droit

Libéraux Innocents ?

Libéraux Innocents ? on février 23, 2013

Voici quatre semaines le « Commentaire Eleison » répondit affirmativement à la question de savoir si le libéralisme est aussi horrible qu’on suppose qu’il l’est : au moins implicitement le libéralisme est la guerre contre Dieu. Restait la question de savoir si les nombreux libéraux qui nient être libéraux sont dans le vrai quand ils le nient. La réponse est sûrement que nous nous trouvons tous tellement immergés dans le libéralisme qu’il n’y a que peu parmi nous pour nous rendre compte à quel point nous le sommes.

Le libéralisme, au sens le plus large, c’est l’homme qui s’affranchit de la loi de Dieu, ce que fait tout homme lorsqu’il commet un péché. Donc, en ce sens plus large, tout pécheur est un libéral, et ainsi quiconque admet qu’il est pécheur doit admettre qu’il est libéral dans ce sens large. Néanmoins, une chose est de rompre la loi de Dieu tout en reconnaissant toujours que Dieu est Dieu et que sa loi est sa loi. Un tel pécheur n’est qu’un libéral pratique. C’est une chose tout à fait différente que de rompre la loi de Dieu en niant que Dieu soit Dieu et que sa loi soit sa loi. Voilà le libéral par principe, et voilà le libéralisme propre aux temps modernes.

Il fit irruption sur la scène avec la Révolution française de 1789. La charte de cette Révolution, la Déclaration des Droits de l’Homme, fut effectivement une déclaration de l’indépendance de l’homme face à Dieu. Dorénavant, même lorsqu’un homme quelconque obéirait à la loi de Dieu, il le ferait seulement en vertu de son propre choix et non en vertu de l’obéissance à quelqu’ordre ou commandement de Dieu. Dans un tel acte apparemment obéissant, il ne se comporterait pas comme un libéral en pratique, mais en tous ses actes il serait dans le fond un libéral par principe. C’est de ce libéralisme moderne que les catholiques d’aujourd’hui accusent souvent leurs adversaires. Ces adversaires ont-ils raison de nier presqu’aussi souvent qu’ils soient des libéraux ? Subjectivement, oui. Objectivement, non.

Subjectivement, oui, car depuis 1789 les hommes ne font que s’imbiber plus profondément des faux principes de la Révolution, de telle sorte que si on les accuse de se libérer de la loi de Dieu, ils peuvent sincèrement répliquer : « Quelle loi ? Quel Dieu ? De quoi me parlez-vous ? » C’est à ce point-là qu’ont été apparemment effacés des esprits Dieu et sa loi. Mais objectivement, non, car Dieu et sa loi n’ont évidemment pas cessé d’exister et, au fin fond d’eux-mêmes les hommes modernes le savent bien. Il est « inexcusable » de dire qu’Il n’existe pas (Rom.I,20), et Sa Loi est inscrite dans le cœur de tous les hommes (Rom.II,15), quoi qu’ils en disent par leur bouche. Le « sincèrement » mentionné ci-dessus exige des guillemets, car il ne vaut pas plus qu’il ne vaut devant le tribunal du Souverain Juge.

Alors, ces chefs de la Fraternité Saint Pie X qui essaient actuellement d’insérer la Fraternité dans l’Église Conciliaire, peuvent-ils nier qu’ils soient des libéraux ? Subjectivement, il n’y a pas de doute qu’ils sont convaincus qu’ils font ce qu’il y a de mieux pour l’Église, mais objectivement ils cherchent sans remords à mettre l’œuvre contre-Révolutionnaire de Mgr. Lefebvre sous le contrôle des autorités de l’Église qui elles s’efforcent de faire triompher une fois pour toutes la Révolution libérale. Ces chefs de la FSSPX disent que nous devons nous réunir avec l’Église visible parce qu’elle est l’Église catholique. Pourtant l’« église » Anglicane est bien visible sur tout le territoire anglais, mais est-elle catholique pour autant ? En outre, ces chefs ne peuvent ignorer à quel point ils faussent et suppriment les paroles de Mgr. Lefebvre pour les faire coïncider avec leur propre vision de l’Église

La triste vérité, c’est que ces libéraux n’ont jamais compris le fond du combat de Mgr. Lefebvre. Tant qu’il était en vie, ils étaient fascinés, comme tant parmi nous, par son charisme catholique, mais ils n’ont jamais compris la foi de Mgr Lefebvre, foi qui était à son charisme ce que la racine est au fruit. Ils ont aimé le fruit – c’est tout à leur honneur – mais quelques années après sa mort, le fruit sans la racine s’est mis à se flétrir et à mourir. Faute d’avoir compris sa foi, ils devaient nécessairement transformer la Fraternité de Mgr. Lefebvre en la leur propre, qui transformerait les ennemis de la foi à Rome en « nos nouveaux amis ».Voilà ce que nous avons vu. Voilà ce que nous sommes en train de voir. Que le Ciel nous vienne en aide !

Kyrie eleison.

Deux Voyages

Deux Voyages on janvier 19, 2013

Deux voyages entrepris depuis la mi-décembre, en Amérique du Nord et en France, m’ont permis d’observer dans la Fraternité Saint Pie X une indétermination dangereuse. Là où le Supérieur de District n’est pas aveugle, le danger est pour le moment quelque peu retardé, de telle sorte que la résistance se trouve dans un état d’attente. Cependant, là où le Supérieur de District est un serviteur volontaire du quartier général de la FSPX, alors le mouvement vers la Nouvelle Église va de l’avant, mais aussi la Résistance prend forme. Quel est l’enjeu ?

Depuis la cassure de la chrétienté par le Protestantisme, le monde s’est trouvé entraîné sur une pente qui l’éloigne de plus en plus de Dieu. Grâce au Concile de Trente (1545–1563), l’Église catholique a tenu ferme, mais suivant le Concile Vatican II (1962–1965), l’Église catholique officielle a rejoint la pente. Alors, surtout (mais pas seulement !) grâce à Mgr.Lefebvre (1905–1991), quelques restes de l’Église de Trente se rassemblèrent pour former au milieu du désert de la modernité un oasis catholique, la FSPX. Mais là où la puissante Église universelle n’avait pas été capable de résister, on pouvait se douter que ce n’était qu’une question de temps avant que la frêle FSPX ne fust tentée à son tour de la rejoindre sur la pente.

Cependant, tout comme lors de Vatican II les dirigeants de l’Église officielle se virent obligés de prétendre qu’Elle n’était pas en rupture avec l’Église Tridentine (voilà, par exemple, ce que nous observons dans l’« herméneutique de la continuité » de Benoît XVI), de même les dirigeants de la FSPX officielle se voient maintenant obligés de prétendre qu’ils ne sont pas en rupture avec Mgr. Lefebvre. Ce qui fait que, tout comme la plupart des politiciens des cinq derniers siècles, ces leaders de la FSPX parlent à droite tandis qu’ils marchent à gauche, parce que c’est ce que beaucoup de peuples désirent, à savoir, l’apparence de la chrétienté sans sa substance (cf. II Tim.III,1–5, en particulier le verset 5). Comme Descartes, de tels leaders « avancent masqués », essayant de déguiser leur mouvement vers la gauche sous des paroles vers la droite, ou des paroles nettement ambigües.

Ce qui est arrivé dans la FSPX au printemps dernier, comme le dit l’Abbé Chazal, c’est que le masque est tombé, parce que la direction de la FSPX devait avoir calculé que le temps était venu pour elle de promouvoir en plein jour son retour dans le courant majoritaire de l’Église. Hélas pour ces leaders, il y apparut à ce moment là entre mars et juin assez de résistance pour bloquer le Chapitre Général de la FSPX du mois de juillet dans tout éventuel essai à ce moment-là de rejoindre la Nouvelle Église. Mais à partir du Chapitre le masque fut de nouveau mis en place, car les libéraux ne se convertissent pas, à moins d’un miracle de la grâce, la gauche étant pour eux leur véritable religion. C’est pourquoi les leaders de la FSPX sont sûrement dans l’attente pour que les choses murissent, pour que le monde moderne, la chair et le diable continuent leur œuvre normale d’attirer les prêtres et les fidèles de la FSPX vers la gauche. Comme cela, d’ici quelques années au plus, il n’y aura plus de résistance comme celle de l’été dernier pour empêcher que la FSPX ne rejoigne la Nouvelle Église.

Ceci laisse la FSPX au milieu du gué. Cependant, ainsi qu’avec son bon sens Mgr. Lefebvre le soulignait, ce sont les supérieurs qui façonnent les inférieurs et non l’inverse. C’est pourquoi, à moins d’un miracle qui éloigne les leaders actuels de la FSPX, elle est condamnée à se dissoudre dans la Nouvelle Église. Un tel châtiment n’aurait pas été volé. Mais prions la Mère de Dieu pour qu’elle obtienne un miracle de la miséricorde de son Divin Fils.

Kyrie eleison.

Sarto, Siri ?

Sarto, Siri ? on septembre 29, 2012

Lors d’un sermon pour la fête de Saint Pie X, je me suis surpris à prononcer une « quasi-hérésie » : Je me demandais à voix haute si Joseph Sarto aurait désobéi à Paul VI lorsque celui-ci détruisait l’Église, si au lieu de mourir étant le Pape Pie X en 1914, il était mort comme Cardinal, disons en 1974. Dans la Fraternité Saint Pie X, cela doit ressembler à une hérésie car, comment la sagesse du patron céleste de la FSPX peut-elle être prise en défaut ? Néanmoins la question n’est pas inutile.

Dans les années 1970Mgr. Lefebvre entreprit quelques visites personnelles à un certain nombre de cardinaux et d’évêques de l’Église parmi les meilleurs, dans l’espoir d’en persuader au moins une poignée à offrir une résistance publique à la révolution de Vatican II. Il disait souvent que la résistance unie de rien qu’une demi-douzaine de ces évêques aurait pu sérieusement entraver la débâcle Conciliaire de l’Église. Hélas, ni même le Cardinal Siri de Gênes que Pie XII souhaitait avoir comme successeur, ne voulait faire un geste publique contre l’Église officielle Conciliaire. Finalement, Monseigneur de Castro Mayer s’associa en public à Mgr Lefebvre, mais pas plus tôt que dans les années ‘80, alors que la Révolution Conciliaire s’était déjà bien incrustée au sommet de l’Église.

Vient alors la question : comment fut-il possible que les meilleurs parmi les esprits les mieux préparés aient pu être aussi aveuglés ? Comment au moins quelques-uns parmi les meilleurs hommes d’Église de l’époque ne furent-ils pas en mesure de voir ce que l’Archévêque voyait, par exemple que la « loi » qui instaurait la Nouvelle Messe ne pouvait être en aucune façon une vraie loi, car il appartient à la nature même d’une loi d’être un ordonnancement de la raison pour le bien commun ? Comment Monseigneur Lefebvre put-il se trouver si relativement seul pour refuser qu’un principe de bon sens aussi fondamental se laissât étouffer par respect de l’autorité, alors que la survie même de l’Église était gravement menacée par Vatican II et la Nouvelle Messe ? Comment l’autorité put-elle arriver à prendre ainsi le dessus de la réalité et de la vérité ?

Je réponds que depuis sept siècles la Chrétienté glisse dans l’apostasie. Pendant 700 ans, avec de nobles interruptions telle la Contre-réforme, la réalité du catholicisme s’est vue lentement ronger par le rêve cancéreux du libéralisme, comme quoi l’homme doit se libérer de Dieu en libérant sa nature de la grâce, son esprit de la vérité objective, et sa volonté du bien et du mal objectifs. Pendant très longtemps, pendant 650 ans, les chefs de l’Église catholique se sont accrochés à la réalité et l’ont défendue, mais à la fin, la force du rêve de la modernité, fantaisie toujours plus éblouissante et séduisante, finit par pénétrer dans leurs os suffisamment pour que la réalité perdît son emprise sur leurs esprits et leurs volontés. La grâce venant à leur manquer, ainsi que le dit Saint Thomas Moreà propos des évêques anglais de son époque qui trahissaient l’Église catholique, les prélats de Vatican II laissèrent le rêve des hommes peser plus que la réalité de Dieu, et l’autorité peser plus que la vérité. Il y a ici des leçons pratiques pour le clergé comme pour les laïcs.

Chers confrères, à l’intérieur comme à l’extérieur de la FSPX, pour servir Dieu, prenons garde de ne pas réagir comme Joseph Siri alors qu’en réalité il nous faut réagir comme Joseph Sarto, avec ses magnifiques condamnations des erreurs modernes dans Pascendi, Lamentabili et Notre Charge Apostolique sur le Sillon. Et pour obtenir la grâce dont nous avons besoin dans cette crise la plus terrible de toute l’histoire de l’Église, nous avons terriblement besoin de prier.

Quant à vous, fidèles, si les horreurs de la vie moderne vous font avoir « faim et soif de justice », réjouissez-vous, si vous pouvez, de ce que ces horreurs vous maintiennent dans la réalité, et ne doutez pas que si vous persévérez dans cette faim et soif, « vous serez rassasiés » (Mt.V, 6). Bienheureux les pauvres en esprit, les doux, ceux qui pleurent, dit Notre Seigneur au même endroit. Quant à la protection la plus sûre pour éviter que vos esprits et vos cœurs ne soient pris par le rêve, priez cinq, ou mieux quinze, Mystères chaque jour du Saint Rosaire de Notre Dame.

Kyrie eleison.

Libéraux Maudits

Libéraux Maudits on décembre 3, 2011

Le libéralisme est une maladie épouvantable, qui emmène à l’Enfer éternel des millions et des millions d’âmes. Il « libère » l’esprit de la vérité objective et le cœur (volonté et affections) du bien objectif. Le sujet règne en maître suprême. C’est l’homme à la place de Dieu avec l’homme donnant à Dieu autant d’espace qu’il plaît à l’homme de lui laisser, ce qui d’habitude ne signifie pas beaucoup. Le Dieu Tout-Puissant est tenu en laisse, pour ainsi dire, comme un petit chien obéissant ! En fait, le « Dieu » des libéraux est une caricature du vrai Dieu. Mais « On ne se rit pas de Dieu » (Gal.VI, 7). Les libéraux sont châtiés en cette vie en devenant de faux croisés, de vrais tyrans, et des hommes efféminés.

Un exemple classique de faux croisés est celui des prêtres révolutionnaires en Amérique Latine, selon Monseigneur Lefebvre. Il disait souvent que les prêtres qui perdaient la Foi sous l’influence du mouvement modernisant dans l’Eglise, devenaient les plus terribles des révolutionnaires, car à la fausse croisade du Communisme ils apportaient toute l’énergie de la vraie croisade pour le salut des âmes, pour laquelle ils avaient été formés, mais à laquelle ils ne croyaient plus.

La vraie croisade étant pour Dieu, pour Jésus-Christ et pour le salut éternel, alors lorsqu’on y croit plus, cela laisse dans la vie des gens un vide énorme, qu’ils s’efforcent de remplir en se lançant à la croisade pour tout et pour n’importe quoi : pour l’interdiction du tabac (mais liberté pour le cannabis et l’héroïne) ; pour une interdiction de la peine de mort (mais liberté d’exécuter les gens de droite efficaces) ; pour l’interdiction de tyrans (mais liberté de tyranniser avec les bombes n’importe quel pays pour le mener à la « démocratie ») ; pour la sacralisation de l’homme (mais liberté d’avorter les bébés humains dans le ventre de leur mère) – la liste peut être allongée indéfiniment. Les contradictions que nous venons de mettre en lumière sont parfaitement conformes à la croisade des libéraux pour un ordre du monde totalement nouveau qui doit remplacer l’ordre du monde Chrétien. Ils prétendent qu’ils ne combattent pas le Christ, mais cette prétention devient de plus en plus difficile à maintenir.

Les libéraux deviennent aussi, logiquement, de véritables tyrans. Dès lors qu’ils se sont « libérés » eux-mèmes de tout Dieu ou Vérité ou Loi au dessus d’eux, il ne demeure que l’autorité de leur propre esprit et volonté pour imposer à leurs frères humains leur propre plaisir – « Stat pro ratione voluntas ». Par exemple, ayant perdu tout sens de la moindre Tradition limitant son autorité, Paul VI imposa à l’Eglise Catholique en 1969 son Nouvel Ordo de la Messe, compatible avec le Nouvel Ordre Mondial, malgré le fait que seulement deux ans plus tôt un nombre important d’évêques avaient rejeté un rite expérimental de la Messe substantiellement semblable. Que lui importaient les opinions de ses subordonnés, à moins qu’ils ne fussent des libéraux comme lui-même ? Ils ne savaient pas ce qui était bon pour eux. Lui le savait.

Logiquement encore, les libéraux deviennent efféminés, car ils ne peuvent s’empêcher de prendre toute contrariété comme une offense personnelle. Et pourtant une saine opposition à leur autoritarisme est fondée sur cette Vérité ou Loi au-dessus de tous les êtres humains, mais dont les libéraux ne tiennent aucun compte. C’est ainsi que Monseigneur Lefebvre a résisté au libéralisme de Paul VI, mais tout ce qui vint à l’esprit de Paul VI, c’est que l’Archevêque voulait prendre sa place comme Pape, ainsi que Paul VI le lui dit expressément, Il fut incapable de comprendre qu’il y avait une Autorité beaucoup plus haute que la sienne, sur laquelle l’Archevêque se fondait en parfaite tranquillité. Qui a besoin de s’inquiéter lorsqu’il s’appuie sur Dieu ?

Cœur Sacré de Jésus, donnez-nous de mériter les bons chefs qui ne viennent que de Vous.

Kyrie eleison.

Religion d’État ?

Religion d’État ? on novembre 26, 2011

Quel rôle devrait jouer l’Etat dans la protection et la promotion de la religion catholique ? Tout catholique qui sait que le Catholicisme est la seule vraie religion du seul vrai Dieu ne peut que répondre que l’Etat, étant lui aussi une créature de ce Dieu, a l’obligation de servir le mieux qu’il peut Sa vraie religion. D’un autre côté tout libéral qui croit que l’Etat n’est pas compétent pour dire quelle est la vraie religion puisque la religion est en tout état de cause l’affaire de chaque individu, répondra que l’Etat doit protéger le droit de tous ses citoyens à pratiquer la religion de leur choix, ou aucune. Voyons les arguments catholiques.

L’homme vient de Dieu. Sa nature vient de Dieu. L’homme est par nature social, ainsi son caractère social vient de Dieu. Or c’est la totalité de l’homme, et pas seulement une partie de lui (Premier Commandement), qui doit rendre un culte à Dieu. Ainsi le caractère social de l’homme doit rendre son culte à Dieu. Mais l’Etat n’est rien d’autre que la société formée par le caractère social de tous ses citoyens réunis ensemble dans leur corps politique. Par conséquent l’Etat doit rendre un culte à Dieu. Mais parmi tous les différents cultes nécessairement contradictoires les uns par rapport aux autres (autrement ils ne seraient pas différents), tous peuvent être plus ou moins faux mais certainement seul l’un d’entre eux peut être totalement vrai. Ainsi, s’il existe un tel culte, totalement vrai et reconnaissable comme tel, c’est le culte que chaque Etat, en tant qu’Etat, doit à Dieu. Or le Catholicisme est ce culte. Par conséquent chaque Etat, en tant qu’Etat, doit le culte catholique à Dieu, même l’Angleterre d’aujourd’hui ou Israël ou l’Arabie Saoudite !

Mais une partie essentielle du culte est de rendre à Dieu le service dont chacun est capable. De quel service l’Etat est-il capable ? D’un grand service ! L’homme étant social par nature, sa société a une grande influence sur sa façon de sentir, de penser et de croire. Et les lois d’un Etat ont une influence décisive sur la façon dont la société des citoyens se forme. Par exemple, si l’avortement ou la pornographie sont légalisés, nombreux seront les citoyens qui en viendront à penser que ces pratiques, une fois légales, ne sont pas si mauvaises. C’est pourquoi chaque Etat est obligé en principe de protéger et promouvoir par ses lois la foi et la morale catholiques.

Voilà qui est clair comme principe. Mais ce principe signifie-t-il que tout non-catholique doit être appréhendé par la police et brûlé sur le bûcher ? Bien sûr que non, car le but du culte et du service de Dieu est de lui rendre gloire et de sauver les âmes. Or, une action inconsidérée de la part de l’Etat aura l’effet opposé, à savoir de discréditer le catholicisme et de repousser les âmes. Pour cette raison, l’Eglise enseigne que même l’Etat catholique a le droit en pratique de s’abstenir d’agir contre une fausse religion lorsque cette action entraînerait un plus grand mal, ou empêcherait un plus grand bien. Mais le devoir de chaque Etat en principe de protéger la foi et la morale catholiques demeure intact.

Cela signifie-t-il qu’il faut imposer le Catholicisme aux citoyens par la force de l’Etat ? Pas du tout, car la croyance catholique n’est pas quelque chose qui puisse être imposée – « Personne ne croit contre sa volonté » (Saint Augustin). Mais cela signifie de fait qu’un Etat catholique peut ou doit interdire la pratique publique de toute religion autre que le Catholicisme là où une telle action n’entraînera pas normalement un plus grand mal. Cette conclusion logique fut niée par le Concile Vatican II parce que ce Concile fut libéral. Cependant ce fut la pratique commune dans les Etats Catholiques avant le Concile, et cette pratique aura aidé un grand nombre d’âmes à être sauvées.

Kyrie eleison.

Encadrement Moral

Encadrement Moral on avril 24, 2010

De par leur brièveté compréhensive et leur promulgation divine, les dix Commandements de Dieu (Deut. V, 6–21) présentent de façon insigne le droit naturel connu de tout homme par sa conscience naturelle, et qu’il ne peut ni nier ni braver qu’à son propre péril. Selon le « Commentaire Eleison » de la semaine passée, ce droit naturel rend facile le diagnostic des maux de l’art moderne. De fait, il rend facile le diagnostic d’un tas de problèmes modernes, mais voyons cette fois-ci sa structure, telle que la présentent les dix Commandements, analysés par St. Thomas d’Aquin dans sa Somme Théologique, 1a 2ae, 100, art.6 et 7.

Le droit est l’ordonnance d’une communauté par son chef. Le droit naturel est l’ordonnance par Dieu de la communauté des hommes avec lui-même, de lui-même avec les hommes. De cette communauté Dieu est le centre et la fin suprême, et alors la première « table de la Loi » présente les devoirs de l’homme envers Dieu (C.1, pas d’idoles, C.2 pas de blasphèmes, C.3 observer le Sabbat), tandis que la deuxième table (C.4–10) énumère les devoirs de l’homme envers son semblable.

Les trois premiers Commandements représentent en ordre descendant d’importance les devoirs de loyauté, de respect et de service envers Dieu. En effet, dit St. Thomas, tout comme pour un soldat dans une armée, le manque de loyauté envers son général, ou la trahison, est plus grave que le manque de respect, qui est pire que de manquer à son service, de même l’homme en face de Dieu doit tout d’abord n’avoir aucun autre dieu (C.1), ensuite n’injurier ni lui ni son nom en aucune façon (C.2), enfin lui rendre le service qu’il demande (C.3).

Quant aux devoirs de l’homme envers son semblable (C.4–10), ce qui prime absolument ce sont les rapports de l’homme avec le père et mère qui lui ont donné la vie. D’où en tête de la deuxième table de la Loi se place le devoir d’honorer ses parents (C.4). Cet honneur est d’une telle importance à l’existence de la société que sans lui toute société se désagrège, comme nous le voyons se passer aujourd’hui avec ce qu’on appelle la « civilisation occidentale » mais qu’on ferait mieux d’appeler la « désintégration occidentale ».

Quant aux six derniers Commandements, St. Thomas continue de les analyser selon un ordre descendant d’importance. Léser le voisin par ses actions est pire que simplement par la parole, ce qui est plus grave que de le léser seulement en pensée. Quant aux actions qui le lèsent, le mal que l’on fait à sa personne (C.5, pas de meurtre) est pire que celui fait à sa famille (C.6, pas d’adultère), qui est à son tour plus grave que le mal fait à sa propriété seulement (C.7, pas de vol). Léser le voisin par la parole (C.8, pas de mensonge) est pire que le léser en pensée seulement, et là encore en vouloir à son mariage ou à sa famille (C.9, pas de concupiscence de la chair) est plus grave qu’en vouloir seulement à sa propriété (C.10, pas de concupiscence des yeux).

Mais rompre tous les dix Commandements implique l’orgueil – appelé par les anciens Grecs « l’hubris » – qui fait que je m’élève contre l’ordre de Dieu, contre Dieu lui-même. Pour les Grecs, l’hubris était la clef de la ruine de l’homme. Pour nous autres aujourd’hui, cet orgueil qui se répand partout est la clef des problèmes affreux du monde moderne, problèmes insolubles sans Dieu, ce qui depuis l’Incarnation veut dire, sans Notre Seigneur Jésus Christ. Coeur Sacré de Jésus, sauvez-nous !

Kyrie eleison.