Fraternité Saint-Pie X

Question de Discernement – II

Question de Discernement – II on novembre 25, 2017

Après avoir posé une première question portant sur la confusion des esprits dans l’Église en général (voir les « Commentaires » de la semaine dernière), Joseph pose une deuxième question concernant la Fraternité Saint-Pie X en particulier. La voici :—

Vous écriviez la semaine dernière qu’à en juger par ses fruits, Vatican II n’était pas catholique, alors que Mgr Lefebvre l’était. Cependant, dans la Fraternité Saint-Pie X qu’il a fondée, il semble qu’une nouvelle façon de penser se soit fait jour, qu’on pourrait décliner selon une série de propositions. Par exemple :

1 Aussi mauvais que soit le comportement du pape et des évêques, ils n’en demeurent pas moins les autorités légitimes de l’Église. 2 Le pape François peut être moderniste, mais il a toujours le pouvoir de réintégrer la FSSPX dans l’Église. 3 Les évêques conciliaires ne sont pas tous entièrement mauvais. Certains font preuve de dispositions chrétiennes, et montrent qu’ils ont conscience de la crise de l’Église ; d’autres défendent publiquement la morale catholique, exhortent au respect de Dieu dans la liturgie, parlent de la dévotion envers la Très Sainte Vierge Marie, etc. 4 Si nous sommes « acceptés tels que nous sommes », un accord avec Rome peut être envisagé. 5 Si nous refusons systématiquement tout accord avec Rome, nous nous rendons coupables. 6 Il est plus utile de parler de la piété de Mgr Lefebvre que de son opposition au Concile. 7 Mieux vaut rester en bons termes avec la FSSPX plutôt que se brouiller avec elle pour des questions d’opinions qui restent faillibles. 8 L’indiscipline et la désobéissance sont caractéristiques de l’Église conciliaire. Les membres de la FSSPX se doivent d’être disciplinés et obéissants.

En conclusion, vue la complexité de la situation dans laquelle les catholiques se trouvent aujourd’hui, peut-on reprocher aux membres ou aux fidèles de la Fraternité d’approuver ces propositions ?

Réponse : Tout dépend de ce que savent ces membres ou ces fidèles. Par exemple, les anciens de la FSSPX savaient que le Concile était une nouvelle religion. Si bien que l’opposition de Mgr Lefebvre était une question de foi, intrinsèquement plus importante que la piété, car comment peut-il y avoir de piété sans la foi ? Ces vétérans de la Fraternité méritent vraiment d’être blâmés (à moins qu’ils ne réagissent enfin publiquement), parce qu’ils permettent à cette « nouvelle façon de penser », comme dit Joseph, de devenir la pensée dominante dans la Fraternité de Mgr Lefebvre. De ce fait, les jeunes ont d’autant moins de chance d’entrevoir ce qui est faux dans les huit propositions ci-dessus. Car la nouvelle génération de prêtres de la Fraternité pourra être aussi pieuse que souhaitable, mais (toujours avec des exceptions) cela ne leur donne aucune compréhension de la crise qui ravage l’Église depuis maintenant plus d’un demi-siècle. Donc répondons aux huit arguments :—

1 Certes, le Pape et les évêques selon les apparences, semblent bien être les autorités légitimes de l’Église. Mais leur comportement à l’égard de la Foi est tellement mauvais que beaucoup de catholiques sérieux remettent en question cette légitimité. 2 Dans quelle Église le pape ferait-il rentrer la Néo-fraternité Saint Pie X ? Dans la Néo-Eglise ? Mgr Lefebvre déclarait après son « excommunication » : « Ils m’ont expulsé de leur Néo-Eglise ? Et alors ? Je n’en ai jamais fait partie ! » 3 Certes, les évêques conciliaires ne sont pas tous mauvais, mais presque tous sont des modernistes, ce qui signifie que beaucoup d’entre eux ont perdu la foi catholique sans même s’en apercevoir. L’homme moderne est tellement corrompu que lorsque la religion catholique en vient à correspondre à la modernité, il ne se rend même pas compte qu’il n’est plus catholique. 4 Le « tels que nous sommes » de la FSSPX en 1987 était une chose. En 2017, c’est tout autre chose ! 5 Si seulement Rome revenait à la vraie Foi, il n’y aurait plus besoin d’un accord. 6 Merci à Dieu pour la piété de Mgr Lefebvre mais la qualité de loin la plus importante qui brillait en lui, c’était sa foi. 7 « Des opinions faillibles » ? Il y a une vérité ! Y a-t-il un responsable de quelque importance dans la néo-Fraternité qui ait étudié les documents de Vatican II ? Va-t-il nier que ceux-ci introduisent une nouvelle religion ? 8 Les membres de la FSSX doivent être disciplinés et obéissants, mais à quoi ? À la nouvelle religion Conciliaire personnaliste, centrée sur l’homme ?

Le problème sous-jacent à toutes ces propositions est un problème de foi. La FSSPX fondée par Mgr Lefebvre est née au cœur de cette grande guerre menée par le monde moderne contre Dieu, mais depuis la mort de Monseigneur en 1991, ses dirigeants ont essentiellement perdu de vue cette guerre, et ceux qui la mènent, et dans quel but. Joseph ! pour comprendre le comment du pourquoi, lisez “Pascendi”. Lisez et relisez cette encyclique jusqu’à ce que vous saisissiez clairement ce dont il s’agit !

Kyrie eleison.

Question De Discernement – I

Question De Discernement – I on novembre 18, 2017

Un jeune homme réfléchi pose deux questions intéressantes ; l’une porte sur la crise de l’Église, la deuxième sur la crise de la Fraternité saint Pie X. Voici la première question :

D’une part la crise conciliaire fait suite à une série de crises qui ont affecté l’Église au cours de l’histoire, telles que le protestantisme, le libéralisme et les révolutions, plus deux guerres mondiales ; ces erreurs avaient été clairement condamnées par l’Église avant Vatican II, mais elles ont été renouvelées au Concile. Après le Concile, ces nouveautés ont même été applaudies par les ennemis traditionnels de l’Église, tels les francs-maçons et les socialistes, alors que, manifestement, l’esprit missionnaire disparaissait dans l’Église. D’autre part, les idées du Concile sont l’œuvre d’hommes d’Église supérieurement intelligents et apparemment catholiques. Et on ne peut pas toujours dire « le Pape n’est pas Pape », ou que la plupart des consécrations épiscopales des modernistes sont invalides. Pour toutes ces raisons, n’est-il pas vrai que la crise conciliaire comporte des zones d’ombre qui empêchent d’y voir clair ? Et si nous ne pouvons pas arriver à des jugements certains, comment pouvons-nous être sûrs d’être restés dans la vraie Foi ?

La meilleure réponse vient de Notre Seigneur Lui-même qui, lors du Sermon sur la Montagne disait, (Mt. VII, 15–20) : « C’est à leurs fruits que vous les reconnaîtrez » Évidemment, Notre Seigneur savait que son Église ferait l’objet d’attaques constantes, et que le diable n’aurait de cesse de semer la confusion dans l’esprit de ses disciples. Par nature le trouble consécutif à Vatican II ne diffère pas des autres crises survenues précédemment dans l’histoire de l’Église ; mais le trouble semé par la trahison des clercs à Vatican II atteint un tel degré qu’on n’en a jamais connu de semblable jusqu’ici : jamais avant les pasteurs catholiques n’ont-ils été aussi nombreux à être désorientés ni, à plus forte raison, les brebis catholiques.

Il n’empêche qu’il reste toujours possible de s’en sortir et d’y voir clair en appliquant ce même principe infaillible : les actions parlent plus fort que les mots ; les fruits des actions posées par un homme constituent le guide le plus sûr qui soit pour le connaître et savoir ce qu’il veut vraiment. Le modernisme en particulier rend facile de s’illusionner soi-même sur ce qu’on veut ou ce qu’on a l’intention de faire, parce que personne n’est aussi profondément coupé de la réalité qu’un moderniste. «  La fin du monde sera caractérisée par des hommes qui feront le mal en pensant qu’ils font le bien  », a déclaré le père Faber au milieu du 19ème siècle. Au 21ème siècle, nous sommes maintenant aux prises avec les conséquences toujours plus graves de ce processus séculaire où l’humanité se trompe elle-même en se détournant de Dieu. Mais est-il possible que Dieu laisse son troupeau sans défense contre ces loups modernistes dissimulés comme jamais sous des peaux de brebis ? Non, certes ! Car n’importe qui avec un minimum de bonne volonté guidé par la droite raison est encore capable de juger par les fruits.

Et maintenant, Joseph, résumons : Vous notez que les autorités ecclésiastiques d’aujourd’hui sont des hommes supérieurement intelligents et théoriquement catholiques, et vous supposez raisonnablement que ce sont les autorités légitimes de l’Église. Car, même si vous savez que leurs fruits sont si peu catholiques que bien des fidèles s’interrogent sur leur légitimité comme pasteurs, néanmoins il n’y a personne d’autre qui puisse, de manière autorisée, parler ou agir au nom de l’Église universelle. Et pourtant, vous constatez que leurs idées reprennent de graves erreurs anticatholiques du passé et que ces autorités sont maintenant applaudies par les ennemis traditionnels de l’Église, tels que les francs-maçons. Arguments d’un côté ; arguments de l’autre. Doutes et jeux d’ombres. Comment allez-vous sortir de cette confusion ?

La réponse se trouve dans l’une de vos propres constatations : depuis Vatican II l’esprit missionnaire disparaît de l’Église. Tels sont les fruits. Le Concile a prêché l’œcuménisme ( Unitatis Redintegratio ) et la liberté religieuse (Dignitatis Humanae ), entraînant l’acceptation des fausses religions telles que l’hindouisme, l’islam et le judaïsme ( Nostra Aetate ). Dès lors, comment l’esprit missionnaire catholique aurait-il pu ne pas s’effondrer suite au Concile ? D’innombrables monastères, séminaires, couvents, diocèses et paroisses n’ont-ils pas été vidés et fermés depuis Vatican II ? S’en est-il créé de nouveaux ? Oui, sous la houlette d’un évêque catholique qui, seul dans le monde entier, dès le début, a rejeté ouvertement le Concile et toutes ses œuvres. Avec Mgr Lefebvre sont venus à terme les mêmes fruits des mêmes principes catholiques, fidèlement appliqués en dépit de Vatican II. Joseph, vous n’avez pas à chercher plus loin.

Kyrie eleison.

Menzingen Commande

Menzingen Commande on novembre 11, 2017

Loin s’en faut que tous les lecteurs de ces “Commentaires” voient d’un œil favorable la critique des propos et des actes de Menzingen, siège de la Néo-fraternité Saint Pie X. Cependant, nombreux sont ceux qui y retrouvent l’esprit de Mgr Lefebvre agissant pour le bien de l’Église catholique. Ce prélat n’a-t-il pas eu mille fois raison d’adopter l’attitude féconde qui fut la sienne, au lieu de suivre le Concile Vatican II dans son naufrage ? Il en va de même maintenant : pour le salut des âmes, il est pleinement justifié de critiquer publiquement le glissement de la Néo-fraternité dans les bras de la Rome conciliaire. Ce glissement est encore clairement préconisé dans le numéro de juin de « Cor Unum », journal interne de la Fraternité qui est rédigé à Menzingen pour les prêtres de la Fraternité : Menzingen s’obstine et mérite d’être repris publiquement.

En italique, nous donnons ci-dessous un résumé juste de quelques-uns des principaux arguments pouvant être consultés sur le site Internet Résistance catholique francophone : Cor Unum juin 2017

Mgr Lefebvre a réservé à la seule compétence du Supérieur Général (SG) la question des relations de la Fraternité avec Rome. La raison en est qu’il savait ne pas pouvoir escompter que ses propres prêtres comprennent le haut degré de prudence à déployer dans les rapports avec les autorités romaines. L’attitude du SG actuel montre à quel point le Fondateur de la Fraternité a vu juste.

Le Chapitre Général de 2006 a donné pouvoir aux autorités de la Fraternité de renvoyer tout prêtre qui se mettrait publiquement en désaccord avec leur politique – “Cet avertissement doit être pris au sérieux.” Voilà exactement comment Mgr Lefebvre a été sanctionné par Paul VI. Les responsables de Menzingen se rendent-ils compte comment ils sont en train d’imiter Paul VI ? Et les prêtres qui ont voté au Chapitre en 2006 ont-ils prévu que leur autorisation de renvoi aboutirait à cela ?

Qu’importe la qualité des arguments de la dissidence ? S’opposer publiquement aux autorités nuit toujours au bien commun. Mgr. Lefebvre a-t-il porté atteinte au bien commun de la (véritable) Église par ses deux décennies de dissidence ? C’est la vérité qui est l’ultime mesure de l’autorité, en particulier dans l’Église catholique. La vérité ne dépend pas de l’autorité pour être vraie !

Mgr Lefebvre a sauvé l’Église en formant des prêtres selon la Tradition catholique. Soyons plus précis – Il a formé de bons prêtres pour sauver la Foi catholique. Par contre Menzingen fait former les futurs prêtres actuellement pour qu’ils se soumettent à la Rome Conciliaire, si bien qu’ils risquent de ne pouvoir sauver ni la Foi ni l’Église.

Mgr. Lefebvre a toujours reconnu les autorités ecclésiastiques en place, et sa volonté était que les prêtres de la Fraternité fissent de même, avant comme après la consécration des quatre évêques en 1988. Oui, mais en 1988, son attitude changea radicalement, dès qu’il devint clair que les Romains n’avaient nullement l’intention de s’occuper de la Fo i. “Jusqu’à maintenant, nous avons usé de diplomatie, dit-il, mais désormais nous nous appuierons sur la doctrine ». Menzingen le sait bien. Mais Menzingen est loin d’accorder à la doctrine la même importance que Mgr. Lefebvre lui accordait.

En effet, les rebelles à l’orientation de Menzingen voudraient dogmatiser des questions qui ne relèvent que de la prudence. Non. Soumettre des catholiques croyants à des Conciliaires, c’est-à-dire à des croyants douteux, relève directement de la Foi.

Mais comment espérer convertir les Romains si les catholiques de la Fraternité refusent tout contact avec eux ? Comment les catholiques peuvent-ils garder la Foi s’ils se soumettent à la contagion de modernistes, surtout si ceux-ci sont inconscients du danger qu’ils représentent pour la Foi ?

Pas tout n’est Conciliaire dans l’Église actuelle. Celle-ci inclut aussi des conservateurs qui nous apprécient. Mais les conservateurs ont peu de pouvoir. Le pouvoir à Rome est essentiellement entre les mains de francs-maçons, qui sont les ennemis jurés de la Tradition catholique, de l’Église de Notre-Seigneur, de Notre-Seigneur et de Dieu. Tout ce qui se trouve actuellement dans l’Église sert la finalité Conciliaire. Comment pourrait-il en être autrement avec le Pape François ?

Kyrie eleison.

Pourquoi LA “Résistance” ?

Pourquoi LA “Résistance” ? on août 26, 2017

A la suite du Commentaire « Pourquoi la Tradition ? », nous donnons la parole à Monsieur l’Abbé Patrick Girouard qui exerce actuellement son ministère dans une paroisse de la « Résistance » de l’Ouest canadien. Il nous explique pourquoi les catholiques doivent non seulement être Traditionnalistes mais, lorsqu’ils le sont, être aussi « Résistants ». La « Lettre de Mission » que l’abbé a écrite en juin 2013, nous expose pourquoi quelques douzaines de paroissiens et lui-même ont quitté la FSSPX. Nous avons, hélas, été obligé d’abréger drastiquement cette belle « Lettre ». Mais, pour en avoir le texte intégral, vous pouvez toujours contacter l’Abbé Girouard à thebastion.faith.

L’Abbé Girouard écrit en substance : Si moi-même et environ un tiers de la paroisse de Langley, avons décidé de nous implanter ailleurs, c’est parce que notre Fraternité bien-aimée est maintenant détruite par eux qui la dirigent, si bien que nous ne pouvons plus supporter la propagande constante justifiant cette destruction. Après avoir étudié attentivement les documents qui font la lumière sur la crise actuelle de la FSSPX, nous avons compris ce qui se passait. Si nous étions alors restés silencieux et passifs, non seulement nous aurions été en danger mais nous aurions en outre contribué à la destruction du mouvement Traditionnel. Que notre prise de position encourage davantage d’autres prêtres et d’autres fidèles à faire de même !

Effectivement, la Fraternité Saint-Pie X a déjà rejoint l’église conciliaire. Même si l’accord avec Rome n’a pas encore été signé, du moins a-il été accepté dans son principe lors du Chapitre Général de la Fraternité, en juillet 2012, ce qui amena la Révolution au sein de la Fraternité : le Chapitre décida en effet que la Fraternité pourrait désormais signer un accord avec les implacables destructeurs de l’Église catholique.

Comment un catholique digne de ce nom peut-il accepter une telle décision ? Comment pouvons-nous dire que nous sommes catholiques si nous acceptons de conclure un accord avec ceux qui facilitent, par leurs actions ou leur silence, la damnation de tant d’âmes pour lesquelles Notre-Seigneur a donné sa vie ? Et comment pouvons-nous même consentir à parler avec des gens qui favorisent cette abomination devant Dieu qu’est le Novus Ordo Missae ? Je me souviens de Mgr Lefebvre citant le prophète Malachie contre la Nouvelle Messe : « À vous, les prêtres, qui méprisez mon Nom, et dites,’En quoi avons-nous méprisé ton Nom ?’. Vous offrez sur mon autel des aliments souillés et vous demandez : ‘En quoi t’avons-nous souillé ?’ dit le Dieu des Armées » (I, 7).

Jamais la mission de la FSSPX n’a été d’intégrer la structure de l’Église conciliaire afin de la « transformer » de l’intérieur. Mgr Lefebvre a condamné cette illusion peu après les sacres épiscopaux de 1988. La mission de la Fraternité est de former des prêtres qui prêcheront la Vérité et se battront vigoureusement contre l’erreur, sans “discussions” ni “dialogue”, ni “négociations”. Tel un phare, ce petit reste attirera les âmes de bonne volonté. Mais les dirigeants actuels de la Fraternité qui ont trahi cette mission, ne tolèrent aucune dissidence ni critique allant contre leur nouvelle orientation. Alors, la seule façon de nous tenir dans la Vérité, c’est de nous séparer de la Néo-Fraternité. Nous devons prier beaucoup pour la fin de cette crise et pour notre propre persévérance dans le bon combat.

Vous me demanderez : Quand viendra le temps de rejoindre Rome ? Comment saurons-nous que nous avons un bon pape ? La réponse est simple : quand le Pape condamnera publiquement la Nouvelle Messe et interdira de la célébrer sous peine d’excommunication ; quand il condamnera publiquement et rejettera tout le Concile Vatican II. Autrement dit : quand on le verra prendre des mesures efficaces pour faire le grand nettoyage. De même, quand pourrons-nous retourner dans la Fraternité et lui faire de nouveau confiance ? Réponse : Lorsque Mgr Fellay et tous les prêtres de la Fraternité qui font la promotion de la nouvelle ligne seront écartés et interdits de tout futur supériorat ; lorsque les textes du Chapitre seront officiellement condamnés ; lorsque les prêtres fidèles seront réhabilités, et ainsi de suite.

Impossible, direz-vous ? Je répondrai simplement : Et alors ? Où est le problème ? Faisons notre devoir, rendons gloire à Dieu et laissons-Le s’occuper des destructeurs. Prions et sacrifions-nous pour leur conversion, et restons bien unis dans la prière. Mais nous engager dans des compromis et nous mettre en danger ? – Ça, jamais !

Kyrie eleison.

Évolution des Tensions

Évolution des Tensions on août 12, 2017

Que devient la Fraternité Saint-Pie X, depuis le printemps et le début de l’été ? De fortes tensions s’étaient alors manifestées, pour savoir si, oui ou non, des prêtres conciliaires devaient participer en tant que témoins officiels aux mariages dans la Fraternité. Pour faire court, les relations continuent d’être tendues entre les dirigeants de Menzingen, qui favorisent cette participation, et les autres, prêtres et laïcs, qui la proscrivent. On peut voir se dessiner une ligne de fracture séparant les disciples de Mgr Lefebvre et les partisans de Mgr Fellay. Une telle scission était inévitable à partir du jour où Mgr Fellay se mit à diriger l’œuvre de Mgr Lefebvre dans une direction différente de celle que suivait l’Archevêque

Mais, rien n’ébranle Mgr Fellay dans sa détermination de rallier la Rome conciliaire en éloignant Menzingen de la ligne tracée par Mgr Lefebvre. Tout récemment en France, un couple, qu’un prêtre de la Fraternité préparait au mariage, a refusé d’avoir affaire aux autorités conciliaires. Il n’en fallut pas d’avantage pour que le prêtre refusât de les marier. Il avait, de toute évidence, l’aval de ses supérieurs. Est-il possible de trouver des motifs rationnels expliquant un tel acharnement à détruire l’œuvre de Mgr Lefebvre ? Trois facteurs, parmi d’autres, peuvent y être en jeu.

Premier point, la Providence a choisi la Suisse pour que, dans un premier temps, elle serve de base géographique à la Fraternité. C’est pourquoi, ce pays a joui, au sein de cette Congrégation d’une importance et d’un prestige particulier. À l’heure actuelle, ses deux premiers dirigeants ne sont-ils pas des citoyens suisses ? Il en va de même de beaucoup d’autres prêtres. Or, il est connu que la Suisse est un pays d’ordre, ne serait-ce que par l’exemple de ses trains qui arrivent bien à l’heure. Or quand on est une Congrégation véritablement catholique, ne pas être reconnu par les autorités officielles, constitue un désordre, qui sera particuliêrement ressenti par un peuple qui aime que tout soit en règle. Deuxième point, si Rome reconnaît un jour la Fraternité, ses prêtres pourront bénéficier du vaste champ d’apostolat dont ils rêvent. Et, troisième point, il peut sembler qu’il n’y ait pas d’autre solution aux graves tensions internes qui troublent une Congrégation bravant l’Église officielle, que de se ranger sous l’autorité de la Rome conciliaire – Mgr Fellay ne voulant pas entendre parler de solutions pré-apocalyptiques, telle que serait une intervention divine.

Répondons au premier point : Pour un catholique, l’ordre suprême n’est pas l’ordre temporel de l’État, si désirable soit-il, mais l’ordre divin, aujourd’hui jeté à terre et piétiné par Vatican II. Quant au deuxième point : Les modernistes peuvent, par nature, présenter toute l’apparence d’une « conversion », simplement parce que, pour eux, un fondement subjectif ne leur pose aucun problème. Mais cette position est si confortable que peu d’entre eux pensent à l’abandonner pour une conversion objective, impliquant la Croix. Comme l’a dit le père Vallet, un libéral ne se convertit pas. Enfin, troisième point : Face aux problèmes gravissimes qui se posent aujourd’hui au monde et à l’Église, choyer le mensonge ne peut en rien servir de solution, même si le mensonge semble triompher. Penser le contraire trahit un grave manque de foi. Vraiment, la main du Seigneur serait-elle raccourcie parce que les hommes sont méchants (Isaïe L, 2, LIX, 1) ? Dieu sait exactement comment Il va balayer ce déluge de mensonges. Qui vivra verra. Mais en attendant, le Bon Dieu ne veut absolument pas que nous empruntions le chemin des menteurs !

Cependant il y a de bonnes nouvelles aussi : plusieurs prêtres et laïcs refusent résolument d’accepter les mensonges. Un lecteur de France me dit qu’un certain nombre de prêtres de la Fraternité ont été réveillés par le problème concret des mariages. Au grand dam de leurs supérieurs, la plupart des prêtres FSSPX refusant les erreurs conciliaires n’auront pas recours aux témoins conciliaires pour les mariages de la Fraternité. Trois des doyens rétrogradés ont fermement pris position par écrit contre ces témoins conciliaires, même après avoir fait l’objet de sanction. L’un d’eux vient même de critiquer vivement l’éventualité d’une Prélature personnelle, car ces deux questions sont liées, n’en déplaise à l’accablante déclaration du cardinal Müller de fin juin. Nous ne sommes en aucun cas « de nouveau à la case départ », comme le prétendait Mgr Fellay à cette époque. “Tel un mauvais chef d’entreprise aux abois “, déclare ce lecteur, “Mgr Fellay n’a plus la confiance de personne doté d’un cerveau en état de fonctionnement, y compris les plus respectueux.” Maintenant, ce qui importe, conclut notre lecteur, ce n’est pas de sauver la Fraternité dans son ensemble – cela tiendrait du miracle – mais de sauver autant de prêtres et de laïcs que possible de cette dégringolade qui emporte la Fraternité.

Kyrie eleison.

L’erreur de Menzingen – III

L’erreur de Menzingen – III on juillet 22, 2017

Un autre prêtre de la Fraternité Saint-Pie X (abbé PR, pour les « Public Relations » ) vient de descendre dans l’arène pour prendre la défense des supérieurs qui poursuivent le projet de reconnaissance canonique de la FSSPX. La plaidoirie de l’abbé PR est, une fois encore, bien présentée ; mais il n’empêche que poursuivre ce projet et en prendre la défense sont deux choses qui pèchent par le même défaut, à savoir : le manque de réalisme. Le principe est une chose, la pratique en est une autre, même si elle est régie par des principes. Être maître des principes n’implique point qu’on soit maître de la pratique, et vice versa. Or, l’abbé PR commence son argumentation en déclarant que, dans cette défense, lui, abbé PR, veut rester sur le plan des principes pour traiter des questions suivantes : premièrement, est-il, en principe, possible d’accepter une reconnaissance venant d’un moderniste et, deuxièmement, jusqu’à quel point est-il en principe permis de collaborer avec un moderniste. Autrement dit, il fait délibérément abstraction de la réalité pratique.

Afin de montrer qu’il est possible d’accepter une reconnaissance canonique venant d’un pape moderniste, il soutient que Mgr Lefebvre l’a recherchée de Paul VI jusqu’à la mort de ce dernier en 1978 et que, lorsqu’il refusa, en 1988, de collaborer avec Jean-Paul II, il se plaçait sur un plan pratique et non sur le plan des principes. De même, le chapitre général de la Fraternité de 2012 ne s’est-il pas abstenu de demander à Benoît XVI de faire une profession de foi catholique (ce qui aurait trahi d’ailleurs un esprit schismatique) ?

A cela, on répondra que l’affrontement entre Mgr Lefebvre et Paul VI à partir de 1974 est une chose bien connue, et que le refus de ce prélat d’accepter le protocole de 1988 se fondait sur les principes de la Foi. Et quant à 2012, ce fut l’année où la Fraternité abandonna son archevêque en abandonnant la position qui était la sienne : placer la Foi au principe de tout. Et quant à l’esprit schismatique, on peut se demander qui, en réalité, était dans le schisme ? L’archevêque ou les modernistes ?

Quant au pape François, l’abbé PR soutient qu’il est Pape ; que ce n’est pas lui qui a fait l’Église, mais bien Notre-Seigneur ; et que, partant, la collaboration avec lui doit être celle qu’on aurait avec un pape catholique. Mais à cela, on répondra que, dans la vie réelle, aussi vrai que la pourriture d’une pomme est et n’est pas la pomme ; de même, l’Église conciliaire est et n’est pas l’Église. Dans la vie réelle, la Fraternité traite-elle uniquement avec l’Église catholique et avec un pape catholique, ou bien n’est-elle pas directement en contact avec la pourriture conciliaire ?

Par suite, lorsque l’abbé PR examine jusqu’où il est permis de collaborer avec un moderniste, il estime qu’on peut le faire tant qu’on va dans le sens du bien de l’Église. Faisant encore abstraction de la réalité d’aujourd’hui, il veut faire valoir les considérations suivantes (en italiques, des réponses) :

* L’Église est indéfectible

L’Église, bien sûr, mais les ecclésiastiques conciliaires, eux, ne cessent de défaillir.

* La Fraternité sert l’Église, et non les hommes d’Église –

Bien sûr, mais elle doit passer par l’intermédiaire de ces faux hommes d’Église.

* Il n’est pas possible de refuser, comme cadeau de Rome, la proposition d’une Prélature catholique –

Bien sûr, mais il faudrait ajouter : sauf si elle dépend de faux hommes d’Église.

* Le pape doit s’en tenir aux conditions prévues par l’accord –

Bien sûr, mais que vaut un morceau de papier pour ces gestionnaires ?

* L’autorité du pape vient de Dieu –

Bien sûr, mais certainement pas pour détruire l’Église (II Cor. XIII, 10).

* La Fraternité a eu raison d’accepter la juridiction pour les confessions et les mariages – Monsieur l’abbé

PR, en êtes-vous si sûr ? Et si c’était tout bonnement un morceau de fromage posé sur un piège ?

* Une question aussi pratique que cette dernière portant sur notre situation présente “n’est pas du ressort de cet article pour qu’on puisse en juger”, répond l’abbé PR. Mais la possibilité même que ce ne soit pas un piège prouve que, pour lui, accepter ou non la reconnaissance canonique de Rome “ne doit pas être jugé en retenant uniquement le critère de l’unité de Foi avec le pape”. Et de conclure :”la reconnaissance canonique doit être acceptée si elle est pour le bien de l’Église, mais rejetée si elle ne l’est pas, indépendamment de la foi du pape”.

Mais, Monsieur l’abbé, vous êtes-vous jamais posé cette question : la « foi » de ce pape étant ce qu’elle est, une reconnaissance canonique aurait-elle, oui ou non, pour effet de plonger la Fraternité au milieu du courant moderniste général, la soumettant à des Supérieurs modernistes  ? Oui ou non ? La vie étant ce qu’elle est, pensez-vous réellement que ce pape accorderait un statut qui empêcherait la Fraternité de tomber sous le contrôle de Rome ? Autrement dit : sous le contrôle de gens qui ne croient plus dans la vérité objective ? Les principes catholiques sont très beaux, mais ils doivent être appliqués dans le monde réel, souvent tristement réel.

Kyrie eleison.