Les Commentaires Eleison

“Désorientation Diabolique”

“Désorientation Diabolique” on novembre 24, 2018

Il y a belle lurette qu’un certain nombre de catholiques, éclairés sur le complot judéo-maçonnique visant à détruire l’Église, considèrent les ecclésiastiques aux commandes depuis Vatican II comme de véritables criminels. Toutefois parmi les catholiques beaucoup ne sont pas encore prêts à tirer une conclusion aussi radicale. Cela vient des sentiments de charité et de respect pour les prêtres qu’on leur a inculqués. Mais en 2018, la pourriture de Vatican II remonte de plus en plus à la surface, si bien qu’on ne peut plus guère se faire d’illusions. Voici, à ce sujet, le témoignage d’un prêtre américain n’appartenant pas à la FSSPX :—

« Il est absolument indispensable, écrit-il , d’adopter une position ferme face à la situation qui ravage l’Église. Les paroles de Sœur Lucie, parlant de “désorientation diabolique” me rappellent une interview, publiée en 2001 dans la revue 30 Giorni, largement lue dans la Curie romaine. Le P. Gabriel Amorth était alors l’exorciste en chef du Vatican. En commentant le rite de l’exorcis me nouvellement révisé, il disait que ce rite nouveau était édulcoré au point qu’il en devenait pratiquement inefficace contre le Diable. Sœur Lucie avait donc parfaitement raison : il s’agit là d’une véritable “désorientation diabolique”. Mais depuis 2001, les choses se sont encore aggravées. En effet, pourquoi Satan se serait-il arrêté là ? Pour lui, ce n’était qu’un début.

En effet, certains dénoncent le nouveau rite d’ordination sacerdotale comme étant invalide tandis que l’usage du rite traditionnel demeure interdit. Pour l’amour du ciel, comment cela se peut-il ? Le plan de la Néo-église est-il de débarrasser le monde de tout sacerdoce valide ? Comment pourrait-on mieux ouvrir la voie à l’Antéchrist ? Sans forme valide pour les exorcismes, comme l’affirme le Père Amorth, et sans sacerdoce valide, l’humanité n’est-elle pas livrée sans défense aux attaques du démon ? Ceux qui sont au pouvoir dans l’Église depuis Vatican II, poursuivent aussi vite que possible un plan depuis longtemps élaboré. J’en suis intimement persuadé. La hiérarchie de l’Église ne croit plus à l’utilité des sacrements. Luther pensait déjà ainsi. Mais cet hérétique n’est-il pas célébré sous le Pontificat actuel ? N’a-t-il pas sa statue au Vatican ? C’est de la folie furieuse !

Pour ce qui est du monde, c’est le chaos aux États-Unis. Le pays est divisé contre lui même ; la haine s’y déchaîne contre tout ce qui est juste et vrai ; on y déteste tout ce qui vient de Dieu, mais on se délecte des disputes et de la laideur ; l’Église est maintenant tenue pour rien, alors qu’autrefois elle était un lieu de réconfort et de paix. Il suffit d’assister à la Nouvelle Messe pour souhaiter la disparition de tous les néo-évêques !

Sincèrement, je ne pense pas que des moyens purement humains suffisent désormais à restaurer l’Église. L’influence diabolique y est trop enracinée ; les véritables intentions de Vatican II se manifestent maintenant au grand jour. Cinquante ans de lavage de cerveau et cinquante ans d’acquiescement forcé ont rendu les catholiques aveugles, voire pire : indifférents à tout ce qui se passe. Le Diable semble avoir réussi à détruire ce qu’était autrefois l’Église. Mgr Lefebvre a monté une Opération-Survie, mais voilà maintenant que Satan veut infiltrer et détruire ce qui reste encore de son fsspx et de la Tradition. Lentement mais sûrement, le Diable les mène où il veut : il refait ce qu’il a déjà fait avec les évêques de l’Eglise préconciliaire. Peut-être les dirigeants de la Fraternité se rendent-ils compte qu’ils se sont trompés ? En tout cas, s’ils insistent pour jouer avec le feu, ils se brûleront inévitablement.

Certes, les apparences peuvent faire croire que l’homme règne ici-bas dans l’Église et dans le monde. Mais en fait, c’est l’influence diabolique qu’on trouve bel et bien à l’origine de cette confusion et de cette pure folie. Les réactions de scepticisme de la plupart des catholiques m’ont d’abord fait hésiter à désigner les hommes d’Église comme les vrais coupables, mais on ne peut plus hésiter. Si ce que dit l’Apocalypse s’applique ici, alors peut-être n’y a-t-il plus rien qui puisse enrayer le désordre, hormis le Christ, qui seul rétablira l’ordre. Mais Il nous a prévenu : il ne subsistera qu’un petit reste. »

Kyrie eleison.

Une Consécration Imminente ?

Une Consécration Imminente ? on novembre 17, 2018

Une rumeur va bon train dans la tradition catholique. Il se dit que la Fraternité Saint Pie X verra bientôt la consécration d’un nouvel évêque, voire de plusieurs. Certes, les rumeurs ne sont jamais à prendre trop au sérieux, mais d’un autre côté, il n’y a pas de fumée sans feu. Dans le cas présent, il ne fait aucun doute que la FSSPX a besoin de nouveaux évêques : depuis un certain temps, la santé de Mgr Tissier est chancelante ; Mgr de Galarreta, qui est maintenant Premier Assistant, doit se trouver désormais absorbé par l’administration des affaires de la Fraternité pour le monde entier ; ce qui ne laisse toute liberté qu’à Mgr Fellay de voyager par monts et par vaux pour assurer, à lui seul, Confirmations et Ordinations. Indubitablement, il y a bien là un fondement à la rumeur d’une nouvelle consécration.

Mais la rumeur va plus loin. Elle dit que la, ou les, consécrations épiscopales se feront avec l’approbation de Rome. C’est ce point précis qui mérite d’être pris en considération. Car, même si la rumeur est fausse, nous avons là l’exemple le plus parlant de l’impasse dans laquelle la Fraternité se trouve engagée par sa politique quêtant une approbation officielle des autorités conciliaires romaines. Examinons l’alternative suivante : si l’évêque élu recueille l’approbation de conciliaires impénitents, comment pourra-t-il plaire aux vrais traditionnalistes ? Mais, s’il jouit de l’approbation des vrais traditionalistes, comment pourra-t-il plaire en même temps aux maîtres conciliaires de Rome ? Seuls trois cas de figures peuvent résoudre cette énigme : ou bien les conciliaires renoncent aux théories de Vatican II ; ou bien les traditionnalistes passent à Vatican II ; ou bien les conciliaires et les traditionalistes s’accordent quelque part à mi-parcours, comme si 2+2 = 4, et 2+2 = 5, pouvaient tomber d’accord pour que 2+2 = 4,5.

Car quel besoin avons-nous encore de rappeler que la Tradition catholique et Vatican II sont intrinsèquement inconciliables ? Hélas ! Nous en avons grand besoin car, pauvres que nous sommes, nous ne cessons de vouloir le beurre et l’argent du beurre ; nous voulons toujours faire des ronds carrés, mélanger l’eau et le feu, frayer avec le diable cette vie durant, tout en conservant toutes nos chances de jouir de la béatitude céleste dans l’autre vie. Nous voulons tout et son contraire, si bien que tout système pour réconcilier Dieu avec le Diable se vendra toujours comme des petits pains, jusqu’à ce que, bien évidemment, le système choisi fasse faillite. Après quoi, on le remplacera immédiatement par un autre, pour faire la même chose avec le même résultat. L’échec est inévitable car, selon le mot de Mgr Butler, évêque anglican du XVIIIe siècle, “Les choses sont ce qu’elles sont, leurs conséquences seront ce qu’elles seront, pourquoi alors cherchons-nous à nous abuser ?”

En effet, alors que la Tradition catholique nous vient tout droit de Jésus-Christ, qui est Dieu, Vatican II (1962–1965) est simplement né du désir que nourrit l’homme moderne de concilier la religion de Dieu avec la modernité athée que nous a laissée la Révolution française. Parlant de Vatican II, le cardinal Suenens à gauche et Mgr Lefebvre à droite, ont tous deux affirmé la même chose, à savoir que le Concile, c’était 1789 dans l’Église : liberté religieuse, pour libérer les hommes de toute vérité du passé ; égalité, pour niveler toute hiérarchie venant de la vieille chrétienté ; fraternité, pour ériger le Nouvel Ordre Mondial au travers d’une fraternité maçonnique d’hommes sans Dieu. Bien sûr, Vatican II a partout échoué, sauf en ce qui concerne le but secret de ses concepteurs judéo-maçonniques : la destruction de l’Église de Dieu. Car tant que le Bon Dieu veut purifier Son Église, Il laisse à Ses ennemis séculaires le pouvoir de la flageller, si bien qu’actuellement les autorités ecclésiastiques ne renoncent en rien à leur Concile mais s’acharnent à le mettre en œuvre plus que jamais.

C’est pourquoi, si ces mêmes autorités conciliaires approuvent la consécration d’un évêque pris au sein de la FSSPX, autrefois traditionnelle, ce ne peut être que pour parfaire la dissolution de tout reste de résistance à leur Néo-église maçonnique. Et si les traditionnalistes approuvent l’évêque consacré, alors qu’il plaît à la Néo-église, cela ne pourra être que parce qu’ils perdent leur foi catholique sous l’écrasante pression de l’apostasie mondiale actuelle. “Caveant consules”, disaient les Latins. « Que ceux qui sont aux commandes prennent garde ! ».

Kyrie eleison.

Un Vrai Héros

Un Vrai Héros on novembre 10, 2018

Le 21 octobre dernier, le professeur Robert Faurisson est décédé à Vichy (France). Avec lui, s’est éteint l’un des rares héros dont notre pauvre monde moderne pouvait encore s’enorgueillir. C’était un vrai héros car il fit preuve, dans notre monde menteur, d’un courage sans faille et d’une rectitude scrupuleuse pour la vérité, alors qu’il traitait une question revêtant une importance déterminante pour toute l’humanité. Son courage pour défendre la vérité lui valut la perte de son emploi, les souffrances de sa famille, dix agressions physiques dont l’une l’a laissé pour mort, l’isolement professionnel et une interminable série de procès de la part d’ennemis acharnés. Néanmoins, il sut toujours observer envers eux politesse et respect. Ce style de vie, il le maintint pendant plus de 40 ans, sans jamais hésiter dans son service de la vérité.

Il est mort au champ d’honneur. Il venait tout juste de rentrer chez lui, après avoir donné une dernière conférence publique dans la ville où il est né, il y a de cela près de quatre-vingt-dix ans, à Shepperton, en Angleterre. Ce devait être son chant du cygne. Il eut encore ce jour-là une conversation avec un ami italien qui nous confie ceci : “ Le professeur était clairvoyant, équilibré et se tenait bien droit comme à l’accoutumée. Mais il était fatigué, très fatigué, si fragile qu’il semblait presque transparent. Il avait le sentiment que sa tâche était terminée. De fait, cet homme, d’une bravoure incomparable, avait bien accompli sa mission.” Et l’ami poursuit : “Il laisse derrière lui une immense contribution à la cause Révisionniste ( . . . ) Des ennemis remplis de haine ont cherché à l’empêcher d’écrire, même de vivre ; mais il s’est toujours relevé, sans peur, ne s’écartant pas d’un iota dans sa quête de la vérité.

Beaucoup de lecteurs de ces “Commentaires” savent ce qu’il faut entendre par “Révisionnisme”, et pourquoi son importance concerne tout le monde, catholiques y compris. Comme l’a dit George Orwell, “Le moyen le plus efficace de détruire les gens est de nier, puis d’anéantir, la compréhension qu’ils ont de leur histoire.” Les Révisionnistes sont des historiens qui constatent aujourd’hui, partout dans le monde, des gens en train de se faire détruire par une version mensongère de leur histoire, en particulier par les falsifications concernant la Seconde Guerre mondiale. C’est pourquoi les Révisionnistes font tout ce qui est en leur pouvoir pour en rétablir la vérité. Car (encore une citation d’Orwell) : “Qui contrôle le passé contrôle le futur . . .”, ce qui veut dire que celui qui écrit les livres d’histoire passée, contrôle le futur par l’influence que l’histoire exerce sur l’esprit des gens, et “ qui contrôle le présent contrôle le passé”, ce qui veut dire que, dans la mesure où les maîtres politiques du moment utilisent leur pouvoir pour contrôler les livres d’histoire, par là ils contrôlent le futur.

Or, ceux qui détiennent aujourd’hui le pouvoir mondial sur la politique et les médias sont des gens qui veulent instituer un Nouvel Ordre Mondial sans Dieu. Aussi comprennent-ils parfaitement George Orwell. Pour cette raison, ils ont fabriqué une version de la Seconde Guerre mondiale affreusement falsifiée, jusqu’à la faire coïncider avec une religion fabriquée de toutes pièces. Ce qu’ils veulent, c’est remplacer le christianisme. Beaucoup pensent aujourd’hui que la vérité n’a pas beaucoup d’importance et que le christianisme n’a pas beaucoup d’importance non plus ; de ce fait, ils supposent que, si le Nouvel Ordre Mondial prenait le pouvoir, ils ne devraient pas avoir de problèmes particuliers. Mais en fait, ils vont subir de plein fouet une tyrannie mondiale, une sorte de prélude à l’Antichrist. Par contre, instruit par les 72 ans d’horribles souffrances de la Russie vécus par les Russes sous le joug du communisme impie, Soljenitsyne n’a-t-il pas mis en garde contre la construction d’une nation, d’un continent ou d’un monde sur le mensonge ? De même, le professeur Faurisson avait horreur des gens qui fondaient leur monde sur le mensonge ; il a consacré sa vie à rétablir la vérité. Et en le persécutant pendant des dizaines d’années alors qu’il disait simplement la vérité, ses pauvres ennemis ont administré la preuve de l’importance et de l’efficacité de ce qu’il faisait.

De plus, il n’attendait aucune récompense céleste pour son dévouement à la vérité, car il se disait athée. Pourtant, il aimait les enfants, il n’a jamais refusé une bénédiction, et il en était même heureux. Mais désormais, comme le remarquait une de ses sœurs, après avoir dû se présenter devant une série de juges injustes, presque tous agenouillés devant le Nouvel Ordre Mondial, il a paru devant le Juge Suprême, le Juste Juge : Notre divin Seigneur. Comment Notre Seigneur l’aura-t-il jugé ? Deux choses sont certaines : premièrement, rien dans toute sa vie n’aura été aussi important que ce jugement, et deuxièmement, son mérite était grand devant les hommes, mais ce n’est pas la même chose que de mériter devant Dieu. Que Dieu lui ait octroyé, au tout dernier moment, une grâce spéciale de conversion n’est pas exclu . . . . Espérons donc, et prions pour le repos de son âme. Mt. XXI, 28–29 nous donne plus que le droit de faire ainsi.

Kyrie eleison.

T.F.P. sur le Libéralisme

T.F.P. sur le Libéralisme on novembre 3, 2018

Quels qu’aient été, à ses débuts, les défauts de l’organisation connue sous le titre de la T.F.P. (Tradition, Famille, Propriété), et quels qu’ils soient encore aujourd’hui, nous constatons avec plaisir qu’elle fait actuellement du bon travail aux Etats-Unis. Dans une lettre circulaire paraissant régulièrement (disponible sur tfp@tfp.org), cette organisation publie de courts essais sur trois sujets qui permettent d’expliquer le rôle que la foi catholique doit jouer dans notre monde démoniaque. Ces essais ne sont ni trop abstraits, pour que tout lecteur puisse les comprendre, ni trop superficiels. Sans être infaillibles, ils font preuve de réflexion et de bon sens. Ils abordent souvent des problèmes importants touchant l’Église et le monde actuel. Voici par exemple, tiré de la lettre américaine T.F.P. du mois dernier, un résumé des “Quatre caractéristiques de l’esprit libéral qui détruisent la société” :—

Le morcellement de la société actuelle et sa division entre deux pôles est le signe indubitable que quelque chose va terriblement mal. Les conservateurs jettent souvent la pierre aux militants libéraux qui sont à l’œuvre en politique et dans les médias, mais l’activité dissolvante de ces libéraux provient en fait de toute une mentalité libérale, partout répandue. Par exemple, peut-on encore trouver quelqu’un qui refuse les principes du libéralisme classique tels qu’ils sont inscrits dans la Constitution américaine ? Or, ces principes étaient modérés à l’époque par l’héritage chrétien américain, mais cet héritage chrétien étant maintenant largement répudié et ces principes toujours mieux acceptés, ce n’est qu’aujourd’hui que la plénitude de leur pouvoir corrosif se manifeste. Pour comprendre d’où vient le chaos actuel, examinons donc quatre caractéristiques de la mentalité libérale.

1 L’esprit libéral fuit toujours la vérité objective. Voulant paraître plus gentilles et charitables que les “conservateurs sans cœur”, d’une demi-vérité à l’autre les libéraux glissent dans des erreurs qu’ils ont commencé par refuser. Au départ par exemple, les libéraux pourront bien s’opposer au crime, mais dans la pratique ils le promeuvent en se montrant laxistes à l’égard des criminels, en raison de supposées injustices que ces derniers ont pu subir.

2 Pour remplacer la vérité objective, désagréable et impersonnelle, l’esprit libéral est toujours à la recherche d’opinions subjectives plaisantes, ou de jugements personnels, afin de se légitimer dans sa propre manière de penser et d’agir. Un exemple classique vient d’une décision de la Cour Suprême en 1992, qui prétendait justifier l’avortement : “Au cœur de la liberté se trouve le droit de définir sa propre conception de l’existence, du sens de l’univers et du mystère de la vie humaine.”

3 L’esprit libéral définira toujours la liberté à travers, comme le droit de faire ce que l’on veut. Par cette définition erronée, les lubies et l’utopie peuvent finalement prendre le dessus. Les libéraux mettent alors en doute tout ce qui contredit leurs lubies, mais jamais ce qui les confirme.

4 L’esprit libéral déteste toujours les règles et les lois. Systématiquement il les trouve trop restrictives. En réalité, les lois consistent pour toute société en des préceptes raisonnables, proposés par l’autorité compétente, comme étant essentiels au bien commun de la société. Mais les libéraux ne supportent même pas les règles du vêtement et de la grammaire si à leur goût ils y subissent trop de restrictions ! Ainsi, pour remplacer le vrai Dieu de la Justice qui est le Dieu des Dix Commandements, ils fabriquent leur propre dieu, un dieu avant tout de compassion qui sera un dieu de dix Recommandations.

Bref, ces quatre caractéristiques sont toutes centrées sur le moi. Selon le libéralisme, chacun détermine pour lui-même ce qui est vrai et ce qui est faux, ce qui est bien et ce qui est mal. C’est ainsi que s’effondre la société.

Car en réalité, le libéralisme en tant que tel est incapable de créer un ordre social ou une société, il ne peut que produire un naufrage social. S’il a survécu jusqu’à présent, c’est uniquement grâce à la solidité de l’ordre chrétien dont il a hérité, mais qu’il sape dans ses fondements. Les libéraux dépendent de ce qu’ils détruisent et détruisent ce dont ils dépendent. En 2018, ils nous rapprochent toujours plus du chaos. Le libéralisme est intrinsèquement antisocial. Aucune société ne peut être faite de membres antisociaux. Le libéralisme ne peut que rendre les gens de plus en plus seuls, isolés et frustrés. En rendant sacro-saint l’individu, il ne peut que transformer la vie humaine toujours plus en une guerre de tous contre chacun, en une croisade d’affrontements mutuels sans fin.

Kyrie eleison.

La Dérive Continue

La Dérive Continue on octobre 27, 2018

“Pas d’ennemis à gauche”. Tel est l’aphorisme classique des démocrates de tout poil, des socialistes, des communistes, etc. Cela veut dire qu’en politique, quand on se bat à gauche, on ne doit jamais se battre contre une autre personne qui se bat également à gauche, à moins que celle-ci ne vire à droite. Dans le domaine religieux, le même aphorisme s’applique comme suit : quand on se bat pour la Tradition catholique, on ne doit jamais se battre contre autre personne qui se bat également pour la Tradition, à moins que celle-ci ne soit en train de l’abandonner. Autrement dit, aucun catholique de la Tradition ne devrait normalement attaquer la FSSPX qui, pendant plus de 40 ans, a rendu un service éminent à la Tradition. Or, hélas ! le chapitre intermédiaire de 2012 a montré que ladite Fraternité s’éloignait de la Tradition dans laquelle l’avait fondée Mgr Lefebvre ; et récemment, le chapitre de juillet dernier nous montre encore que cette glissade semble s’éterniser. C’est pourquoi, bien que nous n’ayons aucunement l’intention de porter ombrage à la vraie Fraternité, nous portons à la connaissance des catholiques comment cette glissade s’est poursuivie cet été.

La preuve ? Elle nous est donnée dans est une lettre circulaire émanant tout récemment de la Maison généralice de Menzingen qui lève le voile sur les décisions politiques prises par le chapitre de juillet dernier. Concernant les relations de la Fraternité avec Rome, le texte comprend cinq parties : les trois premières et la dernière contiennent quantité de pieuses considérations servant à encadrer la quatrième partie, laquelle est une présentation en règle, on ne peut plus officielle, de la politique de la Fraternité envers Rome. Citons-la en entier. Le texte en est si important pour l’avenir immédiat de la Fraternité que, sans aucun doute, chaque mot a été choisi par le chapitre avec un soin tout particulier. Chaque nuance doit en être alors aussi soigneusement pesée.

4a Il revient au Supérieur Général de décider de l’opportunité d’avoir des contacts avec le Saint-Siège. C’est à lui, avec la prudence et lorsque l’heure, dictée par la Divine Providence sera venue, d’examiner une modification du statut canonique, sans préjudice de la convocation préalable d’un Chapitre.

4b La Fraternité est une œuvre d’Église. De ce fait, elle n’a aucun accord à conclure avec le Saint-Père. Cependant, le moment venu, les véritables droits de la Fraternité finiront par être reconnus et codifiés canoniquement. C’est pourquoi les membres de la Fraternité sont invités à parler de manière plus appropriée, d’une “normalisation”, d’une “reconnaissance”, d’une “solution ou modification du statut canonique”, ou d’une “actualisation de notre approbation canonique”.

Commentaire du 4a – Certes, le Supérieur Général de la Fraternité doit dire quelles négociations avec Rome servent la Foi et comment il convient qu’elles soient menées. Cependant, tous les Chapitres de la Fraternité avant 2012 (1994, 2000, 2006), n’ont-ils pas clairement énoncé que toute soumission à la Rome officielle, toute réintégration, ou tout accord avec les romains, serait d’une importance telle pour la Fraternité que le Supérieur Général ne pourrait en décider seul, sans qu’un Chapitre Général complet intervienne (non simplement avec voix consultative mais avec voix délibérative, devant s’exprimer par un vote) ? Observons maintenant la nouvelle phraséologie employée : Parler de “ modification du statut canonique “ est une expression servant de feuille de vigne pour cacher l’inféodation de la Fraternité, fondée dans la Vérité par Mgr Lefebvre, à l’autorité mensongère de la Rome conciliaire. L’expression “sans préjudice” sonne comme une simple concession participative par la convocation d’un Chapitre – sans plus. Elle est loin d’équivaloir à “jamais sans” (c’est-à-dire nécessairement inclus avec voix délibérative devant s’exprimer par un vote). Notons également le présupposé suivant lequel le Supérieur général est assuré de décider en accord avec la Providence. Paul VI lui-même a-t-il jamais joui d’une garantie semblable ?

Quant au 4b – Certes, normalement, aucun subalterne ne passe d’accord avec un supérieur comme s’il était son égal, mais la Rome néo-moderniste n’est pas la Rome normale ! La Fraternité de Mgr Lefebvre servant la Vérité ne peut se mettre dans la position d’un mendiant par rapport aux modernistes actuellement en poste à Rome. A moins qu’elle ne cesse d’être dans la Vérité, car la Vérité n’a rien à mendier auprès de menteurs. En fait, la Néo-fraternité de 2018 a perdu toute emprise sur le désastre réel de la Néo-église issue de Vatican II ; et de fait elle perd son emprise sur la Vérité en général. Ainsi, les quatre expressions choisies par le Chapitre sont quatre feuilles de vigne destinées à prendre la place d’autres mots exprimant clairement la réalité. Ces quatre feuilles de vigne trahissent l’intention de la Maison générale de liquider la FSSPX pour la remettre aux ennemis de la Foi actuellement à Rome. Elles sont totalement déplacées. Elles camouflent la réalité de cette liquidation.

Kyrie eleison.

La « Résistance » Agit–Elle ?

La « Résistance » Agit–Elle ? on octobre 20, 2018

Cette fois, c’est une grand-mère qui écrit aux Commentaires Eleison pour faire état d’une préoccupation largement partagée par des lecteurs et des amis qui sympathisent en général avec les objectifs de la “Résistance”, mais qui se demandent ce que fait réellement ce mouvement pour les aider dans leur quotidien. Voici, légèrement résumé, le message qu’elle nous envoie :—

Je suis plutôt déçue de voir aujourd’hui le manque de gouvernance dans la Fraternité comme dans la Résistance. Nous soutenons la Résistance mais nous ne savons pas ce qu’elle fait. Récemment, vous avez consacré trois évêques, mais quelle est leur véritable mission ? Que font-ils pour apporter aux fidèles espérance et réconfort ? Nous n’entendons jamais parler d’eux non plus. Ne peuvent-ils pas former une sorte d’opposition à la Fraternité, en s’associant aussi ces bons prêtres bien capables qui ont quitté la Fraternité ? Dieu se contenterait-Il de nos seules prières ? Il y a quelques années, Il a suscité Mgr Lefebvre pour protéger Son Église. Va-t-Il maintenant laisser en panne les fidèles qui ont suivi l’Archevêque ? Je pense que beaucoup de Catholiques de la Tradition cherchent désespérément une direction ferme, que ce soit dans la Fraternité ou dans la Résistance.

Chère Madame,

Pour vous répondre, permettez-moi de commencer par un célèbre épisode de l’histoire romaine remontant avant Jésus-Christ. En 216 avant JC, l’armée romaine, normalement invincible, est partie se battre contre les Carthaginois commandés par Hannibal qui avaient envahi l’Italie et menaçaient la ville de Rome. Lors de la bataille de Canne, dans la région des Pouilles au sud-est de l’Italie, les Romains furent pris de vitesse par une manœuvre d’Hannibal, et se trouvèrent encerclés, puis massacrés par les Carthaginois. Ce qui plongea Rome dans la consternation. Que fallait-il faire ? Certains Romains étaient d’avis de lever une autre armée afin de poursuivre la lutte contre Hannibal. Mais le Consul Fabius conseillait d’éviter si possible l’affrontement et, tout en surveillant de près l’ennemi, il proposait d’attendre qu’ils rentrassent d’eux-mêmes chez eux. Le conseil était bon et a été suivi. Les Carthaginois finirent par rentrer chez eux, où, quatorze ans plus tard, leur armée fut écrasée par les Romains. “Fabius le Temporisateur” avait gagné.

Mais toute comparaison boite. Ainsi, après l’écrasante défaite de l’Église à Vatican II (1962–1965), oserait-on affirmer que Mgr Lefebvre eut tort de constituer, tant bien que mal, une petite armée pour continuer, quelques années plus tard, le combat contre les modernistes ? Évidemment non. Car Vatican II fut une bataille de grande ampleur qui laissa suffisamment de bons soldats pour que l’archevêque pût les rassembler dans une petite armée dans les années soixante-dix. A l’inverse, à partir de 2012, la glissade de cette petite armée fut une défaite qui laissa épars derrière elle beaucoup moins de soldats pour continuer le combat. La stratégie pourrait-elle être aujourd’hui la même que dans les années soixante-dix et quatre-vingt ? Sûrement pas. Car cette fois-ci, les soldats étaient souvent des enfants nés dans la période révolutionnaire des années soixante, voire plus tard, et ils ont d’autant moins le sens de l’obéissance, le sens d’une Église et d’un monde en ordre que ne l’avaient les catholiques d’après le Concile. En effet, qui peut nier qu’en 2010 le désordre et l’indiscipline ont encore bien augmenté par rapport aux années 1970 ? Au point où on peut se demander si aujourd’hui Mgr Lefebvre, malgré tous ses dons, aurait pu ou voulu mettre sur pied une “contre-Fraternité”. Oui, peut-être, ou peut-être pas . . .

En fait, en ces temps de guerre, les quatre évêques de la “Résistance” (plutôt un mouvement qu’une organisation), chacun dans la partie du monde où il se trouve, fait ce qu’il peut pour distribuer aux catholiques des rations de secours leur permettant de garder la Foi : la bonne doctrine, et des conseils pour le petit nombre qui en cherche, outre les sacrements que seuls les évêques peuvent conférer. C’est un service bien réduit qui n’a rien de flamboyant ni de sensationnel, mais peut-être assure-t-il un minimum vital. Si tel est le cas, que Dieu nous garde fidèles dans la foi.

Kyrie eleison.