Les Commentaires Eleison

Poussée a Dérailler

Poussée a Dérailler on juin 25, 2016

Bon nombre de Catholiques qui aiment l’Église et qui comprennent tout ce que pourrait et devrait faire pour elle la Fraternité St Pie X, ont été encouragés par des paroles récentes d’un de ses évêques. Ils ont dû penser que celle-ci peut encore être retenue du bord même d’un accord qui la ferait se soumettre au contrôle d’ennemis de l’Église parmi les pires (objectivement) de toute son histoire – les officiels néo-modernistes de la Rome actuelle. En effet, Mgr. de Galarreta a dit beaucoup de bonnes choses dans son sermon du 3 juin aux dernières Ordinations sacerdotales célébrées à Winona, Minnesota (avant son déplacement en Virginie), mais aucun ami de la Foi catholique ne devrait mettre trop d’espoir dans ces paroles.

Monseigneur a commencé en liant le sacerdoce catholique à Notre Seigneur Jésus Christ comme l’unique Voie, Vérité et Vie. Mais aujourd’hui, dit-il, il y a dans l’Église un relativisme doctrinal qui ouvre la porte à un relativisme en matière de morale, comme les scandales suscités par le Synode récent tenu à Rome, ne fût-ce que par sa seule considération de la Sainte Communion à donner aux divorcés et « remariés ». Monseigneur a dit que ces scandales ont pour racine Vatican II, et il a fustigé le Concile comme arbre mauvais dont ils ne sont que le mauvais fruit logique. Or Mgr. Pozzo avait suscité il y a plusieurs semaines des espérances que pour arriver à se faire reconnaître officiellement par Rome, la FSSPX n’aurait plus besoin d’accepter le Concile, mais Monseigneur a rappelé – correctement – que le Pape et le Cardinal Mueller depuis lors ont tous les deux ruiné de telles espérances, en affirmant clairement que leur reconnaissance de la FSSPX exigerait toujours l’acceptation par elle du Concile.

Monseigneur a conclu, «  Donc il est clair aussi que le combat (de la Fraternité) continue. Comme notre Supérieur Général, Mgr. Fellay, l’a dit, si nous avons à choisir entre la Foi et une compromission, le choix est déjà fait – pas de compromission. » Paroles de combat, mais Monseigneur a ajouté tout de suite une échappatoire possible du genre que nous lui connaissons, en disant, « Dieu peut certainement changer les circonstances et nous mettre dans une situation différente, et voilà ce que nous espérons tous. » Car des « circonstances changées » ne pourraient-elles pas inclure une entente astucieuse agréable à Rome comme au Supérieur Général, et donc que celui-ci accepterait ? (Et il n’aura servi à rien à Monseigneur de citer juste avant ces paroles du Supérieur Général lui-même qui contredisent sa propre politique, car celui-ci n’en est guère à une contradiction près.)

Ce qui suggère fortement d’ailleurs que de fait ces paroles de combat ne correspondent pas aux intentions du Supérieur Général, c’est la rapidité avec laquelle le texte qui les contenait a été enlevé à l’Internet juste après y avoir été mis en ligne au site officiel de la Fraternité aux USA. En effet, quel officiel de rang inférieur de la Fraternité aurait donné un tel ordre qui équivaut au désaveu d’un de ses propres évêques ? Ce soupçon est plutôt confirmé par une conférence donnée le 3 juin par le Numéro Deux de la Fraternité aux paroissiens de l’église de la Fraternité à Houston, Texas, et nullement désavouée depuis par Menzingen.

L’abbé Pfluger a dit qu’il n’y a aucun mal à rejoindre Rome (illusion) ; que la Fraternité y entrera telle qu’elle est (illusion) ; qu’il faut évoluer avec le passage du temps, et que le temps est enfin venu de rejoindre Rome (illusion) ; que Mgr. Lefebvre s’est contredit lui aussi en son temps (illusion – voir ce « Commentaire » de la semaine passée) ; et finalement que c’est le moment de faire confiance à Mgr Fellay (après toutes ses « inexactitudes terminologiques », etc. ? – quelle illusion !). Mais le Numéro Deux de la Fraternité est le bienvenu pour dire de telles énormités, parce qu’elles s’alignent parfaitement sur la poussée, à la tête même de la Fraternité, de se mettre sous le pouvoir des néo-modernistes à Rome.

Bref, chers lecteurs, pour tout le bien que la vraie Fraternité pourrait et devrait faire pour l’Église Universelle, priez de toute façon pour un miracle qui déraille cette poussée vers Rome, et ne vous privez pas d’exercer toute pression possible sur les Supérieurs qui doivent participer à la réunion imminente en Suisse. Ce ne serait pas encore un Chapitre Général, mais la réunion préparatoire qui chambrerait les participants pour le Chapitre fatal. Que les Supérieurs s’y fassent les instruments de Dieu pour dérailler cette poussée.

Kyrie eleison.

L’ « Antisémitisme » Trompeur.

L’ « Antisémitisme » Trompeur. on juin 18, 2016

Il y a des mots insidieux qui semblent vouloir dire une chose mais dont on profite pour en faire dire une tout autre. L’un des mots les plus insidieux qui soit est « antisémitisme ». Le vocable semble suggérer une opposition à tous les Juifs purement et simplement parce qu’ils sont Juifs, et dans ce sens il condamne avec raison quelque chose de mauvais, car certains Juifs sont malfaisants, mais certainement pas tous. D’un autre côté, il est souvent utilisé pour condamner absolument toute opposition à tout ce que font tous les Juifs, et dans ce cas le vocable condamne à tort quelque chose de bien, car chaque fois que les Juifs font quelque chose de mauvais, il est bon de s’opposer à eux. Mais les Juifs font-ils jamais quelque chose de mauvais ? Bien sûr que oui. C’est eux qui ont créé l’Islam pour les Arabes, la Franc-maçonnerie pour les Gentils et le Communisme pour le monde moderne, et toutes ces trois malédictions pas pour autre chose que pour combattre Jésus-Christ et la chrétienté, et pour envoyer ainsi beaucoup d’âmes en Enfer.

Un livre que tout Catholique devrait lire qui veut défendre l’Église contre l’Islam, la Franc-maçonnerie et le Communisme, aujourd’hui le Globalisme, c’est Le complot contre l’Église de Maurice Pinay . Le livre fut écrit juste avant Vatican II pour être remis entre les mains de tous les Pères du Concile, afin de les avertir du grand danger qui menaçait l’Église au Concile. En effet. Les Pères du Concile finirent par louer l’Islam ( Unitatis Redintegratio ), adopter les principes maçonniques ( Dignitatis Humanæ ) et ne jamais mentionner, encore moins condamner, le système diabolique du Communisme. Voici comment, dans son chapitre « Antisémitisme et Christianisme », Maurice Pinay montre la perfidie du vocable « antisémitisme » :—

Depuis des temps immémoriaux les Juifs utilisent des mots vagues avec une variété de significations, écrit Pinay, pour piéger les esprits des Gentils et les empêcher de se défendre contre l’avance juive vers la domination du monde dans cette guerre de 2000 ans contre la chrétienté qu’il documente minutieusement à travers son livre. Aussi dans une première étape cherchent-ils à pousser les Gentils à condamner « l’antisémitisme » dans le sens premier présenté ci-dessus, comme opposition à tout ce qui est Juif, par trois arguments : premièrement, le Christ, en établissant l’égalité de tous les hommes devant Dieu, a condamné une telle dégradation de toute une race ; deuxièmement, le Christ a dit à tous les hommes de « s’aimer les uns les autres » ; troisièmement, le Christ et sa Mère étaient Juifs tous les deux.

Mais dans une deuxième étape, une fois obtenue la condamnation par les Gentils d’un vague « antisémitisme », les Juifs attribuent au vocable une signification bien différente, le deuxième sens ci-dessus, à savoir l’opposition à tout ce que font les Juifs. Ainsi deviennent « antisémites » : tous les patriotes exerçant leur droit d’auto-défense à l’encontre de la subversion juive de leur nation ; tous les défenseurs de la famille contre les erreurs et les vices de toute sorte fomentés par les Juifs pour la dissoudre (par exemple la pornographie et l’avortement) ; tous les Catholiques défendant leur sainte religion contre toute forme de corruption ouvertement ou secrètement promue par les Juifs pour la miner ; tous les diseurs de vérité démasquant les Juifs comme étant à l’origine de la Franc-maçonnerie et du Communisme (aujourd’hui Globalisme et féminisme, etc.) ; et enfin tous ceux en général qui s’opposent à la subversion juive de l’Église et de la civilisation chrétienne. Et par leur contrôle de la politique, de la finance, des films et surtout par leurs medias, les Juifs ont réussi à donner une charge électrique à ce petit vocable « antisémite », suffisante pour électrocuter quiconque il touche.

Mais à qui la faute de leur avoir permis de contrôler la politique et la finance ? Et qui a permis leur monopolie virtuelle de l’industrie du film et les medias ? Et qui croit qu’il est génial d’avoir éliminé toute censure, pour coopérer maintenant avec eux pour établir leur propre censure de l’internet ? Dans chaque cas ce sont les non-juifs qui de par leur libéralisme même se font actuellement les esclaves, minute par minute, du Nouvel Ordre Mondial des mêmes gens. Docteur, guérissez-vous vous-même ! Qui lit leurs journaux ou regarde leurs programmes à la télévision n’a qu’à s’en prendre à lui-même s’ils s’emparent de son esprit et de sa civilisation.

Catholiques, lisez Le complot contre l’Église. Si quelqu’un est accusé d’être « antisémite », il est fort possible qu’il ait raison d’en être fier.

Kyrie eleison.

L’objectif de L’archevêque.

L’objectif de L’archevêque. on juin 11, 2016

Dans ce mois fatidique pour la Fraternité Saint Pie X – juin 2016 –, où on entend que quelque trente Supérieurs vont se rencontrer pour décider s’ils acceptent ou non la dernière offre de reconnaissance officielle de la part de Rome, c’est sûrement un bon moment pour corriger quelques incompréhensions quant aux intentions de son fondateur, feu Monseigneur Marcel Lefebvre (1905–1991). Certains disent que son parcours était instable, qu’il « zigzaguait », déviant d’un côté et puis de l’autre. D’autres soutiennent qu’il cherchait par-dessus tout une reconnaissance de Rome pour sa Fraternité. Sans vouloir prétendre qu’il était infaillible, il faut rappeler à cette Fraternité oublieuse ce qu’il visait surtout : les deux erreurs sont à corriger par la même observation, à savoir que sa motivation de fond était de rendre gloire à Dieu et de sauver les âmes en servant la seule véritable Église de Dieu, en y défendant la Foi, et d’y défendre la Foi en fondant la Fraternité Saint Pie-X pour former des prêtres qui sauvegarderaient la doctrine, les sacrements et la Messe de la Tradition catholique.

Or, le grand obstacle sur le chemin de Monseigneur fut les hommes d’Église de Vatican II, dont la grande priorité était (et demeure) de plaire non pas à Dieu mais à l’homme moderne, lequel s’est éloigné fort loin de Dieu. Donc alors comme maintenant, ils se détournèrent de Dieu (à tout le moins objectivement ; subjectivement, Dieu le sait), et cherchèrent à changer l’Église de Dieu et sa Foi, sa doctrine, ses sacrements et sa Messe par un « renouveau » humaniste.

Dégoûté ou désespéré, Monseigneur aurait pu s’éloigner avec sa Fraternité en laissant périr ces hommes d’Église avec leur révolution Conciliaire. Mais d’abord, à partir de la visite romaine à Écône en 1974, ils le poursuivirent avec son œuvre, car ils ne pouvaient la laisser montrer leur perversité. Ils ne pouvaient se permettre de le laisser en paix. Et ensuite, s’il pouvait faire quoi que ce fût pour apporter la Tradition aux Romains et pour ramener les Romains à la Tradition, par eux l’Église dans le monde entier en aurait bénéficié et pas seulement sa petite Fraternité. En effet, aussi égarés fussent-ils, ils occupaient toujours « le siège de Moïse » (cf. S. Mt. XXIII, 2), et ainsi à partir de 1975, Monseigneur fit des visites fréquentes à Rome jusqu’à ce que leur prévarication de 1988 sur l’octroi d’un deuxième Évêque pour la Fraternité prouva une fois pour toutes que ses mots ne les intéressaient plus, mais seulement ses actes.

Or, « Stat Crux dum Volvitur Orbis », la Croix est immobile alors que le monde entier est en révolution. Ancré dans la Tradition, Monseigneur ne bougeait pas dans le fond, mais il avait affaire à des hommes d’Église et une situation de l’Église qui avaient quitté cet ancrage et étaient dorénavant à la dérive. Ainsi s’ils dérivaient à gauche, il mettait la barre à droite, tandis que s’ils semblaient revenir à droite (comme à la fin de 1987 et au début de 1988), il la mettait à gauche (e.g. dans le Protocole du 5 mai 1988), mais c’était toujours leur déviation, ou la situation qui évoluait (e.g. la détérioration de la Messe Novus Ordo), qui déterminait son « zigzag », et pas le contraire. Son objectif à lui restait ferme – la défense de la Foi.

Pour cette même raison, une fois que la prévarication des hommes d’Église était devenue évidente sans l’ombre d’un doute ce même 5 mai 1988, après une nuit de réflexion il renonça le 6 mai au Protocole qui aurait pu obtenir la reconnaissance officielle de Rome pour la Fraternité, et il coupa toute relation diplomatique, pas pour sauver sa Fraternité mais surtout pour protéger la Tradition catholique pour toute l’Église. La doctrine devait désormais l’emporter sur la diplomatie, et donc jusqu’à sa mort deux ans et demi plus tard, tout en se comportant avec respect envers les officiels de l’Église qu’il avait qualifiés « d’antéchrists », il déclarait que la Foi devait passer en premier sous la forme doctrinale des encycliques anti-libérales et antimodernes des Papes préconciliaires. Par sa fidélité à la doctrine de l’Église, c’était lui qui était au volant, et les Romains le savaient. Quel contraste avec ses successeurs à la tête de la Fraternité, léchant les bottes de ces traîtres à la doctrine et à la Tradition de l’Église pour ne se faire qu’ humilier ! Puissent ces successeurs de feu Monseigneur relire ce qui était en effet son message d’adieu à leur égard, du 6 septembre 1990.

Kyrie eleison.

L’église Abandonnée ?

L’église Abandonnée ? on juin 4, 2016

Au fur et à mesure que le chaos augmente dans presque tout et tous ceux qui nous entourent aujourd’hui, et qu’à l’intérieur de l’Église il semble que tous se battent contre tous, il est rassurant de constater que le Psalmiste d’il y a peut-être trois mille ans, dans une détresse semblable, suppliait Dieu de combattre les ennemis de son peuple qui en étaient la cause. Alors, comme maintenant, ils s’élevaient dans leur fierté contre Dieu, leur fierté « croît toujours », ils font de leur mieux pour détruire son Temple et sa religion, et il semble leur avoir permis une grande réussite. Voici le Psaume LXXIII (LXXIV), avec de petites notes explicatives en italique :

A. Comment Dieu permet-Il le triomphe de ses ennemis contre Sa propre Église ?

[1] Pourquoi, ô Dieu, nous avez-vous rejetés pour toujours ? Pourquoi votre colère est-elle allumée contre le troupeau de votre pâturage ? [2] Souvenez-vous de votre peuple ( l’Église catholique ) que vous avez acquis aux jours anciens, que vous avez racheté pour être la tribu de votre héritage ! Souvenez-vous de votre montagne de Sion ( l’Église catholique ) où vous avez fait votre résidence ; [3] portez vos pas vers ces ruines irréparables ; l’ennemi ( les ennemis de Dieu ) a tout ravagé dans le sanctuaire. [4] Vos adversaires ont rugi au milieu de vos saints parvis ; ils ont établi pour emblèmes leurs emblèmes. [5] On les a vus ( ignorants de la sainteté de Dieu ), pareils au bûcheron, qui lève la cognée dans une épaisse forêt. [6] Et maintenant, toutes les sculptures ensemble, ils les ont brisées à coups de hache et de marteau ( Vatican II ). [7] Ils ont livré au feu votre sanctuaire ; ils ont abattu et profané la demeure de votre nom ( l’Église catholique ). [8] Ils disaient dans leur cœur, tous ensemble : « Détruisons toutes les fêtes ! » ( la liturgie catholique ). Ils ont brûlé dans le pays tous les lieux saints ( l’Église catholique ). [9] Nous ne voyons plus nos signes ; il n’y a plus de prophète, et Il ne nous connaît plus ( Dieu nous a abandonnés. Nous sommes livrés à nous-mêmes ). [10] Jusques à quand, ô Dieu, l’oppresseur insultera-t-il, l’ennemi blasphémera-t-il sans cesse votre nom ? [11] Pourquoi retirez-vous votre main et votre droite ? Tirez-la de votre sein et détruisez-les !

B. Mais Dieu est le Maître de la délivrance, de l’histoire et de la Nature.

[12] Pourtant Dieu est mon roi dès les temps anciens, lui qui a opéré tant de délivrances sur la terre.

[13] C’est vous qui avez divisé la mer ( la Mer Rouge ) par votre puissance, vous qui avez brisé la tête des monstres ( les Égyptiens ) dans les eaux. [14] C’est vous qui avez écrasé les têtes de Léviathan ( le roi d’Égypte ), et l’avez donné en pâture au peuple du désert. [15] C’est vous qui avez fait jaillir la source et le torrent, vous qui avez mis à sec les fleuves (e.g. Jos. III ) qui ne tarissent pas. [16] A vous est le jour, à vous est la nuit ; c’est vous qui avez créé la lune et le soleil. [17] C’est vous qui avez fixé toutes les limites de la terre ; l’été et l’hiver, c’est vous qui les avez établis.

C. Ô Dieu, n’oubliez pas vos humbles serviteurs et écrasez vos fiers ennemis.

[18] Souvenez-vous : l’ennemi insulte Yahweh, un peuple insensé blasphème votre nom ! [19] Ne livrez pas aux bêtes l’âme de votre tourterelle, n’oubliez pas pour toujours la vie de vos pauvres. [20] Prenez garde à votre alliance ( le Nouveau Testament ) ! Car tous les coins du pays sont pleins de repaires de violence. [21] Que l’opprimé ne s’en retourne pas confus, que le malheureux et le pauvre puissent bénir votre nom ! [22] Levez-vous, ô Dieu, prenez en main votre cause ; souvenez-vous des outrages que vous adresse chaque jour l’insensé. [23] N’oubliez pas les clameurs de vos adversaires, l’insolence toujours croissante de ceux qui vous haïssent.

Kyrie eleison.

Illusions D’une « Normalisation »

Illusions D’une « Normalisation » on mai 28, 2016

Que tous les Supérieurs de la FSSPX prenant part à leur prochaine réunion pour considérer la dernière offre de Rome vers une réconciliation réfléchissent bien sur les commentaires de M. l’Abbé Girouard à propos de la récente déclaration de M. l’abbé Schmidberger (voyez CE 457) :

A) Au paragraphe IV, M. l’abbé Schmidberger dit que Mgr Lefebvre cherchait une reconnaissance même après les Consécrations de 1988. Il omet de mentionner que Son Excellence y avait mis des conditions : le retour total de Rome aux documents anti-libéraux et antimodernistes des Papes traditionnels. Le même paragraphe affirme que la Fraternité ne cherchait pas un rapprochement avec Rome ; c’est Rome qui l’aurait abordé en 2000. M. l’abbé omet de mentionner que les rencontres du GREC cherchant à « normaliser » la Fraternité commencèrent en 1997, avec la bénédiction de Mgr Fellay.

B) Au paragraphe V, la lettre stipule que Rome a grandement réduit ses exigences pour une normalisation et donc le moment est venu pour nous de les accepter. M. l’Abbé ne comprend pas que la réduction des demandes de la part de Rome s’explique : 1- par le fait que la Fraternité s’est déjà bien refondue de manière à se rendre bien plus agréable aux yeux de Rome ; 2- que Rome sait pertinemment bien que dès la « normalisation » de la Fraternité c’est tout naturellement qu’elle se rendra bien plus libérale encore.

C) Au paragraphe VI (en réponse aux Objections), #3, M. l’abbé dit que la Fraternité ne va pas se taire après la normalisation. En réalité, la Fraternité se tait déjà ! Et elle se tait depuis des années ! Les réactions de la Fraternité à Assise 3, aux Journées Mondiales de la Jeunesse, à la « béatification » voire « canonisation » des Papes Jean XXIII, Jean-Paul II et Paul VI, aux Synodes sur la Famille et à la dernière Encyclique du Pape François ( Amoris Lætitia ), et à bien d’autres scandales – ces réactions n’ont été rien d’autre que de bien faibles remontrances. Le cas sera donc bien pire après la normalisation quand la Fraternité aura peur de perdre ce qu’elle a acquis avec tant de peine.

D) Au paragraphe VI, #4, M. l’abbé dit que nous devons nous rendre le plus utiles possible à l’Église, ce qui exige la normalisation pour que nous puissions depuis l’intérieur rendre l’Église meilleure. Je réponds comme ci-dessus – voir B) et C) : une fois absorbée au sein de la structure officielle moderniste, la Fraternité, dont le « grain de sel » a déjà perdu sa saveur, succombera aux mauvaises influences, et son message et son action auront de moins en moins d’impact.

E) Au paragraphe VI, #5, M. l’abbé dit que la question de fond, c’est : « Qui va convertir qui ? » Et il continue qu’il faut être forts, et que dès que nous serons à l’intérieur c’est nous qui convertirons les modernistes. Voilà le même genre de raisonnement que celui qui ferait louer une chambre dans un bordel pour y convertir les prostituées et leurs clients ! C’est un péché de présomption.

F) Au paragraphe VI, #6, M. l’abbé dit que nous ne serons pas exposés aux mêmes problèmes et aux mêmes tentations que les autres communautés traditionnelles qui se sont ralliées à Rome pour ensuite trahir le combat, car, souvent avec un sentiment de culpabilité, ce sont ces communautés qui ont entamé le processus alors que dans le cas de la Fraternité, c’est Rome qui l’a commencé en 2000. Je réponds comme ci-dessus – voir A) : c’est le GREC qui a commencé le processus en 1997, avec la bénédiction de Mgr Fellay.

G) Au paragraphe VII (conclusion), M. l’abbé dit qu’il ne faut pas avoir peur car la Fraternité a été consacrée à la Bienheureuse Vierge Marie et elle nous protégera. Il omet de mentionner toutes ces Congrégations et ces gens bel et bien consacrés à la Vierge qui ont dépéri depuis Vatican II ! Que l’on pense seulement aux Oblates de Marie Immaculée, aux Servites de Marie et a tant d’autres ! La Bienheureuse Vierge Marie n’aidera jamais ceux qui se mettent eux-mêmes volontairement dans une occasion de péché et de destruction ! Croire le contraire, c’est se moquer d’Elle et de Dieu ! Une fois de plus, il s’agit d’un péché de présomption ! Ce n’est pas là la meilleure façon de travailler à la conversion de Rome et à la reconstruction de l’Église, c’est le moins qu’on puisse dire !

Bref, une fois la Fraternité « normalisée », il ne restera qu’à dire, « Que la Fraternité FSSPX repose en paix, et que Dieu ait pitié de nous ! »

Kyrie eleison.

Des Sentiments Doctrinaux.

Des Sentiments Doctrinaux. on mai 21, 2016

Le Commentaire de la semaine dernière (CE 461) n’aura pas été du goût de tout le monde. Les lecteurs ont pu deviner que l’auteur anonyme de la longue citation était du même sexe que sainte Thérèse d’Avila, également citée (« souffrir ou mourir ») et que sainte Marie Madeleine de Pazzi (« souffrir et ne pas mourir »), car la citation anonyme a pu sembler excessivement émotionnelle. Mais le contraste avec les sentiments du Pape Benoît XVI cités la semaine d’avant (CE 460) était délibéré. Là où le texte de l’homme montre des sentiments gouvernant la doctrine, celui de la femme montre la doctrine qui gouverne les sentiments. Mieux vaut, de toute évidence, la femme qui met Dieu en premier, comme le Christ dans le jardin de Gethsémané («  Père, que ce calice s’éloigne de moi, mais non pas ma volonté  . . . »), que l’homme qui en mettant les sentiments en premier change la doctrine et la religion catholiques dans la religion Conciliaire.

Ce contraste surprenant nous montre que la primauté de Dieu signifie que la doctrine vient en premier, alors que la primauté des sentiments signifie que l’homme passe avant Dieu. Or, la vie n’est pas pour éviter la souffrance mais pour aller au Ciel. Alors si je ne crois plus en Dieu et adore Mammon à sa place (Mt. VI, 24), je croirai que la mort met fin à tout, et j’achèterai des médicaments de plus en plus chers pour éviter la souffrance de cette vie, car il n’y a pas de vie après la mort. Ainsi, les « démocraties » occidentales créent l’un après l’autre un État providence qui fait banqueroute, car la voie la plus sûre pour un politicien « démocrate » d’être élu ou non c’est de prendre position pour ou contre un système de santé gratuit. Le soin du corps est tout ce qui reste dans la vie de beaucoup des hommes sans Dieu. Ainsi, l’impiété ruine l’État : « À moins que Dieu ne construise la maison, ils labourent en vain ceux qui la bâtissent » (Ps. CXXVI, 1). Par contre, « Heureux le peuple dont Dieu est le Seigneur » (Ps. CXLIII, 15). La religion gouverne la politique comme elle gouverne l’économie, toute fausse religion pour leur malheur, la vraie religion pour leur vrai bonheur.

Selon son entrevue d’octobre (CE 459), Benoît XVI pourrait rétorquer : « Bien, mais à quoi sert une religion en laquelle croient de moins en moins de gens ? Sur l’homme moderne, la religion catholique a perdu son emprise. La doctrine d’hier a pu être aussi vraie que possible, mais à quoi sert-elle si elle ne parle plus à l’homme tel qu’il est aujourd’hui, et là où il se trouve aujourd’hui ? La doctrine est pour les âmes, mais comment parler à l’homme contemporain de la souffrance rédemptrice ou de la Rédemption lorsque la souffrance n’a plus aucun sens pour lui ? Le Concile était absolument nécessaire pour donner à la doctrine une forme intelligible pour l’homme tel qu’il est aujourd’hui ».

Et à cette position, implicite dans l’entrevue de Benoît XVI, voici ce que l’on pourrait répondre : « Votre Sainteté, la doctrine est pour les âmes, oui, mais pour les sauver de la punition éternelle et non pour les y préparer. La doctrine consiste en mots, les mots expriment des concepts, les concepts viennent en fin de compte de choses réelles que l’on conçoit. Votre Sainteté, est-ce que Dieu, l’âme immortelle de l’homme, la mort, le Jugement et l’inévitabilité du salut ou de la damnation éternels sont des réalités hors de mon esprit ? Et si elles sont des réalités indépendantes de moi-même, y en a-t-il une seule qui ait changé dans les temps modernes ? Et si elles n’ont pas du tout changé, alors les doctrines qui les expriment ne signifient-elles pas aussi, avec la doctrine du péché originel, qu’il y a un danger réel pour tout homme vivant de tomber en Enfer ? Auquel cas, aussi déplaisantes que ces réalités puissent paraître, quel service possible rendrai-je à mes semblables en changeant les doctrines pour qu’elles semblent plus plaisantes, si je déguise ainsi le danger éternel au lieu de les en avertir ? De quelle importance sont ses sentiments en comparaison avec l’importance pour lui de saisir et d’assimiler les vraies doctrines pour qu’il finisse dans la joie du paradis et non pas dans les tourments de l’enfer – pour toute éternité  ?

Mais dans notre monde apostat, la masse des hommes ne veulent entendre que des fables (II Tim. IV, 4) pour mettre des coussins sous leurs péchés. Le résultat est que pour garder l’équilibre de l’univers moral, il doit y avoir un nombre d’âmes mystiques, connues de Dieu seul, qui prennent sur elles une souffrance aiguë pour le Christ et pour autrui, et il y a fort à croire que la plupart d’entre elles sont des femmes.

Kyrie eleison.