Étiquette : Fraternité Saint-Pie X

Deux Éveques

Deux Éveques posted in Les Commentaires Eleison on décembre 21, 2019

Lors de l’été et de l’automne 2012, deux des trois évêques de la Fraternité Saint Pie X ont clairement changé de position par rapport aux termes de la lettre en date du 7avril 2012 qu’ils venaient d’adresser à Menzingen, concernant les relations de la Fraternité avec Rome. Les prêtres et les fidèles de la FSSPX s’en sont étonnés. Peu de gens ont alors, ou depuis lors, interprété leur changement de position comme une question de personnes ou de personnalités. La plupart des gens ont bien vu dans leur volte-face de quoi il s’agissait : ils s’étaient convertis au nouveau principe venant du Supérieur Général, à savoir de reprendre des contacts avec les Romains sans attendre leur conversion du modernisme. Cette nouvelle politique contredisait à angle-droit leur lettre du 7 avril dans laquelle ils mettaient sévèrement en garde contre l’abandon de ce qu’enseignait Mgr Lefebvre : pas de contacts avec la Rome conciliaire avant sa conversion. Or, entre 1988 – année de leur sacre sans l’accord de Rome – et 2012, cette Rome conciliaire n’avait guère évolué, sinon en pire. Alors, pour quelles raisons les deux évêques ont-ils changé d’avis ?

C’est une question centrale qui aujourd’hui encore garde toute son importance ; on peut la formuler ainsi : Qu’est-ce que peut gagner la Fraternité pour la Foi (et non la Foi pour la Fraternité !) – grâce à des contacts amicaux avec les Romains conciliaires, alors que ceux-ci persistent dans leur attachement à l’œcuménisme de Vatican II, allant même jusqu’à la vénération dans les jardins du Vatican de l’idole de la Pachamama en présence du Pape ? Une chose semble certaine : depuis 20 ans, la FSSPX a tout misé pour son avenir sur cette amitié. Y renoncer maintenant ne signifierait-il pas que la politique des 20 dernières années n’a été qu’une une grossière erreur ? En conséquence de quoi, bien que la FSSPX ait à l’heure actuelle terriblement besoin de nouveaux évêques pour assurer son apostolat Traditionnel dans le monde entier, elle se trouve obligée de renoncer à sacrer des évêques Traditionnels qu’elle choisirait elle-même, car cela déplairait fortement aux Romains conciliaires. Ainsi, on peut dire que les deux évêques se sont mis, en 2012, une lourde croix sur leurs propres épaules, une croix plus lourde chaque année, car ils ont contribué à pousser la Fraternité dans une impasse : en 2019, la Fraternité ne peut plus avoir – et pourtant ne peut pas ne pas avoir – ses propres évêques.

De récentes informations, maintenant accessibles, aident quelque peu à comprendre la décision des deux évêques d’abandonner la position de Mgr Lefebvre – conversion de Rome avant les contacts – à laquelle ils avaient pourtant si récemment adhéré. En ce qui concerne Mgr de Galarreta, on apprend qu’à peine la lettre du 7 avril venait-elle de paraître sur le net, qu’il s’est empressé de se rendre au siège de la FSSPX pour présenter ses excuses, assurant le Supérieur Général qu’il désapprouvait totalement la parution intempestive du texte sur internet. Mais comment pouvait-il désapprouver la parution de la lettre sans se dissocier également de son contenu ? Il semble qu’une implosion imminente de la Fraternité lui ait paru plus redoutable que le fait d’engager la Fraternité dans une impasse en abandonnant la voie suivie par Mgr Lefebvre, voie essentielle à la défense de la foi. La survie de la Fraternité lui était-elle plus importante que celle de la Foi ?

Mgr Tissier de Mallerais a mis plus de temps à rétracter, pour ainsi dire, sa signature sur la lettre du 7 avril. Mais, début de 2013, c’était effectivement chose faite. A un de ses amis alors il donnait, en tant qu’Evêque, les indications suivantes : aujourd’hui la conversion de Rome ne peut pas se produire subitement. Mais une reconnaissance officielle nous permettrait d’y travailler plus efficacement depuis l’intérieur de l’Église. Nous devons patienter et agir avec tact, en prenant notre temps afin de ne pas brusquer les Romains qui continuent de désapprouver notre remise en question du Concile. Nous avançons tout doucement – n’est-ce pas ainsi que les saints ont toujours procédé ? Nous devons continuer à dénoncer les scandales et à accuser le Concile, mais nous devons agir intelligemment, nous efforçant de comprendre la façon de penser de nos adversaires, qui incluent, après tout, le Siège de Pierre. La politique de Mgr Fellay n’a pas vraiment échoué : rien n’a été signé le 13 juin 2012, rien de catastrophique, rien de notable ne s’est passé depuis 17 mois. Quelques prêtres nous ont quittés, par manque de prudence et de jugement, ce que je trouve déplorable. Mais la faute leur en incombe. En bref, essayez de faire d’avantage confiance aux autres et soyez moins confiant en vous-même. Faites confiance à la Fraternité et à ses dirigeants. Tout est bien qui finit bien. Voilà ce qui devrait être l’esprit de vos prochaines décisions et de vos prochains écrits.

Ici s’achèvent les arguments que cet Evêque mettait en avant pour recommander à son ami de suivre Mgr Fellay. Mais, NN. de Galarreta, Tissier de Mallerais et Fellay ont-ils bien compris les raisons pour lesquelles Mgr Lefebvre voulait couper les contacts avec les Romains conciliaires ? N’ont-ils pas tous les trois gravement sous-estimé la crise de l’Église sans précédent que cause la trahison continuelle de la Vérité et de la Foi par l’Eglise conciliaire ? Comment une simple politique humaine ou un compromis doctrinal avec Rome pourraient-ils résoudre cette crise pré-apocalyptique ?

Kyrie eleison.

Non Seulement… Mais Aussi…

Non Seulement… Mais Aussi… posted in Les Commentaires Eleison on novembre 30, 2019

Les numéros de ces « Commentaires » peuvent aisément se classer en deux catégories : il y a ceux qui traitent du problème de la société moderne et ceux qui traitent de la solution catholique. Il serait regrettable qu’un certain nombre de lecteurs ne s’intéressent qu’au problème et non à la solution, ou bien à la solution en oubliant le problème. Car, si je connais le problème sans en avoir la solution, je risque sérieusement de tomber dans le désespoir, spécialement aujourd’hui, quand on voit Dieu donner à Ses ennemis la permission de détruire Son Église, ou presque. Mais d’un autre côté, si le fait de connaître la solution m’incite à vivre dans l’illusion en minimisant le problème, alors mon système de défense est vulnérable, et je risque de me faire rattraper par le problème quand je m’y attendrai le moins.

Saint Paul est l’exemple type de celui qui connaissait et le problème et la solution. Car il comprenait d’autant mieux la solution du Nouveau Testament, à savoir : Jésus-Christ (Rom. VII, 24–25), que lui-même avait été un pharisien fervent selon ce pharisaïsme qui avait détourné l’Ancien Testament (I Cor XV, 8–10). C’est parce que Saint Paul avait personnellement fait l’expérience de l’impuissance de l’Ancien Testament à pardonner les péchés qu’il a si bien compris ce que le Christ par le Nouveau Testament avait apporté comme salut aux hommes. Un autre grand converti qui profita des nombreuses années qu’il passa dans l’hérésie fut saint Augustin, qui en devint l’un des plus grands serviteurs de la vérité catholique. Voilà pourquoi certains Français disent : «  Un converti vaut deux apôtres. »

Et voilà pourquoi les catholiques d’aujourd’hui devraient se garder de mépriser la connaissance des ennemis de Dieu et de la façon dont ils Le combattent, aussi répugnant que soit ce combat. Et quant aux non-catholiques, ils seraient mieux avisés de ne pas mépriser l’Église catholique car, aussi déconfite qu’elle puisse paraître aujourd’hui, elle est toujours la seule institution à détenir les vraies solutions à tous les vrais problèmes du monde, c’est-à-dire aux problèmes humains. Car tous les problèmes proprement humains ne sont que le fruit pestiféré des péchés dans les âmes humaines par lesquels l’homme s’élève contre Dieu. Or Dieu seul, et non les psychiatres, peut pénétrer dans ces âmes pour accorder Son pardon, ce qu’Il choisit de faire uniquement par son divin Fils, et par l’Église achetée au prix de Son sang.

Alors, suggérons aux lecteurs non-catholiques de ces « Commentaires » de s’intéresser non seulement aux analyses que l’on y trouve sur les arts modernes ou la politique, mais aussi aux arguments qui peuvent à prime abord sembler n’être que de vaines chamailleries entre catholiques, tels les erreurs de Vatican II ou la glissade de la Fraternité Saint Pie X vers Vatican II. Car s’il est vrai que l’Église catholique est toujours la seule à détenir la vraie solution aux vrais problèmes de tous les lecteurs, néanmoins cette solution est vulnérable, pouvant constamment être falsifiée par les hommes pécheurs. Or, une fois falsifiée, la solution devient une partie du problème. De fait, Vatican II fut le point d’aboutissement logique de plusieurs siècles d’efforts déployés par ceux qui voulaient mettre l’Homme à la place de Dieu. Et quant à La Fraternité Saint Pie X, bien qu’elle ait été conçue et fondée en 1970 pour résister aux erreurs du Concile, elle est tombée, notamment depuis 2012, sous le charme maléfique de ces mêmes erreurs. Par conséquent, les non-catholiques qui cherchent de vraies solutions aux problèmes modernes (qu’ils ne connaissent que trop bien !), devraient examiner les arguments exposés ici à propos de Vatican II et de la FSSPX.

De même, aux lecteurs catholiques de ces « Commentaires » nous suggérons de ne pas suivre uniquement les propos concernant Vatican II et la dangereuse dérive de la Fraternité s’alignant sur le monde moderne, mais aussi les analyses qui fouillent en profondeur ce qui ne va pas dans ce monde. Car, si les dirigeants de la Fraternité vont à la dérive comme ils le font actuellement, n’est-ce pas dû au fait qu’ils sous-estiment le problème de ce monde ? Ne vont-ils pas tout droit à la défaite en menant une guerre sans connaître l’ennemi ? Pourtant, Mgr Lefebvre n’a-t-il pas dit que Vatican II était infesté par le subjectivisme ? Ce qui n’a pas empêché Mgr Fellay d’affirmer un jour que 95% des textes du Concile étaient acceptables ! Et maintenant, alors que Mgr Lefebvre répétait souvent qu’il fallait une longue cuillère pour souper avec les conciliaires romains, ne voit-on pas le successeur de Mgr Fellay, prenant exemple sur ce dernier, se comporter comme s’il se prend pour plus malin que les démons romains ? La vraie force de Mgr Lefebvre n’a pas tellement été son astuce, mais plutôt sa foi et sa fidélité à la vérité catholique. Il en va de même pour la Fraternité qu’il a fondée. Alors, en conclusion, enjoignons nos lecteurs catholiques de ne pas croire qu’ils puissent se passer des analyses de ces Commentaires sur la corruption moderne, même s’il n’est pas toujours agréable de la considérer. Cacher sa tête dans le sable se fait payer cher.

Kyrie eleison.

La Dérive du Monde

La Dérive du Monde posted in Les Commentaires Eleison on novembre 23, 2019

Ce n’est pas seulement la Fraternité Saint Pie X qui part à la dérive, c’est le monde entier qui, dans l’âme de l’homme moderne, part à la dérive, On ne peut ni « faire d’une buse un épervier », ni « d’un sac de son, tirer de la farine ». De même il ne sert à rien de croire que les institutions d’hier ne seront pas vidées de leur substance par les hommes d’aujourd’hui, car des baudruches percées peuvent-elles rester bien gonflées ? Nous reproduisons ci-après l’intéressante réponse d’une personne réfléchie, à qui l’on demandait ce qu’elle prévoyait comme avenir pour la « Résistance », pour la FSSPX, pour l’Eglise et pour le monde :

Quant à la «  Résistance » , ses effectifs n’augmenteront pas beaucoup. Faute du matériau approprié, il n’y aura pas de grandes moissons d’âmes. Comment pourrait-on construire quoi que ce soit de catholique avec des gens qui n’ont plus, ou peu, l’idée du vrai et du faux, du bien et du mal, de ce à quoi il convient résister ? La vérité et le droit ont été minés ; de plus en plus de gens renoncent à croire qu’ils sont d’une importance quelconque. Et pourquoi cela ? La première raison en est que l’homme est un animal social qui prend sa couleur de ceux qui l’entourent. Or aujourd’hui les hommes ont abandoné en masse la vérité et le droit. La deuxième raison vient de ce que la vie est beaucoup moins exigeante lorsque la vérité et le droit ne représentent plus rien. Chacun peut alors se laisser aller au fil du courant ; il n’y a plus rien qui vaille la peine qu’on résiste au tendances dominantes.

Quant à la FSSPX, si Mgr Fellay est un pleutre, sa couardise contaminera toute la Fraternité et s’étendra bientôt à toute l’Église, dans la mesure où la Fraternité de Mgr Lefebvre représentait, à son apogée, l’épine dorsale de l’Église. Cette force une fois enlevée, on verra prévaloir un conciliarisme mitigé, avec un Missel hybride mêlant la Messe tridentine à la Nouvelle Messe, avec la fameuse «  herméneutique de la continuité » mêlant la doctrine catholique à Vatican II, avec des prêtres et des rites douteux, offrant un renouveau des illusions déjà expérimentées dans les années 50. Pour finir, l’Église n’aura plus personne pour dire la Vérité ; la «  lumière du monde » ne donnera plus qu’une lueur blafarde et facultative, et le «  sel de la terre » ne pourra plus empêcher la corruption universelle.

Le monde sera toujours plus frappé de dégénérescence. Il deviendra de plus en plus artificiel de par sa propre volonté. L’Église était notre protectrice surnaturelle. Par l’infusion de la grâce dans l’âme des hommes, elle veillait sur tout ce qui est naturel dans la création de Dieu. Dans le Nouvel Ordre Mondial, même les restes de la véritable Église continueront d’être persécutés par l’intimidation actuelle à la fois passive et agressive. Car, sous une apparence tolérante et passive, se dissimule en réalité une pression incessante, poussant au conformisme mondain : « Vous feriez mieux d’être ‹ politiquement correct ›, comme tout le monde, sinon nous ferons de vous un déclassé, un paria » . Or, cette pression extérieure provient d’une mystérieuse faiblesse de l’esprit moderne, incapable de s’accrocher à une vérité. C’est pourquoi, sur un plan naturel, le diable pénètre tout ; il fait basculer les esprits toujours vers la gauche : plus loin de Dieu ; il parvient à faire douter les catholiques eux-mêmes : «  Qui suis-je pour dire que Mgr Lefebvre avait raison ? Ses ennemis étaient-ils si méchants ? Qui suis-je pour en juger ? Dans cet état d’esprit, il est facile de trahir . . .

C’est le Concile des années 1960 qui a déchaîné cet esprit de confusion des années 1970. Depuis lors, cette mentalité a eu un bon demi-siècle pour se répandre, la FSSPX travaillant secrètement pour l’ennemi depuis les 20 dernières années . . . .

Voilà une vision de l’avenir bien sombre. Mais, sur un plan purement humain, cette prévision a tout de réaliste. Heureusement, Dieu est Dieu. Il existe véritablement et ses pensées ne sont pas nos pensées ; ses voies ne sont pas nos voies, «  car de même que les cieux sont plus hauts que la terre, de même mes voies sont plus hautes que vos voies et mes pensées que vos pensées » (Isaïe LV, 8–9). Les machinations des hommes ne parviendront pas non plus à mettre Dieu en échec : «  Ainsi en est-il de la parole qui sort de ma bouche, elle ne reviendra pas vers moi sans effet, sans avoir accompli ce que j’ai voulu, et réalisé l’objet de sa mission. Oui, vous partirez dans la joie et vous serez ramenés dans la paix ; les montagnes et les collines pousseront devant vous des cris de joie, et tous les arbres des champs battront des mains. Au lieu de l’épine croîtra le cyprès, au lieu l’ortie croîtra le myrte, Et ce sera pour l’Éternel un mémorial, un signe éternel qui ne sera point retranché. » (Is. LV, 11–13).

Kyrie eleison.

Dérive Commentée

Dérive Commentée posted in Les Commentaires Eleison on novembre 16, 2019

Les deux derniers numéros de ces « Commentaires » (642 et 643, des 2 et 9 novembre) ont suscité chez deux de nos lecteurs des observations pertinentes concernant l’état de la Fraternité Saint Pie X. La première information que nous donnions est que la néo-Fraternité semble vouloir rassembler sous sa seule autorité tous les Traditionnalistes, qu’ils appartiennent ou non à cette Congrégation ; et la seconde est que les « discussions doctrinales » entre Rome et la FSSPX doivent être rouvertes à Rome, Mgr Fellay étant le responsable pour la FSSPX. Le premier observateur commente la tactique constante de la Révolution, le second évoque le sort qui menace Don Pagliarani. Voici ce qu’écrit le premier de nos lecteurs :

Ce sont là deux très mauvaises nouvelles. Bien que je n’en sois pas surpris, il est bien triste de voir la Fraternité livrée à la Rome apostate. Les avancées importantes de la Révolution suscitent toujours une résistance dans les rangs des catholiques. Mais dans le même temps, la Révolution organise également un faux semblant d’opposition propre à mener dans l’impasse ceux qui résistent. Je crains que la Fraternité ne soit prête à accueillir tous les catholiques qui résistent à l’apostat Bergoglio, justement pour que la Rome Conciliaire puisse mettre un terme à leur résistance. Il est tout à fait prévisible que cela se passera ainsi. Comme toujours, la seule arme à notre disposition est le chapelet pour la Consécration de la Russie. Que Dieu ait pitié de nous !

De tels propos n’ont rien à voir avec une quelconque « théorie du complot » ou avec les « fausses nouvelles ». Les meneurs à la tête de l’Église Conciliaire et du monde moderne, à qui Dieu accorde, pour l’instant, une puissance considérable afin de punir l’apostasie généralisée, ne sont pas des gens honnêtes qui peuvent se permettre d’opérer au grand jour. Trop souvent, il s’agit de véritables ennemis de Dieu, de révolutionnaires malhonnêtes, qui doivent conspirer et biaiser afin de cacher leurs manigances. Ainsi, chaque fois que des catholiques, non seulement innocents comme des colombes mais aussi prudents comme des serpents, (cf. Mt X, 16), dénoncent la ruse des révolutionnaires, ces derniers les accusent d’être des adeptes de « théories du complot », ce qui constitue une tricherie de plus, car habituellement les révolutionnaires accusent les autres de leurs propres fautes.

Prenons l’exemple de 1988, lorsque Mgr Lefebvre s’apprêtait à porter un grand coup aux libéraux en consacrant quatre évêques fidèles (à l’époque), pour assurer la survie de la Fraternité, et cela pour défendre la vraie foi. Que fit alors la Rome libérale ? Elle mit sur pied la Fraternité Saint-Pierre pour recevoir et neutraliser tous les prêtres de la FSSPX qui s’opposeraient aux sacres épiscopaux. De même, lorsque cet observateur suggère qu’en 2019, Rome est en train de transformer la Fraternité en un refuge destiné à tous les catholiques s’opposant au Pape François, afin de les placer tous sous le contrôle de Rome, il est fort improbable que ce soit là une « fausse nouvelle ». Les ennemis de Dieu ont pour caractéristique d’user des stratagèmes dont ils accusent ceux qui les dénoncent.

Quant au deuxième observateur, il est d’avis que Don Pagliarani est peut-être moins coupable que Mgr Fellay de sous-estimer les mauvaises intentions de Rome, mais il ajoute que si l’abbé Pagliarani continue à agir à la tête de la Fraternité comme le faisait son prédécesseur, c’est lui, Pagliarani, qui portera la responsabilité de paralyser la défense de la Foi dans la Fraternité. Car on ne peut lui faire crédit indéfiniment : le fait de continuer apparemment d’agir comme Mgr Fellay le rend de moins en moins innocent. Laissons la parole à notre deuxième observateur :—

L’annonce que de nouvelles discussions doctrinales vont être menées à Rome par Mgr Fellay et ses anciens collaborateurs, ternit de manière inquiétante l’image de l’abbé Davide Pagliarani. Car même s’il n’est pas aussi accordiste que Mgr Fellay, il laisse à penser qu’il reste bloqué dans la même impasse que son prédécesseur. Donc ou il s’en libère au plus tôt, ou il va passer pour le fossoyeur de la Fraternité. Ce qu’à Dieu ne plaise ! Je prierai pour lui et pour la Fraternité, et je me tournerai vers Notre Dame pour lui ouvrir ses yeux et ceux de ses deux Assistants.

On remarquera que les deux observateurs voient dans la prière la seule solution. Humainement parlant, la Fraternité coule, même si pour le moment elle n’est pas encore complètement coulée. Mais si elle choisit de rallier la Rome moderniste, elle partagera le destin de l’Eglise conciliaire.

Kyrie eleison.

La Dérive Continue – II

La Dérive Continue – II posted in Les Commentaires Eleison on novembre 9, 2019

Nous parlions la semaine dernière de la rencontre d’août 2019 entre Dom Placide de Bellaigue (France) et la Fraternité saint Pie X en Suisse. Si certains lecteurs sont tentés de ne pas voir dans cette entrevue une preuve suffisante du désintérêt croissant de la FSSPX pour la défense de la vraie foi, voici un autre fait marquant, qui conduit à la même conclusion. Vers le moment même où le Supérieur Général (SG) de la Fraternité donnait son interview rassurante du 12 septembre dernier, il nommait par ailleurs une Commission de trois membres chargés de se rendre à Rome pour reprendre les « discussions théologiques » avec les Romains conciliaires, « discussions » qui ont été menées à Rome entre 2009 et 2011, et qui n’ont mené à rien. Mais quels sont les trois représentants de la Fraternité, choisis pour mener ces discussions ? Eh bien, nul autre que le triumvirat au pouvoir dans la Fraternité de 2006 à 2018 à savoir : Mgr Fellay et les abbés Pfluger et Nély, triumvirat qui n’a pas été reconduit dans sa fonction au Chapitre Général électif de juillet 2018 ! De nouveau il convient de se remémorer le contexte.

Lors du précédent Chapitre Général électif de 2006, les 40 prêtres électeurs de la Fraternité sont restés fidèles. Moins fidèles qu’en 1994 (comme l’a admis une fois Mgr Fellay), mais néanmoins fidèles au principe de bon sens catholique que posait Mgr Lefebvre, à savoir que, dans le conflit entre la Fraternité et Rome, les questions de foi étaient si importantes qu’aucun accord pratique, sans un accord doctrinal préalable, ne saurait apporter une quelconque solution. Certes, en 2006, Mgr Fellay lui-même avait déjà cessé de prendre la doctrine au sérieux. Pour lui, comme pour le Pape Benoît XVI, pour tous les modernistes et pour la masse des habitants du monde d’aujourd’hui, la Vérité de Dieu est moins importante que l’unité des hommes. Cependant, le SG savait que de nombreux membres de la Fraternité suivaient encore leur Archevêque en respectant la Vérité de Dieu. C’est pourquoi il continua de demander au Pape Benoît XVI de mener des « discussions doctrinales » afin de réunir la Fraternité et Rome.

Seulement cette requête était dès le début intrinsèquement chimérique. En effet, les doctrines de la Tradition catholique et de Vatican II ne peuvent pas s’unir. Pas plus que les doctrines de ceux qui conviennent que 2+2 font 4 et de ceux qui postulent que 2+2 font 5. Le Pape et le SG espéraient-ils donc que les deux parties pourraient se contenter d’un compromis du genre 2+2 font quatre et demi ? Apparemment oui, car l’un comme l’autre accordait plus d’importance à l’unité qu’à la vérité. C’est ainsi que des « discussions doctrinales » eurent encore lieu, de 2009 à 2011, entre quatre représentants de chaque côté. Toutefois, il faut dire qu’encore en 2009, Mgr Fellay a dû nommer quatre représentants de la Fraternité qui prenaient la vérité catholique au sérieux, tandis que les Romains de leur côté restaient indéfectiblement attachés aux contre-vérités de Vatican II. Donc les discussions n’aboutirent à rien, bien sûr, car l’unité n’avait pas encore réussi à l’emporter sur la Vérité.

Plus tard, lors du Chapitre Général intermédiaire de la Fraternité de 2012 (Chapitre où l’on n’élisait personne) les opinions avaient quelque peu évolué parmi les 40 principaux prêtres de la FSSPX. En conséquence, le principe du « doctrine d’abord » de Mgr Lefebvre a été abandonné : la Fraternité a officiellement accepté de faire passer l’unité en premier. Cependant, un mouvement de résistance acharnée de prêtres de la Fraternité s’est fait jour immédiatement, menaçant l’unité de la FSSPX. De même, lors du Chapitre électif de 2018, les 40 prêtres aimaient encore assez la Vérité pour voter la destitution de Mgr Fellay et de ses deux Assistants. Mais le nouveau SG reprit à son compte l’idée des discussions doctrinales avec les Conciliaires ; idée aussi bête qu’attrayante, comme celle d’avoir son beurre et l’argent de son beurre. Il se rendit donc à Rome ; les Romains et le SG devaient encore rêver du modus vivendi à établir autour de quatre et demi. C’est la raison pour laquelle les « discussions doctrinales » semblent bien être de retour sur la table des négociations.

Toutefois, la différence avec 2009, c’est que Mgr Fellay avait, à l’époque, dû choisir des amoureux de la Vérité pour représenter la Fraternité. Or, maintenant, le nouveau SG, selon toute apparence, a choisi les trois responsables de la Fraternité qui ont présidé au Chapitre de 2012 qui a fait passer l’unité avant la Vérité ! Alors, qui trompe qui ? Si le nouveau SG s’imagine qu’une unité non doctrinale est possible, alors, dès maintenant et plus encore dans un avenir prévisible, malheur à la Fraternité ! Par contre s’il reste lui-même clairvoyant, peut-être agit-il sous la pression romaine ou sous la pression des éléments fellaysiens de Menzingen, ou les deux ? Au fond, cela revient au même, car Mgr Fellay a fait tout son possible pour placer Menzingen et la Fraternité sous la coupe de Rome. C’est donc Rome qui prend les décisions, et qui frotte le nez de la Fraternité dans ses propres immondices.

Kyrie eleison.

La Dérive Continue – I

La Dérive Continue – I posted in Les Commentaires Eleison on novembre 2, 2019

Il y a peu, nous avons eu des indications laissant espérer que la Fraternité Saint Pie X cessait de glisser sous l’autorité et sous le contrôle des prélats Conciliaires romains. Malheureusement des signes contraires sont venus infirmer ces espoirs. A preuve, le 12 septembre dernier, l’abbé Davide Pagliarani, nouveau Supérieur Général (SG), élu successeur de Mgr Fellay en juillet 2018, a rendu publique une interview dans laquelle il disait beaucoup de bonnes choses ; à tout le moins, assez pour réjouir une lectrice de ces « Commentaires », car la dérive de la Fraternité lui semblait s’être inversée. Hélas, un fait récent venant du siège de Menzingen nous fait craindre que l’abbé Pagliarani n’ait en fait reçu l’ordre de tenir ce discours bien conservateur afin de tromper les Traditionnalistes qui écoutent les paroles sans regarder les actes. Examinons donc ce qui s’est passé à la Maison Générale et replaçons l’événement dans son contexte.

La Tradition catholique compte en France trois ordres de moines et de frères fidèles au passé de l’Eglise : les Bénédictins de Bellaigue, les Dominicains d’Avrillé et les Franciscains de Morgon. Tous trois ont été, en leur temps, encouragés et aidés par Mgr Lefebvre lors de leur fondation. Mais Monseigneur n’a jamais revendiqué d’autorité sur aucun d’entre eux. Il a même explicitement refusé de le faire, car il ne voyait pas la Fraternité comme ayant pour mission de monopoliser la Tradition ou de contrôler toutes les initiatives Traditionnelles. Chacune à son rythme, ces trois congrégations indépendantes ont prospéré depuis leur fondation, et, en 2019, comme il est normal pour les moines et les frères, on peut dire que toutes les trois exercent, partout dans le monde, une certaine influence sur les Traditionnalistes.

Cependant, à l’occasion du changement d’orientation majeur de la Fraternité, devenu public en 2012, les relations de ces congrégations avec la FSSPX sont devenues problématiques. La Fraternité, en effet, à voulu que ces religieux influents lui emboîtent le pas dans sa nouvelle orientation. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, il y a quelques années, la Fraternité a rompu ses relations avec les Dominicains d’Avrillé car ils étaient considérés par trop indépendants ; dans le même temps, les Franciscains ont dû, de leur côté, pratiquer une délicate politique d’équilibre entre coopération et indépendance. Quant aux Bénédictins, leur jeune Supérieur brésilien, Dom Placide, a dû subir, en août dernier, une pression particulièrement forte de la part de la Fraternité.

Convoqué à Menzingen par l’abbé Pagliarani, il fut vertement réprimandé pour son manque de coopération. On lui présenta un écrit qu’il devait signer pour céder tout simplement à la Fraternité le contrôle entier du monastère bénédictin ! Quand – pour le dire poliment – il a refusé cette « offre », on l’a menacé de faire connaître au monde entier que la FSSPX coupait toute relation avec le Monastère. Dom Placide a répondu qu’il incombait au SG de faire comme bon lui semblait. Ce sur quoi la menace devint la suivante : tous les prieurés de la Fraternité allaient recevoir l’ordre de ne plus envoyer de vocations à Bellaigue. Et cette menace a été mise à exécution. Dom Placide a décliné l’offre de rester pour déjeuner à Menzingen.

Réfléchissons un instant sur cet échange de vues. D’une part, si on veut garder ses espoirs dans l’abbé Pagliarani personnellement, on supposera qu’il lui a été imposé d’utiliser cette tactique d’intimidation contre le Supérieur des Bénédictins qui est relativement jeune. Il n’en porte pas moins la responsabilité d’avoir consenti à jouer ce rôle de croquemitaine. Plus sérieusement, de telles manœuvres d’intimidation donnent à penser que Rome et Menzingen complotent ensemble pour ramener sous le contrôle de la Fraternité tous les groupements Traditionnels actuellement indépendants et, ceci fait, la Fraternité serait restructurée et remplacée par une Prélature Personnelle placée entièrement sous le contrôle des Conciliaristes. Dans la guerre que Rome mène contre la Tradition, cela présenterait deux avantages : premièrement, gommer l’indépendance et les dernières traces laissées par Mgr Lefebvre dans la structure de la Fraternité ; et deuxièmement, après ce coup de maître, laisser à Rome le loisir d’étrangler doucement, et d’un seul coup, la Fraternité avec tous les groupements Traditionnels. Les dirigeants actuels de la Fraternité ne bouderaient pas non plus un tel coup, au contraire. Car, tout en mourant étranglés, ils mourraient si contents de recevoir enfin cette reconnaissance officielle pour laquelle ils se sont battus depuis si longtemps.

Voilà pour les dirigeants égarés de la Fraternité. Mais qu’en est-il de ceux qui les suivent, prêtres et laïcs ?

Kyrie eleison.