Les Commentaires Eleison

Brexit – II

Brexit – II on mai 11, 2019

Un poème anglais du XIXe siècle, célèbre à juste titre, jette une vive lumière sur le tapage énorme suscité par la tentative du peuple britannique d’échapper aux contraintes européennes. Le poème de Matthew Arnold (1822–1888), Dover Beach (La plage de Douvres), écrit vers 1851 probablement, dépeint en quatre strophes inégales sa profonde mélancolie alors que résonne en lui au bord de la Manche le battement continu des vagues s’échouant sur la plage devant la maison où il passe la nuit avec sa bien-aimée, sans doute sa légitime épouse.

La première strophe donne une belle description du bord de la mer et des vagues au clair de la lune, mais se termine sur la «  note de tristesse éternelle » qu’il lui semble entendre dans le ressac. Maître des classiques, cet érudit se remémore une citation du dramaturge grec Sophocle (496–406 av. J.-C.) qui, lui aussi, sur une plage semblable, bien que située à des milliers de kilomètres et à plus de deux mille ans de distance, entendait “le flux et le reflux obscur de la misère humaine”. L’esprit du poète se tourne vers les troubles profonds de sa propre époque, l’ère Victorienne, et bien qu’il n’ait jamais été catholique, dans la troisième strophe il les fait remonter à la perte de foi du XIXe siècle, dont il lui semble capter dans le bruit des vagues se retirant devant lui le «  le grondement prolongé, la retraite en tristesse »

La quatrième et dernière strophe présente la seule solution que le poète puisse concevoir à ce problème de la vie qui quitte ce qui fut autrefois la chrétienté, et c’est de se retourner vers la bien-aimée à ses côtés pour la supplier de maintenir leur fidélité mutuelle, car l’amour qu’ils ont l’un pour l’autre est le seul bien qu’ils possèdent vraiment. La sombre conclusion du poème le dit : Tout le reste

Est dépourvu d’amour, de joie, et de lumière,
Privé de certitude, de paix, où la douleur est reine,
Et nous voilà, comme sur une sombre plaine
Balayée par les bruits confus de luttes et de fuites,
Où des armées ignares se heurtent dans la nuit.

Arnold avait donc assez de foi pour comprendre que le problème essentiel de la civilisation venait, à son époque, de la perte de foi. Mais sa foi à lui n’était pas assez forte pour croire en l’alternative réelle qui permet d’échapper à cette obscurité et confusion ambiantes : l’Église catholique. De même, les partisans du Brexit ont assez de bons instincts et de bon sens pour sentir que l’Union européenne va à la catastrophe, mais puisqu’ils ont encore moins de religion qu’Arnold n’en avait, ils sont d’autant moins inspirés que lui pour savoir comment sortir de cette “sombre plaine”. C’est pourquoi le Brexit continue de se présenter comme un débat «  où des armées ignares se heurtent dans la nuit. ». Car tout le monde aborde le sujet en termes économiques, alors qu’en fait le vrai débat est religieux : d’un côté les derniers vestiges des nations chrétiennes, de l’autre côté, la montée de l’Anti-christ avec son Nouvel Ordre Mondial. C’est la dimension religieuse qui donne au débat toute sa force. C’est l’absence de religion qui, des deux côtés, donne au débat sa grande confusion.

Car, en effet, Dieu est le grand absent de la “civilisation” moderne ; mais comme l’a dit un jour le cardinal Pie : «  Si le Seigneur ne gouverne pas par Sa présence, Il gouvernera par Son absence ». Sans Lui, le débat du Brexit se déroule largement sur des bases économiques. Or sur ces bases, les partisans du Brexit ont perdu d’avance. Mais, sont-ils prêts à se tourner vers Dieu ? Voilà toute la question.

Kyrie eleison.

Diagnostic du Brexit – I

Diagnostic du Brexit – I on mai 4, 2019

Le Parlement Britannique qui passait autrefois pour être le maître du monde, étale maintenant depuis des mois aux yeux du même monde l’indigne spectacle des divisions et de l’irrésolution la plus affligeante. Pourquoi le fait de sortir de l’Union européenne provoque-t-il tant de confusion et tant de bouleversements ? Sans doute, parce que quand la classe politique a donné au peuple en 2016 la possibilité de voter par référendum sur sa politique allant vers un Nouvel Ordre Mondial, le peuple s’en est saisi. Il a voté en masse, comme jamais en Grande-Bretagne, et la classe politique fut complètement prise au dépourvu quand les résultats ont montré que ce Nouvel Ordre Mondial était rejeté par 52% des voix contre 48%. Le vote en faveur du Brexit (la sortie de la Grande-Bretagne de l’Union Européenne) a enlevé à cette classe ses repères, et elle ne cesse depuis de s’enliser. Il faut dire qu’il y a bien longtemps que ces politiques sont complètement envoûtés – ou bien achetés – par le NOM !

Oui ! achetés, parce que l’Union européenne et son parlement de Bruxelles sont sous l’empire de Mammon, c’est-à-dire sous l’empire de l’argent. Parce que l’Union européenne fut lancée par l’idée d’acheter, grâce à la prospérité matérielle, le soutien des peuples européens, tous très différents, afin de fondre leurs diversités nationales en un seul État européen, qui à son tour serait une composante clé de l’unique État mondial international, celui du Nouvel Ordre Mondial. Pour les maîtres judéo-maçons œuvrant derrière le NOM, cette politique d’union devrait résulter de la prospérité de la monnaie unique, c’est-à-dire de l’euro. Ils s’attendaient à ce que les Européens soient tellement émerveillés par le travail matérialiste des banquiers qu’ils ne s’opposeraient pas à une immigration incontrôlée de populations non-européennes qui viendraient dissoudre leur nations.

Mais “L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole sortant de la bouche de Dieu” (Mt IV, 4). La religion (la relation de l’homme à son Dieu) est première dans l’ordre de la nature. La politique (les relations de l’homme à ses semblables) n’est que secondaire. Quant à l’économie (relation de l’homme à l’argent), elle ne vient qu’en troisième position. Il est donc contraire à l’ordre naturel que l’économie mène la politique. Certes, la révolution peut renverser l’ordre naturel des choses, mais la nature reste toujours susceptible de reprendre ses droits. On comprend dès lors que le vote du Brexit ait été directement provoqué par le fait contre nature de l’admission en Grande-Bretagne de hordes inassimilables venant de l’étranger. Cependant, quand la nature se réaffirme, les politiciens modernes, pratiquement tous des matérialistes athées et superficiels, sont pris au dépourvu, comme par le vote entérinant le Brexit. Ils font la guerre à la nature. Comment veut-on qu’ils la comprennent ou la dirigent ?

Mais qui a élu tous ces politiciens à l’esprit dénaturé ? Qui d’autres que les peuples (pas seulement de Grande-Bretagne), selon le sacro-saint principe de la démocratie ? Pourquoi disons-nous « sacro-saint » ? Parce que le renversement de l’ordre naturel est aujourd’hui complet : l’économie moderne est faite pour renverser la politique ; la politique moderne est faite pour renverser la religion : et la démocratie devient une religion de substitution. La volonté du peuple remplace la volonté de Dieu. Cela signifie que le vote de 2016 n’était pas valide uniquement parce que la volonté du peuple britannique était à 52% pour le Brexit et 48% contre, mais parce que ce vote favorisait ce qui est naturel : l’identité qui est donnée par Dieu aux nations européennes, avec leurs dons divers, conçus par Dieu pour former une Europe harmonieuse, comme on l’a vue au Moyen Age catholique. “Cherchez d’abord le royaume de Dieu et sa justice (la religion) et tout cela (la politique) vous sera donné par surcroît “ (Mt. VI, 33).

Donc les Britanniques qui ont voté pour le Brexit, ont-ils l’âme religieuse ? Pas vraiment ! La plupart sont des matérialistes athées, mûrs pour le communisme bureaucratique et tyrannique de Bruxelles. Leur vision indigente ne va pas beaucoup plus loin que celle des politiciens pour lesquels ils votent habituellement. Mais la Manche leur offre une petite distance et une certaine perspective sur ce qui se passe en Europe, de sorte qu’au moment du vote du Brexit, d’anciens instincts naturels sont entrés en jeu, les mêmes que ceux qui leur ont permis de conserver l’apparence – pas la substance ! – d’une monarchie catholique. Cependant, si le peuple britannique n’y prend garde, s’il ne veut pas “veiller et prier” pour son pays, les ‘banksters’ auront tôt fait de lui voler les fruits de leur bon vote d’une manière ou d’une autre. Il ne fait aucun doute qu’ils sont déjà à la manœuvre, et qu’ils complotent pour circonvenir ces ‘Brexiteers’ qu’ils prennent pour stupides et arriérés. Certes, Dieu est d’une générosité infinie, mais on ne se moque pas de Lui, et on ne saurait le tromper !

Kyrie eleison.

Mentalité Conciliaire

Mentalité Conciliaire on mai 1, 2019

Le 6 avril dernier, ces “Commentaires Eleison” faisaient état d’une “rencontre discrète” entre Mgr Huonder d’une part, et deux évêques et cinq prêtres de la FSSPX d’autre part. La réunion s’est tenue dans l’est de la Suisse le 17 avril 2015, pour discuter de l’œcuménisme de Vatican II. Six semaines plus tard, Menzingen (siège de la FSSPX) envoya aux prêtres de la FSSPX une “note confidentielle” sur la réunion qui comprenait les quelques détails déjà publiés ici le 6 avril : « Envisager un accord avant d’aborder les questions doctrinales » comme le demandait MgrH ; la réponse de la FSSPX rappelant la vraie doctrine de l’Église sur l’œcuménisme ; et l’engagement de MgrH. de porter la réponse de la FSSPX aux autorités romaines. Les arguments de MgrH. en faveur de la mise au second plan de la doctrine valent la peine d’être examinés, car ils traduisent exactement l’état d’esprit qui aujourd’hui détruit l’Église.

Selon la note confidentielle, Mgr Huonder a avancé huit arguments. Nous les reproduisons ici, légèrement adaptés, en italique. Des réponses se trouvent en dessous.

1 (MgrH.) : Je me sens très concerné par le fait que la FSSPX devrait être canoniquement réintégrée dans l’Église officielle.

2 Sans ce statut canonique, la FSSPX ne peut jouir que d’une influence minime parce qu’elle elle est marginalisée. Ce sont les évêques conservateurs qui veulent ce statut pour la FSSPX. Sinon tout le monde est contre la FSSPX.

3 Je ne pense pas que vous vouliez être schismatiques. Vous voulez prouver votre respect indéfectible pour l’autorité de l’Église.

4 Le Magistère de l’Église doit écouter ce que disent les théologiens, y compris ceux de la FSSPX, dans un esprit de respect mutuel. Il incombe également au Magistère de vérifier si toutes les évolutions qui se sont fait jour dans l’Église depuis le Concile restent en conformité avec la Tradition catholique.

5 La levée des excommunications de 1988 par Benoît XVI et sa libération de la Messe tridentine sont autant de signes qui attestent la bienveillance de Rome vis-à-vis de la FSSPX.

6 Un accord avec Rome apporterait un soutien au Supérieur Général de la FSSPX comme à son apostolat. Cela donnerait également à la FSSPX le droit de demander des explications au Magistère.

7 L’Église a besoin de la FSSPX pour sa Nouvelle Evangélisation.

8 Une éventuelle reconnaissance canonique devrait nécessairement entraîner le traitement des questions théologiques afin d’aboutir à des solutions.

Et maintenant voici des réponses.

1 Très Révérend Monseigneur, c’est bien aimable de votre part. Mais être aimable, ce n’est pas nécessairement être catholique.

2 Tant qu’elle disait la Vérité, la FSSPX a exercé une grande influence. Mais depuis qu’elle s’est éloignée de la vérité catholique pour s’aligner sur Rome et sur le reste du monde, cette influence a décru et va toujours décroissant. Est-ce que, par hasard, vous auriez encouragé Notre Seigneur Lui-même à s’aligner sur les Pharisiens ?

3 En faisant passer Dieu avant les hommes, la Fraternité de Mgr Lefebvre n’est jamais tombée dans le schisme. Mais, la Néo-fraternité, tout comme la Néo-église, prend le chemin d’un vrai schisme dans la mesure où elle fait passer les hommes avant Dieu.

4 L’erreur et le poison de Vatican II n’ont vraiment droit à aucun respect. Le Néo-magistère d’aujourd’hui, infecté par le poison conciliaire, surveille bien mal l’évolution de l’Église.

5 Une bienveillance conciliaire, telle que celle de Benoît XVI, est au mieux une bienveillance subjective. Pour être une véritable bienveillance elle doit s’aligner sur la vérité objective. Or, tous les tenants du Concile ont perdu la notion même de vérité objective. Selon la sagesse d’un vieux proverbe, « Le chemin de l’enfer est pavé de bonnes intentions ».

6 Un accord avec la Rome conciliaire entraînerait la mort définitive de la FSSPX catholique. Celle-ci n’a besoin d’aucun accord pour exiger que les Romains cessent de trahir la vraie foi catholique.

7 La véritable FSSPX rejette la “Nouvelle Evangélisation”. C’est une solution irréelle pour régler le problème bien réel déchaîné par Vatican II.

8 En d’autres termes, “l’accord avant la doctrine” proposé par toute la hiérarchie conciliaire, constitue une erreur grave, car à force de vivre le mensonge, on finit par y croire. Or, Vatican II est un mensonge monstrueux.

En bref, les huit arguments de MgrH. sont tous des considérations humaines, essentiellement déconnectées de la Vérité objective de la véritable Église catholique. Que Dieu lui fasse à Mgr H la grâce de comprendre à quel point l’Église conciliaire s’est égarée !

Kyrie eleison.

Restaurer l’Autorité

Restaurer l’Autorité on avril 22, 2019

Alors que le christianisme avait déjà ensemencé la terre, le païen Jean-Jacques Rousseau (1712–1778) affirmait que l’homme, par nature, était un animal asocial et que la société humaine n’était qu’un phénomène artificiel. À l’inverse, bien que vivant avant l’ère chrétienne, le païen Aristote (384–322), faisait preuve de beaucoup plus de sagesse : il savait que la société est un fait de nature, car l’homme est par nature un animal social. Il suffit d’observer comment il participe du matin au soir, à toutes sortes de groupes humains, particulièrement à la famille. De plus, chaque homme étant doté du libre arbitre, il importe que toutes les sociétés aient à leur tête une personne investie de l’autorité afin de coordonner les volontés libres qui, livrées à elles-mêmes, sont susceptibles de se disperser en tous sens. C’est pourquoi toute société a besoin d’une autorité, aussi naturelle et nécessaire à l’homme que l’est la société elle-même. Voyez comment le centurion romain reconnaît en Notre Seigneur un homme investi d’une autorité : il part de l’expérience qu’il a de sa propre autorité dans l’armée romaine (Mt VIII, 8–9).

Aussi l’autorité est-elle pour l’homme aussi naturelle que sa nature sociale. Or, sa nature sociale vient de Dieu ; il est donc clair que toute autorité humaine vient finalement de Dieu (cf. Eph. III, 15). En ces temps qui annoncent la fin du monde, l’humanité tout entière, ou presque, tourne le dos à Dieu ; on comprend dès lors que les hommes se révoltent contre toute autorité. C’est pourquoi toute sorte d’autorité est de plus en plus fragile. À titre d’exemple, n’est-il pas de plus en plus courant aujourd’hui que les femmes se déclarent indépendantes de leur mari et que les enfants dirigent leurs parents ? Dans le vrai sens du terme, ce n’est pas naturel. Mais il n’empêche qu’aujourd’hui c’est monnaie courante. Car la révolte contre l’autorité coule dans nos veines. Alors comment restaurer l’autorité naturelle ? Le livre des Nombres (Ch.16) dans l’Ancien Testament nous donne un exemple classique.

Moïse et son frère Aaron étaient respectivement les chefs politique et religieux du peuple israélite, et avaient pour mission de le faire sortir d’Egypte et de le conduire dans la Terre promise. Tous deux avaient été désignés par Dieu, et le peuple le savait bien. Mais les Israélites étaient un peuple fier à la nuque raide. Dans le désert il advint que Coré, cousin germain d’Aaron, jaloux de ses privilèges, appela à la révolte 250 autres Lévites et deux Rubénites : Dathan et Abiron. Le peuple suivit les agitateurs contre l’autorité de Moïse et d’Aaron. Ces deux chefs firent immédiatement appel au Seigneur, qui leur dit de rassembler le peuple le lendemain devant le Tabernacle. Moïse dit au peuple de s’éloigner des tentes de Dathan et d’Abiron qui se tenaient là avec tout leur clan. C’est alors que la terre s’ouvrit et engloutit ces révoltés directement en enfer. Ensuite des flammes envoyées par Dieu dévorèrent Coré et ses 250 Lévites qui convoitaient le prestige et les privilèges que Dieu n’avait accordés qu’à la famille d’Aaron.

C’est ainsi que Dieu démontra Lui-même à qui Il avait donné autorité sur le peuple. Pour les Israélites il était très important qu’il y eût une autorité dans le désert car, malgré la traversée miraculeuse de la Mer Rouge (Exode XIV), ce peuple regrettait les oignons d’Egypte, et Dathan se plaignait de la dureté du désert (Nb XVI, 13–14). Pourtant, Moïse n’avait rien d’un tyran ; c’était le plus doux des hommes (Nombres. XII, 3). Quant à Aaron, il n’avait fait au peuple aucun mal (Nb. XVI, 11). Si Dieu n’avait pas eu recours à une punition extrême contre les rebelles, on peut se demander si Moïse et Aaron auraient été en mesure de conduire les Israélites en Terre promise. Quoi de moins aurait permis de rétablir leur autorité ? On peut aisément se figurer qu’après ce double châtiment miraculeux, aucun Israélite n’était pressé de désobéir encore à Moïse ou à Aaron !

En 2019, le matérialisme rampant dans le monde entier fait que les hommes qui croient en Dieu sont de moins en moins nombreux ; et moins nombreux encore sont ceux qui Le prennent au sérieux. La science et la technique semblent garantir à tous la bonne vie. Alors, qu’avons-nous encore besoin de Dieu ? Mais sans Lui, tout fondement de l’autorité disparaît. L’autorité dans la société humaine, qu’elle qu’en soit la forme, est prête à fondre comme la guimauve. Spécialement dans l’Église catholique. Pour comble, le néo-modernisme exerce maintenant sur ses victimes une telle emprise qu’il est pratiquement impossible de les convertir, tant elles sont profondément persuadées qu’elles sont encore catholiques. Comment l’Église peut-elle survivre ? Si l’autorité catholique doit être restaurée avant la fin du monde, un autre feu mortel, tombant miraculeusement du Ciel, ne sera-t-il pas nécessaire, comme pour Dathan, Coré et Abiron ? On ne se moque pas de Dieu (Gal. VI, 7).

Kyrie eleison.

Leçons de la Semaine Sainte

Leçons de la Semaine Sainte on avril 13, 2019

Aucune lecture de l’Evangile ne donne des leçons aussi riches que celles de la Semaine Sainte. Voici, en référence, quelques versets de la Passion de Notre Seigneur, cités par ordre chronologique. Ils ont pour notre époque une pertinence particulière : celle de figurer la Passion de Son Église.

Luc. XIX, 40 : “Si eux se taisent (les disciples), alors les pierres crieront”. Le dimanche des Rameaux Jésus s’apprête à entrer dans Jérusalem. La foule en liesse l’acclame Le bruit indispose les pharisiens. Mais la Vérité de Dieu doit se faire entendre. Aujourd’hui, là où la FSSPX se tait, quelqu’un d’autre doit dire les vérités qu’elle énonçait autrefois.

Jn. XVII, 15 : “Je ne Vous prie pas de les retirer du monde, mais de les préserver du mal.” Après la dernière Cène, juste avant de quitter le Cénacle, Jésus prie son Père céleste pour ses Apôtres, mais il ne demande pas que la vie leur soit rendue facile. Alors, pourquoi les catholiques d’aujourd’hui devrions-nous avoir la vie facile ?

Mt XXVI, 31 : “Je frapperai le berger et les brebis seront dispersées.” Sur la montagne des Oliviers, Jésus dit à ses apôtres qu’ils tomberont tous, et il cite l’Ancien Testament (Zach. XIII, 7). Aujourd’hui le Pape est frappé de paralysie dans sa foi. L’Église tout entière s’en trouve plus ou moins paralysée.

Mt. XXVI, 40 : “Veillez et priez.” Dans le jardin de Gethsémani peu de temps avant la trahison de Juda, Jésus avertit ses apôtres de se préparer par la prière à l’heure de l’épreuve. Il ne dit pas seulement “Priez”, ni même “Priez et veillez”, mais “Veillez et priez”, car s’ils ne gardent pas les yeux ouverts, s’ils cessent de veiller, ils cesseront aussi de prier. Aujourd’hui, pour l’Église, l’heure d’une épreuve suprême semble imminente. Soyons aussi nombreux que possible à prier tout le Rosaire tous les jours.

Jean XVIII, 6 : “Lors donc que Jésus leur eut dit : C’est moi, ils reculèrent et tombèrent par terre. » Alors que la police du Temple s’approche de Jésus, il s’identifie sans crainte et, juste un instant, laisse paraître une étincelle de Son pouvoir divin : ils s’effondrent tous. À l’heure actuelle, une seule étincelle de ce même pouvoir pourrait sauver l’Église instantanément. Mais cela ne gagnerait pas le cœur des hommes. Aujourd’hui, c’est l’épreuve de l’Église qui doit s’accomplir.

Mt XXVI, 52 : “Range ton épée, car tous ceux qui prendront l’épée périront par l’épée.” Pierre est viril, il aime son Maître, il veut absolument le défendre, mais il ne l’a pas compris : Jésus sera le Roi des Cœurs, avant tout. Aujourd’hui, les hommes virils cherchent tous des moyens d’agir pour défendre l’Église, car ils ne se contentent pas de “ne faire que prier”. Mais qu’ils se mettent à prier quand même, sans quoi ils s’enfuiront, comme les Apôtres l’ont fait (v. 56).

Lc XXII, 53 : “Mais ici, c’est votre heure, et le pouvoir des ténèbres.” Jésus est sur le point d’être emmené par la police du Temple. Il se plaint doucement de ce qu’ils ne l’avaient pas arrêté en plein jour, alors qu’il prêchait ouvertement dans le Temple. Mais ils ont préféré l’arrêter la nuit, pour éviter que la foule qui l’entourait ne le protégeât. A aucune heure de l’histoire le Christ n’a été aussi abandonné qu’aujourd’hui. Jamais les ténèbres n’ont été aussi épaisses. Nous vivons un mystère – le pouvoir de Satan déchaîné.

Mt XXVII, 25–26 : “Et tout le peuple répondit : Que son sang retombe sur nous et sur nos enfants ! Alors Pilate leur relâcha Barabbas, et après avoir fait flageller Jésus, il le leur livra pour être crucifié ». Ici, il est clair que le “peuple” ne signifie pas seulement “les chefs des prêtres et les anciens” qui “persuadèrent le peuple de demander la libération de Barabbas et la crucifixion de Jésus” (v. 26). C’est toute la foule rassemblée devant Pilate et sur le point de se révolter (v. 24) qui criait qu’elle prenait sur elle-même et sur ses descendants la responsabilité du déicide (mort de Dieu en sa nature humaine). Ce qui fit céder Pilate. Cette foule était majoritairement juive, elle s’est identifiée comme telle (“Nous et nos enfants”). Par conséquent, la responsabilité du déicide repose sur ces descendants. À moins que (ou jusqu’à ce que) ils ne reconnaissent et adorent collectivement leur Messie. Mais l’Écriture dit que cela n’arrivera qu’à la fin du monde (cf. Rom. XI, 25–27). En vrai catholique, Léon XIII (1878–1903) demande que ce sang descende sur les juifs non pas comme la malédiction qu’ils ont appelée sur eux, mais « en baptême de vie et de rédemption » (Acte de Consécration du Monde au Sacré-Cœur de Jésus). En attendant, ils servent effectivement Dieu, en flétrissant notre apostasie.

Kyrie eleison.

Invitation Annulée

Invitation Annulée on avril 5, 2019

Mgr Vitus Huonder, encore évêque du grand diocèse de Coire en Suisse orientale, dont fait partie Zurich, ne s’installera pas après tout à l’école de garçons de la Fraternité Saint Pie X à Wangs quand il prendra sa retraite dans les semaines qui suivent. En janvier, son porte-parole diocésain avait annoncé que l’évêque emménagerait dans cette école, mandaté par la Congrégation romaine pour la Doctrine de la Foi, afin de maintenir le contact entre Rome et la Fraternité. Mais, voilà que le mois dernier, l’évêque lui-même annonçait que, tout compte fait, il ne prendrait pas sa retraite à l’école de Wangs. C’est ainsi que le rendez-vous amical entre l’évêque conciliaire et l’école de la Fraternité est tombé à l’eau. Est-ce Rome ou la Fraternité, ou les deux, qui au dernier moment ont pris peur ? Nous n’en savons rien. C’est d’ailleurs sans importance. Ce qui compte, c’est de voir clairement le conflit incessant entre la vérité de Dieu et les rêves stériles des hommes, et de préférer la vérité de Dieu.

Dans le cas présent, la Vérité de Dieu c’est qu’il est impossible de marier Son Église catholique avec la révolution conciliaire menée par les hommes d’Église, alors que, dans le rêve des hommes d’Église, Église et Révolution sont compatibles. Alors que Dieu place Dieu avant les hommes, le Concile Vatican II (1962–1965) place les hommes avant Dieu. Les deux positions sont aussi inconciliables que Jésus-Christ et Satan. De toute éternité, Notre Seigneur, qui est charité, ne peut que rejeter le mal. Satan, lui, en tombant juste après sa création, s’est fixé à jamais dans le mal et ne peut maintenant que haïr Dieu, son divin Fils, ainsi que la véritable Église de son Fils. Entre ces deux directions les hommes sont déchirés depuis leur conception jusqu’à leur mort car, s’ils reçoivent de Dieu leur nature humaine fondamentale et peut-être aussi la grâce sanctifiante, lesquelles toutes deux les inclinent vers Dieu, ils restent toujours avec leur nature blessée par le péché originel depuis la chute d’Adam. Or, cette blessure les incline vers Satan et vers le mal. Et aucun homme vivant ne peut éviter ce conflit. Soit il avance dans le bien et devient moins mauvais, soit il s’éloigne du bien et sombre dans le mal.

Dans ce contexte, on peut présumer que si Mgr Huonder, évêque conciliaire, avait emménagé dans l’école catholique traditionnelle de Wangs, de deux choses l’une : ou bien il réussissait à rendre l’école moins traditionnelle, ou bien l’école réussissait à le rendre plus catholique. C’est pourquoi l’annulation de son emménagement à Wangs peut s’analyser comme suit : soit Rome craignait qu’il ne devînt plus catholique (ce qui est peu probable car Mgr Huonder est le type même du croisé de la Néo-église romaine) ; soit la Néo-fraternité a changé d’avis : au lieu d’installer le loup conciliaire dans la bergerie à Wangs, elle a décidé de le tenir à l’écart, revenant sur sa décision antérieure de le recevoir. Pourquoi cette volte-face ?

A cela, deux explications possibles. Soit, par vertu, la Néo-fraternité a cessé, au moins pour le moment, de rêver que les loups soient de gentils chienchiens ; soit, par nécessité, deux révélations supplémentaires l’ont obligée à retarder l’accueil de ce dernier. D’une part, on a entendu reparler de certains détails portant sur une rencontre discrète qui a eu lieu il y a quatre ans à Oberriet, en Suisse, entre Mgr Huonder et Mgr Fellay, Mgr de Galarreta, et cinq autres prêtres de la FSSPX. La réunion devait examiner l’œcuménisme de Vatican II. MgrH a commencé par une position que l’on peut résumer par “Accord d’abord, doctrine ensuite”, ce qui est typique d’un conciliaire. Les évêques et les prêtres de la FSSPX ont répondu en mettant en avant la doctrine catholique sur l’œcuménisme, d’une manière digne de Mgr Lefebvre. MgrH. a conclu en promettant de porter à Rome les objections à l’œcuménisme conciliaire que formulait la FSSPX – mais les Romains connaissent déjà ces objections à fond. Bref, l’attitude de MgrH. confirma qu’il était un bon et fidèle serviteur de la Rome conciliaire.

Par ailleurs, d’autres recherches ont mis en lumière le travail considérable de MgrH au sein de la néo-Église, surtout depuis 2011, en faveur de l’amitié officielle entre l’Église catholique et les juifs. Encore une fois, un tel travail est typique d’un conciliaire méconnaissant, soit par innocence, soit volontairement, près de 2 000 ans de haine constante – et fière – des juifs envers l’Église.

Ces deux révélations ont donc montré un MgrH. imbibé de l’esprit du Concile, si bien qu’un tel comme pensionnaire résident était potentiellement dangereux dans une maison de la FSSPX. La vraie Fraternité ne l’inviterait plus. Mais la Néo-fraternité risque d’attendre que les traditionalistes se ramollissent assez pour accepter au milieu d’eux un tel conciliarisme.

Kyrie eleison.