Fraternité Saint-Pie X

L’erreur de Menzingen – II

L’erreur de Menzingen – II on juillet 15, 2017

Une lettre du 13 juin, émanant du siège de la Fraternité Saint-Pie X à Menzingen en Suisse, est censée « faire le point sur les mariages » en tenant compte de la proposition romaine, en date du 4 avril qui vise simplement à faciliter l’enregistrement des mariages de la Fraternité dans la structure conciliaire. Cette lettre n’est pas sans poser un sérieux problème qui dépasse largement tel ou tel détail, tel ou tel argument. Le problème réside en fait dans la mentalité strictement conciliaire des ecclésiastiques auteurs de la proposition.

Nous ne sommes pas seul à penser ainsi : Lors des « discussions théologiques » de 2009 à 2011, trois théologiens de la Fraternité, sous la conduite de Mgr de Galarreta, ont dû affronter quatre « théologiens » romains. Selon le mot inoubliable d’un des trois théologiens, les quatre Romains étaient des « malades mentaux », mais « ayant l’autorité » Objectivement, cette maladie mentale des romains est tellement grave que beaucoup de catholiques fidèles sont tentés de penser que ces prélats ont perdu toute autorité dans l’Eglise. Mais, hélas, ces ecclésiastiques font encore illusion ! si bien que, grâce à « l’obéissance », ils peuvent objectivement continuer à détruire l’Eglise, quoiqu’il en soit de leurs intentions dont Dieu seul reste juge.

Ainsi, dans une première partie, la lettre de Menzingen sur les mariages (cf. les « Commentaires » de la semaine dernière) affirme que la proposition de Rome du 4 avril, vise simplement à ramener les mariages de la Fraternité à l’usage antique et raisonnable de l’Église pratiqué depuis le Concile de Trente. Oui, certes ! Mais cette législation raisonnable, que vaudra-t-elle, dès lors que ce sont des « malades mentaux » qui devront en faire usage ? Un axiome scolastique profond énonce que : «  Tout ce qui est reçu, est reçu selon le mode de celui qui reçoit  ». Une saine tradition, confiée aux mains d’ecclésiastiques (objectivement) insensés, pourra devenir insensée. Par exemple, dans la troisième partie de la lettre, Menzingen affirme que les mariages célébrés dans la Fraternité une fois reconnus par l’Eglise, ne feront plus de doute pour personne. « Plus de doute », dites-vous ? Alors que les responsables de l’Église d’aujourd’hui en sont à transformer pratiquement les annulations officielles en « divorces catholiques » ?

La deuxième partie de la lettre se propose de réfuter une liste de huit objections importantes qu’on peut faire à la proposition romaine. La plupart de ces objections disent, en substance, que l’acceptation de la proposition de Rome, dans le contexte actuel, équivaudrait à épouser la trahison conciliaire de la Foi en acceptant la théorie et la pratique conciliaires du mariage (1,2) ; en admettant la condamnation conciliaire des mariages célébrés précédemment dans la FSSPX (3) ; en approuvant le nouveau Code de Droit Canonique (8) ; et ainsi de suite. Ces objections sont fondées sur le contexte actuel des mariages. Menzingen répond : abstraction faite du contexte, la proposition romaine, «  en soi  », revient simplement à mettre à la disposition des couples de la Fraternité une manière supplémentaire de se marier tout en restant en harmonie avec l’Église officielle. Bien sûr, Menzingen, bien sûr, mais comment, dans la vie réelle, un mariage peut-il jamais être célébré en dehors de tout contexte ? Et comment, aujourd’hui, le contexte officiel de l’Église pourrait-il être autre que Conciliaire ?

La cinquième objection peut servir d’exemple typique illustrant le raisonnement des bisounours de Menzingen, lorsqu’ils séparent l’inséparable. Ainsi, à l’objection dont le sens est que l’assouplissement de la reconnaissance des mariages de la Fraternité par Rome n’est qu’un fromage masquant le piège de la Prélature personnelle, Menzingen répond que le fromage, “en soi”, n’est jamais qu’un fromage ! Menzingen reconnaît même que Rome mentionne qu’il s’agit d’un pas en avant vers la « régularisation institutionnelle » éventuelle de la Fraternité ; c’est admettre que le fromage, objectivement, fait ici partie intégrante d’un piège. Mais à cela, Menzingen répond que s’il fallait éviter tous les pièges, la Fraternité devrait couper court avec tous les responsables romains, ce que Mgr Lefebvre, en 1975, a déclaré ne pas vouloir faire.

Bien sûr, Menzingen, bien sûr ! Mais 1975, c’était avant les13 années de contacts et de négociations supplémentaires avec les Romains qui finirent par convaincre Mgr Lefebvre que Rome n’avait p ;oint l’intention de s’occuper de la Tradition. C’est alors, et alors seulement, qu’il a consacré quatre évêques pour maintenir la Tradition (comme ils l’ont fait jusqu’en 2012). De plus, Mgr Lefebvre n’a jamais refusé tout contact futur avec les Romains. Il a seulement déclaré que dorénavant la doctrine devrait primer la diplomatie, de sorte que les contacts ne pourraient reprendre que lorsque les Romains renoueraient avec les grandes condamnations pontificales du libéralisme et du modernisme. Or, depuis 1988, qu’en est-il ? Menzingen prétend que Rome a changé pour le mieux, de sorte que les pièges ne sont plus des pièges ! Menzingen, attention ! Voilà que vous avez attrapé la « maladie mentale » des Romains, qui nie que la crise de l’Église soit une crise !

Kyrie eleison.

L’erreur de Menzingen – I

L’erreur de Menzingen – I on juillet 8, 2017

Certains de nos lecteurs n’apprécient peut-être pas de nous voir revenir régulièrement à ce qui peut leur sembler n’être que des « querelles de prêtres ». Mais que ces lecteurs veuillent bien se rappeler – ou apprendre – que seule l’Église catholique peut sauver les âmes et les conduire au Ciel pour l’éternité, alors que le diable, lui, est un agent hors pair pour les envoyer en enfer pour l’éternité. Dans la mesure où Notre-Seigneur se choisit des prêtres pour être les agents de son Église, le diable les attaque, et l’un des meilleurs moyens de les attaquer, c’est d’utiliser d’autres prêtres. C’est pourquoi on trouve sans peine nombre d’ecclésiastiques parmi les hérésiarques, tel l’évêque Nestorius, ou le moine augustin Martin Luther. Les « querelles de prêtres » sont sans importance uniquement si plus personne ne veut pas aller au paradis. Mais, dans ce cas-là, le diable a déjà gagné !

Donc examinons le document de 20 pages publié le 13 juin dernier par les prêtres de la Maison générale de la FSSPX à Menzingen, en Suisse. Ils tentent de se justifier d’avoir bien accueilli le document de la Rome conciliaire en date du 4 avril qui propose à la FSSPX de célébrer les mariages en collaboration plus ou moins étroite avec les prêtres conciliaires. Cette Lettre de Menzingen, faite pour donner des éclaircissements ou faire certaines mises au point concernant le mariage, est bien tournée et peut paraître convaincante, pourvu qu’on ne remarque pas les arguments spécieux qu’elle emploie. Mais les responsables actuels de la Fraternité à Menzingen souffrent d’une infirmité rédhibitoire leur faisant prendre les apparences conciliaires pour la substance catholique. Le texte de la « Lettre » reproche au Concile, à plusieurs reprises, ses errements sur des questions générales aussi bien que sur des points particuliers concernant le mariage, mais ce ne sont là que des mots, car, dans les faits, elle traite les conciliaires comme s’ils étaient des ecclésiastiques catholiques normaux, alors qu’il s’agit en réalité de modernistes, donc d’ecclésiastiques en dehors de toutes les normes de l’Église. Dans une Épître à Timothée, St Paul, parlant des faux docteurs des derniers temps, nous avertit qu’ils auront : « les dehors de la piété, tout en ayant renié ce qui en fait sa force » (II Tim. III, 5). Et il ajoute : «  Eux aussi, évite-les”.

Ainsi, toute la première partie de la Lettre rappelle que la présence de l’ordinaire du lieu, du curé ou de leur délégué comme témoin est nécessaire pour la validité du mariage catholique ; c’est la pratique classique de l’Église, inscrite dans le droit canon depuis le Concile de Trente. Qui le contestera ? Mais depuis Vatican II, l’application de cette loi est aux mains d’ecclésiastiques qui d’ordinaire ont du mariage catholique une vue plus qu’anormale. L’Église ne vit plus aujourd’hui en temps normal ! Se peut-il que Menzingen ne l’ait pas remarqué ? Ou bien préfère-t-il ne plus le remarquer ? Il a fallu plusieurs siècles au protestantisme pour briser l’influence que l’Église catholique exerçait sur le monde ; et quelques siècles de plus pour que le libéralisme parvienne à se frayer un chemin jusqu’au sommet de la hiérarchie de l’Église ; mais dès que Dieu, pour exercer sa justice, finit par permettre ce châtiment, ce fut les élections de Jean XXIII et de Paul VI qui eurent lieu, et ce fut la plus haute autorité de l’Église qui devint libérale. Depuis lors, il n’a jamais été aussi facile pour tous les sujets catholiques de cette autorité, de penser, le plus sincèrement du monde, qu’ils restent catholiques, alors même qu’ils détruisent l’Église.

En 1987, lorsque Mgr Lefebvre appelait « antichrists » certains prélats de l’église conciliaire (cf. la Lettre aux quatre futurs évêques ), il ne visait pas leur subjectivité et leur possible sincérité ; mais il attaquait fermement la nuisance dont ils faisaient objectivement preuve. En 2017, lorsque Menzingen met en exergue la normalité de la présence des prêtres conciliaires lors des mariages catholiques célébrés par la FSSPX, il prend pour argent comptant la sincérité de ces prêtres et ferme les yeux sur leur libéralisme destructeur. Mais de leur côté, les libéraux restent sur leurs positions, avec une conception du mariage facilitant les annulations, etc. Une fois qu’ils auront mis le pied dans la porte entrouverte pour les mariages traditionnels, qu’est-ce qui les empêchera, demain ou après-demain, de mettre en accord avec leurs idées “renouvelées” la loi traditionnelle du mariage catholique ? En fait, comment pourront-ils éviter, demain ou après-demain, d’appliquer en toute sincérité leurs propres convictions ?

Au long des décennies qui ont suivi Vatican II, au fur et à mesure que les catholiques ont compris ce qui se passait dans l’Église, ils sont devenus « traditionalistes » et se sont éloignés des autorités conciliaires. Sans pour autant manquer de courtoisie ni de respect, ils se sont éloignés afin de protéger leur foi et leur morale catholiques. Mais, voilà que maintenant Menzingen s’avance vers ces autorités et veut que tous les traditionalistes fassent de même ! Menzingen a oublié la célèbre citation de l’Énéide de Virgile : « Timeo Danaos et dona ferentes » Je crains les Grecs, même lorsqu’ils apportent des cadeaux. » Hélas ! Menzingen fait confiance aux Grecs !

Kyrie eleison.

Contexte du Mariage

Contexte du Mariage on juillet 1, 2017

De par le péché originel, le mariage d’un homme et d’une femme jusqu’à ce que la mort les sépare n’a rien de nécessairement facile mais, dès le début de la Création, tel était pourtant le dessein originel de Dieu, et tel est-il encore aujourd’hui. Toutefois, lorsqu’un décret divin a promulgué par l’intermédiaire de Moïse la loi de l’Ancien Testament, Dieu y a prévu le divorce « à cause de la dureté du cœur des hommes » (Mt. XIX, 7–8). Mais là n’était pas la façon dont le Seigneur avait conçu le mariage à l’origine. Si bien que, lorsqu’il institua la Loi Nouvelle, Il supprima le divorce en élevant le Mariage au rang d’un des sept sacrements conférant la grâce sanctifiante, faisant de lui un Mystère surnaturel afin que toutes les âmes entrant dans son Église pussent bénéficier de cette aide surnaturelle spéciale qui les aiderait à garder leurs mariages dans l’unité.

Qui plus est, l’homme et la femme ne sont pas seuls à être impliqués dans le mariage. La bonne éducation des enfants oblige certes les parents biologiques : ils doivent rester ensemble pour offrir un foyer uni et stable. Mais il y va aussi de la santé de la société qui, dans son ensemble, exige que des enfants sains puissent devenir des adultes sains. Quand on y réfléchit, si la chrétienté a pu atteindre des degrés de civilisation jamais dépassés, cela est dû, pour beaucoup, à la force du mariage catholique. En bonne logique, le diable attaque donc constamment le mariage, naturel et catholique, en tant que cela représente pour lui un grand moyen de détruire la chrétienté et d’envoyer toutes les âmes en enfer.

À notre époque, le déclin de la chrétienté par l’affaiblissement de l’Église a considérablement progressé avec Vatican II (1962–1965). Avant ce Concile, les annulations de mariages catholiques étaient strictement réglementées. A proprement parler, il n’y avait pas de divorce, parce qu’il fallait prouver devant les responsables de l’Église que, pour une raison sérieuse, le contrat de mariage avait été invalide dès l’origine ; ce qui revenait à dire qu’aucun mariage valide n’avait jamais eu lieu. Mais depuis le Concile, le laxisme a remplacé cette rigueur, à tel point que, dans certains pays, l’annulation d’un mariage, autrefois exceptionnelle, est devenu la règle par instauration d’un « divorce catholique ». Par conséquent, lorsque Monseigneur Lefebvre a fondé la Fraternité saint Pie X pour résister à la décadence consécutive à Vatican II, la Fraternité a évité ces annulations faciles faisant tout ce qu’elle pouvait par ailleurs pour aider les couples catholiques à forger un mariage durable malgré la société dissolvante d’aujourd’hui.

Hélas, les successeurs de Monseigneur Lefebvre, maintenant à la tête de la Fraternité, ont œuvré depuis 20 ans, en sous-main mais de manière opiniâtre, pour rejoindre l’église conciliaire en estompant la résistance de la Fraternité à Vatican II. Si bien que, il y a trois mois de cela, le pape a autorisé les évêques conciliaires à déléguer leurs prêtres conciliaires pour participer activement aux mariages célébrés au sein de la Fraternité. N’était-il pas manifeste que cette décision pontificale modifierait la procédure des mariages de la FSSPX ? Pourtant les dirigeants de la Néo-fraternité ont, pour leur part, accueilli cette décision comme un vrai cadeau venant de Rome, tandis que, d’autre part, sept doyens du District de France protestaient publiquement contre cette ingérence conciliaire de Rome dans la pratique catholique du mariage. Les dirigeants de la Fraternité ont immédiatement dégradé les sept protestataires et ont muté l’auteur du texte de leur protestation.

Ainsi fait rage la guerre entre libéralisme et catholicisme. On dit qu’au moins trois des sept protestataires restent publiquement sur leur position. En bref, comme l’écrit l’un d’entre eux, tout évêque conciliaire peut désormais envoyer un prêtre à un mariage de la Fraternité – et comment pourrait-on renvoyer un tel prêtre, quand la tête de la FSSPX l’accueille si favorablement ? Certes, il se pourra toujours qu’un évêque diocésain refuse un prêtre, mais ce ne serait là qu’un heureux accident, laissant intact le principe dangereux du droit de l’église conciliaire à interférer. Ou encore, il se pourra que l’évêque délègue un prêtre de la FSSPX, cela pouvant alors déboucher dans tel ou tel prieuré FSSPX sur des célébrations de mariages tantôt conciliaires, tantôt non conciliaires, avec des relations biaisées, si non contradictoires, entre les deux. Les principes du conciliarisme et du catholicisme ne peuvent ni se mélanger ni se concilier.

Kyrie eleison.

Défense du Mariage

Défense du Mariage on mai 27, 2017

Sans doute beaucoup d’entre vous connaissent-ils déjà la Lettre Ouverte des sept prêtres doyens de la Fraternité saint Pie X, lettre co-signée par les Supérieurs de trois autres c ongrégations de la Tradition. Tous les dix ont protesté il y a trois semaines contre une tentative des autorités romaines d’interférer dans les mariages célébrés dans la Tradition par les prêtres de la Fraternité. De manière symptomatique, les autorités de la Fraternité ont pris fait et cause pour la Rome conciliaire et punissent maintenant leurs sept prêtres pour “subversion”, alors que la vraie subversion vient de la Rome actuelle qui corrompt la doctrine de l’Eglise sur la famille et le mariage chrétiens : à preuve, l’Exhortation Apostolique Amoris Laetitia. Les dirigeants de la Fraternité donnent ainsi une preuve supplémentaire de leur aveuglement suicidaire. Voici l’essentiel de la Lettre, qui est bien rédigée.

Cette Lettre Ouverte s’adresse aux laïcs de la Fraternité afin que ceux-ci ne se troublent pas devant l’ingérence de Rome ; elle commence par établir que les mariages célébrés depuis 40 ans au sein de la FSSPX l’ont été et le sont encore tout à fait validement. En effet, le Concile de Trente, afin de fortifier le lien du mariage, a décrété que, pour être valide, la célébration catholique devait être effectuée devant un curé ou un délégué de l’Évêque du lieu. Cependant, dit l’ a ncien Code (Canon 1098), si pendant 30 jours on ne peut trouver sans « inconvénient grave » un tel prêtre, alors le couple peut se marier validement devant des témoins laïcs. C’est ce qu’on appelle la forme extraordinaire du mariage.

Or, voilà maintenant 40 ans que la Fraternité lutte contre le néo-modernisme de Vatican II, hautement contagieux et toxique pour la Foi : le mal, en se propageant depuis les années 1960, a maintenant infecté presque toute l’Église. C’est pourquoi la Fraternité a demandé aux âmes de rester à distance de l’église Novus Ordo comme de l’ensemble de son clergé. Dans l’exhortation apostolique Amoris Laetitia, le Pape lui-même ne fait-il pas des déclarations et des propositions portant directement atteinte à la famille et au mariage catholique ? Voilà « l’inconvénient grave » pour la Foi évoqué plus haut. Pour cette raison, depuis 40 ans, lorsque des couples ont voulu se marier, la Fraternité, voyant le danger pour la Foi, les a tenus à l’écart des prêtres Novus Ordo et les a orientés vers la forme extraordinaire du mariage, habituellement pratiquée au sein de la Fraternité, et certainement valide.

Cependant, comment la Rome néo-moderniste pourrait-elle voir un « grave inconvénient » dans le fait de s’exposer à ses prêtres néo-modernisants ? C’est pourquoi, dit la Commission Ecclesia Dei, la forme extraordinaire du mariage ne devra plus être utilisée par les prêtres de la Fraternité, marquant ainsi une étape supplémentaire de l’absorption de la Fraternité dans la Néo-église. Désormais, les mariages de la Fraternité devront être célébrés devant un prêtre Novus-Ordo, nommé ou délégué à cet effet par l’ordinaire du lieu, lui-même Novus Ordo ; faute de quoi les mariages de la Fraternité continueront à être jugés invalides par les autorités de la Néo-église.

Cela signifie que la forme extraordinaire du mariage sera soumise au contrôle de l’Évêque local. Mais, on sait que les rédacteurs du nouveau Code de droit canon (1983) ont dû admettre, après en avoir âprement discuté, qu’une telle mesure heurtait vraiment trop le droit naturel des couples, si bien que ce nouveau Code, dans Canon 1116, maintient la forme extraordinaire. C’est pourquoi les dix prêtres signataires de la Lettre Ouverte concluent qu’ils continueront à utiliser la forme extraordinaire, sans recourir à un évêque de la Néo-église. Ils ajoutent qu’ils ne comptent pas non plus recourir aux tribunaux de la Néo-église pour juger des affaires de mariage, ces tribunaux accordant trop facilement des annulations pour des raisons contestables. Les dix prêtres signataires de la Lettre Ouverte doivent donc être félicités !

Mais comment la Fraternité a-t-elle réagi ? Le document de la Commission Ecclesia Dei traitant des mariages de la FSSPX, publié le 4 avril, crachait virtuellement sur la Fraternité. Mais le siège de la Fraternité à Menzingen accueillit immédiatement le texte comme un cadeau du ciel. Le 7 mai, les dix prêtres rendaient publique leur protestation contre l’ingérence de la Commission Ecclesia Dei. Le même jour, le Supérieur du District de France de la Fraternité qualifiait leur protestation d’acte « subversif » et, le 10 mai, il signifiait aux sept prêtres de la Fraternité signataires de la Lettre Ouverte, qu’ils étaient relevés de leur fonction de Doyen ; il donnait par ailleurs trois jours pour déguerpir à l’abbé de la Rocque, curé de saint Nicolas du Chardonnet, paroisse phare de la Fraternité à Paris.

Cette méthode de management montre bien que la Fraternité est en train de couler. Mais, par ailleurs, la Lettre Ouverte prouve qu’elle n’est pas encore complètement coulée.

Kyrie eleison.

Prédictions pour L’ Église

Prédictions pour L’ Église on avril 22, 2017

Comme il fallait s’y attendre, il y a eu plusieurs lecteurs qui ont réagi au portrait de la Fraternité St Pie X en « déclin lent », tel qu’il a été présenté dans deux numéros récents de ce « Commentaire ». Cette réaction montre que l’aveuglement et l’insouciance ne sont pas de tous. Voici deux lecteurs qui pensent à l’avenir, celui prochain de la Fraternité, ou celui plus lointain de l’Église. Voici le premier :—

« La déstabilisation, confusion et ramollissement des esprits des prêtres et des laïcs de la Fraternité va continuer, hélas, parce que ses chefs actuels vont persévérer tout droit dans le jeu qu’ils jouent avec les demi-Conservateurs. Du sacre d’évêques dans la Fraternité dont « le besoin est urgent » (Mgr. Tissier), on ne parlera pas. Et lorsqu’on ne pourra plus remettre le Chapitre Général de juillet, 2018, où seront élus les chefs suivants pour la Fraternité, les chefs actuels l’anticiperont en faisant tout dans leur pouvoir pour assurer la continuité ininterrompue de leur poursuite de reconnaissance par Rome. »

Selon le poids des prières que l’on dira pour sauver la forteresse de la Foi construite par Mgr Lefebvre, le Bon Dieu peut toujours intervenir avec un miracle pour la sauver, mais humainement parlant il faut dire qu’elle est trop pourrie pour être sauvée. Par exemple, l’apostolat mondial de la Fraternité exige à présent de nouveaux évêques plus jeunes, mais comment peut-on les choisir pour servir la vraie Foi anti-Conciliaire sans en même temps aliéner les Romains Conciliaires qui seuls peuvent octroyer à la Fraternité cette reconnaissance si ardemment poursuivie par son Quartier Général à Menzingen ? Mgr Lefebvre en 1988 a beau avoir qualifié cette poursuite de l’ « Opération Suicide » de la Fraternité, depuis quand les libéraux en croisade battent-ils en retraite ? La religion réelle de ces croisés libéraux, c’est leur Beau Nouvel Ordre Mondial. Et le catholicisme ? C’est pour les apparences. (Jugement dur ? Pensez-y.)

Le deuxième lecteur suppose que le suicide de la Fraternité est chose faite, et il pense à l’avenir de la Foi, davantage du point de vue de Dieu :—

« Le silence qui vient actuellement de la Fraternité concernant la « régularisation » est assourdissant. Il semble que l’accord est en vérité un fait accompli. Dans ce cas-là, occupons-nous de la longue route à parcourir pour tout restaurer, et des soins dont auront sûrement besoin les Réfugiés de la Tradition Catholique. Autrement dit, comment faire ressortir du chaos l’ordre, et comment faire un radeau à saisir sur la mer déchaînée, tandis que Rome en coulant aspire vers le fond de cette mer les faibles dans la Foi. La Foi se rétrécit-elle, ou bien se purge-t-elle de ceux qui n’ont pas été fidèles ? Dieu, au secours ! »

Quand nous pensons aujourd’hui à l’avenir de la Foi, n’oublions pas que la situation est si dramatique que personne ne sait rien pour certain, parce que si en effet cette Fraternité coule elle aussi, qui depuis 40 ans agit en bouée de sauvetage pour la vraie Foi, qu’y a-t-il encore qui empêche Rome d’aspirer les faibles dans les profondeurs de la mer ? Dieu est Dieu, et Il peut intervenir à n’importe quel moment et de mainte manière pour interrompre la course folle de Son Église à l’auto-démolition, mais le pessimisme n’en semble pas moins de mise pour le moment.

Moins facile à comprendre, tant que les Papes restent Conciliaires, est l’optimisme apparent de ce lecteur quant à la restauration de l’ordre et un radeau de sauvetage. Car s’il y a une leçon à tirer de l’histoire depuis 2012 de la « Résistance », c’est bien l’extrême difficulté de fonder une œuvre catholique sans l’approbation ne fût-ce que des apparences de l’Église officielle. La Vérité catholique est en elle-même très forte, mais sans le soutien et la protection de l’Autorité catholique, qui est celle de Notre Seigneur, la Vérité reste assez vulnérable. Par exemple, au-dedans d’un cadre d’autorité un prêtre peut facilement se soumettre même s’il n’est pas d’accord, mais en-dehors d’un tel cadre il peut facilement disputer la sagesse de la mesure la plus sage. Patience.

Le problème est humainement insoluble. Prions et attendons la solution divine, qui nous épatera tous !

Kyrie eleison.

Lent Déclin – I

Lent Déclin – I on mars 25, 2017

Voici un témoignage (abrégé) venant des États-Unis. Il tape souvent dans le mille :—

On a voulu « changer l’image » de la Fraternité St Pie X. Résultat ? – elle n’est plus ce qu’elle était. Comme la Fraternité originale appartenait à l’Église catholique, ainsi la Néo-fraternité appartient à la Néo-église. Pour les anciens qui se souviennent de Vatican II, c’est du déjà vu, mais en pire, parce que cette fois-ci il n’y a même pas d’attaque directe contre la bonne doctrine, ni un Concile important, c’est par une transformation sociale que la révolution s’étend, lente et presque imperceptible.

En effet, les apparences de la Tradition se maintiennent, mais le Mouvement de la Tradition se change en douceur, du dedans. Extérieurement et du point de vue matériel les choses paraissent mieux réussies que jamais, avec toujours plus d’argent et de bâtiments, mais intérieurement et spirituellement on observe une décadence, parce que la maladie du modernisme gagne imperceptiblement les gens. Et une variété de symptômes indiquent que c’est bien le même modernisme, par exemple les jeunes prêtres de la Fraternité aux visages béats, tout comme les « prêtres de la paix » comme le grand Cardinal Mindszenty les a nommés, dans les années 1960 et 1970. Mais à ceux-ci manque la masculinité des prêtres qui les ont précédés, comme elle manque à des laïcs importants dans l’éducation.

Alors la Messe a beau être Traditionnelle, toute la culture autour est Novus Ordo. Les Traditionnalistes veulent préserver la Messe ancienne et les Sacrements et quelques-unes des bonnes mœurs du Catéchisme, mais en même temps ils veulent profiter de tout le reste que le monde moderne leur offre. Comme résultat on distingue à peine, en-dehors de la Messe et des Sacrements, entre les soi-disant Catholiques de la Tradition et leurs équivalents dans le monde moderne. Pour ce qui concerne le divorce, les annulations de mariage, les « filles-mères », etc., les statistiques sont pareilles. Si les Traditionnalistes veulent suivre le monde moderne, ils ne peuvent plus garder la religion ancienne. Il faut choisir.

Ce qui se passe, c’est que le Mouvement de la Tradition s’ouvre actuellement au monde pour devenir normal et se faire accepter, et le processus de la modernisation avance, lentement mais sûrement. Il y a une nouvelle génération de jeunes au pouvoir, et ils font tout changer. Les anciens irréductibles qui désormais gênaient ont été remplacés, et la Tradition a une nouvelle image, jeune, souriante, aimable. Voilà 50 ans que l’Église officielle a eu sa mise à jour, la Fraternité y passe aujourd’hui. La vieille génération qui a mené tant de batailles pour tout préserver se fait remplacer maintenant par une nouvelle génération qui n’a jamais connu le Novus Ordo, ni ce qui était derrière, et qui n’a jamais eu à se battre pour quoi que ce soit. Les jeunes d’aujourd’hui peuvent bien avoir été élevés isolés dans une bulle de la Tradition, sans connaître grand- chose de la guerre d’hier, origine de celle d’aujourd’hui. Avant le Concile Bella Dodd a rendu un témoignage célèbre que les Communistes avaient infiltré l’Église. Pouvons-nous être sûrs que la même chose n’arrive pas actuellement au mouvement de la Tradition ?

Cela devait arriver. N’étant ni infaillible ni indéfectible, la Fraternité passe maintenant par l’expérience d’il y a 50 ans de l’Église officielle – l’infiltration, le compromis, la désintégration et le même processus d’auto-démolition. Mgr. Lefebvre aurait remarqué tout de suite le changement radical, mais bon nombre des grenouilles dans la Fraternité n’ont même pas remarqué comment la température de l’eau monte. Monseigneur a « transmis ce qu’il a reçu » mais la nouvelle génération comment peut-elle transmettre ce qu’elle ne reçoit plus ? C’est pour cela que nous entendons que la « réconciliation inévitable » est imminente. La Fraternité sera acceptée comme partie de la Néo-église, et inversement elle devra accepter la Néo-église. Elle ne sera plus qu’une des nombreuses chapelles latérales dans le Panthéon du Nouvel Ordre Mondial. Et quant à la « réconciliation », de quel côté des deux s’est-on rendu à l’autre ? L’Église Conciliaire est-elle devenue catholique ? Absolument pas !

Kyrie eleison.