Les Commentaires Eleison

Les Fruits de Maria Valtorta

Les Fruits de Maria Valtorta on février 29, 2020

<p>J&#233;sus-Christ n&#8217;a jamais attendu de ses brebis qu&#8217;elles soient f&#233;rues de th&#233;ologie et encore moins qu&#8217;elles pr&#233;tendent l&#8217;&#234;tre. Notre Seigneur voulait simplement, au cas o&#249; quelqu&#8217;un ou quelque chose causait quelque trouble, qu&#8217; elles aient suffisamment de bon sens pour juger la chose &#224; ses fruits. &#171;&#160;C&#8217;est &#224; leurs fruits que vous les reconna&#238;trez&#160;&#187; &#8211; Mt VII, 15&#8211;20. Aujourd&#8217;hui, les &#339;uvres de Maria Valtorta (mystique c&#233;libataire italienne, 1897&#8211;1961), demeurent tr&#232;s controvers&#233;es, particuli&#232;rement son <i>Po&#232;me de l&#8217;Homme-Dieu</i> (1943&#8211;1947). Ses d&#233;fenseurs se montrent tout aussi enthousiastes que ses critiques sont violents. Alors&#160;: quels sont les fruits&#160;? L&#8217;&#233;diteur de ces &#171;&#160;Commentaires&#160;&#187; ayant re&#231;u un r&#233;cent t&#233;moignage &#224; ce sujet, voudrait vous en faire part, dans une version adapt&#233;e &#224; cette publication.</p><p><i>Permettez-moi de partager avec vous mon &#233;tonnement sur </i>Le Po&#232;me de l&#8217;Homme-Dieu<i> de Maria Valtorta. J&#8217;ai lu patiemment les dix volumes de cette &#339;uvre ; j&#8217;ai discut&#233; avec l&#8217;&#233;diteur et avec des auteurs qui soutiennent Maria Valtorta. Je vous ai d&#233;j&#224; entendu citer cette mystique italienne en priv&#233;. Mais, suite &#224; l&#8217;attaque du Po&#232;me par l&#8217;abb&#233; H. et &#224; sa stigmatisation par la Fraternit&#233; Saint Pie X, j&#8217;ai retard&#233; de quelque dix ans ma lecture de cet ouvrage. C&#8217;est la Providence qui m&#8217;a finalement remis entre les mains un exemplaire de cette version tr&#232;s d&#233;taill&#233;e de l&#8217;&#201;vangile, ainsi qu&#8217;une biographie de Maria Valtorta ; j&#8217;ai lu tout cela avec attention, crayon &#224; la main, pour prendre des notes. Apr&#232;s cinq mois de dur labeur, j&#8217;ai pu constater avec surprise combien ces dix livres sont orthodoxes et combien ils ont fait de bien &#224; mon &#226;me ainsi qu&#8217;&#224; toute ma famille.</i></p><p><i>Certains Dominicains condamnent l&#8217;ouvrage. Je le regrette. L&#8217;ont-ils vraiment lu&#160;? J&#8217;ai comme l&#8217;impression qu&#8217;il est tabou d&#8217;en parler ouvertement. J&#8217;ai aussi tout &#233;tudi&#233; sur la fa&#231;on dont l&#8217;&#339;uvre a vu le jour (elle a &#233;t&#233; approuv&#233;e par Pie XII), et je trouve injuste la fa&#231;on dont les Traditionnalistes jugent et condamnent cette belle &#226;me victime. Leurs critiques m&#8217;inqui&#232;tent pour eux, car ces r&#233;v&#233;lations peuvent vraiment venir de Notre Seigneur et &#234;tre destin&#233;es &#224; notre temps.</i></p><p><i>Les anciens num&#233;ros de vos &#171;&#160;Commentaires&#160;&#187; des ann&#233;es 2011 et 2012 sur le</i> Po&#232;me <i>ont &#233;t&#233; pour moi une v&#233;ritable consolation, car j&#8217;avais l&#8217;impression de commettre une faute en utilisant quotidiennement, pour nourrir mon &#226;me, &#171;&#160;L&#8217;&#201;vangile tel qu&#8217;il m&#8217;a &#233;t&#233; r&#233;v&#233;l&#233;&#160;&#187;</i> (autre titre du Po&#232;me)<i>. Nous nous sommes procur&#233; diff&#233;rentes versions de cette vie monumentale de J&#233;sus&#160;: non seulement les dix volumes complets pour adultes, mais aussi des livres d&#8217;images tr&#232;s bien con&#231;us pour enfants &#224; partir de huit ans, et une version simplifi&#233;e pour les jeunes &#224; partir de 13 ans. Toute la famille se trouve ainsi unie autour de ces pages lumineuses sur l&#8217;Homme-Dieu, sur ses relations avec le monde, avec sa M&#232;re, et, sp&#233;cialement pour notre propre &#233;poque, sur sa relation avec Judas Iscariote. Les rapports qu&#8217;Il entretenait avec les onze autres Ap&#244;tres, les saintes femmes et ses ennemis sont tout aussi &#233;difiants.</i></p><p><i>Cela nous aide &#224; comprendre aujourd&#8217;hui la Passion de l&#8217;&#201;glise. Elle est en train de souffrir et mourir entre les mains de ses propres ministres. Le caract&#232;re moderne et lib&#233;ral de Judas, tra&#238;tre au sein de l&#8217;&#201;glise, tel que le d&#233;peint le Po&#232;me, peut utilement &#234;tre compar&#233; &#224; celui de nos eccl&#233;siastiques conciliaires, mais aussi, disons-le, avec ce &#171;&#160;chr&#233;tien&#160;&#187; lib&#233;ral qui sommeille en chacun de nous. Car en effet, le drame actuel se d&#233;roule non seulement &#224; la t&#234;te de l&#8217;&#201;glise mais aussi dans et &#224; travers les familles qui abandonnent la lutte, au lieu de vivre selon l&#8217;&#201;vangile exactement comme il a &#233;t&#233; r&#233;v&#233;l&#233; &#224; Maria Valtorta&#160;.&#160;.&#160;.</i> (Fin du t&#233;moignage du lecteur).</p><p>En conclusion, si le <i>Po&#232;me de l&#8217;Homme-Dieu</i> de Maria Valtorta est tellement controvers&#233;, il n&#8217;a pourtant pas besoin de l&#8217;&#232;tre. Pourquoi&#160;? Parce que, d&#8217;une part, l&#8217;ouvrage n&#8217;a point l&#8217;autorit&#233; des quatre &#201;vangiles ni de la Sainte &#201;criture&#160;; il n&#8217;a point &#233;t&#233; d&#233;clar&#233; authentique par l&#8217;&#201;glise&#160;; il n&#8217;est point n&#233;cessaire au salut, et il n&#8217;est point du go&#251;t de tous les catholiques s&#233;rieux. Et aucun catholique sain d&#8217;esprit ne contestera aucun de ces points. Mais par ailleurs, tout comme pour le Linceul de Turin ou la <i>tilma</i> de Notre-Dame de Guadalupe, les preuves &#233;tonnantes de l&#8217;authenticit&#233; du <i>Po&#232;me</i> semblent seulement s&#8217;accro&#238;tre avec le temps&#160;; l&#8217;ouvrage a permis &#224; d&#8217;innombrables &#226;mes de s&#8217;engager dans la voie spirituelle de la conversion ou du perfectionnement en vue du salut. Et il a &#233;t&#233; chaudement recommand&#233; et approuv&#233; par de nombreux catholiques dignes de foi, y compris par des &#233;v&#234;ques et des th&#233;ologiens &#233;minents. Comme l&#8217;a dit Pie XII &#224; propos du <i>Po&#232;me</i>, <i>&#171;&#160;Que celui qui a des oreilles pour entendre, entende&#160;&#187;.</i></p><p>Kyrie eleison.</p>

L’autorité de Monseigneur Lefebvre – II

L’autorité de Monseigneur Lefebvre – II on février 22, 2020

Parlant de l’Autorité dans l’Eglise, nous avons pu définir les principes suivants : (DCLV) – En principe, l’autorité du Pape est indispensable à l’Eglise. (DCLVI) – En principe, les prêtres ont absolument besoin du Pape pour rester unis. (DCLVII) – Si bien que, sur un plan pratique, l’autorité de Mgr Lefebvre a été gravement affaiblie par le fait qu’aucun Pape en exercice n’a voulu le soutenir. (DCLVIII) – Sur un plan pratique, il pouvait jouir d’une certaine autorité de trois manières, suivant les situations : Certains se plaçaient d’eux-mêmes sous son autorité ; d’autres ne lui demandaient d’exercer qu’une autorité partielle, dans un cadre qu’ils définissaient eux-mêmes ; il y avait enfin ceux qui ne lui demandaient rien du tout.

Remarquons tout d’abord que cette classification ne découle pas de la nature de l’autorité elle-même, mais de la décision ce ceux qui en relèvent. En d’autres termes, ce sont les sujets qui « mènent la barque ». Cette situation, anormale dans l’Église, est le résultat direct de Vatican II. L’Autorité catholique s’est alors trouvée complètement ruinée du fait d’une trahison radicale de la Vérité catholique ; la religion objective de Dieu a été remplacée par une invention toute humaine, si bien que l’Église catholique centrée sur Dieu s’est transformée en une Néo-église centrée sur l’homme. Les prêtres catholiques ont été radicalement discrédités par le Concile. Ils le restent aujourd’hui encore, et cet état persistera tant que les hommes d’Église refuseront de prêcher la Vérité divine. Car il n’y a qu’elle qui puisse leur rendre leur pleine autorité.

Parmi ceux qui ont demandé à l’Archevêque d’exercer sur eux son autorité, on compte bien entendu les membres des Congrégations catholiques qu’il a fondées. Il s’agit de prêtres séculiers mais aussi de frères et de sœurs ou encore de tertiaires. Il a voulu rendre ces Congrégations aussi conformes que possible au droit de l’Eglise, avec des degrés d’obéissance à lui-même en tant que Supérieur Général, avec des vœux lors des ordinations pour les prêtres ou des promesses solennelles lors de l’entrée officielle de prêtres, frères ou sœurs dans leurs Congrégations respectives. Dans l’histoire de l’Eglise, de tels vœux sont adressés à Dieu, mais en cas de besoin, on peut en être relevé dans la Fraternité (discrètement) par l’autorité romaine, comme il est normal. Les promesses dépendent beaucoup du choix de ceux qui les font. Mais ce qui a miné l’autorité de l’Archevêque, comme nous le soulignions dans les « Commentaires » de la semaine dernière, c’est qu’il a été l’objet d’une condamnation officielle du Pape et de ses frères dans l’épiscopat. Par conséquent, lorsqu’un prêtre décidait de quitter la Fraternité, qu’il fût orienté à gauche vers le libéralisme ou à droite vers le sédévacantisme, Mgr Lefebvre, comme il l’a dit lui-même, ne pouvait rien faire d’autre que de couper tout contact avec ces transfuges ; afin qu’ils ne prétendissent pas rester en bons termes avec la Fraternité alors qu’ils choisissaient d’être indépendants de son Supérieur.

En second lieu, certains catholiques demandaient à l’archevêque d’exercer chez eux son autorité, mais selon leurs propres conditions (par exemple pour recevoir le sacrement de Confirmation). Il y consentait volontiers, dans la mesure où il le pouvait, mais toujours dans le cadre des normes ecclésiastiques. Son consentement était motivé par la crise de l’Église qui rend douteuse la validité des Confirmations conférées dans le nouveau rite. D’une part, disait-il, les catholiques ont droit à des sacrements certainement valides, mais si par ailleurs ils ne voulaient rien avoir à faire avec lui personnellement, cela restait leur choix engageant leur seule responsabilité devant Dieu.

En troisième lieu, notons son attitude envers ceux qui lui demandaient de n’exercer sur eux aucune autorité. En effet, un grand nombre de prêtres traditionnels sympathisaient avec la Fraternité sans pour autant vouloir y adhérer. Mgr Lefebvre répondait toujours généreusement par des contacts, des liens amicaux, des encouragements ou des conseils lorsqu’on s’adressait à lui. Toutefois, il ne donnait jamais l’impression ni ne se comportait jamais comme s’il avait une quelconque autorité sur ceux qui le sollicitaient. Et il en allait de même avec les laïcs. De nombreux catholiques n’ont jamais approuvé sa position, opposée en apparence à celle du pape. Mais il était d’une courtoisie sans faille, prêt à répondre aux questions, si seulement celui qui les posait méritait une réponse. Et c’est l’objectivité, le caractère raisonnable de ses réponses qui ont incité de nombreux conciliaires à devenir Traditionnalistes et à se placer alors sous son ministère ou sous la direction de ses prêtres.

Bref, le Concile a paralysé l’autorité de l’Église sans aucun doute. Mais, pour les âmes qui cherchaient le salut éternel et qui le voulait vraiment, il y avait une alternative, ou du moins un moyen subsidiaire. Sans prêtres, le salut reste toujours extrêmement difficile. Alors que par l’intermédiaire de Mgr Lefebvre en particulier, mais pas uniquement, Dieu a offert aux âmes une solution de remplacement. C’est toujours le cas.

Kyrie eleison.

L’autorité de Mgr Lefebvre – I

L’autorité de Mgr Lefebvre – I on février 15, 2020

Pour illustrer le rapport entre la Vérité catholique et l’Autorité catholique, référons-nous à l’Athanase des temps modernes, à cet exemple concret que Dieu nous a donné pour nous frayer la voie à travers cette crise pré-apocalyptique : nous voulons parler de Monseigneur Marcel Lefebvre (1905–1991). Au Concile Vatican II, la plupart des dirigeants de l’Église étaient convaincus qu’il y avait quelque chose à changer dans l’expression de la Foi. C’est pourquoi, quelques années plus tard, ils décidèrent, en faisant appel à l’obéissance, de modifier le rite séculaire de la Messe. Mais par la force de sa Foi, l’Archevêque résista, fidèle à la Vérité immuable de l’Église, et manifesta ainsi que la Foi constitue dans l’Eglise le cœur et l’âme de son Autorité divine. Comme le dit un proverbe espagnol, « L’obéissance n’est pas la servante de l’obéissance ».

Certes, Mgr Lefebvre croyait que l’Église avait autorité pour commander à ses membres, à quelque échelon qu’ils soient, lorsqu’il s’agissait du salut de leur âme. Pour cette raison, dans les premières années de l’existence de la Fraternité Saint Pie X (1970–1974), il s’efforça d’observer le droit canon et d’obéir au pape Paul VI autant qu’il le pouvait. Mais lorsque des envoyés de Rome, venus inspecter son séminaire à Écône, tinrent devant les séminaristes des propos contraires à la vérité catholique, il rédigea la célèbre Déclaration de novembre 1974, où il protesta de toutes ses forces contre l’abandon de la Foi catholique par Rome au profit de la nouvelle religion conciliaire. Et, durant l’été 1976, lors de la messe de Lille, cette Déclaration devint comme la Charte du mouvement de la Tradition.

Pourtant, Mgr Lefebvre s’est toujours défendu d’être le chef de file de la Tradition. Pourquoi donc ? Parce que la Tradition catholique était alors (et est toujours) un mouvement officieux, sans aucune structure officielle. Il est vrai que Mgr Lefebvre n’était pas non plus le seul chef parmi les Traditionalistes, et il y en avait qui n’étaient pas d’accord avec lui, et d’autres qui ne lui rendaient pas hommage. Mais il n’empêche qu’un grand nombre de catholiques ont vu en lui leur chef ; ils lui ont fait confiance et ont suivi son exemple. Pourquoi ? Parce qu’ils voyaient en lui la persévérance dans cette Foi catholique qui seule peut sauver les âmes. En d’autres termes, l’archevêque n’avait peut-être officiellement aucune autorité sur eux, car la juridiction est l’apanage des hommes d’Église dûment élus ou nommés mais, il s’est acquis jusqu’à sa mort une autorité morale considérable par sa fidélité à la vraie Foi. En d’autres termes, son attachement à la vérité lui avait donné une autorité, officieuse mais réelle ; alors que l’autorité des autres prélats, par manque de vérité, ne cesse de s’affaiblir. La dépendance de l’autorité, du moins de l’autorité catholique, à l’égard de la vérité, s’est ainsi manifestée aussi clairement que possible.

Cependant, les choses ont été quelque peu différentes pour la Fraternité Saint Pie X, fondée par l’archevêque en 1970. La FSSPX reçut, en effet, de l’Église officielle, une certaine juridiction de Mgr Charrière, évêque du diocèse de Genève, Lausanne et Fribourg, juridiction que le fondateur d’Ecône chérissait, car elle prouvait qu’il n’inventait pas les choses à son gré au fil du temps, mais qu’il faisait une oeuvre d’Église. Il a donc fait de son mieux pour gouverner la FSSPX comme s’il avait été le supérieur normal d’une congrégation catholique normale placée sous l’autorité de Rome. Et la défense de la vraie Foi ne lui donnait-elle pas le droit d’agir ainsi ? Mais les autorités romaines officielles utilisèrent tout leur pouvoir juridique pour ruiner son crédit, lui aliénant ainsi une foule de catholiques qui autrement l’auraient suivi.

De plus la néo-Eglise, dont la subversion s’étendait tout autour de lui, avait pour effet d’affaiblir sérieusement l’autorité de l’Archevêque jusqu’à l’intérieur même de la Fraternité. Prenons un exemple. Si avant le Concile un prêtre mécontent de son évêque diocésain sollicitait l’autorisation de rejoindre un autre diocèse, le second évêque consultait naturellement le premier au sujet du demandeur ; et si le premier conseillait au second de ne rien avoir à faire avec le demandeur, sa demande était immédiatement rejetée. Au contraire, si un prêtre insatisfait de la Fraternité demandait à rejoindre un diocèse de la Néo-église, l’évêque sollicité était prêt à « le recueillir dans le bercail officiel » puisqu’il fuyait volontairement le « schisme Lefebvriste ». L’archevêque n’était donc pas soutenu par ses frères évêques, si bien qu’il ne pouvait pas imposer de discipline à ses prêtres au sein de la Fraternité comme il aurait dû pouvoir le faire. L’exercice de l’autorité était une affaire délicate, dans la mesure où il ne disposait donc d’aucune sanction qui lui permît de contrôler les prêtres rebelles. C’est ainsi que le manque de vérité de la Néo-église privait la Fraternité de l’autorité catholique qui lui était pourtant due pour défendre la vérité.

Par conséquent, pour compenser le manque d’unité dans la Vérité venant de la hiérarchie, les prêtres Traditionnels doivent aujourd’hui faire preuve d’une tolérance supérieure à la normale les uns envers les autres, et les catholiques Traditionnels doivent prier plus que jamais pour que leurs prêtres acquièrent cette tolérance. Cela n’a rien d’impossible.

Kyrie eleison.

Pape Indispensable – II

Pape Indispensable – II on février 8, 2020

Les « Commentaires » de la semaine dernière (DCLV, 1er février) attribuaient la crise sans précédent qui sévit dans l’Eglise catholique à la prévarication des autorités lors du Concile Vatican II ; crise qui perdure maintenant depuis plus de 50 ans. De ce constat découlait logiquement que la crise ne prendrait fin que lorsque l’autorité Catholique serait rétablie dans Vérité. Or la Vérité catholique est immuable. C’est donc au Pape et aux évêques qu’il incombe d’y revenir et non à elle de se déplacer jusqu’à épouser leurs nouvelles positions. Nous déclarions en outre que c’est le Pape qui doit rétablir les évêques dans leur mission, mais que seul le Bon Dieu peut rétablir le Pape dans son rôle. Cependant, Dieu ne remettra le Pape sur pied que « lorsque nous aurons compris la leçon ». En effet, si Dieu nous tirait trop tôt de ce bourbier, nous autres pauvres pécheurs nous n’en profiterions que pour retomber dans nos déviations. Dieu ne peut pas se permettre d’être trop généreux avec notre génération perverse. Mais quelle est la leçon que nous devons alors tirer de cette situation ?

Entre autres enseignements, nous devons admettre que le monde ne peut se passer d’une Église saine ; que pour être saine, l’Église doit avoir un pape aux idées saines, et que ce pape doit être obéi. Par exemple, en 1965, à la fin du concile Vatican II l’apostasie battait son plein parmi les ecclésiastiques. Pourtant, Dieu offrit une nouvelle chance à l’humanité. Paul VI était à ce moment-là confronté à la question grave des moyens artificiels de contrôle des naissances, autrement dit à la contraception. Les conditions de vie dans les villes modernes poussaient la masse des évêques, des prêtres et des laïcs catholiques à remettre en cause l’ancienne condamnation stricte de l’Église. Il leur semblait qu’elle devait être assouplie, que le point de vue du monde moderne était fondé et que la règle immuable de l’Église, en d’autres termes Dieu lui-même, était en tort. Paul VI avait voulu lui aussi adoucir la règle.

Cependant, lorsque la commission d’experts qu’il avait chargés d’étudier la question lui remit son rapport, il vit de lui-même que la règle ne pouvait pas être assouplie. Ses arguments qui aboutissaient au maintien de la règle n’eurent certes pas la force des anciens arguments fondés sur l’immutabilité du droit naturel, mais néanmoins, Paul VI maintint l’essentiel dans son encyclique « Humanae Vitae » de 1968. Cependant, l’encyclique était à peine publiée que l’enfer se déchaîna dans l’Église, et en 1969 Paul VI imposait à l’Eglise la Messe du Novus Ordo. Quand on se demande si Dieu aurait peut-être épargné la Nouvelle Messe aux évêques et aux prêtres si, au lieu de rejeter la loi divine, ils avaient obéi au Pape, cela n’a rien d’une spéculation oiseuse. Car en désobéissant au Pape, alors que celui-ci restait fidèle à la loi divine, ces hommes d’Église ont en fait tous contribué à l’effondrement de l’autorité dans l’Eglise. Dès lors toute loi divine devenait branlante, et c’est ainsi que le chaos s’est installé au sein de l’Église depuis.

Nous avons là un exemple emblématique montrant que la Vérité a besoin de l’autorité, que le monde a besoin de l’autorité de l’Église et que l’Église a besoin du Pape. En particulier dans les grandes villes d’aujourd’hui, les hommes sont incapables de voir en quoi la contraception est mauvaise car elle semble à tous être au contraire une option frappée au coin du bon sens. C’est pourquoi, sans une autorité divine pour interdire la contraception, rien ni personne ne peut résister aux passions humaines qui y poussent. C’est ainsi que Vatican II (Gaudium et Spes #48) a suggéré que dans l’acte de mariage le bien-être des époux passe avant la procréation, ouvrant ainsi les vannes au divorce, à l’adultère, à l’avortement pré- et post-natal, à l’euthanasie, à l’homosexualité, au changement de sexe et à des horreurs encore inconnues, mais toutes contenues implicitement dans l’inversion des fins du mariage. En effet, notre mère l’Eglise sait depuis toujours que briser l’acte de mariage entraîne à sa suite l’éclatement du mariage, de la personne individuelle, de la famille, de la société, de la nation et du monde. C’est dans ce chaos que nous nous trouvons aujourd’hui. Cela montre bien à quel point l’autorité est nécessaire.

Or, afin de permettre aux hommes pécheurs de gagner le Ciel et d’éviter l’Enfer, l’autorité la plus importante pour imposer à leurs esprits faux l’nfaillible Vérité divine et à leurs volontés rebelles la Loi éternelle, est bien celle de l’Église. Et pour incarner cette autorité et la manifester aux hommes le Dieu Incarné, Notre Seigneur Jésus Christ, a choisi d’instituer et organiser Son Église comme une monarchie, dont le chef suprême est le Pape de Rome. À lui seul revient la mission et la grâce de gouverner et d’unifier tous les membres de l’Église autour de la Vérité catholique. Il s’ensuit que, lorsque le Pontife romain se sépare de la Vérité, comme c’est le cas depuis Vatican II, les brebis sont nécessairement dispersées, car personne d’autre que le pape ne reçoit de Dieu cette mission et cette grâce de les unir (cf. Lc. XXII, 32).

Kyrie eleison.

Pape Indispensable – I

Pape Indispensable – I on février 1, 2020

Année après année, le temps passe sans que rien dans l’Eglise ne semble corriger l’absurdité de la situation. Mais les catholiques fidèles à la Tradition n’arrivent pas à comprendre pourquoi les prêtres de la Tradition continuent leurs disputes. Pourquoi ne s’unissent-ils pas ? Ne croient-ils pas tous en la même Tradition de l’Eglise ? Ne sont-ils pas tous d’accord pour dire que Vatican II a été un désastre pour l’Eglise ? Et ne sont-ils pas tous conscients que se battre entre prêtres est un spectacle peu édifiant, propre à décourager les fidèles de la Tradition ? Pourquoi ne peuvent-ils pas oublier leurs différends et se concentrer sur ce qui les unit : sur ce que l’Eglise fait et enseigne depuis toujours pour le salut des âmes ? A cette question, il y a une réponse. Peut-être est-il nécessaire de la leur rappeler régulièrement, pour aider les catholiques à persévérer dans la Foi.

Nous partons de l’idée que, dans l’histoire de l’Église, cette crise n’a rien de normal. Elle est en fait un passage obligé dans le seul et unique parcours conduisant vers la seule et unique fin du monde. Pour tirer au clair la structure de cette crise, s’il y a une paire de mots à laquelle recourent ces « Commentaires » c’est bien : « Vérité » et « Autorité ». La crise remonte à un passé bien antérieur à Vatican II, notamment à la « Réforme » déclenchée par Luther (1483–1546). Mais alors que, jusqu’à Vatican II, l’Église catholique se battait pour empêcher que le poison protestant ne pénétrât dans l’Église, voilà que depuis Vatican II la plus haute Autorité catholique, deux Papes et 2000 évêques, abandonnent la lutte et permettent au poison de mettre à mort l’Eglise. Et si les textes du Concile sont caractérisés par l’ambiguïté, c’est qu’à l’époque il fallait maintenir quelque apparence catholique. Mais sous cette apparence la véritable poussée des textes, le fameux « esprit du Concile », est vers l’intégration dans l’Eglise du libéralisme et du modernisme qui ont fait suite au protestantisme, si bien que tout ce qui reste encore de catholicisme en sera éliminé dès que ce reste de catholicisme se sera laissé suffisamment ramollir.

Essentiellement, cela signifie qu’au Concile l’Autorité Catholique a abandonné la Vérité Catholique au profit d’une doctrine plus en accord avec son temps. C’est pourquoi l’Autorité catholique se trouve maintenant séparée de la Vérité. Aux catholiques qui veulent rester catholiques, ne se présente plus qu’une seule et terrible alternative : soit ils adhèrent à l’autorité de l’Église, depuis le Pape jusqu’en bas de la hiérarchie, et du même coup, ils renoncent à la doctrine catholique ; soit ils adhèrent à la doctrine et se mettent en porte à faux vis-à-vis de l’Autorité catholique. A moins qu’ils ne choisissent une des nombreuses positions intermédiaires entre ces deux pôles. Dans tous les cas, les brebis sont dispersées, sans que de leur part il n’y ait eu de faute comparable à celle des deux principaux Bergers et des 2 000 autres bergers qui en tant que responsables du Concile ont entériné la trahison de la Vérité de l’Église par l’Autorité de l’Église. C’est dans cette fracture, opposant l’Autorité à la Vérité, que se trouve le cœur de la crise, maintenant vieille d’un demi-siècle.

Or, pour la seule vraie religion du seul vrai Dieu, la Vérité est vitale, et l’Autorité est tout aussi essentielle pour la protection de cette unique Vérité contre les blessures du péché originel intrinsèques à la nature humaine. Alors, pour résoudre la crise et mettre fin à la schizophrénie et à la dispersion des brebis, la seule solution possible est le retour du Berger et des bergers, du Pape et des évêques, à la Vérité catholique. Mais pour cela, l’heure n’a certainement pas encore sonné, ni dans l’Église ni dans la Fraternité Saint Pie X, laquelle – selon toute apparence – ne trouve rien de mieux que de vouloir se remettre sous l’autorité des ecclésiastiques conciliaires. (Et Mgr Lefebvre ? « Il est mort », diront certains !)

Donc, en attendant que le Bon Dieu remette le Pape sur pied – et personne de moins que Lui ne peut le faire – et qu’à son tour, le Pape « une fois converti, fortifie ses frères » (Lc.XXII, 32), c’est-à-dire redresse les évêques de par le monde ; en attendant cela, la crise ne peut qu’empirer. D’ici là, nous devrons comprendre cette leçon et attendre que Dieu nous prenne en pitié. Et d’ici là, comme le dit un proverbe anglais, « Ce qui ne peut être guéri, doit être supporté ».

Kyrie eleison.

«…Induire en Tentation… » ?

«...Induire en Tentation... » ? on janvier 25, 2020

Une question classique concernant le Notre Père nous est posée par un de nos lecteurs, là où la version latine dit, «  Ne nos inducas in tentationem » et de même la version adoptée après le Concile, «  Ne nous soumets pas à la tentation ». Mais la tentation est souvent suivie du péché, qui est un mal. Or, comment Dieu, infiniment bon, pourrait-il nous conduire au mal ? Pourtant, si nous Le prions de ne pas nous conduire au mal, c’est qu’il pourrait le faire. Mais, encore une fois, comment est-ce possible ? Il faut noter que, «  Ne nous soumets pas à la tentation » est la traduction littérale du texte original grec : «  μη εισενεγκης ημας εις πειρασμον » – et l’Eglise enseigne que le texte original grec a été directement inspiré par Dieu lui-même ? La question qui se pose est donc : comment Dieu Lui-même peut-il nous conduire à la tentation ? Pour éclairer ce point important, quatre vérités doivent être établies :—

1 Premièrement, Dieu peut vouloir un mal physique, comme par exemple une maladie pour punir les êtres humains moralement mauvais. Mais il est absolument impossible que Dieu veuille le mal moral. Pourquoi ? Parce que le mal moral est synonyme de péché. Or Dieu, étant la Bonté même, ne peut pas pécher, parce qu’il est l’Être même. Allons plus loin : si quelque chose existe, il faut nécessairement une Cause Première ; et cette Cause Première ne peut avoir de limite finie, fixée à son Etre par une cause antérieure. Sinon, elle ne serait plus Cause Première. C’est dire que la Cause Première est l’Etre Infini. Or, là où il y a de l’être, il y a du bien, et vice versa. En fait, les deux notions sont interchangeables. Le mal est dans quelque chose, toujours par un manque d’être dû à cette chose. Par exemple la cécité n’est pas un mal dans une pierre, mais c’est un mal pour un animal qui, normalement, est doté de la vue. Par conséquent, l’Etre Infini ne peut qu’être infiniment bon, et la Bonté Infinie est incapable de vouloir ou de causer directement un mal moral. Peu de choses sont aussi certaines que celle-là.

2 Toutefois, Dieu peut permettre un mal moral car il peut tirer du mal un plus grand bien. C’est d’ailleurs ce qu’Il fait toujours. Nous autres êtres humains, nous ne sommes absolument pas toujours capables de voir en quoi consiste ce plus grand bien. Mais au Jugement Général au plus tard, il nous sera donné à tous de voir clairement pourquoi tout le mal moral aura été permis par la Sagesse suprême. Voici une comparaison pour aider notre compréhension : l’envers d’un tapis tissé ne peut que laisser imaginer la beauté du motif se trouvant sur l’endroit du tapis. Or, cette beauté existe bel et bien. Si elle n’existait pas, l’envers ne laisserait même pas deviner la beauté de l’endroit invisible du tapis.

3. Objection : mais Dieu agit encore en permettant le mal moral, telle que, par exemple, la tentation de pécher. Ainsi, dans plusieurs versets de l’Écriture (Exode VII-XIII), il est dit que Dieu «  a endurci le cœur de Pharaon pour qu’il pèche contre les Israélites ». Solution : En fait, chaque fois que Dieu permet un mal moral, il le fait sans poser aucun acte positif ; Il s’abstient simplement d’accorder la grâce ou l’aide avec laquelle le pécheur n’aurait pas péché. Mais, en choisissant de permettre au Pharaon de pécher, il est indiscutable qu’Il l’exposait à la tentation et au péché. Réponse, non, parce que l’Écriture dit «  Dieu est fidèle, et il ne vous laissera pas être tenté au-delà de vos forces » mais plutôt  : « avec la tentation il vous fournira aussi le moyen d’y échapper afin que vous puissiez l’endurer » (I Cor. X, 13).

C’est pourquoi les pécheurs qui sont tentés reçoivent de Dieu toute la grâce dont ils ont besoin pour ne pas pécher, encore faut-il que de leur côté, ils veuillent s’abstenir de pécher. Et s’ils succombent à la tentation, la faute leur incombe entièrement.

4. Mais chaque fois que les pécheurs succombent à la tentation, Dieu a prévu qu’ils le feraient. D’où la question suivante : pourquoi Dieu les y entraîne-t-Il, d’abord en permettant qu’ils soient tentés, et aussi en s’abstenant de leur donner la grâce dont ils ont besoin pour ne pas succomber ? D’un point de vue négatif : il est juste de dire que ce n’est jamais que la faute du pécheur s’il succombe. Et positivement : Saint Ignace donne dans ses Exercices Spirituels (#322) trois raisons positives pour lesquelles Dieu peut permettre la désolation spirituelle d’une âme. Or les mêmes raisons s’appliquent à la tentation spirituelle : Dieu peut faire un bon usage de la tentation morale : pour nous punir ; pour nous éprouver ; ou pour nous enseigner. Il peut nous punir pour le dernier péché que nous avons commis en permettant une nouvelle tentation. Ensuite, Il peut, par la tentation, nous mettre à l’épreuve, pour nous inciter à gagner de grands mérites, dans la mesure où nous résistons et ne succombons pas. C’était l’avis de Padre Pio lorsqu’il disait : « Si seulement les âmes savaient combien grands seraient leurs mérites en résistant à la tentation, d’elles-mêmes elles réclameraient d’y être soumises. » Et enfin : par la tentation, Dieu peut nous instruire en nous montrant à quel point nous dépendons de Son aide, à quel point nous devons rester humbles, et combien nous sommes faibles sans Son aide.

Conclusion. En permettant que nous soyons tentés, Dieu peut tirer tant de bien pour les pécheurs que nous ne sommes même pas obligés de demander à ne pas être tentés. Mais nous devons absolument demander la grâce de ne pas succomber aux tentations. Seigneur, que le feu me réchauffe, mais ne me brûle pas ; que la tentation me fasse mériter, mais ne me fasse pas tomber.

Kyrie eleison.