Les Commentaires Eleison

On Manque d’hommes !

On Manque d’hommes ! on mai 23, 2020

Lorsque les Autorités de l’Église catholique abandonnent la Vérité, comme elles le font depuis Vatican II, il est beaucoup plus facile de dire qu’on suit une prétendue ligne de crête entre « hérésie à gauche et schisme à droite » que d’accomplir réellement ce tour d’équilibriste. C’est pourquoi la remarque inhabituellement tranchante de Mgr Lefebvre citée dans les deux derniers numéros de ces « Commentaires » « Coupez les ponts ! » suscite, à bon droit, l’intérêt.

Un laïc a même mis en doute l’authenticité de la remarque : Notre doux Archevêque aurait-il vraiment pu dire cela ? Oh oui, il l’a dit. L’original des propos tenus est même un peu plus abrupt que la citation que nous en avons faite, mais en substance, c’est la même chose – « Avec ça, il ne reste plus qu’à tirer l’échelle. Il n’y a rien à faire avec ces gens-là (les Romains conciliaires). Qu’avons-nous de commun avec eux ? Rien ! Ce n’est pas possible. Ce n’est pas possible » (6 sept. 1990). Cf. la référence de la bande audio de 1990 : Audio – Retrec – PASCALE90 ou SACERDOTALE90. (Toutefois, celui qui souhaiterait vérifier par lui-même la citation devra se méfier des séries « révisées » des enregistrements de Mgr Lefebvre, car tous les propos qu’il a tenus s’opposant trop vigoureusement à la Rome conciliaire, tels ceux que nous venons de citer, peuvent très bien avoir été coupés par les « éditeurs » de la Néo-Fraternité qui favorise Rome).

Un autre lecteur ayant réagi à la citation est un prêtre du Novus Ordo, maintenant fermement établi dans un prieuré de la Néo-fraternité en Suisse (sans avoir été réordonné sous condition, pour autant qu’on sache). Il pense que « les choses semblent avoir vraiment pris un tour différent aujourd’hui » du fait que la génération actuelle d’ecclésiastiques à Rome est bien différente de celle des années 1980, devant laquelle l’Archevêque réagissait. Car aujourd’hui, les meilleurs d’entre eux veulent une véritable restauration de l’Église. Il en conclut qu’adopter de nos jours l’attitude qu’avait alors Mgr Lefebvre, ne laisse que deux solutions : soit la « Résistance », soit le sédévacantisme.

Mais, Monsieur l’abbé, bien que les dirigeants actuels de l’Église soient différents des prêtres parjures du temps de l’Archevêque, lesquels ont fait tout ce qu’ils pouvaient pour détruire la véritable Église, ont-ils pour autant compris (ou lu) Pascendi ? Et à quoi servent des autorités ecclésiastiques, aussi aimables et bienveillantes soient-elles vis-à-vis de la Foi, de l’Eglise, de la FSSPX ou même de la « Résistance », si elles n’ont pas compris que le problème actuel est de n’avoir devant soi que des hommes dotés d’esprits « élastiques » sans consistance qui ne peuvent même pas concevoir que la vérité condamne l’erreur ou que le dogme condamne l’hérésie ? En fait, un esprit élastique favorable à la Tradition n’est guère plus utile à l’Église qu’un esprit élastique condamnant la Tradition. Par ailleurs, il est inexact de dire que les choses sont « vraiment différentes » de l’époque de l’Archevêque. Aujourd’hui comme hier, on verrait qu’un prêtre a vraiment compris le problème s’il disait qu’il voudrait descendre à Rome avec une mitraillette (au moins au sens figuré !) pour envoyer à Dieu (comme le dirait Poutine) tous ces Conciliaires si doucereux. Bref, la « Résistance » doit absolument rester en travers de la route pour témoigner ; sinon on arracherait à la route les pierres elles-mêmes pour qu’elles crient la Vérité à la place des bergers frappés de mutisme avec leurs chiens muets (cf. Lc XIX, 40). La « Résistance » ne doit pas, ne peut pas, céder !

Enfin, un bon prêtre cherche à nous consoler en nous annonçant, qu’il tient d’un prieur de la Fraternité, que le Supérieur Général de la Fraternité a expliqué, lors d’une réunion en février dernier de tous les prieurs de la Fraternité en France, que les discussions entre la FSSPX et Rome restaient en suspense parce que la FSSPX insiste toujours sur la doctrine d’abord – bien joué, Monsieur le Supérieur – alors que Rome persiste à vouloir d’abord un accord pratique. Mais qu’importe tout cela à Rome ? Ne lui suffit-il pas d’attendre que le fruit mûr tombe de lui-même ? On dit que Mgr Tissier se porte si mal aujourd’hui qu’on médicalise une chambre à Ecône pour qu’il puisse y être hospitalisé. Il ne resterait donc plus que deux évêques à la FSSPX pour pourvoir à ses besoins dans le monde entier. Il est donc clair que le Supérieur Général a deux solutions : ou bien se soumettre aux conditions de Rome pour procéder à la consécration d’autres évêques, poursuivant ainsi la désastreuse conciliation de son prédécesseur avec les dirigeants de l’Église actuelle (qui, aussi bienveillants soient-ils, ont perdu la Foi, comme l’a dit Mgr Lefebvre) ; ou bien de faire consacrer d’autres évêques sans la permission du Pape, comme l’a fait Mgr Lefebvre. Mais la Néo-fraternité serait-elle prête à suivre la ligne héroïque de Mgr Lefebvre, qui consiste à défier les traîtres (au moins objectifs) de Rome ? Il est permis d’en douter.

Kyrie eleison.

Coupez les Ponts – III

Coupez les Ponts – III on mai 16, 2020

Les deux derniers numéros de ce « Commentaire », le 668 et le 669 du 2 et du 9 mai respectivement, ont cherché à défendre la dureté apparente de Mgr. Lefebvre lorsqu’en 1990, à quelque six mois de quitter ce monde, il conseilleit aux prêtres de la Fraternité qu’il avait fondée de n’avoir plus rien à faire avec les hauts prélats de l’Église Conciliaire à Rome. Le numéro 668 a souligné la gravité du subjectivisme dénoncé par Monseigneur comme étant à la base de tous les documents les plus importants du Concile. Le numéro 669, tout en reconnaissant que le respect et la charité sont toujours dus aux officiels les plus hauts placés de la vraie Église de Notre Seigneur, a répété encore une fois que leur subjectivisme est tellement mortel pour la Foi de l’Église que ce respect et charité sont à mesurer à l’aune de la Foi et pas l’inverse. Néanmoins, il faut peut-être encore défendre cette « dureté apparente », et expliquer davantage les deux numéros de ce « Commentaire ».

D’abord un rappel bref de l’histoire de la Fraternité pendant les années décisives entre 1988 et 2012. En 1988 à la fin d’une longue carrière de services insignes rendus à l’Église, Mgr Lefebvre a semblé mal servir l’Église en sacrant quatre évêques contre la volonté expresse du Pape Jean-Paul II, mais il avait dû faire cela pour défendre la Foi et l’Église contre les ravages que leur infligeait la nouvelle religion Conciliaire promue à travers le monde par le Pape. Bien entendu le Pape n’a pas compris cette action de Monseigneur, et il a réagi comme un pourceau dans la parabole de Notre Seigneur où celui-ci nous avertit de ne pas jeter les perles devant les pourceaux de peur qu’ils ne les foulent aux pieds, pour ensuite se retourner et nous déchirer. Et de fait Jean-Paul II a continué de fouler aux pieds la Tradition de l’Église telle que Monseigneur la défendait, et il a fait de son mieux pour « déchirer » la Fraternité St Pie X.

Cependant dans le monde entier se trouvaient des Catholiques sérieux et croyants qui ont parfaitement compris Monseigneur et le soutenaient, en sorte qu’ils se sont à tel point ralliés à sa cause que l’on peut dire que les 12 années suivantes ont été pour la Fraternité ses années d’or pour la défense de la Foi. En effet, non seulement le Pape et la Rome Conciliaire n’ont pas réussi à fouler aux pieds la Fraternité, mais cette persécution a eu le résultat contraire, en attirant de plus en plus de clients à acheter les vraies perles de la Tradition de l’Église, grâce à Monseigneur et à sa Fraternité. Que l’Église officielle n’eût pas réussi à enfoncer ces perles dans la boue est devenu clair comme le jour avec la réussite du Pèlerinage de la Fraternité à Rome pour l’Année Jubilaire au printemps de 2000. C’est à cette occasion-là que les « pourceaux » de Rome ont changé de stratégie en remplaçant le bâton par la carrotte, et en se mettant à roucouler comme des colombes pour induire la Faternité à quitter la forteresse imprenable de sa doctrine de toujours pour descendre sur les sables mouvants de la diplomatie du jour. Et puisque Monseigneur était mort en 1991, son charisme et sa sagesse n’étaient plus là pour empêcher ses successeurs relativement jeunes d’être séduits par le roucoulement des fausses colombes.

Et donc dans le grand combat de la Foi, on dirait que la Fraternité officielle a changé de camp, en se mettant plus en colère contre la minuscule « Résistance » que contre le monstre qu’est la Rome Conciliaire. Mais en justice il faut reconnaître que les chefs de la Néo-fraternité n’ont pas encore signé le décret de la défaite définitive de la Fraternité, et bon nombre de ses prêtres sont nettement opposés à une telle signature. Cependant n’importe quel catholique doit souhaiter que la Fraternité ne renonce jamais à soutenir ce que soutenait Monseigneur Lefebvre.

Et sa « dureté » ? Qu’il ait eu pleinement raison de faire sonner l’alarme et de réagir énergiquement à la suite de Vatican II, l’affaire « Pachamama » n’en est qu’une des preuves les plus claires. Car les mêmes « pourceaux » que plus tard avaient déjà roucoulé aussi au moment du Concile (1962–1965), pour tromper et endormir grand nombre de brebis et de pasteurs en ce temps-là, dont beaucoup ne se sont toujours pas éveillés ni détrompés depuis, même 55 ans plus tard. Mais Monseigneur avait su profiter de la bonne philosophie qu’on lui avait donnée au séminaire pour fortifier son bon sens, et alors il jugeait de tout à la lumière des vrais principes et de la Foi, et pas l’inverse. A cette lumière-là, le monde moderne et son misérable Concile méritent peu d’estime, parce qu’ils vident le christianisme de sa substance en le remplaçant par quelque chose de complètement différent. En disant donc, fuyez en montagne et ne regardez pas en arrière, Monseigneur ne faisait que répéter l’ordre donné par Dieu Lui-même à Lot. Le conseil est bon, même s’il est difficile d’application dans le monde actuel, confiné qu’il est dans un confinement qui relève d’une folie criminelle.

Kyrie eleison.

Coupez les Ponts – II

Coupez les Ponts – II on mai 9, 2020

La semaine dernière, nous rappelions dans ces « Commentaires » les propos de Mgr Lefebvre en 1990 décrivant l’état d’esprit des responsables de l’Église conciliaire à Rome. Il terminait par cette conclusion énergique –

«  Il n’y a plus qu’à tirer l’échelle ! Nous n’avons rien à faire avec ces gens-là, car nous n’avons rien de commun avec eux  ».

De tels propos peuvent sembler manquer de charité, à tout le moins être dépourvus du respect dû aux princes de l’Église de Notre-Seigneur. Mais il n’en est rien. En fait, ils ne manquent ni de charité ni de respect, car l’Église de Notre-Seigneur a toujours en vue 1/ la Foi sur laquelle 2/ doit reposer la charité et 3/ le respect des ecclésiastiques chargés de veiller sur l’Église.

1/ « Sans la foi, il est impossible de plaire à Dieu. Car quiconque veut s’approcher de Dieu doit croire qu’Il existe et qu’Il récompense ceux qui le cherchent ». (Hébreux XI, 6). (Athées, si vous le souhaitez, vous pouvez croire en Dieu, car, notez-le bien : « Il récompense ceux qui Le cherchent », et si vous persévérez dans votre recherche, votre récompense sera très probablement que vous Le trouverez, comme en témoignent de nombreux passages de l’Ecriture ; mais c’est un sujet que nous verrons une autre fois). Toutes les âmes humaines, seul principe de vie des êtres humains, sont d’essence spirituelle. Elles viennent de Dieu. Mais, conformément au souhait du Très-haut, elles doivent profiter de leur bref passage sur terre pour choisir de retourner à Lui dans la béatitude éternelle du ciel. Cependant si d’un côté ce choix est encouragé par toute la bonté de la création, il est toutefois découragé par les trois grands ennemis de l’âme, à savoir : le monde, la chair et le démon, avec en plus tout le mal que Dieu choisit de permettre dans sa création ; de sorte qu’il ne reste réellement qu’un seul choix à faire : celui de la vie vertueuse, hors de laquelle je m’éloignerais de Dieu et m’orienterais vers le mal.

Or, la bonté de la création de Dieu est si manifeste que ceux qui la voient, tout en refusant de croire en Dieu, sont qualifiés par saint Paul d’ « inexcusables » (Romains, I, 20). Toutefois, Dieu lui-même reste d’ordinaire invisible (par exemple, Col. I, 15), de sorte que la première des vertus nécessaires pour nous orienter vers Lui est la vertu de foi ; par la foi je décide de monter de ce que je vois de mes propres yeux à Celui dont mon esprit, éclairé par la Foi, sait qu’Il se tient derrière ce que je vois de mes yeux. C’est pourquoi le Concile de Trente (VI, 6) appelle la Foi « le fondement du Salut », et l’Église catholique, par ses Credos, ne fait qu’énoncer ce que je dois croire sur Dieu pour avoir la Foi véritable, et non croire à un tissu de mensonges.

2/ Or, aucun de désir ne peut exister dans la volonté humaine sans qu’il ne soit précédé d’une pensée formée dans l’esprit de la même personne. Un désir sans objet est un non-désir. C’est l’esprit humain qui présente cet objet à la volonté humaine.

Or, la Charité est un désir inscrit dans la volonté. Elle présuppose donc une pensée. Et si la charité doit être vraiment surnaturelle et non simplement humaniste ou sentimentale, elle présuppose dans l’esprit un objet surnaturel. On doit donc croire, de Foi surnaturelle, à cet objet surnaturel. Par conséquent, la vraie charité présuppose la vraie foi et, sans la vraie foi surnaturelle, il ne peut y avoir de vraie charité. Il s’ensuit que, si les responsables ecclésiastiques actuels à Rome ont une foi pour tout le moins moins gravement contaminée par Vatican II, alors les personnes qui souhaitent garder la vraie foi doivent être sérieusement incitées à se tenir à l’écart, de peur que leur propre foi ne finisse par être, elle aussi, contaminée. En d’autres termes, il faut leur dire « Coupons les ponts ! ».

3/ Et si pour ceux qui « siègent sur la chaire de Moïse » (Mt. XXIII, 2), on devait le respect dû à la chaire de Moïse, à plus forte raison en va-t-il de même du Siège de Rome. De plus, la charité due envers les supérieurs de l’Église sera d’autant plus grande que leurs âmes portent une énorme responsabilité dont ils devront rendre compte à leur Jugement particulier. N’empêche, par-dessus tout la foi catholique vient toujours en premier, de sorte que ni le respect ni la charité ne peuvent m’obliger à exposer ni ma propre âme, dont je répondrai devant Dieu, ni l’âme de quelqu’un d’autre, à la contamination par des contacts imprudents risquant justement de provoquer une diminution de la foi. Or, Pachamama indique qu’en 2020 les Conciliaires ne sont toujours pas rentrés de leur croisade pour l’idole humaine. Mgr. Lefebvre avait raison : Il n’y a plus qu’à tirer l’échelle. Les catholiques et les conciliaires sont dans une guerre de religion, une guerre à mort.

Kyrie eleison.

Coupez les Ponts ! – I

Coupez les Ponts ! – I on mai 2, 2020

Bien des gens devraient écouter Mgr Lefebvre, mais ils ne le font pas. Tout se passe comme s’ils savaient mieux que lui ce qu’il fallait faire, ou comme si Mgr Lefebvre, après avoir sacré quatre évêques pour assurer la survie de la Fraternité Saint Pie X, n’avait eu plus rien à faire ni à dire d’important. Pourtant, en septembre 1990, la Providence lui permit de prêcher à Écône avant de mourir une retraite pour ses prêtres dans laquelle il put leur transmettre – ou du moins à ceux qui avaient des oreilles pour entendre – ses conseils pour l’avenir. Citons, une fois encore, l’un des passages les plus importants. Nous verrons alors avec tristesse comment il n’a pas été écouté, ou pas compris :—

Ce combat entre l’Église et les libéraux modernistes, c’est celui du concile Vatican Il. Il ne faut pas chercher midi à quatorze heures. Et cela va très loin. Plus on analyse les documents de Vatican II et l’interprétation qu’en ont donnée les autorités de l’Eglise, plus on s’aperçoit qu’il s’agit non seulement de quelques erreurs, l’œcuménisme, la liberté religieuse, la collégialité, un certain libéralisme, mais encore d’une perversion de l’esprit. C’est toute une nouvelle philosophie, basée sur la philosophie moderne du subjectivisme. Le livre que vient de faire paraître un théologien allemand, et qui, j’espère sera traduit en français afin que vous puissiez l’avoir en mains, est très instructif de ce point de vue. Il commente la pensée du Pape, spécialement une retraite que, simple évêque, il prêcha au Vatican. Il montre bien que tout est subjectif chez le Pape. Quand on relit ensuite ses discours, on s’aperçoit bien que telle est sa pensée. Malgré les apparences, ce n’est pas catholique.

La pensée que le Pape a de Dieu, de Notre Seigneur, vient du tréfonds de sa conscience et non pas d’une Révélation objective à laquelle il adhère par son intelligence. Le Pape construit l’idée de Dieu. Il a dit dernièrement, dans un document invraisemblable, que l’idée de la Trinité n’a pu venir que très tard, parce qu’il fallait que la psychologie de l’homme intérieur puisse être capable d’arriver à la Trinité Sainte. C’est donc que l’idée de la Trinité n’est pas venue d’une révélation, mais du tréfonds de la conscience. C’est toute une autre conception de la Révélation, de la foi et de la philosophie, c’est une perversion totale. Comment sortir de là ? Je n’en sais rien. En tout cas, c’est un fait. Ce ne sont pas de petites erreurs. On se trouve devant tout un courant de philosophie qui remonte à Descartes, à Kant, à toute la lignée des philosophes modernes qui ont préparé la Révolution.

Mgr Lefebvre cite ensuite le pape Jean-Paul II lui-même, qui a déclaré que le mouvement œcuménique était sa « priorité dans l’action pastorale », mise en pratique comme nous le voyons, par l’accueil qu’il donne constamment aux délégations de toutes sortes de sectes et de religions. Et pourtant, dit l’Archevêque, tout cet œcuménisme n’a pas fait avancer l’Église d’un pas, et ne peut pas le faire – il n’a fait que confirmer les non-catholiques dans leurs erreurs sans essayer de les convertir. Enfin, Monseigneur cite le Secrétaire d’État du pape, le cardinal Casaroli, dans un discours qu’il venait de prononcer devant la Commission des droits de l’homme des Nations Unies ; le Cardinal y cite à son tour le pape selon lequel la liberté religieuse est comme la pierre angulaire de la construction des droits de l’homme. « Tout homme et tout l’homme, voilà la préoccupation du Saint-Siège, telle est sans doute aussi la vôtre », conclut le Cardinal. Et l’Archevêque de conclure, pour les prêtres de la Fraternité qui se trouvaient devant lui lors de cette retraite :—

«  Il n’y a plus qu’à tirer l’échelle ! Nous n’avons rien à faire avec ces gens-là, car nous n’avons rien de commun avec eux.  »

C’est bien la conclusion qu’on doit retenir, dès lors qu’ on se trouve confronté à des personnes dont la pensée part d’un pur déni de la réalité extérieure, personnes qui refusent à l’esprit humain la capacité de connaître cette réalité objective extra-mentale. Ce sont des malades mentaux, assimilables à ces pourceaux devant lesquels il faut s’abstenir de jeter des perles, dit Notre Seigneur, « de peur qu’ils ne les piétinent et qu’ils ne se retournent pour vous déchirer  » (Mt. VII, 6). Car, au cours des vingt dernières années, la Rome conciliaire a-t-elle fait autre chose que de se retourner contre la Fraternité qui a maintenu de vains contacts pour obtenir une reconnaissance officielle ?

Kyrie eleison.

La Mise au Tombeau de L’église – II

La Mise au Tombeau de L’église – II on avril 25, 2020

Il y a deux semaines, ces « Commentaires » posaient une question double. D’une part : comment l’Eglise catholique pourra-t-elle survivre dans sa détresse actuelle ? Situation comparable au temps que Notre-Seigneur a passé au tombeau avant sa résurrection. Et d’autre part : comment pourra-t-elle ressusciter ? La première partie générale de la réponse nous rappelait que ce que peut ou veut faire le Bon Dieu, ne se limite pas à ce que peuvent penser les êtres humains. Même, il faut s’attendre à ce que Dieu fasse ce à quoi on ne s’attendait pas. Ainsi, dans le cinquième Mystère joyeux du Saint Rosaire, sa propre Mère a été déconcertée par l’apparente indifférence de son Fils devant l’inquiétude dont elle lui faisait part, alors que ce Fils était, par ailleurs, tellement obéissant,

Puis, ces « Commentaires » indiquaient en particulier qu’il est absolument anormal que l’Eglise survive au tombeau, sans hiérarchie, sans Pape ni évêques animés d’une foi droite, sans structure officielle, ni diocésaine ni paroissiale, et sans aucune Congrégation. Néanmoins, là où il y a la vraie Foi, un minimum de bon sens et de charité, l’Eglise peut survivre, ne serait-ce qu’en petits groupes épars, au moins pendant un certain temps, en attendant que la Providence rétablisse une hiérarchie normale qui mette fin au désordre. Par exemple, si l’on considère le désordre qui nous entoure aujourd’hui, on peut penser que c’est la fin de l’Église. Mais par ailleurs, si Dieu l’a permis, il est certain que ce n’est pas la fin de l’Église, car cela, Il ne le permettra jamais (Mt. XXVIII, 20).

Reste la deuxième partie de la question posée il y a 15 jours : comment l’Église pourra-t-elle sortir du tombeau, ou comment va-t-elle pouvoir ressusciter ? La question revêt une importance particulière, car il est tentant de voir le problème de manière trop humaine et de penser à une réponse trop humaine. Par exemple, alors que Mgr Lefebvre disait que la solution était entre les mains de Dieu – ce qui est la vérité, et pas seulement un échappatoire facile – ses successeurs à la tête de la Fraternité Saint Pie X ont décidé qu’il n’était pas question d’attendre indéfiniment pour que le statut insatisfaisant de la Fraternité soit enfin résolu au sein de l’ Église officielle. Ils ont pensé, au contraire, qu’il fallait plutôt chercher à obtenir au plus vite cette reconnaissance officielle, due à la fidélité dont la Fraternité avait toujours fait preuve, car de plus, ne serait-ce pas un immense bienfait pour toute l’Eglise ? Et sur cette base, depuis 2012, les successeurs de Mgr Lefebvre se sont félicités à plusieurs reprises d’avoir été à deux doigts – comme ils ont cru – de trouver un accord avec Rome, moyennant lequel elle devait leur accorder enfin la reconnaissance officielle que la Fraternité méritait, selon eux.

Mais ces dirigeants ne voyaient que les arbres et pas la forêt. En effet, qu’est-ce que la Rome d’aujourd’hui si ce n’est indissolublement liée à la nouvelle religion de la Pachamama et de Vatican II ? Et qu’était la Fraternité de Mgr Lefebvre si ce n’était un bastion de la vraie Foi qu’il s’agissait de défendre par la formation de vrais prêtres pour continuer la vraie religion catholique comme avant Vatican II ? La contradiction entre Rome et Écône fut d’autant plus incontournable que le changement de religion fut radical. Par conséquent, si la Rome d’aujourd’hui a accordé – ou accorde – quelque chose à la Fraternité, ce ne peut être que parce que la Fraternité baisse la garde. Aussi la reconnaissance officielle des mariages et des confessions a-t-elle eu pour effet de désarmer la résistance de la Fraternité face à la Rome officielle, et donc face à la religion conciliaire et à l’apostasie mondiale.

Ce que les successeurs de Mgr Lefebvre n’ont pas compris comme lui l’a compris, c’est l’ampleur et la profondeur surnaturelles de cette apostasie. Ils en sont trop proches. Ils sont trop proches du monde moderne dont elle est issue. C’est pourquoi ils cherchent des réponses humaines à un problème qui ne peut avoir qu’une solution divine. Le problème dépasse de loin les calculs, les manœuvres ou la politique des hommes, même des hommes d’Église.

Comme Daniel, les hommes doivent se tourner vers Dieu, et pour se tourner vers Dieu, il faut passer par sa Mère, comme Dieu l’a clairement indiqué à Fatima en 1917, juste au moment où le problème moderne s’est mis à se poser dans toute sa force, avec la révolution bolchévique en Russie. En fait, Dieu nous a donné la solution surnaturelle au moment même où le Diable de son côté a sans doute pensé qu’il était sur le point de gagner. Mais cette solution, c’est la Consécration (pas la sécularisation), de la Russie (pas du monde entier), au Cœur Immaculé de Marie (pas même au Sacré Cœur), par le Pape (pas par les autorités d’une autre religion, mais uniquement par la religion catholique), en union avec tous les évêques catholiques du monde (pas par le Pape tout seul). C’est ainsi que l’Église sortira du tombeau. C’est ainsi que sa Mère a dit qu’il fallait faire. Que la Fraternité exhorte donc tous ses prêtres et ses fidèles à pratiquer intensément les premiers samedis du mois, afin de contribuer à l’obtention de cette Consécration.

Kyrie eleison.

Prière de Daniel

Prière de Daniel on avril 18, 2020

Le réseau Internet regorge ces jours-ci d’observations et d’analyses, toutes plus intéressantes les unes que les autres, sur le coronavirus et sur la turbulence de la finance mondiale. Mais à l’occasion de ce dérèglement double – ou combiné – on oublie de parler de ce qu’il révèle de plus important, et c’est l’état des relations entre l’humanité et son Dieu, autrement dit, l’apostasie mondiale. Il s’agit d’un crime abominable, et l’écroulement dû au Coronavirus est une punition bien légère en comparaison des fléaux qui ne manqueront pas d’arriver si les hommes ne se convertissent pas. Mais dans l’état actuel des choses, la masse de ce peuple que Dieu s’est choisi en lui donnant la foi catholique, préfère suivre Vatican II, parce que celui-ci assouplit l’ancienne discipline, et permet à l’homme de s’adorer lui-même, au lieu d’adorer Dieu. Nous devrions tous implorer à genoux le pardon de Dieu, comme l’a fait Daniel dans l’Ancien Testament. Voici sa puissante prière tirée du chapitre IX, verset 3–19 ; il est assez simple de l’adapter à l’époque que nous vivons.

3 Je tournai mon visage vers le Seigneur mon Dieu, pour Le prier et Le conjurer dans les jeûnes, le sac et la cendre. 4 Je priai l’Éternel, mon Dieu, et je lui fis cette confession : « Seigneur, Dieu grand et terrible, qui gardez inébranlablement l’alliance et votre miséricorde à l’égard de ceux qui vous aiment et qui observent vos commandements, 5 nous avons péché, nous avons commis l’iniquité, nous avons fait des actions impies et nous nous sommes éloignés de Vous ; nous nous sommes détournés de vos commandements et de vos préceptes ; 6 nous n’avons pas écouté vos fidèles Vicaires d’avant Vatican II ; eux se sont adressés, en Votre Nom, à nos rois, à nos présidents, à nos pères, et à tous les peuples du monde. 7 A Vous, Seigneur, appartient la justice, mais à nous la confusion du visage, telle qu’elle est aujourd’hui pour les hommes d’Église, pour les habitants de Rome, et pour tous les catholiques, qu’ils soient proches ou qu’ils soient loin, dans tous les pays où vous les avez élevés, à cause de leur apostasie sournoise à Votre égard. 8 A nous, Seigneur, à nos rois, à nos présidents et à nos pères, revient la confusion de la face, parce que nous avons péché contre Vous. 9 A l’Éternel, notre Dieu, appartiennent la miséricorde et la propitiation, car nous nous sommes retirés de Vous, 10 et nous n’avons pas écouté la voix du Seigneur, notre Dieu, nous n’avons pas observé les lois qu’Il nous a fait connaître par ses serviteurs fidèles. 11 Toute l’Église a transgressé Votre loi et s’est détournée, refusant d’obéir à Votre voix. Et la malédiction et l’exécration qui sont écrites dans le livre de Moïse, le serviteur de Dieu, ont été répandues sur nous, parce que nous avons péché contre Dieu. 12 Il a accompli les paroles qu’Il avait prononcées contre nous et contre les princes qui nous gouvernaient, en faisant fondre sur nous une grande calamité ; car sous tout le ciel il n’y a rien eu de semblable à ce qui a été fait contre Rome. 13 Comme il est écrit dans la loi de Moïse, toute cette calamité s’est abattue sur nous, mais nous n’avons pas imploré la miséricorde du Seigneur, notre Dieu, en nous détournant de nos iniquités et en prêtant attention à Sa vérité. 14 C’est pourquoi l’Éternel a veillé à ce que cette calamité s’accomplisse et il l’a fait venir sur nous ; car notre Dieu, l’Éternel est juste dans toutes Ses œuvres, et nous n’avons pas écouté sa voix. 15 Et maintenant, Seigneur notre Dieu, qui avez fait tomber Votre Église, datant de deux mille ans, par une main puissante, et qui Vous êtes fait un Nom, tel qu’il est aujourd’hui, nous avons péché, nous avons fait le mal. 16 Seigneur, selon toute Votre justice, je vous en conjure, que Votre colère et Votre fureur se détournent de Votre ville de Rome, des sept collines saintes, car à cause de nos péchés et pour les iniquités de nos pères, Rome et Votre peuple sont devenus un sujet d’opprobre à tous ceux qui nous entourent. 17 Maintenant Seigneur, mon Dieu, écoutez les prières de vos serviteurs et leurs supplications, et pour Votre bien, Seigneur, faites briller Votre face sur votre sanctuaire maintenant désert. 18 Seigneur Dieu, prêtez l’oreille et écoutez, ouvrez Vos yeux et regardez notre désolation, regardez l’Église qui porte Votre nom ; car ce n’est pas à cause de notre justice que nous vous présentons humblement nos supplications, mais à cause de votre grande miséricorde. 19 Dieu Éternel, écoutez-nous, Dieu Éternel, pardonnez-nous, soyez attentif et agissez, ne tardez pas, mon Dieu, pour Vous-même, mon Dieu, car Votre ville et Votre peuple portent Votre Nom ».

Kyrie eleison.