monde moderne

Lent Déclin – I

Lent Déclin – I on mars 25, 2017

Voici un témoignage (abrégé) venant des États-Unis. Il tape souvent dans le mille :—

On a voulu « changer l’image » de la Fraternité St Pie X. Résultat ? – elle n’est plus ce qu’elle était. Comme la Fraternité originale appartenait à l’Église catholique, ainsi la Néo-fraternité appartient à la Néo-église. Pour les anciens qui se souviennent de Vatican II, c’est du déjà vu, mais en pire, parce que cette fois-ci il n’y a même pas d’attaque directe contre la bonne doctrine, ni un Concile important, c’est par une transformation sociale que la révolution s’étend, lente et presque imperceptible.

En effet, les apparences de la Tradition se maintiennent, mais le Mouvement de la Tradition se change en douceur, du dedans. Extérieurement et du point de vue matériel les choses paraissent mieux réussies que jamais, avec toujours plus d’argent et de bâtiments, mais intérieurement et spirituellement on observe une décadence, parce que la maladie du modernisme gagne imperceptiblement les gens. Et une variété de symptômes indiquent que c’est bien le même modernisme, par exemple les jeunes prêtres de la Fraternité aux visages béats, tout comme les « prêtres de la paix » comme le grand Cardinal Mindszenty les a nommés, dans les années 1960 et 1970. Mais à ceux-ci manque la masculinité des prêtres qui les ont précédés, comme elle manque à des laïcs importants dans l’éducation.

Alors la Messe a beau être Traditionnelle, toute la culture autour est Novus Ordo. Les Traditionnalistes veulent préserver la Messe ancienne et les Sacrements et quelques-unes des bonnes mœurs du Catéchisme, mais en même temps ils veulent profiter de tout le reste que le monde moderne leur offre. Comme résultat on distingue à peine, en-dehors de la Messe et des Sacrements, entre les soi-disant Catholiques de la Tradition et leurs équivalents dans le monde moderne. Pour ce qui concerne le divorce, les annulations de mariage, les « filles-mères », etc., les statistiques sont pareilles. Si les Traditionnalistes veulent suivre le monde moderne, ils ne peuvent plus garder la religion ancienne. Il faut choisir.

Ce qui se passe, c’est que le Mouvement de la Tradition s’ouvre actuellement au monde pour devenir normal et se faire accepter, et le processus de la modernisation avance, lentement mais sûrement. Il y a une nouvelle génération de jeunes au pouvoir, et ils font tout changer. Les anciens irréductibles qui désormais gênaient ont été remplacés, et la Tradition a une nouvelle image, jeune, souriante, aimable. Voilà 50 ans que l’Église officielle a eu sa mise à jour, la Fraternité y passe aujourd’hui. La vieille génération qui a mené tant de batailles pour tout préserver se fait remplacer maintenant par une nouvelle génération qui n’a jamais connu le Novus Ordo, ni ce qui était derrière, et qui n’a jamais eu à se battre pour quoi que ce soit. Les jeunes d’aujourd’hui peuvent bien avoir été élevés isolés dans une bulle de la Tradition, sans connaître grand- chose de la guerre d’hier, origine de celle d’aujourd’hui. Avant le Concile Bella Dodd a rendu un témoignage célèbre que les Communistes avaient infiltré l’Église. Pouvons-nous être sûrs que la même chose n’arrive pas actuellement au mouvement de la Tradition ?

Cela devait arriver. N’étant ni infaillible ni indéfectible, la Fraternité passe maintenant par l’expérience d’il y a 50 ans de l’Église officielle – l’infiltration, le compromis, la désintégration et le même processus d’auto-démolition. Mgr. Lefebvre aurait remarqué tout de suite le changement radical, mais bon nombre des grenouilles dans la Fraternité n’ont même pas remarqué comment la température de l’eau monte. Monseigneur a « transmis ce qu’il a reçu » mais la nouvelle génération comment peut-elle transmettre ce qu’elle ne reçoit plus ? C’est pour cela que nous entendons que la « réconciliation inévitable » est imminente. La Fraternité sera acceptée comme partie de la Néo-église, et inversement elle devra accepter la Néo-église. Elle ne sera plus qu’une des nombreuses chapelles latérales dans le Panthéon du Nouvel Ordre Mondial. Et quant à la « réconciliation », de quel côté des deux s’est-on rendu à l’autre ? L’Église Conciliaire est-elle devenue catholique ? Absolument pas !

Kyrie eleison.

« Saints Pretres » ?

« Saints Pretres » ? on mars 4, 2017

Par une grande grâce de Dieu un lecteur de ce « Commentaire », plongé par sa famille et son travail dans le monde d’aujourd’hui, a néanmoins gardé un vrai sens de ce qui se passe autour de lui, à savoir le drame cosmique quotidien du salut ou de la damnation des âmes qu’il rencontre. Ce n’est pas un sens agréable. Il pourrait préférer ne pas voir ce qu’il voit mais par une autre grâce de Dieu il n’a aucune envie de se rendormir. Il sait ce que représentait la Fraternité St Pie X, et il en tirait beaucoup de profit. Maintenant tout en restant simple laïc sans aucune prétention de manier de grands arguments, il constate que la Fraternité n’est plus ce qu’elle était, mais veut rejoindre les endormis, et il se demande ce qu’il va faire. Ses paroles ne se trouvent pas à l’Internet mais elles doivent se trouver dans le cœur de maint triste Catholique. Les voici, en italique :—

Je l’ai déjà dit, mais je ne cesse de l’observer au travail. Les âmes meurent de faim et dépérissent sous le poids du péché et sous la pression de cette anti-culture qui nous engloutit tous. Presque tous les Catholiques qui ne pratiquent plus auxquels j’ai parlé ont été dégoûtés par les abus qui souillent l’Église actuellement (encore que je me doute que beaucoup en profitent pour justifier leurs propres péchés), ou bien ils n’ont vu dans les prêtres que des égoïstes qui ne sont pas morts à eux-mêmes pour revêtir le Christ. Leur vue de l’Église est obscurcie par tant d’infidélité et de péché.

Sans doute les abus dans l’Église servent d’excuse pour que les Catholiques abandonnent leur foi, mais quelle responsabilité pour les prêtres qui même sans se laisser aller au grand scandale public cessent néanmoins par leur exemple d’inspirer et d’élever ! Prêtres de la Fraternité – il y eut un temps où vous inspiriez et éleviez – où en êtes-vous actuellement ?

Franchement, j’oserais dire que la revue de la Fraternité aux États-Unis, l’ « Angelus Press », n’est plus à la pointe. Nous avons besoin d’être secoués dans notre complaisance en nous-mêmes (c’est certainement le cas de ma nature déchue à moi). Nous devons sortir de notre torpeur intellectuelle. C’est très bien d’écrire de belles choses sur la spiritualité et la doctrine, et je ne crois pas que l’on puisse accuser l’ « Angelus » de favoriser l’hérésie mais – et voici où cela coince – si ces belles choses ne s’intègrent pas dans la vie de tous les jours ni n’abordent aucun des problèmes de la modernité, eh bien l’Église devient tout simplement encore une « douceur » pour adoucir les douleurs de la vie réelle.

Voici le problème. Les prêtres réels s’attaquent aux douleurs de la vie réelle. « Seigneur, donnez-nous de saints prêtres » – ainsi prie la Fraternité. Hélas, « de saints prêtres » – n’y entend-on pas des prêtres qui ne font qu’adoucir ? Et les prêtres doivent-ils être doucereux pour rendre plus confortable la vie ici-bas, ou ne devraient-ils pas plutôt mettre les âmes mal à l’aise dans cette « vallée de larmes » pour que tous leurs désirs se tendent vers la vie éternelle ?

Je deviens de plus en plus indifférent envers ce que fait la Fraternité parce que nous autres laïcs nous n’avons aucune influence là-dessus. Alors s’ils tiennent à se précipiter dans l’oubli, l’obscurité et l’insignifiance, qu’ils y aillent. La gloire sans pareil de la Fraternité, c’était qu’elle représentait la seule résistance organisée aux magouilles du Concile, et cela par un rejet en principe non pas de l’autorité mais de tout ce qui détruisait la Foi. Hélas, la Fraternité profite actuellement du même principe d’autorité – bon en lui-même – pour récupérer toute opposition à l’erreur, tandis que l’autorité devrait être au service de la vérité. Donc, en toute sincérité, je ne sais ce que je vais faire, pratiquement. Nous assistons encore aux Messes de la Fraternité mais (au moins dans mon propre cas) la ferveur d’autrefois dans la Fraternité s’est presque éteinte. Patience. Dans toute cette pagaille c’est Notre Seigneur qui va donner la victoire.

La Néo-fraternité ne prend-elle pas le chemin de se rendre aussi relativement inutile pour la vie éternelle que la Néo-église ?

Kyrie eleison.

Cinq Cents

Cinq Cents on février 11, 2017

Ce numéro-ci du « Commentaire Eleison » en date de la Fête de Notre Dame de Lourdes, 2017, est le 500ème numéro depuis le premier qui a paru le 6 juillet, 2007. Depuis neuf ans et demi le « Commentaire » paraît à l’Internet une fois par semaine, normalement le samedi s’il n’y a rien qui le retarde, et chaque semaine avec peu d’exceptions. Le samedi aussi par un fichier électronique il atteint des milliers d’abonnés. On le trouve à stmarcelinitiative.com en anglais, français, allemand, italien et espagnol, et qu’il soit dit ici que si jamais quelqu’un cesse de le recevoir par courriel alors qu’il ne s’est pas désabonné, ce ne sera jamais les administrateurs du fichier qui l’auront élagué. Cela arrive normalement par quelque malheur électronique, par exemple quand un ordinateur prend sur lui-même de le reléguer au « Spam ». Sur d’autres sites le « Commentaire » paraît chaque semaine en tchèque, japonais, coréen et portugais.

Le « Commentaire » n’est jamais très long, même si de temps à autre un Supplément l’accompagne. En anglais il tourne autour de 700 mots, plus ou moins autant de matière qui se laisse caser sur une page A4 avec des lettres de taille 12. Telle brièveté a l’avantage que tout lecteur pressé peut être sûr que la lecture du « Commentaire » ne lui prendra jamais plus que quelques minutes chaque semaine. Par contre la même brièveté a l’inconvénient qu’il est rare que le « Commentaire » approfondisse tel ou tel sujet. De temps à autre paraîtront quelques numéros sur le même sujet pour l’examiner d’un peu plus près, mais même dans ce cas-ci le contenu n’aura aucune prétention d’être savant. Les savants déploient normalement bien plus de 700 mots pour prouver une thèse, et bien des lecteurs aujourd’hui n’ont guère le temps de lire beaucoup plus que 700 mots.

Ce qu’essaie de faire le « Commentaire », c’est d’argumenter à partir de la réalité du monde moderne qui nous entoure pour établir une connexion raisonnable et cohérente entre d’une part cette Foi catholique sans laquelle personne ne se sauve (Héb. XI, 6), et d’autre part ce scénario toujours plus sombre du monde et de l’Église tel que nous le connaissons. Aux lecteurs de juger pour eux-mêmes si le « Commentaire » y réussit ou non. Il n’est certainement pas infaillible, ayant pour auteur un évêque catholique chassé de toute structure officielle, et deux fois déclaré « excommunié » (1988 et 2013) par la Rome officielle, encore que cela pourrait être plutôt un honneur qu’un déshonneur, Dieu le sait. Mais s’il devait lui-même revoir tous les numéros passés il pourrait y trouver des jugements qu’il devrait réviser à la lumière des événements subséquents. Par exemple on l’y trouve à se plier en deux pour être gentil envers les hommes d’Église responsables du Concile et de l’après-Concile, mais comme Don Putti, fondateur de SisiNono lui a dit une fois, « Sono tutti delinquenti » – objectivement, ce sont tous des délinquants.

Ainsi, bien des lecteurs du « Commentaire » peuvent le trouver sombre et trop pessimiste, mais leur auteur se doute que s’il a erré c’est plutôt en ayant été un peu trop optimiste. Paradoxalement le supposé archi-conservateur de la Fraternité St Pie X et le supposé archi-critique de la Néo-église peut sembler ménager beaucoup ceux qui pratiquent la religion du Novus Ordo. Lui-même, il prétendrait qu’il ne fait que suivre St Augustin : « Tuez les erreurs, aimez ceux qui errent », mais il y en a qui seraient moins gentils, en prononçant que l’auteur du « Commentaire » est depuis toujours un archi-libéral déguisé – ah, quel délice, que ces sages de notre temps ! En tout cas il ne pense pas que le « Commentaire » puisse survivre jusqu’à son millième numéro. Il s’attend à ce que cette électronique au ciel dont le « Commentaire » dépend sera bientôt ou bien descendu par la guerre, ou bien paralysé sur terre par les agents du Nouvel Ordre Mondial dont les mensonges ont tellement eu à souffrir de l’Internet, malgré toutes ses misères.

En attendant, tout honneur et remerciements au Bon Dieu et à Notre Dame de Lourdes pour tout petit bien que le « Commentaire » ait pu faire aux âmes jusqu’ici, et que les âmes prient pour qu’autant de numéros auxquels la Providence permettra de paraître à l’avenir puissent répandre lumière et chaleur.

Kyrie eleison.

Priere Urgente

Priere Urgente on janvier 14, 2017

Lorsque le Titanic commença à couler en 1912, il est notoire que les premiers canots de sauvetage que l’on a mis à l’eau n’ont pas été remplis parce que pas assez de passagers ne prenaient encore au sérieux que le navire était frappé à mort. Mais dès qu’on s’en est rendu compte, la foule s’est empressée de s’y embarquer. Or, le naufrage du Titanic a été un miroir de Dieu présenté au monde moderne pour qu’il s’y reconnaisse, mais beaucoup de gens vivant aujourd’hui n’en font aucun cas, et donc les canots du sauvetage catholique, à savoir de la Tradition, se vident au lieu de se remplir. Peu d’âmes n’ont encore pleinement saisi comment le monde qui nous entoure est frappé à mort, et donc peu font ce qu’ils devraient être en train de faire – prier d’urgence, urgemment.

Voici comment un ami en Suisse décrit la situation : « Dans notre pays comme ailleurs, les derniers restes du catholicisme disparaissent, et le Valais (canton autrefois très catholique) n’y fait aucune exception. Tout est à recommencer, tandis que les ennemis de la Vérité se font chaque jour plus nombreux. » Q uelqu’un peut-il dire que cela ne s’applique pas à son pays à lui ? A l’Angleterre cela s’applique certainement. Il y a un mois on y a sondé quelque quinze cents adultes anglais pour savoir s’ils croient ou non en Dieu : résultat, 28% oui, 38% positivement non. Il y a moins de deux ans, c’était 32% oui et 33% non. De toute évidence l’athéisme prend rapidement le dessus. Pauvre Angleterre. Attention ! De Dieu on ne se moque pas.

Mais pourquoi est-il si important de croire en Dieu ? St Thomas d’Aquin l’explique dans son Traité sur les Anges : tout comme la Création procède de Dieu par un débordement de Sa Bonté, de même toute créature cherche à retourner à cette Bonté Suprême du Créateur, chacune à sa façon : minéral et végétal par une inclination naturelle, animal par une inclination des sens, les hommes et les anges le plus parfaitement par une inclination intellective de l’intelligence et de la volonté (1a, 59, 1). Aussi les êtres humains viennent-ils de Dieu pour retourner à Lui, par l’usage droit de leur intelligence qui est « inexcusable », dit St Paul, si elle prétend qu’elle ne peut pas reconnaître Dieu dans sa Création (Rom. I, 20), et par l’usage droit de leur volonté pour Le choisir au lieu de Le refuser. Hélas, les attractions des sens éloignent de Dieu la plupart des hommes (1a, 63, 9 ad 1).

Néanmoins, Dieu n’a point fait les hommes pour qu’ils s’éloignent de Lui. Tout et chaque homme qu’Il a créé, Il a créé pour le Ciel (I Tim. II, 4), et à chaque homme Il donne des grâces suffisantes pour Le connaître et L’aimer et arriver ainsi au Ciel. Le Ciel est donc le but de tout homme, qu’il veuille ou non accepter cela, et s’il le refuse il s’aveugle en sorte qu’il ne sait rien du but de la vie. Il s’ensuit que tout chef pareil en quelque domaine que ce soit est en fin de compte un aveugle qui conduit des aveugles, et ceux qui le suivent sont des aveugles qui suivent des aveugles. « Je suis la Lumière du Monde, » dit Notre Seigneur, « et celui qui Me suit ne marche pas dans les ténèbres » (Jn. VIII, 12).

Donc celui qui refuse de suivre Dieu – taisons Notre Seigneur Jésus Christ et Son Église – marche dans les ténèbres, et l’acharnement des « Occidentaux » d’aujourd’hui pour préférer toujours plus de ténèbres prépare un Châtiment inimaginable, que l’on ne pourra comparer qu’au Déluge du temps de Noé. Tout comme en ce temps-là les hommes avaient à tel point « corrompu leurs voies » (Gen. VI, 12) que le Bon Dieu a dû intervenir pour empêcher qu’absolument tous les hommes ne préférassent l’Enfer, de même aujourd’hui la corruption est si terrible que seul Dieu est capable de l’interrompre.

Mais les hommes peuvent toujours prier, et la prière fonctionne encore, comme rien d’autre ne fonctionne plus. Car parmi les milliards d’âmes sur la terre qui se tournent actuellement vers Mammon et se détournent de Dieu, on peut facilement s’imaginer comment Il regarde et écoute en particulier les âmes toujours moins nombreuses qui se tournent vers Lui. L’heure est à la prière, à travers Sa Très Sainte Mère, la prière du saint Rosaire, 15 Mystères par jour si c’est du tout possible.

Kyrie eleison.

La Détresse des Catholiques.

La Détresse des Catholiques. on octobre 15, 2016

Un monde qui veut de moins en moins de Dieu éreinte les Catholiques. Voici le cri du cœur d’encore un lecteur :

Je me demande comment il est possible de garder la foi dans la situation générale de l’Église d’aujourd’hui, où il manque absolument de bergers. Pendant quelques mois, nous avons pratiqué à la Fraternité Saint Pie X, ce qui nous a fait comprendre la valeur de la Tradition. En y étudiant l’histoire des difficultés de Mgr Lefebvre nous avons compris à quel point il est trahi. Nous avons suivi la « Résistance » à travers le site web Non Possumus. Mais l’abbé C. l’appelle la « Désistance », et durant quelques mois il nous a trompés. Détrompés, nous avons quitté son groupe. Maintenant, on ne peut plus aller à la Fraternité car ils insistent pour qu’on se joigne à certaines activités, à des réunions d’enfants de chœur, etcetera. Ils veulent des renseignements sur nous et pour les obtenir nous envoient des couples mariés engagés à plein dans la Fraternité. Devant eux nous devons nous efforcer de ne rien dire qui nous empêcherait de recevoir la sainte Communion, comme cela arrive à certaines personnes, accusées d’être « contre le Pape François » ou « pour la Résistance ». Actuellement nous allons à l’Église catholique Maronite, car là au moins la Consécration est valide. Mais on est déçu de constater qu’ils acceptent Vatican II en général, et ils m’ont demandé de permettre à mes filles de servir à l’autel. Lorsque j’ai refusé, ils m’ont dit : « Nous sommes tous des enfants de Dieu » avec d’autres arguments pareils, pour empêcher que nous discriminions contre les femmes servant à l’autel.

Je n’ai personne à qui aller pour la Confession. J’ai des luttes continuelles au travail où je ne cesse de parler de Dieu et des événements actuels, en dépit du fait que l’école étant séculière et séculariste, le personnel est employé de l’État. Suivant votre conseil de nous retirer dans l’ombre pour nous préparer à la descente dans les catacombes, je me méfie des contacts sociaux, mais il est difficile de se battre tout seul. Nous sommes maintenant en contact avec les gens du T.F.P. (Tradition, Famille, Propriété). Je ne suis pas sûr de leur doctrine. Mais que pouvons-nous faire ? La lutte pèse lourdement sur mes épaules. Dans cette école où je travaille il y a un professeur franc-maçon, que je sache. Bien qu’elle soit une école d’État, toute son orientation est religieuse, mais d’une façon seulement déiste, c’est-à-dire sans le Christ. Que puis-je faire ? Dans ce pays il ne reste plus rien, et on ne sait où donner de la tête.

Entre autres choses, je lui ai répondu que lorsque l’Église est entraînée sur le Chemin de la Croix pour y être crucifiée, comme cela arrive aujourd’hui, la seule façon de ne pas avoir à porter ne serait-ce qu’une écharde de cette Croix est de ne plus être Catholique. De toute évidence, ce lecteur veut rester Catholique pour aller au Ciel avec sa famille. Dès lors il ne devrait pas être surpris de se voir souffrir des échardes de la Croix de Notre-Seigneur. Le moment pour s’inquiéter pour de vrai, ce sera quand il se trouvera à l’aise dans ce monde qui nous entoure.

Quant à son lieu de travail, il n’y a pas grand-chose qu’il puisse y faire. Les contacts sociaux doivent être maintenus par la prière, la charité et l’exemple, car nous autres êtres humains nous sommes des animaux sociaux. En même temps n’épuisons pas notre énergie et ressources limitées en jetant des perles aux pourceaux. Notre Seigneur nous dit de ne pas condamner si nous ne voulons pas être condamnés, mais Il nous dit aussi de savoir discerner entre les loups et les véritables bergers (S. Mat VII, 15). Juger-condamner, non. Juger-discerner, oui. Aussi, le Catholique se doit-il d’exercer son meilleur jugement sur la variété de prêtres et de laïcs qu’il rencontre dans le chaos de l’Église d’aujourd’hui. Et dans tous les cas, un père de famille doit aujourd’hui mener sa propre famille dans la prière des cinq Mystères du Rosaire en famille chaque soir (ou mieux, chaque matin). De cette façon-là il aura la garantie que Notre-Dame protégera sa famille, comme elle seule le peut, à travers n’importe quels graves événements qui nous sont réservés.

Kyrie eleison.

Session sur Dickens

Session sur Dickens on août 16, 2014

La Session sur Dickens qui a eu lieu il y a deux semaines à la Maison Reine des Martyrs à Broadstairs en Angleterre fut un grand succès, dans ses modestes limites. Le samedi il y eut seulement une petite pluie, le dimanche fut tout ensoleillé, et près de 30 participants, la plupart venant d’Angleterre mais aussi du Danemark, de France et des États-Unis, ont beaucoup apprécié la maison, une nouvelle rencontre entre Catholiques résistants, et les trois conférences du Dr. David White sur trois romans de Charles Dickens (1812–1870), le plus aimé après William Shakespeare des écrivains célèbres d’Angleterre.

« Dans ses modestes limites », car hormis les Messes suivies avec dévotion du samedi et du dimanche, il y eut apparemment peu de surnaturel dans la Session. Disons que ce fut plus une session de choses saines que de choses saintes, mais observons tout de suite qu’en français le mot « santé » constitue plus que la moitié du mot « sainteté ». La grâce construit sur la nature, et elle peut difficilement construire aujourd’hui sur l’insanité et la corruption de la nature auxquelles le monde autour de nous s’adonne, chaque jour plus. Ce qui est sain est donc plus important que jamais, même pour des buts surnaturels. Si la « Résistance » semble actuellement faire à peine son chemin, n’est-ce pas parce qu’il n’y a justement pas assez d’éléments sains encore autour de nous pour reconnaître et fustiger la pourriture des esprits et des cœurs, et la falsification qui s’ensuit de ce que sont la véritable obéissance et sainteté ?

Dans sa première conférence le Dr. White nous parla de David Copperfield, le roman préféré de Dickens lui-même parmi tous ses nombreux romans, et qui se rattache particulièrement à Broadstairs. Car au cours des nombreuses visites de travail ou de vacances qu’il fit dans cette ville au bord de la mer qu’il aimait tant, il vint à faire la connaissance d’une vieille dame excentrique qui vivait dans une petite maison que l’on trouve encore au bord de la mer. Elle lui fit une telle impression qu’il la mit en scène dans son David Copperfield sous le nom de « Betsy Trotwood », vieille dame excentrique qui reçoit chez elle l’orphelin, héros du roman, et le protège jusqu’à ce qu’il trouve son chemin dans la vie. Dickens met dans la bouche de Betsy Trotwood sa propre haine du Puritanisme et du Calvinisme, nous dit le Dr. White. Au moins une fois dans sa vie, Dickens s’entendit dire que le Catholicisme est l’unique vraie religion, mais il ne se fit pas Catholique pour autant. Il avait cependant un respect suprême pour l’Évangile du Christ, et les cœurs vraiment bons se rencontrent souvent dans les personnages de ses romans.

Le samedi après-midi on alla visiter la maison de « Betsy Trotwood » au bord de la mer, transformée maintenant en musée dédié à Dickens, plein de souvenirs de l’écrivain et dont le conservateur aurait pu sortir d’un de ses romans. La deuxième conférence eut pour sujet La Maison d’Âpre-Vent, le premier roman de la deuxième période de Dickens (1850) alors que le ciel de l’Angleterre s’assombrissait. La Maison d’Âpre-Vent s’en prend aux avocats et à la loi en particulier, mais de façon plus générale, dit le Dr. White, le roman attaque tout un Système de gouvernement caché qui enserre de plus en plus la société dans un étau, en démoralisant et écrasant les innocentes brebis. La politique devient insignifiante et l’aristocratie perd le contact avec la réalité, mais ce Système inhumain va toujours de l’avant, jusqu’à ce qu’il s’effondre sous le poids de sa propre fausseté, à la façon de Vatican II, ajouta le Dr. White.

La troisième conférence, le dimanche matin, présenta Les Temps Difficiles, encore un des romans sombres, portant cette fois-ci sur le manque total d’éducation réelle, et ceci il y a 150 ans ! Sans l’éducation du cœur, Dickens savait que les êtres humains se font froids et inhumains. Et le Dr. White profita de son expérience de dizaines d’années d’enseignement à l’Académie Navale des États-Unis pour souligner le portrait brossé par Dickens de l’énorme stupidité des robots sociaux fabriqués par une « éducation » qui méprise l’histoire, les arts, la musique, la littérature, et en particulier la poésie. Ce qui en résulte, dit-il, c’est l’ennui sans bornes des jeunes d’aujourd’hui, reflet d’un pur nihilisme.

Ceci n’empêcha pas les participants à la Session de rentrer chez eux sans le moindre sentiment d’ennui ni de nihilisme, mais au contraire, avec une bonne bouffée d’air frais. Deo Gratias.

Kyrie eleison.