résistance

Quinze Pays

Quinze Pays on décembre 31, 2016

Le dernier jour de l’année peut être un bon moment pour survoler le champ de bataille du combat de la Foi dans 15 différents pays visités par l’auteur de ce « Commentaire » au cours de l’année 2016. C’est un combat à mener dans des conditions bien difficiles, parce que l’Église catholique comme n’importe quelle organisation humaine dépend de son chef, et le Pape François durant toute cette année a donné l’impression qu’il veut détruire l’Église bimillénaire pour la remplacer par n’importe quoi qui plaise aux foules modernes, c’est-à-dire aux médias, c’est-à-dire aux ennemis de Dieu. En vérité, « Le Pasteur est frappé et les brebis sont dispersées », ce qui inclut actuellement la direction de la Fraternité St Pie X. Mais évoquons plutôt comment de pierres le Bon Dieu suscite dans le monde entier des fils à Abraham (Mt. III, 9), car si ceux-ci se taisaient les pierres mêmes devraient crier (Lc. XIX, 40).

Aux Indes, un ancien prêtre de la Fraternité et un ancien séminariste ordonné prêtre depuis, maintiennent l’unique prieuré et paroisse « Résistante » dans tout le sous-continent. Que Dieu soit avec eux. Au Brésil il semblerait que le sacre épiscopal de Mgr. Thomas d’Aquin ait bien fortifié la défense de la Foi autour de son Monastère. Que Dieu en soit remercié. Le Mexique a toujours été fort dans la Foi, et il est actuellement la base de l’excellent site internet en espagnol, Non Possumus. En Suisse un petit groupe de laïcs est content à l’ombre d’Écône d’entendre des choses qui ne s’entendent plus si souvent au Séminaire lui-même depuis le temps où Mgr Lefebvre y a donné tant à tant d’entre nous. Aux États-Unis, où la Fraternité avait réussi à réimplanter la doctrine anti-libérale de l’Église dans tout le continent, le libéralisme reprend le terrain perdu, grâce au désastreux changement de cap de la Fraternité depuis la mort de Monseigneur. Mais les prêtres du District n’ont pas encore dit leur dernier mot, et parmi eux l’abbé Zendejas, autrefois de leur nombre, travaille courageusement à reconstruire.

Deux autres prêtres autrefois de la Fraternité, les abbés Chazal et Picot, voyagent dans tout l’Orient, y compris en Australie et en Nouvelle Zélande. En Corée du Sud une chapelle Résistante est maintenue dans la capitale, Séoul, par une courageuse convertie. Au Japon les Catholiques ont été décimés par la Deuxième Guerre mondiale, Vatican II et maintenant la glissade de la Fraternité, mais il reste quelques contacts Résistants, y compris un vieux prêtre japonais. Par contre dans le pays le plus catholique d’Asie, les Philippines, l’abbé Chazal administre des douzaines de centres de Messe et un séminaire qu’il sera bien plus facile à servir depuis la récente ordination sacerdotale de l’abbé Jean, né aux Philippines.

En Europe, l’ Irlande a un nouveau prieuré de la Résistance au Sud proche de Cork, et la Pologne a un groupe de Catholiques qui ouvrent les yeux à la glissade dangereuse de la Fraternité vers Rome, mais pour le moment ils n’ont qu’un seul vieux prêtre polonais pour les desservir. Patience. Dans la République tchèque il y a un groupe parallèle de Catholiques dont la foi est forte, et qui mettent leur espérance en des prêtres qui reviennent du Novus Ordo à la Tradition. En Belgique aussi il y a un bon groupe en province qui remonte à un prêtre fidèle qui a laissé derrière lui il y a des dizaines d’années un legs de conviction et piété catholiques. En Allemagne la Résistance décolle lentement à cause d’une obéissance instinctive envers toute autorité, mais cela commence à bouger. En Italie de même le début de la Résistance est lent parce que le conservatisme des Catholiques y a fait que la Révolution Conciliaire n’a point fait rage comme dans les pays du Rhin, par exemple. Mais laissons faire le Pape François !

Et enfin il y a la France qui mène toujours dans l’Église, en bien ou en mal, par exemple par un Mgr Lefebvre ou par un Teilhard de Chardin. Les prêtres français ont toujours été les plus nombreux dans la Fraternité, et ils le sont maintenant dans la Résistance, et des centaines de laïcs français aujourd’hui viennent assister à des conférences régulières sur la doctrine anti-libérale des Papes pré-conciliaires. Mais la France comme pays se disloque actuellement, parce que les Catholiques n’ont pas de bon Pape pour les unir, et les citoyens n’ont pas de Roi catholique pour les rassembler autour de la cause de Dieu. Patience. Dieu va relever la France, et nous tous avec elle.

Kyrie eleison.

Prélats Conscients ? – II

Prélats Conscients ? – II on novembre 12, 2016

La semaine dernière ce « Commentaire » a posé la question : le Supérieur Général de la Fraternité St Pie X (ici, SG), sait-il ce qu’il fait lorsqu’il multiplie les affirmations contradictoires entre elles, les unes en faveur de la Tradition catholique, les autres alignées sur les Révolutionnaires Conciliaristes à Rome ? Au mieux le SG ne serait pas plus qu’un libéral déchiré entre le Catholicisme et le Conciliarisme qui transmettait sa propre confusion. Au pire ce serait un vrai loup déguisé en brebis, qui profite des mots comme instruments politiques pour permettre aux Romains d’absorber la Fraternité autrefois catholique de Mgr Lefebvre dans leur Néo-église Conciliaire. Il y va de la Foi. Pour maint prêtre comme laïc, il importe de voir clairement s’il est loup ou pasteur, ou un mélange des deux. A cette question un prêtre de la « Résistance » en France, l’abbé Olivier Rioult, donne une réponse bien claire dans le dernier numéro de la revue bimensuelle française, Sous la Bannière.

Partant du Communiqué du SG du 29 juin qui a suivi la réunion des Supérieurs tenue les jours précédents proche d’Écône, l’abbé Rioult en cite plusieurs extraits qui pourraient rassurer maint Catholique que la FSSPX reprend le cap de la Tradition. Mais selon l’abbé, les paroles et les actes du SG se sont si souvent contredits par le passé que ses paroles ne valent plus rien du point de vue de la vérité. Comme pour des politiciens modernes sans nombre, les paroles ne sont que des instruments de la politique, bonnes à la servir comme l’occasion le demande, et dans le cas présent pour obtenir la soumission de la FSSPX aux autorités romaines sans qu’elle se rende compte de ce qui se passe. Et la preuve ? Ce sont les actes du SG, car les actes parlent toujours plus fort que les paroles. C’est à partir de ses actes que l’on juge au mieux de ses vraies intentions, et ceux-ci vont toujours dans le sens de la Rome Conciliaire.

L’abbé énumère quelques-uns de ces actes : l’acceptation de la « suspension » en 2009 des « excommunications » de 1988 ; l’acceptation de la juridiction officielle pour les Confessions sacramentelles, et de la juridiction officielle pour que le SG agisse comme juge de première instance pour les cas de prêtres dans la FSSPX ; la soumission des noms des prêtres à ordonner pour la FSSPX dans les USA ; l’acceptation de la tolérance diocésaine pour les ordinations sacerdotales en Allemagne. Et toujours dans le même sens, à l’intérieur de la FSSPX : la mise à l’écart par le SG de tous les prêtres qui s’opposent à sa poursuite de la reconnaissance officielle de la FSSPX, et la mise en avant pour les remplacer de prêtres dociles, souvent trop jeunes pour endosser les lourdes responsabilités. Et l’abbé Rioult de relever que cette série d’actes tous pareils s’aligne certainement sur la déclaration conjointe du SG avec le Cardinal Müller, Numéro Deux à Rome, déclaration émise après leur réunion au mois de septembre, 2014, comme quoi ils « procéderaient par étapes . . . en prenant le temps nécessaire pour aplanir les difficultés . . . en vue d’arriver à la pleine réconciliation. »

Selon l’abbé Rioult, cette façon de procéder par étapes a pour Rome comme pour le SG le grand avantage d’éviter toute manifestation claire et nette d’un accord comme le serait la signature d’un document publique qui risquerait de mettre en état d’alerte les Catholiques de la Tradition. Déjà les contradictions du SG créent une confusion utile pour lui, et elles n’ont qu’à être assez « subtiles » et « délicates » pour endormir les Catholiques qui ne veillent pas ni ne prient assez. Donc les paroles ne sont pour lui qu’un écran de fumée qui cache surtout aux prêtres de la FSSPX ce qu’il fait vraiment, parce que s’ils étaient assez nombreux à veiller et à réfléchir, ce serait d’autant plus difficile pour le SG de persuader Rome qu’il peut emmener avec lui dans la Néo-église la totalité de la FSSPX. Mais c’est là le but visé par Rome, à savoir de mettre fin au plus important corps de résistance à leur installation de la religion du Nouvel Ordre Mondial. Déjà en 2012 le SG a fait l’ amère expérience d’avoir tout mis en place, comme il lui semblait, pour la trahison finale, et ce sont les Romains qui ont refusé l’accord, parce qu’ils savaient qu’à ce moment-là les trois autres évêques de la FSSPX étaient tous contre. La Néo-église des Romains a besoin de paralyser la Tradition catholique, une fois pour toutes.

Priez pour les prêtres de la FSSPX pour qu’ils ne se laissent pas tromper par la mafia de Menzingen, qu’ils réussissent à l’entraver, et qu’ils finissent par s’en débarrasser.

Kyrie eleison.

Désintégration

Désintégration on octobre 29, 2016

Tout se disloque. Le centre ne peut tenir.
L’anarchie se déchaîne sur le monde
Comme une mer noircie de sang : partout
On noie les saints élans de l’innocence.
Les meilleurs ne croient plus à rien, les pires
Se gonflent de l’ardeur des passions mauvaises.

Ces vers célèbres du Second Coming ( La Seconde Venue ) , poème écrit en 1919 suite à la Première Guerre mondiale par le poète anglo-irlandais, W.B.Yeats (1865–1939), viennent à l’esprit pour essayer d’expliquer comment le mouvement de résistance à la trahison en 2012 de la Fraternité St Pie X de Mgr Lefebvre puisse être si fort en vérité et pourtant si faible en unité et nombre. Voilà presque cent ans depuis 1919, et Yeats n’était ni Catholique ni particulièrement concerné par la condition de l’Église catholique, qui de fait semblait fleurir à ce moment-là. Mais les poètes sont parfois des visionnaires, et Yeats a saisi dans ces lignes une vérité essentielle sur la civilisation européenne telle qu’elle sortait de cette Guerre qui « éteignait les lumières dans toute l’Europe », comme l’a dit le comte Grey : les nations européennes se disloquaient spirituellement dans une chute que rien n’a interrompue depuis.

Néanmoins beaucoup des Catholiques qui veulent aujourd’hui que la Foi survive sont désemparés par la faiblesse apparente de tant de prêtres formés en particulier par Mgr. Lefebvre pour résister à la trahison évidente de ses principes par ceux qui lui ont succédé, et ils cherchent une explication. Certains pensent que les prêtres de la FSSPX ne se dressent pas en public contre la fausse conciliation de la Tradition avec Vatican II parce qu’ils ont peur d’être éjectés de la Fraternité sans gîte ni couvert. Mais les prêtres doivent savoir qu’il y a des laïcs qui seraient enchantés de les recevoir. Une explication plus profonde suggérerait que les prêtres ont peur de se couper de cette Fraternité qui leur fournit et leur famille humaine et leur structure ecclésiale. Mais de même, s’ils avaient une foi assez forte ils sauraient que la Providence peut suppléer pour la famille comme pour la structure.

Par contre, si nous remettons la trahison dans le contexte de la double désintégration occasionnée par les deux Guerres mondiales, suivie à leur tour par la troisième désintégration autrement plus terrible de l’Église catholique à Vatican II (1962–1965), alors d’une part nous devons admirer l’exploit héroïque de Mgr. Lefebvre qui a réussi à rassembler tant de fragments dispersés par cette explosion-là sans précédent, mais d’autre part nous ne pouvons guère être surpris si la Fraternité explose à son tour du dedans, ou si les réfugiés de son explosion éprouvent tant de difficulté à se recomposer dehors. Tout s’est disloqué, y compris les esprits et les cœurs. A mon avis il ne survit plus assez d’intégrité et d’intégration dans les cœurs et les esprits pour que nous puissions penser à renouveler l’exploit de Mgr Lefebvre. Le monde est en chute libre de presque un demi-siècle depuis l’année 1970 où il a fondé la Fraternité.

D’où il s’ensuit non pas qu’il n’y a rien à faire, mais qu’il faut concevoir ce qu’il y a à faire moins du point de vue de l’homme et plus dans la perspective de Dieu. A la fin du monde Dieu permettra à la Foi de disparaître (Lc. XVIII, 8), mais il y aura encore quelques âmes pour croire, espérer et aimer. En 2016 il nous donne un avant-goût de cette disparition, mais les âmes devraient être à même de reconnaître qu’elles ne manquent pas encore de liberté pour croire, espérer et aimer. Et pour ce faire, elles devraient être à même de prévoir que même le plus puissant des États policiers ne peut les en empêcher. Par ailleurs, plus on fera peser les circonstances sur cette liberté, et plus sera glorieuse au Ciel la dévotion persévérante de toute âme à Dieu, à son divin Fils et à sa Très Sainte Mère, et plus seront grands les mérites de cette âme. Et surtout plus sera grande sa contribution irrésistible au bien de l’Église. Là, tout est encore loin d’être perdu, et jamais tout ne pourra se perdre. L’Église de Dieu n’est point chose purement humaine.

Kyrie eleison.

Vivres de Survie.

Vivres de Survie. on octobre 22, 2016

Dans les affaires militaires, il est normal pour les généraux et les soldats de mener le combat plutôt de la dernière guerre que de la guerre présente. Qui eût pu imaginer les tranchées avant la Première Guerre ? Pourtant au moment de la Deuxième Guerre, le développement des chars blindés entre les deux grandes Guerres avait rendu obsolètes les tranchées. De même dans les affaires religieuses. Le XXIe siècle n’est plus le XXe. Les Catholiques qui résistent depuis 2012 sont imprudents s’ils espèrent rétablir aujourd’hui ou voir s’étendre quelque chose comme la Fraternité Saint Pie X du siècle passé. Par exemple, de deux actuels « Résistants » de pointe nous viennent une lamentation générale et une particulière, dont l’une et l’autre manque peut-être de sagesse . . .

La lamentation générale est que la « Résistance » s’écroule plutôt qu’elle n’avance. Ces Commentaires entourent souvent le mot « résistance » de guillemets, précisément pour suggérer que la résistance catholique à la Conciliarisation de la Fraternité n’a encore que peu d’une organisation et reste plutôt un mouvement vague, quoiqu’avec un but précis, à savoir, préserver la Foi catholique, mais elle manque encore de structure pour l’y aider. Pourtant que les « Résistants » prennent courage, car l’homme propose, mais c’est Dieu qui dispose, en sorte que ce qui semble une faillite humaine n’en est pas nécessairement une du point de vue du Bon Dieu.

Aussi dans les années 1970, Mgr Lefebvre se proposait-il de rassembler une demi-douzaine d’Évêques catholiques pour faire barrage aux Conciliaristes qui étaient en train de détruire l’Église, mais Dieu en disposa différemment. Dans ce qu’il s’était proposé, l’Archevêque devait échouer, mais en essayant il allait réussir à bâtir un corps de garde mondial pour sauvegarder les richesses infinies de la doctrine de l’Église, de sa Messe et de sa prêtrise pour des temps meilleurs. De même, il y a maintenant des « Résistants » qui se proposent d’établir un remplacement pour la Fraternité en danger, et leur faiblesse apparente (au moins jusqu’ici) peut suggérer qu’un remplacement fort n’est pas encore dans les plans ou les dispositions du Bon Dieu. Mais en essayant, les « Résistants » aident certainement à assurer la survie de la Foi catholique, ce qui est certainement une disposition de la Providence.

La lamentation particulière est que si seulement la « Résistance » avait des écoles, bon nombre de parents de la Fraternité afflueraient dans ses rangs alors qu’ils ne peuvent le faire pour l’instant, car leurs enfants seraient immédiatement renvoyés des écoles de la Fraternité auxquelles il n’y a pour le moment aucune alternative convenable. Mais encore, c’est au XXIe siècle que nous combattons pour la Foi, et pas au XXe. Dans les années 1980, il y avait assez de parents, de professeurs et de prêtres catholiques partageant les mêmes valeurs pour former ce cadre triangulaire au sein duquel les enfants sont presque obligés à grandir dans le droit chemin. Mais aujourd’hui ? Dans une école de garçons de la Fraternité on apprend qu’une épidémie dans ses murs de ce péché contre nature qui crie vengeance au Ciel a causé de sérieuses difficultés. Mais quels murs peuvent empêcher des adolescents de connaître la glorification de ce péché parmi la masse des adultes mâles de leur pays, avec cette fabrication d’un mot tout nouveau pour condamner le nouveau « vice » de sa condamnation – l’« homophobie » ? Et depuis quand les adolescents n’imitent-ils pas les adultes ? En réalité, comment n’importe qui peut-il faire marcher un collège de garçons depuis l’invention de l’Internet, accessible depuis sa poche ? On en vient à se poser la question : des institutions catholiques sont-elles encore possibles de nos temps ?

Dans la guerre de religion actuelle, l’ordre du jour est sûrement celui des vivres essentiels, c’est-à-dire le strict nécessaire pour la survie du soldat, ici pour la survie de la Foi. Cette guerre doit être gagnée à la maison, ou elle sera perdue. Dieu donne aux parents un pouvoir naturel pour former leurs enfants qui dépasse, disons par cinq contre deux, le pouvoir de toute institution pour les déformer, mais à condition que les parents prennent en main leur pouvoir. Un petit gouvernail peut conduire un grand bateau mais pas si le timonier le laisse aller. Si les parents ne prennent pas en main leurs enfants, ils ne peuvent blâmer le monde s’il les conduit en Enfer. Et si les parents dans les écoles de la Fraternité ont voulu que leurs enfants soient formés plutôt pour le monde que pour le Ciel, cela n’explique-t-il pas en partie la glissade dangereuse de la Fraternité ?

Kyrie eleison.

Illusions D’une « Normalisation »

Illusions D’une « Normalisation » on mai 28, 2016

Que tous les Supérieurs de la FSSPX prenant part à leur prochaine réunion pour considérer la dernière offre de Rome vers une réconciliation réfléchissent bien sur les commentaires de M. l’Abbé Girouard à propos de la récente déclaration de M. l’abbé Schmidberger (voyez CE 457) :

A) Au paragraphe IV, M. l’abbé Schmidberger dit que Mgr Lefebvre cherchait une reconnaissance même après les Consécrations de 1988. Il omet de mentionner que Son Excellence y avait mis des conditions : le retour total de Rome aux documents anti-libéraux et antimodernistes des Papes traditionnels. Le même paragraphe affirme que la Fraternité ne cherchait pas un rapprochement avec Rome ; c’est Rome qui l’aurait abordé en 2000. M. l’abbé omet de mentionner que les rencontres du GREC cherchant à « normaliser » la Fraternité commencèrent en 1997, avec la bénédiction de Mgr Fellay.

B) Au paragraphe V, la lettre stipule que Rome a grandement réduit ses exigences pour une normalisation et donc le moment est venu pour nous de les accepter. M. l’Abbé ne comprend pas que la réduction des demandes de la part de Rome s’explique : 1- par le fait que la Fraternité s’est déjà bien refondue de manière à se rendre bien plus agréable aux yeux de Rome ; 2- que Rome sait pertinemment bien que dès la « normalisation » de la Fraternité c’est tout naturellement qu’elle se rendra bien plus libérale encore.

C) Au paragraphe VI (en réponse aux Objections), #3, M. l’abbé dit que la Fraternité ne va pas se taire après la normalisation. En réalité, la Fraternité se tait déjà ! Et elle se tait depuis des années ! Les réactions de la Fraternité à Assise 3, aux Journées Mondiales de la Jeunesse, à la « béatification » voire « canonisation » des Papes Jean XXIII, Jean-Paul II et Paul VI, aux Synodes sur la Famille et à la dernière Encyclique du Pape François ( Amoris Lætitia ), et à bien d’autres scandales – ces réactions n’ont été rien d’autre que de bien faibles remontrances. Le cas sera donc bien pire après la normalisation quand la Fraternité aura peur de perdre ce qu’elle a acquis avec tant de peine.

D) Au paragraphe VI, #4, M. l’abbé dit que nous devons nous rendre le plus utiles possible à l’Église, ce qui exige la normalisation pour que nous puissions depuis l’intérieur rendre l’Église meilleure. Je réponds comme ci-dessus – voir B) et C) : une fois absorbée au sein de la structure officielle moderniste, la Fraternité, dont le « grain de sel » a déjà perdu sa saveur, succombera aux mauvaises influences, et son message et son action auront de moins en moins d’impact.

E) Au paragraphe VI, #5, M. l’abbé dit que la question de fond, c’est : « Qui va convertir qui ? » Et il continue qu’il faut être forts, et que dès que nous serons à l’intérieur c’est nous qui convertirons les modernistes. Voilà le même genre de raisonnement que celui qui ferait louer une chambre dans un bordel pour y convertir les prostituées et leurs clients ! C’est un péché de présomption.

F) Au paragraphe VI, #6, M. l’abbé dit que nous ne serons pas exposés aux mêmes problèmes et aux mêmes tentations que les autres communautés traditionnelles qui se sont ralliées à Rome pour ensuite trahir le combat, car, souvent avec un sentiment de culpabilité, ce sont ces communautés qui ont entamé le processus alors que dans le cas de la Fraternité, c’est Rome qui l’a commencé en 2000. Je réponds comme ci-dessus – voir A) : c’est le GREC qui a commencé le processus en 1997, avec la bénédiction de Mgr Fellay.

G) Au paragraphe VII (conclusion), M. l’abbé dit qu’il ne faut pas avoir peur car la Fraternité a été consacrée à la Bienheureuse Vierge Marie et elle nous protégera. Il omet de mentionner toutes ces Congrégations et ces gens bel et bien consacrés à la Vierge qui ont dépéri depuis Vatican II ! Que l’on pense seulement aux Oblates de Marie Immaculée, aux Servites de Marie et a tant d’autres ! La Bienheureuse Vierge Marie n’aidera jamais ceux qui se mettent eux-mêmes volontairement dans une occasion de péché et de destruction ! Croire le contraire, c’est se moquer d’Elle et de Dieu ! Une fois de plus, il s’agit d’un péché de présomption ! Ce n’est pas là la meilleure façon de travailler à la conversion de Rome et à la reconstruction de l’Église, c’est le moins qu’on puisse dire !

Bref, une fois la Fraternité « normalisée », il ne restera qu’à dire, « Que la Fraternité FSSPX repose en paix, et que Dieu ait pitié de nous ! »

Kyrie eleison.

Déclaration D’Évêques – I.

Déclaration D’Évêques – I. on avril 23, 2016

Le 19 mars, il y a environ un mois, Dom Thomas D’Aquin fut sacré Évêque, sans faire de bruit, au bénéfice des âmes qui veulent partout dans le monde garder la véritable foi catholique. Comme lorsque Mgr Faure fut sacré un an auparavant, la cérémonie fut organisée à la perfection par les moines du Monastère de la Sainte-Croix, dans les montagnes, derrière Rio de Janeiro au Brésil, dans la cathédrale en grange de fer du Monastère, noblement décorée pour l’occasion comme l’année dernière. Il faisait sec et chaud, mais pas trop chaud. Saint-Joseph s’arrangea pour que tout allât bien. Nous lui devons de grands remerciements.

Il y eut un peu plus de gens présents que l’an passé, mais la plupart d’entre eux venaient cette fois-ci des environs, au Brésil. Il n’y avait pas de journalistes présents, et l’événement se déroula avec à peine une allusion dans les réseaux d’information de la Tradition catholique. Y eut-il une conspiration du silence ? S’était-on lancé le mot pour ne pas y faire attention ? Peu importe. Ce qui importe c’est ce que le Bon Dieu suggère peut-être, à savoir que la survie de la foi ne demande pour l’instant aucune publicité, mais plutôt de glisser dans l’ombre d’où l’Église peut gentiment descendre dans les catacombes dans l’attente de sa résurrection après que la tempête du monde sera passée, qui promet d’être humainement terrible.

Dans tous les cas, nous avons maintenant un autre Évêque du côté ouest de l’Atlantique qui maintient fermement la ligne de Monseigneur Lefebvre. Comme Mgr Faure, il connaissait bien Monseigneur et fut un de ses confidents. Mgr Thomas D’Aquin n’a jamais travaillé directement avec Monseigneur depuis l’intérieur de la Fraternité, mais puisqu’il n’en était pas membre, Monseigneur s’est senti peut-être d’autant plus libre de partager avec lui ses pensées et ses idées. De toute évidence, il donna au jeune moine à plus d’une reprise des conseils précieux que Mgr Thomas n’a jamais oubliés. Les croyants catholiques ne s’y trompent pas – il y eut peu d’exceptions à leur réaction très positive envers le don que nous a fait Dieu Dieu d’un autre véritable pasteur d’âmes.

Au moment du sacre, les deux Évêques qui en étaient responsables firent une Déclaration qui n’a pas reçu jusqu’à présent beaucoup d’attention. Elle présente les racines profondes du sacre, montrant à quel point un événement apparemment si étrange n’est pas du tout étrange mais bien naturel, vu les circonstances. Voici la première partie de la Déclaration. La deuxième partie suivra dans le Commentaire de la semaine prochaine.

Notre Seigneur Jésus-Christ nous ayant avertis qu’à sa deuxième venue, la foi aura presque disparu du monde (Lc. XVIII, 8), il s’ensuit qu’à partir du triomphe de son Église au Moyen-Âge, elle ne pouvait connaître qu’une longue descente jusqu’à la fin du monde. Trois explosions en particulier ont jalonné cette descente : celle du protestantisme qui a refusé l’Église au 16me siècle ; celle du libéralisme qui a refusé Jésus-Christ au 18me siècle ; et celle du communisme qui a refusé Dieu tout entier au 20me siècle. Mais le pire de tout, c’est lorsque cette Révolution par étapes a réussi enfin à pénétrer jusqu’à l’intérieur de l’Église avec Vatican II (1962–1965). Voulant rapprocher l’Église du monde moderne qui s’était tellement éloigné d’elle, le Pape Paul VI a su faire adopter par les Pères du Concile « les valeurs de deux siècles de culture libérale » (Cardinal Ratzinger).

Ils ont assimilé notamment la liberté, l’égalité et la fraternité Révolutionnaires sous la forme respectivement de la liberté religieuse qui en mettant en valeur la dignité humaine implique l’élévation de l’homme au-dessus de Dieu ; de la collégialité qui en promouvant la démocratie nivelle et subvertit toute autorité dans l’Église ; et de l’ œcuménisme qui en louant les fausses religions implique la négation de la divinité de NSJC. Et dans le demi-siècle écoulé depuis la fin de Vatican II, les conséquences mortelles pour l’Église de cette adoption des « valeurs » Révolutionnaires ne sont devenues que de plus en plus évidentes, en culminant dans les scandales gravissimes et presque quotidiens qui souillent le pontificat du Pape régnant.

Kyrie eleison.