Fraternité Saint-Pie X

Une Élection-Survie ?

Une Élection-Survie ? on juin 30, 2018

La prochaine élection des trois principaux dirigeants de la Fraternité Saint-Pie X aura lieu dans une quinzaine de jours environ. L’enjeu est d’une grande importance. Durant les 20 premières années de son existence, la FSSPX réussit à s’opposer, avec une rare efficacité, à la nouvelle religion centrée sur l’homme qui, à la suite du Concile Vatican II, avait pris le dessus et occupait l’Église catholique. Mais, depuis vingt ans hélas, le Supérieur Général n’a cessé d’affaiblir cette institution face aux responsables romains qui manœuvrent à la tête de la nouvelle religion conciliaire. Sera-t-il ou ne sera-t-il pas réélu pour un troisième mandat à la mi-juillet ? S’il est réélu, on ne voit pas comment la Fraternité pourra échapper au contrôle des conciliaires. S’il n’est pas réélu, celui qui le remplacera devra bénéficier d’un miracle surnaturel ou faire preuve de grandes qualités naturelles pour restaurer la Fraternité dans l’intention originelle de son Fondateur et pour rétablir Jésus-Christ sur Son Trône en tant que Dieu et Roi de tous les hommes. C’est pourquoi ceux qui tirent la sonnette d’alarme à propos de la pénétration du libéralisme à l’intérieur de la Fraternité n’agissent certes pas en ennemis, mais en amis.

Est-il possible que la noble tentative de Mgr Lefebvre de combattre le libéralisme athée en fondant la Fraternité en 1970 ait été vouée à l’échec dès le départ ? Certes, Monseigneur avait avec lui le Bon Dieu, ainsi que le prouvent tant d’interventions quasi-miraculeuses dans les débuts de la Fraternité ; mais, d’un autre côté, il avait contre lui l’Église conciliaire et le monde moderne tout entier : ce qui était la norme depuis la primitive Église des Apôtres et des martyrs, à savoir la civilisation chrétienne, était, à son époque, devenu tout à fait anormal. Tant et si bien qu’on peut se demander comment les jeunes vocations, qu’il avait attirées dans les années 1970 et 1980 et qui sont maintenant à la tête de sa Fraternité, auraient pu connaître cet ordre relativement normal de l’Église ? Ordre que lui-même avait connu entre les deux guerres mondiales. Et alors comment auraient-ils pu construire ce qu’ils ne connaissaient pas ? Et comment, humainement parlant, pourraient-ils aujourd’hui échapper à la pression qu’exerce le monde contemporain contre tout ce qu’il juge anormal ?

Car il est devenu tout à fait normal que les hommes ne croient plus en Dieu ou, s’ils croient en Lui, qu’il soit traité comme quantité négligeable. Tout ce qu’il lui reste à faire, c’est de se tenir à l’écart. Face, l’homme gagne ; pile, Dieu perd. Tout bien considéré, Dieu est si bon qu’il ne pourrait jamais condamner un être humain aux feux éternels de l’enfer. Par ailleurs, les hommes sont si bons que le simple fait d’être homme leur confère une telle dignité, qu’ils méritent tous d’aller au Ciel. Dieu ne nous a-t-il pas donné la vie pour que nous en jouissions ? Et donc, en nous prescrivant les dix commandements, comment a-t-il pu vouloir que nous n’en jouissions pas ? L’église d’hier a donné cette impression, mais, après des siècles de paysannerie arriérée, l’homme de l’âge technique est maintenant arrivé à l’âge adulte. Il était plus que temps que la vieille église cède le pas à l’église du Nouvel Ordre Mondial. C’est maintenant une église qui resplendit par l’intégration plutôt que par l’exclusion ; par la liberté plutôt que par les interdits ; par le libéralisme plutôt que par le catholicisme.

N’empêche, d’un point de vue surnaturel personne ne peut exclure la possibilité d’une aide miraculeuse venue du Ciel, par laquelle le Chapitre Général de la FSSPX choisira trois dirigeants qui comprendront ce que Dieu attend de la Fraternité. Ceux-ci promettront alors de lui donner, avec Son aide, une Fraternité rétablie dans sa vocation de témoin, dans toute l’Église, de la Royauté Sociale du Christ-Roi et de la seule vraie Religion, instituée par le Dieu incarné. Mais, humainement parlant, personne ne doit se faire d’illusion quant à la probabilité d’une telle aide miraculeuse. Dieu ne doit ses miracles à personne. Il était déjà miraculeux que la Fraternité pût naître, survivre, prospérer et rayonner dans toute l’Église durant 40 ans. Peut-être a-t-elle ainsi joué son rôle en transmettant la Tradition aussi longtemps que Dieu l’a voulu. Maintenant, tout ce qu’il lui reste à faire, c’est d’observer comment le même flambeau passera à d’autres. Dieu seul sait. Les hommes proposent, et Dieu dispose.

Pour notre part, nous prions : Très Sainte Mère de Dieu, obtenez de votre divin Fils que le Chapitre Général de la Fraternité se choisisse, pour les 12 prochaines années, des dirigeants qui soient de véritables serviteurs du Christ, qui n’opposent à Ses intérêts ni ambition ni calculs humains, mais qui œuvrent pour la restauration de sa Royauté sur l’humanité tout entière, pour le triomphe de votre Cœur Immaculé et pour le salut des âmes. Ainsi soit-il.

Kyrie eleison.

Fraternité Cinquantiste *

Fraternité Cinquantiste * on juin 23, 2018

L’Église des années 1950 et la Fraternité Saint-Pie X des années 2000 souffrent toutes deux d’une maladie analogue : la même pathologie, qui affligeait l’Église, touche maintenant la FSSPX. Au juste, d’où vient ce mal ? Il consiste dans cette démarche insidieuse d’aller au-devant de l’homme moderne éloigné de Dieu, en rabaissant au niveau de l’homme sans Dieu les exigences de la Foi. L’image du Dieu véritable est alors rendue méconnaissable. Dans l’Église, on a prétendu adapter la Foi de toujours à notre monde moderne, donnant ainsi naissance au Concile Vatican II. Dans la FSSPX, on prétend maintenant adapter au Concile la Tradition Catholique, provoquant ainsi le dérapage de la FSSPX. “Les mêmes causes produisent les mêmes effets.”

Nous avons commémoré l’an dernier le centième anniversaire des grandes apparitions de Fatima. Au Portugal. Nous avons entendu Notre-Dame nous annoncer les catastrophes terrifiantes qui s’abattraient sur l’humanité si l’on n’écoutait pas ses demandes. Les ecclésiastiques n’ont pas réagi comme ils auraient dû, car plusieurs années après, la Très Sainte Vierge a confié à Sœur Lucie que même les bonnes âmes ne faisaient pas cas de ses demandes, alors que les méchants, bien sûr, persistaient dans la voie du péché. C’est ainsi que le règne de Pie XII (1939–1958) fut marqué d’abord par la dévotion à Fatima, mais dans la deuxième partie de son règne, dès les années 1950, on persuada le Pape qu’il fallait séparer l’aspect politique des apparitions, et notamment la Consécration de la Russie, de leur aspect dévotionnel. Et alors il négligea l’aspect politique tout en conservant la dévotion. Ce fut là une grande erreur. Or, c’est exactement la même erreur que répètent certains Supérieurs de la Fraternité depuis les années 2010.

Un confrère de la FSSPX a entendu l’an dernier (2017) deux membres importants de la Fraternité prêcher sur Fatima (1917). Il s’attendait à ce que les deux prédicateurs fissent une application en profondeur des apparitions mais, tout ce qu’il entendit fut de pieuses paroles. Certes, rien n’y était faux, mais ces prédications laissaient supposer un monde resplendissant de santé ! Ils ont parlé de la grandeur, de la bonté et de la miséricorde de Notre-Dame, et bien sûr de Son Cœur Immaculé, puissant refuge pour nous catholiques. Jusque-là, rien de mal. Mais, continue notre confrère . . .

“Pas un mot sur la situation catastrophique dans laquelle les individus, les nations et l’Église se débattent aujourd’hui. La première partie du Secret de Fatima a été mentionnée, mais la deuxième et la troisième ont été occultées. Les nations ne croulent-elles pas sous toutes sortes de problèmes ? Notre Mère l’Église, avec à sa tête le pape François, ne sombre-t-elle-pas dans des difficultés inimaginables ? Face à cette situation, comment oser passer sous silence les deuxième et troisième parties du Secret, sans même y faire allusion ?

Nos Supérieurs sont en train de contracter une lourde responsabilité. Ils endorment leurs fidèles, ils les bercent dans une religiosité somnolente : « Nous avons la vraie Messe, nous avons la Foi, nous avons des prieurés, nous sommes membres de l’Église catholique . . . que pourrions-nous vouloir de plus ? » Des sermons de ce genre inhibent toute réaction ; on n’y parle plus d’engagement pour les batailles de la Mère de Dieu ; rien, pas même un avertissement contre les gadgets électroniques d’aujourd’hui. Voilà comment les catholiques deviennent des tièdes.

Lorsque la Sainte Vierge eut fait voir aux enfants de Fatima les feux de l’enfer, ils augmentèrent nettement leurs prières, leurs efforts et leurs sacrifices. Mais nous, catholiques du 21ème siècle, nous n’aurions nul besoin d’une telle vision de l’enfer ? Ni d’être mis en garde contre la situation catastrophique de la politique actuelle ? Ni d’être informé de la situation dramatique de l’Église aujourd’hui ? Beaucoup de nos fidèles ne se doutent même pas qu’on leur cache quelque chose d’important. Quand ils entendent des sermons de ce genre, leur enthousiasme éclate, ils louent les prédicateurs, ils sont heureux au possible. Hélas, il n’est que trop compréhensible que les hommes préfèrent ce qui est agréable et facile à ce qui leur semble dur, bien que vrai.

Kyrie eleison.

* Le « Cinquantisme » est ce Catholicisme des années 1950, extérieurement correct, mais intérieurement tout prêt à glisser dans le catholicisme désastreux des années 1960, années du Concile.

Des Préparatifs de Rome ?

Des Préparatifs de Rome ? on juin 16, 2018

Dans le contexte de crise qui submerge l’Église catholique depuis Vatican II (1962–1965), voilà subitement deux initiatives récentes des autorités romaines qui paraissent bien surprenantes. En effet, toutes deux ont l’air de favoriser la Tradition catholique que par ailleurs le pape François semble par maint côté vouloir éliminer une fois pour toutes. Le Grand Méchant Loup voudrait-il vraiment se montrer gentil envers le Petit Chaperon Rouge, ou bien ces deux gestes ne sont-ils que des ruses destinées à piéger la Fraternité Saint-Pie X dans la tanière conciliaire ? Serait-ce que Rome aussi prépare le Chapitre Général de la Fraternité prévu pour la mi-juillet ?

La première de ces deux initiatives est venue de la Commission Ecclesia Dei. On se souvient que cette institution fut créée à Rome en 1988 pour ralentir la tradition catholique qui menaçait de se développer à un rythme accéléré. Or, à la mi-février de cette année, Ecclesia Dei accordait à la Fraternité Saint-Pierre, d’orientation semi-traditionnelle, l’usage des rites liturgiques hautement traditionnels de la Semaine Sainte. Ces rites ont été utilisés durant plusieurs siècles avant que la réforme liturgique lancée par le cardinal Bugnini dans les années 1950 n’ait conduit à la nouvelle messe introduite à la fin des années 1960. Cette ancienne liturgie de la Semaine Sainte devient de plus en plus populaire auprès des catholiques qui répudient la nouvelle messe. La raison en est qu’elle contient de nombreux traits allant à l’encontre de la nouvelle liturgie moderniste que Paul VI, par une astuce administrative, a réussi à imposer à l’Église universelle en 1969. Faut-il croire que Rome se désengage enfin de la nouvelle messe ?

Non pas. Comme dit le célèbre vers de Virgile : « Quoi qu’il en soit, je crains les Grecs, même lorsqu’ils font des cadeaux ». Ce don fait à la Tradition peut très bien avoir été conçu par Rome pour persuader tous les Petits Chaperons Rouges, en particulier les participants au Chapitre Général de Juillet, qu’après tout le Grand Méchant Loup n’est pas aussi méchant qu’on le dit. Le Chapitre de juillet prochain est important pour Rome car ce bastion de la Foi, érigé par Monseigneur Lefebvre, doit être démantelé, parce qu’il a constitué de par son intense combat pour la Foi un véritable barrage entravant la marche du Nouvel Ordre Mondial, entrave sans aucune proportion avec la force numérique de la Fraternité Saint Pie X. Depuis la mort de Mgr Lefebvre, ce combat a été gravement affaibli, mais Rome peut craindre que le Chapitre ne le ressuscite. La volonté de Rome est qu’on élise comme Supérieur Général encore un libéral, à la rigueur un candidat de compromis, mais en tout cas pas un combattant de la Foi !

L’autre action inattendue de Rome a eu lieu le 16 mai dernier, lorsqu’un journaliste bien connue du Vatican, Andrea Tornielli, a mis en lumière un extrait d’un livre publié récemment par un fonctionnaire romain sur le Pape Paul VI (1963–1978). L’extrait est un compte-rendu détaillé de la conversation de septembre 1976 entre le pape et Mgr Lefebvre, tenue dans les deux mois qui suivirent la messe de Lille célébrée par l’archevêque devant une foule immense. Cette messe a marqué le début du mouvement traditionnel, de sorte que le pape a voulu freiner l’archevêque. La conversation dura un peu plus d’une demi-heure et les Romains prirent des notes. Peu après, Mgr Lefebvre en donna une version quelque peu différente du script maintenant dévoilé par Rome. Mais pourquoi les Romains ont-ils gardé par devers eux cette relation plus complète pendant 42 ans ? Et pourquoi décident-ils de la publier maintenant ?

La réponse doit se situer dans le “quelque peu différente”. L’admirable site Internet d’Amérique Latine, Non possumus, a publié côte à côte la version romaine et le propre récit de Mgr lefebvre. Les lecteurs de Non possumus peuvent vérifier par eux-mêmes comment les Romains ont blanchi l’aveuglement de Paul VI et leur propre vilenie. Exemple emblématique : Paul VI y a accusé l’archevêque de demander à ses séminaristes de prêter serment contre le pape, ce qui était absolument faux. L’archevêque a déclaré qu’il était prêt à jurer sur un crucifix que le pape l’avait accusé de faire prêter un tel serment. Un porte-parole romain a alors officiellement démenti qu’il ait été fait mention dans la conversation d’un tel serment.

De même, la version de Rome dissimule l’abîme qui sépare de la foi de l’Archevêque le modernisme de Paul VI. Tout se passe comme si les Capitulants n’auraient nul besoin de s’inquiéter de cette distance infinie séparant la Rome Conciliaire de la Fraternité Saint Pie X : qu’ils élisent comme Supérieur encore un libéral, mais un candidat de compromis fera aussi l’affaire !

Kyrie eleison.

Les Libéraux Préparent le Chapitre

Les Libéraux Préparent le Chapitre on juin 9, 2018

Pas tout le monde ne dort. Il y a en France quelqu’un qui surveille les préparatifs des libéraux en vue du prochain Chapitre général de la Fraternité Saint-Pie X. La Fraternité y aura encore, probablement pour la dernière fois, la possibilité de se lever, comme Mgr Lefebvre l’a fait, pour la défense de la foi catholique contre le concile Vatican II. Une personne, qu’importe son nom, a écrit sur le site Fidélité catholique francophone un excellent article dénonçant les funestes propos que le Secrétaire Général de la Fraternité, l’abbé Christian Thouvenot, a tenus au début de cette année lors d’une interview parue dans le bulletin de la Fraternité du District d’Allemagne. Ce qui suit doit beaucoup à cet article.

Commençons par les funestes propos en question : « Il est vraisemblable que la question du statut de Prélature personnelle soit posée lors du Chapitre. Mais c’est le Supérieur général seul qui conduit la Fraternité et qui a la responsabilité des relations de la Tradition avec le Saint-Siège. Mgr Lefebvre, en 1988, avait tenu a bien préciser cet aspect ». Ces propos sont funestes parce qu’ils correspondent à la vision de Menzingen, siège de la Fraternité où travaille l’Abbé Thouvenot. Il y prépare les membres et les sociétés amies de la Fraternité au Chapitre Général lors duquel Mgr Fellay voudrait arriver à faire dépendre de lui seul, et en toute légalité apparente, l’acceptation d’une Prélature personnelle offerte par Rome. Par ce stratagème, il mettrait fin, une fois pour toutes, à la capacité de la Fraternité de défendre la Foi en résistant au Novus Ordo et au Concile Vatican II. Propos funestes, en vérité, parce qu’ils sont ou ambigus ou erronés.

En premier lieu, le Supérieur Général n’est pas la seule personne à la tête de la Fraternité. Certes, les Statuts établis par Mgr Lefebvre stipulent que le Supérieur Général, une fois élu, est doté de pouvoirs considérables pour au moins 12 ans. Mgr Lefebvre voulait en effet que le Supérieur Général ait suffisamment de temps pour réaliser quelque chose sans être entravé comme lui-même le fut par les Pères du Saint-Esprit. Mais le Chapitre Général qui se réunit tous les six ou douze ans est au-dessus du Supérieur Général. C’est le Chapitre Général qui édicte les orientations que doit suivre le Supérieur Général. En théorie, le Chapitre Général de 2012 avait prévu que toute « normalisation canonique » nécessiterait un vote majoritaire du Chapitre. Mais, dans les faits, Mgr Fellay a déjà « normalisé » avec Rome les confessions, les ordinations et les mariages. Et voilà maintenant que le Secrétaire Général suggère que Mgr Fellay peut, tout seul, « normaliser » le reste sans que le Chapitre général ait son mot à dire ! Les quarante Capitulants de Juillet prochain ont-ils conscience de l’enjeu que révèle ce discours de Menzingen ? Sont-ils prêts à l’accepter ?

Deuxièmement, l’abbé Thouvenot prétend que seul Mgr Fellay est responsable des relations entre la Tradition catholique et le Saint-Siège. Sans aucun doute, Rome et Mgr Fellay lui-même aimeraient qu’il en fût ainsi. De cette manière, Rome pourrait récupérer d’un seul coup toute la « Tradition » et Mgr Fellay pourrait ainsi étendre à proportion son empire. Mais la « Tradition » est un ensemble composite et hétérogène d’instituts et de communautés religieuses qui, certainement, ne souhaitent pas tous être pris dans la rafle conciliaire, ni tous se retrouver sous la houlette de Mgr Fellay. C’est la raison pour laquelle Mgr Lefebvre répétait qu’il ne voulait pas qu’on dise qu’il était le chef de la Tradition catholique. Mais aujourd’hui, Mgr Fellay et son secrétaire jouent tous les deux le jeu de la Rome conciliaire.

Troisièmement, si Mgr Lefebvre a souligné, au moment des sacres de 1988, que lui seul était responsable des relations de la Fraternité avec Rome, c’était parce qu’il savait que les jeunes collaborateurs qui l’entouraient ne sauraient faire face à la ruse des Romains, comme, hélas, nous avons pu le vérifier depuis sa mort en 1991. Il ne faut donc pas chercher la raison de ses propos dans la confiance qu’il aurait eue dans la structure de la Fraternité pour doter le Supérieur Général d’une grâce spéciale qui le mettrait à l’abri des Romains conciliaires. Si l’on veut se tromper, ce n’est pas par une structure que l’on sera sauvé. Mais Mgr Lefebvre pouvait-il en faire autrement ? Il fallait bien qu’il disparaisse un jour ou l’autre !

Chers Lecteurs, si vous connaissez un capitulant du Chapitre de juillet prochain, demandez-lui s’il est au courant de ce que dit le Secrétaire général !

Kyrie eleison.

Songes “Pieux” – II

Songes “Pieux” – II on mai 19, 2018

Il est une chose certaine : entre la Tradition catholique et le Concile Vatican II, la réconciliation est impossible. Croire pourtant qu’on puisse les concilier est tentant, car les textes des 16 documents du Concile énoncent bien sûr un certain nombre de vérités catholiques. Mais l’esprit du Concile oriente tout vers une nouvelle religion centrée sur l’homme, et puisque c’est l’esprit qui a inspiré la lettre de ces documents, même les vérités catholiques qu’ils contiennent sont tributaires de ce « renouveau » conciliaire et en font forcément partie. Assurément, les modernistes ont profité des vérités catholiques et de la hiérarchie, mais uniquement comme un cheval de Troie pour dissimuler leurs hérésies et pour faire passer leur poison libéral. Si bien que même les vérités catholiques, contenues dans les documents conciliaires, sont empoisonnées. Déjà Mgr Lefebvre, en 1990, en avait pris conscience : il avait déclaré que Vatican II était infecté à 100% par le subjectivisme. A contrario, Mgr Fellay déclarait en 2001 que les documents de Vatican II étaient acceptables à 95%.

Certes, on est tenté de prétendre que la tradition catholique et Vatican II sont conciliables. Car cette opinion supprime tout tiraillement entre la soumission à l’Autorité Catholique d’une part et la fidélité à la Vérité catholique d’autre part. Comme l’a dit Mgr Lefebvre, depuis le Concile les catholiques sont forcés ou bien d’obéir aux Papes conciliaires et d’abandonner ainsi la Tradition catholique, ou bien de s’accrocher à la Tradition et de “désobéir” aux Papes. D’où la tentation, pour sortir de ce dilemme, de prétendre que de façon ou d’autre la Tradition et le Concile sont conciliables. Mais la réalité est tout autre. Le fait majeur régissant maintenant toute la vie de l’Église, c’est que le Concile et la Tradition sont en fait incompatibles ; et il en sera ainsi jusqu’à ce que l’autorité de l’Église revienne à la vérité catholique de toujours.

Cependant, pour Mgr Fellay, Supérieur Général de la FSSPX, la Tradition Catholique peut se marier avec la Rome conciliaire. Depuis qu’il a approuvé dans les années 1990 les pourparlers du GREC visant à la réconciliation, il s’acharne à réunir la Tradition et le Concile. Son problème ? C’est qu’il n’arrive pas à comprendre que le modernisme conserve certaines apparences catholiques, comme un cheval de Troie destiné à tromper les âmes catholiques. Or, sous le faux-semblant catholique, il n’existe plus aucun cheval catholique. Mais Mgr Fellay croit que le faux cheval possède toutes les qualités d’un vrai cheval, si bien que, selon lui, si seulement la FSSPX s’y dévoue, il peut devenir un authentique cheval catholique. Hélas, il n’y a que trop de Traditionalistes qui ont cru bon suivre ce feu follet de rallier la Rome conciliaire. Les Romains, quant à eux, ne se sont jamais laissés tromper – ils se sont finement accommodés à cette politique, en faisant des concessions apparentes à la Fraternité et à la Tradition, en autorisant par exemple les confessions, les ordinations et les mariages, et en faisant croire à Mgr Fellay, à plusieurs reprises, qu’une reconnaissance canonique était imminente. Mgr Fellay n’a-t-il pas déclaré une fois qu’il ne manquait plus à l’accord que « le coup de tampon » ? Par contre les autorités vaticanes ne s’y méprennent pas : la Tradition catholique est inconciliable avec leur Concile, donc chaque fois qu’elles ont conduit Mgr Fellay au bord de l’accord, elles ont insisté pour que la Fraternité se soumette au Concile.

Ce faisant, après chaque « concession » acceptée par Mgr Fellay au nom de la Fraternité, les Romains l’ont enfoncé dans leur piège, en sorte qu’il lui est devenu toujours plus difficile de faire marche arrière. Car avec chaque « concession », l’accord avec Rome est devenu davantage une réalité dans la pratique, même sans le « coup de tampon », et en retenant celui-ci les Romains se sont joués de Mgr Fellay comme un pêcheur se joue d’un poisson : comment pourrait-il maintenant se défaire des « concessions » accordées, et admettre que sa politique de 20 ans n’a été qu’une erreur ? Et pourtant ! C’est depuis le début qu’il fait fausse route. N’ayant pas la foi de Mgr Lefebvre, il a pris le problème de l’Église pour un problème de la Fraternité, et pour en sortir il a préféré mettre sa confiance dans une politique purement humaine. Mais bien sûr, avec leurs 2000 ans d’expérience politique, ce sont les Romains qui ont été les plus habiles en politique. Voici comment ils peuvent lui parler maintenant – “Excellence, cessez de jouer avec nous. Voilà des années que nous vous faisons toutes sortes de concessions, pendant que vous n’en faites aucune” (ce serait un gros mensonge, puisque toute “concession” conciliaire acceptée est de fait une concession faite à Rome). “Donc avant juillet, ou bien vous acceptez le Concile, ou bien nous vous excommunions, et vos 20 ans de Supériorat sont en ruines. Au choix !”

Sans doute les Romains s’exprimeraient-ils de manière moins grossière pour mettre le Supérieur Général au pied du mur, mais à qui la faute ? C’est lui qui n’aurait jamais dû se mettre à genoux devant une autorité sans foi ni loi. Dans le cas de l’Église catholique, l’Autorité sans la Foi, c’est une Autorité sans autorité.

Kyrie eleison.

Voeux « Pieux » – I

Voeux « Pieux » – I on mai 12, 2018

Un collègue français a rédigé en juin dernier un bon article sur la question de savoir s’il était opportun ou non pour la Fraternité Saint-Pie X d’obtenir des autorités romaines un statut canonique qui protégerait supposément ses intérêts. Il est bien évident que Menzingen, Quartier Général de la Fraternité en Suisse, croit fermement qu’on obtiendra un tel statut et, si le Supérieur Général actuel est réélu en juillet pour un troisième mandat, la Fraternité continuera de poursuivre ce but. Toutefois, d’après Ocampo (n° 127 de juin 2017), il est tout autre que clair qu’un tel objectif doive être poursuivi. Pour quelles raisons ? Nous résumons ci-dessous l’article original qui occupe huit pages entières.

L’auteur y soutient qu’en aucun cas la FSSPX ne doit se soumettre à des autorités ecclésiastiques omnipotentes et imbues des principes de la Révolution française qu’incarne Vatican II, car ce sont les Supérieurs qui font les inférieurs, et non les inférieurs qui font les Supérieurs. Mgr Lefebvre a fondé la Fraternité pour résister à Vatican II parce que celui-ci a trahi la Foi catholique. En se soumettant aux autorités conciliaires, la Fraternité rejoindrait les prévaricateurs qui abandonnent la Foi.

Car ces autorités sont ou les évêques diocésains ou le Pape. Or, en ce qui concerne les évêques, ceux qui sont carrément hostiles à la Fraternité pourraient s’avérer moins dangereux que ceux qui peuvent se montrer amicaux, mais qui ne comprennent pas les exigences absolues de la Tradition catholique, car ces exigences ne sont pas seulement du fait de la Fraternité Saint-Pie X. Ensuite, en ce qui concerne le Pape, lorsque ses paroles et ses actes montrent qu’il agit contre cette Tradition catholique qu’il a précisément la charge de défendre, les catholiques ont le droit et le devoir non seulement de se protéger contre la manière dont il abuse de son autorité, mais aussi de lutter contre leur propre besoin inné de suivre dans l’obéissance l’autorité catholique. Certes, en théorie, un pape conciliaire peut promettre à la FSSPX une protection spéciale mais, dans la pratique, ne sera-t-il pas porté par ses propres convictions à tout faire pour que la Fraternité reconnaisse le Concile et abandonne la Tradition ? Compte tenu de la grande autorité dont il jouit, en tant que Pape, pour imposer sa volonté, les responsables de la Fraternité n’ont-ils pas le devoir d’éviter de se trouver sur son chemin ?

L’expérience montre que les Traditionnalistes qui rejoignent la Rome conciliaire, commencent par se taire quant aux erreurs du Concile, pour finir, généralement, par les approuver. En acceptant de se taire dans un premier temps ils se rendent plus ou moins incapables de transmettre la Foi, et par une pente naturelle, de compromis en compromis, ils risquent même de finir par perdre la Foi. C’est la Foi qui a fait insister à Mgr Lefebvre que si les Romains ne veulent pas renouer avec la doctrine des Papes dans les grandes Encycliques anti-libérales – ce qu’ils n’ont pas encore fait, et ce qu’ils ne sont certes pas sur le point de faire – un dialogue entre Romains et les Traditionnalistes est totalement inutile, et – il aurait pu ajouter – positivement dangereux pour la Foi.

L’article énumère également huit objections à cette position, données ici en italique, suivies d’une courte réponse :—

1 Avec la Prélature Personnelle Rome offre à la Fraternité une protection spéciale. – Protection des évêques diocésains, peut-être, mais pas de l’autorité suprême du Pape dans l’Église. 2 Les demandes de Rome ont diminué. – Uniquement parce que les « concessions » visent à une coopération pratique plus efficace pour obtenir la soumission des catholiques. Les communistes connaissent bien cette tactique. 3 La FSSPX insiste pour être acceptée par Rome « telle qu’elle est », c’est-à-dire Traditionnell e. – Pour les Romains, cela signifie : « tels que vous serez devenus, une fois que la coopération pratique vous aura fait voir combien nous sommes gentils. » 4. La Fraternité pourra donc continuer d’attaquer les erreurs du Concile. Il n’y aura pas de changement sur ce point. – Rome a tout son temps pour demander avec insistance des changements toujours plus importants. 5 Mais le pape François aime la Fraternité ! – Tout comme le « Grand Loup » méchant aimait la petite « Chaperon Rouge » ! 6 La Fraternité a trop de vertu pour être trompée par Rome. – Vaine illusion ! Mgr Lefebvre lui-même a d’abord été trompé par le Protocole du 5 mai 1988. 7 Plusieurs communautés Traditionnelles ont rejoint Rome sans perdre la vraie Messe. – Mais plusieurs d’entre elles se sont mises à défendre plusieurs erreurs majeures du Concile. 8 Le pape François, en tant que personne , est dans l’erreur, mais sa fonction est sacrée. – Reconnaître le caractère sacré de sa fonction ne peut pas m’obliger à suivre ses erreurs personnelles, c’est-à-dire la mauvaise utilisation de sa fonction. La vraie Foi est au-dessus du pape.

Kyrie eleison.