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L’Infaillibilité de l’Église – V

L’Infaillibilité de l’Église – V posted in Les Commentaires Eleison on mai 31, 2014

Le libéralisme signifie la guerre contre Dieu, et il poursuit et cause la dissolution de la vérité. Etant donné l’état de l’Eglise d’aujourd’hui, paralysée par le libéralisme, le sédévacantisme est une réaction compréhensible, mais il donne encore à l’autorité trop de pouvoir face à la vérité. Le monde moderne a perdu la vérité naturelle, à plus forte raison la vérité surnaturelle, et c’est là que se trouve le cœur du problème.

En ce qui concerne notre sujet nous pourrions diviser tout l’enseignement des Papes en trois parties. Premièrement, si le Pape enseigne en tant que Pape, sur la Foi ou la morale, d’une façon définitive et précise et de manière à obliger tous les Catholiques, il s’agit alors de son Magistère Extraordinaire (ME en abrégé), nécessairement infaillible. Deuxièmement, si le Pape n’engage pas toutes ces quatre conditions mais qu’il enseigne en conformité avec ce que l’Eglise a toujours et partout enseigné et imposé de croire aux Catholiques, alors son enseignement fait partie de ce qu’on appelle le « Magistère Ordinaire Universel » de l’Eglise (MOU en abrégé), infaillible lui aussi. Troisièmement, nous trouvons tout le reste de son enseignement, lequel, s’il est en rupture avec la Tradition, est non seulement faillible mais encore faux.

A ce stade il devrait être clair que le ME est par rapport au MOU comme la couche de neige est par rapport au sommet de la montagne. La couche de neige ne constitue pas le sommet de la montagne, elle ne fait que le rendre plus visible. Encore, ME est à MOU comme le serviteur au maître. Il existe pour être au service du MOU pour rendre clair une fois pour toutes ce qui appartient ou n’appartient pas au MOU. Mais ce qui rend le reste de la montagne visible, pour ainsi dire, c’est la continuité de ce point de doctrine avec ce qu’ont enseigné Notre Seigneur et ses Apôtres, en d’autres mots, avec la Tradition.Voilà pourquoi toute définition du ME se met en peine de montrer que ce qui est en train d’être défini a toujours, en réalité, fait partie de la Tradition. Cela faisait partie de la montagne avant d’être couvert de neige.

A ce stade il devrait aussi être clair que la Tradition dit aux Papes ce qu’ils doivent enseigner, et non l’inverse.Voilà la base même sur laquelle Monseigneur Lefebvre a fondé le mouvement Traditionaliste, et cependant c’est la même base – soit dit avec tout le respect convenable – que les libéraux et les sédévacantistes ne parviennent pas à comprendre.Qu’ils se souviennent, dans l’Evangile de Saint Jean, combien de fois Notre Seigneur lui-même, en tant qu’homme, déclare que ce qu’Il enseigne ne vient pas de Lui mais de Son Père, par exemple : « Ma doctrine n’est pas de moi, mais de celui qui m’a envoyé » (VII,16). Ou bien, « Car je n’ai point parlé de moi-même ; mais le Père, qui m’a envoyé, m’a prescrit lui-même ce que je dois dire et ce que je dois enseigner » (XII,49). Bien sûr, personne sur terre n’est davantage autorisé que le Pape pour dire à l’Eglise et au monde ce qui est dans la Tradition, mais il ne peut pas leur dire que dans la Tradition est ce qui n’y est pas.Ce qui est en elle est objectif, et vieux de 2,000 ans, il se situe au dessus du Pape, et met des limites à ce que le Pape peut enseigner, tout comme les consignes du Père Éternel ont mis des limites à ce que le Christ comme homme enseignerait.

Dès lors comment les libéraux comme les sédévacantistes peuvent-ils effectivement déclarer que le Pape est infaillible même en dehors du ME et du MUO ? Parce que ces deux groupes donnent à l’autorité plus d’importance qu’à la vérité, aussi voient-ils en l’autorité de l’Eglise non plus la servante mais la maîtresse de la vérité. Et pour quelle raison ? Parce qu’ils sont les uns comme les autres des enfants du monde moderne où le Protestantisme a bravé la Vérité catholique, et où le libéralisme depuis la Révolution Française entreprend de dissoudre toute vérité objective. Et s’il n’existe plus une quelconque vérité objective, alors bien sûr l’autorité peut dire n’importe quoi, folie que nous observons tout au tour de nous, et il n’existe plus rien qui puisse arrêter un Paul VI ou un Monseigneur Fellay de devenir de plus en plus arbitraire et tyrannique pour imposer ce n’importe quoi.

Sainte Mère de Dieu, obtenez pour moi d’aimer, de discerner et de défendre cette Vérité et cet ordre qui viennent du Père, aussi bien surnaturels que naturels, auxquels votre propre Fils était en tant qu’homme soumis, « jusqu’à la mort, et même jusqu’à la mort de la Croix ».

Kyrie eleison.

L’Infaillibilité de l’Église – IV

L’Infaillibilité de l’Église – IV posted in Les Commentaires Eleison on mai 24, 2014

Au Cardinal Newman est attribué un sage commentaire sur la définition en 1870 de l’Infaillibilité Papale : « Elle a laissé le Pape tel qu’elle l’a trouvé ». Certes, cette définition n’aura changé en rien le pouvoir du Pape d’enseigner infailliblement parce qu’il appartient à la nature immuable de la véritable Eglise de Dieu que Dieu la protégera de l’erreur, du moins lorsque sa suprême autorité enseignante se trouve engagée. Tout engagement semblable porte maintenant le nom de « Magistère Extraordinaire » de l’Eglise, mais seul le nom a pu être nouveau à partir de 1870, de même que le nom du « Magistère Ordinaire Universel ». En effet, si Vatican I a déclaré également ce dernier comme étant infaillible, lui aussi aura dû l’être depuis le début de l’Église. Pour discerner les réalités contenues sous les deux noms, remontons à ce début.

Au moment de l’Ascension de Notre Seigneur au Ciel, Il avait, avec sa divine infaillibilité, confié à ses Apôtres un corps de doctrine qu’eux-mêmes devaient transmettre intact à son Église jusqu’à la fin du monde (Mt.XXVIII, 19–20), doctrine que toutes les âmes devraient croire sous peine de condamnation (Mc.XVI, 15–16). Ce Dépôt de la Foi, ou Révélation publique, Dieu se devait à Lui-même de le rendre reconnaissable et accessible à toutes les âmes de bonne volonté, car il est évident que le vrai Dieu ne pourrait jamais condamner éternellement une âme pour avoir refusé de croire en une vérité inaccessible ou en un mensonge. À la mort du dernier Apôtre, ce Dépôt était non seulement infaillible mais aussi complet.

Mais après les Apôtres, et dans la suite des siècles, Dieu allait-Il protéger tous les hommes d’Église pour qu’ils n’enseignassent jamais l’erreur ? En aucune façon. Notre Seigneur nous a averti de nous garder des « faux prophètes » (Mt.VII, 15), et de même Saint Paul nous a mis en garde contre les « loups voraces » (Act.XX, 29–30). Mais comment Dieu pouvait-Il permettre un tel danger pour ses brebis que des pasteurs dans l’erreur ? C’est qu’Il ne veut pour son Ciel ni des pasteurs robots ni des brebis robots, sinon des pasteurs et des brebis, qui les uns comme les autres auront fait usage du libre arbitre que Lui-même leur a donné ou pour enseigner ou pour suivre la Vérité. Et si une masse de pasteurs trahit, Il peut toujours susciter un Saint Athanase ou un Monseigneur Lefebvre par exemple, pour assurer que sa Vérité infaillible reste en permanence au moins accessible aux âmes.

Néanmoins ce Dépôt se trouvera sans cesse exposé aux loups voraces lui ajoutant l’erreur ou lui soustrayant une partie de sa vérité.Alors, comment Dieu va-t-il le protéger malgré cela ? En garantissant que dès qu’un Pape engage toutes les quatre conditions de la plénitude de son autorité enseignante pour définir ce qui appartient à ce Dépôt et ce qui ne lui appartient pas, ce Pape sera divinement protégé de l’erreur – et voilà ce que nous appelons aujourd’hui le « Magistère Extraordinaire » (Observons comme ce Magistère Extraordinaire présuppose l’infaillible Magistère Ordinaire et ne peut ajouter à ce dernier ni vérité ni infaillibilité mais seulement une plus grande certitude pour nous autres hommes). Mais si le Pape engage quoique ce soit en moins que toutes les quatre conditions, alors son enseignement sera infaillible s’il correspond au Dépôt transmis par Notre Seigneur – ce qu’on appelle aujourd’hui le « Magistère Ordinaire Universel », mais faillible s’il ne se trouve pas dans ce Dépôt transmis, ou Tradition. Hors de la Tradition, son enseignement est faillible, contre la Tradition il est faux.

Ainsi il n’y a point de cercle vicieux (voir le CE 357 de la semaine dernière) parce que Notre Seigneur a autorisé la Tradition et la Tradition autorise le Magistère. Certes, c’est la fonction du Pape de déclarer avec autorité ce qui appartient à la Tradition et il est divinement protégé de l’erreur s’il compromet la plénitude de son autorité pour ce faire, mais il est capable aussi de faire des déclarations hors de la Tradition, auquel cas il ne jouira pas de cette protection. Or les nouveautés de Vatican II telles que la liberté religieuse et l’œcuménisme sont très éloignées de la Tradition de l’Eglise. Pour cette raison elles ne rentrent ni dans le Magistère Ordinaire du Pape ni dans son Magistère Extraordinaire, et toutes les billevesées de tous les Papes Conciliaires ne sauraient obliger aucun Catholique à se faire soit libéral, soit sédévacantiste.

Kyrie eleison.

L’Infaillibilité de l’Église – III

L’Infaillibilité de l’Église – III posted in Les Commentaires Eleison on mai 17, 2014

La folie des paroles et actes du Pape François pousse actuellement de nombreux Catholiques vers le sédévacantisme, ce qui est dangereux. En effet, croire que les Papes Conciliaires n’ont jamais été Papes peut débuter comme une opinion, mais trop souvent il faut constater que l’opinion se transforme en dogme et ensuite en un système mental blindé. Je pense que l’esprit de beaucoup de sédévacantistes se blinde parce que la crise sans précédent de Vatican II engendre dans leurs esprits et cœurs catholiques une grande angoisse, pour laquelle ils pensent avoir trouvé dans le sédévacantisme une solution de toute simplicité, en sorte qu’ils n’ont aucune envie de réouvrir l’angoisse en réouvrant la question. Ce qui fait qu’ils mènent rien de moins qu’une croisade pour que tous les Catholiques partagent leur solution simple, et ce faisant beaucoup d’entre eux – pas tous – finissent par faire preuve d’une arrogance et d’une amertume qui ne sont guère le signe ni le fruit de véritables Catholiques.

Or, ce « Commentaire » s’est abstenu jusqu’ici de prononcer avec certitude que les Papes Conciliaires aient été de véritables Papes, mais en même temps il a maintenu que les arguments sédévacantistes ne sont pas concluants, ni n’obligent en conscience un Catholique, comme certains sédévacantistes voudraient nous le faire croire. Revenons alors sur l’un de leurs arguments les plus importants, celui qui prend comme point de départ l’infaillibilité papale. Le voici : les Papes sont infaillibles. Or, les libéraux sont faillibles et les Papes Conciliaires sont des libéraux. Donc ils ne peuvent être de vrais Papes.

On a beau objecter qu’un Pape n’est nécessairement infaillible que lorsqu’il engage toutes les quatre conditions du Magistère Extraordinaire, à savoir lorsqu’il enseigne 1 comme Pape, 2 sur la Foi ou la morale, 3 de façon définitive 4 en sorte d’obliger en conscience tous les Catholiques. À cela les sédévacantistes comme les libéraux font la même réponse : l’Église enseigne que le Magistère Ordinaire Universel est lui aussi infaillible et donc – c’est ici le point faible de leur argument – dès que le Pape enseigne solennellement en dehors de son Magistère Extraordinaire, son enseignement sera nécessairement infaillible. Or, l’enseignement libéral de Vatican II est certainement solennel. Par conséquent nous n’avons qu’à nous faire sédévacantistes ou libéraux, selon bien sûr que c’est un sédévacantiste ou un libéral qui manie l’argument.

Mais ce qui distingue tout enseignement relevant du Magistère Ordinaire Universel, ce n’est nullement la solennité avec laquelle le Pape enseigne en dehors de son Magistère Extraordinaire, mais c’est le fait pour tel ou tel enseignement de correspondre ou non à ce que Notre Seigneur, ses Apôtres et virtuellement tous les évêques de tous les temps et tous les lieux ont enseigné, en d’autres mots à la Tradition. Or, l’enseignement Conciliaire (tel l’œcuménisme ou la liberté religieuse) est en rupture flagrante avec la Tradition. Donc un Catholique d’aujourd’hui n’est point obligé à se faire sédévacantiste ni libéral.

N’empêche, les sédévacantistes comme les libéraux s’accrochent à leur exagération de l’infaillibilité papale pour des raisons qui ne sont pas sans intérêt, mais cela c’est une autre histoire. De toute façon ils ne se rendent pas facilement, aussi reviennent-ils à la charge avec une autre objection qui exige qu’on lui réponde. Des deux côtés ils disent que maintenir que c’est la Tradition qui permet de distinguer le Magistère Ordinaire Universel, c’est entrer dans un cercle vicieux. En effet, si l’autorité enseignante de l’Église, son Magistère, existe pour dire ce qui est la doctrine de l’Église, comme c’est le cas, comment en même temps la doctrine en question peut-elle dire ce qui est le Magistère ? Ou le maître enseignant autorise la matière enseignée, ou l’inverse, mais les deux ne peuvent pas en même temps s’autoriser l’un l’autre. Donc, concluent-ils, le Pape est infaillible non seulement dans son Magistère Extraordinaire, et alors on est obligé par les Papes Conciliaires de se faire sédévacantiste, sinon libéral.

La raison pour laquelle il n’y a pas de cercle vicieux devra attendre le « Commentaire » de la semaine prochaine. Elle est aussi intéressante que la raison pour laquelle les sédévacantistes comme les libéraux tombent dans la même erreur à propos de l’infaillibilité papale.

Kyrie eleison.

D’abord, la Vérité

D’abord, la Vérité posted in Les Commentaires Eleison on mars 1, 2014

De nombreuses objections doivent exister à l’argument présenté dans les récents numéros de ce « Commentaire », selon lequel la Vérité Divine est antérieure à ses hérauts humains, et alors la faillibilité des Papes n’a pas besoin de nous préoccuper outre mesure, car la vraie Foi est derrière eux, au-delà et au-dessus d’eux. Mais voici l’objection classique : La Vérité en elle-même peut être au-dessus d’eux, mais pour nous êtres humains elle vient seulement à travers eux – « la Foi vient, en effet, de ce que l’on entend » (Rom. X, 17). C’est ainsi que Notre Seigneur a confié à Pierre (c’est-à-dire aux Papes) la charge de confirmer dans la Foi ses frères (Luc. XXII, 31–32). Et donc pour nous autres Catholiques les hérauts sont antérieurs à la Vérité puisque nous ne la recevons que par eux. Plus encore, l’Esprit Saint les guide (Jn. XVI, 13), et alors comment, pauvre moi, puis-je déterminer si ou quand l’Esprit Saint ne le fait plus ?

Dans l’Ecriture aussi se trouve la réponse. Saint Paul écrit à un troupeau que lui-même a instruit dans la Foi : « Mais, même si nous-même, ou un Ange du ciel vous prêchions un Evangile différent de celui que nous vous avons annoncé, qu’il soit anathème ». Et cette affirmation est si importante que Sain Paul la répète immédiatement : « Je l’ai déjà dit, et maintenant je le dis de nouveau : Si quelqu’un vous prêche un Evangile différent de celui que vous avez reçu, qu’il soit anathème » (Gal. I, 8–9).

Mais un Galate aurait pu objecter : « Pourquoi devons-nous croire en l’Évangile de ta première visite en Galatie et pas en un Evangile éventuellement différent lors d’une seconde visite ? Saint Paul donne tout de suite une première raison : « Parce que je vous fais savoir, frères, que l’Evangile prêché par moi n’est pas de l’homme. Car je ne l’ai reçu ni appris d’aucun homme, mais par révélation de Jésus- Christ » (Gal. I, 11–12). Et Saint Paul confirme ceci en racontant le peu de contact qu’il a eu avant le début de sa prédication avec ceux qui auraient pu le lui enseigner – les autres Apôtres – (Gal. I, 15–19). Ce fait était facilement vérifiable par les Galates, et St Paul va jusqu’à jurer aux Galates qu’il ne ment pas (Gal. I, 20). La deuxième raison, il la donne peu après : les miracles et les œuvres de l’Esprit Saint (Gal. III, 2–5) dont les Galates eux-mêmes avaient été témoins comme résultat direct de la prédication de Paul lors de sa première visite.

Ainsi, Paul prouve que Dieu non seulement lui a appris, mais aussi a confirmé aux Galates, l’Évangile de cette première visite, en sorte que s’ils désiraient sauver leur âme, ils seraient non seulement capables mais encore obligés de discerner par eux-mêmes la contradiction entre cet Évangile et n’importe quel autre. Et n’importe (Gal. I, 8) si le prédicateur de l’Evangile différent était un ange ou Paul lui-même – ou un Pape ! – les Galates auraient même dans ce cas le devoir d’en rester au premier Evangile de Paul. La Vérité avait été présentée devant leurs yeux (Gal. III, 1), et les Galates l’avaient reconnue et acceptée (Gal. III, 3), tout comme on reconnaît que 2 + 2 = 4. Ainsi elle avait priorité sur n’importe quel prédicateur qui la contredirait par la suite, quelle que fût l’autorité pour enseigner que celui-ci pût sembler avoir (Gal. I, 9).

Ainsi Monseigneur Lefebvre disait-il que pendant les 19 siècles entre Saint Paul et Vatican II, l’Eglise avait prêché exactement le même Évangile, provenant de Dieu et constamment confirmé par Dieu. En tant que révélé par Dieu, cet Évangile est la Révélation ; en tant que transmis par les hommes d’Église, il est la Tradition ; en tant qu’enseigné avec autorité par l’Église, il est son Magistère Ordinaire et Extraordinaire. Entre cet Evangile et Vatican II la contradiction est évidente, donc nous devons accepter et croire en la Tradition si nous désirons sauver nos âmes, quelles que soient les apparentes autorités de l’Eglise qui disent le contraire. Que Dieu nous y aide. Mais comment alors la propre Fraternité de Monseigneur Lefebvre, la Fraternité Saint Pie X, peut-elle chercher officiellement à se soumettre aux autorités de Vatican II comme elle le fait actuellement ?

Kyrie eleison.

L’Infaillibilité de l’Église – II

L’Infaillibilité de l’Église – II posted in Les Commentaires Eleison on février 15, 2014

Il y a beaucoup à dire sur l’infaillibilité de l’Église, en particulier pour corriger des illusions qui trouvent (par erreur) leur origine dans la Définition en 1870 de l’infaillibilité Papale. Aujourd’hui par exemple, les sédévacantistes et les libéraux pensent que leurs positions sont totalement opposées. Mais s’arrêtent-ils un instant pour voir à quel point, au moins sur l’infaillibilité, ils ont une démarche intellectuelle parallèle ? Majeure : les Papes sont infaillibles. Mineure : les Papes Conciliaires sont libéraux. Conclusion libérale : nous devons devenir libéraux. Conclusion sédévacantiste : ils ne peuvent être Papes. L’erreur ne se situe ni dans la logique ni dans la Prémisse Mineure. Elle ne peut donc se situer que dans une incompréhension des deux côtés au sujet de ce que l’on entend par infaillibilité dans la Majeure. Une fois encore, l’homme moderne place l’autorité au dessus de la Vérité.

Dieu Eternel est la Vérité même, absolument infaillible. Dans le temps créé, par l’intermédiaire de Son Fils Incarné, Il institua son Église avec une doctrine pour le salut des âmes humaines. Venant de Lui cette doctrine ne pouvait qu’être inerrante, mais pour la maintenir hors d’atteinte des erreurs des hommes d’Église à qui Il devait la confier, Son Fils allait leur promettre l’« Esprit de Vérité » pour les guider « pour toujours » (Jn.XIV,16). En effet, sans une garantie aussi formelle, comment Dieu aurait-Il pu exiger des hommes, sous peine d’éternelle damnation, de croire à son Fils, à sa doctrine et à son Église (Mc.XVI,16) ?

Cependant, malgré ce qui vient d’être dit, Dieu n’allait pas retirer aux hommes d’Église cette liberté (pas un droit) d’errer dont il les avait dotés. Et Il permettra à cette liberté d’aller aussi loin qu’ils le désirent, mais pas au point de rendre sa Vérité inaccessible aux hommes. Cela va loin, et cela comprend une série de Papes gravement défectueux dans l’histoire, mais le pouvoir de Dieu va encore plus loin que la méchanceté des hommes ( Isaïe LIX,1–2 ). Au Concile Vatican II par exemple, les erreurs des hommes d’Église allèrent très loin sans toutefois que Dieu permît à son Église de défaillir totalement dans sa présentation aux hommes de la Vérité, exempte d’erreur grâce à sa propre infaillibilité. Même les Papes Conciliaires ont dit bon nombre de vérités catholiques à côté de leurs erreurs Conciliaires.

Mais alors comment moi, une âme simple, puis-je distinguer entre ce qu’ils ont dit de vrai et leurs erreurs ? En premier lieu si je recherche vraiment Dieu d’un cœur droit, Il me guidera vers Lui, comme la Bible le dit en de nombreux endroits. En second lieu, la doctrine de Dieu étant aussi immuable que Dieu, elle doit être cette doctrine que l’on trouve chez (presque) tous les hommes d’Église qui l’ont enseignée et maintenue dans (presque) tous les endroits et au cours de (presque) toutes les époques, autrement dit la Tradition. Depuis le début de l’Église, cette permanence dans la transmission a été le test le plus sûr de l’authenticité de ce que Notre Seigneur Lui-même a enseigné. Au cours des siècles la Tradition sans erreurs a été l’œuvre de millions d’hommes d’Église. C’est pour elle que Dieu a doté son Église comme un tout, et pas seulement ses Papes, de la conduite infaillible de l’Esprit Saint.

Et c’est la Tradition qui est la pièce maîtresse de l’infaillibilité de l’Église sur laquelle viennent se poser les Définitions solennelles des Papes qui ne sont que comme le sommet enneigé, précieux et nécessaire, de l’infaillibilité de l’Église, sans en constituer la masse montagneuse. Observons en premier lieu que les Définitions du Magistère Extraordinaire des Papes n’existent pas seulement depuis 1870 mais depuis le début de l’Église, et qu’elles n’existent pas pour rendre la Tradition vraie mais pour rendre certain ce qui appartient à la Tradition depuis les origines, et ce qui ne lui appartient pas, lorsque les errements des hommes l’avaient rendu incertain. Recherchant avant tout la vérité, Monseigneur Lefebvre, avec raison a préféré la Tradition inerrante aux Papes gravement errants. Ses successeurs n’ayant jamais compris leur Fondateur, comme tous les libéraux modernes qui n’ont pas assez le sens de la vérité, sont en train de préférer les Papes errants à l’inerrante Tradition. Sous-estimant la vérité et surestimant les Papes, les sédévacantistes répudient totalement les Papes errants, et peuvent être tentés d’abandonner entièrement l’Église. Que Dieu nous prenne tous en pitié.

Kyrie eleison.

GREC – IV

GREC – IV posted in Les Commentaires Eleison on avril 27, 2013

Après avoir lu le premier « Commentaire Eleison » sur le GREC (CE 294, 2 mars), une dame m’a écrit pour se plaindre que j’aie présenté de façon fausse ce groupe de catholiques fondé vers la fin des années 1990 afin de réunir des catholiques de la Tradition et de l’Église officielle pour qu’ils pussent réfléchir ensemble et parler paisiblement entre eux pour le bien de leur Mère commune, l’Église. Avec plaisir je corrige les erreurs de fait qu’elle me signale. Je n’ai pas de problème non plus à admettre les fautes personnelles qu’elle m’impute. Seulement il y a un point important où je ne peux pas me ranger à son avis.

Quant aux erreurs de fait, M. Gilbert Pérol fut Ambassadeur de France non pas au Vatican mais au gouvernement d’Italie. De même il ne fut pas un « collaborateur laïc » mais un ami personnel du Père Lelong, un Père Blanc. Et le GREC ne fut pas lancé « dans les salons de Paris » mais dans l’appartement de la veuve de l’Ambassadeur, Huguette Pérol, dont on m’a assuré qu’elle assume toute la responsabilité d’avoir fondé le GREC, uniquement pour servir l’Église, et avec l’aide de personnes « compétentes et soucieuses de fidélité au message de l’Évangile et de la Tradition catholique ».

Quant aux défauts personnels, cette lectrice m’a signalé ma « suffisance » et mon « ignorance », mon manque de modestie et de diplomatie, mon manque de respect pour les morts et un ton sarcastique qui ne convient ni à un homme ayant une certaine éducation, ni à un prêtre. Ah, madame, que je serais heureux si ceux-là étaient les pires défauts dont j’aurai à répondre devant le tribunal de Dieu ! Ayez la bonté de prier pour mon jugement particulier.

Mais quant au sarcasme, puis-je plaider qu’en me moquant de la nostalgie des catholiques d’aujourd’hui pour le catholicisme des années 1950, je ne pensais pas à l’Ambassadeur Pérol en personne, mais plutôt à ces foules de catholiques de nos temps, lesquels, ne se rendant pas compte pourquoi Dieu a permis à l’origine à Vatican II de séparer l’Église officielle de sa Tradition, veulent retourner à cette foi sentimentalisée du pré-Concile qui a mené directement au Concile ! Madame, le point essentiel ici n’a rien à voir avec les personnes subjectives, tout à voir avec la doctrine objective.

Voilà pourquoi je ne peux pas partager votre avis quant à la « compétence et souci de fidélité à l’Évangile et à la Tradition » de la part de gens qui ont aidé Mme Pérol à fonder le GREC. Qu’un diplomate professionnel comme l’Ambassadeur Pérol ait recouru à la diplomatie pour résoudre un problème majeur de doctrine, c’est une erreur, mais c’est compréhensible. Qu’un prêtre conciliaire comme le Père Lelong ait encouragé une telle entreprise diplomatique est plus grave, mais c’est encore compréhensible en vue du fait que Vatican II a fait sauter la doctrine en officialisant le subjectivisme à l’intérieur de l’Église. Par contre ce qui est bien moins facile à accepter, c’est la « compétence et souci de l’Évangile et de la Tradition » de la part de prêtres qui ont été formés par Mgr Lefebvre pour comprendre et contrecarrer le désastre doctrinal de Vatican II. De tels prêtres n’auraient jamais dû encourager, encore moins participer activement à cet effort essentiellement diplomatique pour résoudre un problème essentiellement doctrinal, même si les meilleures intentions animaient cet effort.

Et pourtant, même dans le cas de ces prêtres s’applique dans une certaine mesure le proverbe, « Tout comprendre, c’est tout pardonner. » En effet, Mgr Lefebvre était d’une génération antérieure et plus saine. Eux par contre ils venaient d’un monde bouleversé par deux guerres mondiales. Tout honneur leur est dû pour avoir recouru à sa personne pour leur formation sacerdotale, et tant qu’il vivait il nous élevait tous, mais ils n’ont jamais vraiment absorbé sa doctrine en sorte qu’à quelques années de sa mort ils ont commencé à retomber. Pourtant c’est lui qui a eu raison, et eux et le GREC – excusez-moi, Madame – qui ont tort. Que Dieu veuille qu’ils retrouvent le bon chemin.

Kyrie eleison.