Étiquette : libre arbitre

Libéralisme – Blasphème

Libéralisme – Blasphème posted in Les Commentaires Eleison on janvier 26, 2013

Le libéralisme, est-il vraiment aussi horrible qu’on le dit ? Telle ou telle personne est accusée d’être un « libéral », et cependant bon nombre de ceux qu’on accuse ainsi nient avec vigueur que l’étiquette puisse leur être appliquée. Qui a raison ? Les accusateurs ou l’accusé ? Puisque le « libéralisme » est un des mots pour désigner cette erreur compréhensive des temps modernes qui est responsable de jeter d’innombrables âmes dans les flammes de l’Enfer, il mérite certainement une considération supplémentaire.

Or, la liberté se rapporte à ce dont je suis libre (de telle ou telle contrainte), ou bien elle se rapporte à ce que je suis libre pour (poursuivre tel ou tel but). De ces deux aspects de la liberté, la liberté négative de contrainte vient à la fois avant le but positif dans le temps, mais après lui selon l’ importance. Elle vient avant dans le temps, car si je suis empêché d’atteindre un but, plus question alors d’atteindre ce but. D’autre part elle vient après en importance parce que la valeur d’une volonté non-contrainte dépendra de la valeur du but pour lequel est utilisée cette non-contrainte. Ainsi, tenir un couteau me libère d’être désarmé, mais si j’utilise cette liberté-de (d’être désarmé) pour découper de la nourriture pour manger, cette liberté-de est bonne, mais si je l’utilise pour découper ma grand-mère, la même liberté-de (d’être désarmé) devient meurtrière.

Or, ce que fait le libéralisme, c’est de faire de la liberté-de, une – ou même la- valeur suprême en elle-même, indépendamment de la liberté-pour, soit pour le bon soit pour le mauvais but pour lequel je vais utiliser cette liberté-de. Ainsi, la valeur de la liberté-de est-elle rendue indépendante du bon ou du mauvais but, indépendante du bien et du mal. Mais la différence entre le bien et le mal est une partie essentielle de la création de Dieu, prévue depuis le fruit interdit du Paradis Terrestre et à jamais, pour que l’homme fasse son choix entre le Ciel et l’Enfer. Et donc faire passer le manque de contrainte de l’homme avant la loi de Dieu, c’est placer l’homme avant Dieu.

Étant donc la négation implicite de la loi morale de Dieu, du bien et du mal, le libéralisme fait implicitement la guerre à Dieu, en plaçant le « droit » humain de choisir avant le droit divin à commander. Or, ainsi que l’Archevêque Lefebvre le disait, il y a 36 variétés différentes de libéraux, dont pas toutes, loin de là, n’entendent faire la guerre à Dieu. Mais la guerre à Dieu demeure la conclusion logique des libéraux qui donnent la valeur suprême à la liberté, et c’est la raison pour laquelle pour beaucoup d’entre eux, tout est permis. Dieu et ses règles ayant été rétrogradés, alors l’adoration de la liberté devient pour les libéraux leur religion de substitution, une religion sans règles si ce n’est leur propre volonté.

De plus, étant une religion de substitution, elle se doit de chasser la vraie religion qui lui barre le chemin, de sorte que les libéraux deviennent naturellement des croisés contre l’ordre de Dieu dans tous les coins de sa création : mariage libre de genre, famille libre d’enfants, États libres d’autorités, vies libres de morale et ainsi de suite. Une telle guerre contre la réalité de Dieu est complètement folle, et cependant les libéraux, apparemment si gentils pour leurs semblables qu’ils sont en train de « libérer », peuvent en fait être terriblement cruels contre quiconque se met en travers du chemin de leur croisade. C’est dans la logique de leur religion de substitution qu’ils ne se sentent obligés à observer aucune décence quand il s’agit d’écraser les antilibéraux, ceux-ci ne méritant aucune pitié.

Pendant 20 siècles, l’Église catholique a condamné une telle folie. Cependant lors de Vatican II, l’Église officielle lui a ouvert la porte, par exemple en déclarant (« DignitatisHumanæ ») que chaque État doit protéger plutôt la « liberté-de » toute contrainte civile de ses citoyens en matière de religion que leur « liberté-pour » pratiquer la vraie religion. Et maintenant, les dirigeants d’une certaine Fraternité catholique veulent la mettre sous l’autorité des Romains de Vatican II. Pour la vraie religion, une telle action est, ainsi que l’Archevêque Lefebvre l’a appelée, l’« Opération Suicide ». Mais en vérité le libéralisme est intrinsèquement suicidaire.

Kyrie eleison.

Problème Profond

Problème Profond posted in Les Commentaires Eleison on novembre 17, 2012

Beaucoup de catholiques ne saisissent pas toute la profondeur du problème posé par le Concile révolutionnaire de Vatican II (1962–1965). S’ils connaissaient mieux l’histoire de l’Église, ils pourraient être moins tentés soit par le libéralisme, qui leur fait penser que le Concile n’était pas si mauvais qu’on le dit, soit par le « sédévacantisme », qui leur fait penser que les autorités de l’Église ne sont plus ses autorités. A propos, Notre Seigneur a-t-il mis en question l’autorité religieuse de Caïphe, ou l’autorité civile de Ponce Pilate ?

Le problème est profond parce qu’il est enterré sous plusieurs siècles d’histoire de l’Église. Lorsqu’au début du 15me siècle St Vincent Ferrer (1357–1419) prêcha dans toute l’Europe que la fin du monde était proche, nous savons aujourd’hui qu’il s’est trompé de plus de 600 ans. Et pourtant Dieu a confirmé sa prédication en lui donnant d’opérer des milliers de miracles et des milliers et des milliers de conversions. Dieu confirmait-il par là l’erreur ? Le Ciel nous en préserve ! La vérité, c’est que le Saint pressentait correctement que la décadence de la fin du Moyen Age impliquait la corruption explicite et quasi-totale de notre propre époque, répétition générale de la corruption totale de la fin du monde.

Seulement il a fallu du temps, le temps de Dieu, plusieurs siècles, pour que cette corruption implicite devînt explicite, parce que régulièrement Dieu a choisi de susciter des saints qui ralentissent la glissade en bas, telle cette gerbe de Saints célèbres qui ont mené à fin la Contre-Réforme du 16me siècle. Néanmoins Dieu n’enlève pas aux hommes leur libre-arbitre, en sorte que s’ils ne choisissaient pas de rester sur les hauteurs du Moyen Age, il ne les y obligerait pas. Au contraire il permettrait à son Église, au moins dans une certaine mesure, de s’adapter aux temps, parce que celle-ci existe pour sauver non pas les gloires du passé mais les âmes du présent.

Cela peut s’illustrer par deux exemples :d’abord la théologie Moliniste, rendue virtuellement nécessaire par Luther et Calvin pour assurer la défense du libre-arbitre, et ensuite le Concordat de 1801, rendu nécessaire par l’État Révolutionnaire pour permettre à l’Église en France de fonctionner en public. Or le Molinisme comme le Concordat furent des compromis avec le monde de leur temps, mais les deux rendirent possible le salut de beaucoup d’âmes, et l’Église empêcha que ne fussent minés les principes qui devaient absolument rester saufs, à savoir Dieu comme Acte Pur et le Christ comme Roi de la Société respectivement. Néanmoins les deux compromis permirent une certaine humanisation de l’Église divine, et les deux contribuèrent à la sécularisation lente de la chrétienté. Car les compromis ont obligatoirement des conséquences.

C’est ainsi que si ce processus lent d’humanisation et de sécularisation devait trop corrompre ce monde d’où les hommes et les femmes sont appelés pour servir Dieu dans son Église, comment pourraient-ils entrer à son service sans une forte dose de libéralisme radioactif dans le sang, laquelle exigerait un antidote vigoureux dans leur formation religieuse ? En effet, ne partageraient-ils pas tout naturellement la conviction instinctive de presque tous leurs contemporains que les principes et idéaux du monde révolutionnaire d’où ils venaient étaient normaux, alors que leur formation religieuse opposée à ce monde était aussi pieuse qu’on voulait, mais radicalement anormale ? De tels hommes et femmes seraient pour l’Église un désastre en puissance. Eh bien, ce désastre se fit actuel en plein 20me siècle, lorsqu’une grande partie des deux mille évêques du monde se réjouit au lieu de se révolter quand Jean XXIII fit comprendre au Concile qu’il abandonnait l’Église anti-moderne.

Que personne donc qui veut sauver son âme ne suive ni ces prélats ni leurs successeurs, mais en même temps que personne n’oublie que ceux-ci, étant convaincus qu’ils sont des gens normaux par rapport à notre monde en délire, ne sont plus coupables de la destruction de l’Église du Christ comme l’auraient été leurs prédécesseurs nés dans des temps vraiment plus normaux. Bénies les âmes catholiques qui savent abhorrer leurs erreurs sans cesser d’honorer leur office.

Kyrie eleison.

Libre Arbitre Mis en Valeur

Libre Arbitre Mis en Valeur posted in Les Commentaires Eleison on août 11, 2012

Au sujet du drame des âmes qui tombent en Enfer (et nombreuses sont celles qui choisissent de le faire –Mt. VII,13 ; XXII,14), un lecteur soulève un problème classique que l’on peutschématiser ainsi : soit Dieu veut que les âmes se damnent, soit Il ne le veut pas. S’Il le veut, Il est réellement cruel. S’Il ne le veut pas, mais que cela arrive tout de même, c’est qu’Il n’est pas tout-puissant. Alors est-Il cruel, ou n’est Il pas tout-puissant ? De deux choses l’une, laquelle ?

Qu’il soit immédiatement entendu que Dieu n’envoie aucune âme en Enfer. C’est chacune des nombreuses âmes damnées qui s’envoie elle-même en Enfer par la série des choix qu’elle a faits librement lors de son séjour sur terre. Dieu lui avait donné la vie, le temps et une volonté libre de choisir, le libre arbitre, et en plus un grand nombre d’aides naturelles et de grâces surnaturelles pour la persuader de choisir d’aller au Ciel, mais si elle le refusait, alors Dieu lui a laissé ce qu’elle-même a voulu, c’est-à-dire une éternité sans Lui. Et cette perte de Dieu, pour une âme faite par Dieu rien que pour posséder Dieu, est de loin la plus cruelle souffrance en Enfer. Ainsi Dieu désirait que l’âme choisît le Ciel (Il désire que tous les hommes soient sauvés – I Tim.II,4), mais Il a voulu permettre le mal de ce choix de l’Enfer par cette âme pour en tirer un plus grand bien.

Remarquons l’usage ici de ces deux mots : « désirer » et « vouloir ». Vouloir quelque chose est plus catégorique que simplement la désirer. Ainsi, un père de famille peut désirer que son fils ne souffre pas de dures expériences dans la vie, mais en vue de toutes les circonstances, il peut vouloir le laisser souffrir, car il sait que c’est la seule façon pour son fils d’apprendre. Pareillement, dans la parabole de l’Enfant Prodigue, le père ne désirait pas laisser son plus jeune fils partir de la maison et dilapider son héritage, mais il voulut le laisser faire parce que de fait c’est ce que le père fit, et de fait un bien en résulta : le retour à la maison du fils maintenant repentant, devenu ainsi un homme jeune plus triste, mais plus sage.

De même Dieu désire d’un côté que toutes les âmes se sauvent,parce que c’est pour cela qu’Il les a créées et c’est pour cela qu’Il est mort sur la Croix, où l’une de ses souffrances les plus grandes fut précisément de savoir combien peu d’âmes choisiraient de profiter de sa Rédemption pour être sauvées. Un tel Dieu ne saurait en aucune façon être considéré, ou appelé, cruel ! D’un autre côté, Dieu ne veut pas que toutes les âmes soient sauvées s’ils ne le veulent pas eux-mêmes, car s’Il le voulait, elles seraient toutes sauvées parce qu’il est vraiment tout-puissant. Mais, étant données toutes les circonstances, cela signifierait en réalité supprimer le libre choix de ceux qui, laissés à eux-mêmes, choisiraient de ne pas être sauvés, et cela signifierait donc piétiner leur libre arbitre, tellement prisé par les hommes eux-mêmes ! Il suffit de se rappeler à quel point ils n’aiment pas recevoir d’ordres, à quel point ils aiment être indépendants, car ils savent que leur libre arbitre est la preuve qu’ils ne sont pas de simples animaux ou des robots. De même Dieu aussi préfère que son Ciel soit peuplé d’hommes et non pas d’animaux ou de robots, et c’est pour cela qu’Il ne veut pas que tous les hommes soient sauvés s’ils ne le veulent pas eux-mêmes.

Et cependant, Dieu ne veut pas que les âmes se damnent parce que, encore une fois, ce serait cruauté de sa part. Il veut permettre seulement qu’elles se condamnent, en vue du plus grand bien, à savoir que ces âmes auront ainsi l’éternité de leur propre choix, tandis que Lui aura un Ciel peuplé d’êtres humains et non d’animaux ou de robots.

Ainsi son désir de sauver toutes les âmes signifie qu’Il n’est en aucune façon cruel, tandis que la damnation de nombreuses âmes n’implique pas de sa part un manque de toute-puissance, mais seulement son choix de mettre en valeur le libre arbitre de ses créatures, et le plaisir infini qu’Il a de récompenser par le Ciel les âmes qui ont choisi librement de l’aimer sur terre.

Mère de Dieu, maintenant et à l’heure de ma mort, aidez-moi à aimer votre Fils et à choisir le Ciel !

Kyrie eleison.

Plus Joyeux

Plus Joyeux posted in Les Commentaires Eleison on janvier 28, 2012

Excellence, s’il vous plaît dites-nous quelque chose de plus joyeux !

Dieu existe, Il est tout-puissant, omniscient, parfaitement juste, mais sa miséricorde est aussi sans limite. Il maîtrise parfaitement tout ce qui arrive dans le monde. Ni le Diable ni ses serviteurs humains, y compris les criminels qui mènent aujourd’hui le monde, ne peuvent lever le petit doigt sans sa permission. Il connaît chaque détail de leurs plans diaboliques et Il les utilise tous pour accomplir son propre dessein Providentiel.

Mais comment peut-Il permettre tant de mal dans notre monde ?

Parce que tandis qu’Il ne veut jamais le mal, Il veut le permettre, pour qu’Il en résulte un plus grand bien. De nombreuses prophéties indiquent que c’est de la corruption globale d’aujourd’hui que sortira demain le plus grand triomphe jamais obtenu de l’Eglise Catholique, comme l’a dit Notre Dame de Fatima : « A la fin mon Coeur Immaculé triomphera ». Ce qui se passe en ce moment précis est que Notre Seigneur profite de ses ennemis pour purifier son Eglise.

Mais n’aurait-Il pu trouver une façon moins désagréable de purifier son Eglise que de nous faire passer par l’incroyable corruption d’aujourd’hui ?

Si cela dépendait uniquement de Lui, sans aucun doute Il aurait pu trouver d’autres façons de purifier son Eglise, mais si vous et moi savions tout ce qu’Il sait – pensée folle ! – et si surtout, vous et moi nous voulions, comme Lui le veut, respecter le libre arbitre qu’Il donne à tous les êtres humains, alors il est très vraisemblable que vous et moi nous verrions que la façon choisie par Lui pour faire les choses est la meilleure.

Et, s’il vous plaît, qu’est-ce que vient faire le libre arbitre de l’homme dans cette affaire ?

Dieu ne veut ni de robots ni d’animaux purement irrationnels pour partager avec Lui sa béatitude. Or, même Lui ne peut donner à ses créatures un bonheur mérité qu’elles n’auront rien fait pour mériter, parce que cela est contradictoire et s’il a toute puissance sur tout être, cette puissance ne s’étend pas au non-être tel que sont les choses contradictoires. Mais si ses créatures doivent en partie mériter son bonheur, alors Il doit leur donner le libre arbitre, lequel s’il est vraiment réel, doit être capable de choisir l’opposé de ce que Dieu veut pour lui. Dès lors, s’il est réellement capable de choisir le mal, voilà ce qui va arriver, plus ou moins souvent.

Mais vous dites que la vraie Eglise à la suite de Notre Seigneur enseigne à quel point est étroit le chemin qui mène au Ciel et combien peu nombreux sont ceux qui le trouvent (Mt.VII,14). Alors comment peut-il valoir la peine pour Dieu d’avoir créé, aujourd’hui par exemple, une masse d’êtres humains, si seul un nombre relativement restreint parvient au Ciel ? Comment est-il possible qu’un si grand nombre tombant dans les horreurs de l’Enfer ne soit pas un prix trop élevé à payer pour le petit nombre de ceux qui parviennent au Ciel ?

Ce qui compte pour Dieu c’est la qualité, pas la quantité. Que seuls dix hommes auraient pu sauver de sa colère toute la ville de Sodome (Gen.XVIII, 32) prouve combien est précieuse à Dieu une seule âme qui répond à son amour, bien plus qu’un grand nombre qui par leur propre libre choix ne veulent pas de son amour. « J’aurais supporté toute la Passion pour toi seule » dit une fois Notre Seigneur à une âme. Il le dirait de même à toute âme.

Voulez-vous dire que si le monde me fait souffrir et me tourmente, mais je ne réagis qu’en adhérant d’autant plus étroitement à Dieu, alors Il en tient compte, pour moi-même et pour ceux me sont proches ? Je pourrais presque vouloir que le monde soit encore pire !

Maintenant vous commencez à comprendre !

Kyrie eleison.

Danger Éternel

Danger Éternel posted in Les Commentaires Eleison on septembre 17, 2011

“Pourquoi nous autres êtres humains sommes-nous ici sur la terre ?” me demandait tout récemment un vieil ami. Je lui répondis, bien sûr, – ”Pour louer, aimer et servir Dieu, et ce faisant sauver . . . ” Il m’interrompit : “Non, ce n’est pas la réponse que j’attends”, dit-il. “Ce que je veux dire, c’est qu’avant que je ne sois venu à l’existence, je n’étais pas, et je ne courais aucun danger. Maintenant que j’existe je me trouve sérieusement exposé au danger de perdre mon âme. Pourquoi m’a-t-on donné sans mon consentement cette dangereuse existence laquelle, une fois reçue, il m’est désormais impossible de refuser ?”

Exprimée en ces termes, la question est sérieuse, car elle jette un doute sur la bonté de Dieu. Certes, c’est Dieu qui donne à chacun de nous la vie et, par là-même, nous place face au choix que nous ne pouvons éviter, entre le chemin escarpé et étroit qui mène au Ciel et la route large et facile qui conduit en Enfer (Mt.VII,13–14). Il est certain aussi que les ennemis du salut de nos âmes, le monde, la chair et le Diable, sont dangereux, car c’est là un triste fait que le plus grand nombre d’âmes tombent en Enfer à la fin de leur vie sur terre (Mt. XX,16). Alors comment peut-il être juste pour moi de me trouver dans un tel péril sans aucun choix de ma part ?

La réponse est sûrement que si le danger n’était en aucune façon de ma propre faute, alors vraiment la vie pourrait être un cadeau empoisonné. Mais si, comme c’est souvent le cas, le danger est en grande partie de ma propre faute, et si le même libre-arbitre qui, mal utilisé, peut me faire tomber en Enfer, peut aussi, bien utilisé, me faire entrer dans une éternité de bonheur inimaginable, alors non seulement la vie n’est aucunement un cadeau empoisonné, mais au contraire elle constitue l’offre magnifique d’une glorieuse récompense hors de toute proportion avec l’effort relativement léger qu’il m’aura coûté sur terre d’avoir évité le danger en faisant bon usage de mon libre-arbitre (Is. LXIV, 4).

Néanmoins celui qui pose la question pourrait objecter que ce n’est pas de sa faute à lui que ces trois ennemis de son salut existent :—”Le monde qui nous incite à la mondanité et à la concupiscence des yeux est tout autour de nous du berceau à la tombe : on ne peut s’en échapper qu’à l’heure de la mort. La faiblesse de la chair va de pair avec le péché originel et remonte à Adam et Ève. Et je n’étais pas là alors ! Le Diable lui aussi existait bien avant que je ne sois né, et il est déchaîné en ces temps modernes !”

A cela on peut répondre que les trois ennemis ne sont que trop aptes à être liés à notre propre faute. Pour ce qui est du monde, nous devons certes vivre dans le monde, mais nous ne devons pas être du monde (Jn. XVII,14–16). Il dépend de nous ou d’aimer les choses de ce monde, ou de leur préférer les choses du Ciel. Combien de prières dans le Missel demandent la grâce de préférer les choses du Ciel ! Quant à la chair, plus nous fuyons sa concupiscence en nous, plus son aiguillon perd sa force, mais qui d’entre nous peut dire qu’il n’a par aucun de ses propres péchés personnels renforcé la concupiscence et le danger, au lieu de les diminuer ? Et quant au Diable, son pouvoir de tenter est strictement limite par Dieu Tout-puissant, et l’Écriture de Dieu même nous garantit qu’Il nous donne la grâce nécessaire pour vaincre les tentations qu’Il permet (I Cor. X,13). Bref, ce que dit Saint Augustin au sujet du Diable s’applique aussi au monde et à la chair : ils sont comme un chien enchaîné qui peut aboyer mais non pas mordre, à moins que l’on ne choisisse de trop s’en rapprocher.

Ainsi il est vrai qu’il existe un degré inévitable de danger spirituel dans la vie humaine, mais il dépend de nous, avec la grâce de Dieu, de maîtriser ce danger, et la récompense en est au-delà de ce monde et de tout ce qu’il peut imaginer (I Cor. II,9).

Kyrie Eleison.

Lectures Païennes ?

Lectures Païennes ? posted in Les Commentaires Eleison on juin 4, 2011

Il y a des catholiques qui auront pu froncer des sourcils il y a quelque temps lorsque ce « Commentaire » (CE 188) a recommandé la lecture des païens grecs à ceux qui voudraient se faire une idée de la structure morale de l’univers. Pourquoi pas plutôt lire des auteurs catholiques ? Mais ce sont les mêmes grandes réalités de la vie, la souffrance et la mort auxquelles les tragédiens grecs comme les Docteurs catholiques ont fait face : pourquoi naissons-nous sur cette terre, paraît-il, rien que pour souffrir, mourir, et avec la mort nous trouver séparés de tout ce que la vie nous a appris à aimer ? La question est fondamentale, parfois angoissante.

La réponse catholique est claire et complète : le Bon Dieu existe, il est infiniment bon, et à chacun de nous il donne la vie, le libre-arbitre et assez de temps pour que nous sachions profiter de la dose exacte de souffrance que la Providence nous mesure (Mt.X, 29–31) et qui suffit pour que nous choisissions de passer notre éternité plutôt avec lui au ciel que sans lui en enfer. La réponse des Grecs est incomplète, mais pas tout à fait erronée. A la place de Dieu le Père ils ont un Père-Dieu, Zeus, et à la place de la Providence ils ont le Destin (Moira).

Or, pour les catholiques la Providence est inséparable de Dieu tandis que pour les Grecs Zeus et le Destin sont séparés l’un de l’autre, en sorte que parfois ils s’affrontent. Voilà la conséquence de la façon trop humaine dont les Grecs conçoivent leurs dieux. Néanmoins en Zeus ils voient un dirigeant plus ou moins bénévole de l’univers, et ils conçoivent le Destin comme un être immuable, ce qu’est la Providence en tant qu’identique avec Dieu (Somme Ia, 23, 8 ; 116, 3), et alors ils ne se trompent pas complètement. De plus, envers leurs dieux mythiques et l’ordre moral dont ils sont les gardiens, ces anciens Grecs ont plus de piété qu’une foule d’auteurs modernes, qui n’ont aucun respect pour quelque dieu que ce soit, et qui veulent effacer toute trace d’un ordre moral.

Mais les Grecs ont un avantage que n’ont pas les auteurs catholiques. Lorsque les Grecs proposent de grandes vérités, celles-ci sont puisées dans la réalité toute crue, et pas simplement – pour ainsi dire – dans le Catéchisme. Ceci vaut pour tous les non catholiques qui rendent témoignage à des vérités enseignées par l’Eglise. Tout comme les Juifs talmudiques d’aujourd’hui, précisément parce qu’ils rejettent Jésus Christ, lui rendent un témoignage exceptionnel en gardant jalousement dans leurs synagogues le texte hébreu de cet Ancien Testament qui parle de Notre Seigneur d’un bout à l’autre, de même les anciens Grecs rendent à Dieu et à sa Providence un témoignage spécial lorsque, sans aucun recours à la Foi, ils montrent à l’œuvre l’ordre moral du monde. De cette façon ils prouvent que ces vérités naturelles ne sont pas accessibles seulement aux croyants, elles font plutôt partie du tissu même de la vie vécue par tous, à condition de la concevoir sainement.

Il y a encore un avantage des auteurs anciens en particulier. Ayant précédé le Christ, il ne peut y avoir chez eux la moindre trace de cette apostasie qui entache plus ou moins même les auteurs pieux ressortant de la chrétienté à partir du Moyen Age. Par les auteurs anciens ces vérités sont présentées avec une certaine innocence et fraîcheur impossibles désormais à reproduire – les eaux sont trop troubles.

De fait ce sont les monastères de l’Église qui au Moyen Age ont assuré la transmission et survie des manuscrits des auteurs anciens. Comptez sur la vraie Église encore une fois dans les temps modernes pour sauver des barbares actuels ces classiques. Et qui sont-ils, les barbares de notre époque ? Ce sont les libéraux, dont la supposée érudition littéraire, là ou elle prévaut, est en train de réduire en poussière toutes les œuvres classiques.

Kyrie Eleison.