Les Commentaires Eleison

La Pensée de la Néo-FSPX – I

La Pensée de la Néo-FSPX – I on février 7, 2015

Vers la fin de l’année dernière, le Premier Assistant de la Néo-Fraternité Saint Pie X, l’abbé Niklaus Pfluger, a donné une entrevue à une revue de la Néo-Fraternité en Allemagne, Der Gerade Weg, dans laquelle il répondit à sept questions au sujet de l’Église, de la Tradition, de la « Résistance » et de la Ex-FSPX. Étant donnée l’importance de sa charge, sa pensée ne saurait manquer d’intérêt. Ses réflexions principales sont présentées ci-dessous, puis leur principale erreur.

L’Eglise Catholique est large, beaucoup plus large que seulement le mouvement Traditionnaliste. Ce mouvement a débuté dans les années 1970 comme une réaction compréhensible des Catholiques qui ne se trouvaient plus chez eux à cause de la révolution Conciliaire, mais nous ne rendrons pas la Tradition attrayante ni convaincante si nous demeurons mentalement figés dans les années 1950 ou 1970. La Tradition Catholique est un vaste trésor qui ne doit pas rester limité aux condamnations routinières des 19ème et 20ème siècles, contre le Modernisme, le Libéralisme et la Franc-maçonnerie. Donc au cours des années 1970 et 1980 la FSPX a pu servir, oui, de canot de sauvetage pour les âmes qui se noyaient, mais en 2014 « notre époque est différente, nous ne pouvons pas rester immobiles ». La Tradition de l’Eglise est une, mais les traditions sont nombreuses et beaucoup de ce qui est moderne n’est pas immoral.

Par conséquent « nous devons nous repositionner continuellement », quelque part entre affirmer d’une part qu’il n’y a aucune crise moderniste du tout dans l’Eglise, et nier d’autre part la réalité de l’Eglise actuelle, comme le fait la « Résistance ». D’un problème purement pratique celui du repositionnement les « Résistants » font une question de foi, mais cette « foi » est une pure invention de leur part, subjective, personnelle et complètement détaché de la réalité. Comment Rome peut-elle ne pas être catholique ? Comment Monseigneur Fellay peut-il être le pire ennemi de tous ? Ridicule ! La « Résistance » est sectaire, de mentalité étroite, de mauvais esprit, et elle divise.

Et quant au Quartier Général de la FSPX ayant supposément trahi en 2012 la Tradition, ses actions ont été attaquées des deux côtés, ce qui signifie qu’il a agi de façon modérée et raisonnable. Ses textes ne furent pas dogmatiques, simplement, ils réagirent aux circonstances. Oui, ils s’écartent des décisions du Chapitre Général de 2006, mais qui à ce moment-là aurait imaginé à quel point Rome allait se montrer aussi peu agressive envers la FSPX qu’elle le fut en 2012 ? En 2014 nos trois évêques purent célébrer des messes publiques dans la Basilique de Lourdes !

Bref, la FSPX suit l’Esprit, Elle profite de la Tradition. Elle a sauvé la liturgie (grâce à Monseigneur Lefebvre). Elle n’est ni monopolisante, ni désunie ni vaincue comme Elle pourrait le paraître. Les tempêtes dans l’Eglise continuent, oui, mais nous autres, nous disons non aux théories conspirationnistes et pseudo-apocalyptiques, et oui à la Foi, à l’Espérance et à une nouvelle jeunesse !

Donc, où réside l’erreur dans la façon de penser de l’abbé Pfluger ? On la voit le plus clairement dans le premier paragraphe ci-dessus où il suggère que la Tradition peut s’épanouir hors « des condamnations du 19ème et du 20ème siècles contre le Modernisme, le Libéralisme et la Franc-Maçonnerie ». Pour l’abbé Pfluger, comme pour tous les libéraux, ces condamnations ne font pas partie intégrante de la Foi catholique mais elles ne sont que des « ancrages substantiels » (selon la propre expression du Cardinal Ratzinger), lesquels peuvent être abandonnés comme ne correspondant plus aux circonstances différentes. Par conséquent l’abbé Pfluger n’a peut-être pas une foi différente de celle de Monseigneur Lefebvre, de Pie IX, de St Pie X, de Pie XII, etc., mais de toute évidence il a une conception différente de cette Foi, et cette conception différente est sous-jacente à toutes les positions qu’il prend dans l’entrevue reproduite ci-dessus.

En conséquence, le problème est beaucoup plus qu’un simple « Repositionnement pratique ». La Rome d’aujourd’hui n’est certainement pas catholique. Monseigneur Fellay représente un problème énorme. Le Chapitre Général de 2006 fut implicitement dogmatique. La Tradition ne doit pas se rendre attrayante aux hommes, mais fidèle à Dieu (qui n’est mentionné qu’une seule fois, en passant, dans l’entrevue). La « Résistance » est loin de créer sa propre « foi ». Etc., etc.

Kyrie eleison.

Hebdo-Remède

Hebdo-Remède on janvier 31, 2015

De la façon la plus politiquement incorrecte possible, ce « Commentaire » a présenté la semaine dernière l’attaque très lourdement médiatisée contre Charlie Hebdo à Paris le 7 janvier comme étant une attaque contre ce qui reste de civilisation chrétienne en France. Qu’il montre alors cette semaine comment la civilisation chrétienne procéderait à résoudre ce problème, suivant le même ordre : caricaturistes, tireurs, politiciens, peuples et conspirateurs.

Quant aux caricaturistes, si la France était encore catholique, l’Église et l’État seraient encore unis, ainsi qu’ils l’étaient jusqu’à la Révolution française, et les autorités de l’État auraient

absolument interdit des caricatures blasphématoires antichrétiennes comme celles de Charlie Hebdo, qui ont bien pu provoquer le Bon Dieu à permettre que les caricaturistes fussent réduits au silence. Mais ça c’est de la censure ! Réponse : qui est-ce, si ce n’est un idiot, qui peut croire encore que nous ne sommes pas soumis aujourd’hui à la censure ? Simplement, au lieu d’être chrétienne, la censure d’aujourd’hui est antichrétienne. En effet, qui est libre aujourd’hui de blasphémer contre le culte de « l’Holocauste » et de ses « chambres à gaz » ?

Quant aux tireurs musulmans, dans une France catholique ils ne seraient probablement jamais venus. Jamais les autorités catholiques de l’État n’auraient méprisé ni haï les musulmans dans leurs propres pays. Mais, en même temps, elles n’auraient jamais perdu de vue le choc historique entre l’islam et la Chrétienté au point de permettre l’installation en France d’une telle masse d’immigrés musulmans comme cela est aujourd’hui le cas, installation même encouragée depuis la Deuxième Guerre mondiale. Pas plus que ces autorités catholiques n’auraient appris à mépriser leur propre race et leurs traditions nationales, comme elles ont accepté de le faire aujourd’hui. Le quatrième Commandement apprend à un Catholique à aimer son propre pays plus que les autres, sans toutefois ne leur désirer aucun mal.

Mais avant tout, si la France était restée catholique, ni les politiciens ni le peuple ne seraient devenus les marionnettes qu’ils sont devenus aujourd’hui dans les mains de leurs maîtres occultes, les Globalistes. Au 17ème siècle la France était encore, dans l’ensemble, catholique, mais au 18ème siècle, à cause du manque de foi catholique, sa classe dirigeante se laissa profondément infecter par cette engeance du Globalisme qu’est la Franc-Maçonnerie. Lancée

dans sa forme moderne dans l’Angleterre apostate en 1717, la Maçonnerie se répandit rapidement en France et en Amérique du Nord, où elle ourdit les Révolutions américaines et françaises, en 1776 et 1789 respectivement. Toutes les deux furent une avancée majeure vers le Nouvel Ordre Mondial des Globalistes.

Or, tant que l’Église catholique se trouvait encore dans un état normal, elle dénonçait et condamnait la Maçonnerie comme étant une société secrète programmée pour subvertir et abattre de fond en comble la religion catholique — voyez par exemple la Lettre Encyclique de Léon XIII, Humanum Genus, de 1884. Ainsi, à partir de la Révolution française les États se séparèrent de plus en plus de l’Église catholique et la remplacèrent en se posant sur des bases laïques et démocratiques. De plus en plus la nouvelle classe dirigeante, les bourgeois, vinrent à abandonner la religion catholique en faveur du libéralisme qui est effectivement une religion de substitution où on adore l’homme et sa liberté à la place de Dieu et sa Vérité. De telle sorte qu’au nom de la « liberté », les journalistes se mirent à remplacer les prêtres, et leurs médias libéraux s’emparèrent de la pensée des gens. Mais pendant tout ce temps-là les journalistes et les médias furent dirigés en secret par la Maçonnerie qui travaillait pour le Nouvel Ordre Mondial des Globalistes. Et voici comment sous couvert de « démocratie » et de « liberté », les Globalistes, toujours fortement motivés par leur rêve de dominer le monde entier, ont été capables de réduire les peuples et les politiciens à merci, les transformant en marionnettes de l’opinion publique, elle-même coulée comme dans un moule par leurs médias. Tourner le dos à la vérité de Dieu, c’est se rendre esclave des mensonges de Satan.

L’attaque de Charlie Hebdo fut programmée en vue de réaliser une énorme démonstration en faveur de la liberté sans Dieu, plutôt la licence, et pour provoquer une tension meurtrière entre les musulmans et les Européens. D’autres événements semblables suivront en vue de provoquer des bains de sang dont les Globalistes espèrent sortir suprêmes, tandis que le Bon Dieu espère que nous autres hommes nous nous rendrons compte que le rejet de Dieu constitue un énorme problème, même le problème de base. Si les États ne voient pas cela, il ne reste rien d’autre à faire que pour les familles de prier les cinq Mystères chaque jour ensemble, et pour les individus de prier chaque jour tous les quinze Mystères (à supposer que c’est raisonnable), pour supplier Notre Dame d’intervenir auprès de son Fils.

Kyrie eleison.

Hebdomanie

Hebdomanie on janvier 24, 2015

L’attaque contre Charlie Hebdo du 7 janvier où deux tireurs musulmans ont tué une douzaine de caricaturiestes et de journalistes dans le bureau à Paris de cet hebdomadaire satirique français, et l’énorme protestation publique du 11 janvier contre l’attaque, à la tête de laquelle plusieurs chefs d’État européens se sont fait photographier comme participants, se comprennent au mieux comme un épisode de plus dans la guerre menée par les ennemis de Dieu contre le peu qui reste de la civilisation chrétienne. Considérons dans l’ordre les caricaturistes, les tireurs, les politiciens et peuples, marionnettes qui caressent l’islam, et les marionnettistes qui manipulent tout le monde.

Quant aux caricaturistes, en se moquant de la Sainte Trinité, de notre Divin Sauveur et de la Très Sainte Vierge Marie, ils ont tourné en ridicule non seulement l’islam et les musulmans mais aussi l’unique vraie religion du monde. Or, l’unique vrai Dieu est extrêmement patient, mais on ne se moque pas de lui (Gal. VI, 7). Aussi tout comme les hommes ont le droit de ne pas souffrir du terrorisme, le Bon Dieu a-t-il le droit de ne pas supporter la multiplication publique de caricatures obscènes et blasphématoires. Donc personne ne justifie le terrorisme en tant que tel, mais étant donné que les autorités françaises ni de l’Église ni de l’État ne veulent prendre sur elles de censurer le blasphème obscène, est-il surprenant si Dieu a permis à des musulmans de venger son honneur ?

Quant aux tireurs, deux jeunes musulmans, leur motivation a dû être religieuse car du point de vue politique il était tout à fait prévisible que leur action allait dresser l’ opinion contre l’islam. Mais même ainsi, comment ont-ils osé attaquer ? Parce que les musulmans dans toute l’ Europe, par leur taux de natalité et par leur immigration, ne cessent de se rendre de plus en plus nombreux, et ils ne font pas de secret du fait que dès qu’ ils seront assez forts, ils vont islamiser les nations autrefois chrétiennes de l’ Europe, par un bain de sang si nécessaire.

Alors qui est-ce qui a persuadé à ces nations d’ adopter cette politique d’ immigration pratiquement sans frein, et d’ offrir d’ incroyables allocations d’État à ces immigrants en fait inassimilables, et ainsi de suite ? Qui, sinon nos politiciens-marionnettes, achetés ou intimidés ? En un moment de vérité il y a environ un an, la Chancelière allemande, Angela Merkel, n’a-t-elle pas reconnu que le “multi-culti”, le mélange de cultures contraires, ne fonctionne pas ? Et pourtant il y a environ une semaine à la suite de l’ attaque Hebdo, n’ a-t-elle pas proclamé que l’islam appartient à l’Allemagne ? On l’a fait se taire et rentrer dans l’ordre. C’est une marionnette, car elle ne cesse d’agir contre les véritables intérêts de son pays. En effet, s’ il n’y avait pas eu tant de musulmans en France, Charlie Hebdo se serait-il donné la peine de ridiculiser l’ islam ? Et qui vote pour ces politiciens-marionnettes, si ce n’est des peuples-marionnette qui permettent que leur pensée soit réduite en esclavage par leurs viles médias ?

Enfin, les marionnettistes qui sont-ils ? Ce sont les ennemis de Dieu, décidés à établir leur propre Nouvel Ordre Mondial sans Dieu, un État policier programmé pour assurer que pas une âme vivante n’échappera à l’ Enfer éternel. Appelons-les les “Globalistes”. Alors l’ attaque Hebdo a-t-elle été leur oeuvre, c’est-à-dire un de leurs événements fabriqués pour manipuler l’ opinion publique, comme le 9/11 aux EU ou le 7/7 au Royaume Uni, mais cette fois-ci vers la liberté du blasphème et la guerre civile ? C’ est hautement probable. En tout cas l’ événement ne se déroula certainement pas comme on a voulu le faire paraître. Exemple notoire, le video-clip de trois minutes montrant l’ un des tireurs tirant à bout portant sur un “policier musulman” gisant sur le sol, sans traces de sang, sans recul du fusil, avec peu de mouvement de la “victime”. Le clip est peut-être accessible encore sur http ://​youtu.​be/​gobYWXgzWgY.

Et le Bon Dieu au milieu de toute cette folie ? “ Ceux qu’ Il veut détruire, Il commence par les rendre fous,” dit le vieux dicton. Priez les quinze Mystères par jour pour le triomphe qu’ Il ne va obtenir que par sa Mère. Comme les pauvres Globalistes vont être pris au dépourvu !

Kyrie eleison.

Une Épitaphe Contradictoire

Une Épitaphe Contradictoire on janvier 17, 2015

Sous le ciel immense et étoilé
Creuse la tombe et laisse-moi reposer.
Heureux j’ai vécu et heureux je meurs,
Et volontiers je m’allonge ici.

Voici le verset que tu graveras pour moi :
Ici il repose où il désirait être.
Le marin est chez lui, de retour de la mer
Et le chasseur de retour de la colline.

—R.L.Stevenson (1850–1894)

Cette épitaphe écrite pour le poète lui-même est éloquente par sa simplicité, et touchante, parce qu’elle a trait à la mort, cette inévitable tragédie de la vie humaine. En commémorant la vie et l’amour, souvent les poètes en viennent à la mort, laquelle d’une façon si mystérieuse met fin aux deux. Par contre, ne souhaitant pas se demander ce que signifie la vie ou la mort, les pauvres matérialistes mettent fin à la poésie et ils la présenteront en prose s’ils le peuvent, précisément pour ne pas avoir à penser à quelque chose qui dépasse la matière. Mais le mystère demeure . . .

En théorie l’épitaphe de Stevenson est courageuse. Dans les trois derniers vers de chaque strophe, en six vers sur huit, il affirme de six manières différentes qu’il est heureux de mourir. Mais le poème est lourd de contradiction. S’il fut « heureux de vivre », comment peut-il être heureux de mourir ? S’il était si heureux de mourir, comment peut-il avoir été heureux de vivre ? Pour être aussi heureux de mourir qu’il le prétend, il doit avoir perdu son désir de vivre, ou l’avoir éteint, ce qu’il ne pourrait avoir fait qu’en refusant à sa vie une quelconque destinée, ou signification, ou survie au-delà de sa mort animale, et cela, il ne pouvait le faire qu’en prétendant n’être rien de plus qu’un animal. Mais quel animal se donne la peine d’écrire d’éloquents et touchants poèmes ?

Oh, Robert Louis, vous saviez que vous n’étiez pas qu’un animal. Vous vous êtes donné la peine d’écrire de nombreux travaux littéraires, y compris un conte fascinant de vie et d’aventure pour enfants, L’Île au trésor, ainsi qu’un conte poignant de corruption et de mort pour adultes, L’étrange cas du docteur Jekyll et de M. Hyde, et l’ensemble de vos travaux font de vous actuellement le 26ème auteur le plus traduit au monde. Il est vrai que vos parents étaient Écossais Presbytériens, secte Calviniste assez rigoriste au cours du 19ème siècle pour transformer plus d’un brave homme en athée. Mais comment pouviez-vous vous avilir à ce point-là face à la mort ? Comment pouviez-vous prétendre que dans la mort vous étiez « de retour » chez vous ?

Le Créateur n’a pas originellement destiné à la mort animale cet animal rationnel qu’est l’homme. Si tous les hommes depuis Adam et Eve avaient fait un usage correct de leur rationalité, ou raison, pendant la durée impartie à leur vie terrestre, alors au lieu de leur mort animale maintenant inéluctable, ils auraient glissé sans douleur dans la vie éternelle que le bon usage de leur raison leur aurait méritée. Mais ce projet originel fut frustré lorsqu’Adam a désobéi à son Créateur, et par la mystérieuse solidarité de toute la future humanité avec son premier père, il a entraîné tous les hommes dans le péché originel. Depuis lors, la contradiction est intrinsèque à toute nature et vie humaine, puisque nous avons une nature créée par Dieu qui se trouve en guerre avec cette nature déchue que nous avons héritée d’Adam. Nos vrais – et non pas faux – « désirs d’immortalité » viennent de notre nature telle qu’elle a été faite par Dieu et pour Dieu, tandis que notre mort animale est un « retour » chez nous seulement pour notre nature en tant que déchue. « Malheureux homme que je suis », s’écrie Saint Paul, (Rom. VII,24–25), « qui me délivrera de ce corps mortel ? La grâce de Dieu, par Jésus-Christ Notre Seigneur ».

Kyrie eleison.

Mgr. Lefebvre Commenté – II

Mgr. Lefebvre Commenté – II on janvier 10, 2015

Avant d’en terminer avec les remarques réalistes de Mgr. Lefebvre de 1991 (cf. les deux derniers CE), ajoutons encore quelques commentaires, dans l’espoir d’aider les Catholiques à maintenir l’équilibre entre le mépris de l’autorité au nom de la vérité, et la diminution de la vérité [Ps XI,2] par égard pour l’autorité. Car depuis que les hommes d’Église de Vatican II (1962–1965) appuient de toute leur autorité la Révolution dans l’Église ( liberté religieuse, égalité collégiale et fraternité œcuménique), ils font perdre aux Catholiques cet équilibre : en effet, lorsque l’Autorité foule aux pieds la Vérité, comment peut-on maintenir tout son respect envers les deux ?

Or, à l’heure actuelle, au milieu des conséquences dramatiques de Vatican II, de qui peut-on dire qu’il a produit des fruits comparables à cette conservation de la doctrine catholique, de la Messe et des sacrements que réalisa Mgr. Lefebvre ? N’est-ce pas lui qui en a été principalement responsable ? Et dans ce cas, l’équilibre qu’il a su lui-même maintenir entre la Vérité et l’Autorité, ne sera-t-il pas particulièrement digne de considération ?

En premier lieu, considérons une simple observation de Monseigneur au sujet de l’Autorité : « Maintenant nous avons la tyrannie de l’Autorité parce que les règles du passé n’existent plus ». Chez les êtres humains ayant tous le péché originel, la vérité a besoin de l’autorité pour se maintenir, parce que cette idée que la vérité lancée sur la place du marché prévaudra par elle-même, c’est une illusion de Jefferson, et il faudra un désastre pour rétablir la réalité. L’autorité est à la vérité comme le moyen est à la fin, et pas l’inverse. Il n’y a que la foi catholique qui sauve, et cette Foi consiste en une série de vérités, non pas en l’autorité. Ces vérités sont à tel point la substance et le but de l’Autorité catholique que lorsque celle-ci se sépare de celles-là, comme cela s’est produit au Concile Vatican II, alors l’autorité est coupée de son ancrage et part à la dérive, jusqu’à ce qu’un tyran s’en empare et la plie à sa propre volonté. La tyrannie de Paul VI fut une conséquence naturelle du Concile, de même qu’en recherchant l’approbation des champions du même Concile, la Direction de la Fraternité Saint Pie X s’est comportée également de façon tyrannique au cours de ces dernières années. Par contre, n’est-ce pas en servant la Vérité que Mgr. Lefebvre a établi son autorité dans la Tradition ?

Une deuxième remarque sienne de 1991 mérite d’être développée. A propos des efforts qu’il fit en 1988 de parvenir à un accord avec Rome au moyen du Protocole du 5 Mai, il dit par la suite, « Je crois pouvoir dire que je suis allé même plus loin que je n’aurais dû ». En effet, le texte du Protocole prête le flanc à des critiques sur des points importants, et c’est pour cela que Monseigneur ici admettait lui-même avoir momentanément perdu l’équilibre, en penchant brièvement du côté de l’autorité de Rome contre la vérité de la Tradition. Mais ce ne fut que pour un instant, car tout le monde sait que dès le lendemain matin il reprit le Protocole pour ne plus jamais vaciller sur ce point jusqu’à sa mort. Dès lors personne ne saurait dire qu’il n’a pas fait tout ce qui était dans son pouvoir pour arriver à un accord avec l’Autorité. Et plus personne ne peut prétendre que c’est chose facile que de maintenir sans faille l’équilibre exact entre la Vérité et l’Autorité.

Une troisième remarque éclaire les motifs pour lesquels il rechercha, entre 1975 et 1988, quelque accord avec l’Autorité romaine. En jugeant ses motifs à leur propre façon, ses successeurs à la tête de la FSPX prétendent que ce qu’il cherchait, c’était sa régularisation canonique. Mais lui-même expliqua les raisons du Protocole de la manière suivante : « J’ai espéré jusqu’à la dernière minute qu’à Rome ils auraient fait preuve d’un minimum de loyauté ». En d’autres mots, il avait toujours poursuivi le bien de la Foi, et il n’a jamais honoré l’Autorité pour autre chose que pour le salut de la Vérité. Peut-on en dire autant de ses successeurs ?

Kyrie eleison.

Mgr. Lefebvre Commenté – I

Mgr. Lefebvre Commenté – I on janvier 3, 2015

Pour les autorités de l’Église aujourd’hui « Il n’y a pas de vérité stable, il n’y a pas de dogme. Tout évolue. » C’est ce que disait Monseigneur Lefebvre (1905–1991) en 1991 (voir le « Commentaire Eleison » de la semaine dernière). En effet, à la fin de sa vie Monseigneur vit plus clairement que jamais ce à quoi il s’était confronté dans son héroïque défense de la Foi. Depuis lors les libéraux (ne se rendant pas compte qu’ils le sont ?) qui s’emparèrent de sa Fraternité Saint Pie X dès sa disparition, n’ont toujours pas compris la gravité du problème tel que Monseigneur l’avait identifié. Par conséquent, que ce « Commentaire » ouvre cette nouvelle année en essayant une fois de plus de mettre à nu la blessure mortelle de l’Église et du monde d’aujourd’hui.

Lorsque Emmanuel Kant (1724–1804) érigea en système philosophique le rejet par l’homme de la réalité de Dieu, système basé sur sa proclamation totalement fausse que l’esprit humain ne peut connaître l’objet tel qu’il est en lui-même, alors les facultés de philosophie des universités du monde entier se mirent à déverser la folie dans les rues parce que les hommes voulaient faire de la liberté leur dieu, et que Kant leur offrait la suprême libération, celle de l’esprit par rapport à son objet.

Or les Catholiques pas encore contaminés par la fantaisie Kantienne savent que Dieu et Son Ciel existent tout à fait en dehors, et indépendamment, de leurs petits esprits, et donc s’ils veulent être heureux pour l’éternité, ils ont tout intérêt à ce que leur esprit se plie à la réalité objective et non à la fantaisie subjective. En conséquence pendant un siècle et demi Dieu donna à son Église une série de Papes anti-libéraux qui se dressèrent contre le monde libéral alors que tout autour, tout sombrait de plus en plus dans la folie. Ces Papes protégèrent l’Église du prestigieux et populaire subjectivisme. Mais dans les années 1950 les cardinaux et évêques de l’Église ne priaient pas suffisamment pour maintenir cette protection de leur esprit et de leur cœur contre cette folie connue dans l’Église sous le nom de « modernisme » et c’est ainsi que lors du Conclave de 1958 ils élurent l’un des leurs, Jean XXIII, soi-disant « le bon », un libéral (ne se rendant pas compte qu’il l’était ? Dieu seul le sait) qui, comme prévu, lança en 1962 le désastreux Concile Vatican II.

Pourquoi désastreux ? Parce que la folie du subjectivisme (le rejet de la réalité objective) au lieu de rester encore absolument condamnée par les autorités supérieures de l’Église fut alors adoptée par celles-ci et devint (consciemment ou inconsciemment ? Dieu seul le sait) la nouvelle base officielle de la doctrine et de l’action de l’Église. Le problème ne saurait être plus grave. Les personnages officiels de la véritable Église de Dieu, nommés pour proclamer et défendre les vérités objectives de Dieu pour le salut des âmes, se mirent désormais à faire passer ces vérités par le filtre de leur esprit subjectif. Imaginez ne disposer que de bouteilles sales pour faire une réserve du meilleur des vins. Il ne pourra qu’en être ruiné. Les personnages officiels de l’Église Conciliaire d’aujourd’hui ne peuvent que ruiner la vérité de Dieu.

Voilà pourquoi Monseigneur a dit en 1991, « Nous avons à faire à des personnes (au sommet de l’Église) qui ont une philosophie différente de la nôtre, une façon différente de voir, qui sont influencées par tous les philosophes modernes subjectivistes. Pour eux il n’y a pas de vérité stable, il n’y a pas de dogme fixe. Tout évolue. Ceci est réellement la destruction maçonnique de la Foi. Heureusement nous autres (traditionnalistes) nous avons la Tradition pour pouvoir nous appuyer sur elle. »

Mais qu’est-il donc arrivé à la Tradition, une fois Monseigneur disparu ? Hélas ! Les autorités au sommet de sa Fraternité Saint Pie X qui a été à la tête de la défense de la Foi objective pendant ces quelques 40 dernières années, ne peuvent avoir prié sérieusement, suffisamment, pour protéger leur esprit et leur cœur d’être à leur tour contaminés par le subjectivisme. Eux aussi ont perdu la primauté de la vérité objective, aussi sont-ils devenus le jouet des autorités romaines comme un poisson est le jouet d’un pêcheur. Monseigneur Lefebvre, priez pour nous !

Kyrie eleison.