’implore et je prie pour que mes amis catholiques et leurs familles lisent les choses que j’ai lues, mais ils n’ont simplement pas voulu. La grande majorité préfère la religion Conciliaire : le divorce et les annulations faciles, les prédicateurs conciliants, le féminisme, la démocratie, l’adultère, l’homosexualité et la bonasserie – voilà ce qui les attache fermement au Novus Ordo, et pas du tout l’amour de la vérité.

Je prétends connaître la mentalité Novus Ordo car durant deux ans je suis entré en contact direct avec des juges, des prêtres et des laïcs de la Néo-église. Je peux vous assurer que ce n’est pas l’amour de la vérité qui les inspire. On peut compter sur ces autorités de la Néo-église pour faire exactement ce que veulent d’eux presque tous les Catholiques du Novus Ordo, sinon tous, et c’est d’ignorer leur vie de péché. Il semble que les seuls « pécheurs » qu’ils osent tancer, instruire ou conseiller soient les fumeurs, les pollueurs, les catholiques Traditionnalistes « sans coeur », et les responsables de familles nombreuses. Rappelez-vous que plus de 90% des Catholiques mariés utilisent les préventifs, et apprennent à leurs enfants à faire de même. Le Novus Ordo est devenu une organisation mondiale d’apaisement des consciences, et de nouveautés à grande échelle. Les Catholiques du Novus Ordo pensent vraiment que toutes les âmes vont au Ciel. De « travailler à leur salut avec crainte et tremblement » n’est pas une idée qui leur passe par la tête.

Dans les temps modernes, le contrôle des naissances fut un point tournant dans le passage de la volonté de Dieu à celle de l’homme. Pour ceux qui habitent les grandes villes, ne pas l’utiliser peut sembler presqu’impossible ; mais alors qui s’est trompé ? Dieu, ou la cité moderne ? Dieu donna à son Église en 1968 une grande occasion de maintenir le cap lorsqu’il inspira à Paul VI de rester fidèle à la doctrine immuable de l’Église alors qu’il ne voulait pas le faire, mais une masse d’évêques et de prêtres devinrent promptement infidèles au Pape, et le résultat fut cette « organisation de l’apaisement des consciences » dénoncée plus haut. Et qui peut nier que le remplacement du vrai sacrifice de la Messe a joué un grand rôle, depuis 1969, dans cet abandon par les Catholiques de leurs vies sacrificielles en vue du Ciel, au profit d’une vie facile pour aller en Enfer ? Quelle responsabilité, que celle des prêtres !

Kyrie eleison.

Des Sentiments Doctrinaux.

Des Sentiments Doctrinaux. on mai 21, 2016

Le Commentaire de la semaine dernière (CE 461) n’aura pas été du goût de tout le monde. Les lecteurs ont pu deviner que l’auteur anonyme de la longue citation était du même sexe que sainte Thérèse d’Avila, également citée (« souffrir ou mourir ») et que sainte Marie Madeleine de Pazzi (« souffrir et ne pas mourir »), car la citation anonyme a pu sembler excessivement émotionnelle. Mais le contraste avec les sentiments du Pape Benoît XVI cités la semaine d’avant (CE 460) était délibéré. Là où le texte de l’homme montre des sentiments gouvernant la doctrine, celui de la femme montre la doctrine qui gouverne les sentiments. Mieux vaut, de toute évidence, la femme qui met Dieu en premier, comme le Christ dans le jardin de Gethsémané («  Père, que ce calice s’éloigne de moi, mais non pas ma volonté  . . . »), que l’homme qui en mettant les sentiments en premier change la doctrine et la religion catholiques dans la religion Conciliaire.

Ce contraste surprenant nous montre que la primauté de Dieu signifie que la doctrine vient en premier, alors que la primauté des sentiments signifie que l’homme passe avant Dieu. Or, la vie n’est pas pour éviter la souffrance mais pour aller au Ciel. Alors si je ne crois plus en Dieu et adore Mammon à sa place (Mt. VI, 24), je croirai que la mort met fin à tout, et j’achèterai des médicaments de plus en plus chers pour éviter la souffrance de cette vie, car il n’y a pas de vie après la mort. Ainsi, les « démocraties » occidentales créent l’un après l’autre un État providence qui fait banqueroute, car la voie la plus sûre pour un politicien « démocrate » d’être élu ou non c’est de prendre position pour ou contre un système de santé gratuit. Le soin du corps est tout ce qui reste dans la vie de beaucoup des hommes sans Dieu. Ainsi, l’impiété ruine l’État : « À moins que Dieu ne construise la maison, ils labourent en vain ceux qui la bâtissent » (Ps. CXXVI, 1). Par contre, « Heureux le peuple dont Dieu est le Seigneur » (Ps. CXLIII, 15). La religion gouverne la politique comme elle gouverne l’économie, toute fausse religion pour leur malheur, la vraie religion pour leur vrai bonheur.

Selon son entrevue d’octobre (CE 459), Benoît XVI pourrait rétorquer : « Bien, mais à quoi sert une religion en laquelle croient de moins en moins de gens ? Sur l’homme moderne, la religion catholique a perdu son emprise. La doctrine d’hier a pu être aussi vraie que possible, mais à quoi sert-elle si elle ne parle plus à l’homme tel qu’il est aujourd’hui, et là où il se trouve aujourd’hui ? La doctrine est pour les âmes, mais comment parler à l’homme contemporain de la souffrance rédemptrice ou de la Rédemption lorsque la souffrance n’a plus aucun sens pour lui ? Le Concile était absolument nécessaire pour donner à la doctrine une forme intelligible pour l’homme tel qu’il est aujourd’hui ».

Et à cette position, implicite dans l’entrevue de Benoît XVI, voici ce que l’on pourrait répondre : « Votre Sainteté, la doctrine est pour les âmes, oui, mais pour les sauver de la punition éternelle et non pour les y préparer. La doctrine consiste en mots, les mots expriment des concepts, les concepts viennent en fin de compte de choses réelles que l’on conçoit. Votre Sainteté, est-ce que Dieu, l’âme immortelle de l’homme, la mort, le Jugement et l’inévitabilité du salut ou de la damnation éternels sont des réalités hors de mon esprit ? Et si elles sont des réalités indépendantes de moi-même, y en a-t-il une seule qui ait changé dans les temps modernes ? Et si elles n’ont pas du tout changé, alors les doctrines qui les expriment ne signifient-elles pas aussi, avec la doctrine du péché originel, qu’il y a un danger réel pour tout homme vivant de tomber en Enfer ? Auquel cas, aussi déplaisantes que ces réalités puissent paraître, quel service possible rendrai-je à mes semblables en changeant les doctrines pour qu’elles semblent plus plaisantes, si je déguise ainsi le danger éternel au lieu de les en avertir ? De quelle importance sont ses sentiments en comparaison avec l’importance pour lui de saisir et d’assimiler les vraies doctrines pour qu’il finisse dans la joie du paradis et non pas dans les tourments de l’enfer – pour toute éternité  ?

Mais dans notre monde apostat, la masse des hommes ne veulent entendre que des fables (II Tim. IV, 4) pour mettre des coussins sous leurs péchés. Le résultat est que pour garder l’équilibre de l’univers moral, il doit y avoir un nombre d’âmes mystiques, connues de Dieu seul, qui prennent sur elles une souffrance aiguë pour le Christ et pour autrui, et il y a fort à croire que la plupart d’entre elles sont des femmes.

Kyrie eleison.

L’héritage de Monseigneur — II.

L’héritage de Monseigneur -- II. on avril 2, 2016

En 2012, les successeurs de Monseigneur à la tête de sa Fraternité Saint Pie X, ayant échoué à comprendre sa préférence fondamentale de la Vérité catholique à l’Autorité catholique, prétendirent à tort suivre son exemple lorsqu’au Chapitre Général de la Fraternité cet été-là, ils se préparèrent à remettre la Vérité sous l’Autorité en ouvrant la porte à un accord politique et non-doctrinal avec les menteurs de Rome – « le Catholicisme est révolutionnaire » étant un mensonge monstrueux. Depuis des années maintenant, ces successeurs répandent des rumeurs comme quoi l’accord est imminent, mais Rome, par leur faute à eux, fait d’eux ce qu’elle veut, et risque bien de continuer à en extraire des concessions telle que fut peut-être l’entrevue désastreuse du 2 mars dernier accordée par le Supérieur Général à un prédateur professionnel. La Rome conciliaire n’oublie jamais ce que la Fraternité ne semble plus vouloir se rappeler – la Tradition catholique et Vatican II sont absolument inconciliables.

Or Monseigneur a des disciples qui n’ont pas oublié cela. Ils s’appellent la « Résistance », laquelle, comme c’est logique, est un mouvement plutôt qu’une organisation. En effet, puisqu’ils préfèrent la Vérité à l’Autorité faussée de Rome et maintenant de la FSSPX aussi, toute autorité interne parmi eux peut être tout au mieux de suppléance, c’est-à-dire une autorité anormale suppléée par l’Église de façon invisible en cas d’urgence pour le salut des âmes. Mais une telle autorité, par l’invisibilité même de sa transmission (à contraster avec les cérémonies visibles par lesquelles sont transmises plusieurs sortes d’autorités parmi les hommes), est d’autant plus faible et contestable que l’autorité normale au sein de l’Église, laquelle descend toujours, en fin de compte, du Pape. Aussi la « Résistance » a-t-elle la force de la Vérité mais une faiblesse quant à cette Autorité qui est normalement essentielle pour protéger la Vérité catholique.

Cette rupture entre la Vérité et l’Autorité a été imposée par Vatican II à l’Église tout entière. Tout Catholique voulant garder la Foi, qu’il fasse partie ou non de la dite « Tradition », doit sûrement prendre en compte ses multiples conséquences. Le Pasteur suprême de Dieu étant suprêmement frappé par la folie conciliaire, comment veut-on que les brebis de Dieu ne soient pas à leur tour suprêmement dispersées (voyez Zach. XIII, 7 et S. Math. XXVI, 31) ? Pour ne pas en souffrir, les Catholiques devraient ne pas appartenir à l’Église catholique. Est-ce cela qu’ils veulent ? Alors pour l’instant les Catholiques ne devraient être ni trop surpris par les trahisons ni trop déçus par les divisions. Pour l’heure une main presque libre est donnée au Diable pour causer la division (« diabolein » en grec), et puisque les Catholiques combattent tous pour rien de moins que le salut éternel, les divisions sont souvent amères. Patience.

Ensuite, à partir de Papes Conciliaires la sève vitale de la véritable Autorité catholique ne peut plus descendre dans les institutions catholiques, et alors les personnes ne peuvent plus compter sur ces institutions comme elles devraient normalement être en mesure de le faire. De telles institutions dépendent plutôt des personnes pour la Vérité, comme nous avons vu la Fraternité dépendre de Monseigneur Lefebvre. Mais ces personnes, n’ayant plus de soutien ni de contrôle institutionnels, sont livrées à leur faillibilité naturelle, et alors il ne faudrait pas s’attendre à ce qu’un groupe de Catholiques poursuivant aujourd’hui la Vérité sache y attirer un grand nombre de gens. Les croyants ont beau aspirer à une structure, à une hiérarchie, à des Supérieurs auxquels ils puissent obéir, tout cela ne peut se créer de toute pièce. À l’évidence, les petits restes sont à l’ordre du jour. Patience.

Pour conclure, les Catholiques qui luttent pour garder la Foi doivent se soumettre à leur punition bien méritée, renoncer à toute illusion ou fabrication humaine, et supplier Dieu Tout-Puissant dans leurs prières d’intervenir. Lorsqu’il y aura assez d’âmes qui se tourneront vers Lui pour sa solution à lui au lieu des leurs, ils reconnaîtront que sa Providence y a pourvu sous la forme de la Dévotion des Premiers Samedis du mois pour faire réparation à sa Mère. Et lorsqu’on aura fait assez de réparation, il donnera alors à son Vicaire sur terre la grâce de consacrer la Russie au Cœur Immaculé de sa Très Sainte Mère, et l’ordre commencera à se rétablir, comme Dieu l’a promis. Pour la pratique de cette Dévotion, ne manquez pas le « Commentaire » de la semaine prochaine.

Kyrie eleison.

Arguments Émotionnels

Arguments Émotionnels on mars 21, 2015

Une comparaison d’hier a l’avantage d’être très claire : sur le dos d’une mule une lourde charge peut être difficile à équilibrer. Si elle se déplace sur la gauche, il faut la pousser vers la droite. Si elle s’incline à droite, elle doit être poussée à gauche. Mais cette double poussée n’est pas contradictoire – son unique but est de maintenir la charge en équilibre. D’une façon semblable, le fait que ces « Commentaires » présentent souvent des arguments contre le sédévacantisme ne signifie pas que l’on pousse vers le libéralisme, ni qu’on affirme que le sédévacantisme soit aussi mauvais que le libéralisme. Il s’agit simplement de reconnaître que les paroles et les actes outrageants de l’actuel occupant du Saint Siège tentent bon nombre de bons Catholiques à renoncer à l’usage de leur raison, et à juger de la réalité selon leurs émotions. C’est là un usage très répandu aujourd’hui, mais qui n’est pas catholique.

Par exemple, en examinant les arguments sédévacantistes, on constate qu’ils ne sont pas si forts qu’ils paraissent à première vue. Voyons les deux derniers à être passés sur mon bureau, provenant de deux Catholiques pieux et forts dans la Foi. Voici le premier : les Papes Conciliaires (en particulier, François) n’ont pas confirmé leur troupeau dans la Foi. Or, il appartient à l’essence d’un Pape de faire cela. Par conséquent les Papes Conciliaires n’ont pas été essentiellement Papes. Réponse : il faut distinguer entre le Pape dans son être et dans son agir. Un Pape devient essentiellement Pape dans son être par son élection dans un Conclave de Cardinaux, élection ou valide en elle-même, ou convalidée par l’acceptation ultérieure de l’élu comme Pape par l’Église Universelle (ce qui a pu être le cas pour plus d’un Pape Conciliaire, Dieu seul le sait). Par contre, pour un Pape de confirmer son troupeau dans la Foi relève de son action ou de son agir. L’être de fond et l’agir sont différents, et peuvent être séparés. Par conséquent un Pape peut faillir dans son action sans nécessairement cesser d’être selon son être un vrai Pape. C’est sûrement le cas de plusieurs, sinon de tous les Papes Conciliaires.

Et voici le second argument : Il est ridicule pour un simple catholique, individuel et faillible, de prétendre s’ériger en juge de l’erreur du Magistère infaillible de l’Eglise. Confronté alors à l’erreur nette (Conciliarisme, par exemple) de ce Magistère (des Papes Conciliaires, par exemple), on est acculé à conclure qu’ils n’ont pas été de vrais Papes. Réponse : le Pape n’est pas nécessairement le Magistère infaillible de l’Eglise. S’il n’engage pas toutes les quatre conditions strictes du Magistère Extraordinaire, ni n’enseigne en accord avec le Magistère Ordinaire de l’Église, alors il est faillible, et si de plus il contredit nettement ce Magistère, alors il est certainement dans l’erreur, et en tant que tel il peut être jugé par n’ importe quel Catholique (ou non-catholique !) qui fasse droit usage de l’intelligence dont Dieu l’a doté. S’il n’en était pas ainsi, comment Notre Seigneur nous aurait-il prévenus tous de nous garder des faux prophètes et des loups déguisés en brebis ( Mt. VII, 15–20) ?

En fait ces deux arguments peuvent provenir d’un rejet émotionnel des Papes Conciliaires. « Ils ont à ce point maltraité l’Eglise qu’il m’est simplement impossible d’accepter qu’ils aient été Papes ! » Mais qu’en eût-il été si j’avais assisté comme spectateur au premier Chemin de la Croix ?—« C’est un si mauvais traitement de Jésus que dorénavant il m’est simplement impossible d’accepter qu’Il soit le Fils de Dieu ! » N’est-il pas vrai que mon rejet émotionnel de ce mauvais traitement eût été correct tandis que ma conclusion eût été néanmoins erronée ? Il y a un mystère impliqué dans les Papes Conciliaires dont les sédévacantistes ne tiennent pas compte.

Ceci dit, il se peut que lorsque l’Église se sera rétablie, la seule autorité compétente en matière pourra déclarer que les Papes Conciliaires n’ont pas été de vrais Papes, mais pour l’instant les arguments jusqu’ ici présentés pour prouver que le Siège de Rome est vacant ne sont pas si concluants que l’on peut les faire paraître.

Kyrie eleison.

Mgr. Lefebvre Commenté – I

Mgr. Lefebvre Commenté – I on janvier 3, 2015

Pour les autorités de l’Église aujourd’hui « Il n’y a pas de vérité stable, il n’y a pas de dogme. Tout évolue. » C’est ce que disait Monseigneur Lefebvre (1905–1991) en 1991 (voir le « Commentaire Eleison » de la semaine dernière). En effet, à la fin de sa vie Monseigneur vit plus clairement que jamais ce à quoi il s’était confronté dans son héroïque défense de la Foi. Depuis lors les libéraux (ne se rendant pas compte qu’ils le sont ?) qui s’emparèrent de sa Fraternité Saint Pie X dès sa disparition, n’ont toujours pas compris la gravité du problème tel que Monseigneur l’avait identifié. Par conséquent, que ce « Commentaire » ouvre cette nouvelle année en essayant une fois de plus de mettre à nu la blessure mortelle de l’Église et du monde d’aujourd’hui.

Lorsque Emmanuel Kant (1724–1804) érigea en système philosophique le rejet par l’homme de la réalité de Dieu, système basé sur sa proclamation totalement fausse que l’esprit humain ne peut connaître l’objet tel qu’il est en lui-même, alors les facultés de philosophie des universités du monde entier se mirent à déverser la folie dans les rues parce que les hommes voulaient faire de la liberté leur dieu, et que Kant leur offrait la suprême libération, celle de l’esprit par rapport à son objet.

Or les Catholiques pas encore contaminés par la fantaisie Kantienne savent que Dieu et Son Ciel existent tout à fait en dehors, et indépendamment, de leurs petits esprits, et donc s’ils veulent être heureux pour l’éternité, ils ont tout intérêt à ce que leur esprit se plie à la réalité objective et non à la fantaisie subjective. En conséquence pendant un siècle et demi Dieu donna à son Église une série de Papes anti-libéraux qui se dressèrent contre le monde libéral alors que tout autour, tout sombrait de plus en plus dans la folie. Ces Papes protégèrent l’Église du prestigieux et populaire subjectivisme. Mais dans les années 1950 les cardinaux et évêques de l’Église ne priaient pas suffisamment pour maintenir cette protection de leur esprit et de leur cœur contre cette folie connue dans l’Église sous le nom de « modernisme » et c’est ainsi que lors du Conclave de 1958 ils élurent l’un des leurs, Jean XXIII, soi-disant « le bon », un libéral (ne se rendant pas compte qu’il l’était ? Dieu seul le sait) qui, comme prévu, lança en 1962 le désastreux Concile Vatican II.

Pourquoi désastreux ? Parce que la folie du subjectivisme (le rejet de la réalité objective) au lieu de rester encore absolument condamnée par les autorités supérieures de l’Église fut alors adoptée par celles-ci et devint (consciemment ou inconsciemment ? Dieu seul le sait) la nouvelle base officielle de la doctrine et de l’action de l’Église. Le problème ne saurait être plus grave. Les personnages officiels de la véritable Église de Dieu, nommés pour proclamer et défendre les vérités objectives de Dieu pour le salut des âmes, se mirent désormais à faire passer ces vérités par le filtre de leur esprit subjectif. Imaginez ne disposer que de bouteilles sales pour faire une réserve du meilleur des vins. Il ne pourra qu’en être ruiné. Les personnages officiels de l’Église Conciliaire d’aujourd’hui ne peuvent que ruiner la vérité de Dieu.

Voilà pourquoi Monseigneur a dit en 1991, « Nous avons à faire à des personnes (au sommet de l’Église) qui ont une philosophie différente de la nôtre, une façon différente de voir, qui sont influencées par tous les philosophes modernes subjectivistes. Pour eux il n’y a pas de vérité stable, il n’y a pas de dogme fixe. Tout évolue. Ceci est réellement la destruction maçonnique de la Foi. Heureusement nous autres (traditionnalistes) nous avons la Tradition pour pouvoir nous appuyer sur elle. »

Mais qu’est-il donc arrivé à la Tradition, une fois Monseigneur disparu ? Hélas ! Les autorités au sommet de sa Fraternité Saint Pie X qui a été à la tête de la défense de la Foi objective pendant ces quelques 40 dernières années, ne peuvent avoir prié sérieusement, suffisamment, pour protéger leur esprit et leur cœur d’être à leur tour contaminés par le subjectivisme. Eux aussi ont perdu la primauté de la vérité objective, aussi sont-ils devenus le jouet des autorités romaines comme un poisson est le jouet d’un pêcheur. Monseigneur Lefebvre, priez pour nous !

Kyrie eleison.

Église Conciliaire ?

Église Conciliaire ? on juin 7, 2014

L’expression « église Conciliaire » exprime évidement une réalité, quelque chose de réel, à savoir la masse de personnes et d’institutions qui se proclament Catholiques mais qui en fait sont en train de glisser dans la pratique de la nouvelle religion humaniste du Concile Vatican II. « En train de glisser » car le Conciliarisme, ou le néo-modernisme, est programmé précisément pour permettre aux Catholiques de conserver les apparences de la Foi, tandis qu’il la vide de sa substance. Dans le concret les Catholiques peuvent suivre ce processus aussi rapidement ou lentement qu’ils le désirent, et ils n’ont même pas besoin de le pousser jusqu’au bout, mais dans l’ abstrait le Conciliarisme est radicalement opposé au Catholicisme et, poussé jusqu’au bout, il détruit en même temps la Foi et l’Eglise, ce qui était son objectif.

Le processus n’est pas difficile à observer ni à comprendre, mais les libéraux à la tête de la Fraternité Saint Pie X, en recherchant la réconciliation avec les Conciliaristes à Rome, ont fait de leur mieux pour embrouiller la question de l’église Conciliaire et de l’Eglise catholique. Par exemple, l’Eglise catholique est visible, diront-ils, et l’église Conciliaire est l’église visible, donc l’église Conciliaire est l’Eglise Catholique, argument déjà condamné il y a des années par Monseigneur Lefebvre comme « enfantin » (nombreuses sont les églises visibles qui ne sont pas catholiques). Tout aussi enfantin est l’argument selon lequel il n’y a qu’une seule Eglise, de telle sorte que l’église Conciliaire et l’Eglise catholique doivent être une seule et même Eglise (il y a des milliers de fausses églises).

La vérité n’est pas si compliquée. L’Eglise Catholique est un organisme vivant, à la fois divin et humain, comme son Fondateur Jésus-Christ. En tant que divine, étant Son Epouse Immaculée, elle ne peut être corrompue ni sujette à la corruption, mais en tant que composée d’êtres humains pécheurs, elle peut partiellement pourrir tout comme n’importe quel autre organisme vivant. Donc une façon utile de comprendre comment l’église Conciliaire se tient par rapport à l’Eglise catholique est de penser à une pomme partiellement pourrie.

D’une part la partie pourrie appartient à la pomme. Tout ce qui est pourri était auparavant de la pomme. Ce qui est pourri est une corruption de la pomme, un parasite sur la pomme, il ne pourrait exister sans la pomme et il demeure fermement attaché à la pomme jusqu’à ce que la partie pourrie s’en détache et tombe. D’une façon semblable le Conciliarisme appartient à l’Eglise Catholique pour autant que tout ce qui est Conciliaire fut en son temps catholique, il s’agit d’une corruption de l’Eglise catholique, un parasite sur l’Eglise catholique, qui ne pourrait exister sans l’Eglise catholique, et qui demeure fermement attaché à quelque partie de l’Eglise catholique, jusqu’à ce qu’il détruise cette partie, ainsi qu’il fut programmé pour le faire.

D’autre part la pourriture n’appartient pas à la pomme. Aucune pomme n’a jamais existé pour être une pomme pourrie. Toute pourriture est une transformation d’une pomme quelconque, une corruption et un parasite de la pomme, la transformant en pire, résultant en quelque chose de tout à fait différent d’une pomme, quelque chose que personne de raisonnable ne rêverait de manger ni de décrire comme n’étant point différente de la pomme. De même le Conciliarisme n’appartient pas à l’Eglise catholique, c’est la corruption d’une chose catholique et c’est un parasite sur quoi que ce soit de catholique. Il transforme une partie humaine de l’Eglise catholique en pire, et produit quelque chose d’essentiellement non catholique, qu’aucun catholique raisonnable ne voudrait appeler catholique ni ne voudrait s’y associer, sous peine de perdre sa foi.

Bref, le Conciliarisme est de la pourriture, et l’ « église Conciliaire » est l’unique Eglise divine-humaine en tant que pourrie par Vatican II dans l’un ou l’autre de ses aspects humains. Bien sûr, l’Eglise catholique durera jusqu’à la fin du monde (Mt.XXVIII,20) tandis que l’ « église Conciliaire » ne fait pas plus que partie d’une longue lignée d’églises parasites, au cours des âges, vivant de ce qu’elles pourrissent et pourrissant ce dont elles vivent. Une plaie sur tous les libéraux, confus eux-mêmes, et répandant la confusion !

Kyrie eleison.