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Évolution des Tensions

Évolution des Tensions posted in Les Commentaires Eleison on août 12, 2017

Que devient la Fraternité Saint-Pie X, depuis le printemps et le début de l’été ? De fortes tensions s’étaient alors manifestées, pour savoir si, oui ou non, des prêtres conciliaires devaient participer en tant que témoins officiels aux mariages dans la Fraternité. Pour faire court, les relations continuent d’être tendues entre les dirigeants de Menzingen, qui favorisent cette participation, et les autres, prêtres et laïcs, qui la proscrivent. On peut voir se dessiner une ligne de fracture séparant les disciples de Mgr Lefebvre et les partisans de Mgr Fellay. Une telle scission était inévitable à partir du jour où Mgr Fellay se mit à diriger l’œuvre de Mgr Lefebvre dans une direction différente de celle que suivait l’Archevêque

Mais, rien n’ébranle Mgr Fellay dans sa détermination de rallier la Rome conciliaire en éloignant Menzingen de la ligne tracée par Mgr Lefebvre. Tout récemment en France, un couple, qu’un prêtre de la Fraternité préparait au mariage, a refusé d’avoir affaire aux autorités conciliaires. Il n’en fallut pas d’avantage pour que le prêtre refusât de les marier. Il avait, de toute évidence, l’aval de ses supérieurs. Est-il possible de trouver des motifs rationnels expliquant un tel acharnement à détruire l’œuvre de Mgr Lefebvre ? Trois facteurs, parmi d’autres, peuvent y être en jeu.

Premier point, la Providence a choisi la Suisse pour que, dans un premier temps, elle serve de base géographique à la Fraternité. C’est pourquoi, ce pays a joui, au sein de cette Congrégation d’une importance et d’un prestige particulier. À l’heure actuelle, ses deux premiers dirigeants ne sont-ils pas des citoyens suisses ? Il en va de même de beaucoup d’autres prêtres. Or, il est connu que la Suisse est un pays d’ordre, ne serait-ce que par l’exemple de ses trains qui arrivent bien à l’heure. Or quand on est une Congrégation véritablement catholique, ne pas être reconnu par les autorités officielles, constitue un désordre, qui sera particuliêrement ressenti par un peuple qui aime que tout soit en règle. Deuxième point, si Rome reconnaît un jour la Fraternité, ses prêtres pourront bénéficier du vaste champ d’apostolat dont ils rêvent. Et, troisième point, il peut sembler qu’il n’y ait pas d’autre solution aux graves tensions internes qui troublent une Congrégation bravant l’Église officielle, que de se ranger sous l’autorité de la Rome conciliaire – Mgr Fellay ne voulant pas entendre parler de solutions pré-apocalyptiques, telle que serait une intervention divine.

Répondons au premier point : Pour un catholique, l’ordre suprême n’est pas l’ordre temporel de l’État, si désirable soit-il, mais l’ordre divin, aujourd’hui jeté à terre et piétiné par Vatican II. Quant au deuxième point : Les modernistes peuvent, par nature, présenter toute l’apparence d’une « conversion », simplement parce que, pour eux, un fondement subjectif ne leur pose aucun problème. Mais cette position est si confortable que peu d’entre eux pensent à l’abandonner pour une conversion objective, impliquant la Croix. Comme l’a dit le père Vallet, un libéral ne se convertit pas. Enfin, troisième point : Face aux problèmes gravissimes qui se posent aujourd’hui au monde et à l’Église, choyer le mensonge ne peut en rien servir de solution, même si le mensonge semble triompher. Penser le contraire trahit un grave manque de foi. Vraiment, la main du Seigneur serait-elle raccourcie parce que les hommes sont méchants (Isaïe L, 2, LIX, 1) ? Dieu sait exactement comment Il va balayer ce déluge de mensonges. Qui vivra verra. Mais en attendant, le Bon Dieu ne veut absolument pas que nous empruntions le chemin des menteurs !

Cependant il y a de bonnes nouvelles aussi : plusieurs prêtres et laïcs refusent résolument d’accepter les mensonges. Un lecteur de France me dit qu’un certain nombre de prêtres de la Fraternité ont été réveillés par le problème concret des mariages. Au grand dam de leurs supérieurs, la plupart des prêtres FSSPX refusant les erreurs conciliaires n’auront pas recours aux témoins conciliaires pour les mariages de la Fraternité. Trois des doyens rétrogradés ont fermement pris position par écrit contre ces témoins conciliaires, même après avoir fait l’objet de sanction. L’un d’eux vient même de critiquer vivement l’éventualité d’une Prélature personnelle, car ces deux questions sont liées, n’en déplaise à l’accablante déclaration du cardinal Müller de fin juin. Nous ne sommes en aucun cas « de nouveau à la case départ », comme le prétendait Mgr Fellay à cette époque. “Tel un mauvais chef d’entreprise aux abois “, déclare ce lecteur, “Mgr Fellay n’a plus la confiance de personne doté d’un cerveau en état de fonctionnement, y compris les plus respectueux.” Maintenant, ce qui importe, conclut notre lecteur, ce n’est pas de sauver la Fraternité dans son ensemble – cela tiendrait du miracle – mais de sauver autant de prêtres et de laïcs que possible de cette dégringolade qui emporte la Fraternité.

Kyrie eleison.

L’erreur de Menzingen – II

L’erreur de Menzingen – II posted in Les Commentaires Eleison on juillet 15, 2017

Une lettre du 13 juin, émanant du siège de la Fraternité Saint-Pie X à Menzingen en Suisse, est censée « faire le point sur les mariages » en tenant compte de la proposition romaine, en date du 4 avril qui vise simplement à faciliter l’enregistrement des mariages de la Fraternité dans la structure conciliaire. Cette lettre n’est pas sans poser un sérieux problème qui dépasse largement tel ou tel détail, tel ou tel argument. Le problème réside en fait dans la mentalité strictement conciliaire des ecclésiastiques auteurs de la proposition.

Nous ne sommes pas seul à penser ainsi : Lors des « discussions théologiques » de 2009 à 2011, trois théologiens de la Fraternité, sous la conduite de Mgr de Galarreta, ont dû affronter quatre « théologiens » romains. Selon le mot inoubliable d’un des trois théologiens, les quatre Romains étaient des « malades mentaux », mais « ayant l’autorité » Objectivement, cette maladie mentale des romains est tellement grave que beaucoup de catholiques fidèles sont tentés de penser que ces prélats ont perdu toute autorité dans l’Eglise. Mais, hélas, ces ecclésiastiques font encore illusion ! si bien que, grâce à « l’obéissance », ils peuvent objectivement continuer à détruire l’Eglise, quoiqu’il en soit de leurs intentions dont Dieu seul reste juge.

Ainsi, dans une première partie, la lettre de Menzingen sur les mariages (cf. les « Commentaires » de la semaine dernière) affirme que la proposition de Rome du 4 avril, vise simplement à ramener les mariages de la Fraternité à l’usage antique et raisonnable de l’Église pratiqué depuis le Concile de Trente. Oui, certes ! Mais cette législation raisonnable, que vaudra-t-elle, dès lors que ce sont des « malades mentaux » qui devront en faire usage ? Un axiome scolastique profond énonce que : «  Tout ce qui est reçu, est reçu selon le mode de celui qui reçoit  ». Une saine tradition, confiée aux mains d’ecclésiastiques (objectivement) insensés, pourra devenir insensée. Par exemple, dans la troisième partie de la lettre, Menzingen affirme que les mariages célébrés dans la Fraternité une fois reconnus par l’Eglise, ne feront plus de doute pour personne. « Plus de doute », dites-vous ? Alors que les responsables de l’Église d’aujourd’hui en sont à transformer pratiquement les annulations officielles en « divorces catholiques » ?

La deuxième partie de la lettre se propose de réfuter une liste de huit objections importantes qu’on peut faire à la proposition romaine. La plupart de ces objections disent, en substance, que l’acceptation de la proposition de Rome, dans le contexte actuel, équivaudrait à épouser la trahison conciliaire de la Foi en acceptant la théorie et la pratique conciliaires du mariage (1,2) ; en admettant la condamnation conciliaire des mariages célébrés précédemment dans la FSSPX (3) ; en approuvant le nouveau Code de Droit Canonique (8) ; et ainsi de suite. Ces objections sont fondées sur le contexte actuel des mariages. Menzingen répond : abstraction faite du contexte, la proposition romaine, «  en soi  », revient simplement à mettre à la disposition des couples de la Fraternité une manière supplémentaire de se marier tout en restant en harmonie avec l’Église officielle. Bien sûr, Menzingen, bien sûr, mais comment, dans la vie réelle, un mariage peut-il jamais être célébré en dehors de tout contexte ? Et comment, aujourd’hui, le contexte officiel de l’Église pourrait-il être autre que Conciliaire ?

La cinquième objection peut servir d’exemple typique illustrant le raisonnement des bisounours de Menzingen, lorsqu’ils séparent l’inséparable. Ainsi, à l’objection dont le sens est que l’assouplissement de la reconnaissance des mariages de la Fraternité par Rome n’est qu’un fromage masquant le piège de la Prélature personnelle, Menzingen répond que le fromage, “en soi”, n’est jamais qu’un fromage ! Menzingen reconnaît même que Rome mentionne qu’il s’agit d’un pas en avant vers la « régularisation institutionnelle » éventuelle de la Fraternité ; c’est admettre que le fromage, objectivement, fait ici partie intégrante d’un piège. Mais à cela, Menzingen répond que s’il fallait éviter tous les pièges, la Fraternité devrait couper court avec tous les responsables romains, ce que Mgr Lefebvre, en 1975, a déclaré ne pas vouloir faire.

Bien sûr, Menzingen, bien sûr ! Mais 1975, c’était avant les13 années de contacts et de négociations supplémentaires avec les Romains qui finirent par convaincre Mgr Lefebvre que Rome n’avait p ;oint l’intention de s’occuper de la Tradition. C’est alors, et alors seulement, qu’il a consacré quatre évêques pour maintenir la Tradition (comme ils l’ont fait jusqu’en 2012). De plus, Mgr Lefebvre n’a jamais refusé tout contact futur avec les Romains. Il a seulement déclaré que dorénavant la doctrine devrait primer la diplomatie, de sorte que les contacts ne pourraient reprendre que lorsque les Romains renoueraient avec les grandes condamnations pontificales du libéralisme et du modernisme. Or, depuis 1988, qu’en est-il ? Menzingen prétend que Rome a changé pour le mieux, de sorte que les pièges ne sont plus des pièges ! Menzingen, attention ! Voilà que vous avez attrapé la « maladie mentale » des Romains, qui nie que la crise de l’Église soit une crise !

Kyrie eleison.

L’erreur de Menzingen – I

L’erreur de Menzingen – I posted in Les Commentaires Eleison on juillet 8, 2017

Certains de nos lecteurs n’apprécient peut-être pas de nous voir revenir régulièrement à ce qui peut leur sembler n’être que des « querelles de prêtres ». Mais que ces lecteurs veuillent bien se rappeler – ou apprendre – que seule l’Église catholique peut sauver les âmes et les conduire au Ciel pour l’éternité, alors que le diable, lui, est un agent hors pair pour les envoyer en enfer pour l’éternité. Dans la mesure où Notre-Seigneur se choisit des prêtres pour être les agents de son Église, le diable les attaque, et l’un des meilleurs moyens de les attaquer, c’est d’utiliser d’autres prêtres. C’est pourquoi on trouve sans peine nombre d’ecclésiastiques parmi les hérésiarques, tel l’évêque Nestorius, ou le moine augustin Martin Luther. Les « querelles de prêtres » sont sans importance uniquement si plus personne ne veut pas aller au paradis. Mais, dans ce cas-là, le diable a déjà gagné !

Donc examinons le document de 20 pages publié le 13 juin dernier par les prêtres de la Maison générale de la FSSPX à Menzingen, en Suisse. Ils tentent de se justifier d’avoir bien accueilli le document de la Rome conciliaire en date du 4 avril qui propose à la FSSPX de célébrer les mariages en collaboration plus ou moins étroite avec les prêtres conciliaires. Cette Lettre de Menzingen, faite pour donner des éclaircissements ou faire certaines mises au point concernant le mariage, est bien tournée et peut paraître convaincante, pourvu qu’on ne remarque pas les arguments spécieux qu’elle emploie. Mais les responsables actuels de la Fraternité à Menzingen souffrent d’une infirmité rédhibitoire leur faisant prendre les apparences conciliaires pour la substance catholique. Le texte de la « Lettre » reproche au Concile, à plusieurs reprises, ses errements sur des questions générales aussi bien que sur des points particuliers concernant le mariage, mais ce ne sont là que des mots, car, dans les faits, elle traite les conciliaires comme s’ils étaient des ecclésiastiques catholiques normaux, alors qu’il s’agit en réalité de modernistes, donc d’ecclésiastiques en dehors de toutes les normes de l’Église. Dans une Épître à Timothée, St Paul, parlant des faux docteurs des derniers temps, nous avertit qu’ils auront : « les dehors de la piété, tout en ayant renié ce qui en fait sa force » (II Tim. III, 5). Et il ajoute : «  Eux aussi, évite-les”.

Ainsi, toute la première partie de la Lettre rappelle que la présence de l’ordinaire du lieu, du curé ou de leur délégué comme témoin est nécessaire pour la validité du mariage catholique ; c’est la pratique classique de l’Église, inscrite dans le droit canon depuis le Concile de Trente. Qui le contestera ? Mais depuis Vatican II, l’application de cette loi est aux mains d’ecclésiastiques qui d’ordinaire ont du mariage catholique une vue plus qu’anormale. L’Église ne vit plus aujourd’hui en temps normal ! Se peut-il que Menzingen ne l’ait pas remarqué ? Ou bien préfère-t-il ne plus le remarquer ? Il a fallu plusieurs siècles au protestantisme pour briser l’influence que l’Église catholique exerçait sur le monde ; et quelques siècles de plus pour que le libéralisme parvienne à se frayer un chemin jusqu’au sommet de la hiérarchie de l’Église ; mais dès que Dieu, pour exercer sa justice, finit par permettre ce châtiment, ce fut les élections de Jean XXIII et de Paul VI qui eurent lieu, et ce fut la plus haute autorité de l’Église qui devint libérale. Depuis lors, il n’a jamais été aussi facile pour tous les sujets catholiques de cette autorité, de penser, le plus sincèrement du monde, qu’ils restent catholiques, alors même qu’ils détruisent l’Église.

En 1987, lorsque Mgr Lefebvre appelait « antichrists » certains prélats de l’église conciliaire (cf. la Lettre aux quatre futurs évêques ), il ne visait pas leur subjectivité et leur possible sincérité ; mais il attaquait fermement la nuisance dont ils faisaient objectivement preuve. En 2017, lorsque Menzingen met en exergue la normalité de la présence des prêtres conciliaires lors des mariages catholiques célébrés par la FSSPX, il prend pour argent comptant la sincérité de ces prêtres et ferme les yeux sur leur libéralisme destructeur. Mais de leur côté, les libéraux restent sur leurs positions, avec une conception du mariage facilitant les annulations, etc. Une fois qu’ils auront mis le pied dans la porte entrouverte pour les mariages traditionnels, qu’est-ce qui les empêchera, demain ou après-demain, de mettre en accord avec leurs idées “renouvelées” la loi traditionnelle du mariage catholique ? En fait, comment pourront-ils éviter, demain ou après-demain, d’appliquer en toute sincérité leurs propres convictions ?

Au long des décennies qui ont suivi Vatican II, au fur et à mesure que les catholiques ont compris ce qui se passait dans l’Église, ils sont devenus « traditionalistes » et se sont éloignés des autorités conciliaires. Sans pour autant manquer de courtoisie ni de respect, ils se sont éloignés afin de protéger leur foi et leur morale catholiques. Mais, voilà que maintenant Menzingen s’avance vers ces autorités et veut que tous les traditionalistes fassent de même ! Menzingen a oublié la célèbre citation de l’Énéide de Virgile : « Timeo Danaos et dona ferentes » Je crains les Grecs, même lorsqu’ils apportent des cadeaux. » Hélas ! Menzingen fait confiance aux Grecs !

Kyrie eleison.

Contexte du Mariage

Contexte du Mariage posted in Les Commentaires Eleison on juillet 1, 2017

De par le péché originel, le mariage d’un homme et d’une femme jusqu’à ce que la mort les sépare n’a rien de nécessairement facile mais, dès le début de la Création, tel était pourtant le dessein originel de Dieu, et tel est-il encore aujourd’hui. Toutefois, lorsqu’un décret divin a promulgué par l’intermédiaire de Moïse la loi de l’Ancien Testament, Dieu y a prévu le divorce « à cause de la dureté du cœur des hommes » (Mt. XIX, 7–8). Mais là n’était pas la façon dont le Seigneur avait conçu le mariage à l’origine. Si bien que, lorsqu’il institua la Loi Nouvelle, Il supprima le divorce en élevant le Mariage au rang d’un des sept sacrements conférant la grâce sanctifiante, faisant de lui un Mystère surnaturel afin que toutes les âmes entrant dans son Église pussent bénéficier de cette aide surnaturelle spéciale qui les aiderait à garder leurs mariages dans l’unité.

Qui plus est, l’homme et la femme ne sont pas seuls à être impliqués dans le mariage. La bonne éducation des enfants oblige certes les parents biologiques : ils doivent rester ensemble pour offrir un foyer uni et stable. Mais il y va aussi de la santé de la société qui, dans son ensemble, exige que des enfants sains puissent devenir des adultes sains. Quand on y réfléchit, si la chrétienté a pu atteindre des degrés de civilisation jamais dépassés, cela est dû, pour beaucoup, à la force du mariage catholique. En bonne logique, le diable attaque donc constamment le mariage, naturel et catholique, en tant que cela représente pour lui un grand moyen de détruire la chrétienté et d’envoyer toutes les âmes en enfer.

À notre époque, le déclin de la chrétienté par l’affaiblissement de l’Église a considérablement progressé avec Vatican II (1962–1965). Avant ce Concile, les annulations de mariages catholiques étaient strictement réglementées. A proprement parler, il n’y avait pas de divorce, parce qu’il fallait prouver devant les responsables de l’Église que, pour une raison sérieuse, le contrat de mariage avait été invalide dès l’origine ; ce qui revenait à dire qu’aucun mariage valide n’avait jamais eu lieu. Mais depuis le Concile, le laxisme a remplacé cette rigueur, à tel point que, dans certains pays, l’annulation d’un mariage, autrefois exceptionnelle, est devenu la règle par instauration d’un « divorce catholique ». Par conséquent, lorsque Monseigneur Lefebvre a fondé la Fraternité saint Pie X pour résister à la décadence consécutive à Vatican II, la Fraternité a évité ces annulations faciles faisant tout ce qu’elle pouvait par ailleurs pour aider les couples catholiques à forger un mariage durable malgré la société dissolvante d’aujourd’hui.

Hélas, les successeurs de Monseigneur Lefebvre, maintenant à la tête de la Fraternité, ont œuvré depuis 20 ans, en sous-main mais de manière opiniâtre, pour rejoindre l’église conciliaire en estompant la résistance de la Fraternité à Vatican II. Si bien que, il y a trois mois de cela, le pape a autorisé les évêques conciliaires à déléguer leurs prêtres conciliaires pour participer activement aux mariages célébrés au sein de la Fraternité. N’était-il pas manifeste que cette décision pontificale modifierait la procédure des mariages de la FSSPX ? Pourtant les dirigeants de la Néo-fraternité ont, pour leur part, accueilli cette décision comme un vrai cadeau venant de Rome, tandis que, d’autre part, sept doyens du District de France protestaient publiquement contre cette ingérence conciliaire de Rome dans la pratique catholique du mariage. Les dirigeants de la Fraternité ont immédiatement dégradé les sept protestataires et ont muté l’auteur du texte de leur protestation.

Ainsi fait rage la guerre entre libéralisme et catholicisme. On dit qu’au moins trois des sept protestataires restent publiquement sur leur position. En bref, comme l’écrit l’un d’entre eux, tout évêque conciliaire peut désormais envoyer un prêtre à un mariage de la Fraternité – et comment pourrait-on renvoyer un tel prêtre, quand la tête de la FSSPX l’accueille si favorablement ? Certes, il se pourra toujours qu’un évêque diocésain refuse un prêtre, mais ce ne serait là qu’un heureux accident, laissant intact le principe dangereux du droit de l’église conciliaire à interférer. Ou encore, il se pourra que l’évêque délègue un prêtre de la FSSPX, cela pouvant alors déboucher dans tel ou tel prieuré FSSPX sur des célébrations de mariages tantôt conciliaires, tantôt non conciliaires, avec des relations biaisées, si non contradictoires, entre les deux. Les principes du conciliarisme et du catholicisme ne peuvent ni se mélanger ni se concilier.

Kyrie eleison.

Défense du Mariage

Défense du Mariage posted in Les Commentaires Eleison on mai 27, 2017

Sans doute beaucoup d’entre vous connaissent-ils déjà la Lettre Ouverte des sept prêtres doyens de la Fraternité saint Pie X, lettre co-signée par les Supérieurs de trois autres c ongrégations de la Tradition. Tous les dix ont protesté il y a trois semaines contre une tentative des autorités romaines d’interférer dans les mariages célébrés dans la Tradition par les prêtres de la Fraternité. De manière symptomatique, les autorités de la Fraternité ont pris fait et cause pour la Rome conciliaire et punissent maintenant leurs sept prêtres pour “subversion”, alors que la vraie subversion vient de la Rome actuelle qui corrompt la doctrine de l’Eglise sur la famille et le mariage chrétiens : à preuve, l’Exhortation Apostolique Amoris Laetitia. Les dirigeants de la Fraternité donnent ainsi une preuve supplémentaire de leur aveuglement suicidaire. Voici l’essentiel de la Lettre, qui est bien rédigée.

Cette Lettre Ouverte s’adresse aux laïcs de la Fraternité afin que ceux-ci ne se troublent pas devant l’ingérence de Rome ; elle commence par établir que les mariages célébrés depuis 40 ans au sein de la FSSPX l’ont été et le sont encore tout à fait validement. En effet, le Concile de Trente, afin de fortifier le lien du mariage, a décrété que, pour être valide, la célébration catholique devait être effectuée devant un curé ou un délégué de l’Évêque du lieu. Cependant, dit l’ a ncien Code (Canon 1098), si pendant 30 jours on ne peut trouver sans « inconvénient grave » un tel prêtre, alors le couple peut se marier validement devant des témoins laïcs. C’est ce qu’on appelle la forme extraordinaire du mariage.

Or, voilà maintenant 40 ans que la Fraternité lutte contre le néo-modernisme de Vatican II, hautement contagieux et toxique pour la Foi : le mal, en se propageant depuis les années 1960, a maintenant infecté presque toute l’Église. C’est pourquoi la Fraternité a demandé aux âmes de rester à distance de l’église Novus Ordo comme de l’ensemble de son clergé. Dans l’exhortation apostolique Amoris Laetitia, le Pape lui-même ne fait-il pas des déclarations et des propositions portant directement atteinte à la famille et au mariage catholique ? Voilà « l’inconvénient grave » pour la Foi évoqué plus haut. Pour cette raison, depuis 40 ans, lorsque des couples ont voulu se marier, la Fraternité, voyant le danger pour la Foi, les a tenus à l’écart des prêtres Novus Ordo et les a orientés vers la forme extraordinaire du mariage, habituellement pratiquée au sein de la Fraternité, et certainement valide.

Cependant, comment la Rome néo-moderniste pourrait-elle voir un « grave inconvénient » dans le fait de s’exposer à ses prêtres néo-modernisants ? C’est pourquoi, dit la Commission Ecclesia Dei, la forme extraordinaire du mariage ne devra plus être utilisée par les prêtres de la Fraternité, marquant ainsi une étape supplémentaire de l’absorption de la Fraternité dans la Néo-église. Désormais, les mariages de la Fraternité devront être célébrés devant un prêtre Novus-Ordo, nommé ou délégué à cet effet par l’ordinaire du lieu, lui-même Novus Ordo ; faute de quoi les mariages de la Fraternité continueront à être jugés invalides par les autorités de la Néo-église.

Cela signifie que la forme extraordinaire du mariage sera soumise au contrôle de l’Évêque local. Mais, on sait que les rédacteurs du nouveau Code de droit canon (1983) ont dû admettre, après en avoir âprement discuté, qu’une telle mesure heurtait vraiment trop le droit naturel des couples, si bien que ce nouveau Code, dans Canon 1116, maintient la forme extraordinaire. C’est pourquoi les dix prêtres signataires de la Lettre Ouverte concluent qu’ils continueront à utiliser la forme extraordinaire, sans recourir à un évêque de la Néo-église. Ils ajoutent qu’ils ne comptent pas non plus recourir aux tribunaux de la Néo-église pour juger des affaires de mariage, ces tribunaux accordant trop facilement des annulations pour des raisons contestables. Les dix prêtres signataires de la Lettre Ouverte doivent donc être félicités !

Mais comment la Fraternité a-t-elle réagi ? Le document de la Commission Ecclesia Dei traitant des mariages de la FSSPX, publié le 4 avril, crachait virtuellement sur la Fraternité. Mais le siège de la Fraternité à Menzingen accueillit immédiatement le texte comme un cadeau du ciel. Le 7 mai, les dix prêtres rendaient publique leur protestation contre l’ingérence de la Commission Ecclesia Dei. Le même jour, le Supérieur du District de France de la Fraternité qualifiait leur protestation d’acte « subversif » et, le 10 mai, il signifiait aux sept prêtres de la Fraternité signataires de la Lettre Ouverte, qu’ils étaient relevés de leur fonction de Doyen ; il donnait par ailleurs trois jours pour déguerpir à l’abbé de la Rocque, curé de saint Nicolas du Chardonnet, paroisse phare de la Fraternité à Paris.

Cette méthode de management montre bien que la Fraternité est en train de couler. Mais, par ailleurs, la Lettre Ouverte prouve qu’elle n’est pas encore complètement coulée.

Kyrie eleison.

Deux Voyages

Deux Voyages posted in Les Commentaires Eleison on janvier 19, 2013

Deux voyages entrepris depuis la mi-décembre, en Amérique du Nord et en France, m’ont permis d’observer dans la Fraternité Saint Pie X une indétermination dangereuse. Là où le Supérieur de District n’est pas aveugle, le danger est pour le moment quelque peu retardé, de telle sorte que la résistance se trouve dans un état d’attente. Cependant, là où le Supérieur de District est un serviteur volontaire du quartier général de la FSPX, alors le mouvement vers la Nouvelle Église va de l’avant, mais aussi la Résistance prend forme. Quel est l’enjeu ?

Depuis la cassure de la chrétienté par le Protestantisme, le monde s’est trouvé entraîné sur une pente qui l’éloigne de plus en plus de Dieu. Grâce au Concile de Trente (1545–1563), l’Église catholique a tenu ferme, mais suivant le Concile Vatican II (1962–1965), l’Église catholique officielle a rejoint la pente. Alors, surtout (mais pas seulement !) grâce à Mgr.Lefebvre (1905–1991), quelques restes de l’Église de Trente se rassemblèrent pour former au milieu du désert de la modernité un oasis catholique, la FSPX. Mais là où la puissante Église universelle n’avait pas été capable de résister, on pouvait se douter que ce n’était qu’une question de temps avant que la frêle FSPX ne fust tentée à son tour de la rejoindre sur la pente.

Cependant, tout comme lors de Vatican II les dirigeants de l’Église officielle se virent obligés de prétendre qu’Elle n’était pas en rupture avec l’Église Tridentine (voilà, par exemple, ce que nous observons dans l’« herméneutique de la continuité » de Benoît XVI), de même les dirigeants de la FSPX officielle se voient maintenant obligés de prétendre qu’ils ne sont pas en rupture avec Mgr. Lefebvre. Ce qui fait que, tout comme la plupart des politiciens des cinq derniers siècles, ces leaders de la FSPX parlent à droite tandis qu’ils marchent à gauche, parce que c’est ce que beaucoup de peuples désirent, à savoir, l’apparence de la chrétienté sans sa substance (cf. II Tim.III,1–5, en particulier le verset 5). Comme Descartes, de tels leaders « avancent masqués », essayant de déguiser leur mouvement vers la gauche sous des paroles vers la droite, ou des paroles nettement ambigües.

Ce qui est arrivé dans la FSPX au printemps dernier, comme le dit l’Abbé Chazal, c’est que le masque est tombé, parce que la direction de la FSPX devait avoir calculé que le temps était venu pour elle de promouvoir en plein jour son retour dans le courant majoritaire de l’Église. Hélas pour ces leaders, il y apparut à ce moment là entre mars et juin assez de résistance pour bloquer le Chapitre Général de la FSPX du mois de juillet dans tout éventuel essai à ce moment-là de rejoindre la Nouvelle Église. Mais à partir du Chapitre le masque fut de nouveau mis en place, car les libéraux ne se convertissent pas, à moins d’un miracle de la grâce, la gauche étant pour eux leur véritable religion. C’est pourquoi les leaders de la FSPX sont sûrement dans l’attente pour que les choses murissent, pour que le monde moderne, la chair et le diable continuent leur œuvre normale d’attirer les prêtres et les fidèles de la FSPX vers la gauche. Comme cela, d’ici quelques années au plus, il n’y aura plus de résistance comme celle de l’été dernier pour empêcher que la FSPX ne rejoigne la Nouvelle Église.

Ceci laisse la FSPX au milieu du gué. Cependant, ainsi qu’avec son bon sens Mgr. Lefebvre le soulignait, ce sont les supérieurs qui façonnent les inférieurs et non l’inverse. C’est pourquoi, à moins d’un miracle qui éloigne les leaders actuels de la FSPX, elle est condamnée à se dissoudre dans la Nouvelle Église. Un tel châtiment n’aurait pas été volé. Mais prions la Mère de Dieu pour qu’elle obtienne un miracle de la miséricorde de son Divin Fils.

Kyrie eleison.