Les Commentaires Eleison

Unité de la “Resistance”

Unité de la “Resistance” on août 3, 2019

Dans le but de décourager l’orgueil, ces « Commentaires » ne mettent que rarement en lumière les réalisations des prêtres et des laïcs qui, depuis 2012, s’efforcent d’assurer la survie de la pratique et des principes catholiques, surtout mais pas seulement à l’intérieur de la Néo-fraternité Saint Pie X, parce qu’elle ne cesse de glisser dans les bras de Rome. Naturellement, les dirigeants de la Néo-fraternité condamnent le mouvement dit de la “Résistance” ou de la “Fidélité”, en soulignant en particulier les divisions apparues entre ses différents prêtres. Mais qu’en est-il au juste ? Le moment est venu de souligner par contre l’unité qui existe au sein de cette dite “Résistance” catholique.

Par exemple, voici quelques remarques pertinentes faites par un observateur de longue date de la “Résistance” : «  Le principal argument des supérieurs de la Néo-Fraternité contre la “Résistance” consiste à souligner les divisions entre les divers prêtres résistants. Mais, quoique ces différents prêtres aient une variété de dons correspondant à leurs vocations et donnant lieu à une variété d’œuvres catholiques (qu’il s’agisse d’un séminaire, d’un monastère, d’un prieuré, d’une mission, etc.), il règne entre eux une remarquable unité quant à la fin poursuivie, à savoir : la survie de la foi catholique. A l’inverse, la Néo-fraternité est un géant aux pieds d’argile, uni par des mesures disciplinaires, la peur des sanctions et par des positions personnelles. Mais, quant à sa finalité, elle reste très divisée : Accord avec Rome, ou pas ? Mariages sous autorité officielle, ou pas ? Flirt avec des évêques conciliaires, ou pas ? La Néo-fraternité craque de tous les côtés. »

Une fois de plus, nous constatons aujourd’hui comment la scission d’entre la Vérité catholique et l’Autorité catholique rend schizophrénique tous les catholiques sans exception. Cette scission provient de la trahison – consciente ou non – des 2000 évêques et des deux papes qui ont engendré Vatican II. Aujourd’hui, en 2019, d’une part cette “ Résistance “ qui tient à la Vérité souffre de divisions extérieures provenant d’un manque d’Autorité, simplement parce que le besoin d’autorité, ressenti à la base, ne suffit pas pour créer sa réalité, car de par sa nature même l’autorité ne peut venir que d’en haut. Et d’autre part, la Néo-fraternité, en s’accrochant à l’Autorité romaine, souffre de divisions intérieures provenant du manque de Vérité de la part de cette Autorité romaine qui ne veut pas lâcher les mensonges de Vatican II.

Or, c’est la Vérité qui est le but de l’Autorité, et non l’inverse. “Pierre, quand tu seras revenu, affermis tes frères” (Lc. XXII, 32). En d’autres termes, recouvre d’abord ta foi ébranlée dans la Vérité, puis exerce ton Autorité sur les autres Apôtres. En effet, dans un monde déchu, la Vérité intérieure a besoin qu’une Autorité extérieure la défende ; mais si l’Autorité extérieure n’est plus fidèle à cette Vérité intérieure, elle a perdu sa véritable raison d’être ; elle devient une fin en soi, en dernière analyse une tyrannie au service de positions personnelles, comme on l’a vu avec Paul VI et avec les successeurs de Mgr Lefebvre.

Ainsi, quelle que soit l’abondance des misères personnelles des résistants œuvrant individuellement, tant qu’ils resteront fidèles à la Vérité cette “ Résistance “ survivra à la néo-Fraternité, tout comme la Fraternité de Mgr Lefebvre, dans la mesure où elle restait fidèle à la Vérité, pouvait dominer et finalement survivre à la Rome conciliaire. La question ultime ne se pose pas au niveau des personnes ni de l’autorité extérieure. Elle se pose au niveau de la doctrine et de la Vérité. Ainsi, au début des années 2000, lorsque le successeur de Mgr Lefebvre eut recours à l’Autorité pour résoudre des problèmes de divisions au sein de la Fraternité, il révélait par là qu’il était déjà fort engagé sur le chemin conciliaire conduisant à préférer l’Autorité à la Vérité, à préférer la volonté à la raison. C’est ainsi que la Fraternité de Mgr Lefebvre se transforma en tyrannie ; et bien que le tyran ait apparemment été destitué de son siège par l’élection de l’an dernier, en fait il est toujours là. Ainsi va notre monde moderne : gavons-nous d’apparences !

Kyrie eleison.

Contradiction Endémique

Contradiction Endémique on juillet 27, 2019

Revenons à Mgr Huonder, non pour attaquer sa personne, mais pour illustrer la confusion universelle qu’il illustre si bien. Lors de sa démission du diocèse de Coire, en Suisse, et de son installation dans l’école Traditionnelle de garçons de Wangs, dans le diocèse de Saint-Gall, école dirigée par la Fraternité St Pie X, son déménagement paraissait si surprenant que Mgr Huonder a publié le même jour deux déclarations : l’une pour la Tradition et l’autre pour l’Église conciliaire. Voici les passages-clés de chacune d’entre elles, qui ne sont point faussés en étant sortis de leur contexte.

A l’adresse de ses anciens collègues et aux fidèles du diocèse de Coire, il écrit à propos de sa retraite à Wangs : « Conformément aux vues du Pape François, je m’efforcerai [à Wangs] de contribuer à l’unité de l’Église, non en pratiquant l’exclusion, mais en faisant la part des choses pour tenir compagnie aux gens en vue de cette intégration ». Simultanément, pour les catholiques Traditionnels chez lesquels il est sur le point de s’installer, il co-signe avec le Supérieur Général de la FSSPX, l’abbé Davide Pagliarani, une déclaration commune contenant ces mots : « Le seul et unique but de la retraite de Mgr Huonder dans une maison de la FSSPX est de se consacrer à la prière et au silence, de célébrer exclusivement la Messe tridentine et de travailler pour la Tradition comme étant le seul moyen de renouveler l’Église ».

Cet honorable évêque ne se rend-il pas compte de la contradiction entre ses deux déclarations ? Depuis que François est devenu Pape en 2013, qui n’a pas constaté le flot presque quotidien de propos et d’actes par lesquels ce Pape engage les catholiques à délaisser l’Église de la Tradition ? Qui n’a pas senti sa répugnance profonde et instinctive pour l’Église telle qu’elle était avant le Concile, répugnance partagée avec tous ces hommes d’Église conciliaires qui, comme lui, sont les vétérans de la véritable révolution de Vatican II ? Comment Mgr Huonder ne peut-il pas voir qu’entre « les vues du Pape François » et « la Tradition » il existe un gouffre infranchissable ?

Si Monseigneur s’imagine que « les vues du Pape François » sont autres qu’elles ne sont, ou s’il espère que le Souverain Pontife peut être amené à en changer, il est certain que le Pape ne ratera pas l’occasion de lui faire savoir rapidement et fermement ce qu’il pense en réalité. Par ailleurs, si Monseigneur imagine ou espère que la Tradition n’est pas ce qu’elle est, nous devons sur ce point admettre, hélas, qu’il a bien pu être trompé par le changement opéré sur 20 ans dans la Fraternité Saint Pie X : la Néo-fraternité a bien changé depuis qu’elle est dirigée par les successeurs de Mgr Lefebvre. Avec son Fondateur, la FSSPX était la principale forteresse de l’Église, en sauvegardant la doctrine catholique, les sacrements et la morale de toujours. Mais l’autorité personnelle de l’Archevêque a disparu avec lui lors de son décès en 1991, et en conséquence l’autorité de la Rome officielle, qui attire normalement tout catholique romain, a repris le dessus en l’espace de quelques années seulement. Avec le GREC, la Fraternité a commencé son glissement vers la Néo-fraternité pour s’adapter à la Néo-église de Rome. Et il est probable que Mgr Huonder ne voit là aucune contradiction puisque lui-même veut apporter sa contribution à cette réunion.

Mais qu’en est-il du cosignataire de la Déclaration commune faite pour les Traditionalistes, c’est-à-dire de l’abbé Pagliarani, Supérieur Général de la Néo-fraternité ? Évidemment, il connaît les intentions du pape François, de même qu’il savait certainement il y a 20 ans, ce qu’entendait Mgr Lefebvre par la Tradition. Alors, en cosignant la Déclaration, connaissait-il l’intention de Mgr Huonder de travailler à Wangs simultanément « selon les vues du Pape » et « selon la Tradition » ? Et s’il était au courant de cette intention double, n’y voyait-il, lui non plus, aucune contradiction ? Et s’il y voit maintenant une contradiction, que pense-t-il du fait d’avoir installé un cheval de Troie, aussi bien intentionné soit-il, au sein de la Tradition ? Peut-être se dit-il : « Bof ! ça n’a pas vraiment d’importance. Mgr Lefebvre ne voulait-il pas que nous nous occupions des prêtres de l’Église conciliaire ? (Certes, mais pas pour en faire des chevaux de Troie !) . Mgr Huonder est bien gentil. Nous sommes tous gentils. Nous nous entendons tous. La contradiction est un problème plutôt théorique que pratique, etc . . . »

Si le nouveau Supérieur Général pense de la sorte, c’est qu’il a attrapé la maladie conciliaire, et que la vraie Fraternité est vraiment frappée à mort. Par contre la Néo-fraternité fondante, sur la doulce mer de confusion et de contradiction, s’apprête avec joie à naviguer pour toujours de concert avec la Néo-église, elle aussi fondante. Mais malheur aux âmes !

Kyrie eleison.

Clarté d’un Cardinal

Clarté d’un Cardinal on juillet 20, 2019

Un Cardinal romain a fait récemment paraître le texte d’une interview, frappé au coin du bon sens ; il s’agit des vagues d’immigrants qui depuis plusieurs décennies menacent de submerger les grandes nations occidentales. Pourtant les propos du Cardinal Sarah, car il s’agit de lui, n’ont rien de raciste : le Cardinal est originaire d’Afrique noire. Ah, si seulement les Européens savaient comme lui apprécier les dons que Dieu a faits à l’Europe ! Mais, comme dit Hamlet (III, 1), « là est tout le problème ! » Car, qui en Europe se soucie encore de Dieu ?

« Je suis scandalisé par tous ces hommes qui meurent en mer, par les trafics humains, par les réseaux mafieux, par l’esclavage organisé. Je reste perplexe devant ces gens qui émigrent sans papier, sans projet, sans famille. Ils pensent trouver ici le paradis terrestre ? Il n’est pas en Occident ! S’il faut les aider, je pense que c’est sur place, dans leurs villages, dans leurs ethnies. On ne peut cautionner ces déséquilibres économiques et ces drames humains. Vous ne pouvez pas accueillir tous les migrants du monde. Accueillir, ce n’est pas seulement laisser entrer les gens chez soi, c’est leur donner du travail. Vous en avez ? Non. Leur donner un logement. Vous en avez ? Non. Les parquer dans un endroit indécent, sans dignité, sans travail, ce n’est pas ce que j’appelle accueillir les gens. Cela ressemble plus à une organisation mafieuse ! L’Église ne peut pas coopérer à des trafics humains, qui ressemblent à un nouvel esclavage.

Ce que je trouve également scandaleux, c’est qu’on utilise la Parole de Dieu pour justifier cela, Dieu ne veut pas la migration. Le Christ, enfant, s’est réfugié en Égypte, à cause d’Hérode, mais il est rentré chez lui ensuite. De même, Dieu a toujours ramené son peuple en Israël, comme après la famine ou la déportation en Babylonie. Un pays est un grand trésor, c’est là que nous sommes nés, c’est là où sont enterrés nos ancêtres. Quand on accueille quelqu’un, c’est pour qu’il ait une vie meilleure, et ce n’est pas dans un camp qu’on a une vie meilleure. Quand on est nourri sans travailler, on n’a aucune dignité. Et quelle culture avez-vous à leur offrir ? Est-ce que vous êtes encore capable de partager votre culture et vos racines chrétiennes ? J’ai peur que le déséquilibre démographique engendré par ces vagues migratoires vous fasse perdre votre identité et ce qui fait votre spécificité. L’Europe a une mission spéciale que Dieu lui a donnée c’est par vous que nous avons connu l’Évangile, que nous avons connu les valeurs de la famille, la dignité de la personne, et la liberté. Si vous renoncez à votre identité, si vous êtes noyés par une population qui ne partage pas votre culture, vos valeurs chrétiennes et votre identité risquent de disparaître. C’est comme la Rome ancienne envahie par les barbares. Il faut réfléchir aux migrations – c’est un nouvel esclavage qu’on organise parce qu’on a besoin de travailleurs. Toutes ces personnes qui viennent ici en croyant trouver une vie rêvée. Quel mensonge ! Quel cynisme ! Benoît XVI fut particulièrement clair et prophétique sur toutes ces questions. [ . . . ]

Vous avez été façonnés par le christianisme, tout est chrétien en Europe. Pourquoi nier cela ? Aucun musulman ne nie son identité. Si vous ne retrouvez pas ce que vous êtes, vous disparaîtrez. Et si l’Europe disparaît, il y aura un bouleversement épouvantable : le christianisme risquerait de disparaître sur la surface de la terre. Voyez bien que vous êtes envahis par l’islam : ils veulent islamiser le monde entier, et ils ont les moyens financiers. Ils ne réussiront pas, parce que le Seigneur est avec nous jusqu’à la fin du monde. Mais il ne faut pas nier ce que vous êtes : ceux que vous accueillez doivent s’intégrer à votre culture. Encore faut-il que vous ayez une culture : vous ne pourrez pas les accueillir dans votre athéisme, dans votre matérialisme, dont ils ne veulent pas. »

Kyrie eleison.

La Vérité Minée Encore

La Vérité Minée Encore on juillet 13, 2019

Nous avons plus d’une fois recommandé dans ces « Commentaires » le site internet du Dr Paul Craig Roberts, analyste américain, dont les écrits portent sur les développements politiques et économiques mondiaux. Peut-être lui manque-t-il la largeur de vue que seule la vraie religion lui fournirait, mais il rapporte sur son site – paulcraigroberts.org – beaucoup de vérités qu’il observe de par le monde, et il le fait de manière telle qu’on peut se demander s’il ne va pas être un jour assassiné . . . . Mais un meurtre fait toujours désordre et, de plus, tuer un analyste risque, au contraire, d’accréditer le message qu’on voulait étouffer. Toujours est-il que les écrits du Dr Roberts sont largement répandus et lus dans le monde entier. Sur un plan très pratique, un de ses récents articles vient corroborer la priorité donnée par l’abbé Calderón dans son analyse du « nouvel homme » de Vatican II à ce subjectivisme (voir ces « Commentaires » du 22 juin) qui fait perdre la vérité objective. Lisez ci-dessous l’article du Dr Roberts, légèrement résumé, pour comprendre cette coupure supplémentaire du réel.

Il commence par citer un site normalement véridique, Zero Hedge, qui rapporte que « la capacité à falsifier la réalité augmente de façon exponentielle. Des “geeks” écervelés (ces fous de technologie moderne) ont maintenant développé des techniques qui empêchent de distinguer la fausse réalité de la vraie. » Parlant récemment des progrès foudroyants de la technologie de synthèse, le Président de la Commission de Renseignement du Congrès des États-Unis (House Intelligence Committee), déclarait : « Je ne pense pas que nous soyons suffisamment préparés. Et je ne pense pas que le public soit au courant de ce qui va nous arriver ». Cette nouvelle capacité de l’intelligence artificielle permet à tout programmeur compétent de diffuser des trucages audio ou vidéo sur n’importe qui, lui faisant dire n’importe quoi.

Ces créations sont appelées « deepfakes » (hyper trucages), et aussi choquantes soient-elles, il est pratiquement impossible d’y distinguer le vrai du faux. A peine nous étions-nous adaptés à un monde où notre réalité semblait faussée, que ce qui est faux est maintenant devenu notre réalité.

Un expert en criminalité informatique déclare : « Nous sommes totalement dépassés. Le nombre de personnes travaillant sur la vidéo-synthèse par rapport à ceux qui travaillent sur la détection des trucages sont de l’ordre de 100 contre 1 » ( . . . ) Déjà, les deux tiers des Américains pensent que les images et les vidéos truquées constituent un handicap majeur pour comprendre les faits fondamentaux de l’actualité. Les chercheurs en désinformation mettent en garde contre une « apathie croissante vis-à-vis de la réalité », car pour distinguer le vrai du faux, il faut faire de tels efforts qu’on préfère abandonner la recherche de la vérité pour se fier à son instinct, à ses préjugés de clan ou à ses impulsions. Immergés dans les tromperies de nos dirigeants, nous en arrivons à ne plus croire en rien.

Par exemple, deux pétroliers s’enflamment et dégagent de la fumée. Comme par enchantement, un bateau suspect des Gardiens de la Révolution iraniens apparaît alors sur une vidéo granuleuse. Ces images virales ont inondé les neuf milliards d’écrans de la terre. De chaque côté on a raconté une histoire différente. Personne n’a su à qui faire confiance. Les théories du complot ont comblé le vide, chacun s’accrochant à ce qu’il préférait croire.

https://​www.​zerohedge.​com/​news/​2019-06-16/​hedge-fund-cio-i-dont-think-public-aware-whats-coming

Le Dr Roberts poursuit : Pourquoi les « geeks » se font-ils si forts de développer une technologie rendant la vérité encore plus difficile à discerner ? Comment se peut-il que leur nature humaine soit parasitée au point d’inventer des méthodes qui détruisent la capacité de connaître la vérité ? Est-ce si différent que de libérer dans l’atmosphère une substance indétectable qui anéantirait la vie ? La seule utilité de cette technologie, c’est de permettre à la police d’État d’exercer un contrôle total. Désormais, on peut mettre des paroles sur les lèvres de quiconque, lui attribuer des actes et utiliser ces fausses preuves afin de le condamner pour un crime simulé par trucage. Si la vérité disparaît, il n’y a plus ni liberté, ni pensée indépendante, ni conscience. Il ne reste que la Matrice. Comment l’Amérique a-t-elle pu s’égarer à ce point-là ? Des entreprises, des investisseurs et des scientifiques s’engagent maintenant à fond dans le développement de technologies propres à détruire la vérité ! Ces crétins sans cervelle, ne sont-ils pas nos véritables ennemis ? Aujourd’hui, établir la vérité est devenu la chose la plus difficile au monde. L’article du Dr Roberts se termine par un appel à un soutien financier, ce qu’il mérite certainement.

Chers lecteurs, tenez à la vérité comme à la prunelle de vos yeux, car la vérité se dégrade rapidement. Le monde fait maintenant passer la liberté avant la vérité, l’imagination avant la réalité ; il en découlera pour nous tous un véritable désastre, humainement vu.

Kyrie eleison.

“Prométhée” – L’Idolâtrie

“Prométhée” – L’Idolâtrie on juillet 6, 2019

Revenons au plan de l’abbé Calderón – Première partie : dans son essence, Vatican II est une glorification de l’homme, grimée en catholicisme par les responsables de l’Eglise. Deuxième partie : L’Homme Nouveau de Vatican II est un être libéré de tout ; du réel par le subjectivisme ; de la morale par la conscience qui inclinerait naturellement le cœur humain vers le bien ; de sa nature même, par la grâce qui répare sa liberté. Troisième partie : Désormais, l’Eglise de Vatican II ne s’oppose plus au monde, ni aux autres religions ; cette Néo-église est toute de bonté, vouée au dialogue avec tout le monde. Dans la quatrième partie de son livre, l’abbé Calderón se demande si Vatican II est une nouvelle religion. Sa réponse est : oui. Car cette Néo-église ne rend plus à la Sainte Trinité le culte qui lui est dû ; en effet, 1. la Révélation et la Tradition, aussi bien que : 2. l’Acte central du culte ou encore : 3. la croyance au Dieu incarné, sont gravement altérés dans leur substance.

1 La vraie doctrine de l’Église est changée ; voici comment. Un catholique peut croire soit en l’objet de foi lui-même, i.e. l’Incarnation ; soit en une proposition objective exprimant cet objet, i.e. “Dieu s’est incarné”. Sans doute, toute formulation exprime le mystère de manière inadéquate, mais il n’empêche qu’elle l’exprime vraiment, ce qui, pour le croyant, est suffisant pour sauver son âme. Mais la Néo-église est un nid de modernistes et pour les modernistes, aucune proposition ne peut être objective. Par conséquent, pour la Néo-église, il ne peut s’agir que d’une expérience subjective du mystère (Dei Verbum n° 2 ; LG n° 4). Cela revient à livrer la doctrine à toutes sortes d’élucubrations charismatiques. Car, pour la Néo-église, le Mystère se rend présent dans la communauté d’une Église vivante, au sein de laquelle Révélation et Tradition évoluent au fil des contextes historiques. Ce qui veut dire que, pour vivre et interpréter le Mystère, il faut entrer en communion dans la communauté avec un nouvel Esprit de Foi. Les formules qu’on écrira ou les croyances qui émergeront ne feront que suivre cet esprit. On réécrit la foi pour donner un fondement à cette expérience, et pour donner au peuple de Dieu un modèle à suivre. L’orthodoxie nouvelle consiste à penser en communion avec la Néo-église, de sorte que refuser cette Néo-communauté constitue la pire des hérésies. Or c’est là ce que faisait Mgr Lefebvre.

2 Quant au culte, l’importance donnée à la Croix dans cette religion aux teintes moyenâgeuses n’est-elle pas déprimante ? Qu’à cela ne tienne ! La Néo-église éliminera le sacrifice, mais gardera la joie. Toutefois, l’humanité a contracté une dette envers Dieu à cause du péché. Et cette dette a conduit le Christ à nous racheter par le sacrifice. Donc, conclut le moderniste, il importe que nous nous débarrassions de cette idée de péché. Car Dieu est au-dessus de la souffrance : les péchés des hommes ne peuvent Le faire souffrir. Même s’Il se plaint du péché, Il n’ira jamais jusqu’à condamner quiconque aux peines éternelles de l’Enfer. Certes, le Christ est mort, mais simplement en tant qu’instrument du Père (G&S#22). [«  Agneau innocent, par son sang librement répandu, Il nous a mérité la vie ; et, en lui, Dieu nous a réconciliés avec lui-même et entre nous ».] Car il devait montrer sa solidarité avec les hommes. Donc, ce n’est pas tant le Christ qui nous sauve, mais le Père ; et non par la Croix, mais par la Résurrection qui a été accomplie par le Père, afin que l’homme soit glorifié ! Ainsi la Messe, rebaptisée “Mystère pascal”, doit glorifier l’homme, et Dieu doit remercier l’homme d’être si glorieux afin que Lui-même puisse y trouver sa gloire ! Cette série d’absurdités blasphématoires, qui imprègnent nettement la Nouvelle Messe, imposée à l’Église par Paul VI en 1969, est implicite plutôt qu’explicite dans le décret liturgique Sacrosanctum Concilium. Mais le texte date du début du Concile ; or les modernistes devaient à l’époque faire encore preuve de prudence. Ce n’est qu’à partir de 1969 que les freins ont été desserrés. La liturgie de l’Église est maintenant dans le chaos.

3 Quant au Dieu incarné, Jésus-Christ, centre du christianisme et de la vraie Église catholique, deux documents de Vatican II, Gaudium et Spes et Ad Gentes s’y réfèrent spécialement. Pour l’abbé Calderón, ces deux documents développent une doctrine identique : la Croix est horrible ; mieux vaut donc être tout simplement un homme de paix qu’un fils adoptif de Dieu par la souffrance. L’homme est à l’image de Dieu (par sa liberté), si bien que, plus il se fait homme, plus il devient divin. C’est la raison pour laquelle Jésus-Christ s’est fait homme. Non pas pour que l’homme devienne fils adoptif de Dieu, mais pour que l’homme devienne plus pleinement homme ! Au demeurant, on ne trouve nulle part dans les textes de Vatican II que Jésus-Christ soit proprement et véritablement Dieu ; on n’y décèlera pas davantage, ne serait-ce qu’une seule fois, d’allusion à l’union hypostatique. Selon le public auquel ils s’adressent, les théologiens conciliaires font fluctuer leur langage, entre Tradition et Nouvelle Théologie.

4 A la fin de son analyse, l’abbé Calderón conclut que la finalité ultime de Vatican II est la dignité de l’homme ; or, c’est par leur finalité que les religions se spécifient. Le catholicisme place sa finalité dans la gloire (extrinsèque) de Dieu ; Vatican II est donc bien une religion nouvelle car, pour le Concile, la grâce libère la nature humaine ; Jésus est venu pour nous rendre plus humains ; et la Messe n’est plus le sacrifice dû à Dieu, mais l’action de grâce de l’humanité couronnant le Créateur, elle-même étant plus libre que Lui, puisque capable de choisir même le mal !

Kyrie eleison.

“Prométhée” – La Néo-Église

“Prométhée” – La Néo-Église on juin 29, 2019

Dans la deuxième partie de son livre sur Vatican II, l’abbé Calderón étudie l’homme nouveau, tel qu’il émerge du Concile. La troisième partie traite de la Néo-église qui en résulte. Le raisonnement est le suivant : l’unique vraie Religion du seul vrai Dieu a été fondée par Jésus-Christ, Dieu incarné. Sa finalité est “d’enseigner toutes les nations” (Mt XXVIII, 20), car Notre Seigneur a voulu atteindre toutes les âmes pour en sauver le plus grand nombre possible. Mais, afin qu’une Église aussi ambitieuse plût à l’homme contemporain, il fallait protéger l’humanisme moderne, redéfinir la dimension ecclésiale, la réduire et la changer radicalement, tout en dissimulant soigneusement le changement opéré. C’est pourquoi : 1) la Néo-église n’a plus de mission s’étendant sur l’humanité toute entière ; 2) elle s’interdira d’intervenir dans la partie du monde non-religieuse ; 3) et même dans la partie relevant de la religion, elle ne sera plus la seule Église valable : elle devra donc être redéfinie pour remplir son nouveau rôle.

1 La Tradition catholique enseigne que le “Royaume de Dieu” et “l’Église” sont deux expressions désignant une seule et même réalité. Toutes deux ont la même mission de portée universelle. Mais pour adapter cette Église au monde actuel qui, de fait, la rend de moins en moins universelle, Vatican II distinguera entre le Royaume de Dieu, réellement universel, invisiblement présent dans le cœur de tout homme, et la Néo-église, universelle certes, mais seulement par intention, car elle travaille sans cesse à construire et à étendre toujours plus visiblement le Royaume dans la vie concrète des hommes. De plus, la Néo-église est également universelle en tant que “sacrement” ou signe d’unité de tous les hommes (LG,1).

2 Il faut comprendre ici que la Néo-église libère, de toute domination ecclésiale les pouvoirs non-religieux. En effet, la glorification de l’homme a pour conséquence de faire du “Royaume de Dieu” non plus une réalité potentielle destinée à tous les hommes par le baptême, mais une réalité actuelle, pour tous les hommes, rien que par leur nature d’homme. C’est dire que la nature a pris le pas sur la religion. Le rôle de la Néo-église est sans doute de signaler l’universalité du Royaume, mais elle ne peut ni s’en prévaloir ni la revendiquer en exerçant une quelconque autorité. C’est pourquoi la politique se trouve désormais indépendante de la religion. La Néo-église peut tout au plus purifier le pouvoir dans les domaines où il s’exerce. C’est la Nouvelle Chrétienté, annoncée par Maritain, dans laquelle Mammon peut prendre le contrôle du monde, comme nous le voyons depuis Vatican II. En fait, le Concile fut l’aboutissement logique du long déclin de la vraie chrétienté amorcé à partir du Moyen Âge. Mais alors, cette nouvelle chrétienté serait-elle impie ? Non pas, car pour Maritain, ce monde nouveau, ni croyant ni baptisé, est quand même libéré par le Christ et se dirige vers la gloire.

3 Ce rapetissement de l’Église par le libéralisme est suivi de la réduction opérée par l’œcuménisme. Depuis que le protestantisme a brisé l’Église catholique, plusieurs fragments épars ont tenté de se réunir à nouveau. La vraie Église du Christ ne voulait et ne veut toujours pas participer à cette quête vaine de l’unité perdue, tant que les dissidents ne rentrent pas dans l’Église catholique. Mais le dogme de la glorification de l’homme fait que la Néo-église glorifie les non-catholiques et cherche à les rejoindre. C’est ainsi que, parmi les chrétiens non-catholiques, elle glorifiera les “traces” du catholicisme encore présentes, mais sans vie ; par exemple parmi les Orthodoxes, le sacerdoce valide, mais sans juridiction ; parmi les protestants, les Ecritures, mais sans interprétation faisant autorité ; elle verra dans tout cela des “éléments” vivants : « Parmi les éléments ou les biens par l’ensemble desquels l’Eglise se construit et est vivifiée, plusieurs et même beaucoup ; et de grande valeur, peuvent exister en dehors des limites visibles de l’Eglise catholique » ( Ch 1- § 3 Unitatis Redintegratio). Dans l’humanité non-chrétienne, elle mettra en valeur “les germes du Verbe”, c’est-à-dire toutes les vérités et choses bonnes qui sont des étincelles de la Parole qui “éclaire tout homme venant en ce monde” (Jn.I, 9) (Nostra Aetate), car tous les êtres raisonnables ont été élus par Dieu pour Le glorifier, et tout élu est sauvé.

Mais comment le Concile peut-il ainsi apprécier tous les non-catholiques sans déprécier les catholiques ? En déclarant que “l’Église du Christ”, qui embrasse tous les hommes, “subsiste” dans l’Église catholique, autrement dit, qu’elle y existe d’une manière toute spéciale (LG#8). Mais dire qu’elle “subsiste” n’est qu’une ruse verbale, car à mesure que le Concile exalte les non-catholiques, comment peut-il ne pas minimiser l’importance du catholicisme ? Ou encore : s’il ne déprécie pas le fait d’être en dehors de l’Eglise, comment peut-il faire prévaloir l’Eglise catholique ?

4 Enfin, comment définir la Néo-église dans son nouveau rôle ? Elle doit se concevoir comme “Peuple de Dieu”, nécessairement démocratique, en sorte que l’Ordre du sacerdoce se confond avec le “sacerdoce” des laïcs ayant reçu le baptême (I P II, 5), ce qui rend la Néo-église tout entière sacerdotale, dotée d’une mission dans le monde entier ; en sorte que les évêques sont assignés, avec le Pape, à la direction de l’Eglise (LG#22). Pour finir, notons également ce vocable, assez vague, qu’emploie le Concile pour correspondre à l’imprécision des notions de la Néo-église : la “Communion”. Son activité principale consiste dans le “Dialogue” avec tous les hommes, afin que personne n’ait jamais tort, et que chacun puisse être en amitié avec tous. Foin de la doctrine ou de la vérité !

Kyrie eleison.