Les Commentaires Eleison

Mgr. Fellay – I

Mgr. Fellay – I on août 6, 2016

Suite à la réunion en Suisse du 26–28 juin des Supérieurs de la Fraternité St Pie X, le Supérieur Général a émis non seulement le Communiqué du 29 juin pour le grand public, déjà commenté ici il y a trois semaines, mais aussi une Déclaration pour les membres en particulier de la Fraternité, destinée donc surtout à ses prêtres. Cette Déclaration est en elle-même plutôt cryptique, mais une fois décryptée (avec l’aide de l’abbé Girouard) elle est lourde de signification pour l’avenir de la Tradition catholique. Voici un résumé bien court de ses premiers six paragraphes, suivi par le septième reproduit en entier :—

(1–4) L’Église et le monde sont en crise, parce qu’au lieu de tourner autour de la Croix du Christ, ils tournent autour de l’homme. La FSSPX s’oppose à cette « déconstruction » de l’Église et de la société humaine.

(5) La solution de Dieu lui-même pour ce désordre a été d’inspirer un Archevêque à fonder une Congrégation catholique et hiérarchique qui tourne autour du sacrement de l’Ordre – Jésus-Christ, sa Croix, sa Royauté, son sacrifice et son sacerdoce, source de tout ordre et grâce, sont au cœur de la Fraternité fondée par Mgr. Lefebvre.

(6) Donc la Fraternité n’est ni Conciliaire (au centre est le Christ) ni révoltée (elle est hiérarchique).

(7) Est-ce vraiment le moment de la restauration générale de l’Eglise ? La Divine Providence n’abandonne pas son Eglise dont le chef est le Pape, vicaire de Jésus-Christ. C’est pourquoi un signe incontestable de cette restauration sera dans la volonté signifiée du Souverain Pontife de donner les moyens de rétablir l’ordre du sacerdoce, de la foi et de la Tradition, – signe qui sera, de surcroît, le garant de la nécessaire unité de la famille de la Tradition.

Évidemment, les six premiers paragraphes mènent au septième. Et on peut bien interpréter ce dernier paragraphe comme disant que lorsque le Pape François approuvera officiellement la FSSPX, ce sera la preuve que le moment est enfin arrivé pour que l’Église tout entière se redresse, pour que le sacerdoce, Foi et Tradition catholiques soient tous restaurés, et pour que tous les Traditionnalistes s’unissent avec la FSSPX derrière son Supérieur Général. On dirait que Mgr Fellay tenait ici à répéter pour tous les prêtres de la FSSPX sa vision constante du rôle glorieux que doit jouer la FSSPX, parce qu’à la réunion en Suisse plusieurs des Supérieurs auraient remis en cause que cette gloire prenne la forme d’un ralliement à la Rome officielle. Pourtant ce sont ces Supérieurs-là qui ont raison, parce que tout ralliement glorieux n’est qu’un rêve de la part de Mgr Fellay. Rêve noble, si on veut, mais mortel.

Rêve noble, parce que c’est tout à l’honneur de Notre Seigneur Jésus-Christ, de son Église, de son sacrifice, de Mgr. Lefebvre, du sacerdoce catholique et ainsi de suite. Rêve mortel, d’abord parce qu’il tourne plutôt autour du sacerdoce qu’autour de la Foi, et ensuite parce que tout en reconnaissant – bien correctement – que ce sont le Pape François et les Romains qui détiennent l’Autorité dans l’Église, le rêve ignore totalement combien ceux-ci sont loin de détenir la vraie Foi. Or, on peut bien dire, si on veut, que Mgr Lefebvre a sauvé la messe et le sacerdoce catholiques, mais pour lui ce n’était là qu’un moyen de sauver la Foi. Car la Foi est au sacerdoce comme la fin est au moyen, et pas comme le moyen est à la fin. Que serait en effet le sacerdoce sans la Foi ? Qui croirait aux sacrements ? Qui aurait besoin de prêtres ?

Et quant à cette Foi, le Pape actuel et les officiels romains qui règnent autour de lui ayant perdu tout sens de la Vérité comme étant une, objective, non-contradictoire et exclusive, ils ont par là même perdu tout sens de la vraie Foi, pour ne pas dire qu’ils ont perdu la Foi. Cela signifie que si en effet le Pape François approuvait officiellement la FSSPX, cela n’indiquerait d’aucune façon que la FSSPX ramènerait à l’ordre l’Église, mais plutôt que l’Église absorberait dans son propre désordre la Fraternité.

Kyrie eleison.

Thomisme Véritable

Thomisme Véritable on juillet 30, 2016

La manière dont le modernisme mélange l’apparente sincérité et la bonne foi avec la dissolution de la vérité est si dangereuse pour la véritable foi des Catholiques qu’elle ne peut jamais être trop souvent décrite ou analysée. La question récente d’un laïc traditionnel nous donne encore une occasion de le faire. Il demandait s’il est prudent pour un prêtre de la Fraternité Saint Pie-X de lire régulièrement une revue thomiste Conciliaire, étant donné que la FSSPX n’a fourni jusqu’ici rien de régulier à lire au sujet de la pensée et de la doctrine du plus grand philosophe et théologien de l’Église, Saint Thomas d’Aquin. Il faut répondre que ce prêtre aurait avantage à faire très attention pour tout le moins, car le thomisme Conciliaire est une contradiction dans les termes, alors qu’en des termes modernistes – et c’est là le problème –, on peut facilement faire semblant que ce n’est pas contradictoire.

Le thomisme Conciliaire est une contradiction dans les termes réels, car les enseignements de Saint Thomas s’efforcent, et en grande mesure y réussissent, de se conformer au seul ordre implanté dans les choses réelles à l’extérieur de nos esprits par le seul vrai Dieu. Au contraire, Vatican II présuppose que l’homme moderne a déstabilisé cet ordre statique qui est dans les choses et centré sur Dieu (voyez le commencement de Gaudium et Spes ), et donc pour que la religion de Dieu ait un sens encore pour l’homme moderne, elle doit être reconfigurée dans des termes dynamiques et anthropocentriques, ce qui fait que le vrai thomisme n’est plus fidèle à la réalité d’aujourd’hui, mais plutôt dépassé.

En termes modernistes, le thomisme demeure un monument historique de la pensée humaine, un superbe système intellectuel dont la logique et la consistance sont tout à fait admirables. Ainsi, les séminaristes de la FSSPX, par exemple, peuvent l’apprendre comme un bottin téléphonique, mais si ces séminaristes se laissent ramener sous le charme de Vatican II, ils ne verront plus le thomisme comme la seule voie pour combattre les erreurs modernes, et pour interpréter le monde ils seront facilement séduits par bien d’autres façons de penser « au goût du jour ». Bref, les modernistes n’iront pas défier le thomisme sur son propre terrain, ils affirmeront même qu’ils sont entièrement d’accord avec lui sur son terrain. Ils diront simplement qu’aujourd’hui le terrain a changé et que le thomisme n’est plus uniquement valide, ou n’est plus la seule voie pour accéder à la vérité. Voilà comment les partisans de Vatican II peuvent bien penser qu’ils sont en accord avec le thomisme, alors qu’ ils ne le sont pas du tout.

Que l’arithmétique élémentaire illustre ce point. Deux et deux font quatre, et dans la vie réelle, en réalité, ils ne peuvent rien faire d’autre, ni trois ni cinq. Mais un arithméticien moderne peut dire : « Affirmer que deux et deux font uniquement et exclusivement quatre montre une trop grande étroitesse d’esprit. C’est plus créatif et progressif de dire qu’ils peuvent aussi faire cinq ou six – soyons ouverts d’esprit – Six Millions ! » Et puisque cet arithméticien moderne n’exclut pas que deux et deux fassent quatre, mais inclut volontiers cette addition aussi dans son ouverture d’esprit, il peut sincèrement croire que son arithmétique n’est pas en contradiction avec l’ancienne arithmétique. Mais qui ne voit qu’en réalité il discrédite totalement la « vieille » et véritable arithmétique ? L’arithmétique qui correspond à la seule réalité à l’extérieur de nos esprits pas seulement inclut que deux et deux font quatre, mais aussi elle exclut absolument toute autre addition. Et cette arithmétique seule correspond à l’unique réalité, ou, est véritable. Ainsi, la croyance et la pensée qui seules correspondent à l’unique ordre naturel et surnaturel de Dieu existaient bien sûr des siècles avant Saint Thomas (1225–1274). Il n’a fait que mettre tout ensemble dans un système incomparable. Mais ce n’est pas le fait du système qui le rend véridique. Ce qui le rend singulièrement véridique en tant que système, c’est sa correspondance unique à la réalité.

Par conséquent, si les auteurs de cette revue thomiste sont aussi des partisans avérés de Vatican II, ils ne croiront sûrement pas que le thomisme, dans le sens évoqué ci-dessus, soit unique ; et dans ce cas-là on pourra les appeler des « thomistes de bottin téléphonique », mais ils ne sont certainement pas de vrais thomistes. Alors le prêtre mentionné plus haut, sera-t-il toujours en mesure de faire la distinction ? C’est peu probable s’il se laisse entraîner en ce moment même vers Vatican II.

Kyrie eleison.

L’académisme Nul

L’académisme Nul on juillet 23, 2016

Lorsque Votre Excellence m’avait demandé, en tant qu’étudiant en histoire, si je partageais votre opinion selon laquelle le phénoménalisme agnostique condamné dans Pascendi est la clef la plus utile pour comprendre la scène moderne, j’ai été d’accord sur le champ. Je me suis alors demandé comment des hommes, surtout des hommes instruits, pouvaient prendre au sérieux une telle ineptie que cette doctrine qui affirme que l’esprit ne connaît rien au-delà des phénomènes ou des apparences. Et je me suis rappelé comment, après avoir écouté avec attention pendant plus de trois ans et demi sur les bancs des salles de cours de brillants professeurs qui semblaient avoir un sens de la réalité et beaucoup qui n’en avaient pas, je me suis mis à me demander pourquoi certains raisonnaient très bien alors que d’autres, munis des mêmes ou semblables doctorats, adoptaient des idées aussi déraisonnables et insensées. Voici la réponse de cet étudiant plongé depuis belle lurette dans la scène académique . . .

Après avoir réfléchi un peu, il m’est venu à l’esprit que les professeurs les plus logiques étaient des Catholiques, car même s’ils ne sont que des conservateurs, ils possèdent néanmoins une vision réaliste du monde. D’autre part, les instructions du grand nombre de professeurs sont embrouillées, confuses et insensées. Ils enseignent des idées bizarres et excentriques et les soutiennent avec des demi-vérités. Ils adoptent pratiquement toutes les notions à la mode, telles le réchauffement global ou le changement climatique (la nouvelle « évolution »), et ils les présentent comme des vérités absolues. Leur raisonnement est un pur non-sens et ne peut résister à un examen attentif. J’ai commencé à me demander comment des hommes si savants pouvaient être si ignorants. Et après avoir réfléchi encore beaucoup, je suis arrivé à ce que je crois être la véritable réponse.

Puisque les professeurs qui sont les plus sensés sont des hommes qui essaient au moins d’être catholiques, il s’ensuivrait qu’ils possèdent quelque chose que les païens n’ont pas. Avant la révolte de Martin Luther, la plupart des érudits ou des hommes instruits étaient des Catholiques qui mettaient en œuvre leur raison et avaient du bon sens, en sorte que la plupart d’entre eux enseignaient et croyaient la même vérité. Lorsque Luther ravagea l’Église, il ravagea aussi bon nombre de clercs instruits et de professeurs d’Université. En particulier, sa nouvelle religion élimina le Sacrement de Confirmation, par lequel nous savons que les Catholiques reçoivent les sept Dons du Saint-Esprit, dont quatre pour l’esprit : la Science, l’Intelligence, la Sagesse et le Conseil. Tous les quatre font défaut aux professeurs agnostiques d’aujourd’hui. Certes, ces derniers peuvent être fort bien éduqués, des gens instruits, mais ils ne savent utiliser leur science de manière raisonnable, ni comment l’appliquer à la réalité. Comme le disait Saint Pie X, ils développent des fantaisies pour les présenter comme des vérités, et pire, ils se persuadent qu’ils sont brillants alors qu’en réalité ils se vautrent dans leur ignorance. Ils pratiquent le culte du 2 + 2 = 5, tout en étant fiers.

Selon cette théorie, la destruction du monde universitaire d’aujourd’hui remonte au rejet par Luther du Sacrement de la Confirmation, et au rejet progressif de la Foi catholique par les Universités d’Europe. Finalement des milliers de professeurs ont été lâchés dans le monde universitaire, lesquels avaient reçu une éducation au-delà de leur capacité de raisonner. Manquant de Science, d’Intelligence, de Sagesse et de Conseil au plus haut sens des mots en tant que Dons de Dieu, ils ont profité de l’Université pour développer la panoplie des erreurs modernes, ou des « ismes ». Par exemple, affirmer que le réchauffement global va détruire l’homme et le monde est un pur non-sens, pourtant il est enseigné et cru dans les Universités modernes, comme s’il était aussi sûr que 2 + 2 = 4. Et dans les Universités ces idées empoisonnées sont gobées par les jeunes ingénus et candides, tels des biscuits à l’heure du thé, surtout la subjectivité de la Vérité, à savoir, tel sujet, telle vérité. Et au Diable avec la Raison.

Il s’ensuivrait que lorsque Vatican II choisit de suivre les traces de Luther en abandonnant la Tradition et en « renouvelant » par là le sacrement de la Confirmation de manière à mettre en doute sa validité, les Catholiques eux-mêmes ont mis en danger les Dons de Dieu et de l’Esprit Saint, et dans cette mesure ils ont perdu la capacité de raisonner, car la Confirmation dans la Néo-église n’a plus pour but que de faire de « meilleurs Chrétiens ».

Kyrie eleison.

Brexit – Spexit ?

Brexit – Spexit ? on juillet 16, 2016

Qu’il existe le « Zeitgeist » ou un esprit de tout une époque, est indiqué par le parallèle que l’on peut établir entre le vote du 23 juin des Britanniques de renoncer à l’étreinte communiste de l’Union Européenne, et la réunion du 25 au 28 juin des Supérieurs de la Fraternité St Pie X suivie par le Communiqué du 29 juin de Mgr Fellay, selon lequel la Fraternité renonce à l’étreinte de la Rome néo-moderniste – en un mot, « SPexit ». En effet, tout comme ce « Commentaire » de la semaine dernière a suggéré que Brexit a été admirable mais douteusement efficace, de même on peut craindre que le « SPexit » du 29 juin, tout en ayant rassuré bon nombre de bons fidèles que la FSSPX est rentrée dans l’ordre, ne soit pas aussi beau qu’il ne paraît – peu de temps après, et la Rome officielle et Mgr Fellay ont déclaré que les contacts continuent.

Ce parallèle est fondé sur l’apostasie qui caractérise la Cinquième Époque de l’Église, allant de 1517 à 2017 (ou plus loin), où les peuples du monde entier ont tourné le dos à Dieu petit à petit pour le remplacer par l’Homme. Mais ce faisant ils n’ont pas eu la conscience tranquille. Donc extérieurement ils font hommage au bon ordre ancien, mais intérieurement ils s’emballent pour les bienfaits matériels du Nouvel Ordre Mondial qui les libère de Dieu. Donc c’est un bon instinct ancien qui a poussé les Britanniques à voter pour l’indépendance du communisme, mais étant presque tous des athées matérialistes ils sont des Communistes sans le nom, et alors ils savent à peine ce qu’il faut faire de leur Brexit. Ainsi de même on peut craindre que le « SPexit » ne soit pas tout à fait ce qu’il paraît.

Par exemple, le bon site hispanique « Non Possumus » fait remarquer que là où le Communiqué du 29 juin met ses espérances dans un Pape « qui favorise concrètement le retour à la Sainte Tradition » (2+2=4 ou 5 ), ce n’est pas la même chose qu’un Pape « qui est revenu à la Tradition » (2+2=4, et exclusivement 4). Pas rassurant non plus n’est l’appel de Mgr Fellay (le 2 juillet) à une cinquième Croisade du Rosaire, appel prévu d’avance (le 24 juin) par M. l’abbé Girouard, prêtre résistant du Canada de l’ouest. Se rappelant comment Mgr Fellay a su présenter comme deux dons de la Mère de Dieu en 2007 la « libération » ambiguë du vrai rite de la Messe par le Summorum Pontificum, et en 2009 la « suspension » des fausses « excommunications » par Benoît XVI, l’abbé Girouard craint qu’une reconnaissance unilatérale de la Fraternité par la Rome officielle ne puisse être également présentée comme un don de la Mère de Dieu en réaction à cette nouvelle Croisade du Rosaire. Voici comment l’abbé s’imagine cette éventuelle présentation par Mgr Fellay :—

Dans cette Croisade nous avons demandé la protection de la Fraternité. Grâce aux 12 millions de Rosaires, la TS Vierge a obtenu pour nous, du Cœur de son Fils, cette protection spéciale ! Oui, le Saint Père a signé ce document par lequel il nous reconnaît et nous promet sa protection personnelle, en sorte que nous pourrons continuer « tels que nous sommes ». Ce nouveau don de Dieu et de la TS Vierge est vraiment un nouveau moyen que la Providence nous offre pour que nous continuions d’autant mieux notre travail pour l’extension du Règne Social du Christ. De plus, c’est la réparation d’une injustice grave ! Voici un vrai signe que Rome a changé en mieux ! Notre Fondateur vénérable, Mgr Lefebvre, aurait accepté ce don providentiel. Nous pouvons être sûrs qu’il a uni ses prières à celles de la TS Vierge pour l’obtenir de Notre Seigneur, et qu’il s’en réjouit maintenant avec elle au ciel ! Pour remercier la Providence de ce don merveilleux, renouvelons officiellement la consécration de la Fraternité aux Cœurs de Jésus et de Marie, et faisons chanter un Te Deum dans toutes nos chapelles !

Et l’abbé Girouard d’ajouter que dans ce scénario on fera paraître tout refus du ralliement à Rome comme une résistance à Dieu et une injure à sa Mère.

De telles craintes ne sont pour le moment qu’imaginaires. N’empêche, il est sûr et certain que le « SPexit » du 29 juin n’aura nullement ébranlé la résolution ferme de Mgr Fellay de faire tomber la Fraternité de Mgr Lefebvre dans les bras de la Rome néo-moderniste. Pour lui, il n’y a que cette route-là pour avancer. Autrement, on ne fait qu’ « insulter les bons Romains » et « croupir » dans une résistance périmée qui n’a plus rien à voir avec la situation en évolution constante.

Kyrie eleison.

Brexit – Pour De Vrai ?

Brexit – Pour De Vrai ? on juillet 9, 2016

Plusieurs lecteurs de ces Commentaires doivent supposer qu’en tant qu’Anglais qui n’aime pas du tout le Nouvel Ordre Mondial (NOM), j’ai dû me réjouir du vote récent du peuple britannique selon lequel, quoique par une marge assez mince, celui-ci a décidé de quitter l’Union européenne communiste. Hélas, je dois admettre que tout ce que j’apprends depuis des dizaines d’années sur ce Nouvel Ordre Mondial me fait douter fortement que cette sortie apparente de la Grande-Bretagne finisse par produire un vrai renouveau de ce qu’il y avait jadis de mieux en Grande Bretagne. De même de l’autre côté de l’Atlantique : il est possible que j’aime Trump et déteste Hilary, mais certainement les deux n’auront été mis en scène ensemble que pour constituer un spectacle de Guignol.

Prenez par exemple, à propos du Brexit, l’article du 24 juin d’un grand diseur de vérités, l’économiste et journaliste américain Paul Craig Roberts (voyez www.paulcraigroberts.org). L’article s’intitule « En dépit du Vote, les Probabilités sont Contre une Vraie Sortie de la Grande Bretagne ». Il écrit : « Les Britanniques ne devraient pas être si naïfs pour penser que le vote est définitif. Le combat ne fait que commencer. » Il met en garde les Britanniques, en disant qu’ils doivent s’attendre à ce que leur gouvernement revienne vers eux pour leur dire que l’UE leur offre une meilleure affaire, donc il faut y rester ; que la Fed, l’ECB, le BOJ et les fonds spéculatifs new-yorkais vont marteler la livre sterling comme preuve que le vote du Brexit fait couler l’économie anglaise (ce martellement a d’ailleurs déjà commencé) ; que le vote du Brexit sera présenté comme un affaiblissement de l’Europe face à « l’agression russe » (agression fabriquée d’ailleurs par le NOM) ; que les chefs de file du Brexit seront mis sous pression jusqu’à ce qu’ils parviennent à un accord avec l’UE, etc. Et Roberts de dire que les lecteurs peuvent s’imaginer par eux-mêmes beaucoup plus de probabilités semblables, leur rappelant comment l’Irlande a voté contre l’Europe il y a des années de cela jusqu’à ce qu’elle ait été contrainte à voter pour.

Or, dans le site de Henry Makow.org se trouve (ou se trouvait) un autre article qui, à mon avis, pénètre davantage derrière le spectacle de Guignol, car Makow a l’avantage d’être ce que les globalistes appellent sans doute un « antisémite », ou plutôt un de ceux « qui détestent les juifs » puisque Makow est lui-même juif. Vraiment, ceux-là seuls qui ont une certaine idée de ce qu’est le Messie ou le Christ, sont à même de prendre la mesure de l’Antéchrist.

La thèse de l’article c’est que « les partisans du Brexit se sont lamentés que l’Establishment s’y opposât, mais en vérité, c’est le contraire qui est vrai. » Pour prouver cette thèse, l’article cite les noms de plusieurs politiciens britanniques, à la fois Tory et Labour, tous des globalistes plus ou moins fervents et qui ont fait campagne pourtant pour le Brexit (il devrait être assez facile de vérifier ces noms si on veut). De même, dans les medias britanniques, l’article cite plusieurs noms de journaux et de journalistes, normalement vendus au globalisme, qui ont fait campagne pour le Brexit. Mais alors, à quoi le Brexit a-t-il servi ? L’article attribue à Poutine de s’être approché bien plus près de la vérité en suggérant que c’était pour faire pression sur l’Europe pour qu’elle accorde de meilleurs termes à la Grande Bretagne. L’article va plus loin : le Brexit fut conçu pour forcer l’Europe à « se rendre complètement aux bellicistes sionistes anglo-américains et aux corporatistes qui privatisent tout », et l’article de conclure que le Brexit « ne fut certainement aucun triomphe sur le globalisme ». Et Makow lui-même ajoute : « Évidemment, les pouvoirs en place ont décidé que la Grande Bretagne hors de l’Europe plutôt qu’en son sein pouvait être un instrument plus effectif de la tyrannie mondiale des francs-maçons par leurs banques centrales. »

Peut-être de telles spéculations (mais pas leur profondeur) manquent-elles de certitude, mais ce qui est certain, c’est que sans Dieu ni l’Europe ni la Grande Bretagne ne valent grande chose. Construire sans Lui, c’est construire en vain, nous dit le Psalmiste. Pourtant, dans tout ce débat sur le Brexit qui a jamais fait mention de son Nom ? Si le Brexit doit réaliser quelque chose de vraiment positif, il aura besoin d’un chef qui ait de la vision. Or, sans Dieu, d’où viendra-t-il ?

Kyrie eleison.

Des Avantages de la Campagne.

Des Avantages de la Campagne. on juillet 2, 2016

Puisque tout être humain a été créé par Dieu sur cette terre dans le seul but qu’il aille au Ciel (I Tim. II, 4), la bonté de Dieu est tout le temps à l’œuvre sous une forme ou une autre, plus ou moins forte, pour y attirer les âmes. Et si un homme commence à répondre à cette attraction, il réalisera tôt ou tard que la masse des âmes qui l’entoure aujourd’hui est ou bien inconsciente de cette attraction, ou y résiste positivement. Et plus il est sérieux lui-même pour aller au Ciel, plus sérieusement il se demandera ce que c’est dans le monde qui l’entoure qui rend les âmes à ce point négligentes pour le Ciel, ou au moins pour y parvenir.

Quelques-unes des raisons peuvent lui en être immédiatement évidentes, comme l’avancée récente du vice contre nature et son triomphe dans la légalisation du « mariage » de même sexe. Sur d’autres raisons, peut-être a-t-il besoin de plus de temps pour en apprécier la gravité, parce qu’elles sont moins clairement opposées à la vertu, et parce qu’ elles font partie de son environnement depuis beaucoup plus longtemps, par exemple le fait de vivre dans les villes ou les sous-villes, c’est-à-dire les banlieues. Bien sûr, seul un sot affirmerait que tout campagnard est plein de vertu alors que tout citadin est plein de vice. D’autre part, la vie à la campagne est évidemment plus proche de la Nature que la vie en ville, et alors si la Nature fut créée par Dieu pour être le support indispensable de cette Surnature sans laquelle aucune âme ne peut entrer au Ciel, alors les campagnards, en tant que tels, seront plus proches de Dieu que les citadins, et un citadin désireux d’aller au Ciel doit au moins réfléchir sur le tissu quotidien de sa vie en ville.

« Apprenez de vos ennemis », disaient les Latins. Le communisme est un des ennemis les plus terribles du catholicisme, et deux communistes insignes sont célèbres pour leur haine envers les campagnards ou les paysans. Pour Lénine (1870–1924), chef de la Révolution russe en 1917, un obstacle majeur sur le chemin de la Révolution athée était les paysans d’hier, enracinés dans la terre, profondément conscients de leur néant en tant que créatures, entourés par le mystère de la Création dont ils dépendaient, alors que le citadin vivant dans un monde de fabrications humaines et artificielles, d’usines, de machines, de robots humains, un monde accablé de toutes sortes de rancunes (s’enrager contre la pluie est un exercice de futilité alors que la « rage au volant » augmente tout le temps), était tout disposé à la Révolution (voilà pourquoi de Corte disait que les politiciens modernes promettent constamment le « changement »).

Pour Antonio Gramsci (1860–1937), maître de la transition clef de la Révolution après Lénine et Staline du communisme « à la dure » au globalisme « à la douce », la paysannerie représentait aussi un redoutable ennemi dont la Révolution devait se défaire. Avec son « sens commun » et son « ordre naturel », la paysannerie fut le soustrat de tout ce système de valeurs qui devait disparaître. La religion, la famille, la terre, l’armée, la nature, la culture devaient céder le passage à une nouvelle façon de penser au diapason du Nouvel Ordre Mondial. Pour sortir les hommes de leur ancienne mentalité, toute leur culture devait être subvertie, non pas en s’attaquant violemment à leur système économique, mais en « marchant à travers les institutions », toutes leurs institutions. La Révolution devait donc refaçonner leur éducation, leurs arts, leurs divertissements, leurs nouvelles, leurs sports, etc., tout composant de leur culture au sens le plus large du mot, pour subvertir de fond en comble tout le mode de vie personnifié autrefois par la paysannerie. Et la Révolution de Gramsci a si bien réussi à renverser l’ancien ordre naturel que les fermiers qui travaillent aujourd’hui la terre se trouvent dans une telle dépendance des machines et des gangsters qui sont maîtres des banques, qu’ils ne ressemblent plus, ou à peine, aux paysans d’antan.

Mais la Révolution aujourd’hui fait une guerre si totale à « tout ce qui s’appelle Dieu » qu’il n’y a plus moyen humain de s’y opposer en reconstruisant la paysannerie telle qu’elle était. De fait, la toute meilleure des paysanneries, en tant que telle, ne suffirait plus comme solution, car le problème n’est pas simplement culturel. Le vrai problème est notre apostasie, notre refus de Dieu. La véritable solution commence avec la prière qui nous ouvre à Dieu, et que la Révolution apparemment toute-puissante est toutefois impuissante à empêcher.

Kyrie eleison.