Étiquette : Benoît XVI

Des Sentiments Doctrinaux.

Des Sentiments Doctrinaux. posted in Les Commentaires Eleison on mai 21, 2016

Le Commentaire de la semaine dernière (CE 461) n’aura pas été du goût de tout le monde. Les lecteurs ont pu deviner que l’auteur anonyme de la longue citation était du même sexe que sainte Thérèse d’Avila, également citée (« souffrir ou mourir ») et que sainte Marie Madeleine de Pazzi (« souffrir et ne pas mourir »), car la citation anonyme a pu sembler excessivement émotionnelle. Mais le contraste avec les sentiments du Pape Benoît XVI cités la semaine d’avant (CE 460) était délibéré. Là où le texte de l’homme montre des sentiments gouvernant la doctrine, celui de la femme montre la doctrine qui gouverne les sentiments. Mieux vaut, de toute évidence, la femme qui met Dieu en premier, comme le Christ dans le jardin de Gethsémané («  Père, que ce calice s’éloigne de moi, mais non pas ma volonté  . . . »), que l’homme qui en mettant les sentiments en premier change la doctrine et la religion catholiques dans la religion Conciliaire.

Ce contraste surprenant nous montre que la primauté de Dieu signifie que la doctrine vient en premier, alors que la primauté des sentiments signifie que l’homme passe avant Dieu. Or, la vie n’est pas pour éviter la souffrance mais pour aller au Ciel. Alors si je ne crois plus en Dieu et adore Mammon à sa place (Mt. VI, 24), je croirai que la mort met fin à tout, et j’achèterai des médicaments de plus en plus chers pour éviter la souffrance de cette vie, car il n’y a pas de vie après la mort. Ainsi, les « démocraties » occidentales créent l’un après l’autre un État providence qui fait banqueroute, car la voie la plus sûre pour un politicien « démocrate » d’être élu ou non c’est de prendre position pour ou contre un système de santé gratuit. Le soin du corps est tout ce qui reste dans la vie de beaucoup des hommes sans Dieu. Ainsi, l’impiété ruine l’État : « À moins que Dieu ne construise la maison, ils labourent en vain ceux qui la bâtissent » (Ps. CXXVI, 1). Par contre, « Heureux le peuple dont Dieu est le Seigneur » (Ps. CXLIII, 15). La religion gouverne la politique comme elle gouverne l’économie, toute fausse religion pour leur malheur, la vraie religion pour leur vrai bonheur.

Selon son entrevue d’octobre (CE 459), Benoît XVI pourrait rétorquer : « Bien, mais à quoi sert une religion en laquelle croient de moins en moins de gens ? Sur l’homme moderne, la religion catholique a perdu son emprise. La doctrine d’hier a pu être aussi vraie que possible, mais à quoi sert-elle si elle ne parle plus à l’homme tel qu’il est aujourd’hui, et là où il se trouve aujourd’hui ? La doctrine est pour les âmes, mais comment parler à l’homme contemporain de la souffrance rédemptrice ou de la Rédemption lorsque la souffrance n’a plus aucun sens pour lui ? Le Concile était absolument nécessaire pour donner à la doctrine une forme intelligible pour l’homme tel qu’il est aujourd’hui ».

Et à cette position, implicite dans l’entrevue de Benoît XVI, voici ce que l’on pourrait répondre : « Votre Sainteté, la doctrine est pour les âmes, oui, mais pour les sauver de la punition éternelle et non pour les y préparer. La doctrine consiste en mots, les mots expriment des concepts, les concepts viennent en fin de compte de choses réelles que l’on conçoit. Votre Sainteté, est-ce que Dieu, l’âme immortelle de l’homme, la mort, le Jugement et l’inévitabilité du salut ou de la damnation éternels sont des réalités hors de mon esprit ? Et si elles sont des réalités indépendantes de moi-même, y en a-t-il une seule qui ait changé dans les temps modernes ? Et si elles n’ont pas du tout changé, alors les doctrines qui les expriment ne signifient-elles pas aussi, avec la doctrine du péché originel, qu’il y a un danger réel pour tout homme vivant de tomber en Enfer ? Auquel cas, aussi déplaisantes que ces réalités puissent paraître, quel service possible rendrai-je à mes semblables en changeant les doctrines pour qu’elles semblent plus plaisantes, si je déguise ainsi le danger éternel au lieu de les en avertir ? De quelle importance sont ses sentiments en comparaison avec l’importance pour lui de saisir et d’assimiler les vraies doctrines pour qu’il finisse dans la joie du paradis et non pas dans les tourments de l’enfer – pour toute éternité  ?

Mais dans notre monde apostat, la masse des hommes ne veulent entendre que des fables (II Tim. IV, 4) pour mettre des coussins sous leurs péchés. Le résultat est que pour garder l’équilibre de l’univers moral, il doit y avoir un nombre d’âmes mystiques, connues de Dieu seul, qui prennent sur elles une souffrance aiguë pour le Christ et pour autrui, et il y a fort à croire que la plupart d’entre elles sont des femmes.

Kyrie eleison.

Des Sentiments Chrétiens

Des Sentiments Chrétiens posted in Les Commentaires Eleison on mai 14, 2016

Comment Benoît XVI a-t-il même pu imaginer que Dieu le Père ait été cruel envers Dieu le Fils en exigeant de lui qu’il paie en souffrant pour les péchés du monde entier (cf. Ce “Commentaire” de la semaine passée) ? “Je dois être baptisé d’un baptême,” dit le Fils lui-même, “et quelle angoisse en moi jusqu’à ce qu’il s’accomplisse” (Lc. XII, 50). Ste Thérèse d’Avila voulait “ou souffrir, ou mourir,” mais Ste Marie Madeleine de Pazzi voulait “souffrir et pas mourir”. La citation suivante peut présenter cette compréhension chrétienne de la souffrance qui manque au moderne Benoît :—

A qui puis-je dire ce que je souffre ? A personne sur cette terre parce que ce n’est pas une souffrance de la terre et elle ne serait pas comprise. C’est une souffrance qui est une douceur et une douceur qui est une souffrance. Je voudrais souffrir dix fois, cent fois plus. Pour rien au monde je ne voudrais cesser de souffrir ainsi. Mais je souffre quand même, comme quelqu’un saisi à la gorge, pris entre les mâchoires d’un étau, brûlé dans une fournaise, percé jusqu’au cœur.

Si j’étais libre de bouger, de m’isoler de tout le monde et de pouvoir en bougeant ou par des mouvements donner libre cours à ce que je ressens – car la douleur est bien un sentiment – cela me soulagerait. Mais je suis comme Jésus en croix. Il ne m’est plus permis ni de bouger ni de m’isoler, et je dois me mordre les lèvres pour ne pas livrer en pâture aux curieux ma douce agonie. Je dois faire un grand effort pour dominer mon désir véhément d’émettre un cri de joie et de peine surnaturelle qui bouillonne et monte en moi avec toute la force d’une flamme ardente ou d’une eau jaillissante.

Les yeux de Jésus voilés par la douleur au moment de l’Ecce Homo, m’attirent comme le spectacle d’un désastre. Il est en face de moi et il me regarde, droit debout sur les marches du Prétoire, la tête couronnée d’épines, les mains liées devant sa tunique blanche de fou qui lui a été donnée pour le tourner en ridicule, mais qui a l’effet plutôt de le revêtir d’une blancheur digne de l’Innocent. Il ne dit pas un mot, mais tout en lui parle pour me sommer et me demander quelque chose.

Quoi au juste ? Que je l’aime. Je le sais, et je lui donne mon amour jusqu’à sentir comme une lame dans la poitrine. Mais il me demande encore quelque chose que je ne comprends pas. Et que je voudrais comprendre. Voilà ce qui me torture. Je voudrais lui donner tout ce qu’il peut désirer, au prix de mourir en agonie. Et je ne réussis pas.

Sa figure douloureuse m’attire et me fascine. Il est beau quand il est le Maître ou le Christ Ressuscité. Mais le voir comme cela ne me donne que de la joie. Le voir souffrant me donne un amour profond plus que ne saurait l’être l’amour d’une mère pour sa créature souffrante.

Mais oui, je comprends. Cet amour de compassion est le crucifiement de la créature qui suit son Maître jusqu’à la torture finale. C’est un amour despotique qui nous empêche de penser à quoi que ce soit qui ne soit pas sa douleur. Nous ne nous appartenons plus. Nous ne vivons que pour consoler sa torture. Sa torture est notre tourment qui nous met à mort, et pas seulement métaphoriquement. Pourtant toute larme qui nous est arrachée par cette douleur nous est plus chère qu’une perle, toute douleur que nous ressentons comme la sienne est plus aimée et désirée qu’un trésor.

Mon Père, je me suis efforcée de dire ce que j’éprouve. Mais c’est inutile. De toutes les extases que Dieu peut me donner, ce sera toujours celle de sa souffrance qui transportera mon âme au septième ciel. Mourir d’amour en regardant mon Jésus en peine, je trouve que c’est la plus belle des morts.

Kyrie eleison.

Le Mal Perdure – II

Le Mal Perdure – II posted in Les Commentaires Eleison on août 3, 2013

Pour affirmer qu’il n’y a pas eu de changement significatif dans la politique de la Fraternité St Pie X, on dit d’une part que la Déclaration Doctrinale de la mi-avril, 2012, ayant été refusée par Rome, n’est plus d’aucun intérêt et peut être oubliée, et d’autre part on recourt maintenant à la récente Déclaration des trois évêques du 27 juin, faite de toute évidence pour rassurer les fidèles que le canot de sauvetage qu’est la Fraternité St Pie X n’a souffert aucun dommage et reste parfaitement en état de naviguer. Mais ceux qui ne veulent pas s’y noyer doivent regarder de plus près.

C’est bien le onzième paragraphe de cette Déclaration qui est devenu notoire. Bref, les trois évêques y affirment qu’ils entendent à l’avenir suivre la Providence, soit que Rome revienne bientôt à la Tradition, soit qu’elle reconnaisse explicitement le droit et devoir de la Fraternité de s’opposer en public aux erreurs du Concile. Or, le retour de Rome à la Tradition est exclu parce que rien de moins qu’une intervention de Dieu ne fera que les ennemis de Dieu, maîtres incontestés du pouvoir au Vatican, lâcheront leur Concile. Donc les trois évêques que peuvent-ils avoir voulu dire par la « reconnaissance explicite » du « droit et devoir » de la Fraternité de s’opposer au Concile ?

Le sens naturel de ces mots c’est que Rome accorderait à la Fraternité un statut officiel dans l’Église officielle, une forme de régularisation canonique. De toute évidence une reconnaissance de ce genre est ce que poursuivent les chefs de la Fraternité depuis qu’ils ont adopté les idées de la boîte à penser parisienne, GREC, il y a bien plus de dix ans. Mais lorsque ces mêmes chefs au mois d’avril, 2012, ont accepté en grande partie les termes exigés par Rome pour une telle reconnaissance, une protestation si forte s’est élevée dans la Fraternité qu’ils ont été obligés de faire semblant qu’ils ne voulaient plus d’une reconnaissance selon les termes de la mi-avril. Alors qu’est-ce que peut bien signifier une « reconnaissance explicite »du « droit et devoir » de la Fraternité de s’opposer, etc. ?

Peu après le 27 juin, le Supérieur du District français leur a posé précisément cette question. On lui a répondu qu’il ne s’agissait pas nécessairement d’une reconnaissance officielle, mais tout simplement de l’éventualité d’un Pape assez catholique d’une part pour reconnaître en privé ce « droit et devoir », mais trop isolé et faible dans la Curie romaine d’autre part pour pouvoir rendre publique et officielle cette reconnaissance. Et le Supérieur de District semble s’être contenté de cette réponse, en la transmettant tout de suite aux prêtres de son District.

Eh bien, je tombe à la renverse ! D’abord, qui aurait jamais deviné que c’était à cela que pensaient les évêques lorsqu’on lit ce texte du 27 juin, 2013 ? Et ensuite, qu’y a-t-il dans ce texte qui exclue toute une gamme d’autres possibilités que les évêques accepteraient sous prétexte de « suivre la Providence » ? Étant donné que le 17 juin, 2012, Mgr Fellay a écrit à Benoît XVI qu’il ferait tout dans son pouvoir pour poursuivre encore une réconciliation entre Rome et la Fraternité, qu’y a-t-il dans le texte qui empêcherait les roublards romains de faire éventuellement aux évêques une offre qu’au nom de la « Providence » – bien sûr – ils ne pourraient refuser ?

S’il y en a qui prennent au sérieux cette explication donnée au Supérieur de District français, je leur souhaite bonne chance. N’empêche, il y a beaucoup d’entre nous qu’il faudra encore persuader que les chefs de la Fraternité ont renoncé à leur rêve délirant de concilier les inconciliables. Jusqu’à preuve claire du contraire nous resterons persuadés que ces chefs, pour inconscients qu’ils y soient, entendent toujours faire de ce canot de sauvetage que devrait être la Fraternité un canot de noyade. Et quand tout le monde se noiera, voyez si ce ne sera pas à l’océan qu’ils feront porter toute la responsabilité !

Kyrie eleison.

Voyage en Asie

Voyage en Asie posted in Les Commentaires Eleison on juin 15, 2013

Plusieurs lecteurs de ce Commentaire se sont plaints du numéro d’il y a deux semaines sur la paralysie de l’autorité. A partir de son argument que d’ici jusqu’au « Châtiment imminent » il ne sera plus possible de poser une Congrégation catholique sur des fondements catholiques normaux, ils ont conclu que selon moi il n’y a plus autre chose pour un évêque à faire que d’attendre que Dieu intervienne. Mais dans ce cas-là pourquoi est-ce que je viens de passer deux semaines en Asie ? Et pourquoi me trouvé-je maintenant en Irlande ? De même ils ont conclu que jamais je ne sacrerai un autre évêque. Je réponds : si Dieu veut, attendez voir.

De fait il y a beaucoup à faire pour un évêque qui veut visiter et encourager les âmes qui s’efforcent de garder la Foi, alors que de toute évidence le Quartier Général de la FSPX s’acharne toujours à la jeter dans les bras de la Rome conciliaire. Le 17 juin Mgr. Fellay a écrit à Benoît XVI, «  J’ai l’intention de faire tout mon possible pour poursuivre ce chemin (de la réconciliation avec Rome) pour arriver aux clarifications nécessaires. » Et dans la même lettre, «  Malheureusement, dans la situation présente de la Fraternité » la Déclaration Doctrinale de Mgr Fellay du 15 avril, telle que les Romains l’ont modifiée le 13 juin «  ne passera pas. » Donc il aurait été mieux si la Fraternité eût accepté la Déclaration avec ses modifications romaines ?

C’est le Quartier Général qui a rendu public cette évidence écrite de la détermination inchangée de Mgr Fellay de brader la Fraternité de Mgr Lefebvre. Par contre il aurait dit au Supérieur du District de France que ce n’est qu’ «  au nom du Pape » qu’il a écrit ce «  malheureusement », et à la Mère Supérieure du Carmel en Belgique il aurait dit qu’il «  n’a jamais eu l’intention de poursuivre un accord pratique avec Rome. » Hélas, l’habitude de Mgr Fellay d’adapter ce qu’il dit selon son auditoire est tellement connue que de telles paroles ne prouvent nullement qu’il n’entende pas brader la Fraternité de Mgr Lefebvre. Sa capacité ahurissante d’arranger et de déplacer les meubles mentaux dans son esprit mérite à elle seule un « Commentaire », mais en attendant, qui peut s’étonner si ce phénomène auquel on donne le nom de la « Résistance » surgit spontanément dans le monde entier ?

Entre le 24 mai et le 6 juin j’ai visité avec l’abbé François Chazal une bonne partie de son troupeau de quelque 400 âmes, et j’en ai confirmé plus de 50 dans la Corée du Sud, aux Philippines et à Singapour. L’abbé Chazal est un « numéro ». Il est perspicace et amusant. Si jamais vous le rencontrez, demandez-lui de vous régaler avec son imitation d’un politicien des Indes (il affirme que les Indiens ont bon dos et ne lui en veulent pas).

En Corée du Sud la réorientation de la Néo-fraternité a causé une division dure qui n’a fait que provoquer la donatrice de la première chapelle à en donner une seconde. J’ai eu le plaisir de célébrer le mariage de sa fille. Aux Philippines, au moment même où j’arrivais, un prêtre d’un certain âge qui avait fui il y a des années la Néo-église pour travailler avec la Fraternité, fuyait la Néo-fraternité pour travailler avec la Résistance. Il paraît que l’abbé Chazal va lui confier et les débuts d’un séminaire qu’il veut fonder, et l’apostolat de toutes les Philippines centrales. Le travail ne lui manquera pas. A Singapour, vitrine en Orient du matérialisme de l’Occident, une bonne famille chinoise avec leurs amis a néanmoins bien compris le drame de la transformation de la Fraternité en Néo-fraternité. La vérité va faire sauter cette Néo-fraternité, tout comme elle est en train de faire sauter la Néo-église du Novus Ordo.

Voici beaucoup d’âmes à soutenir sur le chemin du Ciel. Y a-t-il des candidats qui s’offrent pour être sacrés comme évêques ?

Kyrie eleison.

Déclaration Doctrinale – I

Déclaration Doctrinale – I posted in Les Commentaires Eleison on avril 13, 2013

La Déclaration Doctrinale du 15 avril de l’année dernière, rédigée par le Supérieur Général (SG) de la Fraternité Saint Pie X comme projet pour la réintégration de la Fraternité dans l’Église officielle, a fait son apparition publique presqu’un an plus tard. Elle a eu pour but de plaire en même temps à la Rome Conciliaire et aux « Traditionnalistes ». (« On peut la lire avec des lunettes noires ou roses » a dit le SG en public). De fait, elle a plu aux Romains qui déclarèrent qu’une telle Déclaration Doctrinale représentait une « avancée » en leur direction. Elle n’a pas plu aux Traditionnalistes qui ont vu en elle (ou en ce qu’ils en ont connu) une ambigüité équivalente à une trahison de la bataille pour la Foi Catholique menée par Mgr. Lefebvre, à tel point qu’ils ont estimé que son acceptation par les Romains aurait suffi pour détruire sa Fraternité.

En fait, lorsque le SG se rendit chez les Romains le 11 juin pour recevoir leur décision, il s’attendait vraiment à ce que les Romains l’aient acceptée. Nombreux sont les observateurs qui ont pensé que la raison principale pour laquelle les Romains n’ont point accepté la Déclaration Doctrinale est parce qu’entre-temps la lettre du 7 avril des Trois Evêques au SG a été publiée. Cette lettre avertissait les Romains que le SG ne pourrait se faire suivre par toute la Fraternité, contrairement à ce qu’il a pu leur faire croire, mais comme ils ont voulu qu’il le fît. Ils ne voulaient ni ne veulent une nouvelle scission qui permette à la Tradition de prendre un nouvel essor.

Quoiqu’il en soit, un article court comme celui-ci permet de présenter une seule raison importante pour affirmer que si les Romains avaient accepté la proposition de la Déclaration Doctrinale, c’en était fini de la FSPX. Mgr. Lefebvre déclara, et prouva, que Vatican II était une cassure ou rupture par rapport à l’enseignement précédent de l’Église. Sur cette prémisse s’est fondé et repose toujours le mouvement catholique Traditionnel. C’est pourquoi, confronté aux progrès de la résistance de ce mouvement qui s’opposait à son cher Vatican II, Benoît XVI proclama dès le début de son pontificat en 2005 l’ « herméneutique de la continuité ». Grâce à celle-ci le Concile qui (objectivement) contredit la Tradition, doit être (subjectivement) interprété de telle sorte qu’il ne la contredise plus. Ainsi doit disparaître toute opposition ou rupture entre le Concile et la Tradition catholique.

Voyez maintenant le septième paragraphe (III, 5) de la Déclaration Doctrinale. Il déclare que les affirmations de Vatican II qui seraient difficiles à concilier avec tout l’enseignement précédent de l’Église, (1) « doivent être comprises à la lumière de la Tradition entière et ininterrompue, de manière cohérente avec les vérités précédemment enseignées par le Magistère de l’Église, (2) sans accepter aucune interprétation de ces affirmations qui peuvent porter à exposer la Doctrine catholique en opposition ou en rupture avec la Tradition et avec ce magistère ».

La première partie ici (1) est parfaitement vraie tant qu’elle signifie que toute nouveauté Conciliaire « difficile à concilier » sera immédiatement rejetée si elle contredit objectivement l’enseignement antérieur de l’Église. Mais entendue ainsi, (1) est directement contredite par (2) lorsque (2) dit qu’aucune nouveauté Conciliaire ne saurait être « interprétée » comme étant en rupture avec la Tradition. C’est comme si quelqu’un disait que toutes les équipes de football doivent porter des maillots bleus, mais que les maillots de toute autre couleur doivent être interprétés comme étant rien d’autre que bleus ! Quelle bêtise ! Mais voilà exactement l’ « herméneutique de la continuité ».

Donc, les soldats qui gardent la dernière forteresse de la Foi qui soit organisée à échelle mondiale, se rendent-ils compte de ce que leur Commandant est en train de penser ? Se rendent-ils compte que sa solennelle déclaration de la doctrine de la FSPX fait paraître qu’il pense de la même façon qu’un chef de leurs ennemis ? Sont-ils heureux qu’on les conduise à penser comme les ennemis de la Foi ? En effet, toutes les idées doivent être catholiques, mais de telle sorte que les idées non-catholiques seront « interprétées » dorénavant comme étant catholiques. Réveillez-vous,camarades ! Dans le Quartier Général on pense comme l’ennemi.

Kyrie eleison.

Samedi Saint

Samedi Saint posted in Les Commentaires Eleison on mars 30, 2013

Le Samedi Saint dans la vie de Notre Seigneur fut ce jour qui sépara sa terrible mort sur la croix de sa glorieuse Résurrection, le jour où son corps humain, sans vie car séparé de son âme humaine, reposa dans l’obscurité du tombeau, invisible à l’œil de l’homme. Les ennemis de Notre Seigneur paraissaient l’avoir vaincu avec tant de succès que le Dieu Incarné se trouvait dans une éclipse totale, et seule la foi de Notre Dame demeurait inébranlable – c’est elle qui devait soutenir le courage de tous ceux qui avaient suivi son Fils, car même les plus fidèles d’entre eux avaient sombré dans le découragement et se sentaient perdus.

Or,étant le Corps Mystique du Christ, l’Église catholique suit parallèlement le cours de la vie de Son corps physique. Donc au cours de ses 2000 ans d’histoire l’Église a toujours été persécutée par les ennemis du Christ, et en de nombreuses parties du monde il y a eu des moments où elle a été virtuellement effacée. Cependant s’est-elle jamais tant approchée d’une éclipse totale comme elle semble le faire aujourd’hui ? Dieu a constitué son Eglise en monarchie dont c’est le Pape qui doit garantir l’unité, et nous venons de voir le Pape se démettre de sa fonction, en partie sans aucun doute parce que lui-même, conditionné par la façon de penser démocratique, n’a jamais pleinement cru en son propre office suprême. Retirant la tiare papale de son blason, et signant lui-même toujours comme “Evêque de Rome”, quelles qu’aient pu être ses intentions quand il démissionna au mois de février, il a sûrement contribué, humainement parlant, à miner l’institution divine de la papauté.

Par cette démission de Benoît XVI et par le conclave qui lui a fait suite, il est certain que les ennemis du Christ auront fait tout leur possible pour détruire la papauté. Par un juste châtiment de Dieu pour l’apostasie universelle de notre époque, ils ont reçu de Lui un grand pouvoir sur son Église. Depuis des siècles ils s’acharnent à s’emparer du Vatican, et ils s’y sont maintenant incrustés. Sans la moindre intention de satisfaire les exigences d’une petite Fraternité pieuse, ils en sont à démonter l’Église pierre par pierre, ainsi qu’Anne Catherine Emmerich l’a vu dans une vision il ya 200 ans. Humainement parlant, les fidèles de Notre Seigneur ne peuvent avoir aujourd’hui pas plus d’espoir qu’ils n’en avaient lors du premier Samedi Saint.

Mais pas plus que Notre Seigneur Lui-même son Église catholique n’est une affaire purement humaine. En 1846 Notre Dame de La Salette parla en ces termes de la situation de notre époque : « Les justes souffriront beaucoup. Leurs prières, leur pénitence et leurs larmes monteront jusqu’au ciel, et tout le Peuple de Dieu implorera pardon et miséricorde et demandera mon aide et mon intercession. Alors Jésus-Christ par un acte de Sa justice et de Sa grande miséricorde commandera à Ses Anges que tous Ses ennemis soient mis à mort. Tout à coup les persécuteurs de l’Église de Jésus-Christ et tous les hommes adonnés au péché périront et la terre deviendra comme un désert. Alors se fera la paix, la réconciliation de Dieu avec les hommes ; Jésus-Christ sera servi, adoré et glorifié ; la charité fleurira partout . . . . L’Evangile sera prêché partout . . . et les hommes vivront dans la crainte de Dieu. »

Autrement dit, sans aucun doute Dieu relèvera son Église de sa détresse actuelle. Lorsque cette éclipse deviendra encore plus sombre, comme elle est sûre de faire, accrochons-nous plus que jamais à la Mère de Dieu, et prenons la résolution de ne pas l’attrister par notre manque de foi, comme l’ont fait les apôtres et les disciples de Notre Seigneur lors du premier Samedi Saint. Engageons-nous à réjouir son Cœur Immaculé par notre foi inébranlable en son Divin Fils et en son unique véritable Église.

Kyrie eleison.