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Vision Erronée.

Vision Erronée. on avril 16, 2016

L’abbé Franz Schmidberger, ancien Supérieur Général de la Fraternité Saint Pie X de 1982 à 1994 et Directeur actuel du séminaire allemand de la Fraternité à Zaitzkofen, en Bavière, a récemment mis en circulation des « Considérations sur l’Église et sur la position de la Fraternité au sein de l’Église ». En trois pages promouvant fermement l’acceptation par la Fraternité d’une Prélature Personnelle du Pape François, ce qui la ramènerait au sein de l’Église officielle en dessous du Pape, l’abbé Schmidberger fait montre d’une compréhension gravement inadéquate du problème posé par la Rome Conciliaire : il n’y fait guère mention de Vatican II.

Il commence en présentant l’Église catholique comme affectée par des éléments humains et faillibles qui ont acculé Mgr Lefebvre à fonder en 1970 la FSSPX pour sauver la prêtrise, la Messe et la Royauté Sociale du Christ-Roi. En 1975, la Fraternité fut condamnée par l’Église officielle ; mais elle prospéra. La consécration de quatre évêques de la Fraternité en 1988 releva la contradiction entre Rome et celle-ci, mais Monseigneur n’eut de cesse de lutter, avant comme après, pour une solution. En 2000, les Romains, honnêtes ou non, cherchèrent aussi une solution. Aujourd’hui, en 2016, ils insistent moins pour que la Fraternité accepte le Concile et la Nouvelle Messe.

COMMENTAIRE : Voici une vision assez superficielle de l’attaque absolument radicale montée contre la Foi et la Vérité par des hommes d’Église francs-maçons durant et après Vatican II. L’abbé Schmidberger ne voit en eux que de simples prélats romains malavisés dont le retour au bon sens catholique serait sérieusement encouragé si seulement la Fraternité était officiellement reconnue. A-t-il la moindre idée de la lèpre de la pensée moderniste qu’attraperait la Fraternité beaucoup plus facilement qu’elle ne la guérirait, si elle s’associait à ces Romains ?

Deuxièmement, l’Abbé Schmidberger présente une demi-douzaine d’arguments en faveur de la Prélature Personnelle. La Fraternité doit retrouver la normalité. Elle ne doit pas perdre le sens de l’Église dans son « exil » actuel. À Rome, des portes s’ouvriraient. La Fraternité a prestement besoin de la permission de Rome pour sacrer d’autres évêques. Un bon signe est l’anxiété de certains modernistes face à la perspective d’une normalisation de la Fraternité. Et enfin, comment l’actuelle crise de l’Église sera-t-elle résolue si ce n’est par le retour de la Fraternité de son « exil » pour qu’elle convertisse les Romains ?

COMMENTAIRE : La Fraternité convertirait ces Romains ? Quelle illusion ! Encore une fois, l’abbé Schmidberger n’a presque aucune idée de la perversion profonde du modernisme en face. Il n’est pas « normal » pour des Catholiques de se soumettre au modernisme. L’« exil » n’entraîne pas nécessairement une perte du sens de l’Église. Aucune porte d’importance ne s’ouvrirait à Rome. La Foi n’a pas besoin d’évêques approuvés par des modernistes. Tout moderniste anxieux est naïf – les vrais modernistes savent, eux, qu’ils convertiront la Fraternité et non pas le contraire, une fois le piège clos. Et enfin, la crise de l’Église ne sera certainement pas résolue par une Fraternité illusionnée qui rejoint Rome, mais par Dieu seul, dont le bras ne perd pas sa force de par la malice des hommes (Ésaïe LIX, 1).

Finalement, l’abbé Schmidberger répond à quelques objections : le Pape François n’est peut-être pas un bon Pape mais il possède la juridiction pour normaliser la Fraternité. L’opinion de la « Résistance » ne compte pas puisqu’elle n’a aucun sens de l’Église et qu’elle est divisée. La Fraternité ne sera pas muselée parce que Rome « l’acceptera telle qu’elle est » (ce qui est une illusion ), pas plus qu’elle ne perdra son identité, car Dieu aidant elle va convertir Rome ( illusion ). Pas plus que sa résistance ne s’évanouira comme celle de toutes les autres congrégations traditionnelles ayant rejoint Rome, car c’est Rome qui supplie alors que la Fraternité, elle, choisit ( illusion ) ; et parce que la Fraternité a des Évêques qui résistent ( illusion ) ; et parce qu’elle se verra offrir une Prélature Personnelle ( pour l’amener sous le pouvoir des modernistes ).

COMMENTAIRE : En d’autres mots, le piège romain sera doublé de coussins. Quelle série d’illusions ! Pauvre Fraternité ! Prions pour que soit sauvé ce qui peut encore y être sauvé.

Kyrie eleison.

L’héritage de Monseigneur — II.

L’héritage de Monseigneur -- II. on avril 2, 2016

En 2012, les successeurs de Monseigneur à la tête de sa Fraternité Saint Pie X, ayant échoué à comprendre sa préférence fondamentale de la Vérité catholique à l’Autorité catholique, prétendirent à tort suivre son exemple lorsqu’au Chapitre Général de la Fraternité cet été-là, ils se préparèrent à remettre la Vérité sous l’Autorité en ouvrant la porte à un accord politique et non-doctrinal avec les menteurs de Rome – « le Catholicisme est révolutionnaire » étant un mensonge monstrueux. Depuis des années maintenant, ces successeurs répandent des rumeurs comme quoi l’accord est imminent, mais Rome, par leur faute à eux, fait d’eux ce qu’elle veut, et risque bien de continuer à en extraire des concessions telle que fut peut-être l’entrevue désastreuse du 2 mars dernier accordée par le Supérieur Général à un prédateur professionnel. La Rome conciliaire n’oublie jamais ce que la Fraternité ne semble plus vouloir se rappeler – la Tradition catholique et Vatican II sont absolument inconciliables.

Or Monseigneur a des disciples qui n’ont pas oublié cela. Ils s’appellent la « Résistance », laquelle, comme c’est logique, est un mouvement plutôt qu’une organisation. En effet, puisqu’ils préfèrent la Vérité à l’Autorité faussée de Rome et maintenant de la FSSPX aussi, toute autorité interne parmi eux peut être tout au mieux de suppléance, c’est-à-dire une autorité anormale suppléée par l’Église de façon invisible en cas d’urgence pour le salut des âmes. Mais une telle autorité, par l’invisibilité même de sa transmission (à contraster avec les cérémonies visibles par lesquelles sont transmises plusieurs sortes d’autorités parmi les hommes), est d’autant plus faible et contestable que l’autorité normale au sein de l’Église, laquelle descend toujours, en fin de compte, du Pape. Aussi la « Résistance » a-t-elle la force de la Vérité mais une faiblesse quant à cette Autorité qui est normalement essentielle pour protéger la Vérité catholique.

Cette rupture entre la Vérité et l’Autorité a été imposée par Vatican II à l’Église tout entière. Tout Catholique voulant garder la Foi, qu’il fasse partie ou non de la dite « Tradition », doit sûrement prendre en compte ses multiples conséquences. Le Pasteur suprême de Dieu étant suprêmement frappé par la folie conciliaire, comment veut-on que les brebis de Dieu ne soient pas à leur tour suprêmement dispersées (voyez Zach. XIII, 7 et S. Math. XXVI, 31) ? Pour ne pas en souffrir, les Catholiques devraient ne pas appartenir à l’Église catholique. Est-ce cela qu’ils veulent ? Alors pour l’instant les Catholiques ne devraient être ni trop surpris par les trahisons ni trop déçus par les divisions. Pour l’heure une main presque libre est donnée au Diable pour causer la division (« diabolein » en grec), et puisque les Catholiques combattent tous pour rien de moins que le salut éternel, les divisions sont souvent amères. Patience.

Ensuite, à partir de Papes Conciliaires la sève vitale de la véritable Autorité catholique ne peut plus descendre dans les institutions catholiques, et alors les personnes ne peuvent plus compter sur ces institutions comme elles devraient normalement être en mesure de le faire. De telles institutions dépendent plutôt des personnes pour la Vérité, comme nous avons vu la Fraternité dépendre de Monseigneur Lefebvre. Mais ces personnes, n’ayant plus de soutien ni de contrôle institutionnels, sont livrées à leur faillibilité naturelle, et alors il ne faudrait pas s’attendre à ce qu’un groupe de Catholiques poursuivant aujourd’hui la Vérité sache y attirer un grand nombre de gens. Les croyants ont beau aspirer à une structure, à une hiérarchie, à des Supérieurs auxquels ils puissent obéir, tout cela ne peut se créer de toute pièce. À l’évidence, les petits restes sont à l’ordre du jour. Patience.

Pour conclure, les Catholiques qui luttent pour garder la Foi doivent se soumettre à leur punition bien méritée, renoncer à toute illusion ou fabrication humaine, et supplier Dieu Tout-Puissant dans leurs prières d’intervenir. Lorsqu’il y aura assez d’âmes qui se tourneront vers Lui pour sa solution à lui au lieu des leurs, ils reconnaîtront que sa Providence y a pourvu sous la forme de la Dévotion des Premiers Samedis du mois pour faire réparation à sa Mère. Et lorsqu’on aura fait assez de réparation, il donnera alors à son Vicaire sur terre la grâce de consacrer la Russie au Cœur Immaculé de sa Très Sainte Mère, et l’ordre commencera à se rétablir, comme Dieu l’a promis. Pour la pratique de cette Dévotion, ne manquez pas le « Commentaire » de la semaine prochaine.

Kyrie eleison.

Chaos Revisité

Chaos Revisité on mars 14, 2015

Dans le livre Iota Unum, écrit par le laïc italien Romano Amerio et très admiré par Monseigneur Lefebvre, un paragraphe fascinant a déjà été cité dans ces « Commentaires ». Ce livre d’Amerio démonte magistralement toutes les erreurs doctrinales de Vatican II. Dans la section # 319 il écrit : (1) Si la crise actuelle tend à subvertir l’essence de l’Église, et (2) cette tendance est interne à l’Église, sans provenir comme en d’autres occasions d’une agression externe, alors (3) la prospective du monde est un abîme monocolore qui rend impossible le diagnostic et le pronostic, et (4) face auquel l’unique refuge de l’homme est le silence (édition française, p. 579 ; édition anglaise p.713 ; édition espagnole, p. 560).

Voilà des paroles fortes, pour peu que l’on y pense. Amerio dit qu’on est au bord du chaos parce que, bien sûr, (1) la présente crise, à la fois tend à subvertir la nature de l’Église et (2) est interne à l’Église puisque c’est le Pape lui-même qui fait des déclarations comme « il n’y a pas de Dieu catholique » et « les homosexuels doivent être réévalués », déclarations dont l’ambiguïté voulue ouvre la porte grand’ ouverte à la subversion de tous les dogmes et de toute la morale catholiques. Mais pourquoi donc (3) le diagnostic et le pronostic catholiques devraient-ils devenir impossibles, et comment (4) pourrait-il n’y avoir rien d’autre à dire ? Comment Amerio en est-il arrivé à une conclusion si sombre ?

Parce que Notre Seigneur dit : « Je suis la lumière du monde. Celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres » (Jn. VIII, 12), ce qui suggère fortement que la masse de la population mondiale qui ne Le suit pas actuellement, est déjà dans les ténèbres. Il dit aussi à ceux qui le suivent : « Vous êtes la lumière du monde » (Mt. V, 14), ce qui suggère fortement que si les Catholiques convaincus sont avec chaque jour qui passe moins nombreux, alors les ténèbres dans l’Église et le monde deviennent chaque jour plus épaisses. Sans doute, peut-on dire, mais les ténèbres ne sont qu’une métaphore. Pourquoi donc le diagnostic et le pronostic catholiques deviendraient-ils impossibles ?

(3) Parce que de plus en plus de personnes aujourd’hui sont dans l’incapacité de penser. Parce que depuis que Notre Seigneur avec son Incarnation a apporté la grâce surnaturelle pour le rachat de la nature blessée et en lutte, cette nature n’est plus capable de se maintenir debout sans cette grâce. Par conséquent lorsque les hommes tournent le dos à Jésus-Christ qui est Dieu, ils minent leur propre nature. Ce faisant, ils répudient le bon sens dont ils sont dotés par la nature pour que le contenu de leur pensée s’accorde avec la réalité, et pour que sa démarche suive la logique. Ils veulent se libérer et de la réalité et de la logique dans le but de braver Dieu, en refaisant le monde selon leurs fantaisies.

Il s’ensuit que si Jésus-Christ est venu pour racheter l’humanité et la nature humaine en établissant la Sainte Église Catholique, et que si à Vatican II les Gentils aussi ont fini par répudier cette Église, alors le processus des hommes se dissolvant eux-mêmes avec leur nature et leur pensée a fait un tel bond de géant en avant dans le Concile qu’il est pratiquement irréversible. Voici donc comment Amerio a pu prévoir dans le Concile, encore implicite, un « abîme mono-colore » dont le chaos d’opinions orgueilleuses et belliqueuses se pâmant aujourd’hui sur l’internet peut servir de petit exemple et prélude.

Mais (4) Pourquoi ne pas crier la vérité au milieu de ces ténèbres ? Pourquoi « l’unique refuge de l’homme » doit-il être « le silence » ? Parce que dans un vacarme chaotique la vérité ne peut simplement pas être entendue, sauf, peut-on ajouter, par quelques âmes que Dieu a préordonnées pour l’écouter (cf. Actes XIII, 48). Ces âmes sont choisies par Dieu, pas par les hommes, et elles peuvent provenir des milieux les plus surprenants. Elles n’ont aucun attrait pour l’ « abîme monocolore », et Notre Seigneur les conduit au Père (Jn. XIV, 6). Elles seront une aide importante pour l’Église et un espoir du monde.

Kyrie eleison.

Mgr. Lefebvre Commenté – II

Mgr. Lefebvre Commenté – II on janvier 10, 2015

Avant d’en terminer avec les remarques réalistes de Mgr. Lefebvre de 1991 (cf. les deux derniers CE), ajoutons encore quelques commentaires, dans l’espoir d’aider les Catholiques à maintenir l’équilibre entre le mépris de l’autorité au nom de la vérité, et la diminution de la vérité [Ps XI,2] par égard pour l’autorité. Car depuis que les hommes d’Église de Vatican II (1962–1965) appuient de toute leur autorité la Révolution dans l’Église ( liberté religieuse, égalité collégiale et fraternité œcuménique), ils font perdre aux Catholiques cet équilibre : en effet, lorsque l’Autorité foule aux pieds la Vérité, comment peut-on maintenir tout son respect envers les deux ?

Or, à l’heure actuelle, au milieu des conséquences dramatiques de Vatican II, de qui peut-on dire qu’il a produit des fruits comparables à cette conservation de la doctrine catholique, de la Messe et des sacrements que réalisa Mgr. Lefebvre ? N’est-ce pas lui qui en a été principalement responsable ? Et dans ce cas, l’équilibre qu’il a su lui-même maintenir entre la Vérité et l’Autorité, ne sera-t-il pas particulièrement digne de considération ?

En premier lieu, considérons une simple observation de Monseigneur au sujet de l’Autorité : « Maintenant nous avons la tyrannie de l’Autorité parce que les règles du passé n’existent plus ». Chez les êtres humains ayant tous le péché originel, la vérité a besoin de l’autorité pour se maintenir, parce que cette idée que la vérité lancée sur la place du marché prévaudra par elle-même, c’est une illusion de Jefferson, et il faudra un désastre pour rétablir la réalité. L’autorité est à la vérité comme le moyen est à la fin, et pas l’inverse. Il n’y a que la foi catholique qui sauve, et cette Foi consiste en une série de vérités, non pas en l’autorité. Ces vérités sont à tel point la substance et le but de l’Autorité catholique que lorsque celle-ci se sépare de celles-là, comme cela s’est produit au Concile Vatican II, alors l’autorité est coupée de son ancrage et part à la dérive, jusqu’à ce qu’un tyran s’en empare et la plie à sa propre volonté. La tyrannie de Paul VI fut une conséquence naturelle du Concile, de même qu’en recherchant l’approbation des champions du même Concile, la Direction de la Fraternité Saint Pie X s’est comportée également de façon tyrannique au cours de ces dernières années. Par contre, n’est-ce pas en servant la Vérité que Mgr. Lefebvre a établi son autorité dans la Tradition ?

Une deuxième remarque sienne de 1991 mérite d’être développée. A propos des efforts qu’il fit en 1988 de parvenir à un accord avec Rome au moyen du Protocole du 5 Mai, il dit par la suite, « Je crois pouvoir dire que je suis allé même plus loin que je n’aurais dû ». En effet, le texte du Protocole prête le flanc à des critiques sur des points importants, et c’est pour cela que Monseigneur ici admettait lui-même avoir momentanément perdu l’équilibre, en penchant brièvement du côté de l’autorité de Rome contre la vérité de la Tradition. Mais ce ne fut que pour un instant, car tout le monde sait que dès le lendemain matin il reprit le Protocole pour ne plus jamais vaciller sur ce point jusqu’à sa mort. Dès lors personne ne saurait dire qu’il n’a pas fait tout ce qui était dans son pouvoir pour arriver à un accord avec l’Autorité. Et plus personne ne peut prétendre que c’est chose facile que de maintenir sans faille l’équilibre exact entre la Vérité et l’Autorité.

Une troisième remarque éclaire les motifs pour lesquels il rechercha, entre 1975 et 1988, quelque accord avec l’Autorité romaine. En jugeant ses motifs à leur propre façon, ses successeurs à la tête de la FSPX prétendent que ce qu’il cherchait, c’était sa régularisation canonique. Mais lui-même expliqua les raisons du Protocole de la manière suivante : « J’ai espéré jusqu’à la dernière minute qu’à Rome ils auraient fait preuve d’un minimum de loyauté ». En d’autres mots, il avait toujours poursuivi le bien de la Foi, et il n’a jamais honoré l’Autorité pour autre chose que pour le salut de la Vérité. Peut-on en dire autant de ses successeurs ?

Kyrie eleison.

Quarantième Anniversaire

Quarantième Anniversaire on novembre 22, 2014

Hier c’était le 40ème anniversaire de la Déclaration historique de Monseigneur Lefebvre du 21 novembre 1974, où il a donné les raisons pour lesquelles lui-même et les prêtres et les laïcs qui le suivaient refusaient net le changement total de l’Église et de la Religion catholiques, qui s’opérait alors dans la foulée du Concile Vatican II. La Déclaration est aussi actuelle aujourd’hui qu’au moment de sa rédaction, pour la bonne raison que la vraie religion catholique de Dieu est la vérité qui ne change pas, tandis que la religion Conciliaire de l’homme est résolument fausse et qu’elle maintient Rome, plus que jamais, soumise à son occupation étrangère.

La Déclaration consiste en dix brefs paragraphes, un peu plus de cinquante lignes en tout : 1/ Nous adhérons à la Rome catholique, à la Rome éternelle. 2/ Nous refusons la Rome Conciliaire, néo-protestante et néo-moderniste. 3/ La réforme Conciliaire est en train de détruire l’Église et de diminuer notre Foi catholique, 4/ comme pas même un ange du Ciel n’a le droit de le faire (Galates I,8). 5/ Nous choisissons la Tradition, nous refusons les innovations. 6/ Tout dans l’Église est en train d’être rénové dans un sens opposé à la doctrine catholique de toujours. 7/ La réforme Conciliaire, venant de l’hérésie et aboutissant à l’hérésie, est inacceptable pour les Catholiques, ainsi 8/ nous continuerons à former des prêtres Traditionnels. 9/ Et nous adhérerons à l’enseignement et à la pratique catholiques de toujours, 10/ étant convaincus qu’en agissant de la sorte nous resterons vraiment des Catholiques fidèles.

Observons premièrement la distinction claire et nette (1 et 2) entre la Rome catholique et la Rome Conciliaire. Car la Rome Conciliaire a beau occuper les structures de la Rome catholique, en conclure que l’Église Conciliaire n’est donc autre chose que l’Église catholique est aussi stupide que de dire qu’un coucou est un rossignol parce qu’il occupe un nid de rossignol. (Et objecter que Monseigneur Lefebvre nomma ici la « Rome » Conciliaire et catholique et non pas « l’Église » Conciliaire et Catholique, c’est jouer sur les mots).

Mais comment Monseigneur Lefebvre fait-il pour distinguer entre le coucou Conciliaire et le rossignol catholique ? Par la doctrine ! Le Conciliarisme est néo- protestante et néo- moderniste (2). Notre Foi est en train d’être diminuée (3), par opposition à la doctrine catholique (6). Le Conciliarisme c’est de l’ hérésie (7). Nous adhérons à l’ enseignement catholique (9). Et encore le bref résumé ci-dessus ne donne pas toutes les références faites à la doctrine par Monseigneur. La doctrine catholique était l’étoile polaire de son esprit et de son action. C’est parce que l’homme moderne veut la liberté pour son esprit et son action qu’en effet il veut que son esprit soit réduit à de la bouillie pour les chats, où la doctrine n’a plus qu’une fonction purement décorative. Elle n’a plus d’emprise sur l’action de l’homme, à l’exception de cette seule doctrine désastreuse selon laquelle la doctrine est sans importance. Et cette doctrine désastreuse a une emprise totale. Voilà pourquoi Monseigneur Lefebvre est en train d’être réduit à l’intérieur de la Fraternité Saint Pie X, qu’il a fondée, à n’être guère plus qu’une mascotte décorative.

On est obligé de se poser la question : qu’est ce qui pourra bien restaurer l’emprise de la doctrine, le sens de la réalité et l’amour de la vérité dans la Fraternité, dans l’Église et dans le monde ? Assurément rien de moins que la souffrance. Soljenitsyne fit remarquer une fois que seule la barre de fer des événements pourra casser la gangue de ciment que l’homme moderne a construite autour de sa vie peccamineuse. Vraiment, Seigneur ayez pitié.

Kyrie eleison.

Contexte Bouleversé

Contexte Bouleversé on septembre 20, 2014

Partant d’arguments contre le sédévacantisme qui le repèrent comme une erreur simplificatrice dans une situation totalement anormale, l’un de nos amis italiens (C.C.) considère cette situation de plus haut. Sans être prêtre ni théologien, il avance l’opinion selon laquelle le sédévacantisme n’est simplement que l’une parmi plusieurs autres tentatives dans l’Église de faire rentrer la crise d’aujourd’hui dans les catégories d’hier. Ce n’est pas du tout la théologie catholique qui change mais la situation réelle à laquelle cette théologie doit être appliquée, situation qui a été bouleversé par Vatican II. Voici son paragraphe-clé au sujet de cette réalité changée de fond en comble :—

« En rejetant la réalité objective de l’existence de Dieu, et la soumission nécessaire à sa Loi, le monde d’aujourd’hui n’est plus du tout normal, et pour avoir mis l’homme au centre de tout à la place de Dieu, l’actuelle unité catholique n’est point normale non plus. Ce n’est pas non plus par un soudain changement de direction que l’Église en est arrivée à cet état anormal des choses, mais en suivant un processus long et complexe d’éloignement de Dieu, dont les effets de rupture ont été révélés au grand jour lors de Vatican II. C’est au cours de quelques centaines d’années que les germes de dissolution se sont infiltrés dans l’Église, tout comme les hommes qui en ont entretenu la germination. Ces derniers ont réussi à se faire insérer dans tous les rangs de la hiérarchie, jusqu’au Siège de Pierre y compris ».

Et mon ami de continuer en signalant que faute de tenir compte de cet état totalement anormal de l’Église, qui est – incroyablement mais vraiment – pire que jamais, on court le risque de vouloir affronter une réalité qui a cessé d’exister, à partir de termes de référence qui ne s’appliquent plus désormais. C’est ainsi par exemple que les sédévacantistes diront que les hommes d’Église d’aujourd’hui ont nécessairement conscience de ce qu’ils font, puisque ce sont des hommes intelligents et instruits. Mais il n’en est pas ainsi, dit C.C. : même si leur prédication et leur ministère ne sont plus catholiques, eux-mêmes sont néanmoins convaincus qu’ils sont totalement orthodoxes. Le monde entier est devenu fou. Ils n’ont fait que devenir fous avec lui, non pas en perdant la raison mais en renonçant à son usage, ce qui a de plus en plus affaibli leur foi catholique, au point où il y a de moins en moins d’obstacles qui les empêchent de perdre la raison totalement.

Mais dans ce cas, pourrait-on objecter, Dieu doit avoir abandonné son Église. Pour y répondre, C.C. utilise trois citations de l’Ecriture. D’abord Lc. XVIII, 8, où Notre Seigneur se demande s’Il trouvera encore la Foi sur la terre lorsqu’Il reviendra. D’où il ressort qu’un petit reste de prêtres et de laïcs (avec peut-être quelques évêques) suffira pour assurer l’indéfectibilité de l’Église jusqu’à la fin du monde (on pense aux difficultés actuelles de la « Résistance » pour se constituer). Pareillement, en deuxième lieu, Mt. XXIV, 11–14, où il est prévu que de nombreux faux prophètes séduiront un grand nombre d’âmes, et que la charité se refroidira. Et troisièmement, Lc.XXII,31–32, où Notre Seigneur commande à Pierre de confirmer ses frères dans la Foi après qu’il se soit converti, laissant à entendre que sa Foi aura pour un temps défailli. Ce qui suggère que presque toute la hiérarchie peut faillir, même Pierre, sans que pour autant l’Église cesse d’être indéfectible, un peu comme au moment où les Apôtres au Jardin de Gethsémani s’éloignèrent tous en courant (Mt.XXVI,56).

Pour conclure, la vision de C.C. pour l’Église de demain ou après-demain ressemble beaucoup à celle du P. Calmel : que chacun d’entre nous fasse son devoir selon son état de vie, et contribue à l’édification d’un réseau de petits fortins de la Foi, ayant chacun un prêtre pour assurer les sacrements, mais sans que l’on recoure à une théologie de l’Église désormais inapplicable, ni à aucune approbation canonique impossible à obtenir. Et que l’on ne prenne pas trop en compte les murs de séparation d’hier, pour autant que la Foi aura pu passer par-dessus Ces fortins seront unis par la Vérité et auront de mutuels contacts de charité. Le reste demeure dans les mains de Dieu.

Kyrie eleison.