Les Commentaires Eleison

L’infaillibilité de L’église

L’infaillibilité de <u>L’église</u> on septembre 17, 2016

De la terre au Ciel montent les problèmes. Du Ciel à la terre descendent les solutions. Pour maint problème catholique, il suffit de l’élever en haut pour entamer sa solution. Un exemple classique est celui des Papes conciliaires, un problème auquel depuis 2013 nous faisons face comme jamais auparavant, au moins si brutalement. De toute façon il s’agit d’un mystère, mais si nous ne montons pas assez haut, nous succomberons à l’une ou l’autre de deux tentations classiques : soit il est Pape et alors je dois obéir, soit je ne puis obéir et donc il n’est pas Pape. Mais si je monte de l’humanité du Pape à la divinité de l’Église, je me rends compte que la soi-disant infaillibilité papale est plutôt l’infaillibilité de l’Église, ce qui laisse bien plus de place pour que ce Pape-ci ou ce Pape-là, ou même tout une série de Papes, soit moins que satisfaisant. Allons directement à la définition de l’infaillibilité papale de 1870, définition elle-même infaillible. Voici le texte, orné de quelques mots en gras et de quelques chiffres :—

Nous enseignons et déclarons que cela est un Dogme divinement révélé que le Souverain Pontife, lorsqu’Il parle ex cathedra , c’est-à-dire lorsqu’Il remplit sa charge de pasteur et de docteur de tous les chrétiens, et 1 . en vertu de sa suprême autorité apostolique, 2 . définit 3 . une doctrine concernant la Foi ou les Mœurs, 4 . qui doit être tenue par toute l’Église, en vertu de l’assistance divine qui lui a été promise en la personne de saint Pierre, il jouit de cette infaillibilité dont le divin Rédempteur a voulu que fût pourvue son Église lorsqu’elle définit la doctrine sur la Foi et les Mœurs, et que par conséquent ces définitions du Pontife romain sont irréformables par elles-mêmes et non en vertu du consentement de l’Église. – Concile Vatican I, Sess. IV, Const. De Eccelia Christi, Chapitre iv.

Dans ce texte, on voit clairement les quatre conditions célèbres pour qu’un Pape parle de manière infaillible, mais on voit aussi, tout de suite après, les deux mots en gras qu’on ne semble pas souvent remarquer, mais qui montrent très clairement d’où provient l’infaillibilité papale : elle ne vient pas de lui mais de l’Église. Utilisons une comparaison de tous les jours aujourd’hui, celle d’une femme de ménage qui branche son fer électrique à la prise. Pour que le fer soit chauffé, elle doit le brancher à la prise, mais l’électricité qui réchauffera le fer ne vient pas d’elle-même, bien sûr, mais de la centrale locale.

Pour qu’une définition papale soit infaillible, le Pape doit brancher les quatre conditions à l’Église, pour ainsi dire, et Il est la seule personne sur terre à pouvoir le faire, raison pour laquelle on parle de « l’infaillibilité papale », mais la protection infaillible contre l’erreur qu’Il obtient ainsi ne provient pas de lui-même mais de l’Esprit-Saint à travers l’Église, un peu comme l’électricité ne provient pas de la femme de ménage mais de la station locale à travers la prise de courant. Et comme à la femme de ménage on peut attribuer toute sorte de qualités personnelles comme de défauts sans que ceux-ci ne fassent aucune différence à la chaleur de son fer tant qu’elle le branche à la prise, de même le Pape peut être un saint ou beaucoup moins qu’un saint, mais dès qu’il est dûment élu ou mis en place, au moment où Il engage les quatre conditions, sa définition sera nécessairement libre d’erreur.

Cela signifie que lorsque le Pape n’engage pas ces quatre conditions, à strictement parler, il peut dire n’importe quoi comme tout le monde, sans que l’Église, elle, ne cesse d’être infaillible. De fait, son Infaillibilité Ordinaire est beaucoup plus importante que l’Infaillibilité Extraordinaire des définitions papales, comme des Commentaires précédents ont essayé d’illustrer à l’aide d’une autre comparaison familière, celle d’une montagne et son sommet de neige éternelle (voyez CE 343 et 344 du 8 et 15 février 2014). Le sommet enneigé assure à la montagne une plus grande visibilité, mais pour être vu là où il est vu, il dépend totalement de la masse de la montagne qui le soutient. Ainsi, dès qu’on prend le problème d’assez haut, il n’est plus si important pour l’Église que les Papes conciliaires aient perdu la raison. On peut certes souffrir ici-bas de Papes faillibles, mais notre Mère l’Église demeure sereinement infaillible.

Kyrie eleison.

Les Origines de L’Islam

Les Origines de L’Islam on septembre 10, 2016

En recommandant aux lecteurs « Complot contre l’Église » de Maurice Pinay, livre qui prouve, à l’aide d’une multitude de documents, que le principal ennemi extérieur de l’Église catholique depuis 2000 ans a été les Juifs, ces Commentaires ont déclaré que ces derniers étaient derrière l’Islam, la Franc-maçonnerie et le Communisme. Personne n’a contesté qu’ils aient été derrière la Franc-maçonnerie et le Communisme mais un petit nombre a voulu savoir ce qui montrait qu’ils étaient derrière l’Islam aussi. En effet, puisque l’Islam s’est levé au VIIe siècle après le Christ, il n’y a pour l’Islam aucune documentation riche comme il y en a pour montrer les racines modernes de la Franc-maçonnerie et du Communisme. De plus, les experts diront que beaucoup de documents originaux sur les sources de l’Islam ont été détruits, précisément pour cacher ses véritables origines. Il ne nous reste en gros que le texte du Coran lui-même et des arguments historiques pour indiquer que les Juifs sont les auteurs de l’Islam.

Quant au texte du Coran, quelqu’un qui l’a étudié de près avant le Concile, Hanna Zakarias, conclut dans son livre « Vrai Mohamed et faux Coran » que le Coran était entièrement l’œuvre d’un rabbin juif. Pour soutenir sa thèse que l’Islam n’est rien d’autre que le Judaïsme expliqué aux Arabes par un rabbin pour les convertir au seul vrai Dieu de l’Ancien Testament, Zakarias soutient qu’il n’y a pas d’histoire, pas de détails dans le Coran qui ne soient pas spécifiquement juifs, se référant à l’Ancien Testament, au Talmud et autre littérature juive. Seul un Juif, argumente-t-il, pouvait autant glorifier Israël comme le Coran le fait, en le mettant à la tête des nations comme seul récipiendaire de l’unique Révélation du vrai Dieu. Ainsi, des passages du Coran qui honorent par exemple Jean Baptiste et la Très Sainte Vierge ne les honorent qu’en tant que Juifs, en éliminant toute connexion avec le christianisme (Sourate XIX, 1–21). Quant à Notre Seigneur, il a bien pu être le fils de Marie mais il n’était certainement pas le Fils de Dieu.

Par contre un étudiant postconciliaire de l’Islam, Laurent Lagartempe, soutient dans son livre « Les origines de l’Islam », qu’il y a beaucoup de questions quant à la personne historique de Mohamed, et il argumente que le Coran est un fouillis de textes disparates, plus ou moins fixés seulement deux siècles après le commencement de l’Islam pour justifier la nouvelle religion, et pour rivaliser comme texte saint avec l’Ancien et le Nouveau Testament de Moïse et de Jésus respectivement. Mais Lagartempe ne conteste ni une présence significative du Judaïsme au sein du Coran, ni son influence.

Quant aux arguments historiques qui indiquent que ce sont les Juifs derrière l’Islam, le livre de Pinay documente le rôle bien connu joué par les Juifs pour aider les Arabes à conquérir l’Espagne catholique entre 711 et 788, pays dont la reconquête par les Catholiques a dû attendre jusqu’en 1492. Lagartempe suppose raisonnablement que la conquête précédente par les Arabes de l’Afrique du Nord, entre 647 et 710, a dû profiter elle aussi de l’aide des Juifs, car ces pays au sud de la Méditerranée, partie jadis florissante de la chrétienté, sont demeurés depuis lors en grande partie sous contrôle arabe.

Mais peut-être l’argument principal qui indiquerait les Juifs derrière l’Islam est d’ordre plus général et difficilement contestable, étant donné le rôle certain joué dans l’histoire par le peuple du Messie, Notre Seigneur Jésus-Christ. Pour commencer, sur 2000 ans d’Abraham au Christ, le Bon Dieu Lui-même a entraîné les Israélites pour ce rôle. A voir dans l’Ancien Testament comment Dieu les a punis et récompensés, pour les former comme berceau du Messie à venir. Ce faisant, Il a permis aux Juifs de se familiariser d’une manière toute spéciale avec Lui, et ce sens du seul vrai Dieu ils ne l’ont jamais complètement perdu depuis.Et cette familiarité leur donne une habileté spéciale pour fabriquer des religions de substitution qui donnent à l’homme la fausse impression de satisfaire son vrai besoin de la religion.

Hélas ! Lorsque leur Messie vint ils le refusèrent, et ce refus leur donne une motivation spéciale pour fabriquer des religions fausses pour éloigner les hommes du Christ et du salut éternel. Voilà comment Maurice Pinay peut montrer comment ils combattent l’Église catholique depuis deux mille ans. A notre époque, ce sont eux qui financent et organisent l’invasion musulmane des nations jadis catholiques de l’Europe pour dissoudre les derniers vestiges de la Foi, et empêcher ainsi ces nations de s’opposer à leur Nouvel Ordre Mondial.

Kyrie eleison.

La Gloire de Marie

La Gloire de Marie on septembre 3, 2016

Entre les fêtes catholiques de l’Assomption de Notre-Dame au Ciel (le 15 août) et de sa Naissance (le 8 septembre), c’est peut-être un bon moment pour réfléchir sur une objection majeure des Protestants à la dévotion catholique envers Notre Dame, à savoir que toute l’attention, honneur et prière dirigés vers Notre Dame sont autant enlevé à Notre-Seigneur – Lui seul étant notre Sauveur, c’est donc à Lui seul que doivent aller toute notre dévotion, louange et prière. La citation qui suit, venant comme de Notre Seigneur Lui-même, met de telles objections dans une perspective différente :

L’œil de l’homme ne peut pas fixer le Soleil, alors qu’il peut regarder la Lune. L’œil de l’âme ne peut fixer la perfection de Dieu telle qu’elle est, mais il peut regarder la perfection de Marie. Marie est comme la Lune par rapport au Soleil. Par sa lumière, elle est illuminée et elle vous reflète la lumière qui l’a illuminée, mais elle adoucit cette lumière dans une vapeur mystique qui la rend supportable à votre nature limitée. C’est pour cette raison que je vous la propose depuis des siècles comme modèle pour vous tous que j’ai voulus comme frères en Marie.

Elle est la Mère. Quel réconfort pour les enfants de regarder la Mère ! Je vous l’ai donnée pour cela, pour que vous puissiez avoir une douce Majesté, suffisamment splendide pour vous ravir et vous captiver mais sans vous éblouir. Ce n’est qu’à des âmes spéciales, choisies pour des motifs que vous ne pouvez contester, que Je Me suis montré dans toute la brillance de l’Homme-Dieu, de l’Intelligence et de la Perfection absolue. Or, avec le don de cette vision, J’ai dû en donner un autre qui les rendît capables de supporter cette connaissance de Moi-même sans en être annihilées.

Alors que tous peuvent regarder Marie. Non qu’elle soit semblable à vous. Oh ! non. Sa pureté est si élevée que Moi, son Fils et Dieu, je la traite avec vénération. Sa perfection est telle que le Paradis tout entier s’incline devant son trône irradié par le sourire éternel et la splendeur éternelle de notre Trinité. Mais cette splendeur, qui la pénètre et l’imprègne plus que toute autre créature, se répand à travers le voile le plus pur de sa chair immaculée, d’où elle brille comme une étoile, rassemblant toute la lumière de Dieu et la diffusant comme une clarté suave sur toutes les créatures.

Et puis elle est votre Mère pour l’éternité. Et elle a toutes les formes de la piété qui vous pardonnent, qui intercèdent, qui vous enseignent patiemment. Grande est la joie de Marie lorsqu’elle peut dire à qui l’aime : “Aimez mon Fils”. Grande est ma joie lorsque Je puis dire à qui m’aime : “Aimez ma Mère”. Et la plus grande joie de toutes est lorsque nous voyons une âme quitter mes pieds pour aller à Marie, ou une âme dans les bras de Marie qui les quitte pour venir vers Moi. Car la Mère jubile lorsqu’elle donne d’autres âmes au Fils et le Fils jubile de voir d’autres âmes aimer la Mère. Car notre gloire ne cherche point à dépasser l’autre, mais se complète dans la gloire de l’autre.

Voilà pourquoi Je te dis : “Aime Marie. Je te donne à elle qui t’aime, et qui te remplira de lumière rien qu’ avec la suavité de son sourire”.

Si les Catholiques apprenaient à laisser transparaître en eux la lumière de Marie, ils attireraient nombres d’âmes vers son Fils et vers Dieu, ce que les Protestants vraiment dévots ne peuvent que souhaiter.

Kyrie eleison.

Contre le N.O.M.

Contre le N.O.M. on août 27, 2016

En théorie le principe est clair : pour suivre Notre-Seigneur, selon les paroles immortelles de Saint Augustin, nous devons « condamner les erreurs mais aimer l’errant ». Cela veut dire qu’on ne devrait jamais condamner les erreurs de manière à condamner aussi les errants (c’est-à-dire ceux qui sont dans l’erreur, à moins qu’ils ne soient dangereux et incorrigibles), et on ne devrait jamais aimer les errants de manière à aimer aussi leurs erreurs. En pratique, il n’est que trop facile de glisser ou de la destruction de l’erreur à la destruction de l’errant, ou de l’amour de l’errant à l’amour de ses erreurs. En d’autres mots : « En principe, l’Église ne fait pas de compromis dans les principes car elle croit, et elle est tolérante en pratique car elle aime. Au contraire les ennemis de l’Église sont tolérants en principe car ils ne croient pas, et intransigeants en pratique car ils n’aiment pas. » Voilà qui est bien dit.

Au cas où il y en a qui pensent toujours que l’auteur de ces Commentaires passe de la compassion pour les brebis égarées du Novus Ordo à l’amour des erreurs de la nouvelle messe de Paul VI, voici des extraits d’une lettre d’un ancien lecteur dont la propre expérience amère l’amena à conclure que les Catholiques du Novus Ordo ne méritent pas le bénéfice du doute. Il a de toute évidence connu le pire de la Néo-église. Les fruits parlent . . .

J’étais un enfant typique d’une école primaire dans une paroisse de 2,500 familles dans un quartier catholique à 60%. Nous étions tous formés selon l’ancienne religion, et, lorsque la révolution Conciliaire commença de détruire l’Église dans les années 1970, nous sentions tous que quelque chose n’allait pas. Or, tous les Catholiques ont le devoir de rester fidèle à la Tradition, et de chercher où elle se trouve, par exemple par la lecture de bons livres auxquels tout le monde a accès. Depuis cinquante ans moi-même je plaide, j’implore et je prie pour que mes amis catholiques et leurs familles lisent les choses que j’ai lues, mais ils n’ont simplement pas voulu. La grande majorité préfère la religion Conciliaire : le divorce et les annulations faciles, les prédicateurs conciliants, le féminisme, la démocratie, l’adultère, l’homosexualité et la bonasserie – voilà ce qui les attache fermement au Novus Ordo, et pas du tout l’amour de la vérité.

Je prétends connaître la mentalité Novus Ordo car durant deux ans je suis entré en contact direct avec des juges, des prêtres et des laïcs de la Néo-église. Je peux vous assurer que ce n’est pas l’amour de la vérité qui les inspire. On peut compter sur ces autorités de la Néo-église pour faire exactement ce que veulent d’eux presque tous les Catholiques du Novus Ordo, sinon tous, et c’est d’ignorer leur vie de péché. Il semble que les seuls « pécheurs » qu’ils osent tancer, instruire ou conseiller soient les fumeurs, les pollueurs, les catholiques Traditionnalistes « sans coeur », et les responsables de familles nombreuses. Rappelez-vous que plus de 90% des Catholiques mariés utilisent les préventifs, et apprennent à leurs enfants à faire de même. Le Novus Ordo est devenu une organisation mondiale d’apaisement des consciences, et de nouveautés à grande échelle. Les Catholiques du Novus Ordo pensent vraiment que toutes les âmes vont au Ciel. De « travailler à leur salut avec crainte et tremblement » n’est pas une idée qui leur passe par la tête.

Dans les temps modernes, le contrôle des naissances fut un point tournant dans le passage de la volonté de Dieu à celle de l’homme. Pour ceux qui habitent les grandes villes, ne pas l’utiliser peut sembler presqu’impossible ; mais alors qui s’est trompé ? Dieu, ou la cité moderne ? Dieu donna à son Église en 1968 une grande occasion de maintenir le cap lorsqu’il inspira à Paul VI de rester fidèle à la doctrine immuable de l’Église alors qu’il ne voulait pas le faire, mais une masse d’évêques et de prêtres devinrent promptement infidèles au Pape, et le résultat fut cette « organisation de l’apaisement des consciences » dénoncée plus haut. Et qui peut nier que le remplacement du vrai sacrifice de la Messe a joué un grand rôle, depuis 1969, dans cet abandon par les Catholiques de leurs vies sacrificielles en vue du Ciel, au profit d’une vie facile pour aller en Enfer ? Quelle responsabilité, que celle des prêtres !

Kyrie eleison.

Mgr Fellay – III.

Mgr Fellay – III. on août 20, 2016

À la lecture des deux récents numéros de ces Commentaires sur l’état d’esprit du Supérieur Général de la Fraternité Saint Pie X derrière sa poussée implacable vers un accord purement pratique avec les autorités de l’Église de Rome, un bon ami m’a rappelé que les idées qui l’inspirent il les avait exposées il y a quatre ans dans sa Lettre du 14 avril 2012 où il répondait aux trois autres Évêques de la Fraternité qui le mettaient sérieusement en garde contre tout accord purement pratique avec Rome. Aujourd’hui, plusieurs lecteurs de ces Commentaires ont peut-être oublié, ou n’ont jamais connu cet avertissement, ni la réponse de Mgr Fellay. De fait, cet échange de lettres en dit long sur un différend capital. Voici les lettres, en résumé cruellement bref comme d’habitude, avec un commentaire également bref –

La principale objection des trois Évêques contre tout accord pratique avec Rome sans accord doctrinal fut la profondeur du gouffre doctrinal entre la Rome conciliaire et la Fraternité traditionnelle catholique. Moins d’un an avant sa mort, Mgr Lefebvre disait que plus on analyse les documents de Vatican II et l’après-Concile, plus on se rend compte que le problème est moins telle ou telle erreur classique en particulier, même la liberté religieuse, la collégialité ou l’œcuménisme, qu’une « totale perversion de l’esprit » en général, qui sous-tend toutes les erreurs particulières et qui procède d’une « toute nouvelle philosophie fondée sur le subjectivisme ». Et quant à l’argument-clé de Mgr Fellay que les Romains ne sont plus hostiles mais plutôt bienveillants envers la Fraternité, les trois Évêques répondirent avec une autre citation de l’Archevêque : une telle bienveillance n’est qu’une « manœuvre », et rien ne saurait être plus dangereux pour « nos fidèles » que de « nous remettre entre les mains d’Évêques conciliaires et de la Rome moderniste ». Les trois Évêques conclurent qu’un simple accord pratique déchirerait la Fraternité et la détruirait.

À cette objection profonde, aussi profonde que le gouffre entre le subjectivisme et la vérité objective, Mgr Fellay répondit (cherchez Mgr Fellay, 14 avril 2012 sur Internet) :— 1 que les Évêques étaient « trop humains et fatalistes ». 2 L’Église est guidée par le Saint-Esprit. 3 Derrière la réelle bienveillance de Rome envers la Fraternité, il y a la Providence de Dieu. 4 Affirmer que les erreurs du Concile constituent une « super-hérésie » est une exagération déplacée, 5 qui conduira logiquement les Traditionnalistes au schisme. 6 Pas tous les Romains ne sont modernistes, car il y en a de moins en moins qui croient en Vatican II, 7 au point où si Mgr Lefebvre était encore en vie, il n’hésiterait pas à accepter ce qu’offre Rome actuellement à la FSSPX. 8 Dans l’Église, il y aura toujours du froment et de la bale, en sorte que la bale conciliaire n’est pas une raison de reculer. 9 Combien j’aurais aimé recourir à vous trois pour me faire conseiller, mais chacun de vous, de façon différente, « avez fortement et passionnément refusé de me comprendre », et vous m’avez même menacé en public. 10 Opposer la Foi à l’Autorité est « contraire à l’esprit sacerdotal ».

Et finalement, le plus bref des commentaires sur chacun des arguments de Mgr Fellay –

1 « Trop humain » ? Comme le disait Mgr Lefebvre, le grand gouffre en question est philosophique (naturel) plutôt que théologique (surnaturel). « Trop fataliste » ? Les trois Évêques furent plutôt réalistes que fatalistes. 2 Est-ce que les hommes d’Église conciliaires sont guidés par le Saint-Esprit lorsqu’ils détruisent l’Église ? 3 Derrière la réelle malveillance de Rome est sa ferme résolution de dissoudre la résistance à la nouvelle religion Conciliaire de la part de la Fraternité – comme de tant d’autres congrégations Traditionnelles avant elle ! 4 Seuls les subjectivistes eux-mêmes ne peuvent voir la profondeur du gouffre entre le subjectivisme et la Vérité. 5 Les Catholiques objectivistes qui s’accrochent à la Vérité sont loin du schisme. 6 Les Francs-maçons tirent les ficelles à Rome. Tout non-moderniste n’y a aucun pouvoir réel. 7 Croire que Mgr Lefebvre aurait accepté l’offre actuelle de Rome est complètement le méconnaître. Le problème à la base est devenu bien pire qu’à son époque. 8 La cuillère de Mgr Fellay est bien trop courte pour qu’il soupe en sécurité avec les diables (objectifs au moins) romains. 9 Les trois Évêques comprirent parfaitement Mgr Fellay, mais il ne voulut pas entendre ce que tous les trois avaient à lui dire. Se croit-il infaillible ? 10 Saint Paul, c’est sûr, s’imagina que l’Autorité peut s’opposer à la Foi – Gal. I, 8–9 ; II, 11. Saint Paul manquait-il de « l’esprit sacerdotal » ?

Kyrie eleison.

Mgr Fellay – II.

Mgr Fellay – II. on août 13, 2016

Une erreur n’est jamais convenablement réfutée tant qu’elle n’est pas déracinée. En d’autres mots, pour vaincre une erreur il faut montrer non seulement qu’il s’agit d’une erreur mais encore la raison pour laquelle c’est une erreur. Supposons, avec le Commentaire de la semaine dernière, que le Communiqué du Supérieur Général de la Fraternité Saint Pie-X du 28 juin dernier, en regardant vers les prêtres pieux de la Fraternité pour résoudre la crise de la Foi dans l’Église, commet l’erreur de mettre la charrette de la prêtrise avant le cheval de la Foi. Montrons alors ici que cette erreur a sa racine dans la dévaluation de l’esprit presque universelle aujourd’hui, ainsi que dans la surévaluation de la volonté, ayant pour résultat même inconscient le mépris de la doctrine (à l’exception de la doctrine des Beatles, « All you need is luv »).

Déjà vers le début du Communiqué s’esquisse cette erreur lorsqu’il affirme que le principe central qui est condamné dans Pascendi, condamnation magistrale du modernisme par Pie-X, est celui de « l’indépendance ». Non. Le principe qu’il condamne constamment comme étant à la racine du modernisme est plutôt l’agnosticisme, la doctrine qui nie que l’esprit puisse savoir quoi que ce soit au-delà de ce qui apparaît aux sens. Cette impuissance est suivie par l’indépendance de l’esprit par rapport à son objet, laquelle est suivie à son tour par la déclaration d’indépendance de la volonté envers tout ce dont elle ne veut pas dépendre. C’est dans la nature des choses que l’esprit doit d’abord être ainsi suicidé avant que la volonté ne puisse déclarer son indépendance. Ainsi, lorsque le Communiqué met l’indépendance avant l’agnosticisme au cœur de Pascendi, cela indique que le Communiqué fait plutôt parti du problème de l’Église que de sa solution.

Et d’où vient à son tour cette dégradation de l’esprit et de la doctrine ? En premier de Luther qui qualifia la raison humaine de « prostituée », et qui plus que quiconque mit la chrétienté sur le chemin sentimental qui a mené à son autodestruction d’aujourd’hui. Mais cela prit plus de 500 ans ? Oui, car il y a eu de la résistance naturelle et catholique en chemin. Mais Luther avait raison lorsqu’il a dit au Pape qu’il finirait par le détruire – «  Pestis eram vivus, functus tua mors ero, Papa  » – Une plaie pour Vous j’ai été lorsque j’étais en vie, Mais une fois mort, ô Pape, je serai Votre mort.

À cette radicale et gigantesque erreur de la dégradation de l’esprit et de la doctrine, on peut attribuer deux sous-erreurs dans le cas de l’auteur du Communiqué du 28 juin : premièrement, son incompréhension de Mgr Lefebvre et, deuxièmement, sa trop grande compréhension de Madame Cornaz (nom de plume Rossinière).

Comme beaucoup d’entre nous autres séminaristes à Écône lorsque Mgr Lefebvre y présidait, Bernard Fellay était à juste titre enchanté et émerveillé par l’exemple extraordinaire sous nos yeux de ce que peut et doit être un prêtre catholique. Mais la colonne vertébrale de la prêtrise de Monseigneur et de son combat héroïque pour la Foi n’était pas sa piété – nombre de modernistes sont « pieux » – mais sa doctrine, doctrine de la prêtrise éternelle, profondément allergique au libéralisme et au modernisme. Et ce n’est pas Monseigneur qui disait que sa Fraternité sauverait l’Église. Ses prêtres devaient plutôt sauvegarder les trésors sans prix de l’Église pour des jours meilleurs.

La personne qui dit que les prêtres de la Fraternité sauveraient l’Église, comme l’Abbé Ortiz nous l’a rappelé, fut Madame Cornaz, une mère de famille de Lausanne en Suisse, dont la vie recouvrit presque tout le XXe siècle, et qui, entre 1928 et 1969, reçut des communications supposément du Ciel sur la façon dont les couples mariés devaient sanctifier la prêtrise ( !). Les communications recommencèrent en 1995 ( !) lorsqu’elle rencontra un prêtre de la Fraternité qu’elle persuada, et par lui Mgr Fellay, que c’étaient les prêtres de la Fraternité qui étaient destinés par la Providence à sauver l’Église en propageant ses « Foyers du Christ Prêtre ». De toute son autorité, le Supérieur Général soutint le projet, mais la réaction négative de bon nombre de prêtres de la Fraternité le fit rapidement y renoncer en public. Toutefois, en son for interne, les visions mystiques de Madame Cornaz de l’avenir exalté de la Fraternité sont-elles restées avec lui ? Cela semble possible. Tel Martin Luther King, le Supérieur Général « a un rêve ».

Kyrie eleison.