Les Commentaires Eleison

Hamlet = Apostasie

Hamlet = Apostasie on janvier 5, 2019

Parmi les 37 pièces de Shakespeare, Hamlet est celle qui est peut-être la plus déroutante, probablement la plus intéressante et certainement la plus moderne. Pourquoi ? Pour une seule et même raison : il y a en fait un cadavre dans le placard. Ce cadavre, c’est l’apostasie de l’Angleterre séparée de la foi catholique, cette foi que le gouvernement anglais, autour des années 1600, écrasait britalement, alors que Shakespeare écrivait sa pièce. Or, cet auteur était fidèle catholique. Donc (1) Hamlet peut être la plus déconcertante de ses pièces pour la majorité des gens post-catholiques qui font sa connaissance, parce qu’ils sont si loin de comprendre que la “Réforme” fut la plus grande catastrophe qui ait jamais frappé l’Angleterre. (2) Cette pièce est probablement la plus intéressante parce qu’elle se place à une époque charnière et conflictuelle, entre l’ère révolue du Moyen Âge et l’âge moderne à venir. (3) Enfin, cette pièce est sans doute la plus moderne car, au cours des 400 dernières années, pratiquement le monde entier s’est joint à l’apostasie de l’Angleterre.

(1) Mais qui se soucie encore d’apostasie aujourd’hui ? Combien sommes-nous à savoir même ce que signifie le mot (le renoncement à la foi catholique) ? En Angleterre dans les années 1600 le Diable persécutait cruellement le catholicisme. De sorte que Shakespeare a dû déguiser sa Foi dans ses pièces pour ne pas être pendu, éviscéré et écartelé en place publique. Mais aujourd’hui le Diable réussit la ruine d’un bien plus grand nombre d’âmes rien qu’avec l’idée que la religion a si peu d’importance que chacun peut choisir n’importe laquelle, ou aucune, selon son bon vouloir. Et les médias immondes débordent de tant d’erreurs et d’immoralité que la foule ne les remarque même plus. (Consultez le livre de Clare Asquith ShadowplayThéâtre d’ombres – sur le codage catholique présent dans toutes les pièces de Shakespeare). Mais si la mère de Hamlet, la reine Gertrude, commettant l’inceste avec son oncle, représente bien l’Angleterre commettant l’inceste avec le protestantisme, est-il étonnant si nos contemporains incroyants se trouvent incapables de sonder la mélancolie profonde du Prince Hamlet ?

(2) Cette pièce joue un rôle charnière et conflictuel car, plus qu’aucune autre pièce de Shakespeare, elle se trouve comme suspendue entre le monde médiéval et le Nouvel Ordre Mondial. Le succès apparent de l’extermination de la foi dans son pays qu’il aimait tant, a secoué Shakespeare jusqu’au tréfonds de lui-même. Cela explique l’amertume du Prince envers presque tous ses proches, et surtout envers son véritable amour : Ophélie. Un catholique ne doit pas être amer, mais Shakespeare l’était en écrivant Hamlet. Cela n’a pas duré. Il faut lire le livre extrêmement précieux de John Vyvyan : The Shakespearean Ethic. Là on découvre la structure morale qui sous-tend toutes ses pièces, magnifique héritage de l’Angleterre médiévale. Ce modèle conflictuel est présent dans Hamlet aussi, surtout là où le prince rejette Ophélie pour que l’amour dans son cœur cède la place à la vengeance. Mais, dans Hamlet comme dans aucune autre pièce, le fait majeur est la corruption de la société – par l’apostasie, pas moins. Et elle est si terrible que ce prince, en lutte contre la société, est campé comme le héros absolu, premier héros d’une longue série de héros contre l’autorité (voir Hollywood), prêts à transgresser le respect naturel envers l’autorité sociale. C’est ainsi que l’apostasie tue la société.

(3) Aussi Hamlet est-elle la plus moderne des pièces de Shakespeare : c’est la pièce qui s’écarte le plus du modèle médiéval, ou même le domine. Shakespeare a écrit beaucoup d’autres pièces après Hamlet, mais il n’a plus été tenté de remplacer l’amour par la vengeance, ou de retourner du Nouveau à l’Ancien Testament. Il retrouve son calme et son équilibre en écrivant de grandes pièces célèbres ; pourtant, en 1611, il abandonnera la scène à Londres, laissant aux Puritains de s’emparer de l’Angleterre et enfin d’éloigner de Dieu le monde entier. Aujourd’hui, des générations de jeunes gens nourris de anti-héros ont fini en hommes contrefaits, n’ayant en eux que peu ou plus rien de leur héritage médiéval. Toutefois, la nature humaine n’a pas changé, et les êtres humains ont encore besoin d’hommes pour les diriger. Voilà pourquoi les filles tentent de se transformer en garçons, et les deux sexes se repoussent de plus en plus. On lit dans Macbeth : “La confusion a fait son chef-d’œuvre.”

Si vous lisez Hamlet, méfiez-vous alors du fantôme du premier acte car, si vous êtes catholique, vous savez que le Bon Dieu ne laisserait jamais sortir une âme du purgatoire pour qu’elle assouvisse sa vengeance. Mais alors, d’où peut venir ce fantôme, sinon de l’enfer ? Et alors, le Prince est-il vraiment un héros ? L’amertume de Shakespeare était certes compréhensible, mais elle a déformé sa théologie. Jeunes gens ! Adorez et aimez Jésus-Christ, aimez sa sainte Mère, récitez le chapelet et guidez les filles. C’est ce qu’elles attendent de vous.

Kyrie eleison.

Le Vrai Problème

Le Vrai Problème on décembre 29, 2018

Les voies de Dieu sont rarement des chemins faciles. Voici le courriel d’un lecteur de ces “Commentaires”, détaillant un point souvent soulevé ici, mais qui ne peut être trop souvent évoqué, car il est au cœur du problème et du danger qui menacent la Fraternité Saint Pie X depuis 2012, et il y restera encore dans un avenir prévisible : il s’agit de la dégradation de la doctrine. Voici ce qu’écrit ce lecteur, abrégé et adapté comme d’habitude pour ces “Commentaires” :

Rappelez-vous le revirement de la Fraternité en 2012 : elle qui disait « la doctrine passe avant la pratique » , s’est mise à dire et à agir comme si « la pratique passe avant la doctrine », pour finir dans des accords secrets, des non-dits et des sous-entendus. Au fond, les responsables de la FSSPX ont adopté le même comportement que les communistes français après la seconde guerre mondiale dont la tactique était de dire aux catholiques : « Vous voulez aider la classe ouvrière ; nous aussi. Mais vous avez la foi, alors que nous, nous sommes athées. Laissons donc tomber les questions doctrinales. Laissez-nous notre idéologie marxiste, et nous ne vous demanderons pas d’abandonner votre Foi. Agissons ensemble pour soulager la misère ouvrière et redonner un peu d’espoir aux victimes opprimées par la société. » C’est ainsi qu’un grand nombre de prêtres-ouvriers, qui avaient consenti à mener la vie des ouvriers pour les convertir, se sont retrouvés eux-mêmes marxistes. La raison en était, selon l’enseignement de saint Augustin, que si je n’agis pas comme je pense, je finirai par penser comme j’agis. Pie XII interdit la poursuite de l’expérience des prêtres-ouvriers, mais, hélas, de nombreux prêtres étaient déjà perdus pour le sacerdoce. Pie XII ne fut pas écouté : le futur Paul VI à Rome et l’archevêque de Paris rivalisèrent l’un et l’autre pour subvertir les mesures préconisées par le Pape, parce que déjà ces prélats croyaient davantage en l’action qu’en la doctrine.

“Ce passage de la Fraternité de « la doctrine d’abord » à « l’action d’abord » , qui date de 2012 au plus tard, n’a pas fini de produire ses fruits amers. Quand on entend dire que Rome n’exige plus de la Fraternité qu’elle renonce à quoi que ce soit, c’est de la pure fantaisie. Le dialecticien Benoît XVI voyait clairement de quoi il s’agissait. Il expliquait aux modernistes, inquiets du rapprochement de Rome et de la Fraternité, qu’un accord pratique changerait l’atmosphère au point de mettre fin aux critiques de la Fraternité envers Rome, sans qu’une intervention spéciale du Saint-Siège fût pour autant nécessaire. Et l’exemple des Congrégations traditionnelles ayant conclu depuis 1970 des accords avec Rome le prouve amplement. Quant à la Fraternité, elle a maintenant les deux pieds pris dans ce traquenard. L’enseignement des Papes, la voix de la raison, l’expérience elle-même, n’auront apparemment servi à rien. Beaucoup de prêtres, beaucoup de laïcs formés dans la Tradition catholique ont maintenant le préjugé le plus terrible de tous : l’état d’esprit de quelqu’un qui sait, mais qui pense qu’il vaut mieux relativiser ce qu’il sait, ou le laisser de côté.

“Ce qui importe maintenant ce n’est pas tant d’attendre pour voir ce que fera ou ne fera pas Rome pour bloquer la Tradition, car le véritable ennemi n’est pas hors de la Fraternité. Ce qui importe maintenant, c’est de comprendre qu’à l’égard de Rome, en revendiquant une normalisation, une reconnaissance ou une régularisation (appelez ça comme vous voudrez !), la Fraternité accepte en fait Rome dans son misérable état actuel. Ce faisant, elle compromet sa propre intégrité. et montre qu’elle a ingurgité elle-même le poison moderniste, qui tout comme un cancer fait maintenant son chemin dans l’organisme tout entier de la Fraternité.”

Chers prêtres de la Fraternité, cette excellente analyse vous met en garde contre un danger bien réel et bien présent. Le véritable ennemi est au cœur de la Fraternité : il est parmi vos dirigeants. L’illusion de la bien-pensance actuelle est de croire que le contact avec les criminels ou avec les pauvres modernistes aux commandes dans l’Église, non seulement ne présente aucun danger, mais procure au contraire un réel avantage à l’Église Universelle. Cependant, posons-nous la question suivante : si tel ou tel moderniste en charge de l’Église de Dieu est réellement abusé, peut-on s’imaginer que Dieu ne lui offre pas toutes les grâces nécessaires pour lui faire voir les fruits de Vatican II tels qu’ils sont, à savoir la destruction radicale de Son Église ? Et s’il en est ainsi, combien d’entre eux peuvent encore être rangés parmi les personnes abusées ? (Et combien d’entre les dirigeants de la Fraternité peuvent-ils se prévaloir d’avoir été abusés ?) Et dans ce cas-là, quelles affaires vos dirigeants ont-ils encore besoin de traiter et de planifier avec Rome ? Dieu dit à Lot de sortir de Sodome, et de ne pas regarder en arrière. Aussi devez-vous, pour votre salut personnel et celui de votre troupeau, prendre toutes les mesures nécessaires pour vous isoler de la mafia, non seulement de celle de Rome, mais aussi – à moins d’un changement de cap radical – de celle de Menzingen ! Que Dieu vous vienne en aide !

Kyrie eleison.

Protection du Coeur

Protection du Coeur on décembre 22, 2018

Voici un précieux récit de la façon dont Noël a pu affermir le Cœur Immaculé de Marie pour empêcher qu’il ne soit vaincu lors de sa participation intime à la passion de son divin Fils :

La félicité, l’extase de la nativité s’épanouit en moi pour tout le restant de ma vie comme une fleur dans le vase vivant de mon cœur. Joie indescriptible ; joie humaine et surnaturelle ; joie parfaite.

Durant le temps que mon Fils passa sur la terre, chaque soir, un douloureux rappel venait transpercer mon cœur : “Un jour d’attente en moins, un jour plus près du Calvaire”. Mon âme suffoquait de douleur sous une vague de tortures anticipant le flot des tourments qui me submergèrent au Golgotha. Je me penchais alors en esprit sur le souvenir de la béatitude de cette Sainte Nuit, restée vivante en mon cœur, comme on se pencherait en montagne sur une gorge étroite afin d’écouter l’écho d’un chant d’amour, ou pour anticiper la joie de la demeure lointaine.

Telle fut la force qui m’anima, tout au long de ma vie, et surtout à l’heure de la mort mystique qui fut mienne, au pied de la Croix. Dieu nous punissait tous les deux, mon doux Fils et moi, à cause des péchés du monde entier. Mais, pour ne pas Lui dire que le châtiment était par trop terrible, et que la main de Sa Justice pesait trop lourdement sur nous, j’ai dû, sous le voile des pleurs les plus amers que femme ait jamais pleurés, attacher mon cœur à cette Sainte Nuit. J’ai dû me souvenir de la lumière, de la béatitude, de la sainteté, de cette vision, levée devant moi, au Golgotha ; vision réconfortante venant de l’intérieur de mon âme qui me montrait combien Dieu m’avait aimée. Cette vision venue à moi d’elle-même, sans que j’aie eu à la chercher, était une joie sainte. Et tout ce qui est saint est imprégné d’amour ; et l’amour donne la vie, même aux choses apparemment inertes.

Voilà ce que nous devons faire quand Dieu nous frappe :

* Nous souvenir des temps où Dieu nous donna la joie, afin que nous puissions dire, au moment même des tourments : “Merci, mon Dieu. Vous êtes bon pour moi.”

* Accepter d’être réconforté par le souvenir du don qu’Il nous fit dans le passé afin que nous soyons fortifiés dans les souffrances présentes, lorsque nous sommes écrasés jusqu’au désespoir, comme des plantes écrasées par la tempête, afin que nous puissions ne pas désespérer de la bonté de Dieu.

* Veiller pour que nos joies soient réellement de Dieu, et non simplement humaines, choisies par nous et trop facilement étrangères à Dieu, comme tout ce que nous faisons ici-bas, quand nos joies se coupent de Dieu, de Sa Loi et de Sa divine Volonté. Nous devons rechercher la joie auprès de Dieu seul.

* Garder présentes à l’esprit la Loi et la Volonté divines pour les joies du passé aussi ; car le souvenir qui nous pousse à faire le bien et à bénir Dieu n’est pas répréhensible. C’est ainsi que Dieu nous encourage et nous bénit.

*Projeter la lumière de la joie passée sur les ténèbres présentes pour rendre ces ténèbres brillantes au point où, dans la nuit la plus noire, nous puissions encore voir la Sainte Face de Dieu.

* Adoucir un calice amer en évoquant un souvenir savoureux afin de pouvoir en supporter le goût horrible et le boire jusqu’à la lie.

* Sentir, par le précieux souvenir que nous chérissons, la caresse de Dieu, alors même que les épines se pressent sur notre front.

“Voilà les sept sources de bonheur, pansements des sept glaives qui transpercèrent mon Cœur Immaculé. C’est la leçon à tirer de Noël que je vous adresse. Avec vous, j’offre ces sources à mes enfants préférés. Je les bénis tous.”

Kyrie eleison.

Discussions Renouvelées ? – III

Discussions Renouvelées ? – III on décembre 15, 2018

Certains lecteurs de ces “Commentaires” seront peut-être mécontents de voir que, pour la troisième fois, nous revenons sur la rencontre entre le Cardinal Ladaria et l’abbé Davide Pagliarani qui s’est tenue à Rome le 22 novembre dernier. Il peut leur sembler qu’il s’agit là de simples disputes entre prêtres. Mais, catholique ou non, tout être humain souffrira les peines éternelles de l’enfer s’il ne sauve pas son âme. Pour cela, il est nécessaire d’agir en accord avec la doctrine catholique ; c’est pourquoi cette doctrine doit rester pure. Dans les années 1970, la Fraternité de Saint Pie X était la plus ardente à défendre au sein de l’Église la doctrine catholique contre la confusion de Vatican II. Mais voilà que, depuis 2012, la Fraternité se montre moins fidèle à cette doctrine. C’est pourquoi, il est légitime que tout être humain se préoccupe de savoir si, oui ou non, les discussions avec Rome vont venir à bout de la fidélité de la Fraternité à l’Église et à la doctrine de Notre Seigneur Jésus-Christ, unique Sauveur du genre humain.

Il y a deux semaines, ces “Commentaires” (EC 594) présentaient globalement le communiqué de presse du 23 novembre. Le siège de la Fraternité, à Menzingen, décrivait la rencontre de la veille entre l’abbé Davide Pagliarani, nouveau Supérieur Général de la Fraternité, et le Cardinal Ladaria, Préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi. Il y a une semaine, les “Commentaires” (EC 595) présentaient le texte intégral des troisième et quatrième paragraphes de ce communiqué de presse, avec leur lueur d’espoir pour que la Fraternité revienne sur la voie tracée par son Fondateur qui voulait défendre la doctrine de la foi. Mais lorsque le cinquième paragraphe concluait que les discussions doctrinales avec Rome doivent être reprises, la lueur s’assombrit. Pourquoi donc ? Parce que les discussions doctrinales entre Rome et la Fraternité ont déjà eu lieu entre 2009 et 2011 (EC 594) ; parce que les néo-modernistes romains d’hier et d’aujourd’hui n’arrivent plus à penser droit (EC 595) ; mais aussi parce que Rome n’a qu’un seul but dans ces discussions avec la Fraternité : mettre un terme définitif à sa résistance historique contre le Nouvel Ordre Mondial satanique.

On le sait : chaque fois que les communistes voulaient s’emparer d’un pays, le principal obstacle sur leur chemin était toujours l’Église catholique qui rejette catégoriquement – doctrinalement – le matérialisme athée des communistes. Mais les communistes ont appris à ne pas combattre les catholiques sur le plan de la doctrine, là où les catholiques fidèles sont les plus forts. Au lieu de cela, ils les ont invités à se joindre à eux dans une action commune, supposément pour le bien du peuple. Une fois établie la collaboration entre catholiques et communistes, ces derniers exploitaient les contacts pratiques qui en résultaient pour contourner le blocage doctrinal. La seule chose que les communistes ne voulaient pas, c’était que les catholiques rompent tout contact. Car sans contacts, il était impossible aux marxistes de subvertir les catholiques.

De même, il y a dix ans de cela, le Cardinal Castrillón Hoyos, employa la même tactique lorsque Rome lui demanda de négocier avec les prêtres de la Fraternité : “Commençons par un accord pratique”, leur disait-il ; une fois ensemble, nous réglerons les problèmes doctrinaux. Ce qui importe, c’est que nous arrivions d’abord à un accord pratique ». A l’inverse, Mgr Lefebvre ne cessait d’insister pour que la doctrine catholique passe avant tout. Hélas ! Les successeurs de Monseigneur ont pensé qu’ils savaient s’y prendre mieux que lui. Si bien qu’ils ont constamment cherché à entrer en contact avec les apostats romains, qui, logiquement, ont été ravis d’aller dans ce sens. De sorte que, depuis 2000, la Fraternité défend la Foi de plus en plus faiblement. Le sel est en train de perdre sa saveur. Si la Fraternité ne change pas sérieusement de cap, elle finira par être jetée et foulée aux pieds (Mt. V, 13).

L’autre problème qui se pose est de savoir si la Fraternité désire avoir des discussions avec Rome afin d’obtenir l’autorisation officielle de consacrer la nouvelle génération d’évêques dont elle a cruellement besoin pour assurer son apostolat de par le monde. Mais si elle ne veut pas consacrer de nouveaux évêques sans la permission de Rome, comment pourra-t-elle faire autrement que d’accepter les termes qui lui seront imposés ? En se mettant à mendier, la Fraternité fait que c’est Rome qui choisit, c’est Rome qui est au volant, évidemment. Or, s’il s’agit de défendre la Foi, les conciliaires n’ont rien à faire à la place du conducteur. Le nouveau Supérieur Général veut-il reprendre les discussions théologiques en vue d’obtenir une permission romaine ? Dieu le sait. Mais en tout cas, discuter avec Rome signifie que le Supérieur Général devra danser avec les loups. Mission à haut risque !

Kyrie eleison.

Reprise des Discussions ? – II

Reprise des Discussions ? – II on décembre 8, 2018

Le vendredi 23 novembre dernier, la Fraternité Saint Pie X publiait un communiqué de presse officiel faisant état de la rencontre de la veille entre le Supérieur Général de la Fraternité et le Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. Ce communiqué est plein de bonnes paroles ; reste à voir comment le nouveau Supérieur Général le traduira en actes.

Ce communiqué comprend sept paragraphes. Les deux premiers présentent le Cardinal Ladaria, l’abbé Pagliarani et leurs collaborateurs respectifs. Il précise que c’est à l’invitation du Cardinal que l’abbé Pagliarani s’est rendu à Rome afin de faire le point sur l’état des relations entre Rome et la Fraternité au cas où la situation a évolué depuis que l’Abbé Pagliarani a été élu Supérieur Général en juillet dernier. Les troisième et quatrième paragraphes situent le problème entre Rome et la Fraternité exactement là où il doit se situer, à savoir : sur le plan doctrinal. Voici le texte intégral de ces deux paragraphes :

(3) Au cours de l’entretien avec les autorités romaines, il a été rappelé que le problème de fond est bel et bien doctrinal, et que ni la Fraternité ni Rome ne peuvent l’éluder. C’est à cause de cette divergence doctrinale que toute tentative d’élaborer une ébauche de déclaration doctrinale acceptable par les deux parties n’a pu aboutir depuis sept ans. C’est pourquoi la question doctrinale reste absolument primordiale. (4) Le Saint-Siège ne dit pas autre chose lorsqu’il affirme solennellement que l’établissement d’un statut juridique pour la Fraternité ne pourra se faire qu’après la signature d’un document de caractère doctrinal.

Au cinquième paragraphe, les choses se précisent. Il affirme que «  Tout pousse donc la Fraternité à reprendre la discussion théologique », non que son objectif soit nécessairement de convaincre ses interlocuteurs, mais plutôt de porter devant l’Eglise le témoignage inconditionnel de la Foi. La fin du communiqué exprime la confiance de la Fraternité en la Providence. Son avenir est entre les mains de Dieu et de Sa Sainte Mère. (Fin du communiqué de presse)

Mais est-il utile, ou seulement prudent, de chercher à reprendre des discussions doctrinales avec les Romains ? On peut, hélas, se poser la question. Car, à l’issue des discussions qui s’étendirent de 2009 à 2011, l’un des quatre représentants de la Fraternité, porta ce jugement : “ Ce sont des malades mentaux ; néanmoins, ce sont eux qui ont l’autorité “. Cette appréciation ne visait nullement à discréditer les personnes, mais elle caractérisait avec précision l’incapacité des néo-modernistes romains à saisir l’essence même de la doctrine catholique, à savoir son caractère objectif, contraire à toute interférence avec la subjectivité. Par Sa parole, Dieu signifie ce qu’Il veut dire ; Il le dit par Son Église, si bien qu’il ne saurait être question d’adapter aux temps modernes – à l’instar de Vatican II – ce qu’a toujours dit Son Église sans jamais rien changer jusqu’au Concile. Les Romains d’aujourd’hui pourraient-ils être fidèles à l’Église de Dieu tout en l’étant à Vatican II ? Impossible ! À moins que ce ne soit des malades mentaux au point de faire l’impasse sur le principe de non-contradiction, ou bien, que la notion qu’ils ont de l’Église ne soit complètement erronée.

Cela étant, si le Saint-Siège publie un jour un communiqué de presse sur cette fameuse réunion du 22 novembre, il sera intéressant de voir comment les conciliaires présentent la perspective d’une reprise des discussions doctrinales. Certes, des discussions, ils en veulent ; mais uniquement dans l’espoir d’attirer le nouveau Supérieur Général hors de cette forteresse imprenable qu’est la doctrine de l’Église. Quant à leur propre doctrine conciliaire qui s’écarte de la Tradition, elle ne peut être que fausse. Les deux arguments principaux restant à leur disposition seront donc, comme d’habitude, l’autorité et l’unité, faisant fi de la doctrine. Mais que devient l’autorité catholique quand elle ne sert plus la Vérité ? Et qu’est-ce que l’unité catholique, si elle unit les gens autour d’un tas de mensonges visqueux (Vatican II) ? Hélas, l’autorité et l’unité sont les seules béquilles sur lesquelles les Romains conciliaires peuvent encore s’appuyer.

Honorable Monsieur le Supérieur Général, voici comment vous pourriez faire correspondre vos actes et vos paroles : rendez public un résumé clair et véridique des dernières discussions doctrinales de 2009–2011. Ne serait-ce pas là le moyen de corroborer vos propos doctrinaux du 23 novembre, en posant un acte véritablement inspiré par la doctrine ?

Kyrie eleison.

Discussions Recommencent ?

Discussions Recommencent ? on décembre 1, 2018

Au lendemain de la rencontre entre le Supérieur Général de la Fraternité Saint Pie X et le Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, la Fraternité a publié la semaine dernière un communiqué de presse qui ne suscitera qu’un optimisme réservé. Pourquoi donc ? Parce que, comme dit dit le proverbe : “Chat échaudé craint l’eau froide”. Or, durant la presque totalité des 20 dernières années, les catholiques traditionnels ont été échaudés par la prévarication politique de Menzingen, voulant faire passer l’approbation conciliaire avant la Foi catholique, tout en prétendant faire le contraire. Cependant, il y a place pour une lueur d’espoir, car ce communiqué de presse remet la Doctrine de la Foi à la place qui lui est due – la première.

Deux autres adages disent : “Est beau qui fait beau”, ou encore : “Les actes parlent plus fort que les mots”. C’est pourquoi les catholiques qui veulent garder la Foi, vont rester méfiants un moment, voire un long moment, tant qu’ils ne voient pas d’actes. Ils ne vont pas se contenter de bonnes paroles venant de Menzingen, surtout lorsque la conclusion pratique du communiqué de presse affirme que les discussions doctrinales entre Rome et la Fraternité doivent être reprises. Les discussions doctrinales ? Mais ne les a-t-on pas déjà tenues, entre 2009 et 2011 ? Et n’ont-elles pas suffi alors pour aborder toutes les questions principales ? Et n’ont-elles pas suffisamment démontré l’impossibilité de tout accord doctrinal entre la Tradition catholique et Vatican II ? Après quoi, en 2012, Menzingen renonça au bon sens de Mgr Lefebvre qui insistait : “Pas d’accord pratique SANS accord doctrinal” pour le remplacer par la folie de son successeur qui prônait : “Pas d’accord doctrinal ? DONC faisons un accord pratique !”, ce qui revient à dire tout le contraire ! Devant cette tromperie, qu’allait faire la Fraternité fondée par l’Archevêque ? Hélas, la plus grande partie emboita docilement le pas à cette forfaiture.

En renversant ainsi la proposition, avec le mot “donc” à la place du “sans”, on trahit, et le mot n’est pas trop fort, parce que dans la formule de Mgr Lefebvre, la doctrine de la Foi passe avant l’approbation des conciliaires romains, alors que dans la seconde formule, la Foi se retrouve en deuxième ou troisième position. Aussi depuis plusieurs années peut-on accuser la Fraternité d’avoir poursuivi comme priorités, en premier lieu la reconnaissance officielle par la Rome conciliaire, ensuite l’unité au sein de la Fraternité et avec Rome et, pour finir, la Foi. Or d’un point de vue catholique, quelle peut bien être la valeur d’une reconnaissance par des non-catholiques, tels que les tenants de Vatican II ? Et pour les catholiques à quoi servirait une unité, sous quelque forme que ce füt, avec les conciliaristes ? Ce qui nous a deçu en 2012, c’était le manque de réaction de la part de tant de prêtres formés par Mgr Lefebvre. Mais il est vrai que nous vivons tous dans un monde où “endoctrinement” est devenu un gros mot, et où la plupart des gens préfèrent avoir dans la tête de la bouillie maçonnique, parce qu’elle les libère des dix Commandements . . .

N’empêche, les catholiques qui désirent encore aller au Ciel veulent toujours garder la Foi. En effet – parole de Dieu – sans la Foi il est impossible de plaire à Dieu (Hébreux XI, 6). Or, comment arriver à Son Ciel à Lui sans Lui plaire ? A tout le moins, le communiqué de presse mentionné plus haut, permettra-t-il aux catholiques, échaudés par la profonde apostasie qui les entoure, de nourrir une petite lueur d’espoir car, à défaut d’autre chose, ce communiqué annonce, en paroles, l’intention de Menzingen de remettre la doctrine de la Foi à la première place. En actes, voici quelque chose que le nouveau Supérieur général pourrait faire tout de suite : c’est de rendre public un résumé clair et véridique de l’enregistrement des discussions doctrinales de 2009–2011. Cela nous a été promis à l’époque, promesse jamais tenue.

Tout cela étant dit, M. l’abbé. Pagliarani aura-t-il la vision et la force nécessaire pour poser les actes qui correspondent à la primauté de la Foi ? Le temps seul le dira. En toute justice, il a encore besoin de temps pour faire faire un demi-tour en pleine mer au grand pétrolier qu’il dirige, et en tout état de cause il a besoin de nos prières. Que la très Sainte Vierge veuille le protéger s’il veut vraiment redresser la barre de la Fraternité, car c’est une lourde tâche qui l’attendrait et cela risquerait d’être un rude combat.

Kyrie eleison.