Étiquette : Fraternité Saint-Pie X

« Infiltrés » Inconscients

« Infiltrés » Inconscients posted in Les Commentaires Eleison on février 27, 2021

Dans notre parution d’il y a trois semaines, un lecteur cherchait à expliquer le déclin de la Fraternité Saint Pie X après la mort de Mgr Lefebvre en 1991. Etait-il dû à une possible infiltration de la FSSPX venant des ennemis de la Tradition catholique  ? Y a-t-il eu des infiltrés ? Dans ces « COMMENTAIRES », nous avons répondu qu’aucun infiltré, conscient ou clairement identifié, n’avait jamais été découvert. Pour autant, il est vrai qu’un certain nombre de prêtres, à la tête de la Fraternité, ont usé de toute leur influence pour changer la direction que lui avait donnée l’Archevêque fondateur. Mais étaient-ils véritablement conscients d’agir comme l’auraient fait des infiltrés  ? En fait, ils ont agi comme des infiltrés, d’autant plus efficacement qu’ils étaient des infiltrés inconscients ! Certes, Dieu peut savoir si l’un ou l’autre d’entre eux savait exactement ce qu’il faisait en émoussant de l’intérieur la Fraternité et le bruit court que l’un d’eux était franc-maçon, mais à vue humaine rien n’était très évident.

Nous sommes confrontés là au mystère du modernisme qui a dû envoyer des millions d’âmes en enfer. Mais regardons les faits, avec cette fois un autre témoin, un vétéran Traditionaliste averti, qui a passé des dizaines d’années à se battre pour la Tradition catholique dans les chapelles Traditionnelles aux États-Unis. (Les phrases en caractères gras proviennent de l’auteur de ces “Commentaires”, celles en caractères italiques viennent du vétéran.)

Ayant été membre de trois paroisses Traditionnelles, principal fondateur de deux d’entre elles et militant dans les trois, je me souviens avoir dit, il y a de nombreuses années et à maintes reprises, que le diable s’infiltre, entouré de son propre peuple, dans chaque paroisse Traditionnelle. Quel est ce peuple  ? Ce sont généralement des “dormants”, des personnes qui se contentent d’attendre le bon moment pour frapper. Satan, doté d’une intelligence angélique, rôde depuis des milliers d’années. Il est loin d’être stupide  ; il sait qu’il est beaucoup plus facile de détruire une paroisse de l’intérieur que de l’extérieur. J’ai rencontré des personnes de ce genre dans les trois paroisses. Il ne fait aucun doute qu’elles font partie de la FSSPX, mais la plupart méconnaissent qu’elles servent de relais au démon. Lui, en revanche, le sait. De fait, si elles ne sont pas là, il ne fait pas son travail.

La FSSPX devrait couper tout contact avec cette Église conciliaire, véritable chef-d’œuvre diabolique, en attendant le jour où elle se convertira. Ce qui arrivera très probablement, une fois que Dieu l’aura sévèrement châtiée, elle et son partenaire : le monde. La FSSPX tente d’accomplir ce que j’ai moi-même tenté localement lorsque, avec une autre personne, j’ai rencontré en 1990–91, à trois reprises, les deux évêques de Richmond pour négocier la fondation de la paroisse St. Joseph. Soit dit en passant, cette paroisse fut à l’époque la première et la seule paroisse catholique Traditionnelle au monde à être unie à la Rome moderniste, avec possibilité d’entendre la messe et de recevoir tous les sacrements dans le rite Traditionnel. Mais elle ne pouvait pas fructifier.

En fondant la paroisse Saint-Joseph, j’avais l’intention d’attirer des centaines de catholiques du Novus Ordo et, avec le temps, de faire d’eux de bons Traditionalistes. Tout cela n’était que rêveries. Car, l’église Saint-Joseph, qui compte aujourd’hui probablement plus de mille paroissiens, dont la construction a coûté 2,5 millions de dollars et qui occupe plusieurs hectares, est tombée aujourd’hui entre les mains des prêtres de la Fraternité Saint-Pierre, dont l’ordination est douteuse. Elle est devenue maintenant une paroisse hybride, avec la “Messe et les sacrements Traditionnels” mais elle est également dotée de tout ce qui découle du Novus Ordo. Pour moi, il ne fait aucun doute que si elle devait fermer ses portes aujourd’hui, presque tous les paroissiens assisteraient à une “messe” du Novus Ordo le dimanche d’après. Si la FSSPX fusionne un jour avec le Novus Ordo, elle devra s’attendre à subir un sort semblable.

Alors, qu’en est-il de ces deux évêques Novus Ordo et de notre vétéran catholique ? S’agissait-il- d’”infiltrés ” parfaitement conscients de ce qu’ils faisaient  ? Pour le vétéran, certainement pas. Pour les deux évêques, peut-être bien, mais n’est-il pas également possible qu’eux aussi aient agi en toute bonne foi ? Ce qui semble le plus probable, c’est que tous les trois étaient en train de “rêver”. De quoi donc ? Sûrement de marier l’eau avec le feu. De mélanger la vérité Traditionnelle avec la doctrine conciliaire. Mais cela ne marche jamais. Mgr Lefebvre le savait depuis le début. Notre vétéran l’a appris à ses dépens, que Dieu le bénisse. Beaucoup d’âmes dans la Fraternité ne le savent toujours pas. Elles souffrent de cette méconnaissance et continuent de rêver. En fait, toutes sont des “infiltrés” qui s’ignorent.

Kyrie eleison.

LA FRATERNITÉ Reorientée

LA FRATERNITÉ Reorientée posted in Les Commentaires Eleison on janvier 23, 2021

L’abbé Pagliarani, Supérieur Général de la FSSPX, a publié en novembre dernier un texte commémorant le 50ème anniversaire de la fondation de la Fraternité en 1970. L’abbé Edward McDonald, prêtre de la “Résistance” en Australie, a écrit un intéressant commentaire là-dessus que nous résumons ci-après.

1. L’abbé Pagliarani pose la question suivante : “La flamme (“celle d’une charité sans peur”) reçue de notre Fondateur est-elle encore vivante ? Exposée à une crise qui se prolonge indéfiniment dans l’Église et dans le monde, cette précieuse torche ne risque-t-elle pas de s’affaiblir avant de défaillir ? – L’abbé Pagliarani laisse cette question en suspens.

2. C’est à peine si, au fil du texte, l’abbé Pagliarani mentionne le Concile Vatican II. Pourtant, sans Vatican II, la FSSPX aurait-elle une raison d’être  ? Car Rome est la source de toutes ces erreurs sur la foi, sur la doctrine et la morale que la FSSPX a combattues. Les papes post-conciliaires n’ont-ils pas mis en application les enseignements venant du Concile ? Le centre de l’apostasie est au Vatican  ; son siège est là. Or, l’abbé Pagliarani ne mentionne même pas les erreurs de Vatican II. Pourquoi ces omissions ? C’est que, pour lui, le combat est bel et bien terminé  : la FSSPX fait maintenant, avec Vatican II et l’Église conciliaire, cause commune contre le mouvement de la “Résistance”.

3. L’abbé Pagliarani réduit la voilure aux dimensions du combat propre à “la vie spirituelle”. Pour Mgr Lefebvre, le Règne de Notre Seigneur Jésus-Christ tenait la première place  ; procurer aux âmes la vie spirituelle découlait nécessairement de ce but premier. Maintenant, l’abbé Pagliarani fait de la vie spirituelle une priorité en disant, “Notre combat, c’est de permettre à Notre Seigneur Jésus-Christ d’être l’axe de notre vie spirituelle, la source de toutes nos pensées, de toutes nos paroles et de tous nos actes.”

4. Pour l’abbé Pagliarani, tout a été dit  : il n’y a plus de bataille doctrinale à mener. La FSSPX souhaite simplement continuer à parler, répétant sans doute des arguments déjà exprimés contre les erreurs de Vatican II. Mais, de fait, la FSSPX laisse ainsi dormir les erreurs de Vatican II, car beaucoup de nouvelles choses sont à dire, justement parce que, maintenant, le Pape ne cesse de développer de nouvelles erreurs à partir des documents de Vatican II. Qu’en est-il de la réfutation concernant Amoris Laetitia  ? La FSSPX l’a-t-elle seulement entreprise ? Si la FSSPX ne trouve là rien de nouveau à dire, c’est qu’elle a cessé de lutter contre les erreurs du Vatican.

5. L’archevêque Viganò trouve beaucoup de choses nouvelles à dire sur les erreurs de l’Église conciliaire. Pourquoi la FSSPX ne peut-elle faire de même  ? Simplement parce qu’elle a capitulé et qu’elle a été réduite au silence. Elle ne peut plus défendre les droits de Notre Seigneur Jésus-Christ. En novembre 2020, le père Daniel Themann, supérieur du district australien de la FSSPX, a interdit à ses membres de manifester publiquement contre un culte publiquement rendu à Satan dans le Queensland. Les fidèles ont dû se contenter de réparer calmement les sacrilèges dans leur chapelle.

6. La lassitude est un thème récurrent dans la lettre du Père Pagliarani – ce n’est pas le cas des saints. Eux ne se fatiguent jamais, ne se lassent jamais de la bataille. Mgr Lefebvre ne s’est jamais lassé du combat. Il était déjà à la retraite lorsqu’il reprit les armes pour une nouvelle bataille contre l’Église conciliaire. A l’inverse, la FSSPX, lasse, incapable d’efforts, a déposé les armes. Elle n’a “rien de nouveau à dire”.

7. Depuis plus de quinze ans, les séminaires de la FSSPX ne donnent plus aux séminaristes la formation doctrinale nécessaire pour combattre les erreurs modernes. Au contraire, le modernisme et le libéralisme ont été encouragés dans les séminaires. Désormais, les ordinands sont disposés à faire des compromis sur la vérité  ; avec empressement ils co-opèrent avec les évêques diocésains modernistes et se soumettent à eux. L’abbé Wegner, ancien supérieur du district des États-Unis, s’est un jour vanté d’avoir conclu des accords avec quarante évêques américains, tous modernistes et libéraux conciliaires.

8. Tout prêtre resté à la FSSPX après sa capitulation a décidé – si ce n’est explicitement, du moins tacitement – d’accepter cette nouvelle orientation de la FSSPX. Ce ne sont plus des catholiques militants. L’Église est indéfectible. La FSSPX ne l’était pas. Elle a fait défection.

9. Il ne reste plus d’organisation importante, capable de s’opposer à l’assaut des forces du mal qui, sous la forme du communisme athée, sont en train de conquérir la société. La stérilisation de la FSSPX a tari la dernière grande source de grâces et de bénédictions qui pouvait irriguer le monde. Les quelques poches de résistance qui subsistent ne sont pas en mesure d’arrêter, voire simplement d’entraver, l’asservissement du monde au communisme.

Kyrie eleison.

Mgr. Lefebvre Transfere

Mgr. Lefebvre Transfere posted in Les Commentaires Eleison on septembre 26, 2020

Il y a deux jours, donc le 24 septembre, la dépouille mortelle de Mgr. Lefebvre a été transférée du caveau proche du Séminaire d’Écône où elle gisait provisoirement depuis sa mort en 1991, à un sarcophage en marbre dans la crypte en dessous de la chapelle du Séminaire, préparé spécialement pour son repos permanent. Toute splendeur convient au lieu de sépulture du plus grand homme de Dieu, du plus grand héros de la Foi des temps modernes, de l’Archevêque qui pratiquement seul a sauvé la doctrine, les sacrements et le sacerdoce catholiques de leur corruption et élimination aux mains d’hommes modernes qui n’y croyaient plus, au moins tels que ceux-là étaient transmis par l’Église fidèle depuis presque deux mille ans.

Et on peut dire qu’après sa mort ses successeurs ont prolongé son oeuvre plus ou moins fidèlement pendant 20 ans encore, mais en 2012 un changement a eu lieu das sa Fraternité de St Pie X qui a obligé bon nombre d’âmes de parler plutôt de la Néo-fraternité, tout comme les changements dans l’Église universelle suivant Vatican II (1962–1965) ont obligé beaucoup de catholiques de parler de la Néo-église, tant les changements étaient radicaux. Hélas, la cérémonie de transfert des restes de Mgr.Lefebvre a réflété ce même transfert de son oeuvre de Fraternité en Néo-fraternité, parce qu’elle a été célébrée non pas par le Supérieur Général actuel, l’abbé David Pagliarani, mais par son prédécesseur, celui qui a été principalement responsible de la transformation de la Fraternité en Néo-fraternité. Ce choix du prédécesseur de l’abbé Pagliarani pour célébrer un événement aussi exceptionnel en l’honneur du Fondateur de la Fraternité ne fut ni un accident, ni de bon augure. Il nous rappelle les paroles de Notre Seigneur (Mt. XXIII) –

29 Malheur à vous, Scribes et Phariséens, hypocrites, qui bâtissez des tombeaux aux prophètes, et ornez les monuments des justes, 30 et qui dites : si nous avions vécu aux jours de nos pères, nous ne nous fussions pas joints à eux pour verser le sang des prophètes.

Peut-être bien que l’hypocrisie aujourd’hui universelle de tout un monde qui méprise Notre Seigneur s’est tellement approfondie que beaucoup de ceux qui ont assisté à la cérémonie d’il y a deux jours n’étaient ni conscients de l’hypocrisie, Dieu le sait, ni si sévèrement à condamner que ces Phariséens dont Notre Seigneur savait qu’ils tramaient sa mort. En effet, beaucoup de catholiques qui avaient suivi fidèlement Mgr. Lefebvre dans sa “désobéissance” envers l’Église officielle, ont été habillement reconduits par ses successeurs vers ces mêmes officiels du Concile avec leur religion de l’homme. Néanmoins, vu objectivement, le parallèle est clair –

* Les Phariséens ont bâti des monuments pour honorer les prophètes qu’ils auraient eux aussi tués. La Néo-fraternité honore son Fondateur d’un sarcophage alors qu’elle fait les doux yeux aux Pachamamistes à Rome dont il avait déjà en son temps les agissements en horreur.

* Aux Phariséens Notre Seigneur a promis d’envoyer des messagers pour dénoncer leur infidélité, mais ceux-ci ils les ont tués de même.

A la Néo-église comme à la Néo-fraternité Il envoie un Mgr. Viganò pour leur rappeler leur infidélité. Quant à la Néo-église, elle l’oblige à se cacher pour ne pas être tué. Quant à la Néo-fraternité, elle fait de son mieux pour ne faire aucun cas de lui. Elle est passablement gênée par ses vérités de la Tradition.

* Les Phariséens ont été gravement avertis par Notre Seigneur des conséquences graves de leur infidélité, et en effet en l’année 70 Jérusalem a été détruit de fond en comble.

Quant à la Néo-fraternité, elle a pour le moment mis dans une impasse radicale l’oeuvre de Mgr. Lefebvre, parce que celle-ci a grand besoin de nouveaux évêques pour maintenir le réseau mondial de la Foi qu’il avait construit. mais elle ne peut pas en avoir, ayant refusé de s’en donner sans le consentement des Pachamammistes. Car jamais ceux-ci ne consentiront le sacre de vrais évêques qui défendront la Foi telle que la Fraternité de Mgr Lefebvre la défendait. Cette Foi-là, ils font tout pour la dissoudre.

Bref, la Néo-fraternité a permis que celui-là célébrât la mise en tombeau de Mgr Lefebvre qui a fait plus que personne d’autre pour enterrer son oeuvre. Les prêtres de Mgr. Lefebvre se rendent-ils compte que d’une oeuvre de héros ils sont en train de faire un parc pour enfants Néo-phariséens ?

Kyrie eleison.

On Manque d’hommes !

On Manque d’hommes ! posted in Les Commentaires Eleison on mai 23, 2020

Lorsque les Autorités de l’Église catholique abandonnent la Vérité, comme elles le font depuis Vatican II, il est beaucoup plus facile de dire qu’on suit une prétendue ligne de crête entre « hérésie à gauche et schisme à droite » que d’accomplir réellement ce tour d’équilibriste. C’est pourquoi la remarque inhabituellement tranchante de Mgr Lefebvre citée dans les deux derniers numéros de ces « Commentaires » « Coupez les ponts ! » suscite, à bon droit, l’intérêt.

Un laïc a même mis en doute l’authenticité de la remarque : Notre doux Archevêque aurait-il vraiment pu dire cela ? Oh oui, il l’a dit. L’original des propos tenus est même un peu plus abrupt que la citation que nous en avons faite, mais en substance, c’est la même chose – « Avec ça, il ne reste plus qu’à tirer l’échelle. Il n’y a rien à faire avec ces gens-là (les Romains conciliaires). Qu’avons-nous de commun avec eux ? Rien ! Ce n’est pas possible. Ce n’est pas possible » (6 sept. 1990). Cf. la référence de la bande audio de 1990 : Audio – Retrec – PASCALE90 ou SACERDOTALE90. (Toutefois, celui qui souhaiterait vérifier par lui-même la citation devra se méfier des séries « révisées » des enregistrements de Mgr Lefebvre, car tous les propos qu’il a tenus s’opposant trop vigoureusement à la Rome conciliaire, tels ceux que nous venons de citer, peuvent très bien avoir été coupés par les « éditeurs » de la Néo-Fraternité qui favorise Rome).

Un autre lecteur ayant réagi à la citation est un prêtre du Novus Ordo, maintenant fermement établi dans un prieuré de la Néo-fraternité en Suisse (sans avoir été réordonné sous condition, pour autant qu’on sache). Il pense que « les choses semblent avoir vraiment pris un tour différent aujourd’hui » du fait que la génération actuelle d’ecclésiastiques à Rome est bien différente de celle des années 1980, devant laquelle l’Archevêque réagissait. Car aujourd’hui, les meilleurs d’entre eux veulent une véritable restauration de l’Église. Il en conclut qu’adopter de nos jours l’attitude qu’avait alors Mgr Lefebvre, ne laisse que deux solutions : soit la « Résistance », soit le sédévacantisme.

Mais, Monsieur l’abbé, bien que les dirigeants actuels de l’Église soient différents des prêtres parjures du temps de l’Archevêque, lesquels ont fait tout ce qu’ils pouvaient pour détruire la véritable Église, ont-ils pour autant compris (ou lu) Pascendi ? Et à quoi servent des autorités ecclésiastiques, aussi aimables et bienveillantes soient-elles vis-à-vis de la Foi, de l’Eglise, de la FSSPX ou même de la « Résistance », si elles n’ont pas compris que le problème actuel est de n’avoir devant soi que des hommes dotés d’esprits « élastiques » sans consistance qui ne peuvent même pas concevoir que la vérité condamne l’erreur ou que le dogme condamne l’hérésie ? En fait, un esprit élastique favorable à la Tradition n’est guère plus utile à l’Église qu’un esprit élastique condamnant la Tradition. Par ailleurs, il est inexact de dire que les choses sont « vraiment différentes » de l’époque de l’Archevêque. Aujourd’hui comme hier, on verrait qu’un prêtre a vraiment compris le problème s’il disait qu’il voudrait descendre à Rome avec une mitraillette (au moins au sens figuré !) pour envoyer à Dieu (comme le dirait Poutine) tous ces Conciliaires si doucereux. Bref, la « Résistance » doit absolument rester en travers de la route pour témoigner ; sinon on arracherait à la route les pierres elles-mêmes pour qu’elles crient la Vérité à la place des bergers frappés de mutisme avec leurs chiens muets (cf. Lc XIX, 40). La « Résistance » ne doit pas, ne peut pas, céder !

Enfin, un bon prêtre cherche à nous consoler en nous annonçant, qu’il tient d’un prieur de la Fraternité, que le Supérieur Général de la Fraternité a expliqué, lors d’une réunion en février dernier de tous les prieurs de la Fraternité en France, que les discussions entre la FSSPX et Rome restaient en suspense parce que la FSSPX insiste toujours sur la doctrine d’abord – bien joué, Monsieur le Supérieur – alors que Rome persiste à vouloir d’abord un accord pratique. Mais qu’importe tout cela à Rome ? Ne lui suffit-il pas d’attendre que le fruit mûr tombe de lui-même ? On dit que Mgr Tissier se porte si mal aujourd’hui qu’on médicalise une chambre à Ecône pour qu’il puisse y être hospitalisé. Il ne resterait donc plus que deux évêques à la FSSPX pour pourvoir à ses besoins dans le monde entier. Il est donc clair que le Supérieur Général a deux solutions : ou bien se soumettre aux conditions de Rome pour procéder à la consécration d’autres évêques, poursuivant ainsi la désastreuse conciliation de son prédécesseur avec les dirigeants de l’Église actuelle (qui, aussi bienveillants soient-ils, ont perdu la Foi, comme l’a dit Mgr Lefebvre) ; ou bien de faire consacrer d’autres évêques sans la permission du Pape, comme l’a fait Mgr Lefebvre. Mais la Néo-fraternité serait-elle prête à suivre la ligne héroïque de Mgr Lefebvre, qui consiste à défier les traîtres (au moins objectifs) de Rome ? Il est permis d’en douter.

Kyrie eleison.

Coupez les Ponts – III

Coupez les Ponts – III posted in Les Commentaires Eleison on mai 16, 2020

Les deux derniers numéros de ce « Commentaire », le 668 et le 669 du 2 et du 9 mai respectivement, ont cherché à défendre la dureté apparente de Mgr. Lefebvre lorsqu’en 1990, à quelque six mois de quitter ce monde, il conseilleit aux prêtres de la Fraternité qu’il avait fondée de n’avoir plus rien à faire avec les hauts prélats de l’Église Conciliaire à Rome. Le numéro 668 a souligné la gravité du subjectivisme dénoncé par Monseigneur comme étant à la base de tous les documents les plus importants du Concile. Le numéro 669, tout en reconnaissant que le respect et la charité sont toujours dus aux officiels les plus hauts placés de la vraie Église de Notre Seigneur, a répété encore une fois que leur subjectivisme est tellement mortel pour la Foi de l’Église que ce respect et charité sont à mesurer à l’aune de la Foi et pas l’inverse. Néanmoins, il faut peut-être encore défendre cette « dureté apparente », et expliquer davantage les deux numéros de ce « Commentaire ».

D’abord un rappel bref de l’histoire de la Fraternité pendant les années décisives entre 1988 et 2012. En 1988 à la fin d’une longue carrière de services insignes rendus à l’Église, Mgr Lefebvre a semblé mal servir l’Église en sacrant quatre évêques contre la volonté expresse du Pape Jean-Paul II, mais il avait dû faire cela pour défendre la Foi et l’Église contre les ravages que leur infligeait la nouvelle religion Conciliaire promue à travers le monde par le Pape. Bien entendu le Pape n’a pas compris cette action de Monseigneur, et il a réagi comme un pourceau dans la parabole de Notre Seigneur où celui-ci nous avertit de ne pas jeter les perles devant les pourceaux de peur qu’ils ne les foulent aux pieds, pour ensuite se retourner et nous déchirer. Et de fait Jean-Paul II a continué de fouler aux pieds la Tradition de l’Église telle que Monseigneur la défendait, et il a fait de son mieux pour « déchirer » la Fraternité St Pie X.

Cependant dans le monde entier se trouvaient des Catholiques sérieux et croyants qui ont parfaitement compris Monseigneur et le soutenaient, en sorte qu’ils se sont à tel point ralliés à sa cause que l’on peut dire que les 12 années suivantes ont été pour la Fraternité ses années d’or pour la défense de la Foi. En effet, non seulement le Pape et la Rome Conciliaire n’ont pas réussi à fouler aux pieds la Fraternité, mais cette persécution a eu le résultat contraire, en attirant de plus en plus de clients à acheter les vraies perles de la Tradition de l’Église, grâce à Monseigneur et à sa Fraternité. Que l’Église officielle n’eût pas réussi à enfoncer ces perles dans la boue est devenu clair comme le jour avec la réussite du Pèlerinage de la Fraternité à Rome pour l’Année Jubilaire au printemps de 2000. C’est à cette occasion-là que les « pourceaux » de Rome ont changé de stratégie en remplaçant le bâton par la carrotte, et en se mettant à roucouler comme des colombes pour induire la Faternité à quitter la forteresse imprenable de sa doctrine de toujours pour descendre sur les sables mouvants de la diplomatie du jour. Et puisque Monseigneur était mort en 1991, son charisme et sa sagesse n’étaient plus là pour empêcher ses successeurs relativement jeunes d’être séduits par le roucoulement des fausses colombes.

Et donc dans le grand combat de la Foi, on dirait que la Fraternité officielle a changé de camp, en se mettant plus en colère contre la minuscule « Résistance » que contre le monstre qu’est la Rome Conciliaire. Mais en justice il faut reconnaître que les chefs de la Néo-fraternité n’ont pas encore signé le décret de la défaite définitive de la Fraternité, et bon nombre de ses prêtres sont nettement opposés à une telle signature. Cependant n’importe quel catholique doit souhaiter que la Fraternité ne renonce jamais à soutenir ce que soutenait Monseigneur Lefebvre.

Et sa « dureté » ? Qu’il ait eu pleinement raison de faire sonner l’alarme et de réagir énergiquement à la suite de Vatican II, l’affaire « Pachamama » n’en est qu’une des preuves les plus claires. Car les mêmes « pourceaux » que plus tard avaient déjà roucoulé aussi au moment du Concile (1962–1965), pour tromper et endormir grand nombre de brebis et de pasteurs en ce temps-là, dont beaucoup ne se sont toujours pas éveillés ni détrompés depuis, même 55 ans plus tard. Mais Monseigneur avait su profiter de la bonne philosophie qu’on lui avait donnée au séminaire pour fortifier son bon sens, et alors il jugeait de tout à la lumière des vrais principes et de la Foi, et pas l’inverse. A cette lumière-là, le monde moderne et son misérable Concile méritent peu d’estime, parce qu’ils vident le christianisme de sa substance en le remplaçant par quelque chose de complètement différent. En disant donc, fuyez en montagne et ne regardez pas en arrière, Monseigneur ne faisait que répéter l’ordre donné par Dieu Lui-même à Lot. Le conseil est bon, même s’il est difficile d’application dans le monde actuel, confiné qu’il est dans un confinement qui relève d’une folie criminelle.

Kyrie eleison.

Coupez les Ponts ! – I

Coupez les Ponts ! – I posted in Les Commentaires Eleison on mai 2, 2020

Bien des gens devraient écouter Mgr Lefebvre, mais ils ne le font pas. Tout se passe comme s’ils savaient mieux que lui ce qu’il fallait faire, ou comme si Mgr Lefebvre, après avoir sacré quatre évêques pour assurer la survie de la Fraternité Saint Pie X, n’avait eu plus rien à faire ni à dire d’important. Pourtant, en septembre 1990, la Providence lui permit de prêcher à Écône avant de mourir une retraite pour ses prêtres dans laquelle il put leur transmettre – ou du moins à ceux qui avaient des oreilles pour entendre – ses conseils pour l’avenir. Citons, une fois encore, l’un des passages les plus importants. Nous verrons alors avec tristesse comment il n’a pas été écouté, ou pas compris :—

Ce combat entre l’Église et les libéraux modernistes, c’est celui du concile Vatican Il. Il ne faut pas chercher midi à quatorze heures. Et cela va très loin. Plus on analyse les documents de Vatican II et l’interprétation qu’en ont donnée les autorités de l’Eglise, plus on s’aperçoit qu’il s’agit non seulement de quelques erreurs, l’œcuménisme, la liberté religieuse, la collégialité, un certain libéralisme, mais encore d’une perversion de l’esprit. C’est toute une nouvelle philosophie, basée sur la philosophie moderne du subjectivisme. Le livre que vient de faire paraître un théologien allemand, et qui, j’espère sera traduit en français afin que vous puissiez l’avoir en mains, est très instructif de ce point de vue. Il commente la pensée du Pape, spécialement une retraite que, simple évêque, il prêcha au Vatican. Il montre bien que tout est subjectif chez le Pape. Quand on relit ensuite ses discours, on s’aperçoit bien que telle est sa pensée. Malgré les apparences, ce n’est pas catholique.

La pensée que le Pape a de Dieu, de Notre Seigneur, vient du tréfonds de sa conscience et non pas d’une Révélation objective à laquelle il adhère par son intelligence. Le Pape construit l’idée de Dieu. Il a dit dernièrement, dans un document invraisemblable, que l’idée de la Trinité n’a pu venir que très tard, parce qu’il fallait que la psychologie de l’homme intérieur puisse être capable d’arriver à la Trinité Sainte. C’est donc que l’idée de la Trinité n’est pas venue d’une révélation, mais du tréfonds de la conscience. C’est toute une autre conception de la Révélation, de la foi et de la philosophie, c’est une perversion totale. Comment sortir de là ? Je n’en sais rien. En tout cas, c’est un fait. Ce ne sont pas de petites erreurs. On se trouve devant tout un courant de philosophie qui remonte à Descartes, à Kant, à toute la lignée des philosophes modernes qui ont préparé la Révolution.

Mgr Lefebvre cite ensuite le pape Jean-Paul II lui-même, qui a déclaré que le mouvement œcuménique était sa « priorité dans l’action pastorale », mise en pratique comme nous le voyons, par l’accueil qu’il donne constamment aux délégations de toutes sortes de sectes et de religions. Et pourtant, dit l’Archevêque, tout cet œcuménisme n’a pas fait avancer l’Église d’un pas, et ne peut pas le faire – il n’a fait que confirmer les non-catholiques dans leurs erreurs sans essayer de les convertir. Enfin, Monseigneur cite le Secrétaire d’État du pape, le cardinal Casaroli, dans un discours qu’il venait de prononcer devant la Commission des droits de l’homme des Nations Unies ; le Cardinal y cite à son tour le pape selon lequel la liberté religieuse est comme la pierre angulaire de la construction des droits de l’homme. « Tout homme et tout l’homme, voilà la préoccupation du Saint-Siège, telle est sans doute aussi la vôtre », conclut le Cardinal. Et l’Archevêque de conclure, pour les prêtres de la Fraternité qui se trouvaient devant lui lors de cette retraite :—

«  Il n’y a plus qu’à tirer l’échelle ! Nous n’avons rien à faire avec ces gens-là, car nous n’avons rien de commun avec eux.  »

C’est bien la conclusion qu’on doit retenir, dès lors qu’ on se trouve confronté à des personnes dont la pensée part d’un pur déni de la réalité extérieure, personnes qui refusent à l’esprit humain la capacité de connaître cette réalité objective extra-mentale. Ce sont des malades mentaux, assimilables à ces pourceaux devant lesquels il faut s’abstenir de jeter des perles, dit Notre Seigneur, « de peur qu’ils ne les piétinent et qu’ils ne se retournent pour vous déchirer  » (Mt. VII, 6). Car, au cours des vingt dernières années, la Rome conciliaire a-t-elle fait autre chose que de se retourner contre la Fraternité qui a maintenu de vains contacts pour obtenir une reconnaissance officielle ?

Kyrie eleison.