hérésie

Dieu Embauche

Dieu Embauche on avril 29, 2017

Sur de brûlants problèmes actuels l’abbé Jean-Michel Gleize, Professeur de Théologie au Séminaire d’Écône de la Fraternité St Pie X, a rédigé deux articles qui jettent une lumière intéressante sur leur solution. D’abord, le Pape peut-il tomber dans l’hérésie formelle ? Réponse, peut-être, parce qu’on n’a pas toujours cru comme depuis quelques siècles que les Papes sont aussi libres d’erreur. Et ensuite, le document papal Amoris Laetitia montre-t-il que le Pape François est tombé dans l’hérésie formelle ? Réponse, dans le sens strict des mots, non, mais en effet, oui, parce que le néo-modernisme subvertit la doctrine tout en faisant semblant de la maintenir. Cette deuxième question devra attendre un autre numéro de ce « Commentaire », mais pour ne pas se laisser piéger entre le libéralisme et le sédévacantisme, l’abbé Gleize a dû commencer par la première question.

Dans son premier article (qui est plus court), il dit qu’à partir de la dite Réforme Protestante, les théologiens catholiques en général, notamment St Robert Bellarmin, ont tenu que le Pape ne peut pas tomber dans le refus conscient et pertinace d’un dogme défini de l’Église, i.e. dans l’hérésie formelle. Pour étayer leur thèse ils citent l’ordre de Notre Seigneur à St Pierre de confirmer ses frères dans la foi (Lc.XXII, 32), ce qui supposerait que Pierre lui-même ne peut pas la perdre. Et jamais dans toute l’histoire de l’Église, disent-ils, un Pape n’est tombé dans l’hérésie formelle. Par contre avant la révolution Protestante, dit l’abbé Gleize, les théologiens catholiques du 12me au 16me siècle ont jugé en général qu’un Pape peut tomber dans l’hérésie formelle, et cette opinion continue jusqu’aujourd’hui, tout en étant moins commune.

L’abbé conclut qu’en vue surtout des Papes Conciliaires, les théologiens plus récents n’ont pas prouvé leur thèse. Quant à l’argument que Pierre sera toujours protégé par Notre Seigneur de l’hérésie formelle, il faut répondre que la foi est un acte de l’esprit poussé par le libre-arbitre, et il est bien rare que Dieu interrompe le libre-arbitre des hommes. Quant aux Papes dans l’histoire, il y a le cas d’Honorius, anathématisé par ses successeurs pour avoir favorisé l’hérésie monothélite. Certes, pas tous n’acceptent cette conclusion de l’abbé, mais si on la considère du point de vue historique des Sept Époques de l’Église, elle se défend.

Par trois Époques (Apôtres 33–70, Martyrs 70–312, Docteurs 312–500+) l’Église s’est hissée à la Quatrième Époque, les mille ans de la Chrétienté triomphante (500+-1517). Mais vers la fin de ce Moyen Age le Diable, aidé par le péché originel, rongeait la Chrétienté, et les hommes ont lancé la Cinquième Époque, celle de l’Apostasie (1517–2017 ?). Ici les Chrétiens décadents ont inventé une forme d’hypocrisie après l’autre (Protestantisme, Libéralisme, Communisme, entre autres) pour rendre hommage à la vertu et la civilisation chrétiennes, tout en se « libérant » pour profiter du dernier vice, tel le « mariage » de même sexe. Or le Bon Dieu aurait pu faire durer sans fin le Moyen Age, mais pour cela Il aurait fallu interrompre le libre-arbitre. Donc Il a préféré douer Son Église d’un faisceau de Saints spéciaux pour mener la Contre-Réforme, ce qui lui a valu sur les 500 ans suivants, pour varier la population de Son Ciel, une moisson de Saints post-médiévaux. Donc comme antidote à la corruption de l’homme post-médiéval Dieu aurait choisi de renforcer l’autorité dans Son Église pour que les âmes voulant se sauver, mais ne le voulant plus assez par la vertu intérieure, pussent au moins être dirigées encore vers le Ciel par l’autorité extérieure. A ce moment-là, bien sûr, le Diable s’est mis à travailler surtout les autorités élevées de l’Église, et après quatre siècles et demi c’est comme si le Bon Dieu a dit, « Si vous ne voulez plus de Mon Église à Moi, alors ayez la vôtre, » et voilà Vatican II.

Tout cela fait que l’autorité dans l’Église est en ruines, humainement irréparables, et Dieu va recourir à d’autres moyens pour faire sortir de notre monde spirituellement épuisé une nouvelle moisson d’âmes.

Un Châtiment garantira l’éclat initial de l’Église de la Sixième Époque, mais le Diable et le péché originel y auront comme matière à travailler une nature humaine affaiblie en profondeur par le libéralisme de la Cinquième Époque, en sorte qu’il ne leur faudra pas longtemps pour faire arriver la Septième Époque, celle de l’Antichrist. Mais celle-ci sera en même temps l’Époque de quelques-uns des plus grands Catholiques de toute l’histoire de l’Église – une moisson de Saints exceptionnels.

Kyrie eleison.

Déclaration Doctrinale – II

Déclaration Doctrinale – II on mai 4, 2013

Permettez-moi, chers lecteurs, de revenir au septième paragraphe de la Déclaration Doctrinale du 15 avril de l’année dernière. Cette Déclaration devait servir de base pour tous les rapports futurs entre la Fraternité St Pie X et Rome, rien de moins. Le 13 juin (pas le 11) Rome l’a refusée, donc le Quartier Général de la Fraternité l’a retirée sans la rétracter, donc elle sert toujours à montrer ce dont ce Quartier Général est capable. Quant au septième paragraphe, c’est un chef d’œuvre de confusion. Ce « Commentaire » d’il y a trois semaines (CE 300, 13 avril) l’a expliqué en partie en en relevant deux parties, mais pour en mettre à nu toute la confusion, il faut distinguer quatre parties. Voici le paragraphe tout entier :

Déclaration III, 5 : « Les affirmations du concile Vatican II et du Magistère pontifical postérieur relatives à la relation entre l’Église catholique et les confessions chrétiennes non-catholiques, ainsi qu’au devoir social de religion et au droit à la liberté religieuse, (1) dont la formulation est difficilement conciliable avec les affirmations doctrinales précédentes du Magistère, (2) doivent être comprises à la lumière de la Tradition entière et ininterrompue, (3) de manière cohérente avec les vérités précédemment enseignées par le Magistère de l’Église, (4) sans accepter aucune interprétation de ces affirmations qui peuvent porter à exposer la doctrine catholique en opposition ou en rupture avec la Tradition et ce Magistère. »

C’est moi qui ai souligné certains mots et numéroté certaines parties du paragraphe pour mettre en lumière toute sa fourberie. Remarquez au (1) comment ce ne sont plus les affirmations de Vatican II qui fassent problème, mais seulement leur « formulation ». Déjà on nous éloigne de la signification objective des mots. Désormais ils flottent dans les airs, selon la façon subjective dont ils sont « compris » (cf. 2) ou « interprétés » (cf. 4). Nos esprits ne sont plus ancrés dans les choses que l’on nomme par leur nom propre. On suggère qu’il n’y a plus d’impossibilité objective de réconcilier la vérité catholique avec les contre-vérités du Concile, il n’y a qu’une « difficulté » subjective, entendez dans les esprits étroits des catholiques arriérés de la Tradition.

Remarquez surtout au (2) et au (3) le glissement subtil mais décisif entre « à la lumière de » et « de manière cohérente avec ». Comprendre selon la vérité les nouveautés de Vatican II « à la lumière de la Tradition », c’est comprendre qu’elles sont parfaitement inconciliables. Par contre les comprendre « de manière cohérente avec » la Tradition, c’est les comprendre comme si elles se laissent concilier les unes avec l’autre. On fait glisser de nouveau nos esprits parce que « à la lumière de » et « de manière cohérente avec » n’ont pas du tout le même sens. En effet, le (4) procède à rejeter absolument toute compréhension subjective des nouveautés qui les ferait se heurter à la Tradition et au Magistère de toujours.

De cette façon le (2) peut très bien saluer la « Tradition entière et ininterrompue », en sorte que le (2) se laisse aligner sur la vérité catholique, mais le (3) procède tout de suite à suggérer les contre-vérités modernistes, et le (4) les établit et consolide. Ainsi ce septième paragraphe constitue-t-il finalement une progression très habile, partant d’une ombre de vérité pour aboutir à l’erreur innommable de « l’herméneutique de la continuité », qui elle relève purement et simplement d’ Alice au Pays des Merveilles – « Les mots signifient ce que j’entends qu’ils signifient », prononce magistralement Humpty Dumpty.

Qui a écrit ce paragraphe ? Dieu le sait. Ce n’est pas nécessairement le Supérieur Général de la Fraternité St Pie X. Mais à l’étudier de près, qui peut nier que tel qu’il est rédigé, il est tout fait pour faire glisser les esprits de la vérité catholique à l’erreur du Concile ? Il fait danser les mots comme les hérétiques les font danser, et les hérétiques qui font danser les mots font que les âmes perdent leur foi et tombent en Enfer. Quiconque a rédigé ce paragraphe, qu’il soit anathème !

Kyrie eleison.

Elmer Gantry

Elmer Gantry on octobre 13, 2012

Sur le petit écran individuel des passagers, lors d’un vol intercontinental, j’ai trouvé récemment parmi les films « classiques », un film que je me souvenais d’avoir vu il y a environ 50 ans : c’est la version tournée en 1960 du roman de Sinclair Lewis, Elmer Gantry. Je me souvenais du film à cause de deux propos faisant partie de son dialogue qui me sont restés en mémoire depuis. Le premier est celui d’un homme âgé qui compare la conversion religieuse à un enivrement. Le deuxième, celui d’une jeune femme qui supplie qu’on lui mente. Aussi ai-je revu le film . . .

Elmer Gantry est un charlatan américain des années 1920 qui s’éprend d’une femme prédicateur évangéliste charismatique, la « Sœur » Falconer, alors qu’elle est en pleine croisade de conversions à travers le pays, sous un grand chapiteau itinérant. Par manque de vraie religion, le film est assez confus, mais il campe bien et la véritable nécessité qu’ont les âmes de la religion et la fausseté de la « religion » Protestante fondamentaliste.Autant la véritable nécessité que la fausse satisfaction sont bien résumées ensemble, lorsqu’Elmer interroge un vieillard occupé à nettoyer le chapiteau : « Voyez-vous, Monsieur », lui répond-il en s’appuyant sur son balai, « j’ai été converti cinq fois. Par Billy Sunday, par le Révérend Biederwolf, par Gypsy Smith et deux fois par la Sœur Falconer. Je prends une cuite terrible, ensuite je me convertis et je suis sauvé. Et la cuite et la conversion me font un bien fou ! »

Il y a bien sûr un effet comique dans cette réponse, mais elle est tragique lorsqu’on pense à tant d’âmes pour lesquelles il est devenu presque du bon sens que de mettre sur le même niveau la conversion religieuse et l’ivresse. Rabaisser ainsi la conversion au niveau de la survie terre à terre, c’est se mettre bel et bien sur le chemin qui aboutit à ridiculiser totalement la religion. Pour combien d’âmes le Saint Nom de Jésus n’a-t-il pas été virtuellement massacré par l’usage sentimental à fleur de peau qu’en font les prédicateurs protestants fondamentalistes ! Lisez La Sagesse du Sang et d’autres contes de Flannery O’Connor (1925–1964), femme de lettres américaine, écrivain catholique qui choque mais qui n’est pas confuse, et qui montre bien jusqu’à quel point l’instinct religieux de l’homme peut être déformé par le Protestantisme du Sud profond des Etats-Unis. Bien sûr, Dieu peut faire sortir des roses d’un égout, cependant quel dommage immense font les hérésies !

Le contexte du deuxième propos du film dont je me souvenais est plutôt privé, mais on peut en faire une application bien plus large. Alors qu’Elmer poursuit la femme prédicateur Falconer, il rencontre par hasard une autre femme qu’il avait maltraitée et abandonnée quelques années auparavant. Lorsque cette femme apprend son aventure avec la femme prédicateur, elle cherche à se venger, mais alors même qu’elle prépare un piège destiné à détruire totalement la réputation d’Elmer dans la presse, elle ne peut s’empêcher en même temps de désirer qu’il lui dise qu’il l’aime. Voici ses paroles : « Dis-mois un beau et gros mensonge que je puisse croire, mais embrasse-moi fort ». Aimant encore Elmer, tout ce qu’elle veut c’est d’être dupée par lui.

Comment ne pas voir qu’il en va de même dans le monde qui nous entoure ? Tout ce qu’il demande c’est d’être dupé. Et c’est pourquoi nous vivons dans un monde rempli des mensonges de Satan. De Dieu, nous n’en voulons pas. Or, la vie sans Lui ne peut pas fonctionner – voir Ps.126,vers.1, et regardez autour de vous.Pourtant nous voulons absolument croire que la vie fonctionne au mieux sans Lui. En effet, nous disons à nos autorités politiques, « Nous vous avons élues pour que vous nous racontiez des mensonges beaux et gros, mais il faut nous embrasser également fort dans notre impiété. Faites un 9/11, un 7/7 (le 9/11 anglais), n’importe quoi, pourvu que nous puissions continuer à croire en vous comme notre protecteur à la place de Dieu. Plus le mensonge sera gros, plus nous allons le croire, mais embrassez-nous fort. Étreignez-nous tant que vous voudrez dans votre état policier, mais garantissez-nous que Dieu sera mis à la porte ».

Comment nous étonner que nous ayons le monde satanique qui est le nôtre ?

Kyrie eleison.

Déclaration Réversible

Déclaration Réversible on septembre 22, 2012

Peut-être pas tout dans le Chapitre Général de la Fraternité Saint Pie X de Juillet en Suisse n’a été désastreux, mais de ses deux documents officiels, les « Six Conditions » sont « d’une faiblesse alarmante » (cf.EC 268, 1 er Septembre), tandis que la « Déclaration » finale laisse beaucoup à désirer. Voici un résumé très bref de ses dix paragraphes :—

1 Nous remercions Dieu des 42 ans d’existence de notre Fraternité. 2 Nous avons redécouvert notre unité après la crise récente (vraiment ?), 3 pour professer notre foi 4 en l’Eglise, dans le Pape, dans le Christ Roi. 5 Nous adhérons au Magistère constant de l’Eglise, 6 comme à sa Tradition constante. 7 En nous unissant à tous les catholiques qui souffrent la persécution, 8 nous prions pour que nous viennent en aide la Très Sainte Vierge Marie, 9 Saint Michel, 10 et Saint Pie X.

Voilà une Déclaration qui ne manque pas de piété, dont Saint Paul dit qu’elle est utile à tout (I Tim.IV, 8). Néanmoins, auprès de ses deux disciples, Timothée et Tite, il insiste constamment sur la nécessité de la doctrine qui est quand même le fondement de la véritable piété. Hélas, en ce qui concerne la doctrine la Déclaration n’est pas si forte. Au lieu de fustiger les erreurs doctrinales du Concile qui ont dévasté l’Église au cours des 50 dernières années, la Déclaration ne contient dans ses paragraphes les plus doctrinaux, 5 et 6, qu’une faible condamnation de ces erreurs. Par contre elle met en relief la constance du Magistère et de la Tradition de l’Église, ce qui est tout à fait juste, mais cela constitue un argument trop facile à renverser de la part d’un Conciliaire. Voyons de quelle façon :

Le paragraphe 5 qualifie les nouveautés du Concile Vatican II comme « étant entachées d’erreurs », alors que le Magistère constant de l’Eglise est « ininterrompu » : « Par son acte d’enseignement, le Magistère transmet le dépôt révélé en parfaite harmonie avec tout ce que l’Eglise entière a toujours cru, en tout lieu ». Ce qui implique, bien sûr, que Rome devrait faire passer Vatican II à la blanchisserie, pour enlever les taches. Mais voyons ce qu’un Romain pourrait répliquer :—« La façon dont le Chapitre exprime la continuité du Magistère est en tout point admirable ! Mais ce Magistère, c’est nous autres Romains, et nous, nous déclarons que le Vatican II est en continuité avec le passé, sans taches ! ».

Il en est de même pour le paragraphe 6. La Déclaration dit : « La Tradition constante de l’Eglise transmet et transmettra jusqu’à la fin des temps l’ensemble des enseignements nécessaires au maintien de la Foi et au salut », et alors il faut viser à un retour des autorités de l’Église à la Tradition. Riposte d’un Romain : « La façon dont le Chapitre décrit la manière dont la Tradition maintient la Foi est tout à fait admirable ! Mais c’est nous, les Romains, qui sommes les gardiens de cette Tradition et nous, nous disons qu’en vertu de l’herméneutique de la continuité Vatican II n’interrompt pas la Tradition, mais la continue. Ce qui fait que le Chapitre se trompe complètement en prétendant que nous devons y revenir ».

Quel contraste entre la vulnérabilité de cette Déclaration et la force de l’attaque irréversible lancée par Mgr. Lefebvre contre les erreurs du Vatican II dans sa Déclaration célèbre de novembre, 1974. Il y déclare que la Rome Conciliaire n’est pas la Rome catholique parce que la réforme Conciliaire est « naturaliste, Teilhardienne, libérale et Protestante . . . toute entière empoisonnée . . . provenant de l’hérésie et conduisant à l’hérésie », etc., etc. Sa conclusion est un refus catégorique d’avoir quoi que ce soit à faire avec la nouvelle Rome, puisqu’elle n’est en rien la Rome véritable.

Lisez sur Internet les deux Déclarations et voyez laquelle des deux est, sans risque d’erreur, la trompette qui appelle à la bataille nécessaire (I Cor.XIV,8) ! On est amené à se demander combien des capitulants de 2012 ont jamais étudié les paroles et les raisonnements du grand Archévêque.

Kyrie eleison.

Un Chapitre

Un Chapitre on août 4, 2012

Comme beaucoup parmi vous le savent, un certain évêque a été exclu du Chapitre Général, c’est-à-dire de la réunion des membres les plus représentatifs de la Fraternité St Pie X, qui a eu lieu le mois dernier à Ecône en Suisse. Pour confirmer l’exclusion, il semble qu’on a profité de ce « Commentaire Eleison » (#257 du 16 juin) où parut l’adaptation du désir apparemment homicide de Saint Paul envers les corrupteurs de la Foi catholique au moyen d’un « couteau » (Galates V,12). En réalité St. Ambroise, St. Jérôme, St. Augustin, St. Justin, St. Jean Chrysostome, etc., tous sont de l’avis que dans le contexte (Galates V, 1–12), ce désir exprimé par St. Paul fait allusion non pas au meurtre mais à la circoncision aggravée jusqu’à la mutilation totale que devraient réaliser sur eux-mêmes ces Judaïsants, puisqu’ils donnaient tant d’importance à la circoncision. D’ailleurs St. Jean Chrysostome l’interprète comme une plaisanterie de St. Paul.

Néanmoins, lorsque j’appris que l’adaptation de cette plaisanterie de St. Paul fut évoquée juste avant le début du Chapitre et fut lue comme s’il ne s’agissait pas d’une plaisanterie, je dois avouer que j’ai eu une vision délicieuse : celle de mes nobles confrères dans le quartier général de la Fraternité en train de regarder par la fenêtre la nuit pour voir s’ils n’apercevraient pas une figure d’évêque dégingandé d’Albion, lourdement déguisé en Jack l’Éventreur, rôdant parmi les buissons avec un grand couteau de jardinier brillant au clair de lune, à la recherche d’une victime à tailler en morceaux. Chers confrères, dormez tranquilles : je n’ai pas d’ambition meurtrière. Vraiment pas !

Mais le Chapitre fut une affaire sérieuse. Qu’a-t’il produit ? En premier lieu une Déclaration rendue publique quelques jours plus tard, et les six Conditions requises pour un éventuel accord Rome-FSSPX, exfiltrées sur Internet peu après (étant donné qu’un si grand nombre d’âmes confient leur foi et leur salut à la garde de la Fraternité, une telle fuite ne me paraît pas tellement déraisonnable). Honneur, bien sûr, aux braves membres du Chapitre qui se sont efforcés de limiter les dommages, mais il faut dire que si la Déclaration et les Conditions reflètent l’état d’esprit actuel des chefs de la Fraternité dans leur ensemble, alors il y a de quoi s’inquiéter.

Il suffit de comparer rapidement la Déclaration de 2012 avec celle de 1974 de Mgr. Lefebvre pour se demander ce qui a bien pu se passer dans sa Fraternité. Tandis que l’Archevêque dénonce de façon explicite et répétée la réforme de Vatican II, par exemple : « née du Libéralisme et du Modernisme, totalement empoisonnée, sortant de l’hérésie et aboutissant à l’hérésie », mots qui entre autres valurent à l’Archevêque la colère des Papes Conciliaires, au contraire la Déclaration de 2012 se réfère une seule fois au Concile et à ses « nouveautés » seulement « entachées d’erreurs », dans des termes que nous pouvons facilement imaginer être souscrits par Benoît XVI du début à la fin. La Fraternité penserait-elle maintenant que les Papes Conciliaires ne représentent plus aucun problème majeur ?

En ce qui concerne les six Conditions pour n’importe quel éventuel accord futur entre Rome et la Fraternité, elles méritent un examen détaillé, mais qu’il suffise pour le moment de signaler que la demande faite en 2006 par le Chapitre Général de la Fraternité, à savoir qu’un accord doctrinal est indispensable avant tout accord pratique, paraît avoir été complètement abandonnée. Serait-ce que désormais, dans l’esprit de la Fraternité, la doctrine des Romains auxquels elle se soumettrait n’a plus tellement d’importance ? La Fraternité est-elle à son tour en train de céder aux charmes du Libéralisme ?

Pour un point de vue contraire, puis-je recommander une collection de « Sermons et Conférences Doctrinales » de son Excellence Jack l’Éventreur, des années 1994 à 2009, maintenant disponible sur sept CDs à http ://truerestorationpress.com/node/52 (avec offre spéciale jusqu’à fin août) ? Pas tout ce qui se trouve dans ces 30 heures d’enregistrements ne sera d’or, et il y a sans doute des excès de tempérament, mais du moins s’y efforce-t-on d’éventrer les ennemis et pas les amis de notre Foi catholique.

Kyrie eleison.

L’Oecuménisme de Benoît – V

L’Oecuménisme de Benoît – V on mai 19, 2012

Vu la nécessité de diviser une longue argumentation en plusieurs parties, certains lecteurs peuvent avoir perdu le fil conducteur de plusieurs Commentaires sur « l’Œcuménisme de Benoît ». Résumons l’argument jusqu’ici :—

EC 241 a établi quelques éléments de base : l’Église Catholique est un tout organique ; parmi les croyances duquel si quelqu’un en prend et en laisse, c’est un « choisisseur », c’est-à-dire (selon le grec) un hérétique. Plus encore, s’il emporte avec lui une croyance catholique hors de l’Église, celle-ci ne restera pas la même, un peu comme si de l’oxygène est obtenu à partir de l’eau par électrolyse, il cesse d’être partie d’un liquide pour devenir un gaz. L’œcuménisme Conciliaire suppose qu’il y a des croyances que des non-catholiques ont en commun avec les catholiques, mais en réalité même la formule « je crois en Dieu » est sujette à être assez différente selon qu’elle est incorporée à un système de croyances protestant ou un credo catholique.

EC 247 a utilisé une autre comparaison pour illustrer comment des parties du tout Catholique ne restent plus les mêmes lorsqu’elles ne font plus partie de ce tout. Des pièces d’or peuvent rester des pièces d’or identiques lorsqu’elles se trouvent séparées du tas de pièces, mais la branche coupée d’un arbre vivant devient quelque chose de tout à fait différent : du bois mort. L’Église ressemble davantage à l’arbre qu’aux pièces, pour la bonne raison que Notre Seigneur a comparé son Église à une vigne, et de fait il dit que toute branche coupée est jetée au feu et brûlée (Jn.XV,6 – observation intéressante : aucune branche vivante ne porte autant de fruits qu’une branche de vigne, aucun bois mort n’est aussi inutile que du bois de vigne mort). Ainsi, des parties coupées de l’Église catholique ne restent point catholiques, comme le prétend l’œcuménisme Conciliaire.

EC 249 a montré comment les documents de Vatican II promeuvent ces idées fausses de l’œcuménisme, mais auparavant EC 248 a dû avertir les lecteurs que l’ambiguïté de ces documents est notoire. Aussi ce Commentaire a-t-il cité le passage de Dei Verbum (# 8) qui a ouvert la porte à la fausse notion des modernistes de la « Tradition vivante ». EC 249 présentait ensuite trois textes conciliaires cruciaux pour l’œcuménisme des modernistes : Lumen Gentium (# 8) qui suggère que la « véritable » Église du Christ est plus ample que l’« étroite » Église catholique, et Unitatis Redintegratio (# 3) qui suggère en premier lieu que l’Église est formée d’« éléments » ou parties qui peuvent se rencontrer aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur de l’Église catholique (comme les pièces de monnaie identiques dans le tas ou en dehors du tas), et en second lieu que ces éléments peuvent par conséquent servir à sauver les âmes aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur de l’Église catholique.

EC 251 finalement en vint à l’œcuménisme de Benoît XVI en particulier. Les citations de l’abbé Joseph Ratzinger présentées par le Dr. Schüler dans son livre Benoît XVI et comment l’Église se voit elle-même, démontrent comment la conception de l’Église du jeune théologien des années 1960 correspondait parfaitement au schéma des pièces d’or à l’intérieur et à l’extérieur du tas. Certes, des citations postérieures montrent qu’étant plus âgé comme Cardinal puis comme Pape il s’est ensuite, de façon constante, efforcé de maintenir l’équilibre entre les deux schémas de l’Église comme tas de pièces et comme tout organique, mais le Dr. Schüler relève bien dans son argumentation que le fait même de cet effort pour maintenir cet équilibre présuppose chez le Pape que la moitié de lui-même croit encore en une Église qui correspond au schéma du tas de pièces de monnaie.

A moins que les lecteurs ne demandent les citations textuelles de Joseph Ratzinger pour être sûrs que nous n’en avons pas forcé l’interprétation ou que nous ne les avons pas sorties de leur contexte, le dernier Commentaire de cette série aura pour conclusion une application de ces démonstrations à la situation de la Fraternité Saint Pie X de Monseigneur Lefebvre. D’un côté la Fraternité fait partie du véritable tout catholique « un, saint, catholique et apostolique ». D’un autre côté mieux lui en a pris d’éviter de faire partie de ce tout Conciliaire malade.

De même qu’une branche saine greffée sur un arbre Conciliaire malade, la Fraternité se serait inévitablement laissée contaminer par la maladie Conciliaire. D’aucune façon une simple branche ne saurait guérir cette infection mortelle qui est répandue dans toute l’Église Conciliaire.

Kyrie eleison.